DH/G/486

LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME CONDAMNE LA PRISE D'OTAGES PAR DES TERRORISTES À LIMA, AU PÉROU

13 mars 1997


Communiqué de Presse
DH/G/486


LA COMMISSION DES DROITS DE L'HOMME CONDAMNE LA PRISE D'OTAGES PAR DES TERRORISTES À LIMA, AU PÉROU

19970313 Elle entend les Ministres des affaires étrangères des Pays Bas et de la Finlande et le Secrétaire d'État à l'action humanitaire de la France

Genève, 12 mars -- La Commission des droits de l'homme a vivement condamné, cet après-midi, par une déclaration du Président, M. Miroslav Somol (République tchèque), l'occupation de la résidence de l'Ambassadeur du Japon à Lima, au Pérou, ainsi que la prise d'otages par des éléments terroristes péruviens.

La Commission appuie fermement les efforts déployés par les gouvernements japonais et péruvien afin de trouver une issue pacifique à cette situation et encourage la poursuite des discussions entre l'interlocuteur du Gouvernement péruvien et le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru en vue de résultats rapides. Elle exige instamment que les otages prisonniers à Lima ainsi que tous ceux qui sont retenus dans le monde soient libérés immédiatement.

La Commission a entendu les déclarations des Ministres des affaires étrangères des Pays Bas et de la Finlande ainsi que celles du Secrétaire d'État français à l'action humanitaire d'urgence et de la Sous-Secrétaire d'État italienne aux affaires étrangères.

S'exprimant au nom de l'Union européenne ainsi que de onze autres pays européens, M. Hans Van Mierlo, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a déclaré que les premiers garants des droits de l'homme devraient être les États membres des Nations Unies. L'Union européenne, qui a pour sa part décrété 1997 Année européenne contre le racisme et la xénophobie, présentera des projets de résolutions sur ces questions. Le Ministre néerlandais a également souligné que les États devraient laisser la société civile remplir son rôle de gardien des droits de l'homme et permettre aux défenseurs des droits de l'homme de s'acquitter de leur tâche fondamentale. Il a mentionné, à cet égard, les cas de M. Wei Jingsheng, actuellement incarcéré en Chine, de M. Moshood K.O. Abiola, détenu au Nigéria, et de Mme Aung San Suu Kyi, chef de l'opposition birmane.

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Mme Tarja Halonen, Ministre des Affaires étrangères de la Finlande, tout en se félicitant des travaux accomplis par la Commission des droits de l'homme, a estimé que des mécanismes régionaux sont nécessaires pour renforcer l'action des mécanismes des Nations Unies. Les droits des femmes, des enfants, des populations autochtones et des minorités constituent une priorité pour la Finlande. Le Gouvernement finlandais suggère que les droits des femmes, y compris les droits sexuels, fassent partie intégrante des mécanismes de surveillance des droits de l'homme. Les droits des minorités et des peuples autochtones doivent être renforcés. À cet égard, la Finlande soutient l'établissement d'une instance permanente pour les populations autochtones. La confrontation entre pays développés et pays en développement en matière de droits de l'homme est artificielle et vise uniquement certains buts politiques, a par ailleurs affirmé Mme Halonen.

M. Xavier Emmanuelli, Secrétaire d'État à l'action humanitaire d'urgence de la France, a fait valoir qu'il est vital de protéger les réfugiés rwandais et zaïrois qui ont fui le camp de Tingi Tingi et de sécuriser l'acheminement des secours. Si le cessez-le-feu demandé par le Conseil de sécurité n'est pas immédiatement respecté, seul l'envoi d'une force multinationale pourra mettre fin à cette course infernale, a-t-il dit. La France souhaite, par ailleurs, que la Commission fasse avancer les travaux sur le projet de déclaration qui doit consacrer les droits des défenseurs des droits de l'homme.

Mme Patrizia Toia, Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, a expliqué que l'initiative d'abolition de la peine de mort proposée par son pays correspond à un sentiment profondément enraciné dans la culture italienne et a souhaité que les pays qui ne partagent pas cette vision envisagent, momentanément, un moratoire sur les exécutions.

