POP/576

LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT ACHEVE SON DEBAT GENERAL SUR L'EXPERIENCE DES PAYS EN MATIERE DE POPULATION

25 février 1997


Communiqué de Presse
POP/576


LA COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT ACHEVE SON DEBAT GENERAL SUR L'EXPERIENCE DES PAYS EN MATIERE DE POPULATION

19970225 La Commission de la population et du développement a achevé le débat général entamé ce matin sur l'expérience des pays en matière de développement. Elle a entendu dans ce cadre la déclaration des pays suivants : Bangladesh, Pologne, Malaisie, Egypte, Italie, Japon, Ukraine, Pérou et Jamaïque. L'observateur du Saint-Siège a également pris la parole, ainsi que le représentant du programme de gestion et de transformation de l'UNESCO. Les représentants ont fait part de leur politique démographique et des projets mis en place, particulièrement depuis la Conférence du Caire, en matière de population et de développement. Ces projets sont mis en oeuvre par le biais d'actions multiformes dans le cadre d'institutions ou organisations créées à cet effet. La santé génésique et l'éducation sont au centre de ces politiques. En ce qui concerne les migrations, les délégations ont insisté sur la complexité de ce phénomène et sur l'importance des échanges bilatéraux entre les pays d'origine et d'accueil. Le respect des droits de l'homme des travailleurs migrants est au centre des préoccupations des pays d'origine.

La Commission a ensuite examiné la note du Secrétaire général sur l'élimination de la pauvreté, présenté par M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la Population. Les représentants des Etats-Unis et du Saint-Siège ont présenté leurs questions et observations sur la question, auxquelles M. Chamie a répondu.

La Commission de la population et du développement poursuivra ses travaux demain matin à partir de 10 heures.

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Adoption de l'ordre du jour et autres questions d'organisation (point 2)

Documentation

Dans une note sur les conclusions adoptées d'un commun accord 1996/1 sur la coordination des activités menées par les organismes des Nations Unies pour éliminer la pauvreté (Conseil économique et social — Débat de 1996 consacré aux questions de coordination) (E/CN.9/1997/10), le Secrétaire général présente les aspects de ces conclusions qui concernent directement les travaux de la Commission de la population et du développement. Cette note, indique le Secrétaire général, a pour objet de faciliter les décisions que la Commission pourrait vouloir prendre en vue d'informer le Conseil des activités qu'elle a entreprises pour appliquer les conclusions adoptées d'un commun accord 1996/1 sur l'élimination de la pauvreté. La Commission souhaitera peut-être étudier ces éléments en vue d'informer le Conseil de ses activités qui entrent dans le cadre des conclusions adoptées d'un commun accord.

Le Secrétaire général rappelle qu'en vertu du paragraphe 37 des conclusions adoptées par le Conseil économique et social, "la Commission du développement durable devrait donner à ses activités dans le domaine de la pauvreté l'orientation prévue au paragraphe 6 de sa décision 4/2 relative à la lutte contre la pauvreté. Elle devrait s'appuyer sur les contributions de la Commission du développement social, de la Commission de la condition de la femme et de la Commission de la population et du développement, selon que de besoin, pour améliorer l'application des recommandations du chapitre 3 (Lutte contre la pauvreté) d'Action 21 qui correspondent aux domaines essentiels abordés respectivement par le Sommet mondial pour le développement social, la quatrième Conférence mondiale sur les femmes et la Conférence internationale sur la population et le développement."

A propos de ce paragraphe, le Secrétaire général précise que la Commission de la population et du développement examine chaque année le rapport intitulé Rapport sur le suivi de la situation mondiale en matière de population, qui présente une analyse technique approfondie des thèmes susmentionnés. À sa trente et unième session, en 1998, elle doit examiner un rapport sur la santé et la mortalité, l'accent étant mis spécialement sur les liens existant entre la santé et le développement, ainsi que sur le sexe et l'âge. Ce rapport devrait suivre le même plan que le Programme d'action et comprendre une étude de la mortalité infantile et de l'espérance de vie, deux indicateurs dont on sait qu'ils sont étroitement liés à la pauvreté. En 1999, la Commission sera saisie d'un rapport sur l'accroissement, la structure et la répartition de la population, l'accent étant mis spécialement sur la croissance économique soutenue et le développement durable, y compris le thème "population, croissance économique soutenue et pauvreté", qui est traité au chapitre III du Programme d'action. En 1999 également, la Commission entreprendra l'examen quinquennal comportant une évaluation des progrès accomplis dans la poursuite des buts et objectifs du Programme d'action et

