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SG/SM/6190

LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE INSTAMMENT A L'ASSEMBLEE NATIONALE ANGOLAISE DE PRENDRE DES MESURES FINALES AFIN D'ASSURER L'IRREVERSIBILITE DU PROCESSUS DE PAIX

27 mars 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6190


LE SECRETAIRE GENERAL DEMANDE INSTAMMENT A L'ASSEMBLEE NATIONALE ANGOLAISE DE PRENDRE DES MESURES FINALES AFIN D'ASSURER L'IRREVERSIBILITE DU PROCESSUS DE PAIX

19970327 M. Kofi Annan estime que la première séance de l'Assemblée est un "moment historique" dans la vie politique de l'Angola et de son peuple

On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée aujourd'hui à Luanda par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, devant l'Assemblée nationale angolaise :

C'est réellement un honneur pour moi d'être présent parmi vous en ce jour important pour l'avenir de votre pays. Je remercie le Président de la République d'Angola, M. Jose Eduardo dos Santos, et le Président de l'Assemblée nationale, M. Roberto de Almeida, de m'avoir invité à prendre la parole.

Nous sommes témoins aujourd'hui d'un moment historique dans la vie politique de l'Angola et de son peuple. Vous avez franchi une étape décisive de l'histoire postcoloniale de votre magnifique pays. Après avoir été au bord de l'abîme, vous avez renoncé à la violence et aux combats fratricides qui ont déchiré votre pays depuis plus de trois décennies. Vous vous êtes enfin engagés sur la voie de l'unité et de la réconciliation.

C'est pour moi un rare privilège et un honneur que d'être parmi vous aujourd'hui pour la première séance que tient l'Assemblée depuis les douloureux événements de septembre 1992. Je devine votre joie à l'idée que l'objectif de la paix est enfin à votre portée.

J'ai bon espoir que dans quelques jours les membres du Gouvernement d'unité nationale et de réconciliation prêteront serment.

L'Assemblée sera le symbole de la réconciliation et de l'unité retrouvée.

Je félicite les membres des 12 partis politiques ici présents. Vous avez déployé de grands efforts pour que la démocratie survive. Je félicite en particulier les membres de l'Assemblée représentant l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (UNITA). En siégeant, ils prouvent sans équivoque leur attachement à la démocratie et à la réconciliation nationale.

La paix apporte le bonheur, mais elle implique aussi l'accomplissement de tâches ardues. Les possibilités qui s'entrouvrent incitent à réfléchir. La paix s'accompagne de nouvelles responsabilités. Lorsque les détonations

ont cessé et que les canons se sont tus, les voix que nous n'entendions plus commencent à se faire entendre. Ces voix — celles des victimes de la guerre, des veuves, des affamés et des sans-logis — ne peuvent plus être ignorées. Pour être en mesure d'édifier une nouvelle nation, il faut répondre à ces requêtes. Un nouvel esprit de solidarité doit prévaloir.

C'est en ma qualité de représentant de l'ONU et de la communauté internationale que je suis présent parmi vous. Vos efforts personnels vous ont permis de parvenir à la paix et ce n'est que de cette manière que vous réussirez à la maintenir. La communauté internationale qui, dans la mesure de ses moyens, vous a fourni son concours pour rétablir la paix et la maintenir vous aidera également à vous acquitter de vos nouvelles responsabilités.

Réfléchissons donc aujourd'hui aux enseignements des événements des récentes décennies et aux défis que pose l'avenir.

Vous avez conquis l'indépendance à l'issue d'une guerre de libération nationale déchirante qui a duré 15 ans. L'Angola est ensuite devenu — reconnaissons-le franchement — un pion sur l'échiquier de la guerre froide. Les actions du régime d'apartheid sud-africain ont contribué à intensifier la dynamique de la lutte bipolaire de la guerre froide.

L'Angola s'est ainsi trouvé plongé dans l'une des guerres fratricides la plus féroce, la plus longue et la plus meurtrière que le continent africain ait connue. Elle a suscité la compassion ainsi que l'indignation d'un grand nombre de pays.

Dès 1978, l'ONU s'est employée à rétablir la paix dans votre pays. La résolution 435 (1978) du Conseil de sécurité visait non seulement à obtenir l'indépendance de la Namibie, mais aussi le retrait des troupes cubaines d'Angola. Il est bon de rappeler trois autres étapes importantes.

La constitution, en vertu de la résolution 696 (1991) du Conseil de sécurité, de la Mission de vérification des Nations Unies en Angola II, a fait suite aux Accords de paix de Bicesse signés le 31 mai 1991. Autre événement majeur des dernières années : la tenue d'élections en septembre 1992, dont est issue la présente Assemblée. Enfin, la signature du Protocole de Lusaka, mis en oeuvre avec l'aide d'UNAVEM I conformément à la résolution 976 (1995) du Conseil de sécurité.

Le Protocole de Lusaka est fondé sur un dosage équilibré de tâches militaires et politiques. Il a été convenu que l'Angola adopterait un système d'institutions républicaines supervisées de manière démocratique, caractéristique de tout Etat moderne fondé sur l'état de droit et le respect des libertés et droits fondamentaux. Ces objectifs étaient sans nul doute ambitieux. C'est pourquoi, le Conseil de sécurité a décidé de confier un mandat d'une durée de deux ans à la Mission de vérification des Nations Unies en Angola II pour aider les Angolais à atteindre ces objectifs.

