FEM/931

COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME : LES PARTICIPANTS INSISTENT SUR LA NECESSITE D'OFFRIR AUX FEMMES UNE EDUCATION ET UNE FORMATION PERMANENTES

14 mars 1997


Communiqué de Presse
FEM/931


COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME : LES PARTICIPANTS INSISTENT SUR LA NECESSITE D'OFFRIR AUX FEMMES UNE EDUCATION ET UNE FORMATION PERMANENTES

19970314 La Commission de la condition de la femme a terminé cette après-midi sa table ronde consacrée aux femmes, à l'éducation et à la formation, concluant ainsi la série de quatre tables rondes qui étaient inscrites à l'ordre du jour de ses travaux sur le suivi de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, et ont été l'occasion de discussions approfondies entre les représentants des gouvernements et différents Groupes d'experts, sur quatre des douze domaines d'action critiques identifiés par la Conférence de Beijing, à savoir : les femmes et l'environnement; les femmes et la prise de décision; les femmes et l'économie; et les femmes, l'enseignement et la formation.

Au cours du dialogue qui a eu lieu cet après midi sur ce dernier thème, de nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité d'assurer aux femmes une éducation et une formation continue, qui leur permettent de renforcer leurs capacités et leurs compétences tout au long de leur existence, et d'être en mesure de rester compétitives par rapport aux hommes et de s'adapter aux nouvelles donnes du marché et du progrès. Dans ce contexte il importe donc de veiller à la diversification de la formation et à l'élimination des formes de discriminations visibles et invisibles. L'accent a en outre été mis sur la nécessité d'octroyer une aide plus substantielle aux pays en développement pour soutenir leurs efforts dans le domaine de la promotion de l'égalité en matière d'éducation et de formation.

La Commission se réunira de nouveau lundi matin, 17 mars, à partir de 10 heures.

Dialogue entre les délégations sur le thème de la femme, l'éducation et la formation

Dans son intervention, la représentante du Costa Rica a signalé que d'importants progrès avaient été accomplis dans son pays en matière d'éducation. Le fait que le budget de l'Etat n'a jamais prévu de dépenses militaires a fortement contribué à faire avancer les objectifs du développement durable et notamment ceux en matière d'éducation. Elle a expliqué que son gouvernement n'épargnait aucun effort pour faire accélérer la réalisation de l'objectif d'égalité. Parmi les mesures prises à cette fin, figurent des mesures législatives, visant à finaliser l'harmonisation de la législation nationale avec les dispositions de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes; et des initiatives visant à l'intégration de la perspective sexospécifique dans les divers domaines de la politique. Le Plan national pour l'égalité des chances adopté au lendemain de la Conférence de Beijing met un accent particulier sur la participation de l'Etat au processus de la promotion de la femme. Selon elle, il ne faut jamais perdre de vue que c'est aux Etats qu'incombe en premier lieu la responsabilité de favoriser l'égalité.

La représentante du Togo, rappelant que dans son pays, une femme sur quatre est analphabète, s'est interrogée sur la capacité réelle des Etats à orienter des fonds vers les domaines d'éducation et de formation. Les conséquences de la situation économique ont entraîné un tel appauvrissement des finances publiques qu'il revient aussi à la communauté internationale, par esprit de solidarité, de compenser les lacunes et d'oeuvrer ainsi pour la justice sociale. Les conférences de Rio, du Caire, de Copenhague et de Beijing ont produit beaucoup de recommandations et de documents, des discussions supplémentaires ne sont plus nécessaires. Il faut des actes. Combien sont-elles, en effet, à vouloir, sans pouvoir, accéder à l'éducation, s'est demandée la représentante. La représentante des Etats-Unis a argué que les politiques en matière d'éducation et de formation doivent s'articuler autour de trois principes. Il convient d'abord d'attribuer des fonds suffisants à l'éducation de base. Il faut ensuite responsabiliser les personnes au niveau local plutôt qu'au niveau national pour assurer la durabilité des projets d'éducation chez les femmes, et enfin créer un environnement favorable de concurrence entre l'école publique et l'école privée. D'autres stratégies sont nécessaires pour mobiliser toute la société civile, adapter les écoles sur le plan culturel, recruter des enseignants au niveau local et établir des variantes pour les élèves qui ne fréquentent pas l'école.