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dans la mise en oeuvre de ses recommandations; elle informera le Conseil des résultats de ces travaux. Les rapports en question peuvent constituer pour le Conseil des apports techniques bien centrés en vue de l'examen d'ensemble de l'élimination de la pauvreté qu'il entreprendra à une date qu'il doit encore déterminer.

Le Secrétaire général rappelle en outre que selon les paragraphes 42 et 46 des conclusions du Conseil économique et social, "la Commission du développement social examinera, en 1999, le thème 'Services sociaux pour tous', en mettant particulièrement l'accent sur l'éducation. Cet examen pourrait également apporter une contribution à l'examen global de la Conférence internationale sur la population et le développement qui devrait avoir lieu la même année." Selon ces conclusions, "la Commission de la population et du développement devrait examiner les questions qui touchent à la pauvreté et à la population à la lumière des résultats de la Conférence internationale sur la population et le développement"

A propos de ces deux paragraphes, le Secrétaire général précise que le domaine sur lequel la Commission de la population et du développement concentrera son attention en 1999 comprendra le thème "population, croissance économique soutenue et pauvreté", ces questions figurant parmi celles dont traite le Programme d'action. Étant donné que, chaque année, la Commission du développement durable se réunit après la Commission de la population et du développement, la première disposera en 1999 des résultats des débats de la seconde.

Le Secrétaire général rappelle enfin qu'en vertu des paragraphes 53 et 54 des conclusions du Conseil économique et social, "la Commission du développement social examinera, en 1999, le thème 'Services sociaux pour tous' dans le cadre de son programme de travail pluriannuel, en mettant particulièrement l'accent sur l'éducation. Cet examen pourrait également apporter une contribution à l'examen global de la Conférence internationale sur la population et le développement qui devrait avoir lieu la même année" et que "... [la Commission du développement durable] pourrait aussi tirer parti des travaux de la Commission de la population et du développement en ce qui concerne l'accès à des soins de santé, notamment à des soins de santé génésique, ...".

A ce propos, le Secrétaire général indique, entre autres, que la Commission de la population et du développement se réunit chaque année en février alors que la Commission du développement social se réunit en mars. Il s'ensuit que les conclusions et recommandations de cette dernière relatives au thème des services sociaux pour tous, qu'elle examinera à sa session de 1999, ne seront pas disponibles à la Commission de la population et du développement pour sa session de la même année. En revanche, la Commission de la population et du développement pourra les utiliser à sa session de l'an 2000.

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Le Secrétaire général note également que le Conseil économique et social a décidé qu'il ne serait pas nécessaire que la Commission de la population et du développement examine séparément la question de l'éducation, mais qu'elle devrait seulement continuer de s'intéresser aux programmes d'éducation et de sensibilisation visant des objectifs démographiques.

Présentation et débat

M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la division de la population, a indiqué que la note du Secrétaire général met en relief les aspects des conclusions auxquelles le Conseil économique et social est parvenu au cours de son débat de 1996 consacré aux questions de coordination qui intéressent la Commission de la population et du développement. Le Président du Conseil, par une lettre du 4 septembre 1996, a attiré l'attention de la Commission sur ces conclusions, de manière à ce qu'elle puisse tenir compte des directives émanant du Conseil. La Commission souhaitera peut-être examiner ce document, en vue de faire connaître au Conseil les activités qu'elle mène dans le cadre des activités dont il est question dans les conclusions.

M. Chamie a notamment suggéré que soient distribuées aux commissions fonctionnelles des informations portant sur les publications et notes de fonds sur la pauvreté et population. Il conviendrait en outre de renforcer la coopération entre les secrétariats respectifs. Les Nations Unies pourraient également améliorer leur coopération par l'intermédiaire de l'Equipe spéciale du Comité administratif et sur les services sociaux de base pour tous.

