FEM/929

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME TERMINE SA TABLE RONDE SUR LES FEMMES ET L'ECONOMIE

13 mars 1997


Communiqué de Presse
FEM/929


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME TERMINE SA TABLE RONDE SUR LES FEMMES ET L'ECONOMIE

19970313 La majorité des délégations soulignent l'importance du microcrédit en tant qu'instrument de promotion de la participation de la femme à la vie économique

La Commission de la condition de la femme a tenu cet après-midi un dialogue entre les représentants des gouvernements sur le thème "les femmes et l'économie", concluant ainsi la troisième et avant dernière des tables rondes prévues dans le cadre de travaux sur le suivi de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, (Beijing, septembre 1995), et consacrées à quatre des douze domaines critiques du Programme d'action de Beijing, portant respectivement sur les femmes et l'environnement; les femmes et la prise de décision; les femmes et l'économie et enfin, les femmes l'éducation et la formation.

Au cours du dialogue, les délégations, échangeant notamment leurs expériences nationales, ont fait le point sur les résultats obtenus jusqu'ici dans leurs efforts de promotion de la participation des femmes à la vie économique, et ont cherché à identifier les types de mesures qui s'étaient avérées particulièrement performantes, de même que celles qui comportaient des risques, à moyen ou à long terme, de retombées négatives pour les femmes. La majorité des délégations ont reconnu l'importance du microcrédit en tant qu'instrument de promotion de la participation de la femme à la vie économique et de son autonomisation dans la société. De nombreux intervenants ont par ailleurs attiré l'attention sur la nécessité d'accorder la priorité à l'éducation et à la formation des femmes pour assurer leur compétitivité sur le marché du travail.

La Commission se réunira de nouveau demain matin, vendredi 14 mars, à partir de 10 heures. Elle tiendra sa dernière table ronde, sur le thème des femmes et de l'éducation et la formation.

TABLE RONDE SUR LES FEMMES ET L'ECONOMIE (Suite)

Dialogue entre les représentants des gouvernements

De nombreux intervenants ont fait part des mesures prises dans leur pays afin de favoriser la participation égale des femmes et des hommes à la vie économique, en mettant l'accent sur les succès et les obstacles rencontrés dans la poursuite des objectifs fixés dans ce domaine, et sur les actions qui, à la lumière de leur propre expérience, leur semblaient être indispensables en tant qu'instrument favorisant la progression de la femmes dans la vie économique.

La représentante de la France a ainsi indiqué que ces vingt dernières années, les femmes françaises ont affirmé leur place dans la vie économique. 77% des femmes de 25 à 49 ans y ont fait leur entrée. Les trois quarts de ces femmes travaillent à temps complet. Ce tableau positif s'assombrit pourtant lorsqu'on s'aperçoit qu'en dépit des législations assurant l'égalité entre hommes et femmes, des inégalités de fait subsistent. On constate ainsi qu'un nombre grandissant des personnes accède à des postes qualifiés, voire très qualifiées, sans jamais avoir accès aux postes les plus élevés. Beaucoup de femmes sont chirurgiens mais très peu occupent des postes de chef de service. Un problème se pose alors qui est celui de l'accès aux postes de décision, a déclaré la représentante. Elle en a conclu que la lutte contre cette ségrégation professionnelle exige une politique de conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle et un réexamen de l'organisation du travail et de la structure sociale. Les mesures à prendre doivent à la fois concerner les hommes et les femmes.

Pour sa part, la représentante du Japon a indiqué qu'en 1995, seuls 8,6% des postes de cadres étaient détenus par des femmes. Conscient de ce déséquilibre, le Gouvernement travaille à renverser la tendance en introduisant des mesures visant à lutter contre le traitement discriminatoire infligé aux femmes et à promouvoir leur recrutement. Le Japon s'attache donc à accorder des aides aux employeurs qui recrutent des femmes et depuis peu, les entreprises qui ne promeuvent pas l'égalité des chances se voient frappées de sanctions rendues publiques. Par ailleurs, le Gouvernement japonais a pris un certain nombre de mesures pour protéger le travail des femmes, en luttant, en particulier, contre les heures supplémentaires et le travail de nuit. Les institutions de planification économique ont, en outre, mis sur pied une équipe chargée de travailler sur le travail sous-rémunéré. Le Japon s'attache également à encourager les femmes chefs d'entreprises par l'octroi de crédits et intensifie l'autonomisation des femmes en facilitant leur accès aux microcrédits. Le représentant du Portugal a, lui, fait part des initiatives locales d'emplois lancées dans son pays, en expliquant que l'appui de son Gouvernement et des autorités locales à ces initiatives a permis de trouver aussi des solutions plus adaptées à la réalité des communautés de base.

