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SOC/71

COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL : L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT GARANTE DU SUCCES DES ACTIONS MENEES EN FAVEUR DU PROGRES SOCIAL

28 février 1997


Communiqué de Presse
SOC/71


COMMISSION DU DEVELOPPEMENT SOCIAL : L'AIDE PUBLIQUE AU DEVELOPPEMENT GARANTE DU SUCCES DES ACTIONS MENEES EN FAVEUR DU PROGRES SOCIAL

19970228 La Commission du développement social a terminé cet après-midi son débat général sur l'emploi productif et les modes de subsistance durables.

Dans leurs interventions, les délégations des pays en développement ont affirmé que les efforts qu'ils déploient sur le front du développement social se heurtent constamment à l'absence de ressources adéquates. Rappelant les engagements de Copenhague en la matière, elles ont jugé urgent que leurs économies bénéficient d'une aide extérieure qui soit régulière et prévisible. Il convient, de toute urgence, d'inverser la baisse actuelle marquant l'aide publique au développement : les donateurs doivent respecter leur engagement de lui consacrer 0,7% de leur produit national brut et appuyer conformément aux engagements relatifs au concept 20/20, les pays qui consacrent 20% de leur budget au développement social.

Outre le Ministre des affaires sociales, de la solidarité nationale et de la famille du Gabon, M. Pierre Claverzeng Ebome, les représentants des pays suivants ont pris part au débat : Pologne, Norvège, Egypte, Philippines, Pakistan, Algérie, Syrie et Gabon. Les représentants des organisations non gouvernementales suivantes se sont également exprimés : Fédération internationale des assistants sociaux, Fédération internationale des associations de personnes âgées (FIAPA), Social Watch et Association américaine des personnes retraitées.

La prochaine réunion de la Commission du développement social sera annoncée dans le Journal.

Débat général

M. JAROSLAW STREJCZEK (Pologne) a estimé qu'en termes de développement social, le point de départ doit être la croissance économique qui créée des emplois, vecteur de distribution des richesses et de lutte contre la pauvreté. Toutefois, la croissance économique seule ne peut régler les problèmes sociaux et encore moins, par exemple, assurer un travail aux chômeurs de longue durée. Il faut donc reconnaître la relation entre l'efficacité économique et la justice sociale. En Pologne, la création d'une "nouvelle donne économique" n'est pas possible sans le consentement de la société. L'obtention de ce consentement souligne la nécessité d'initier des activités prévenant l'extension de la sphère de pauvreté. Partant, le développement socioéconomique à long terme a été formulé en conformité avec les recommandations de Copenhague. La sécurité des revenus et la protection d'un niveau garanti de salaire minimum au sein de l'économie nationale ont été établis par la loi. En outre, des activités ont été menées pour arrêter la progression de la courbe du chômage et fournir aux demandeurs d'emplois des moyens minimums de subsistance. Plusieurs garanties sociales visant à limiter la pauvreté sont contenues dans le schéma d'assurance sociale universel.

Dans ce cadre, les Etats garantissent une source de revenus en fonction des risques spécifiques à travers différents programmes. Ces programmes conviennent que des stratégies de formation, en particulier à l'intention des jeunes et des chômeurs de longue durée, devraient être élargies et différenciées. Ils assurent également une intégration du système d'éducation avec une formation des jeunes et des adultes pour mieux ajuster la structure des ressources humaines aux besoins du marché du travail. La politique de sécurité sociale en Pologne entre dans une période de réformes complexes, qui visent à créer une structure de l'ensemble du système social qui soit plus appropriée. En outre, des systèmes d'assurance-chômage et de mesures actives contre le chômage sont en cours d'élaboration, soulignant l'importance de l'activité économique des chômeurs dans les petites villes et les zones rurales ainsi que des personnes handicapées.