La représentante de la Suisse a estimé qu'il est essentiel de veiller à ce que le programmes dessinés reposent sur les capacités des femmes et leurs compétences, et non pas sur les lacunes qui leurs sont imputées. Les programmes doivent en outre accorder une plus grande attention au

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développement des activités non traditionnelles des femmes : la promotion des activités traditionnelles n'est pas systématiquement moteur d'autonomisation de la femme dans la société. Il est par ailleurs essentiel de renforcer les initiatives de formation pour les femmes travaillant dans le secteur informel, et de compléter toutes ces actions par des programmes de formation et d'information visant à favoriser un nouveau partage des responsabilités des hommes et des femmes dans la société. Enfin, dans l'élaboration des programmes au niveau international et régional, il est capital d'examiner toutes les mesures à la lumière de chaque contexte donné, et de ses particularités.

La représentante du Burkina Faso a souligné que les activités de l'organisation panafricaine FAWE montrent toute l'importance des décideurs femmes pour faire avancer les choses et la nécessité d'impliquer les mères, qui lorsqu'elles sont sensibilisées, peuvent prendre en charge leurs filles. Dans ce même ordre d'idées, il est également utile de mettre les forces traditionnelles à contribution, seules susceptibles de changer les mentalités. La représentante a conclu en expliquant que l'action des ministres de l'éducation, réunis au sein d'une organisation régionale, a mis l'accent sur la nécessité d'un refonte complète des systèmes éducatifs. Elle a aussi lancé un appel pour que les programmes tiennent compte des petites vendeuses, des domestiques ou de toutes celles qui dans les villes ne peuvent fréquenter l'école.

Le représentant de l'Inde a indiqué que conformément aux recommandations de Beijing, son pays a décidé de réserver 6% du PNB à l'éducation. Les programmes ainsi mis en place visent également à améliorer la nutrition des filles et à inciter les parents à inscrire leurs enfants à l'école. En outre deux milliards de roupies ont été orientés, en particulier, dans les régions où le taux d'éducation est inférieur à la moyenne nationale. L'accent est également mis sur la formation professionnelle et l'appui à des entreprises rémunératrices. La représentante d'Israël se félicitant de la situation des femmes israéliennes en matière d'éducation, a annoncé le renouvellement du mandat du "superviseur de l'égalité des sexes" qui est chargé d'examiner les manuels scolaire pour vérifier qu'ils tiennent compte de la perspective sexospécifique. Elle a en outre fait part d'un loi adoptée par son pays à l'intention des familles monoparentales et qui leur alloue des prestations spéciales pour les frais de scolarité de leurs enfants.

La représentante de la Norvège a indiqué que les filles forment aujourd'hui la majorité des étudiants dans les collèges et les universités d'Etat de son pays. Toutefois, les statistiques montrent que les choix des filles sont devenus beaucoup plus traditionnels qu'il y a quelques années. La proportion de filles dans les études d'informatique n'atteint même pas les 10%. L'absence de filles dans ce domaine des nouvelles technologies représente un problème sérieux qui a conduit la Norvège à entreprendre

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une action visant à définir et à éliminer les obstacles qui obstruent l'arrivée des filles dans ce secteur. La représentante de l'Iran a convenu de la nécessité d'identifier les raisons pour lesquelles les filles, en général, ne s'inscrivent pas à l'école. Elle a en outre plaidé pour un partage d'informations et d'expériences aux niveaux national et international.

Pour sa part, la représentante de la Namibie a cité parmi les obstacles à l'entrée des filles à l'école, les mariages et les grossesses précoces, la grande charge de travail à la maison ou encore le harcèlement sexuel à l'école comme en dehors. En ce qui concerne les branches, il apparaît que les filles choisissent en priorité des matières qui leur permettront de gagner leur vie rapidement du fait qu'elles assument des responsabilités beaucoup plus tôt que les garçons. Intervenant pour étayer les propos de la Namibie, la représentante de l'Angola a fait observer que l'âge moyen de décrochage scolaire, dans son pays, se situe à 13 ans et a pour raison principale les grossesses précoces.

