FEM/922

LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME S'ASSURERA QUE LES GOUVERNEMENTS RESPECTENT LEURS ENGAGEMENTS

10 mars 1997


Communiqué de Presse
FEM/922


LA COMMISSION DE LA CONDITION DE LA FEMME S'ASSURERA QUE LES GOUVERNEMENTS RESPECTENT LEURS ENGAGEMENTS

19970310 La Commission entame sa session par une séance commémorative spéciale à l'occasion de son cinquantième anniversaire

Réunie sous la présidence de Mme Sharon Brennen-Haylock (Bahamas), la Commission de la condition de la femme, a entamé ce matin, les travaux de sa quarante et unième session et a tenu une séance commémorative spéciale à l'occasion de son cinquantième anniversaire. Cette dernière a vu la participation du Secrétaire général, M. Kofi Annan, de sa Conseillère spéciale pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, Mme Angela King, du Secrétaire général adjoint à la coordination des politiques et au développement durable, M. Nitin Desaï ainsi que celle de plusieurs personnalités féminines dans les efforts visant l'égalité entre les sexes et l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes.

Dans son allocution, le Secrétaire général a évoqué les contributions faites par la Commission pour l'avancement de la cause de l'égalité entre les femmes et les hommes. Il a insisté sur le fait que l'élaboration de la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes figure parmi les plus importantes conventions, en ce qu'elle définit les normes internationales touchant tous les aspects de la vie des femmes dans chaque nation et à chaque niveau de la société. Le rôle de la Commission, aujourd'hui, a-t-il par ailleurs indiqué doit être de se concentrer sur la promotion effective de la femme, et de s'assurer que les gouvernements respectent leur engagement à mettre en oeuvre les recommandations des conférences des Nations Unies de 1975 à 1995.

Mme Angela King a, quant à elle, retracé l'histoire de la Commission de la condition de la femme, en insistant sur les jalons importants qui ont été franchis sur la voie de l'égalité et de la lutte contre la discrimination à l'égard des femmes depuis sa création. Elle a rendu hommage aux chevilles ouvrières de l'avancement de cette cause, ainsi qu'aux personnalités dont certaines participaient à la séance commémorative spéciale en tant qu'invitées d'honneur, à savoir : Mme Minerva Bernardino (République dominicaine), Mme Esther Hyhmer (Etats-Unis), Mme Margaret Bruce (Etats-Unis),

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Mme Mimi Marinovic de Jadresic (Chili), Mme Helvi Sipila (Finlande), Mme Rosariao Malahio (Philippines), Mme Olga Pellicer (Mexique), Mme Patricia Licuanan.

Les représentants de l'Egypte, au nom du Groupe des Etats africains, de la République de Moldova, au nom du Groupe des pays d'Europe de l'Est, du Paraguay, au nom du Groupe des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, de la Finlande, au nom du Groupe des Etats d'Europe occidentale et autres Etats, ont rendu hommage à la contribution majeure que la Commission avait apportée à la lutte pour l'égalité des droits des femmes et des hommes, et à celle contre la discrimination à l'égard des femmes.

La Commission a ensuite entamé ses travaux sur le suivi de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes, et entamé son débat général sur ce point. Elle a entendu le représentant de la République-Unie de Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui a ouvert le débat. Auparavant, la Commission avait procédé à l'élection des deux nouvelles Vice-Présidentes de son Bureau en remplacement de Mme Rafika Khouini (Tunisie) et de Mme Karin Soltenberg (Norvège). Elle a ainsi élu Mme Zakia Amara Bouaziz (Tunisie), et Mme Eva Hildrum (Norvège) par acclamation à ces postes.

La Commission poursuivra son débat sur ce point cet après-midi à partir de 15 heures.

