FEM/932

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME ENTEND LES MESURES ADOPTEES PAR LES ETATS POUR PROMOUVOIR LA CONDITION DE LA FEMME

17 mars 1997


Communiqué de Presse
FEM/932


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME ENTEND LES MESURES ADOPTEES PAR LES ETATS POUR PROMOUVOIR LA CONDITION DE LA FEMME

19970317 La Commission de la condition de la femme a repris ce matin son débat général sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes qui s'est tenue à Beijing en septembre 1995. Le débat a permis aux délégations de faire part des mesures prises par leurs gouvernements respectifs pour mettre en oeuvre les recommandations de la Conférence. Les représentants se sont concentrés sur les stratégies relatives aux quatres domaines critiques examinés cette année par la Commission qui font partie des douze domaines définis par le Programme d'action de Beijing. Il s'agit des femmes et de l'économie, des femmes et de l'éducation, des femmes et la prise de décision, et des femmes et de l'environnement.

Les représentants des pays suivants ont pris la parole : Bangladesh, République islamique d'Iran, Japon, Inde, Philippines, Syrie, Antigua-et- Barbuda, Côte d'Ivoire, Canada, Algérie, Nigéria, Pérou, Tunisie, Liechtenstein, Kenya, République slovaque, Malaisie, Maroc, Costa Rica, Bahreïn, Cuba, Mali, Congo et Guinée. L'Observateur de la Palestine a également pris part au débat. La Commission a en outre entendu les représentants de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP) et du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes.

La Commission achèvera son débat général cet après-midi à 15 heures.

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SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMME

Suite du débat général

M. ANWARUL KARIM CHOWDHURY (Bangladesh) a insisté sur le caractère vital de la coopération internationale pour une mise en oeuvre efficace du Programme d'action de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes. Il s'est dit encouragé par les mesures prises au sein du système des Nations Unies afin d'assurer un bon suivi de la Conférence, et a mis l'accent sur la nécessité d'allouer des ressources additionnelles à la mise en oeuvre du Programme d'action. Le Gouvernement du Bangladesh est engagé à intégrer la perspective sexospécifique dans tous les secteurs de la société. Le Gouvernement s'apprête aujourd'hui à adopté un plan national de mise en oeuvre des recommandations de la Conférence, qui a été établi sur la base du travail réalisé par une équipe d'évaluation composée de représentants de tous les secteurs de la société qui avaient pour mandat de déterminer les domaines des recommandations de Beijing.

Mme MAKIKO SAKAI (Japon) a déclaré que son pays a mis en place un nouveau plan d'action national pour l'égalité des sexes d'ici l'an 2000. Ce plan énonce quatre objectifs qui visent à établir un système social égal entre hommes et femmes, à instaurer une égalité au sein de la famille et au travail, à créer un système de promotion et de protection des droits de la femme et à élaborer une politique de défense et de contribution au développement et à la paix dans le monde. Le Japon se félicite, par ailleurs, de la création du Fonds d'affectation spéciale de l'UNIFEM pour éliminer la violence contre les femmes. Conscient de l'importance d'une telle initiative, le Japon a décidé d'y souscrire à hauteur d'un million de dollars américains. En ce qui concerne le projet de Protocole facultatif à la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, le Japon émet le voeu qu'un examen attentif aura lieu afin de formuler un protocole réaliste qui sera ratifié par le plus grand nombre possible de pays. Pour ce qui est des quatre grands domaines critiques examinés au cours de cette session, le Japon estime que les gouvernements doivent assumer leur responsabilité première en agissant en coopération avec les ONG et la société civile pour sensibiliser le public. Pour sa part, le Japon s'efforce d'atteindre cet objectif grâce aux mécanismes nationaux et à l'assistance aux pays en développement.

Mme FROUAZANDEH VADIATI (République islamique d'Iran), a fait valoir qu'il était indispensable d'allouer des ressources supplémentaires à la mise en oeuvre du programme d'action de Beijing si l'on veut en assurer un suivi efficace. Toute stratégie efficace pour l'application des recommandations de Beijing exige un renforcement de l'assistance des Nations Unies aux pays en développement. S'agissant des mesures prises par son gouvernement en vue d'assurer la mise en oeuvre des recommandations de la Quatrième Conférence sur les femmes, la représentante a expliqué qu'une commission nationale des femmes avait été créée, qui coordonne les différentes initiatives visant

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l'égalisation des droits et l'intégration de la dimension sexospécifique dans les différents domaines de la société. La représentante a prôné le renforcement de la coopération internationale.