La représentante de la Guinée a indiqué qu'à défaut d'une mobilisation sociale importante rien ne pourra se faire. Elle a en outre demandé quelle place les institutions accordent à la recherche faite par les femmes dans la mise au point de matériel didactique à moindre coût. La représentante a aussi fait part de l'initiative de son pays de lancer un programme de vulgarisation de stratégies appropriées, compte tenu du fait que l'âge de 7 ans qui est celui de l'entrée à l'école correspond à l'"âge utile" dans les milieux ruraux. Poursuivant sur ce thème la représentante de la République dominicaine a souhaité que la démocratisation de l'enseignement touche également les femmes des milieux ruraux. Dans son pays, les efforts sont déployés dans le sens d'une réduction de l'analphabétisme des personnes adultes, de la création d'un système plus égal entre les deux sexes, d'une stratégie visant à attirer les femmes vers des emplois non traditionnels et à reconnaître les tendances du marché du travail pour faire correspondre l'offre à la demande.

La représentante de l'Equateur a rendu compte d'un projet pilote lancé par la Coalition des femmes équatoriennes sur la santé génésique, la santé des enfants et la dimension sexospécifique. D'autres projets qui tiennent compte de la dimension sexospécifique ont, en outre, été lancés pour améliorer l'enseignement primaire et la formation professionnelle des enseignants. Pour le Chili, les stratégies visent à incorporer les principes de l'égalité des chances à tous les niveaux, à éliminer le sexisme dans les programmes scolaires et à sensibiliser les enseignants, conscient que ces derniers, comme les familles, ont un rôle fondamental à jouer dans l'éducation. Le Chili met en outre sur pied des programmes destinés aux femmes adultes de manière à faciliter leur participation ou leur retour sur le marché du travail. La représentante de l'Indonésie a indiqué que depuis quelques années tous les budgets des ministères indonésiens comportent des programmes destinés aux

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femmes. Les centres de communication, de technologie et de culture offrent des programmes pour toucher les enfants hors des écoles et améliorer les compétences des enseignants. Des initiatives sont également en cours pour amener les employeurs à engager les femmes.

Intervenant à son tour, la représentante de la France, a estimé qu'au vu de la situation, il est important que la Commission adresse un message clair sur la nécessité d'intensifier les efforts tendant à assurer à tous et à toutes une éducation primaire. Elle a, par ailleurs, insisté sur deux points qui, selon elle, méritent d'être soulignés. Il s'agit d'abord de la nécessité de diversifier les formations étant donné que les itinéraires restent très confinés, ce qui constitue un facteur de vulnérabilité surtout en période de restructuration économique. La France a donc mis en place des plans triennaux pour sensibiliser les acteurs concernés et les encourager à établir des projets de formation diversifiée. Parmi les initiatives, la représentante a cité le service des droits des femmes qui attribue des prix de la vocation scientifique et technique, alors que les activité des associations des scientifiques femmes concourent aux mêmes objectifs d'attirer les filles dans ce domaine. Le deuxième point sur lequel il faut insister, a poursuivi la représentante, concerne la persistance des stéréotypes sexistes. Cet état de fait a conduit le Premier Ministre à désigner une mission parlementaire chargée d'examiner la question, qui rendra son rapport à la fin de ce mois. La représentante de la Pologne, a tenu à déclarer, à la suite de la France, que l'éducation ne suffit pas à assurer la place de la femme dans la société. Il faut d'abord éliminer les conditions qui permettent une discrimination structurelle sur le marché de l'emploi. Elle a en outre appelé à lutter non seulement contre l'analphabétisme en tant que tel mais contre cet analphabétisme fonctionnelle courant chez les femmes qui n'ont pas la possibilité de développer leur capacité intellectuelle. La représentante du Pérou a ajouté que l'éducation en tant que telle ne suffit pas si on ne lui imprime pas une certaine qualité. Rendant compte, d'autre part, des activités du nouveau Ministère de la femme, elle a indiqué que la priorité est de créer des crèches pour que les mères puissent consacrer du temps à l'éducation, de lutter contre l'analphabétisme et de revoir les manuels scolaires pour en éliminer les stéréotypes.