M. Chamie a préconisé que les observations des délégations soient présentées sous forme sommaire, puis communiquées au Secrétariat, lequel les incluera dans le rapport adressé au Conseil économique et social. Il a estimé que la question de l'élimination de la pauvreté n'est pas l'élément central pour la Commission de la population et du développement, d'autres Commissions se chargeant plus particulièrement de ce problème.

Mme MARGARET POLLACK (Etats-Unis) a déploré la présentation tardive de ce document. Ce qui a été préconisé par M. Chamie, notamment la transmission d'un document résumant les observations des délégations, semble une bonne manière d'aborder la question et d'apporter une contribution utile aux débats du Conseil économique et social.

MGR. JAMES MC HUGH (Observateur du Saint-Siège) a approuvé la proposition de M. Chamie.

M. Chamie a déclaré que cette information sera présentée sous une forme résumée en attendant que la Commission se penche sur la question. Des observations qui intéresseront le Conseil économique et social seront présentées lors de l'examen du suivi de la Conférence du Caire au bout de cinq ans.

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Débat général sur l'expérience des pays en matière de population (point 3)

Suite du débat

M. MUHAMMED ALI (Bangladesh) a indiqué que la population de son pays avoisine les 120 millions de personnes. Le Gouvernement du Bangladesh a apporté une priorité fondamentale aux problèmes démographiques. Ces 25 dernières années, les taux de fécondité et de natalité ont ainsi pu être très sensiblement réduits. L'Objectif du gouvernement est de parvenir au taux de remplacement pour la fécondité d'ici à l'an 2005. Une Commission nationale de haut niveau sur la population dont le Premier ministre s'occupe personnellement a été créée.

Le représentant a estimé que six facteurs principaux déterminaient la réussite des programmes en matière démographique : un engagement fort et continu du gouvernement; la promotion de l'accroissement du nombre des familles restreintes; l'établissement d'infrastructures et de structures appropriées; la pleine participation des organisations non gouvernementales du secteur privé; la souplesse du programme qui doit adopter des approches novatrices; et un appui financier et matériel fort des institutions de l'ONU. L'abaissement de la fécondité et l'amélioration de la santé familiale sont les deux objectifs actuels du Gouvernement du Bangladesh. Etant donné la situation économique actuelle du pays, les possibilités de trouver des emplois à l'étranger sont une des seules possibilités qui existent à la population pour augmenter les revenus et donner un élan à l'économie.

Le Bangladesh envisage de jouer un rôle actif dans toutes les instances internationales traitant des problèmes des migrations. Il est en faveur de l'organisation d'une conférence de l'Organisation consacrée à la question des migrations. Cette question nécessite une approche mondiale du problème ainsi qu'une coopération accrue au niveau international. Les Etats en mesure d'accueillir des migrants doivent prendre des engagements en ce qui concerne le traitement des migrants.

M. JERZY Z. HOLZER (Pologne) a indiqué que le nombre de mariage diminue année après année en Pologne, phénomène qui peut être imputé aux difficultés économiques auxquels les jeunes sont confrontés, ainsi qu'à l'allongement des études. Depuis 1993, la Pologne accuse un solde de mariage négatif, et cette tendance semble devoir perdurer. On y assiste également à une diminution du nombre de naissances, due à une baisse du taux de fertilité dans toutes les couches d'âge. Le nombre des naissances en dehors du mariage ne fait de son côté qu'augmenter, passant à 9,5% en 1995. Le Parlement polonais a adopté en décembre dernier un projet de loi introduisant le droit à l'avortement pour cause de conditions socio-économiques difficiles des femmes. Toutefois, les docteurs refusent fréquemment de pratiquer les avortements pour des raisons morales. Le gouvernement et les acteurs concernés sont en discussion pour arriver à une solution de ce problème. Quant au taux de mortalité, il demeure élevé et ne s'améliore que lentement.

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Le représentant a souligné que l'évolution rapide de la population fait de la Pologne un laboratoire qui permet d'examiner les conséquences de toute sorte de changement au niveau démographique. Cette expérience peut être profitable aux pays en développement. Particulièrement intéressée par la question des migrations, la Pologne a participé à une enquête sur les migrations internationales, qui a permis de recueillir des données importantes sur cette question. Les experts polonais sont prêts à partager leur expérience avec d'autres centres de recherche en ce domaine.