Mme KAMALA SINHA (Inde) a déclaré que les orientations nationales relatives aux recommandations de Beijing ont déjà été adoptées à différents niveaux et doivent être soumises pour approbation au Gouvernement. L'Inde a lancé de nombreux programmes dont un vise à améliorer la nutrition des enfants à l'école afin d'encourager les parents à les maintenir dans une structure éducative. La création d'un Commissaire aux droits des femmes est une proposition qui vise à protéger les droits des femmes à tous les niveaux. L'Inde souhaite que les femmes participent à tous les stades du processus décisionnel et pour ce faire, a réservé aux femmes 33% des places lors des élections qui ont eu lieu au niveau local. L'Inde a ainsi décidé de réserver aux femmes un certain pourcentage de sièges à tous les échelons de la décision politique. Un projet de loi a été présenté, en ce sens, au Parlement. Dans sa politique en faveur des femmes, l'Inde met également l'accent sur la formation professionnelle et sur les activités génératrices de revenus. Ainsi, la Banque nationale pour les femmes a été créée en 1993 et offre des micro-crédits à des taux avantageux. Nombre de dialogues ont eu lieu avec des économistes afin d'élaborer des indicateurs de développement pour les femmes et leur trouver des profils d'emplois au niveau des districts. Différentes études sont faites, en outre, pour mesurer l'impact des politiques d'ajustement structurel sur les femmes.

Mme PATRICIA LICUANA (Philippines) s'est félicitée de la nouvelle méthode de travail adoptée par la Commission pour la présente session. Elle s'est félicitée de la participation de Groupes d'experts aux travaux sur le suivi de la Conférence de Beijing, mais a considéré que ces derniers devraient à l'avenir éviter les exposés de "plaidoyer" afin de ne pas susciter la reprise de débats sur des questions qui ont été négociées à Beijing. Selon elle,à chacune des prochaines sessions de la Commission, les Groupes d'experts devraient examiner une série de thèmes sur les modalités de suivi de la Conférence. Les thèmes suivants pourraient notamment être abordés : modèles de mise en oeuvre nationale ou régionale; ou encore coopération des organisations non gouvernementales aux efforts nationaux et internationaux. Mme Licuanan a en outre fermement soutenu les efforts en cours en vue d'élaborer le texte d'un projet de protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, afin de permettre au Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes de recevoir des communications faisant état de plaintes de femmes ou de groupes de femmes qui s'estiment violées dans l'un quelconque des droits énoncés dans la Convention. Enfin, insistant sur le fait que la mise en oeuvre des recommandations de Beijing nécessite une volonté politique ferme des Etats Membres, la représentante a estimé qu'il conviendrait de demander à chacun d'eux de remettre tous les ans un rapport faisant état des progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Programme d'action de Beijing.

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M. FAYSSAL MEKDAD (Syrie) a souhaité que les rapports dont est saisie la Commission reflètent davantage la situation des femmes dans les territoires occupés par Israël. En ce qui concerne sa politique, la Syrie a pu assurer l'enseignement gratuit à toutes les couches de la population en accordant une attention particulière à la femme et spécialement à la femme vivant dans les milieux ruraux. Des initiatives sont prises, en outre, pour permettre à la femme de prendre part davantage à la prise de décision. Les femmes aujourd'hui sont dans toutes les sphères de décisions qu'elles soient administratives ou politiques. Toutefois, l'occupation israélienne empêche le plein développement du potentiel des femmes dans les territoires concernés. Le représentant a lancé un appel à tous les Etats épris de paix pour qu'ils défendent les droits des femmes au Moyen-Orient. Pour sa part, la Syrie a mis l'accent à plusieurs reprises sur sa disposition à reprendre les négociations là où elles se sont arrêtées. D'autres part, la Syrie apprécie la coopération qu'elle a mis en place avec les institutions des Nations Unies et est déterminée à poursuivre, avec leur aide, le progrès sur le chemin de l'égalité totale entre les sexes.

