POP/575

COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LES ETATS EXPOSENT LEUR EXPERIENCE NATIONALE EN MATIERE DE POPULATION

25 février 1997


Communiqué de Presse
POP/575


COMMISSION DE LA POPULATION ET DU DEVELOPPEMENT : LES ETATS EXPOSENT LEUR EXPERIENCE NATIONALE EN MATIERE DE POPULATION

19970225 La Commission de la population et du développement a entamé, ce matin, son débat général sur l'expérience des pays en matière de population. Le thème du débat a été présenté par M. Joseph Chamie, Directeur de la Division de la population. Les représentants des pays suivants ont participé à un échange de vues et de données sur leur situation et politique démographiques : Indonésie, Algérie, Malte, Chine, Philippines, Tunisie, Mexique, Inde, Fédération de Russie, Singapour, Turquie, Etats-Unis, Panama, El Salvador et République de Corée.

La Commission poursuivra ses travaux cet après-midi à partir de 15 heures.

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Débat général sur l'expérience des pays en matière de population

M. JOSEPH CHAMIE, Directeur de la Division de la population a rappelé que cette question était inscrite à l'ordre du jour de la Commission depuis des décennies. Il a affirmé que les déclarations des pays étaient importantes en matière démographique et en matière de politique.

M. PRIJONO TJIPTO HERIJANTO (Indonésie) a déclaré que la question était de savoir si les migrations sont positives ou négatives pour les pays de départ et d'accueil. L'Indonésie souscrit aux conclusions de la CIPD. Elle constate que le nombre des migrants sans compétence augmente constamment, ainsi que celui des réfugiés politiques. D'autre part, l'expatriation de la population qualifiée représente une fuite de cerveaux pour le pays d'origine et aide à renforcer les structures du pays d'accueil. Ce phénomène comporte des répercussions positives du fait de l'envoi de salaires. Par ailleurs, si les migrants sont des migrants provisoires, ils peuvent acquérir des connaissances qui seront positives lors de leur retour. Les migrations internationales sont susceptibles de maximiser les avantages de la migration pour les pays d'origine. Il faut trouver le moyen de prévenir les migrations forcées ou d'atténuer les répercussions négatives. Un processus de consultation devrait s'établir entre les pays intéressés. Il faut accroître la coopération et le dialogue entre le pays d'origine et le pays de destination. L'Indonésie est consciente de la corrélation qui existe entre les migrants et le développement économique. Les migrations ont eu des répercussions négatives sur l'Indonésie. Le gouvernement a mis l'accent sur l'ajustement des compétences de travail afin d'éliminer les effets négatifs des migrations. Il est encouragé par la proposition d'organiser un colloque technique en 1998.

Mme BENKHELI RACHIDA (Algérie) a présenté un point de situation sur les tendances démographiques récentes en Algérie. Les questions de population figurent dans les priorités et l'Algérie s'est engagée à réguler le rythme d'accroissement démographique plus compatible avec les objectifs qualitatifs escomptés pour la satisfaction des besoins sociaux. Dans les décennies 60 et 70, l'Algérie a connu une période de croissance démographique de 3% par an, induisant un doublement de la population en l'espace de 22 ans. Aujourd'hui encore la population reste caractérisée par sa jeunesse. La part des moins de 20 ans représente plus de la moitié des effectifs. Toutefois, les progrès importants consentis depuis l'indépendance en matière de développement et qui se sont traduits par des progrès substantiels dans divers domaines tels que la scolarisation, la santé ou les conditions d'habitat ont permis des gains rapides dans le sens de la maîtrise de la croissance démographique, dès les premières années de la mise en oeuvre d'une politique volontariste en la matière. Le taux d'accroissement naturel a été réduit de 10 points en l'espace d'une décennie. L'Algérie est entrée dans une phase active de réduction de la fécondité par une adhésion plus affirmée à la planification familiale.

