PRESQUE AUCUN PAYS N'ECHAPPE A LA MENACE DE RAREFACTION DES RESSOURCES EN EAU ESTIME LE SECRETAIRE GENERAL DANS UN MESSAGE PRONONCE EN SON NOM LORS DU 1ER FORUM MONDIAL DE L'EAU
Communiqué de Presse
SG/SM/6185
ENV/DEV/404
PRESQUE AUCUN PAYS N'ECHAPPE A LA MENACE DE RAREFACTION DES RESSOURCES EN EAU ESTIME LE SECRETAIRE GENERAL DANS UN MESSAGE PRONONCE EN SON NOM LORS DU 1ER FORUM MONDIAL DE L'EAU
19970324 On trouvera ci-dessous le texte de l'allocution prononcée au nom du Secrétaire général, M. Kofi Annan, par M. Jin Yongjian, Secrétaire général adjoint aux services d'appui et de gestion pour le développement lors du Premier Forum mondial de l'eau qui a eu lieu à Marrakech (Maroc), le 22 mars 1997 :C'est un honneur pour moi de transmettre un message au premier Forum mondial de l'eau, qui coïncide avec la Journée mondiale de l'eau. Je présente toutes mes félicitations à S. M. le Roi Hassan II du Maroc, et au Conseil mondial d'hydrologie, qui ont joué un rôle essentiel pour l'organisation de cette importante réunion de hauts responsables et d'experts des ressources en eau. Cette manifestation est un apport notable à l'action engagée par la communauté internationale pour apporter des solutions à l'un des problèmes les plus urgents qui se posent à notre planète.
Les ressources en eau dont dépend la vie des hommes sont de plus en plus lourdement sollicitées. Il n'y a pratiquement aucun pays qui échappe au risque : dans les 30 années à venir, plus de 60% de la population mondiale devront faire face à des problèmes dans le domaine de l'eau.
Cette situation s'explique en partie par la croissance ininterrompue de la demande, surtout dans les pays en développement. L'accroissement prévu de la population mondiale, qui devrait passer d'ici à 2025 de 5,5 à 8,5 milliards d'êtres humains, entraînera une énorme augmentation de la consommation d'eau, sans parler même des besoins du milliard d'habitants de la planète qui n'ont pas actuellement accès à l'eau salubre, et des 1,7 milliard de personnes qui sont sans installations convenables d'assainissement. De plus, pour la première fois, l'accroissement de la population est plus rapide que celui des superficies où l'on introduit l'irrigation agricole.
La situation s'explique aussi par des pratiques mal pensées de gestion de l'eau. Faute d'une bonne planification, les eaux souterraines s'épuisent, sont surexploitées et se dégradent, comme c'est le cas par exemple lorsque des eaux salées pénètrent les nappes côtières. Les grands réservoirs d'eaux de surface, indispensables pour compenser les variations annuelles et saisonnières des apports, peuvent être souillés par des industries ou des exploitations agricoles qui se livrent en amont à des pratiques nuisibles, avec les graves conséquences néfastes que cela entraîne à l'échelon local et en aval pour le système hydrographique auquel ils appartiennent.
Les problèmes tiennent aussi aux contraintes financières. Réservoirs et autres équipements hydrauliques sont coûteux à construire et à entretenir. En 1990, on a estimé que pour répondre entièrement aux besoins en eau potable, il faudrait investir chaque année jusqu'en l'an 2000 50 milliards de dollars. Les Etats Membres et la communauté internationale en sont loin.
Pour renverser ces tendances inquiétantes, on élabore de nouvelles politiques, de nouvelles stratégies. Ces stratégies ne pourront être efficaces que si elles procèdent de la fusion de mesures corrélatives touchant l'économie nationale, les systèmes d'information hydrologiques, la législation et la réglementation, et la gestion de la demande d'eau.