Mme SHEILA ROSEAU (Antigua-et-Barbuda), prenant la parole au nom des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM), a indiqué que les discussions sur les domaines critiques du Programme d'action de Beijing au sein de la Commission est une contribution importante aux efforts déployés en vue d'une mise en oeuvre efficace des recommandations de la Conférence de Beijing et une avancée sur la voie de la réalisation de ses objectifs. Faisant part des efforts des pays de sa région dans ce domaine, elle a expliqué que les Ministres des questions féminines des pays de la CARICOM s'étaient réunis en novembre dernier à Trinité-et-Tobago afin de définir leur politique commune de promotion de la femme. Les pays de la CARICOM attachent une grande importance au rôle que jouent les mécanismes internationaux dans le contexte du suivi de la Conférence : il est essentiel que ces derniers soient encore renforcés.

Mme ALBERTINE HEPIE GNANANZAN, Ministre de la famille et de la promotion de la femme de la Côte d'Ivoire, a indiqué que les femmes de son pays se sont mobilisées pour traduire dans des mesures concrètes, les conclusions de la Conférence de Beijing. A cet effet, une consultation sur la femme a été organisée et a eu pour objectif d'évaluer la participation de la femme au processus de développement, d'identifier les pesanteurs agissant sur le statut de la femme dans les différents domaines, et de rechercher des actions stratégiques capables d'apporter des améliorations à son intégration dans le développement durable. A l'issue des travaux, les participants ont élaboré un livre blanc intitulé "femmes ivoiriennes à l'ère du troisième millénaire ". Des propositions concrètes ont été élaborées et parmi celles-ci, il s'agit de prendre, en matière de santé, des lois interdisant les pratiques néfastes à la santé de la femme et en matière d'éducation, d'assurer l'école obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans. En matière de droits de la femme, le livre recommande de supprimer les inégalités juridiques au niveau matrimonial et

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sur le plan de l'emploi et du travail. Dans le domaine économique, il est recommandé de protéger les femmes dans le code du travail et le code commercial et de faciliter leur accès au crédit par une institution financière propre. Quant à la prise de décision, les femmes ivoiriennes recommandent un système de quota de 40% dans toutes les hautes instances de prises de décision. Certaines de ces propositions connaissent déjà un commencement d'exécution, a affirmé la représentante.

Mme MARY GLEN (Canada) a insisté sur le fait qu'il incombe aux gouvernements des Etats Membres de faire de l'intégration de la perspective sexospécifique dans tous les secteurs de la société une priorité importante et d'inciter les commissions et agences fonctionnelles des Nations Unies à mettre au point des mécanismes et des cadres de responsabilisation pour atteindre cet objectif. Selon le Canada, il est essentiel pour ce faire de disposer d'outils et de méthodes d'analyse comparative entre les sexes. L'analyse comparative entre les sexes est le pivot du Plan fédéral canadien pour l'égalité entre les sexes et une mesure intégrale de l'élaboration des politiques. Afin d'améliorer la capacité d'analyse sexospécifique de tous les acteurs de la mise en oeuvre des recommandations de Beijing, a-t-elle dit, nous avons mis au point un guide d'analyse à l'intention des responsables, tous niveaux confondus, de l'exécution du plan. La représentante a salué le rôle important que les organisations non gouvernementales jouent dans le processus de promotion de l'égalité, et a appuyé les efforts des Nations Unies en vue d'accroître leur participation aux activités de l'Organisation.

Mme AMINA Z. MESDOUA (Algérie) a déclaré que la femme algérienne s'est toujours investie dans toute la plénitude de ses moyens pour renforcer sa place au sein de la société en participant activement à l'édification du pays. A cet effet, toutes les mesures prises par le Gouvernement visent à asseoir durablement la place de la femme dans la société et à améliorer sa situation. Parmi ces dernières figurent l'adhésion à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, l'installation d'une Commission nationale chargée du suivi du plan national pour la mise en oeuvre du programme de Beijing et la création d'un Haut Conseil national chargé du suivi de l'application du programme de Beijing. Un projet d'amendement du code de la famille a, en outre, été préparé par les associations et les ONG et fait l'objet d'un examen par le gouvernement. Toutes ces mesures sont liées à un processus de modernisation de la société algérienne qui concilie sa culture et sa civilisation avec les exigences de justice, de liberté et d'égalité. De quel poids, a cependant souligné la représentante peut peser l'aspiration à l'égalité face à la barbarie et à l'extrémisme le plus rétrograde et au terrorisme le plus abject. Témoin et acteur à la fois, la femme algérienne est consciente des enjeux du combat qui résident dans l'édification d'un Etat démocratique républicain et pluraliste ayant inscrit dans son projet l'émancipation et l'intégration de la femme dans le façonnement du devenir de son pays.