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Parallèlement, le Gouvernement développe un réseau d'information pour permettre aux femmes de mieux connaître les activités nouvelles qui sont développées dans la région et les moyens mis à leur disposition. Les médias sont également mis à contribution puisqu'ils se chargent de faire connaître les modèles positifs des femmes créant et dirigeant des petites entreprises au niveau local.

La représentante de l'Allemagne a fait remarquer si l'on peut dire aujourd'hui que la grande majorité des femmes en âge de travailler ont accès à un emploi rémunérateur, la situation des femmes dans certaines parties du pays reste précaire à ce niveau. Aussi une politique bien ciblée a-t-elle été mise au point afin de stimuler l'accession de ces femmes au marché de l'emploi. Cette politique rassemble différents types de mesures, législatives et autres, telles que des mesures d'encouragement et de soutien au recrutement des femmes, à la création d'entreprises par ces dernières, ainsi que des programmes de formation ou de recyclage dans divers domaines professionnels, et notamment ceux liés aux nouvelles technologies de communications.

La représentante de la Belgique a également fait part du train de mesures prises dans son pays en faveur de la promotion de la femme sur la scène économique, autant par le gouvernement fédéral, que par les instances communautaires et régionales. S'agissant en particulier des mesures prises au niveau des instances fédérales, elle a notamment mis l'accent sur diverses mesures d'encouragement, telle que l'organisation - avec la collaboration d'un hebdomadaire d'information à fort tirage dans le pays - d'un concours visant à l'octroi d'un Prix de la femme chef d'entreprise la plus exemplaire du pays. Le prix octroyé à la lauréate consiste en une formation de haut niveau dans son domaine de compétence. La représentante a également fait part d'initiatives diverses prises en vue de favoriser une participation équilibrée des deux sexes dans l'entreprise, ainsi que d'autres mesures, législatives notamment, visant à assurer la participation égale des femmes et des hommes au sein des organes de prise de décision politique, économique et sociale. Une loi a notamment été adoptée qui stipule que pour chaque emploi offert dans lesdits organes, il est obligatoire de présenter une candidate pour un candidat.

Le dialogue a également donné lieu à une discussion sur le concept du travail. Ainsi la représentante des Pays-Bas, au nom de l'Union européenne, a estimé que l'égalité de traitement entre hommes et femmes, qui doit être vu comme un aspect de l'efficacité économique, exige une modification de la vision actuelle du travail. Elle a plaidé pour une approche intégrée qui doit englober les problèmes de l'emploi, des responsabilités familiales, de la sécurité sociale et de la législation fiscale. En cela, une participation accrue des femmes aux instances décisionnelles en matière d'économie contribuera sans aucun doute à une prise en compte substantielle des préoccupations féminines. Les politiques d'ajustement structurel étant

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particulièrement ressenties par les femmes, les femmes doivent chercher à participer davantage à l'élaboration des budgets. Par ailleurs, la représentante a souhaité que l'on s'attache, en priorité, a réaliser le principe "à travail égal, salaire égal" par l'adoption de lois efficaces, la lutte contre les stéréotypes et la fourniture de conseils aux employeurs.

"Travail égal, salaire égal" constitue déjà la priorité de la politique du travail de la Norvège, a affirmé la représentante de ce pays. Aujourd'hui, les femmes, qui constituent 50% de la population active, continuent de toucher des salaires inférieurs à ceux des hommes. Elle a estimé que pour asseoir la position de la femme sur le marché du travail, il convient d'abord d'oeuvrer à la conciliation de la vie professionnelle et de la vie familiale. La Norvège a connu, en cela, une véritable révolution puisqu'elle a instauré le congé parental pour les pères. En 1994, 3 à 4% des pères ont saisi cette occasion. Une politique est ainsi menée pour promouvoir une plus grande flexibilité en matière de temps de travail. Le principe du "travail égal, salaire égal", a conduit le Gouvernement de l'Espagne à tenir des négociations avec tous les acteurs concernés pour en assurer la réalisation, a souligné la représentante espagnole.

Le problème de la formation et de l'éducation a également été abordé au cours du débat. La représentante du Viet Nam a indiqué que les femmes représentent désormais 41% de la population active, réussissant, ce faisant, à réaliser une égalité presque parfaite entre les hommes et les femmes. Le problème qui se pose au Viet Nam demeure celui de la qualification. Le Gouvernement essaye donc de le résoudre en intensifiant les programmes de formation et de recyclage à l'intention des femmes au chômage. La représentante de la Zambie a également souligné l'importance de l'éducation et de la formation en souhaitant qu'une attention particulière soit accordée aux programmes scolaires qui doivent refléter l'égalité entre les garçons et les filles, seul moyen de changer les mentalités, de manière définitive. Le manque de confiance des jeunes filles lorsqu'elles veulent embrasser une carrière trouve souvent son origine dans l'éducation et la pression sociale, a-t-elle conclu.