La Commission a poursuivi son débat sur la question de la violation des droits de l'homme dans les territoires arabes occupés ainsi que sur le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Les représentants des pays suivants ont fait des déclarations: Égypte, République de Corée, Zimbabwe, Jordanie et Tunisie. Les organisations non gouvernementales suivantes ont également pris la parole : France-Liberté : Fondation Danielle Mitterrand, Centre Europe Tiers-Monde, Parti radical transnational et Pax Christi International.

Les représentants de la Chine et du Nigéria ont exercé leur droit de réponse.

La Commission se réunira à nouveau demain matin à 10 heures. Elle entendra à cette occasion le Ministre de la Justice du Bénin ainsi que le Vice-Ministre des affaires étrangères de la République tchèque.

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Déclaration du Président

Par une «déclaration du Président», la Commission des droits de l'homme a vivement condamné l'occupation de la résidence de l'Ambassadeur du Japon à Lima, au Pérou, ainsi que la prise d'otages par des éléments terroristes péruviens.

La Commission rappelle qu'elle a à maintes reprises condamné les prises d'otages en tant qu'actes visant à anéantir les droits de l'homme. Elle exprime sa solidarité aux gouvernements du Pérou et du Japon ainsi qu'aux otages et à leurs familles.

La Commission appuie en outre fermement les efforts déployés par les gouvernements japonais et péruvien afin de trouver une issue pacifique à cette situation et encourage la poursuite des discussions entre l'interlocuteur du Gouvernement péruvien et le Mouvement révolutionnaire Tupac Amaru en vue de résultats rapides. La Commission exige instamment que les otages prisonniers à Lima ainsi que tous ceux qui sont retenus dans le monde soient libérés immédiatement.

Déclaration du Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas

M. HANS VAN MIERLO, Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, intervenant au nom de l'Union européenne ainsi que de la Bulgarie, de la République tchèque, de l'Estonie, de la Hongrie, de la Lettonie, de la Lituanie, de la Pologne, de la Roumanie, de la Slovaquie, de la Slovénie et de Chypre, a déclaré qu'au Rwanda et en ex-Yougoslavie, la communauté internationale a certes agi, mais tardivement. Des vies ont été perdues en grand nombre dans ces régions, dans une proportion qui dépasse ce que l'on aurait pu imaginer, a-t-il poursuivi.

Les premiers garants des droits de l'homme devraient être les États membres des Nations Unies, a souligné le ministre néerlandais, qui a réaffirmé l'engagement de l'Union européenne en faveur des droits de l'homme, soulignant que ces droits sont un élément central de la coopération régionale au sein du Conseil de l'Europe et de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Rappelant que l'année 1997 a été décrétée Année européenne contre le racisme et la xénophobie, il a indiqué que l'Union européenne continuera à combattre ces fléaux et fera de son mieux pour améliorer la compréhension entre les différents groupes de la société.

Durant cette session de la Commission, l'Union européenne présentera des projets de résolutions sur les situations qui prévalent dans plusieurs pays. «Il s'agit de pays où la loi est devenue la victime de l'ordre, où les civils sont devenus victimes de la règle, où les peuples ne sont plus en sécurité et où leurs droits de l'homme universels ne sont pas garantis», a déclaré M. Van Mierlo. L'Union européenne présentera par ailleurs, une fois de plus, un projet de résolution sur le renforcement du Centre pour les droits de l'homme.

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Le Ministre néerlandais a également souligné que les États devraient laisser la société civile remplir son rôle de gardien des droits de l'homme et permettre aux défenseurs des droits de l'homme de s'acquitter de leur tâche fondamentale. À cet égard, estimant qu'il est important de parler au nom des défenseurs des droits de l'homme puisque leurs propres gouvernements ne leur permettent pas de s'exprimer, M. Hans Van Mierlo a cité les cas de M. Wei Jingsheng, actuellement incarcéré en Chine, de M. Moshood K.O. Abiola, détenu au Nigéria après avoir été démocratiquement élu en 1993, et de Mme Aung San Suu Kyi, Prix Nobel et chef de l'opposition birmane dont la liberté de mouvement et d'expression est aujourd'hui entravée dans son pays.

