FEM/925

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME CONCLUT SA TABLE RONDE

11 mars 1997


Communiqué de Presse
FEM/925


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME CONCLUT SA TABLE RONDE

19970311 L'accent est mis sur la nécessité d'accélérer l'intégration de la perspective sexospécifique dans les politiques de développement durable

Cinq ans après le Sommet de Rio, où en est la mise en oeuvre des recommandations d'Action 21 si l'on procède à un bilan dans une perspective sexospécifique, d'une part, et si l'on examine la traduction des engagements contractés en actions concrètes? Cette question a été au coeur des discussions des délégations participant à la table ronde sur les femmes et l'environnement que la Commission de la condition de la femme a tenue, ce matin et cet après midi, dans le cadre de ses travaux consacrés au suivi de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes.

Au cours du dialogue entre les délégations, de nombreux intervenants ont insisté sur la nécessité d'accélérer le processus d'intégration de la perspective sexospécifique dans toute action visant au développement durable, y compris, sur le plan écologique. Pour le représentant de la Finlande, il ne faut perdre aucune occasion qui se présente de stimuler ce processus. Un événement comme la célébration du cinquantenaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, a-t-il notamment indiqué, devrait être considéré comme l'une de ces occasions. La représentante du Canada a, quant à elle, rappelé que l'une des mesures identifiées dans le Programme d'action de Beijing pour promouvoir l'accélération du processus qui mènera à l'égalité entre les sexes vise à intégrer la dimension sexospécifique dans les méthodes d'analyse et de recherche. Son gouvernement s'y attache avec la plus grande attention.

Le message essentiel qui doit se dégager des travaux de la Commission sur l'examen qu'elle fait des domaines critiques du programme d'action de Beijing, que cela soit en ce qui concerne les femmes et l'environnement, ou les femmes et d'autres secteurs, est le suivant : l'égalité des sexes est indispensable pour la réalisation des objectifs du développement durable. Pour ce qui est plus spécifiquement des femmes et de l'environnement, des méthodes d'analyse sexospécifiques permettrait d'adopter une approche beaucoup plus coordonnée entre les partenaires du développement durable.

Pour la représentante du Costa Rica, l'adoption de telles méthodes d'analyse sexospécifiques a permis de conclure que de telles méthodes permettraient par exemple de faire ressortir les conditions différentes dans lesquelles les hommes et les femmes vivent dans un environnement donné; d'analyser les liens entre les sexes, l'environnement et la prises de décision y afférente; d'identifier des mesures positives pour les différents secteurs de la société. Les gouvernements, les entreprises, les centres de recherches et autres partenaires du développement durable devraient intégrer des évaluations sexospécifiques dans la conception et l'exécution de mécanismes de gestion durable des ressources. Des mécanismes de contrôle pourraient être créés pour évaluer périodiquement où en est le processus d'intégration de la perspective sexospécifique dans celui du développement durable. Le représentant du Portugal a soutenu cette idée et a en particulier insisté sur l'importance qu'il y a de pouvoir mesurer l'effet de la dégradation de l'environnement dans une perspective sexospécifique. La représentante de la France s'est demandée pourquoi, alors que l'on sait à quel point la question des femmes et de l'environnement est cruciale, si peu de rapports sont établis sur l'interrelation de cette question avec d'autres questions importantes, telles que l'accès des femmes à la formation, par exemple.

Plusieurs intervenants ont en outre souligné la nécessité de se pencher plus en profondeur sur les moyens d'assurer la pleine participation des femmes à la protection de l'environnement, et notamment dans le cadre de l'action menée pour éliminer la menace que constitue l'utilisation et le transport des substances toxiques. A ce propos, la représentante des Etats-Unis a notamment fait valoir qu'il conviendrait de chercher des moyens qui renforceraient la participation des femmes aux négociations en cours sur ces questions. La représentante de l'Argentine, s'agissant de la présence de déchets toxiques dans son pays, a soutenu l'idée selon laquelle les femmes pourraient jouer un plus grand rôle dans l'action menée pour la protection de l'environnement contre la pollution. Elle a insisté sur la nécessité de trouver de nouveaux instruments qui permettraient de détecter les substances toxiques, les décideurs semblant ne pas se rendre compte de la gravité de ce problème.

Plusieurs délégations, faisant part de leur expérience nationale, ont mis l'accent sur le fait que les femmes étaient les premières victimes de la dégradation de l'environnement. La représentante de la République de Corée a à cet égard fait état des conséquences néfastes du déboisement sur la vie quotidienne des femmes. La représentante du Mali a rappelé que 75% des femmes dans son pays travaillent la terre ou sont artisanes, c'est dire le rôle majeur qu'elles doivent jouer dans la gestion des ressources et des sols. La détérioration de l'environnement contribue de façon significative à la paupérisation de la femme malienne. Il est par conséquent essentiel de promouvoir l'implication de la femme dans le processus de planification des politiques nationales environnementales. Le Gouvernement du Mali en a fait une priorité.