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M. SAM A. OTUYELU (Nigéria) a estimé que la mise en oeuvre des recommandations de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes ne pourra être efficace que si la communauté internationale fait montre d'une volonté politique ferme; et que des ressources supplémentaires sont allouées à cette entreprise. Le Nigéria attache une attention particulière à l'intégration de la perspective sexospécifique dans tous les secteurs de l'action du Gouvernement du Nigéria.

Mme MIRIAM SCHENONE, Ministre chargée de la promotion de la femme et du développement humain du Pérou, a déclaré que les décisions de son pays en matière de promotion de la femme ont d'abord visé à établir des mécanismes institutionnels. Ainsi la création du Ministère chargé de la promotion de la femme et du développement humain, accompagné de la création d'une Commission pour les droits de la femme et d'une autre instance pour les femmes, a lancé un processus de modernisation du pouvoir exécutif du pays. Ces nouvelles instances constituent un élément important du processus d'institutionnalisation et témoigne de l'importance accordée par le Gouvernement à l'intégration des femmes aux programmes de politique nationale. En outre, le Pérou continue de mener une lutte contre la pauvreté en encourageant la création de micro-entreprises. La féminisation de la pauvreté étant bien réelle, le Gouvernement a pris un certain nombre de mesures qui ont abouti à la recherche de meilleures conditions, économiques, politiques et sociales pour les femmes et en particulier, les déplacées, les analphabètes ou les clandestines. Les efforts de lutte contre l'analphabétisme présente un caractère permanent. L'ordre économique international étant en mutation, la promotion des femmes disposant de peu de ressources pour améliorer leur participation à la vie économique est considérée comme un élément essentiel. Les politiques de facilitation de l'accès au crédit et à l'épargne se voient donc renforcées.

Mme ZAKIA AMARA BOUAZIZ (Tunisie) rendant compte des mesures prises par son gouvernement dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de Beijing, a fait part de la ferme volonté au plus haut sommet de l'Etat de promouvoir l'égalité. Depuis l'indépendance, l'évolution de la législation tunisienne a progressivement mis en place les conditions nécessaires à cette égalité, dans les domaines politique, économique, économique et social. La nouvelle direction du Président Zine El Abidine Ben Ali a réaffirmé ces principes dans des textes fondamentaux. L'intégration est au centre de l'attention du Gouvernement, et des mécanismes ont été crées pour faire avancer cette cause. Parmi les mesures législatives prises ou prévues à cette fin, la représentante a cité les amendements qui vont être faits au Code du statut personnel, et qui visent notamment à substituer la notion de devoir de respect mutuel à celle d'obéissance de l'épouse à son époux, la constitution du droit de tutelle à la mère et la création d'un fond de garantie de la pension alimentaire. Le Code pénal va considérer le lien matrimonial comme circonstance aggravante en matière de sanction, de la violence conjugale,

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tandis que le Code du travail consacrera explicitement le principe de la non- discrimination entre les sexes dans le travail. La réforme de l'éducation, a ensuite expliqué la représentante vise notamment à préparer les jeunes à une vie qui ne laisse aucune place à la discrimination fondée sur le sexe. Le principe de l'enseignement obligatoire que cette réforme introduit vise essentiellement à enrayer le phénomène des abandons scolaires des filles. L'intégration du Planning familial dans les programmes de soins de santé de base, a-t-elle également dit, a permis à la Tunisie d'avoir le taux démographique le plus bas du continent africain.

Mme CLAUDIA FRITSCHE (Liechtenstein) a estimé que la paix est une condition préalable à l'égalité entre les hommes et les femmes. Elle s'est déclarée convaincue que les femmes peuvent et doivent jouer un rôle plus important dans le règlement des conflits, étant donné qu'elles apportent des perspectives différentes et des approches novatrices au rétablissement de la paix, au maintien de la paix et à la diplomatie préventive. Les sept femmes ambassadeurs auprès des Nations Unies ont contacté le Secrétaire général pour lui demander de nommer plus de femmes comme représentantes spéciales dans les situations de conflit. Une liste de femmes qualifiées a été présentée et la représentante a indiqué que le Secrétaire général a accueilli avec satisfaction cette initiative. En ce qui concerne la mise en oeuvre des recommandations de Beijing, la représentante a indiqué que le Gouvernement de son pays est en train d'élaborer son plan d'action qui comprendra, notamment, une incitation à l'entrée en politique des femmes, des directives académiques à l'intention des filles, des mesures pour faciliter la compatibilité entre la vie de famille et la vie professionnelle et une campagne sur la violence à l'égard des femmes et des enfants.