Mme RAJ KARIM (Malaisie) a déclaré que son pays a procédé à des modifications de son cadre institutionnel afin de mettre en oeuvre les recommandations du Caire. Il s'agit de favoriser un développement plus équilibré, compte tenu des conditions économiques. Des programmes ont été mis en place pour éliminer la pauvreté et promouvoir un développement plus équitable. Une Commission de haut niveau a été établie en 1996 pour savoir quels sont les problèmes sociaux qui touchent la famille et les jeunes. Des mesures ont été prises suite à l'étude nationale sur la santé génésique et la sexualité des adolescents et un système de planning familial mis en place.

Les migrations internationales ont fait l'objet de débats publics en Malaisie. Il s'agit essentiellement de négociations bilatérales entre les gouvernements. La Malaisie a un apport de migrants dans le bâtiment, les services et l'industrie. Le gouvernement a pris des mesures pour limiter la main d'oeuvre. Un nombre croissant de migrants sont sans papiers. Un groupe de travail a été mis en place afin de recenser les migrants illégaux pour éviter les problèmes au niveau de la sécurité et de la santé. La Malaisie considère que la migration doit être bénéfique aux pays d'origine et de destination. Il faut prêter attention aux problèmes des femmes qui travaillent. La Malaisie appuie la convocation d'un colloque technique sur les migrations. Elle suggère que la dimension humaine des migrations et des migrants soit étudiée, surtout en ce qui concerne les personnes seules. Elle estime qu'il est nécessaire de mettre au point une série d'informations pour les migrants de la part des pays d'origine avant qu'ils n'envoient des gens au pays destinataire. La Malaisie a conclu des accords bilatéraux avec les pays voisins pour la fourniture d'une main d'oeuvre provisoire.

Mme HEMEDA (Egypte) a déclaré que les questions relatives à la population représentent l'une des priorités de l'Egypte. Les programmes de planification sont entrés en vigueur au début des années 60. Depuis la CIPD, on a pu constater une augmentation des services de planification familiale. Des mesures de santé génésique ont été adoptées. La santé de la femme est une notion nouvelle, grâce à la création de 30 nouvelles cliniques spécialisées à travers le pays. Les services d'information ont été activés par l'entremise d'informations publiques ou spécialisées. Un service nouveau a été créé dans le cadre du Ministère de la santé pour favoriser la concertation au niveau des femmes et de la jeunesse. Un Ministère s'occupe des questions de migration. La représentante a souligné la nécessité de protéger les Egyptiens à l'étranger.

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M. ANTONIO GOLINI (Italie) a indiqué que son pays est le premier et le seul pays au monde où les personnes âgées sont plus nombreuses que les jeunes. La Grèce, le Japon et l'Allemagne suivront. Il faut donc poser le problème de la durabilité de ce phénomène de vieillissement. En Italie, le nombre de jeunes décroît de 2,3% par an, alors que la population vieillissante s'accroît au même rythme. Une révolution majeure au niveau économique et sociale est nécessaire pour venir à bout de ce problème. L'Italie doit s'attacher à assurer un équilibre entre les ressources financières, humaines et physiques en vue de combler ce fossé. L'Italie connaît en outre, depuis un certain nombre d'années, le taux de fécondité le plus bas du monde : 1,2 enfants par femme seulement. Ce problème de vieillissement de la population deviendra de plus en plus aigu dans nombre de régions dans l'avenir, et il faut se préparer à relever ce défi, a estimé le représentant.

L'Italie, dans les vingt prochaines années, va connaître une chute sensible de la classe d'âge des 20-30 ans, ce qui pourrait contribuer à résorber quelque peu le grave problème du chômage des jeunes. Simultanément, cette tendance pourrait favoriser les flux migratoires. Le Gouvernement italien vient d'approuver un projet de loi en vue de régulariser la situation des migrants sans papier, projet qui sera bientôt discuté au Parlement. Les principales lignes directrices de ce nouveau projet de loi sont : la lutte contre l'immigration clandestine et contre la traite de la main d'oeuvre; l'établissement de nouveaux quotas conformément aux nécessités du marché du travail et au droit en matière de regroupement familial; l'élaboration d'accords bilatéraux avec les principaux pays d'origine de manière à gérer ensemble les flux migratoires; et la mise au point de programmes énergiques et efficaces d'insertion des migrants, en vue de garantir à ceux-ci de nouveaux droits, y compris le droit de vote au niveau local.