CELEBRATION DU CINQUANTIEME ANNIVERSAIRE DE LA COMMISSION

Allocution du Secrétaire général

M. KOFI ANNAN, Secrétaire général des Nations Unies, a indiqué qu'avant toute chose, il convient de donner un sens réel aux idéaux de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la participation égale des femmes. En cela, la Commission a été un catalyseur essentiel en faveur de l'égalité des femmes. Elle a mobilisé les efforts internationaux visant à défendre les droits des femmes et représente une instance où la voix des femmes peut forger les politiques de la communauté internationale. Rendant hommage à Mmes Minerva Bernardino, Annie Ruth Jiagge, Margaret Bruce et Esther Hymer qui ont été les quatre femmes "déterminées" à avoir signé la Charte des Nations Unies à San Francisco et à s'être distinguées dans la lutte pour l'égalité entre les hommes et les femmes, le Secrétaire général a souligné qu'il est impossible de décrire, de façon exhaustive, toutes les contributions de la Commission. L'une d'elle pourtant se démarque, c'est la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, qui définit les normes internationales touchant tous les aspects de la vie des femmes dans chaque nation et à chaque niveau de la société. Le Secrétaire général a estimé que le rôle de la Commission, aujourd'hui, est de se concentrer sur la promotion des femmes et s'assurer que les gouvernements respecteront leur engagement à mettre en oeuvre les recommandations des conférences des Nations Unies de 1975 à 1995. Toutes les personnes, les organisations et les gouvernements qui ont participé aux travaux de la Commission ont été guidés par trois principes : égalité, développement et paix. Or les médias modernes montrent tous les jours la persistance de l'inégalité des sexes.

Le viol est devenu une arme banale dans les conflits armés. Les femmes continuent d'être victimes de la violence et même au sein de la famille, des millions de femmes sont victimes d'abus. Aux Nations Unies même, beaucoup reste à faire pour atteindre le double objectif d'attribuer 25% des postes de haut niveau aux femmes et d'assurer que la moitié des postes aux Nations Unies seront réservés aux femmes. Mon intention, a souligné le Secrétaire général, est de créer un environnement de travail favorable à la satisfaction des besoins des femmes et qui peut les aider à donner le meilleur d'elles-mêmes. Le Secrétaire général a fait part de son engagement personnel à l'égalité entre hommes et femmes au sein des Nations Unies et à la création d'un lieu de travail sensible à la dimension sexospécifique. Il a indiqué qu'il a offert le poste de Sous-Secrétaire général aux questions sexospécifiques et à la promotion des femmes à Mme Angela King qui lui fait rapport directement. Mme King doit l'aider à assurer la coordination à l'échelle du système de la politique de mise en oeuvre de la plate-forme d'action de Beijing et à intégrer la dimension sexospécifique dans toutes les activités des Nations Unies. Dans le cadre du processus de réforme, les Nations Unies protégeront la pleine visibilité et la reconnaissance des femmes et de leurs programmes, a indiqué M. Annan, qui a invité la Commission à travailler avec lui pour s'assurer que les questions relatives aux femmes deviennent une priorité dans l'ordre du jour mondial.

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Déclarations liminaires

Mme ANGELA KING, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour la parité entre les sexes et la promotion de la femme, a remercié le Secrétaire général, M. Kofi Annan, pour le message d'encouragement qu'il vient d'adresser à toutes celles qui ont et qui continuent de défendre la cause de l'égalité à travers le monde. Elle a présenté un Livret spécial qui a été édité à l'occasion du cinquantenaire de la première session de la Commission, qui retrace l'historique de cette dernière depuis sa genèse, en évoquant les grands moments qui ont marqué un demi siècle de lutte à la fois pour l'égalité de droits entre les sexes, et pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes. "De toute l'histoire de la Commission, a-t-elle observé, en s'adressant directement à M. Kofi Annan, vous êtes seulement le deuxième Secrétaire général - après M. Dag Hammarskjöld, à participer á une réunion de la Commission de la condition de la femme. Votre engagement à réaliser l'objectif de la parité des sexes au sein de l'Organisation est un message d'encouragement pour la poursuite de nos efforts, a-t-elle ajouté, se disant certaine que le vingtième siècle restera inscrit dans l'histoire comme celui de l'émancipation de la femme.