Déclaration du Ministre des affaires étrangères de la Finlande

Mme TARJA HALONEN, Ministre des Affaires étrangères de la Finlande, se félicitant des travaux accomplis par la Commission des droits de l'homme, a toutefois estimé que des mécanismes régionaux sont nécessaires pour renforcer l'action des Nations Unies. Des normes juridiques et des mécanismes d'application ont été élaborés par le Conseil de l'Europe, qui travaille à la mise en place d'un cadre juridique solide en matière de droits de l'homme au niveau européen. Les mécanismes régionaux doivent toujours se référer à des normes universelles, a souligné Mme Halonen. Dans ce contexte, elle a indiqué que les problèmes se posent également dans des pays du Conseil de l'Europe et pas seulement dans les nouveaux pays membres. Elle a dénoncé la persistance de cas d'emprisonnement et de torture de parlementaires pour des raisons politiques.

Les droits des femmes, des enfants, des populations autochtones et des minorités constitue une priorité pour la Finlande. Déplorant la persistance de discriminations dans ces domaines, elle a lancé un appel en faveur de leur abolition. Les États doivent prendre des mesures concrètes afin de promouvoir une égalité de facto entre les hommes et les femmes, a estimé Mme Halonen. À cet égard, la Commission des droits de l'homme doit renforcer son rôle dans la promotion et la protection des droits de la femme. Le Gouvernement finlandais suggère que les violations sous toutes leurs formes des droits des femmes fassent partie intégrante de la surveillance des droits de l'homme, en s'appuyant sur des informations fournies par des rapporteurs spéciaux et d'autres groupes oeuvrant dans le domaine des droits de l'homme. Il suggère également que la Commission suive les processus électoraux des pays qui ne comptent que peu de femmes au sein de leurs assemblées parlementaires.

Les personnes appartenant à des minorités nationales, ethniques ou linguistiques sont confrontées à la discrimination partout dans le monde, a constaté Mme Halonen. Par ailleurs, le racisme est en nette progression en Europe. Les droits des minorités et des peuples autochtones doivent être renforcés, et la Finlande soutient l'établissement d'une instance permanente pour les populations autochtones. Mme Halonen a également souligné la discrimination qui touche les personnes appartenant aux minorités sexuelles.

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Mme Halonen s'est félicité de la création du Tribunal pénal international qui doit jouer un rôle important afin de décourager les violations graves des droits de l'homme. En matière de droits de l'homme, la confrontation entre pays développés et pays en développement est artificielle et créée uniquement dans l'intention de servir certains buts politiques.

Déclaration du Secrétaire d'État à l'action humanitaire d'urgence de la France

M. XAVIER EMMANUELLI, Secrétaire d'État à l'action humanitaire d'urgence de la France, a rappelé qu'il vient de rentrer de Kisangani et de Ubundu, au Zaïre, où quelque 35 000 réfugiés venant du camp de Tingi Tingi seront bientôt rejoints par des dizaines de milliers d'autres. Ces personnes vivent dans le plus grand dénuement et sont épuisés par quatre mois d'errance. Ils souffrent de pathologies diverses et leur état nutritionnel risque de devenir vite catastrophique si aucune aide alimentaire ne leur parvient. Toutes ces personnes craignent d'être victimes d'un véritable massacre si l'une ou l'autre des parties au conflit les atteignent, a déclaré M. Emmanuelli. La sécurité des réfugiés rwandais et zaïrois constitue aujourd'hui un problème fondamental et il est vital de les protéger et de sécuriser l'acheminement des secours. Si le cessez-le-feu demandé par le Conseil de sécurité n'est pas immédiatement respecté, seul l'envoi d'une force multinationale pourra garantir cette indispensable sécurité et mettre fin à cette course infernale, a-t-il dit. Il a également exprimé son inquiétude en ce qui concerne le resserrement de l'étau des sanctions sur un million de civils regroupés hors de leur domicile habituel au Burundi.