La représentante d'Israël a réaffirmé le rôle clé de l'éducation et de la formation dans le processus de promotion de la femme dans la sphère économique, en expliquant combien la priorité qui avait été accordée à ces deux domaines d'action avaient porté ses fruits dans la société israélienne. A ce propos, elle a insisté sur la nécessité d'accorder la plus grande attention à la lutte contre les stéréotypes et la discrimination cachée dans le système scolaire. La représentante des Philippines, a quant à elle souligné à quel point il était essentiel de mettre en oeuvre des programmes de formation professionnelle de la plus grande qualité pour les femmes. Selon elle, la vigilance s'impose, dans ce domaine, au niveau international.

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La représentante de la Chine a fait état des avancées considérables de la femme chinoise dans le secteur économique en mettant l'accent sur le rôle clé de la formation dans ce domaine.

Certains intervenants ont soulevé la question des ressources nécessaires à la mise en oeuvre des recommandations de Beijing. Le représentant du Nigéria a demandé à la Commission de réfléchir aux moyens de mobiliser des ressources nouvelles et additionnelles et aux effets de la mondialisation et de l'endettement des pays sur les femmes. Le représentant a été appuyé, en cela, par la représentante de la Tanzanie qui a souligné que bien que les femmes assurent 80% des productions vivrières dans son pays, elles ne touchent qu'1% des avoirs nationaux. Les cultures vivrières ne leur permettent pas toujours de subsister car les revenus sont souvent utilisés au remboursement des services de la dette.

Sur ce point, le représentant du Nigéria a plaidé en faveur d'une amélioration des conditions d'épargne afin que les femmes puissent investir et s'affirmer dans le paysage économique. Poursuivant sur ce thème, la représentante de la Côte d'Ivoire a dénoncé le fait que les femmes contrôlent une grande part de la production, en Afrique, tout en étant maintenues à l'écart des circuits de commercialisation. Soutenue en cela par la représentante du Mali, elle a estimé que l'affirmation de leur place dans le paysage économique exige, par conséquent, une participation accrue aux structures formelles par la création notamment d'un accès plus libre aux crédits. La Conférence de Washington sur les microcrédits a, à cet égard, ouvert la voie à une réflexion intéressante. La représentante a également mis l'accent sur la nécessité d'offrir aux femmes un appui institutionnel afin qu'elles puissent se constituer en associations et se transformer ainsi une véritable force de négociation.

Pour sa part, la représentante de la Guinée a insisté sur le rôle que les femmes jouent dans la transmission des connaissances et des traditions, facteur important favorisant la promotion de la femme dans la vie économique, comme le montrent de nombreux exemples, et notamment le suivant : le maintien de la tradition guinéenne qui veut que les femmes qui font le trousseau d'une jeune mariée doivent veiller à y inclure une palme tressée, a contribué au développement d'un artisanat florissant dans le pays. Par contre, le remplacement de la pharmacopée traditionnelle par les produits importés ajoute au poids de la dette de nos pays, a dit la représentante, expliquant par ailleurs que le fait que les remèdes traditionnels ne soient pas intégrés dans les soins de santé primaires constitue un sérieux handicap.

La représentante de la Malaisie a, quant à elle, attiré l'attention sur la manière dont les femmes peuvent modifier les modes de consommation et de production. Elle s'est en outre interrogée sur la façon de parvenir à une répartition plus équitable des richesses et a appelé les femmes à s'impliquer

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davantage dans les négociations des institutions financières pour, a-t-elle dit, tenter d'"humaniser" leurs décisions. Dans le même ordre d'idées, la représentante des Etats-Unis a attiré l'attention sur le rôle que doivent jouer les Nations Unies en la matière. Elle a appelé à une plus grande coordination entre les institutions et les fonds de l'Organisation et l'instauration d'un dialogue régulier et substantiel sur le terrain pour en renforcer l'efficacité.

Une partie du dialogue a enfin été consacrée à l'analyse scientifique de la situation en matière d'égalité entre les hommes et les femmes. Sur ce point, la représentante du Canada a insisté pour que dans le domaine social les données soient analysées dans une perspective sexospécifique. Les décisions sociales gagneront en pertinence s'il est tenu dûment compte du point de vue des femmes. Plaidant pour que le processus de la participation des femmes à la prise de décision ou à l'économie soit analysée d'une façon globale, la représentante a attiré l'attention sur le fait que la femme peut exercer une pression en tant que consommatrice, productrice, membre d'une ONG, mère au foyer ou encore syndicaliste. Les analyses doivent porter sur toutes ces catégories de femmes. Elles doivent également tenir compte du travail bénévole des femmes qui est en hausse. C'est le sujet d'une étude que le Canada se propose de mener dans un proche avenir.

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