Mme SIHAM SUKKAR, Observateur de la Palestine, a indiqué que l'impact de l'occupation israélienne continue d'affecter tous les aspects de la vie quotidienne du peuple palestinien. En dépit des obstacles, les femmes palestiniennes ont montré leur détermination à continuer à participer activement aux efforts de la communauté internationale visant la promotion de la femme. Pour ce qui est des mesures concrètes, la représentante a fait observer que les efforts sont déployés à la fois au niveau du gouvernement et des ONG et que des comités ont été créés pour coordonner et élaborer une stratégie unifiée en faveur de la promotion de la femme. Le travail de ces comités a été divisé en deux parties. La première vise à identifier leurs besoins pour la mise en oeuvre des recommandations de Beijing et la deuxième, à aider le gouvernement et les ONG concernées dans l'élaboration de plans pour la mise en oeuvre d'activités spécifiques correspondant aux domaines de priorités pour les femmes. Abordant le rapport du Secrétaire général sur l'assistance aux femmes palestiniennes, la représentante a souligné la nécessité d'y apporter une approche intégrée et de veiller à l'intégration de la perspective sexospécifique dans tous les programmes des institutions et organes des Nations Unies.

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Elle a souligné la nécessité pour le Secrétaire général de refléter les impacts négatifs de l'occupation israélienne sur les femmes et les enfants et le fait que l'occupation demeure l'obstacle majeur à la promotion de la femme palestinienne. La participation des femmes palestiniennes au développement national, a-t-elle ajouté, exige aussi que l'Autorité palestinienne, de concert avec la communauté internationale, leur fournisse l'appui financier et éducationnel nécessaire. A cet égard, la représentante a émis l'espoir que la Commission apportera son appui au projet de résolution que sa délégation présentera sur l'assistance aux femmes palestiniennes.

Mme RUTH F.B. OERI (Kenya) a indiqué que son pays a déjà mis en place un plan d'action conforme aux recommandations de Beijing. En outre, un document de session sur la politique nationale a été élaboré et doit être approuvé par le Cabinet. En ce qui concerne la participation des femmes au pouvoir, la représentante s'est dite convaincue qu'il convient de suivre une approche multiple. Elle a déclaré que son gouvernement s'est engagé à oeuvrer à cette fin. Des mesures ont été prises pour nommer des femmes à des postes clés et dans le même temps, un manuel de formation est préparé afin d'améliorer les compétences des femmes. En 1997, des élections générales se tiendront et le but est d'encourager les femmes à y participer en élisant des hommes et des femmes compétents en matière d'administration. En outre, des femmes sont encouragées à présenter leur candidature d'autant qu'un système de quota a été adopté. En ce qui concerne l'éducation, une attention particulière est accordée aux fillettes. Il s'agit de les maintenir dans une structure éducative et de les encourager à terminer leurs études supérieures. La représentante a argué que le redressement économique de femmes est essentiel à leur promotion. Le Kenya a établi un fonds national destiné aux femmes pour leur faciliter l'accès au crédit. Un fonds semblable a été créé pour aider les handicapés. Le fait que le PNUE et HABITAT aient leur siège à Naïrobi a permis de sensibiliser l'opinion publique aux questions relatives au développement et à l'environnement, a conclu la représentante.

Mme VRANOVA (Slovaquie), faisant part des priorités de l'action de son Gouvernement en matière de promotion de la femme, a notamment insisté sur les mesures prises en vue d'assurer la participation égale des femmes et des hommes au niveau de la prise de décision. D'importants efforts sont déployés pour accroître le nombre de femmes au Parlement et au sein du Gouvernement. L'action menée dans ce domaine attache une grande attention au renforcement de la confiance des femmes en leurs capacités à assumer leurs fonctions dans le processus de la prise de décision. Le marché du travail constitue un deuxième secteur cible de l'action gouvernementale en matière de promotion de la femme. Les initiatives dans ce domaine visent avant tout à redresser le déséquilibre qui subsiste entre les salaires des femmes et ceux des hommes. Les revenus des hommes continuent d'être de 22% supérieurs à ceux des femmes.