M. Emmanuelli a également déploré les restrictions constantes imposées aux Afghans, et en particulier aux femmes et aux filles qui ne peuvent plus aller à l'école. La France demande la libération sans délai des volontaires d'une organisation non gouvernementale française retenus contre leur gré à Kaboul et sans aucune justification. M. Emmanuelli a également évoqué les conflits «oubliés» du Timor oriental et des minorités ethniques birmanes, ainsi que les violations intolérables dont certains peuples font l'objet.

Néanmoins, le Secrétaire d'État français a jugé que des progrès se sont fait jour. Il a notamment mentionné la tenue du Congrès de Stockholm sur l'exploitation sexuelle des enfants qui a permis à la France de présenter un projet de loi renforçant l'arsenal de répression du tourisme sexuel ainsi que les mesures d'aide aux victimes, aussi bien en France qu'à l'étranger. Il a par ailleurs évoqué les orientations que, selon lui, la Commission des droits de l'homme doit prendre pour que les droits de l'homme s'inscrivent dans les textes et dans la réalité. Il a notamment mentionné la lutte contre le racisme et l'intolérance et la nécessité de définir les modalités de la difficile conciliation entre le respect de la liberté d'expression et de la lutte contre les messages de haine, de repli xénophobe et d'intolérance. La France estime également que trop de droits sont négligés, tels que les droits économiques, sociaux et culturels, le droit à un emploi, à un logement, et à

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des conditions de vie décentes. Un projet de loi sur la cohésion sociale est actuellement à l'examen en France, a-t-il indiqué. Enfin, la France souhaite que, sur la question de la protection des défenseurs des droits de l'homme, la Commission fasse aboutir, dès que possible, tous les projets susceptibles d'assurer une meilleure protection de ces personnes, et notamment fasse avancer les travaux sur une déclaration qui doit consacrer les droits des défenseurs des droits de l'homme.

Le Secrétaire d'État à l'action humanitaire d'urgence a en outre estimé que la Commission est le lieu où se définissent les relations entre États sur la question des droits de l'homme et que la communauté internationale doit rappeler qu'il y a des limites imprescriptibles à ne pas franchir. Il faut continuer de dénoncer les violations graves, mais il faut convaincre autant que condamner, a-t-il déclaré. Pour autant, M. Emmanuelli a estimé que le consensus n'est pas un but en soi et ne peut être la seule règle du jeu. Le dialogue doit en revanche constituer la règle, de même que la coopération avec les mécanismes internationaux de protection des droits de l'homme. Il conviendrait également d'encourager une meilleure médiatisation des travaux de la Commission, a conclu le Secrétaire d'État.

Déclaration de la Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie

MME PATRIZIA TOIA, Sous-Secrétaire d'État aux affaires étrangères de l'Italie, a expliqué qu'en présentant une initiative sur la peine de mort, le Gouvernement italien se fait l'interprète d'un sentiment profondément enraciné dans le peuple italien, dans sa culture. L'Italie demande aux pays qui ne partagent pas la même vision qu'elle sur cette question qu'ils adhèrent au moins à un moratoire et qu'ils prennent en considération, pour le moment, l'hypothèse d'un arrêt des exécutions.

Mme Toia a également mentionné deux initiatives qui seront présentées ultérieurement à la Commission par l'Italie et qui concernent des projets de résolutions relatifs à la Somalie et à l'Afghanistan. Ces deux pays connaissent une situation commune dans la mesure où l'on y enregistre, suite à des conflits armés qui perdurent, l'absence de tout État consolidé capable d'exercer son contrôle sur l'ensemble du territoire. L'Italie, pour sa part, estime qu'il ne peut y avoir de région au monde qui soit considérée comme une sorte de «no man's land des droits de l'homme». Dans des situations aussi extrêmes que celles qui prévalent en Somalie et en Afghanistan, a-t-elle poursuivi, le plus urgent est d'établir à nouveau des règles, des lois. Il convient ensuite d'intégrer les droits de l'homme dans l'effort prioritaire que constituent l'assistance humanitaire. «Nous ne pouvons plus assister avec indifférence et passivité aux graves pratiques discriminatoires dont sont l'objet les femmes dans certaines régions de l'Afghanistan où l'on voudrait les priver des droits les plus élémentaires, y compris ceux de l'instruction», a déclaré Mme Toia.