Mme HILDE CAROLINE SUNDREHAGEN (Norvège) a insisté sur l'attention prioritaire qui doit être accordée à la participation de tous au processus de décision visant au développement social durable. Les stratégies identifiées, que cela soit dans le domaine de l'emploi, de l'éducation, de la santé, ou d'autres secteurs, doivent garantir la participation de tous les groupes sociaux, jusqu'aux plus vulnérables ou marginalisés d'entre eux. Il est essentiel de lever toutes les barrières qui empêchent l'accès de certains groupes, tels que les personnes handicapées ou les personnes âgées, au processus de développement social. Il convient également que les actions entreprises dans ce domaine reposent sur le principe de l'égalité entre les femmes et les hommes. La réduction de la pauvreté dépend autant de la croissance économique que du développement social. Partant, la politique

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norvégienne en la matière accorde la même importance à l'amélioration des services de base qu'au développement du secteur privé, a indiqué la représentante. Elle a par ailleurs lancé un appel aux membres de la Commission pour qu'ils accordent l'attention spéciale qu'elle mérite à la situation particulièrement critique des pays africains et des autres pays les moins développés. Sans emplois productifs et sans nouveaux emplois, il est impossible de lancer un processus de développement social durable efficace. Pour atteindre le plein emploi, il est indispensable de combiner divers instruments stratégiques, économiques, financiers, juridiques, et sociaux. Des niveaux élevés de coopération internationale et de compréhension entre les Gouvernements et tous les partenaires sociaux rendront la tâche beaucoup moins difficile à accomplir. Pour réaliser les objectifs du progrès social, il est également essentiel d'attacher la plus grande attention à la dimension droits de l'homme dans les programmes en faveur de l'emploi et des modes de subsistance durables. La Norvège salue les efforts déployés par l'Organisation internationale du travail (OIT) en ce domaine, et en particulier ceux visant à mettre fin au travail et à l'exploitation des enfants sur le marché de l'emploi. Le Gouvernement norvégien, qui attache une attention toute spéciale à la traduction de l'initiative 20/20 en actions, est déterminé à poursuivre ses efforts en ce domaine, dans le cadre de sa propre politique de coopération pour le développement.

M. ISSA (Egypte) a estimé que le rapport de l'OIT analyse, de manière appropriée, les notions d'emploi productif et de modes de subsistance durables. L'Egypte aurait souhaité, par ailleurs, que les documents dont est saisie la Commission fournissent plus de détails sur les possibilités de création d'emplois. Le représentant a indiqué que son pays entre dans sa deuxième phase de réformes économiques afin de mener un train de mesures pour lutter contre la pauvreté et assurer le développement social d'ici l'an 2000. Ces réformes visent à accroître les investissements dans les services sociaux de base, en particulier dans les zones rurales. 12% du budget sera consacré à ces efforts. Les réformes visent également à améliorer les services de sécurité sociale par le biais de fonds sociaux qui créent des emplois pour les groupes les plus vulnérables. En outre, l'Egypte a promulgué une nouvelle législation pour l'emploi qui est aujourd'hui soumise au Parlement. En ce qui concerne le travail des enfants, l'Egypte a adopté en 1996, une loi de protection des enfants, a souligné le représentant en mettant l'accent sur la nécessité d'avoir un comité de suivi afin de procéder à des études sur les jeunes, les handicapés et les personnes âgées.

M. FELIPE MABILANGAN (Philippines) a réitéré l'engagement de son pays en faveur de l'exécution des recommandations de Copenhague, qui engagement s'est traduit en action aussitôt après la tenue du Sommet, puisque le Gouvernement des Philippines a adopté une politique de développement social. Cette politique accorde une attention prioritaire à la participation de tous à la réalisation des objectifs de développement social durable. Une grande place

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y est accordée aux enfants et aux jeunes, et ce dans la mesure où 40% de la population des Philippines a moins de 15 ans. Le plan national pour la jeunesse est l'un des piliers du programme général de développement national. Les jeunes en âge de travailler continuent de faire face à des obstacles énormes qui empêchent leur accès sur le marché de l'emploi, et le gouvernement déploie de grands efforts pour tenter de remédier à cette situation, a expliqué le représentant, qui a aussi indiqué qu'une initiative d'encouragement à la création d'entreprises par des jeunes avait été lancée récemment.

M. MASOOD H. KIZILBASH (Pakistan) a indiqué que le niveau du développement humain dans son pays demeure bien en-deçà du taux de croissance qui est estimé à 6%. Réalisant que la croissance ne peut être maintenu dans une ère d'ouverture économique à l'échelle internationale sans un réhaussement du niveau du développement humain, le Pakistan a lancé, en 1992, un premier programme d'action sociale envisageant un investissement de 4 milliards de dollars américaines pour une période allant de 1993 à 1996. Le programme s'est concentré sur les besoins en éducation primaire, en matière de santé, en planification familiale et en fourniture d'eau potable. Fort des recommandations de Copenhague, le Pakistan s'est employé à créer un environnement favorable au développement social en adoptant toute une série de lois dont une porte sur l'engagement du gouvernement à impliquer les ONG, les organisations oeuvrant sur le terrain et le secteur privé dans la planification, la mise en oeuvre et la fourniture de services sociaux. En outre, un programme de stabilisation économique a été initié ces dernières années. Des efforts sont également déployés pour asseoir une stabilité macroéconomique par la diminution du déficit budgétaire.