Mme King a ensuite rendu un hommage aux femmes qui ont apporté une contribution importante à l'avancement de la cause féminine dans le monde, ces cinquante dernières années, et en particulier à celles d'entre elles présentes à cette réunion en tant qu'invitées d'honneur de cette séance commémorative spéciale, et qui figuraient parmi celles qui ont posé les jalons les plus importants sur la voie de l'égalité et de l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes : Mme Minerva Bernardino (République dominicaine), qui fut, dans les années 30 une figure clé du travail de la Commission interaméricaine des femmes, Commission régionale qui fut à l'origine de la création de la Commission de la condition de la femme, ainsi que l'une des femmes signataires de la Charte des Nations Unies à San Fransisco. Mme Esther Hyhmer (Etats-Unis), signataire de la Charte des Nations Unies à San Francisco, au nom d'une organisation non gouvernementale pour l'émancipation de la femme; Mme Margaret Bruce (Etats-Unis), membre du secrétariat de la Commission lors de sa première session, en 1947; Mme Mimi Marinovic de Jadresic (Chili), membre de la Commission de la condition de la femme de 1966 à 1970, et qui contribua à l'élaboration du texte de la Déclaration sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, qui conduit plus tard à la Convention du même nom. Mme Helvi Sipila (Finlande), qui fut la Secrétaire générale de la Première Conférence mondiale sur les femmes (Mexico, 1975). Mme Rosariao Malahio (Philippines), qui fut Présidente de la Commission de 1984, et mena le processus préparatoire de la Troisième Conférence mondiale sur les femmes (Nairobi, 1985); Mme Olga Pellicer (Mexique), Présidente de la Commission en 1986-1987, qui a adapté le programme de travail de la Commission aux priorités fixées dans le Programme d'action de cette Conférence. Mme Patricia Licuanan, Présidente de la Commission en 1994-1995, qui a mené le processus préparatoire de la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes (Beijing, septembre 1995), et conduit les négociations sur

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les textes finaux de la Déclaration et du Programme d'action de Beijing pendant la Conférence; Mme Supatra Masdit (Thaïlande), Organisatrice du Forum des organisations non gouvernementale à Beijing.

Mme Angela King a en outre lu les messages d'encouragement et d'hommage rendus à la Commission à l'occasion du cinquantenaire. Mmes Janet Cockroft, (Royaume-Uni, Présidente en 1978); Hanna Bokor-Szego, (Hongrie, Présidente en 1969), Johanna Dohnal ( Autriche, Présidente en 1989), ainsi que Mme Mervat Tallawy (Egypte), actuelle Présidente du Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes, qui fut également membre de la Commission en 1992 et 1993).

Les représentants de l'Egypte, au nom du Groupe des Etats africains, de la République de Moldova, au nom du Groupe des pays d'Europe de l'Est, du Paraguay, au nom du Groupe des pays d'Amérique latine et des Caraïbes, de la Finlande, au nom du Groupe des Etats d'Europe occidentale et autres Etats, ont rendu hommage à la contribution majeure que la Commission avait apportée à la lutte pour l'égalité des droits des femmes et des hommes, et à celle contre la discrimination à l'égard des femmes.

SUIVI DE LA QUATRIEME CONFERENCE MONDIALE SUR LES FEMMES

Mme ANGELA KING, Conseillère spéciale du Secrétaire général pour les questions sexospécifiques et de la promotion des femmes, a souligné que tous les acteurs qui ont été chargés d'assurer l'égalité entre les sexes seront priés de rendre compte de la manière dont ils ont exécuté les engagements pris à Beijing. L'année prochaine, Mme King entend procéder à l'examen des plans d'action nationaux qui viendront compléter l'examen annuel d'une série de domaines critiques. A ce jour, si 26 plans d'action nationaux seulement ont été reçus par le Secrétariat, 65 pays ont déjà préparé leur plan alors que 18 autres en ont entamé l'élaboration. Compte tenu de ce qui précède, le Secrétariat a décidé de reporter la date limite de la réception des plans nationaux au 30 mai 1997. Pour sa part, le système des Nations Unies sera appelé à rendre compte de ses actions, en contribuant par exemple au dialogue.