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Mme FATIMAH HAMID DON (Malaisie) a déclaré que la politique adoptée par le Gouvernement en 1989 visait à assurer aux femmes leur participation au développement national. Cette politique se fonde sur les recommandations des stratégies prospectives de Naïrobi et des autres recommandations internationales. Depuis Beijing, l'adoption d'une Plate-forme d'action nationale a montré que le programme pour les femmes nécessite des changements d'orientation pour tenir compte de la réalité de leur vie quotidienne. Les programmes de promotion de la femme ainsi mis en place ont bénéficié d'un appui du gouvernement et du secteur privé. Le Gouvernement reconnaît la nécessité de renforcer les mécanismes nationaux dont le Secrétariat chargé des affaires féminines et le mécanisme chargé de la promotion de la femme. A cet égard, la Malaisie est revenue sur les réserves émises autrefois pour se conformer davantage à l'esprit du Comité sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. La coopération entre les ONG, les secteurs public et privé a été renforcée. Les ONG et le secteur privé offrent des services comme des prêts aux pauvres, des emplois, des crédits, des aides aux logements ou encore des soins de santé. Heureuse de cette collaboration, la représentante a cependant admis que beaucoup reste à faire pour assurer l'égalité et la dignité des femmes.

Mme AICHA EL KABBAJ (Maroc) a indiqué que son pays a préparé une stratégie nationale qui s'articule autour de cinq objectifs essentiels. Il s'agit d'abord de la promotion du statut juridique de la femme qui prévoit la modification de son statut personnel afin de renforcer ses droits et garanties au sein de la famille. Il s'agit ensuite d'améliorer l'éducation des femmes et parallèlement, en milieu rural, d'encourager la scolarisation des filles et de parer au problème de l'abandon scolaire. Sur le plan sanitaire, l'accent est mis sur la nécessité de renforcer les soins accordés aux mères et aux enfants en renforçant les campagnes de vaccination organisées chaque année par l'Etat. La participation de la femme à la prise de décision, avec une meilleure définition dur rôle assigné aux pouvoirs publics, à la société civile et aux ONG, en vue d'instaurer un ordre social où le partenariat et le partage des responsabilités sera de règle fait également partie des objectifs. Enfin, la stratégie nationale prévoit un ensemble de mesures susceptibles de renforcer la sensibilisation à travers les médias, en vue d'enrayer les préjugés hostiles et de créer un environnement socio-culturel susceptible de répondre aux impératifs de l'égalité des sexes. La représentante a indiqué que son pays vient d'approuver des changements fondamentaux de sa constitution qui établissent deux principes essentiels qui sont ceux de la démocratie bicamérale et de la régionalisation. Autant de dispositions qui permettront un développement harmonieux avec la contribution consensuelle des hommes et des femmes du Maroc, a-t-elle conclu.

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Mme GARCIA (Costa Rica) a indiqué qu'après Beijing, son pays a procédé à une révision des dispositions relatives à la femme, en fixant comme objectif premier, la lutte contre la pauvreté et l'examen des causes de sa féminisation. Des mesures ont en outre été prises pour prévenir la violence au sein de la famille avec une attention particulière sur les éléments culturels qui sont à l'origine cette violence. Evoquant les activités du Réseau de bureaux pour la protection de la femme en Amérique latine, la représentante a indiqué qu'il a pour objectif de contrôler et de coordonner les mesures adoptées au niveau des pays. La Conférence de Beijing a souligné la responsabilité première des gouvernements en ce qui concerne la mise en oeuvre des recommandations. Or, a dit la représentante, rien ne pourra se faire sans une véritable coopération entre les Etats et le Réseau s'emploie à intensifier cette coopération.

Mme BUALLAY (Bahreïn) a indiqué que son gouvernement avait accordé la priorité aux domaines suivants dans sa politique nationale de mise en oeuvre des recommandations de Beijing : harmonisation des lois en vue afin de garantir l'égalité, le développement de la famille, l'intégration de la femme au processus économique et afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle dans le processus de développement durable de la société. L'intégration de la perspective sexospécifique dans les divers secteurs de l'action politique nationale et la protection, ainsi que la promotion des droits de la femme en vue de l'égalité sur le marché de l'emploi et le développement de la recherche sur la femme et la famille, y sont en outre au nombre des mesures prises par le gouvernement pour promouvoir la condition de la femme.