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Estimant que l'approche du cinquantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme offre une occasion remarquable de valoriser le processus d'information sur les droits de l'homme, elle a indiqué que l'Italie présenterait à nouveau, cette année, un projet de résolution sur les activités d'information en matière de droits de l'homme aux Nations Unies. L'engagement du Haut Commissaire aux droits de l'homme et du Centre pour les droits de l'homme, ainsi que celui du Département de l'information dans ce domaine devrait recevoir un élan renouvelé dans le cadre de la Décennie de l'éducation aux droits de l'homme.

Débat sur les violations des droits de l'homme dans les territoires arabes occupés, y compris la Palestine

M. MOUNIR ZAHRAN (Égypte) a rappelé que les dirigeants arabes se sont récemment exprimés, au Caire, en faveur d'un règlement juste et global au Moyen-Orient et ont rappelé, à cet égard, leur attachement au principe de la paix contre la terre. Ces dirigeants ont dénoncé comme illégale la politique israélienne d'implantation de colonies de peuplement dans les territoires arabes occupés. Ils ont insisté sur la nécessité de régler les questions de Jérusalem et des réfugiés palestiniens pour parvenir à une paix juste et durable dans la région. Israël doit notamment renoncer à sa politique de bouclage des territoires palestiniens et à l'expropriation de terres appartenant à des Palestiniens, a poursuivi le représentant égyptien. Il a rappelé que l'implantation de colonies israéliennes est illégale et constitue un obstacle important à la paix. Il a souligné que la Syrie s'est déclarée, hier même, disposée à reprendre les négociations là où elles s'étaient arrêtées en février 1996. Les armes de destruction massive dans la région constituent une menace permanente, a par ailleurs déploré le représentant égyptien.

M. YONG SHIK HWANG (République de Corée) a salué la signature, en janvier 1997, du protocole d'Hébron sur le redéploiement comme un pas important vers une paix juste et durable dans la région. La paix reste toutefois fragile, a indiqué le représentant de la République de Corée, déplorant que le recours à la violence et à la terreur persiste dans la région. La promotion et la protection des droits de l'homme sont des éléments essentiels pour assurer une paix durable et seul le respect total des principes du droit humanitaire peut garantir le respect des droits de l'homme, a déclaré M. Hwang. Se référant au rapport du Rapporteur spécial sur les violations des droits de l'homme en Palestine, il s'est félicité de la libération de 31 prisonnières palestiniennes, estimant que cette mesure renforcera la confiance entre les parties. Une meilleure qualité de vie et le développement économique sont nécessaires à un meilleur respect des droits de l'homme, a affirmé le représentant. Il a rappelé qu'à cet égard la République de Corée a fourni une assistance financière d'un montant de 3 millions de dollars et a financé des projets divers, notamment dans le domaine de la coopération économique. Il a rappelé l'attachement de son Gouvernement au respect du principe de l'auto-détermination, en Palestine et ailleurs dans le monde.

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M. T.J.B. JOKONYA (Zimbabwe) s'est dit attristé par les effets pervers de l'occupation des territoires palestiniens par le Gouvernement israélien. Il a déploré la recrudescence de violations graves des droits de l'homme telles que la torture et les assassinats. Dans le cas du Moyen-Orient, les problèmes ne peuvent être résolus si on ne s'attaque pas aux causes, a estimé le représentant du Zimbabwe. Il s'est félicité de la condamnation par l'Union européenne de l'intransigeance israélienne et s'est associé à la déclaration de l'Union européenne. Il a condamné sans réserve la récente décision du Gouvernement israélien de construire de nouvelles colonies de peuplement à Jérusalem-Est, ainsi que la fermeture de bureaux de l'OLP. La dignité humaine a été foulée aux pieds partout dans les territoires occupés, a déclaré M. Jokonya, exigeant qu'il soit mis fin immédiatement à l'occupation des territoires palestiniens.