M. MASAKI KONISHI (Japon) a souligné que les grands mouvements de population augmentent les risques d'instabilité politique et économique d'une région. En vue de prévenir de tels mouvements, une attention particulière devrait être accordée aux racines de ces mouvements de population. Dans ce contexte, priorité devrait être donnée au renforcement des fondements économiques et sociaux des pays ou des régions, en favorisant leur développement stable. Le Japon estime ainsi que la communauté internationale devrait renforcer ses efforts au niveau mondial en vue de trouver une solution aux causes originelles des migrations, notamment la pauvreté. Ceci constituerait une approche plus globale, et par conséquent plus efficace, pour ce problème important.

Le Japon juge très important de trouver des moyens d'encourager le retour des réfugiés dans leurs terres d'origine, une fois terminées les crises qui les ont fait fuir. Il a assuré de manière très active la promotion de programmes de réinstallation et de reconstruction dans les régions du monde touchées par des conflits, et ce, en coopération avec différentes agences internationales telles que le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). A cet égard, une attention particulière a été accordée

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à l'aide en faveur des femmes réfugiées. Un des programmes les plus réussis en la matière a été un projet bilatéral mené en coopération avec le PNUD au Cambodge. Une des caractéristiques uniques de ce projet a été que quatre pays asiatiques - l'Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la Thaïlande - ont également fourni des experts dans le domaine du développement rural.

Dans le passé, le Gouvernement japonais a participé à de nombreux autres projets conduits par le PNUD, l'UNRWA et d'autres organisations internationales dans le domaine de la réinstallation des réfugiés. Il continuera de le faire. Le Japon a également accumulé une expérience certaine dans le domaine des programmes d'assistance technique conduits par l'intermédiaire de migrants japonais vivant à l'étranger. A l'heure actuelle, le Japon est en train de mener à bien un programme visant à envoyer des jeunes et des experts de haut rang dans les communautés des descendants de Japonais dans certains pays d'Amérique latine en vue de fournir de l'assistance technique.

Mme VALENTINA TARNAVSKA (Ukraine) a déclaré que la situation démographique de son pays était instable. L'Ukraine comptait 59,9 millions de personnes au 1er janvier 1997, ce qui correspond à une baisse de plus de 0,4 millions de personnes depuis l'année précédente. La population a diminué dans toutes les régions, et plus particulièrement dans les régions industrielles de l'Est. Ces dernières années, le Gouvernement a adopté un certain nombre de mesures sociales. Les mesures prioritaires sont prises dans le cadre des programmes nationaux de planification de la famille. Cependant, tous ces efforts ne parviennent pas à freiner les effets négatifs de l'évolution de la population de l'Ukraine. Par ailleurs, le gouvernement de l'Ukraine accorde une grande importance aux victimes de l'accident de Tchernobyl et leur a accordé une série d'avantages, en matière de soins médicaux, d'amélioration des conditions de vie, et d'exemptions fiscales. On s'attend à une irradiation plus importante de la population dans la région et surtout des enfants. D'autre part, on assiste à un vieillissement de la population du pays. La solution que l'on pourrait apporter à ces caractéristiques démographiques négatives pourrait être de formuler et réaliser des programmes de formation par l'Etat à la santé génésique de la population. Il est nécessaire de disposer d'informations objectives pour mettre en oeuvre ces programmes. Il faut pour ce faire un recensement de la population de l'Ukraine, qui va avoir une importance fondamentale pour l'évolution économique de l'Ukraine. Cependant, la situation financière du pays étant complexe, il doit se tourner vers les organisations internationales pour lui fournir une aide à la réalisation de ce recensement.