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L'entreprise de redressement nationale dans laquelle l'Algérie s'est engagée intègre un meilleur équilibre entre population et ressources. La planification familiale ne saurait être séparée des autres soins de santé. Les programmes en matière de population sont essentiellement incitatifs et visent à multiplier les canaux de sensibilisation et d'information à destination des populations les plus larges. L'amélioration de la connaissance des faits démographiques tant à travers le renforcement des capacités de collecte de données que par le développement de la recherche opérationnelle fait également partie intégrante des priorités d'action arrêtées pour les prochaines années. La démarche suivie privilégie la multisectorialité, associant tant les secteurs de l'Etat que la société civile et les ONG. Un Comité national de population a été créé en 1996, composé de représentants de différents départements ministériels, institutions nationales et associations. Cette instance consultative doit contribuer à l'animation et au suivi de la politique nationale en matière de population tout comme elle est chargée de l'évaluation de l'état d'application des recommandations de la conférence internationale de la population et du développement.

S'agissant des migrations internationales, la mi-décennie 1990 a été marquée par le renforcement de la prise en compte des besoins de la communauté algérienne à l'étranger. Un Secrétariat d'Etat placé auprès du Ministère des Affaires étrangères a été créé en 1995, chargé de la communauté algérienne à l'étranger. Cette communauté constitue 1/10ème de la population algérienne aujourd'hui. Un Conseil de coordination et de suivi a également été créé, qui constitue la cadre d'organisation et d'expression qui peut permettre à la communauté immigrée de renforcer les lien avec le pays d'origine. Le Gouvernement poursuit les actions globales au niveau institutionnel afin de consolider les liens socio-culturels et économiques en offrant à la communauté émigrée de contribuer à l'oeuvre de redressement national par la mobilisation des capacités d'investissement. Enfin, l'Etat assure la défense des droits de ses ressortissants dans les pays d'accueil.

M. VICTOR SEYCHELL (Malte) a indiqué que les Gouvernements maltais successifs ont constamment mis en oeuvre et amélioré la législation nationale dans le but de promouvoir la mise en oeuvre des objectifs politiques, sociaux et économiques du Programme d'action du Caire. Cette législation garantit les droits et les libertés politiques, ainsi que la protection et l'appui sociaux et économiques nécessaires permettant à tout citoyen de jouir d'une existence épanouie. Chaque année, près de 40% du budget annuel de Malte est consacré à des programmes de nature sociale qui ont un impact direct sur la qualité de vie des citoyens maltais. Les services de santé et d'éducation depuis le stade pré-scolaire jusqu'au niveau tertiaire sont accessibles à tous. Les programmes sociaux maltais garantissent désormais une sécurité adéquate pour les couches les plus vulnérables et les plus désavantagées de la population.

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La société maltaise devient sans cesse plus consciente du rôle central joué par les femmes. La législation garantit déjà l'égalité et l'équité entre les femmes et les hommes. Au début des années 80, le Parlement maltais élisait la première femme Président de la République. Pour la première fois dans l'histoire maltaise, le Président de la Chambre des députés est une femme, et quatre femmes ont été élues au Parlement. Le nouveau Gouvernement maltais comporte une Secrétaire parlementaire aux droits de la femme, dont le principal objectif est d'améliorer la condition de la femme, de permettre aux femmes de réaliser leur plein potentiel et d'être totalement impliquées dans les processus de prise de décisions à tous les niveaux et en partenariat harmonieux avec les hommes.

M. Seychell a annoncé que Malte accueillerait, les 16 et 17 avril prochains, la seconde Conférence euro-méditerranéenne, à laquelle participeront 15 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne et 12 des pays méditerranéens. Cette conférence permettra de passer en revue les progrès accomplis depuis la première conférence euro-méditerranéenne organisée à Barcelone en 1995. Un programme d'action y sera élaboré en vue de renforcer et de consolider les relations politiques, financières, économiques, sociales, culturelles et humanitaires entre les pays de la région. Le but ultime est de faire de la Méditerranée une région de dialogue et de coopération bénéficiant de la paix, de la stabilité et de la prospérité.

M. LI HONGGUI (Chine) a indiqué que l'un des principaux défis démographiques auxquels son pays est aujourd'hui confronté est de stabiliser le niveau de fertilité auquel il est parvenu. Des difficultés existent en particulier dans les campagnes, et notamment dans les zones rurales pauvres où la main-d'oeuvre fait défaut. Le Gouvernement chinois privilégie à ce niveau une gestion intégrée des politiques de population et de développement, en intégrant les programmes démographiques à l'aide accordée aux régions pauvres, offrant aux populations des services globaux dans les domaines de la production agricole, de la vie quotidienne et de la maternité, notamment le transfert des connaissances techniques et autres. Priorité est donnée à cet égard aux familles pauvres qui pratiquent le planning familial. Ces familles peuvent ainsi en premier lieu sortir de leur pauvreté et jouer un rôle exemplaire en acquérant un meilleur niveau de vie avec moins d'enfants.

