En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6179

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE LA NÉCESSITÉ DE DONNER UN SENS CONCRET AUX IDÉAUX D'ÉGALITÉ ET DE PARTICIPATION DES FEMMES

13 mars 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6179
WOM/957


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL SOULIGNE LA NÉCESSITÉ DE DONNER UN SENS CONCRET AUX IDÉAUX D'ÉGALITÉ ET DE PARTICIPATION DES FEMMES

19970313 Dans le processus de réforme de l'ONU, les programmes en faveur des femmes seront préservés

On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée le 10 mars, au Siège par M. Kofi Annan, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, à la séance d'ouverture de la quarante et unième session de la Commission de la condition de la femme :

C'est un grand plaisir pour moi que de prendre la parole devant la Commission de la condition de la femme. Nous saluons aujourd'hui 50 années de travail et de dévouement au service des femmes du monde. Ce travail est aujourd'hui plus actuel que jamais, car nous avons de nouveaux paris à tenir : le premier est de donner un sens concret aux idéaux d'égalité et de participation égale des femmes.

La Commission a été un puissant catalyseur pour l'égalité des femmes. Elle a mobilisé l'action internationale pour la défense de leurs droits. Elle a joué un rôle crucial, surveillant les progrès de l'avancement de la femme, et demandant aux gouvernements de rendre compte de leur action en ce sens. La Commission est le lieu où toutes les femmes peuvent dire leur mot sur la forme que doivent prendre les politiques de la communauté internationale.

Quatre femmes résolues ont signé la Charte des Nations Unies. Nous avons l'honneur et l'avantage d'en compter une parmi nous aujourd'hui : je vous demande d'applaudir chaleureusement Minerva Bernardino, de la République dominicaine. L'existence de notre Organisation, comme celle de cette Commission, c'est pour une part importante à elle que nous les devons, de sorte que nous avons envers elle une dette de profond respect et de gratitude.

Mme Bernardino était en 1944 Présidente de la Commission interaméricaine des femmes. Elle a représenté son pays à la Conférence de San Francisco et à la première session de l'Assemblée générale des Nations Unies, à Londres en 1946.

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C'est pour moi une satisfaction personnelle de commémorer la première Présidente africaine de la Commission. Le juge Annie Ruth Jiagge, décédée l'an dernier, était ma compatriote, et une des sommités du monde juridique ghanéen. Elle a été déléguée à la Commission de 1962 à 1972. Son apport ne peut se mesurer. Elle a été le Rapporteur de la Commission et en a été aussi le Président. En façonnant la Déclaration sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, elle a contribué à transformer un rêve en réalité.

La Commission a bénéficié du soutien vital du Secrétariat de l'Organisation des Nations Unies. Nous avons aussi parmi nous aujourd'hui l'un des premiers membres du secrétariat de la Commission, Margaret Bruce, qui est entrée à l'Organisation à Londres, en 1946. Je suis heureux de saluer ici ce que Margaret Bruce a fait pour l'avancement de la femme à l'Organisation des Nations Unies. Son rôle a été irremplaçable : elle a été au nombre des organisateurs de la première Conférence mondiale sur les femmes de Mexico en 1975.

Nous rendrons aussi hommage à Esther Hymer, qui était elle aussi à San Francisco il y a 52 ans. Mme Hymer, qui continue à oeuvrer pour l'égalité des femmes, représente ici une noble tradition de militantisme des organisations non gouvernementales aux Nations Unies. Je la remercie de ce qu'elle nous a apporté.

Il ne m'est pas possible faute de temps de saluer toutes les femmes remarquables qui ont concouru aux travaux de la Commission, pas plus que de mentionner toutes les réalisations de la Commission. Mais il y en a une qui occupe une place unique : c'est la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, le traité où sont définies des normes internationales pour tous les aspects de la vie des femmes de tous les pays et de tous les milieux sociaux.