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Aujourd'hui, je suis en mesure d'indiquer que la Mission de vérification des Nations Unies s'est acquittée d'une grande partie de son mandat. Malgré les retards et les frustrations, elle a poursuivi ses efforts en vue du rétablissement de la paix. Elle n'a en effet jamais douté de la volonté politique des dirigeants angolais. Beaucoup de temps et d'argent ont été consacrés à ces efforts : depuis le début des années 1990, l'ONU a dépensé plus d'un milliard de dollars pour les seules activités liées à la paix ainsi que des millions de dollars pour la fourniture d'une aide humanitaire.

La solidarité dont les pays voisins ont fait preuve à l'égard des réfugiés fuyant la guerre ne sera jamais oubliée et est à inscrire au crédit de l'Afrique. Ces pays ont accueilli plus de 300 000 réfugiés angolais. Le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés signale actuellement que les réfugiés commencent à regagner l'Angola, ce qui est le signe manifeste d'un regain de confiance dans le processus de paix.

Toutefois, malgré l'appui vigoureux et la solidarité de la communauté internationale, 28 mois après la signature du Protocole de Lusaka, le processus de paix, qui en est à la phase finale et, certes, très délicate, n'est pas encore achevé. Un trop grand nombre de tâches militaires restent à accomplir. J'invite donc à nouveau les parties à prendre rapidement les dispositions voulues dans ces domaines vitaux.

Vous devez maintenant consolider la paix encore fragile et aborder de manière décisive la phase du relèvement et de la reconstruction. L'unité et la réconciliation nationale doivent être votre unique objectif.

La réconciliation nationale nécessite avant tout que prévalent un nouvel esprit, une nouvelle approche, une nouvelle attitude.

Le paragraphe 4 des principes généraux stipule que la réconciliation nationale implique :

a) Que tous les Angolais, indépendamment de leur appartenance partisane ou religieuse et de leurs différences raciales ou ethniques, acceptent de vivre dans la même patrie, dans un esprit de fraternité et de tolérance;

b) Le respect des règles de l'état de droit, des droits et libertés fondamentaux de l'individu tels que définis par la législation nationale en vigueur et les différents instruments juridiques internationaux auxquels l'Angola est partie, y compris les dispositions pertinentes des Accords de Bicesse et du Protocole de Lusaka. Le paragraphe 5 indique que dans l'esprit de la réconciliation nationale, tous les Angolais doivent pardonner et oublier les griefs résultant du conflit angolais et faire face à l'avenir avec tolérance et confiance.

La réconciliation nationale implique tout d'abord avant tout un changement d'attitude et la création d'un autre climat. Elle constitue également un exercice de renouveau national. Elle implique l'adoption

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d'une nouvelle approche à l'égard du Gouvernement et de l'État. Il s'ensuit, par exemple, qu'en votre qualité de législateurs vous devez collaborer avec l'Exécutif pour assurer la décentralisation. L'Administration nationale doit donc s'étendre à l'ensemble du territoire.

Assurer la réconciliation nationale c'est aider les Angolais à mener une vie productive, à leur permettre de développer leurs capacités. Il faudra par conséquent déployer des efforts considérables en matière de développement.

Il importe surtout d'accomplir certaines tâches urgentes : démobiliser près de 100 000 ex-combattants, accélérer le déminage, reconstruire les infrastructures et prendre des mesures pour améliorer le niveau de vie des Angolais des deux sexes des zones urbaines et rurales.

Toutes ces tâches sont urgentes et vitales pour que l'Angola puisse consolider la paix, parvenir à la réconciliation nationale et continuer à bénéficier de l'appui de la communauté internationale. Ces tâches constituent autant de défis pour vous qui êtes les représentants politiques élus.

Je vous invite instamment à vous attaquer d'emblée à toutes ces tâches.

Je suis prêt, si le processus de paix continue à progresser, à engager la communauté internationale et les donateurs à prendre rapidement les dispositions voulues pour appuyer les efforts de développement de l'Angola.

La paix est maintenant plus que jamais à votre portée. Lorsqu'elle sera rétablie en Angola, l'Afrique australe connaîtra la paix pour la première fois depuis plus d'une génération, ce qui marquera un progrès symbolique pour le continent africain et le monde entier. J'espère que la présente session va contribuer à mettre un terme à ce stéréotype de l'Afrique continent déchiré par les conflits et à instaurer une nouvelle ère de paix pour toute la région. La présente session prouvera que l'aide fournie par la communauté internationale au peuple angolais pour rétablir la paix aura été utile. Toute l'Afrique place en vous ses espoirs. Je vous engage à lui prouver que le peuple angolais et ses dirigeants sont capables de parvenir à assurer une paix durable.

Le Conseil de sécurité a déclaré à maintes reprises que la paix dépend avant tout des Angolais eux-mêmes. Je vous invite instamment à accomplir ces dernières tâches cruciales pour que le processus de paix en Angola soit réellement irréversible.

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