Les travailleurs sociaux s'occupant du planning familial offrent non seulement des services en matière de planification familiale pour les personnes en âge de procréer, mais invitent en outre les experts des départements concernés à leur transmettre des connaissances et des informations utiles dans le domaine de la production agricole. Ces travailleurs sociaux aident même les personnes concernées à trouver de nouveaux marchés pour leurs produits et à surmonter les difficultés de la vie quotidienne. Cette approche intégrée est également reflétée à d'autres niveaux, notamment dans les services d'éducation. La planification familiale

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est ainsi devenue dans les villes une pratique volontaire, et une grande majorité de la population urbaine n'a plus qu'un enfant. Les mouvements de migrants constituent toutefois dans le pays un problème extrêmement compliqué qui devra être résolu. A la fin de l'année dernière, la population chinoise a atteint 1,23 milliard de personnes, a par ailleurs indiqué le représentant. En dépit du déclin notable des taux de natalité et d'augmentation naturelle de la population, la population totale continuera d'accroître rapidement. Ceci entraînera inévitablement de nombreux problèmes dans les domaines économique et social. En raison de l'émergence d'une population âgée, la Chine sera confrontée à une double pression démographique : à la fois un important niveau de population et une structure démographique vieillissante. Les programmes démographiques, en tant que composantes de la stratégie globale de développement durable du pays, devront donc être encore améliorés et renforcés. Le représentant a lancé un appel pour un renforcement des échanges et de la coopération en matière de population, de manière à promouvoir le développement durable et la stabilisation de la population de la planète.

M. FELIPE H. MABILANGAN (Philippines) a déclaré que son pays allait tenir compte des résultats des dernières conférences internationales. Il a déploré la pénurie de données sur le sujet et a appuyé la nécessité de comprendre les liaisons complexes entre le développement durable et les migrations. La délégation des Philippines salue la décision du groupe de travail du CAC de convoquer un symposium technique sur la migration et les réfugiés. Ce symposium devra se limiter aux problèmes des migrations internationales. Les migrations internationales ont changé et deviennent importantes. En 1995, un nombre important de travailleurs migrants venaient des Philippines. Le gouvernement fournit un appui pour l'intégration et l'aide à l'emploi de Philippins qui reviennent au pays. Il souhaite baisser le taux de migration car le pays a connu une croissance économique soutenue ces dernières années. Les politiques des pays d'accueil deviennent plus restrictives, a souligné le représentant Les Philippines, qui a encouragé les pays qui ne l'ont pas encore fait à ratifier la Convention sur les droits des travailleurs migrants et de leurs familles. La famille est une entité fondamentale de la société et doit être protégée par l'Etat. La marginalisation des travailleurs internationaux, le déni de leurs droits produit des effets néfastes sur les travailleurs migrants et sur leurs hôtes. Le Programme d'action adopté lors de la CIPD fait que l'on va prendre des mesures au niveau de la communauté internationale. Il faut recenser les causes premières des migrations internationales; encourager davantage la coopération et le dialogue entre les pays d'origine et les pays de destination; et il faudrait peut-être convoquer une Conférence internationale sous l'égide de l'ONU sur les migrations et le développement. Un point relatif à cette dernière question a été inscrit à l'ordre du jour de la 52ème session de l'Assemblée générale. Une renaissance économique du pays d'origine est nécessaire pour favoriser le retour des migrants et il faut les y aider.