M. ABDULLAH MADADHA (Jordanie) a rappelé que, selon l'opinion juridique exprimée dans une lettre du Conseil juridique du Département d'État des États- Unis, à la demande du Secrétaire d'État, M. Vance, et concernant l'illégalité des colonies israéliennes dans les territoires occupés, «tout territoire passant sous contrôle d'un occupant belligérant ne devient pas, par ce simple fait, territoire souverain de cet occupant». M. Abdullah Madadha a affirmé que la politique d'implantation de colonies israéliennes, qui vise à modifier la composition démographique de Jérusalem et des territoires arabes et palestiniens occupés, ne peut qu'aboutir à tuer dans l'oeuf les chances d'une solution pacifique par des négociations sur le statut final.

Le représentant jordanien a estimé que l'attitude de l'actuel Gouvernement israélien, qui consiste à accepter de faire un pas en avant pour faire ensuite trois pas en arrière, ne peut mener qu'à une nouvelle explosion de violence que personne ne souhaite voir surgir dans les territoires occupés. C'est pourquoi la Jordanie demande au Gouvernement israélien d'assumer ses responsabilités et d'évaluer les conséquences de sa politique sur l'avenir de la paix dans la région. La Jordanie demande aux membres de la Commission de condamner fermement la politique israélienne de colonisation et les pratiques israéliennes affectant gravement les droits de l'homme de la population arabe des territoires occupés. La Commission devrait également exhorter le Gouvernement israélien à annuler sa décision de construire une nouvelle colonie dans Jérusalem-Est occupée et à s'abstenir de recourir, à l'avenir, à de telles pratiques, qui sapent le processus de paix et les chances de coexistence pacifique dans la région.

M. KAMEL MORJANE (Tunisie) a déclaré, au nom du Groupe des États arabes, que les signes d'espoir nés avec le processus de Madrid se sont évaporés avec le refus israélien de respecter ses engagements internationaux. La décision d'implanter 6 500 logements supplémentaires à Jérusalem-Est relève d'une politique du fait accompli inacceptable. Le Groupe arabe est pour une paix juste et durable fondée sur le droit international, a-t-il dit. Or, cette décision nuit à la confiance entre les parties et il faut qu'il soit mis un

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terme aux tentatives israéliennes de modification géographique et démographique des territoires palestiniens. Le Groupe arabe encourage tous les membres de la Commission a appuyer, le moment venu, les projets de résolution qu'il présentera sur la situation dans les territoires arabes occupés.

Mme ANITA TEXIER (France-Libertés : Fondation Danielle Mitterrand) a déclaré que l'occupation du Timor oriental se poursuit avec son cortège de violations flagrantes et multiples des droits de l'homme et a appelé à une reconnaissance du droit à l'autodétermination du peuple timorais. Elle a rappelé que le prix Nobel de la paix a été attribué conjointement à l'évêque de Dili et au promoteur du plan de paix du Conseil National de la Résistance Maubère, M. Ramos Horta. Ce plan mérite d'être soutenu par la Commission des droits de l'homme et appuyé par le Conseil de sécurité. La représentante de France Libertés a également souligné l'absence de progrès notables dans l'évolution du conflit au Sahara occidental. Malgré la présence de la MINURSO, le référendum n'a pu se tenir, en raison de la politique d'oppression menée par le Maroc, notamment le non-respect de la liberté d'expression, l'entrave à la libre-circulation et l'emprisonnement de militants de l'indépendance, a estimé Mme Texier. Elle a lancé un appel en faveur d'une solution politique à ce conflit.