Le Conseil économique et social, lui, examinera la question de l'intégration de la dimension sexospécifique dans toutes les politiques et programmes lors de sa session de fond qui aura lieu en juillet. L'année prochaine, le Comité interorganisations sur les femmes et l'égalité entre les sexes, entend procéder à l'examen à mi-parcours du plan à moyen terme pour la promotion de la femme à l'échelle du système. Mme King a annoncé que le Comité soumettra au Comité administratif de coordination un certain nombre de principes pour rationaliser les perspectives en matière d'égalité entre les sexes. Le Comité a pris une série de décisions dont la création d'un mécanisme intersessions pour sélectionner les questions dont la Commission sera saisie. Par ailleurs, il continuera à surveiller le travail des trois équipes spéciales du CAC pour appuyer les efforts d'intégration de la dimension sexospécifique dans leur travail.

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M. NITIN DESAI, Secrétaire général à la coordination des politiques et au développement durable, a estimé que le dénominateur de toutes les conférences internationales des Nations Unies a été la nécessité d'instaurer un nouveau type de processus mondial de décision qui ne doit plus se limiter à un travail intergouvernemental mais qui devra chercher à impliquer tous les acteurs de la société civile dans la recherche d'un consensus. Pour leur part, les Nations Unies s'emploient à créer un cadre d'action qui ne se fonde plus sur un équilibre entre les puissances mais sur un processus d'intégration de tous les pays, qu'ils soient petits ou grands, riches ou pauvres, puissants ou faibles.

En ce qui concerne le mandat relatif au suivi des grandes conférences, il est clair que l'effort doit porter sur le thème principal des différents plans d'action. Pourtant, il est temps de privilégier réellement le concept de suivi intégré et de réfléchir de façon plus constructive à la manière dont tous les efforts peuvent se renforcer mutuellement. Les efforts de mise en oeuvre des plans d'action ne peuvent plus être consentis séparément. La Commission doit donc agir dans le cadre de tout ce qui se passe ailleurs aux Nations Unies.

La représentante de la Tanzanie, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, faisant le bilan des activités de la Commission, s'est félicitée que les besoins des femmes soient maintenant inscrits en bonne place dans l'ordre du jour de la communauté internationale, grâce notamment aux quatres conférences internationales sur les femmes. En ce sens, l'adoption du document de Beijing doit marquer le début d'un long parcours vers la promotion de la condition de la femme. Son succès dépend du processus de mise en oeuvre et c'est là le défi que doit relever la Commission. Il lui revient de faire des recommandations concrètes axées sur l'action. Si des progrès ont été accomplis grâce à un certain nombre de conventions, la réalité montre qu'il reste encore beaucoup à faire.

En effet, près de 70% des pauvres et 2/3 des analphabètes sont des femmes. Plus de 500 000 femmes meurent chaque année en couche ou des suites d'une grossesse. Les femmes ne détiennent que 10,5% des sièges dans les organes législatifs, et aux Nations Unies 17% des postes de direction seulement sont occupés par des femmes. Les femmes continuent de gagner en moyenne les 3/4 des émoluments des hommes. A la lumière de ces faits, la Commission doit formuler des recommandations en matière de ressources supplémentaires pour accélérer la mise en oeuvre de la plate-forme de Beijing, de l'amélioration de la capacité institutionnelle, de la création d'un environnement propice à l'accès des femmes à l'éducation, au crédit et à la propriété, ainsi qu'à l'élaboration d'une législation en faveur des femmes. La promotion des femmes est liée au développement des sociétés. Si plus de la moitié de la population mondiale prend du retard, l'autre moitié ne pourra tirer pleinement parti de son potentiel.

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