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M. ABDERRAZAK AZAIEZ (Tunisie) a déclaré que son pays a mis en oeuvre un Programme d'action qui a pour objectif ultime l'élimination de la pauvreté. Une évaluation des problèmes de la femme et de l'enfant a été réalisée. Le gouvernement tunisien a conçu le développement de la femme comme la pierre angulaire du dispositif économique et social de lutte contre la pauvreté. La femme est encouragée à s'imposer comme agent de développement au même titre que l'homme. Le couronnement de cette approche a été la mise sur pied du Fonds de solidarité nationale qui vise à réduire l'exclusion en associant les catégories sociales à faible revenu à un développement intégré. En raison de l'impact positif du Fonds, la Tunisie a décidé de mettre en oeuvre un programme national plus ambitieux pour renforcer le sens de la dignité et de l'appartenance nationale. L'autre volet de la politique tunisienne porte sur la promotion des droits fondamentaux des migrants. La Tunisie a inclus un chapitre social pour la garantie et la promotion des droits fondamentaux des ressortissants tunisiens afin qu'ils bénéficient de l'égalité de traitement dans les pays d'accueil. L'orientation de ce plan est conforme à l'objectif assigné par les conférences internationales dont celle du Caire. Par ailleurs, il faudrait concrétiser et développer la coopération Sud-Sud. Cet objectif serait également conforme aux objectifs du Caire. La Tunisie réaffirme son engagement à mettre en oeuvre le concept global de santé génésique. En ce qui concerne le groupe de travail sur les migrations internationales et son intention d'organiser un Colloque technique sur les migrations internationales qui servirait de cadre à l'examen de la portée des politiques nationales sur les migrants, la Tunisie ne peut qu'appuyer le principe d'une telle réunion. Cependant, la question des réfugiés est importante, mais la Tunisie ne saurait appuyer la tenue d'un colloque où les deux questions seraient imbriquées.

M. RODOLFO TURAN (Mexique) a souligné que les migrations internationales constituent l'un des phénomènes mondiaux les plus aigus de notre époque. Elles continueront de figurer pendant longtemps au premier rang des questions auxquelles devra s'attaquer la communauté internationale. Ce défi doit être envisagé avec un esprit de coopération et dans le respect des souverainetés internationales. Le Mexique reconnaît le droit de tout pays de veiller, dans le plein exercice de sa souveraineté, au contrôle de ses frontières ainsi que de faire appliquer les lois et règlements opportuns pour réglementer l'entrée et le séjour des étrangers sur son territoire. Une telle démarche ne doit pas pour autant se traduire par la violation des droits des travailleurs migrants.

Evoquant les mesures mises en oeuvre par le Mexique pour régler les problèmes d'immigration avec les Etats-Unis, le représentant a souligné que le groupe de travail sur l'immigration de l'Assemblée nationale mexicaine tente en la matière de trouver des solutions qui satisfassent les deux pays. Des négociations bilatérales sont ainsi constamment tenues avant d'annoncer toute décision prise en matière d'immigration qui affecte le pays voisin. De même, des mécanismes d'échange sont aménagés entre les représentants consulaires et les autorités américaines en matière d'immigration. Le lancement d'une étude

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sur le problème de la migration apportera en outre une connaissance plus objective de ce phénomène. Le représentant s'est dit convaincu que les deux gouvernements sauront dégager des solutions à l'avantage des deux pays. La coopération entre le Mexique et le Canada en matière d'immigration est elle aussi fructueuse, a-t-il ajouté. Le Mexique s'inquiète par ailleurs du traitement réservé aux travailleurs migrants venant de sa frontière du sud, et a décidé de renforcer les efforts visant à assurer le respect de leurs droits politiques.

M. Y.N. CHATURUEDI (Inde) a indiqué que l'un des objectifs du nouveau plan quinquennal de son pays est de lier davantage les programmes démographiques aux besoins réels des populations. Pour ce faire, le Gouvernement tente de mettre en place un système d'interaction au niveau local. Au niveau du terrain, il convient d'impliquer au maximum les travailleurs sociaux. Pour ce faire, un nouveau système d'indice de la santé sera mis au point, et la réalisation des objectifs des différents programmes dans les quelque 500 districts indiens sera évaluée. Cette tâche de grande envergure permettra aux autorités locales d'évaluer la situation de chacun de ces districts et de prendre les mesures correctives appropriées, le cas échéant.