M. CARLOS ARAMBURU (Pérou) a déclaré que la politique démographique de son pays s'inscrivait dans le cadre de la lutte contre la pauvreté, dont le but est de réduire de 50% le nombre de familles vivant dans la pauvreté. Un programme national de planning familial a été mis en place. Toutefois, il est

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difficile de mettre en place de tels programmes dans les campagnes, où il faut les intégrer dans des services de prévention maternelle et infantile. Un autre programme est le programme de repeuplement. En effet, des paysans ont été déplacés de leurs villages en raison du terrorisme qui a frappé le pays à partir de 1985. On essaie de réinstaller ces personnes dans des bonnes conditions. Par ailleurs, la fécondité a diminué au Pérou dans tous les groupes, sauf parmi les adolescents. Plus de 1000 enseignants ont été formés en matière d'éducation sexuelle mais ce nombre est insuffisant. Ce programme a été lancé récemment et fait l'objet de critiques dans les milieux conservateurs du pays.

S'agissant des migrations, un mouvement d'émigration de 350 000 personnes par an environ s'est développé dans les années 80. Avec la pacification et l'amélioration de la situation économique du pays, on assiste à un retour de nombre d'entre eux.

MGR. MC HUGH (Observateur du Saint-Siège) a estimé que les droits de l'homme des migrants et des réfugiés devraient être respectés. Tous les efforts doivent être déployés pour interdire la traite des réfugiés et des migrants. Il faut respecter le droit des personnes à migrer et à établir un foyer ailleurs que dans leur propre pays. Les situations poussant les migrants à quitter leur pays doivent être résolues. Le Saint-Siège s'associe aux efforts des dispensaires et hôpitaux qui tentent d'aider les pauvres et les couches les plus désavantagées de la population de la planète. Outre les préoccupations concernant la famille, il faut accorder une importance accrue à la situation des enfants de réfugiés. Le Saint-Siège reconnaît les problèmes liés aux migrations, et considère qu'il convient de mettre au point des politiques et des stratégies appropriées. Une étude plus intensive de ce phénomène croissant est nécessaire.

M. CASTLES (Programme de gestion et de transformation de l'UNESCO) a indiqué que son organisation était un réseau de chercheurs ayant pour but d'examiner les effets à long terme des migrations dans la région Asie- Pacifique. Ce réseau vise également à travailler avec des chercheurs qui étudient les migrations dans la région sans y vivre. Il porte son attention sur la transformation massive des économies et des sociétés de la région, qui a entraîné des mouvements de population importants. L'un des principaux problèmes des politiques en matière de migrations est l'insuffisance des connaissances théoriques de base, le manque de données sur la région et les difficultés pour prévoir sur le long terme. Le réseau entend mobiliser les chercheurs en vue d'aider les décideurs politiques à disposer des données nécessaires à l'élaboration de décisions bien fondées.

Le représentant a indiqué que son organisation s'efforcerait de promouvoir le développement de capacités de recherche dans les institutions membres, ainsi que la constitution de programmes de recherches internationaux. Elle favorisera la réalisation d'une analyse comparative internationale,

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l'échange d'informations et la diffusion d'informations à ceux qui sont susceptibles de prendre des décisions en la matière. L'organisation prévoit en outre la tenue d'une importante conférence internationale sur la question, qui aura probablement lieu en l'an 2001.

M. EASTON WILLIAMS (Jamaïque) a déclaré que son pays est un pays à fort taux de migration. Environ 750 000 personnes ont émigré légalement au Royaume-Uni et en Amérique du Nord depuis les années 60. La migration internationale a des incidences positives et négatives. Elle concerne des personnes qui veulent émigrer pendant 12 mois et plus. Dans le cas de la Jamaïque, la politique menée a été une politique de non-intervention directe dans le phénomène de migration. Un flux de migrants est revenu dans les années 1990, de personnes âgées de 40 ans et plus. Des ONG s'occupent des personnes qui reviennent au pays. Récemment, les Ministères de l'environnement et du logement ont tenu un séminaire sur la réinstallation de ces personnes. Ce mouvement a engendré un rapatriement de fonds qui correspond aux revenus du tourisme. En 1994, la Jamaïque a établi un programme pour le retour et la réinsertion de ses nationaux qui reviennent au pays. 40 ressortissants très qualifiés sont revenus au pays avec l'aide de l'office international des migrations, où la Jamaïque a un statut d'observateur. Des négociations bilatérales ont eu lieu avec le Canada en ce qui concerne la main d'oeuvre temporaire.

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