Des mesures supplémentaires sont comprises dans le deuxième programme d'action sociale qui a été lancé le 1er juillet 1996 pour une période de quatre ans avec des ressources à hauteur 17 milliards de dollars. Soulignant la nécessité de la coopération internationale dans le domaine du développement, le représentant a jugé impératif de considérer sérieusement le niveau de 0,7% du PNB pour l'aide publique au développement.

Mme AMINA MESDOUA (Algérie) a évoqué les nombreux obstacles qui empêchent la mise en oeuvre des recommandations de Copenhague dans les pays en développement. Insistant sur la gravité des problèmes du chômage et de l'emploi peu productif dans ces pays et sur le développement du secteur informel qui en résulte, elle a fait valoir que la lutte contre ces fléaux devait être menée sur deux fronts, à savoir à l'échelle internationale grâce à une meilleure coordination des programmes, une libéralisation des échanges et une stabilisation des monnaies et à l'échelle nationale grâce à des programmes de création d'emploi et une politique de croissance stable non inflationniste, garantissant la sécurité sociale et le recyclage des travailleurs touchés par la restructuration et l'ajustement structurel. En Algérie, a-t-elle

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poursuivi, le problème du chômage a commencé à se poser avec une certaine acuité que lors des dernières années suite à l'effondrement brutal des cours des hydrocarbures. Cette situation a engendré une prise de conscience du problème de l'emploi et plus largement de celui de l'exclusion. Elle a amenée le gouvernement à mettre en place une politique de l'emploi tenant compte autant des effets de la crise économique que de ceux d'un fort accroissement démographique. Le développement des emplois productifs s'appuie sur la relance et est conçu comme levier et comme moyen privilégié de relier les impératifs de croissance à l'amélioration de la répartition du revenu national et un moyen de lutte contre l'exclusion. La politique poursuivie depuis 1989 est ainsi organisée autour d'une meilleure information sur l'emploi, d'une réforme entière du service public de l'emploi, de l'adaptation de la législation du travail en vue d'une plus grande souplesse dans le cadre de la transition vers l'économe de marché en réduisant le rôle de l'Etat, de la réforme du système scolaire, universitaire et de formation, de la mise en place d'un dispositif législatif et réglementaire dans le domaine de l'emploi, de la promotion de l'emploi par des mesures d'encouragement et de soutien aux projets dans les secteurs ou régions prioritaires, et enfin de la préparation des conditions d'une relance économique qui met l'emploi au centre des préoccupations.

M. FAYSSAL MEKDAD (Syrie) a indiqué que son pays a pris comme première mesure de rendre l'enseignement obligatoire et gratuit, en assurant les services sanitaires pour tous et en accordant une attention particulière aux groupes vulnérables. Il existe dans le pays, a poursuivi le représentant, un réseau important de sociétés coopératives ou ONG qui exercent leur rôle en toute liberté. Elles contribuent d'ailleurs de façon importante aux progrès de la société. L'Etat syrien ne cesse d'oeuvrer vue d'assurer le plein emploi dans la mesure de ses capacités. Le représentant a souligné la nécessité d'éliminer les barrières commerciales et de permettre un libre flux des capitaux. Il convient également, a-t-il dit, de réduire le fardeau de la dette et d'assurer le transfert des technologies.

M. PIERRE CLAVERZENG EBOME, Ministre des affaires sociales de la solidarité nationale et de la famille du Gabon, a insisté sur l'attention prioritaire que son gouvernement accorde au développement social, et les énormes efforts qu'il consent à cette fin. Les efforts que nous consentons au développement social durable, y compris de la création d'emplois et de la promotion des modes de subsistance durables nous permettront ils cependant d'atteindre les objectifs poursuivis?, s'est demandé le Ministre, évoquant les caractéristiques particulières des pays en développement, et notamment de l'Afrique. Dans la plupart de nos pays, a-t-il poursuivi, le secteur privé n'en est qu'à l'état embryonnaire. A cause de la rareté des ressources financières, de la technologie et de l'expertise humaine, les entreprises privées demeurent entre les mains des multinationales mues, légitimement par la recherche du profit à court terme. Une telle logique, on le sait bien,