La représentante du Brésil a insisté sur l'importance que revêt la différence des situations en fonction des divers pays. Au Brésil, a-t-elle dit l'éducation est l'un des domaines où les femmes ont réalisé l'une de leurs plus grandes conquêtes. Au niveau de l'enseignement universitaire, par exemple, elles représentent plus de 56% des étudiants. Le Conseil de défense des droits de la femme brésilienne a approuvé des programmes solides de lutte contre les stéréotypes dans le secteur de l'éducation, qui ont conduit à une réforme des programmes et des manuels scolaires. Cependant la discrimination invisible subsiste, et les femmes continuent de choisir des carrières qui leur sont relativement traditionnellement réservées, tandis que les hommes

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continuent à être préférés pour de nombreux emplois. Il nous faut rompre ce cercle vicieux, et pour ce faire développer davantage les programmes de formation professionnelles pour les femmes afin de favoriser l'accès de ces dernières à des emplois mieux rémunérés, et d'aplanir les obstacles qui subsistent à l'élimination de la pauvreté.

La représentante du Ghana, a attiré l'attention sur les deux problèmes majeurs qui étaient à la base du décrochage scolaire des filles dans son pays, comme dans de nombreux autres pays en développement : les grossesses précoces des filles, et une pratique culturelle en vertu de laquelle on retire les fillettes de l'école pour les faire travailler dans les champs. Afin de résoudre le problème du décrochage des filles, le gouvernement a prévu diverses mesures, dont les suivantes : enseignement obligatoire pour les garçons et les filles jusqu'au niveau du cycle secondaire; mise en oeuvre de programmes ciblant les filles enceintes, et visant à les transférer dans des établissements distincts pendant leur grossesse, pour éviter qu'elles n'abandonnent l'école à la suite du harcèlement dont elles peuvent être les victimes; ou encore mise en oeuvre de programmes visant les enfants et adolescents des deux sexes en milieu rural, avec des horaires souples, tenant compte des contextes socioculturels particuliers dans lesquels vivent les enfants. Ces programmes ont donné de bons résultats jusqu'ici, puisqu'on a constaté que 60% des enfants ciblés parviennent à aller jusqu'au bout des programmes fixés.

Donnant, à son tour, des précisions sur la politique de son pays, la représentante de la République de Corée a expliqué que pour encourager l'arrivée des filles dans les secteurs techniques, son pays a décidé de créer des écoles réservées exclusivement aux filles. Le Ministère de l'éducation a ainsi appuyé la conversion d'écoles secondaires en écoles spéciales pour dispenser des cours d'informatique et a encouragé la création d'écoles d'ingénieurs. La représentante de l'Allemagne a également fait part des initiatives de son pays pour donner un élan à l'inscription des filles dans les domaines de la technologie avancée. La représentante de la Suisse s'est aussi félicitée de l'accent qui a été mis, dans le cadre du présent débat, sur la nécessité d'assurer une formation continue des femmes qui leur permette de développer leurs connaissances, leurs capacités et leurs compétences tout au long de leur vie. Elle a expliqué que les mesures prises par son gouvernement en ce domaine sont inspirées de ce principe. Pour la représentante de la Suisse il est essentiel de garantir la participation de la femme à tous les stades de l'action envisagée en sa faveur, de l'étape de la conception des programmes à celle de leur exécution : les femmes ne doivent pas seulement être considérées en tant que bénéficiaires des programmes de formation continue, elles doivent aussi en être les actrices.

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La représentante du Japon, pour sa part, a mis l'accent sur l'importance, dans son pays, de l'éducation permanente dans le cadre notamment de l'éducation informelle. L'objectif est de créer une société où durant toute la vie une personne aura la possibilité de continuer à apprendre. Deux programmes ont été mis en place en coopération avec les universités. Près de 300 universités ont ainsi créé de nouveaux cours, dont des études sexospécifiques. En outre, le centre d'éducation pour les femmes offrent des programmes d'échanges nationaux et internationaux. Le Japon contribue, par ailleurs, aux programmes de lutte contre l'analphabétisme de l'UNESCO. La représentante du Canada a attiré l'attention sur le fait que l'éducation permanente ne doit pas nécessairement être associée à l'éducation formelle. Il existe toute une série d'autres formes d'éducation parallèles, qu'il conviendrait de développer bien davantage.

Intervenant, à son tour, le représentant de la Syrie a évoqué le sort tragique des femmes de son pays vivant dans le Golan occupé par les forces israéliennes, dont les droits fondamentaux sont bafoués et qui sont privées de la plupart des services de base auxquels elles ont légitimement droits, y compris les services en matière d'éducation et de formation. Il a conclu en soulignant la place centrale de la femme dans la société et, l'importance que revêt par conséquent son éducation et sa formation, puisqu'elle formera à son tour les autres membres de la société.

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