Mme MAGALYS AROCHA (Cuba) a indiqué que son gouvernement attache une grande importance aux travaux de la Commission et en particulier à l'élaboration du Protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. La représentante a souligné qu'en 1996, une réunion s'est tenue à La Havane sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et, en particulier, sur les droits humains et fondamentaux des Cubains. Malgré les difficultés économiques et financières que le pays connaît, les participants à la réunion ont reconnu les progrès effectués par les Cubaines qui sont à la fois actrices et bénéficiaires des programmes élaborés. Les recommandations de la réunion ont été incluses dans le Plan d'action national qui est sur le point d'être adopté par le Gouvernement. Ce Plan se concentre sur l'emploi, le travail communautaire, le droit génésique, l'image des femmes dans les médias, l'amélioration de la législation et la participation de la femme à la prise de décision.

Mme DIAKITE (Mali) a fait part des mesures récemment prises par son pays en vue de la réalisation des objectifs d'égalité. Elle a notamment fait état de mesures juridiques qui ont été prises afin d'éliminer toute discrimination dans les lois. A cet égard elle a insisté sur les importantes réformes qui ont été apportées au Code de la famille, ainsi que les efforts consentis

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en vue de réaliser les objectifs d'égalité en matière d'éducation et de santé, ainsi qu'en matière de sensibilisation. En ce qui concerne la santé, a dit la représentante, le Commissariat de la défense des femmes vient de créer un Comité national chargé de coordonner l'action en vue de l'élimination des pratiques néfastes à l'égard des femmes et des filles, et, en particulier, l'excision, dont 80% de filles au Mali seraient encore les victimes.

Mme ABOU CORNELIE (Congo) a déclaré que son Gouvernement a adopté un programme de relance économique d'urgence qui met un accent particulier sur la lutte contre la pauvreté. Il s'agit du désengagement de l'Etat dans le secteur productif et de son investissement accru dans les secteurs sociaux. Ainsi les secteurs de l'éducation, de la santé, du transport, des télécommunications, de l'habitat et du milieu rural ont été désignés comme domaines de prédilection. En ce qui concerne les femmes, une action est menée dans le cadre de l'amélioration des capacité organisationnelles et de gestion. En outre, des actions sont également menées pour faciliter leur accès aux crédits. Cependant face aux nombreux problèmes que connaît le pays, il serait souhaitable de bénéficier de l'expérience des autres pays et de l'appui de la communauté internationale, a souligné la représentante. La Commission de la condition de la femme doit multiplier des missions pour se rendre compte de l'état d'avancement des recommandations de Beijing et des difficultés rencontrées sur le terrain. En conclusion, la représentante a insisté sur la situation dans la Région des Grands Lacs, en déplorant le sort des femmes et des enfants qui se sentent abandonnés à eux-mêmes. Elle a espéré que la communauté des ONG saura, de concert, avec la communauté internationale mobiliser les forces nécessaires pour qu'une action soit menée rapidement dans cette région.

Mme KABA SARAN DARABA (Guinée) a déclaré qu'en vue de la mise en oeuvre de la Plate-forme de Beijing, son pays a organisé en février 1996, un atelier national dont l'objectif était de créer un cadre de concertation pour permettre aux différentes structures impliquées d'élaborer le plan d'action intersectoriel. En plus de ce plan d'action, le Gouvernement a élaboré et adopté les politiques nationales de la promotion féminine, de la promotion de l'enfance et de l'action sociale. La politique de promotion de la femme comporte quatre orientations fondamentales : amélioration du cadre juridique de la promotion et de la protection des femmes, promotion économique des femmes, renforcement du rôle familial, social et culturel des femmes et l'amélioration de leur statut au sein de la société, et enfin, renforcement du cadre de promotion des femmes. Dans le domaine de l'économie, il s'est avéré indispensable de mettre en place un Fonds national d'appui aux activités féminines.

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Les femmes organisées en groupements utilisent plusieurs stratégies pour mobiliser l'épargne mais se heurtent toujours à la faiblesse de leurs revenus. C'est pour cette raison qu'il faut interpeller la solidarité de la Communauté internationale en faveur de la mobilisation des ressources financières pour faire face, en particulier, aux besoins de formation et de spécialisation des femmes et pour les besoins mêmes de leur financement. La Guinée compte près de trente ONG et trois cent cinquante groupements féminins qui oeuvrent dans diverses filières de production.