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La représentante de l'Equateur a indiqué que deux projets ont été mis en route dans son pays pour encourager la consommation de l'énergie solaire. Elle a appelé la Commission à se pencher sur cette expérience. Elle a conseillé d'évaluer la mise en oeuvre des recommandations d'Action 21 et recommandé qu'elle soit intégrée dans le prochain programme quinquennal des Nations Unies. Toujours en matière d'expérience, la représentante du Canada a indiqué que son pays a créé les instruments requis pour aider les gouvernements à intégrer la dimension sexospécifique dans tout le processus décisionnel. Elle a annoncé que le Ministère de la santé comprend maintenant un Bureau de la santé et des femmes qui s'occupe particulièrement des liens de l'impact de l'environnement sur les femmes. En ce qui concerne la participation des femmes à la prise de décision, le Canada a créé des programmes et des bourses spéciaux pour accroître les compétences des femmes en matière de protection de l'environnement. Pour sa part, la représentante de l'Indonésie a indiqué que dans son pays les ONG se sont montrées très actives et connaissent un certain succès en cherchant à accroître le rôle des femmes dans la protection de l'environnement. Un organisme a d'ailleurs été créé qui coordonne les activités des femmes et de l'environnement. La représentante de la Pologne a mis l'accent sur l'importance des initiatives locales en matière de protection de l'environnement. Elle a, par ailleurs, indiqué que le Gouvernement polonais s'emploie à encourager la consommation de produits biologiques en finançant, par exemple, la différence de prix entre ces produits et les autres. Le Gouvernement facilite également l'obtention de crédits par les agriculteurs "biologiques".

Faisant le point sur les interventions des délégations, la Présidente de la Commission a souhaité que le débat en cours dépasse les recommandations de Beijing et se concentre davantage sur les actions concrètes. Etayant ces propos, la représentante du Brésil a mis l'accent sur la nécessité d'adopter une approche intégrée des différents documents des grandes conférences. Il faut imprégner les recommandations de la même force et leur donner la même orientation. Apportant à son tour, un début de réponse sur la manière de faire avancer les discussions vers l'action concrète, la représentante du Mexique a estimé que l'examen de la question de la femme et de l'environnement doit être liée à la nécessité d'introduire une perspective sexospécifique dans l'ensemble de toutes les questions liées au développement. La contribution de la Commission devrait être de savoir de quelle manière les pays peuvent promouvoir cette perspective et prendre les mesures nécessaires à son intégration. Si la participation accrue des femmes au processus décisionnel figure comme préalable, il conviendrait également de créer un mécanisme de réflexion pour accélérer l'intégration de la dimension sexospécifique tout en évitant de marginaliser la question. Pour la représentante des Bahamas, la question des femmes et de l'environnement doit être examinée en même temps dans le cadre du développement social et de la coopération avec les ONG. Il est temps également, a-t-elle insisté, que les gouvernements mettent le concept de développement durable au centre de toutes les activités.

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Poursuivant sur le même thème, la représentante de la Zambie a souligné que la politique entre en jeu lorsque l'on évoque le développement durable. Aucun progrès ne sera quantifiable tant qu'un consensus ne sera pas établi sur les priorités. Dépasser les recommandations d'Action 21 ou de Beijing exige d'abord que tous reconnaissent leur pertinence. L'Expert de la société civile a jugé utile d'identifier d'abord les obstacles rencontrés dans la mise en oeuvre des recommandations. Seule cette identification permettra d'affiner les stratégies et d'aller de l'avant. Pour sa part, la représentante des Etats-Unis s'est déclarée satisfaite des progrès réalisés dans la mise en oeuvre des recommandations des grandes conférences. Il convient maintenant, a-t-elle suggéré, d'examiner Action 21 dans la perspective des progrès réalisés depuis le Caire et Beijing.

Plusieurs intervenants ont abordé la question des groupes spécifiques de femmes qui demandent une attention particulière dans les politiques et programmes de développement durable. La représentante du Kirghizistan a attiré l'attention sur la question de la santé des femmes et des enfants qui vivent dans des régions écologiquement menacées. Le problème est d'importance, a-t-elle dit, puisqu'il constitue une menace pour les réserves génétiques des populations. La représentante de la Namibie s'est, pour sa part, déclarée préoccupée par le sort réservé aux femmes handicapées. Elle s'est interrogée sur la manière de faire en sorte que l'environnement leur soit plus accessible. La représentante de la Tunisie a, elle, mis en exergue le rôle des femmes dans la diffusion de l'information et dans l'éducation de leurs enfants en matière de protection de l'environnement.

La Commission se réunira demain mercredi 12 mars, à partir de 10 heures. Elle tiendra sa deuxième table ronde sur les domaines d'action critiques identifiés par le Programme d'action de Beijing, consacrée à la femme et la prise de décision.

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