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comporte des effets pervers et n'est pas de nature à prendre en compte les préoccupations sociales, notamment la résorption du chômage. En même temps, les profits importants réalisés par ces multinationales ne sont presque pas réinvestis dans le pays d'accueil. Il incombe ainsi aux finances publiques de nos pays en développement de prendre en charge tous les coûts liés aux investissements qui ne sont pas immédiatement rentables,et qu'il revient de construire routes et hôpitaux et de former les hommes, bref de fournir l'ensemble des services sociaux. Nous voulons participer à la mondialisation de l'économie a insisté le Ministre. Mais force est de constater que toutes les économies ne sont pas aujourd'hui capables de tenir la concurrence internationale. Ne serait-il pas possible, d'imaginer là aussi des critères de convergences, pour que la mondialisation ne se fasse pas à plusieurs vitesses ? Il est urgent que les économies de pays en développement bénéficient d'une aide au développement régulière, prévisible, et que soit corrigée le plus vite possible, la tendance actuelle à la baisse continue de l'aide publique au développement. Aussi les donateurs, les institutions internationales et les investisseurs doivent-ils être plus sensibles aux efforts que nous consentons, a estimé M. Claverzeng Ebome. Les pays donateurs doivent respecter leurs engagements, notamment celui de fournir 0,7% de leur produit national brut, à l'aide publique au développement et celui d'appuyer les Etats qui comme le Gabon consacrent au moins 20% de leur budget aux programmes sociaux.

La représentante de la Fédération internationale des assistants sociaux, a souligné que le nombre des plus de 60 ans passera à 1, 2 milliards en 2025, ce qui aura des répercussions sans précédents sur la vie sociale, politique et économique de la planète. Il convient donc reconnaître les avantages qui peuvent découler de la participation des plus âgées à notre société. Le fait que les gens vivront plus longtemps offre l'occasion unique de réfléchir au rôle et aux responsabilités de chacun. Les plans d'action doivent promouvoir le rôle des personnes âgées en qualité de véritables partenaires qui contribuent au développement social. Elles offrent, en effet, une contribution potentiel qui doit être reconnu. Les personnes âgées doivent disposer des ressources appropriées leur permettant de participer pleinement à la vie de la société. Dans les activités de suivi, la Commission doit renforcer les idées centrales telles que développées dans les textes des Nations Unies pour les personnes âgées mais aussi agir dans le cadre des recommandations de Copenhague. Soulignant que 1999 a été déclarée Année internationale des personnes âgées, la représentante a demandé à la Commission de continuer à considérer les personnes âgées comme faisant partie intégrante du développement social et à leur permettre de vivre de manière indépendante et digne.

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Le représentant de la Fédération internationale des associations de personnes âgées a souligné que les personnes âgées sont non seulement de plus en plus nombreuses mais qu'elles vivent plus longtemps et sont plus jeunes en âge qu'elles ne l'étaient il y a quelques dizaines d'années. Sur le terrain, les personnes âgées prennent des initiatives qui dépassent le cadre familial. Elles participent à la vie culturelle mais aussi à des activités sociales insérées dans le milieu de vie telles que les activités pour les enfants. Certaines mènent des actions au-delà des frontières et en faveur des pays en développement. Il existe un capital de savoir-faire et d'expérience et une volonté chez les personnes âgées de se mettre à la disposition de la société. Elles ne doivent plus être considérées comme une charge mais une ressources pour la société. Désormais jeunes, adultes et personnes âgées devraient pouvoir trouver chacun leur rôle et leur place dans la société en évolution.

Le représentant de l'Association américaine des retraités, souhaitant que la société soit ouverte à tous les âges, a estimé que la communauté internationale doit célébrer l'Année internationale des personnes âgées, en ayant pour objectif de les intégrer dans la société. Ce faisant, toutes les générations bénéficieront de cette contribution. Il faut pouvoir profiter des connaissances et de l'expérience des personnes âgées et en finir avec le stéréotype qui veut que les personnes âgées soient faibles et dépendantes. La représentante a fait part du lancement d'un concours d'affiches sur les personnes âgées en demandant à la Commission de soutenir le thème d'une "société pour tous les âges". Ainsi, 1999 pourra être une véritable occasion d'initier un changement profond sur la façon dont les sociétés intègrent leurs personnes âgées.

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