Mme CYNTHIA NEURY (Centre Europe-tiers monde, CETIM), relevant que, depuis la dernière session de la Commission, bien peu de choses ont changé pour le peuple sahraoui, a estimé que dans le tragique conflit du Sahara occidental, la force d'inertie, le silence et l'oubli de la communauté internationale donnent leur pleine mesure: il s'agit en effet d'une amnésie générale. La communauté internationale privilégie les intérêts stratégiques ou les rapports économiques au détriment de la promotion des droits de l'homme. Le CETIM souhaiterait que les États interviennent auprès du nouveau Secrétaire général des Nations Unies afin de s'assurer de son engagement en ce qui concerne le règlement de la question du Sahara occidental, ses deux prédécesseurs n'ayant pu cacher leur sympathie pour le Maroc. Le CETIM propose par ailleurs une collaboration entre États et organisations non gouvernementales marocaines, sahraouies et internationales pour une médiation entre le Maroc et le Front Polisario.

M. MICHAEL VAN WALT VAN PRAAG (Transnational Radical Party) a fait valoir que 90% des conflits armés entre des populations indigènes ou des minorités et des Gouvernements résultent de politiques d'oppression, d'assimilation forcée, de transferts de populations, voire de génocides. Il a exprimé sa préoccupation quant à la recrudescence de violences à l'encontre des Ouigours de la province du Xinjiang et à la possible escalade de la violence au Tibet. Il a également dénoncé la répression du mouvement pour la survie du peuple Ogoni au Nigéria et la guerre en Tchétchénie. Il s'est félicité de l'engagement du dialogue entre le Gouvernement indien et le National Socialist Council of Nagaland, le début de négociations entre le

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Gouvernement du Bangladesh et les populations Jumma des Chittatong Hill Tracts. Il a déploré la reprise de la guérilla à Bougainville, exhortant la Commission à exhorter le Gouvernement de Papouasie-Nouvelle Guinée à cesser le conflit. La Géorgie n'a pas tenu ses engagements, les négociations entre la Grande-Bretagne et le Sinn Fein n'ont pas abouti. M. Van Praag a engagé la Commission à examiner sérieusement la question de l'autodétermination des populations autochtones et à encourager les efforts pour des négociations pacifiques.

Mme ALESSANDRA AULA (Pax Christi International) a souligné la gravité de la décision de la Haute Cour de Justice d'Israël d'autoriser le recours à la force lors des interrogatoires. Pax Christi lance un appel aux citoyens israéliens pour qu'ils s'élèvent contre «l'aventurisme» d'une minorité d'extrémistes dont les paroles et les actes menacent la paix et la démocratie. La représentante a évoqué poursuivi en évoqué la question du Kosovo, dont la population albanaise, qui constitue plus de 90 % de la population, ne jouit plus d'aucune autonomie ni de droits individuels. Le Kosovo est aujourd'hui devenu un foyer de crise qui menace la paix et la sécurité dans les Balkans et en Europe. Pour ce qui est du Timor oriental, a-t-elle dit, aucune des recommandations de la Commission n'a été suivie d'effet.

Droit de réponse

Le représentant de la Chine, répondant à l'intervention du Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas, a affirmé que le palmarès des droits de l'homme des Pays-Bas est loin d'être glorieux, notamment si l'on considère les violations massives des droits de l'homme perpétrées par ce pays durant la période coloniale et dont les effets se font encore sentir aujourd'hui. En outre, a poursuivi le représentant chinois, le ministre néerlandais a omis de se référer à son voisinage ouest-européen au sein duquel a été révélé, l'an dernier, une célèbre affaire de pédophilie qui a choqué le monde entier. D'autre part, la Commission n'est pas un forum de politique interne ou de campagne électorale.

Le représentant du Nigéria a répondu au Ministre des affaires étrangères des Pays-Bas que les élections au Nigéria en 1993 ont été invalidées et n'ont donné lieu à la désignation d'aucun vainqueur, ni en l'occurrence d'aucun vaincu. M. Abiola attend la tenue de son procès car il a enfreint la loi. Cette personne n'est pas le chef d'État du Nigéria et n'a remporté aucune élection.

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