En novembre et décembre 1996, le gouvernement indien a lancé des programmes médicaux en faveur de plus de 100 millions d'enfants scolarisés, programmes qui ont été comblés de succès. Le gouvernement s'efforce par ailleurs d'augmenter le taux de participation des hommes en matière de programmes démographiques. L'information et l'éducation sont à la base de ces efforts. L'Inde s'attache en ce domaine à faire preuve d'un esprit novateur, en collaboration avec les organisations non gouvernementales (ONG). Si, avec l'ouverture du marché du travail, nombre d'Indiens cherchent des emplois à l'étranger, l'Inde, fidèle à sa tradition de pays d'accueil, reçoit également nombre de travailleurs migrants. Elle s'efforce de tenir également compte, dans ses programmes en matière de population, de la santé et du bien-être de ces personnes. Le gouvernement indien accorde en outre une grande priorité au problème des migrations. Il se félicite à cet égard de la coopération fructueuse avec plusieurs institutions des Nations Unies.

M. BORIS AVRAMENKO (Fédération de Russie) a souligné que la Russie a connu une période critique en matière de démographie depuis le début des années 1990. La population continue de baisser. Elle a diminué d'1 million de personnes depuis 1993-1994. La mortalité infantile est importante. Un grand nombre de personnes souffrent de maladies sanguines et vasculaires, qui accroissent le taux de mortalité. La population est frappée de problèmes respiratoires et digestifs, et certaines maladies réapparaissent, comme la tuberculose. Les gens meurent de plus en plus tôt. Les hommes en âge de travailler meurent quatre fois plus que les femmes. Le taux de mortalité est de 14,3%. contre 10,3%.. Le taux de natalité est de 9%. en 1995 contre 12%. en 1992. Les comportements ont changé en matière de santé génésique. La structure de la population deviendra défavorable dans la Fédération de Russie. Le gouvernement va définir une stratégie globale en matière de démographie, qui s'inscrira dans la politique sociale.

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M. CRISPIAN TAN (Singapour) a déclaré que la population de son pays est constituée principalement de descendants d'immigrants. Sur trois millions de personnes, 77% est d'origine chinoise, 15% malaise et 7% viennent d'Inde. Cette composition pluriethnique forge l'aspect de la vie civile à Singapour. Le gouvernement a entrepris une planification de la population il y a 31 ans, soit à la naissance de l'Etat. Cette planification fait partie intégrante du développement socio-économique de Singapour. Un Conseil de la planification familiale et de la population a été mis en place et mène des campagnes d'éducation. En 1975, le taux de fécondité a atteint le taux de remplacement. Il était de 1,4 enfants par femmes en 1986. Si cela se perpétue, le taux de croissance de la population va devenir négatif. Cette tendance est difficile à renverser. Aussi, la politique actuelle cherche à le ramener au taux de remplacement. L'exécution de nouvelles mesures s'effectue par le biais d'une approche pluridisciplinaire. Cependant, c'est toujours aux parents qu'il revient de décider de la taille de leur famille.

La circulation des personnes n'a cessé de s'accroître, et Singapour essaie de savoir comment aborder ce problème complexe. Il estime que, si la communauté internationale doit connaître du problème des migrations internationales, l'ONU dispose déjà d'un cadre juridique et institutionnel qui peut traiter de ce problème. La deuxième Commission a déjà abordé cette question, qui est inscrite à l'ordre du jour de la 52ème session de l'Assemblée générale. Il est préférable de se concentrer sur les engagements pris lors de la CIPD, du Sommet social, de la quatrième conférence mondiale sur les femmes et de la deuxième conférence des Nations Unies sur les établissement humains (Habitat). Un colloque technique, s'il est approuvé par l'Assemblée générale, devrait se concentrer sur les aspects techniques du sujet, tels que des questions de définition ou sur les racines des migrations internationales.

Mme YENER (Turquie) a indiqué que la population turque atteindra, au XXIe siècle, 95 millions de personnes, et demeurera constante, selon les estimations. En 1993, la quasi-totalité des femmes turques utilisaient un type de planification familiale, chiffre qui atteignait 80% chez les femmes mariées. Le taux de contraception des Turques s'élève en outre à 63%. Il est à noter que les hommes ont joué un rôle très important dans la généralisation des méthodes de contrôle de la fertilité. De son côté, la mortalité infantile a décliné sensiblement, même si des différences persistent d'une région à une autre : la mortalité infantile générale était ainsi de 42,2 pour mille en 1993. Grâce aux efforts gouvernementaux, de meilleurs services de santé sont apportés aux femmes et aux enfants. Toute la population bénéficie en outre d'une amélioration réelle des conditions économiques et sociales. La Turquie passe par une phase d'urbanisation rapide : le pourcentage de population urbaine est aujourd'hui de 62,2%, ce qui a entraîné de nombreux problèmes économiques et sociaux dans les grandes villes.