Dans ses débuts, la Commission a cherché à formuler pour les femmes des garanties internationales dans des domaines tels que le droit de vote et le droit à la nationalité. Dans les années 60 et 70, elle s'est tournée vers le problème de la parité dans le développement. À l'heure actuelle, ses travaux sont axés sur l'intégration des problèmes féminins, la démarginalisation des femmes, et la mise en oeuvre des engagements pris par les gouvernements lors des quatre conférences des Nations Unies sur les femmes tenues de 1975 à 1995.

Tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont participé aux travaux de la Commission — individus, organisations et gouvernements — ont été guidés par trois grands principes, dont l'actualité n'a en rien faibli, et qui continueront à orienter les travaux de la Commission : ce sont les principes de l'égalité, du développement et de la paix.

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L'égalité, car il n'est pas de développement humain sans liberté et sans égalité. Les femmes doivent pouvoir exercer à l'égal des hommes le pouvoir politique et le pouvoir de décision.

Le développement, car une société ne peut connaître la prospérité et progresser que lorsque les femmes comme les hommes ont un rôle clairement défini à jouer dans l'édification sociale. Les femmes ne font pas que participer au développement — elles en sont les agents. Or, le fait n'est pas encore suffisamment pris en compte dans les plans et les programmes de développement.

La paix enfin, car les femmes doivent s'employer activement à défendre la paix et à prévenir l'agression, dans la vie des personnes comme dans celle des sociétés. Quand une société est ravagée par la guerre, ce sont souvent les femmes qui en assurent la survie, qui préservent les liens sociaux, et, se substituant aux services sociaux désorganisés, soignent malades et blessés. Et bien souvent, elles se font alors les principaux propagandistes de la paix. Il nous faut veiller à donner aux femmes la place qui leur revient dans les négociations de paix, dans les processus de paix, dans les missions de paix.

Les médias de notre époque nous montrent constamment, et sans nous épargner les détails les plus choquants, la persistance des inégalités sexuelles. Les femmes continuent à porter une part disproportionnée des souffrances dans les conflits armés. Le viol est devenu un moyen d'agression courant, signe effroyable d'une barbarie nouvelle. Les femmes continuent à être victimes de violences de toute sorte liées à leur sexe. Même dans la famille, institution à vocation nourricière et protectrice pour ses membres, des millions de femmes sont maltraitées.

Et chez nous, aux Nations Unies, nous avons encore bien du chemin à parcourir avant de parvenir à l'égalité entre les sexes.

Il nous faudra redoubler d'efforts pour atteindre les deux objectifs que nous nous sommes fixés parallèlement, d'avoir au Secrétariat d'ici à l'an 2000 25 % de femmes dans les postes de direction, et une égalité complète entre les sexes, soit 50 % de femmes. Mais ce ne sont pas seulement les statistiques qui doivent changer, j'en suis conscient — c'est l'esprit même de la maison. Mon but est de créer un climat où les besoins des femmes soient aisément pris en compte, et où les femmes fonctionnaires soient portées à se surpasser.

Je peux vous assurer que je suis pour ma part résolu à assurer l'égalité entre hommes et femmes aux Nations Unies, et à faire de notre maison un lieu de travail où la parité est un souci constant.

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J'ai nommé Angela E.V. King ma Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, avec rang de Sous-Secrétaire général. C'est à moi que Mme King rend compte directement de son activité. Elle m'assistera dans la coordination, à l'échelle du système, des principes de l'application du Programme d'action de Beijing, ainsi que dans l'intégration du principe de parité à toutes les activités des Nations Unies.

On devrait constater bientôt des progrès, je l'espère : il faudra du temps pour parvenir aux résultats escomptés.

Dans notre effort de réforme et de revitalisation, nous préserverons la place de choix faite à la défense et à la promotion des femmes, et aux programmes en leur faveur.

John Humphrey, qui a été le premier Directeur de la Division des droits de l'homme, a dit de la Commission de la condition de la femme que c'était "une sorte de groupe de pression en faveur des femmes du monde". Les femmes du monde ont en la Commission un groupe de pression énergique et efficace.

Je lui souhaite la réussite dans tout ce qu'elle entreprend.

Oeuvrons ensemble pour donner aux problèmes féminins la plus haute priorité à l'ordre du jour mondial.

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