M. PEDERSEN, Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, déclarant que les femmes et les enfants forment le plus grand nombre de victimes dans le monde, a indiqué qu'au sein de la Fédération, des femmes travaillent ensemble pour élaborer des stratégies visant à introduire la dimension sexospécifique dans les activités de la Croix-Rouge. En ce qui concerne les domaines critiques définis par le Programme d'action de Beijing, la Fédération a étudié avec intérêt le rapport du Secrétaire général et a estimé qu'il comporte des recommandations utiles. Pour sa part, la Fédération continuera ses activités visant à permettre aux femmes d'avoir des activités génératrices de revenus pour qu'elles puissent prendre soin de leur famille en cas de conflit. Les activités de la Fédération viseront également à lutter contre l'analphabétisme et à informer les femmes, de leurs droits. La Fédération poursuivra, par ailleurs, ses services en matière de soins de santé des femmes y compris dans le domaine de la santé génésique et de la planification familiale.

Mme NAFIS SADIK, Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), a déclaré que la reconnaissance du droit des femmes à contrôler leur destin a été une longue lutte qui a débuté dans les années 70 et il a fallu attendre longtemps pour obtenir un consensus sur la reconnaissance d'un des droits les plus fondamentaux de la femme, celui d'exercer ses droits génésiques. Aujourd'hui tout le monde s'accorde à reconnaître que ses droits appartiennent aux femmes mais aussi aux hommes. Autant les hommes que les femmes ont le droit de décider du nombre et de l'espacement des naissances. Il ne peut y avoir de coercition et ces droits sont partie intégrante des droits de l'homme. La communauté internationale l'a en tout cas reconnu à six reprises, à chacune des grandes conférences qui a eu lieu au cours de ces sept dernières années. Les hommes et les femmes en sont-ils tous convaincus. Malheureusement la réponse est négative. Le consensus est une chose et la réalité en est une autre. La preuve en est que la situation de la femme n'a pas véritablement changé depuis le début de la décennie.

Les progrès sont trop lents, a dit Mme Sadik. Les hommes, semble-t-il, pourraient être blessés si les femmes effectuaient trop rapidement des progrès. Nous n'avons pas voulu blesser personne et nous ne pensions certainement pas que l'égalité ne pourrait blesser qui que ce soit. Lorsque les femmes sont les égales des hommes, nous sommes tous gagnants. Nous devons

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persuader les hommes qu'ils n'ont rien à craindre d'une meilleure santé, d'une meilleure éducation, ni d'une femme qui gagne sa vie. Dans un sens, la lutte ne fait que commencer.

Mme KHAN, Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW), a rappelé que le Programme d'action de Vienne a souligné la nécessité d'adopter de nouvelles procédures pour réaliser l'égalité des droits des hommes et des femmes. A cet égard, la Présidente du Comité s'est félicitée du processus d'élaboration du Protocole sur la Convention pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes et des progrès importants qui ont déjà été effectués. Lors de sa dernière session, le Comité a décidé d'inviter les ONG à ses réunions en leur donnant l'occasion de faire des contributions spécifiques. Il a appelé les Etats parties à la Convention à consulter les ONG pour l'élaboration de leur rapport. Dans ce contexte, la Présidente a émis l'espoir que les efforts conjoints du Comité et de la Commission conduiront à l'adoption du Protocole dès 1998. Aujourd'hui, 156 ont ratifié la Convention et il est à espérer que l'adoption du Protocole renforcera l'attention de la communauté internationale sur la violation des droits de la personne humaine des femmes. Le Comité qui a décidé d'examiner dorénavant dix rapports par session, demande à la Commission de faire en sorte qu'il dispose du temps et des ressources nécessaires.

Mme NOELEEN HEYSER, Fonds des Nations Unies pour le développement de la femme (UNIFEM), expliquant l'action que mène le Fonds en vue de soutenir la promotion de la femme dans le monde, a expliqué que ce dernier accorde une attention toute particulière dans ses activités à la promotion de l'égalité des femmes et des hommes dans les trois secteurs suivants : gestion des ressources, prise de décision et intégration de la perspective sexospécifique dans toutes les sphères de la société. Elle a insisté sur l'importance que revêt le travail d'évaluation de l'action des institutions nationales pour l'efficacité des initiatives et projets de l'UNIFEM. Elle a suggéré la création d'un réseau permettant l'échange de données et d'informations sur les problèmes rencontrés dans l'application des recommandations de Beijing, afin de faire avancer la recherche de solutions à certains problèmes rencontrés dans ce contexte.

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