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La Turquie a commencé à encourager les migrations vers d'autres pays d'Europe occidentale à la fin des années 60. La population turque s'est ainsi éparpillée sur la planète tout entière. Depuis 1992, le nombre annuel de travailleurs migrants turcs était de 59 000, dont 4,4% du total annuel pour l'Europe, le reste s'installant dans les pays de la Communauté des Etats indépendants et l'Afrique représente le reste. Les travailleurs turcs installés à l'étranger jouent un rôle favorable en ce qui concerne le développement des pays en transition. Le nombre de Turcs vivant à l'étranger est de 3,3 millions. La part des travailleurs ressortissants turcs en Europe diminue. La représentante a souligné que les migrants turcs se trouvent confrontés aux problèmes de tout travailleur migrant : ils sont ainsi davantage touchés par le chômage que les travailleurs nationaux. Ils sont également plus faiblement rémunérés qu'eux. Ainsi, en Allemagne, les travailleurs turcs reçoivent moins de la moitié de la rémunération des travailleurs allemands. Le ministère turc du travail a lancé des campagnes de formation professionnel à l'intention des Turcs vivant en Europe. En 1996, le nombre d'étudiant turcs à l'étranger est passé à 740 000, dont 63% en Allemagne. Ceci constitue une bonne indication de l'intégration dans les pays d'accueil. Le Gouvernement turc s'efforce d'assurer que ses travailleurs migrants vivent dans la sécurité et ne sont pas soumis à quelque discrimination que ce soit. Dans cet esprit, le nouveau plan quinquennal du pays prévoit la création d'offices qui représenteraient la Turquie dans les pays ou régions où elle ne l'est pas et où les citoyens turcs sont nombreux à travailler.

M. RICHARD CORNELIUS (Etats-Unis) a souligné que s'ils sont l'un des pays les plus riches du monde, les Etats-Unis n'en continuent pas moins d'avoir des poches de pauvreté dans les villes et dans les campagnes. Le taux de croissance des grossesses parmi les adolescentes demeure ainsi, en particulier, l'un des plus élevés de tous les pays industrialisés. Les Etats- Unis sont également particulièrement intéressés par les problèmes de population en tant que pays donateur important. Ainsi, la moitié de l'aide au développement qu'ils consacrent aux pays d'Outre-mer continue d'aller à des domaines essentiels couverts par la Conférence du Caire, dont, entre autres, ceux de la planification familiale, de la santé génésique, et de l'éducation des femmes.

Le représentant a estimé que quatre défis se présentent aujourd'hui à la communauté internationale dans le domaine de la population et du développement. Il est nécessaire en premier lieu de renforcer les efforts de plaidoyer en faveur du Programme d'action du Caire. Il convient de redoubler d'efforts pour renforcer le soutien public à ce Programme et les politiques en matière de programmes démographiques. Ceci est particulièrement essentiel en vue de contrer les attaques dont les programmes en matière de population font l'objet de la part de certaines organisations s'opposant au consensus pourtant large réalisé au Caire. Le deuxième défi est de rendre opérationnels les différents programmes de santé génésique. Dans le cadre de ces programmes,

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l'USAID a pris des initiatives nouvelles en faveur des jeunes ainsi que dans le domaine des soins après avortement, initiatives qui complètent les travaux du FNUAP et de l'UNICEF en la matière. Le troisième défi est d'améliorer la diffusion des moyens de contraception ainsi que leur gestion logistique. Il faut évaluer de manière appropriée les besoins de manière à assurer la fourniture des points de prestation. Enfin, il faut montrer le caractère de rentabilité des programmes exécutés en ce domaine. La capacité de mobiliser ce qui est nécessaire pour appliquer les programmes démographiques dépend en effet de la capacité de montrer que ceux-ci ont des conséquences significatives. Il convient à cet égard, entre autres, d'améliorer les indicateurs de santé et de reproduction, ainsi que la collecte des données. Le représentant a assuré que les Etats-Unis continueront de soutenir vigoureusement les objectifs de la Conférence du Caire.