Pour être utile, tout plan d'action ou régime de prise de décisions doit aussi faire et c'est là un élément crucial l'unanimité des utilisateurs, surtout lorsqu'il s'agit de ressources en eau transfrontières. On perçoit de mieux en mieux que la planification dynamique, dans les organisations de bassin fluvial comme entre pays riverains, est le moyen le plus efficace de répondre aux problèmes complexes que posent les ressources en eau. Les utilisateurs des eaux du Nil, par exemple, ainsi que d'autres bassins fluviaux et aquifères internationaux, font face par un dialogue constructif à toute une série de questions et de besoins communs.
Mais les problèmes que pose l'eau sont complexes, de sorte que la seule gestion des institutions centralisées n'y suffit pas. L'efficacité des solutions imaginées sera tributaire dans une large mesure de la constitution de partenariats entre les autorités responsables de l'eau à l'échelon des bassins, des districts et des municipalités, entre communautés rurales et urbaines, et entre groupements d'usagers et sociétés privées de distribution.
Il faudra aussi, pour espérer résoudre les problèmes de répartition et de distribution de l'eau, comme d'assainissement, que les pays se dotent de moyens renforcés pour la gestion intégrée des ressources en eau, en conciliant harmonieusement les responsabilités du secteur public et du secteur privé, l'apport de la société civile et la protection de l'environnement.
La pollution s'aggrave à un rythme inquiétant. C'est par la prévention qu'on peut arriver à dissuader les pollueurs en puissance, en informant le public, et en identifiant les responsables. Il faudra mettre en place et maintenir des réseaux de surveillance pour obtenir tous les renseignements voulus. On ne soulignera jamais assez à cet égard combien il importe de prévoir les inondations et de protéger contre leurs effets.
Il est utile de rappeler ici les principales recommandations issues de la Conférence des Nations Unies sur l'eau et l'environnement, qui avait réuni à Dublin en 1992 plus de 150 représentants d'Etats Membres et spécialistes mondiaux de l'eau.
- 3- SG/SM/6185 ENV/DEV/404 24 mars 1997
Premièrement, la bonne gestion des ressources en eau exige une approche globale qui concilie développement socio-économique et protection des écosystèmes naturels, intégrant l'utilisation du sol et de l'eau une fois étudiées toutes les options envisageables.
Deuxièmement, il est indispensable, pour garantir que toute intervention touchant les ressources en eau en respecte le caractère durable, d'associer de bout en bout à la planification et à la gestion les usagers, les planificateurs et les décideurs, à l'échelon compétent le plus bas.
Troisièmement, les femmes doivent jouer un rôle central dans la gestion et la protection des ressources en eau.
Enfin, utilisée à de multiples fins, l'eau est un bien économique, ce qui lui donne une valeur sociale non négligeable.
Je peux vous assurer que l'Organisation des Nations Unies est entièrement favorable à ces principes. Il y a longtemps que le système des Nations Unies fait campagne en faveur des pratiques viables de gestion de l'eau et de la protection des ressources en eau. Les projets de mise en valeur qu'elle soutient, favorisant les solutions simples, les technologies peu coûteuses et la participation des collectivités, ont ouvert à des millions d'êtres humains l'accès à l'eau salubre et aux services d'assainissement.
Les problèmes de l'eau seront à l'ordre du jour le mois prochain à la Commission du développement durable, puis à nouveau en juin, à la session extraordinaire de l'Assemblée générale "Rio plus cinq" qui se réunira pour examiner les progrès de la mise en oeuvre d'Action 21.
À l'une et l'autre réunion sera présenté aux Etats Membres un inventaire exhaustif des ressources mondiales en eau douce, réalisé par le système des Nations Unies en coopération avec l'Institut de l'environnement de Stockholm. C'est un apport de taille aux efforts que nous consacrons à la recherche d'une solution aux problèmes complexes dont est entourée dans le monde entier la gestion intégrée des ressources en eau. Je vous engage à y prêter l'attention la plus soutenue.
Ici, à Marrakech, je vous présente à tous mes meilleurs voeux de délibérations fructueuses et réussies. Fragiles et limitées, les ressources mondiales en eau, qui sont notre patrimoine commun, exigent que nous intervenions en temps utile, avec persévérance et détermination.
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