M. CASTRO (Panama) a déclaré que son pays se trouve dans une situation de transition démographique. La capitale a un indice de développement comparable à celui de l'Espagne mais d'autres villes ont des indices proches de ceux de pays très faiblement développés. La politique démographique du pays tend vers la recherche d'une qualité de développement social. En ce qui concerne les migrations, le Panama estime qu'elle doit être examinée au cas par cas. Il faut tenir compte des relations bilatérales entre pays d'origine et d'accueil pays, des relations entre les pays qui sont à la fois pays d'origine et pays d'accueil et des problèmes des migrants qui se trouvent dans des pays de transit. Le Panama, qui a accueilli nombre de migrants d'Amérique latine et des Caraïbes, accorde la plus grande importance à l'organisation d'un colloque qui permettrait l'examen de tous les processus migratoires dans le cadre d'un développement durable. Des mesures bilatérales et multilatérales favoriseront la réduction des risques et rendront possible l'exploitation des possibilités des migrations.

Mme HAZEL ESCRICH DE GUILLEN (El Salvador) a déclaré que son pays a été en 1974 le premier pays d'Amérique centrale à mettre en oeuvre une politique démographique spécifique. Ce petit territoire recherche l'harmonie entre la croissance de la population et le développement du pays. La caractéristique principale de la politique menée par le Salvador est qu'elle fondée sur les droits de l'homme : droit à la vie, à la sécurité, à la liberté des personnes. Ceci s'inscrit dans le cadre du plan d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement. De 1955 à 1994, l'espérance de vie pour les deux sexes a augmenté de plus de 20 ans. Le taux global de fécondité est de 3,4 enfants par femme, et a été réduit de 50%. La mortalité infantile a également été considérablement réduite.

En ce qui concerne les migrations, le Gouvernement du El Salvador a veillé à la situation de ses habitants à l'étranger. Une conférence régionale sur les migrations et le développement a eu lieu à Puebla en 1996, et a réaffirmé le fait que les origines, manifestations et effets des migrations sont d'importantes questions de la communauté internationale. Le Salvador estime que le phénomène de migration a un caractère bénéfique et il lutte

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contre les violations des droits de l'homme des travailleurs migrants. Si le Colloque doit avoir un caractère technique, les objectifs doivent être définis. Le cadre de la Conférence du Caire est suffisamment large et il est important d'encourager la mise en oeuvre de ses programmes d'action. En ce qui concerne la femme, un Institut du développement de la femme a été ouvert au El Salvador et un document de politique nationale a été élaboré à cet effet. Parmi les premières mesures figure le renforcement du programme de renforcement des relations familiales pour résoudre les problèmes de violence domestique. Le Secrétariat national de la famille reste en contact avec les institutions qui oeuvrent dans ce domaine.

M. CHO (République de Corée) a indiqué que le taux de fécondité de son pays est passé de 6% en 1969 à 1,7% en 1988. Parallèlement, l'économie de la Corée a connu, depuis les années 60, un taux de croissance très important. En 1995, le recensement de la population a fait apparaître un chiffre de 55,1 millions de personnes. Divers programmes de grande envergure ont été mis en place, du type de ceux lancés dans les années 60. L'utilisation des moyens de contraception est élevée, et le développement économique a modifié la vie de famille. Le Gouvernement a mené diverses campagnes pour aider les femmes, ainsi que pour sensibiliser en vue de promouvoir l'égalité des sexes. D'autres programmes s'adressant aux femmes visent par exemple à élargir le rôle des femmes mariées dans la société. Les hommes coréens commencent à accepter de manière progressive ce changement du rôle des femmes dans le pays.

Conformément au Programme d'action, le Gouvernement coréen a pris un certain nombre de mesures importantes pour assurer des prestations de sécurité sociale et des compensations aux travailleurs étrangers, même ceux qui n'ont pas de papiers. Le vieillissement de la population a par ailleurs des conséquences sur le coût de la santé. La réalisation de politiques fructueuses en matière démographique dépend pour une large part d'un engagement fort à tous les échelons. Dans un environnement international de plus en plus mondialisé, les échanges d'expériences entre les pays sont de plus en plus importants si l'on désire améliorer les conditions de vie des populations.

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