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SG/SM/6162

LORS D'UNE RÉUNION MINISTÉRIELLE, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QU'IL FAUT APPLIQUER UNE STRATÉGIE COMMUNE POUR LA PHASE FINALE DU PROCESSUS DE PAIX AU LIBÉRIA

24 février 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6162


LORS D'UNE RÉUNION MINISTÉRIELLE, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DÉCLARE QU'IL FAUT APPLIQUER UNE STRATÉGIE COMMUNE POUR LA PHASE FINALE DU PROCESSUS DE PAIX AU LIBÉRIA

19970224 On trouvera ci-après la déclaration que le Secrétaire général Kofi Annan a faite lors de la deuxième Réunion ministérielle de la Conférence spéciale à l'appui du processus de paix au Libéria, le 20 février à New York :

Je suis heureux de vous souhaiter la bienvenue à tous à l'occasion de cette deuxième Réunion ministérielle de la Conférence spéciale à l'appui du processus de paix au Libéria. Vous me permettrez de rendre hommage aux principaux organisateurs de cette rencontre pour les efforts qu'ils ont déployés à ce titre : les États-Unis, agissant au nom du Groupe de contact international, le Nigéria, au nom de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), et les Pays-Bas. Je remercie tout particulièrement le Ministre Jan Pronk des Pays-Bas, qui a pris l'initiative d'organiser cette rencontre, destinée à réunir les donateurs qui s'intéressent au Libéria, les États de la région et le système des Nations Unies.

Au cours des trois derniers mois, le processus de paix au Libéria a été marqué par une évolution très positive de la situation. Des progrès importants ont été réalisés en ce qui concerne le désarmement des combattants; la société civile a été revitalisée, le Groupe de contrôle de la CEDEAO a continué d'étendre son autorité et le sentiment de vivre en sécurité est plus important qu'il a jamais été ces derniers temps. Au Libéria, on constate aujourd'hui que tous les éléments de la population appellent de leurs voeux la tenue d'élections anticipées; depuis quelques jours, des mesures concrètes ont été prises pour réaliser cet objectif.

L'évolution constatée est encourageante. Elle découle du fait que le peuple libérien est résolu à reprendre le contrôle de son pays, que la CEDEAO est prête à tout sacrifier pour la cause qu'elle défend et que l'ensemble de la communauté internationale manifeste un intérêt constant pour le Libéria. Celui-ci tient là la meilleure chance qu'il ait jamais eue de voir s'instaurer une paix durable.

Mais en dépit de cette évolution positive, beaucoup reste à faire. Plus d'une douzaine d'accords de paix ont déjà essuyé un échec : nous voilà mis en garde contre toute autosatisfaction. Il nous faut certes prendre acte des progrès considérables qui ont été accomplis, mais nous devons à présent intensifier nos efforts, non baisser notre garde.

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Il faut maintenir la pression — sur les parties et sur nous-mêmes. La dynamique doit être entretenue. C'est la raison pour laquelle cette réunion est tout à fait opportune et nécessaire.

Huit questions essentielles sont inscrites à l'ordre du jour de cette réunion. Chacune d'entre elles fera l'objet de discussions approfondies. Mais lorsque vous aborderez chaque problème posé et que vous chercherez à en faire avancer l'examen ou à y apporter des solutions, trois impératifs essentiels s'imposeront à vous. Premièrement, nous devons avoir la volonté politique de faire ce qui doit être fait au Libéria. Deuxièmement, nous devons trouver le courage de coopérer afin d'accomplir ce qui doit l'être au Libéria. Troisièmement, nous devons être disposés à trouver et à fournir les ressources nécessaires pour mener à bien la tâche à accomplir au Libéria. Les chances de succès au Libéria dépendent de la façon dont chacun d'entre nous saura faire face à ces trois impératifs.

Tout le monde sait ce que la communauté internationale doit faire pour offrir les meilleures chances de succès au processus de paix au Libéria. Des contingents et des ressources additionnels doivent être fournis au Groupe de contrôle de la CEDEAO de façon à lui permettre de continuer à contribuer au maintien de la sécurité, en particulier en vue du processus électoral. Il convient d'encourager les combattants démobilisés à se réinsérer dans la société civile et de leur donner les moyens de le faire. Les programmes de réinsertion doivent être renforcés. Les institutions de base du gouvernement et de la société doivent être remises en activité. Les conditions d'élections libres et régulières doivent être créées. Et chacun d'entre nous doit résister par tous les moyens disponibles à toutes les tentatives qui seraient faites pour faire dérailler le processus de paix.

Voilà les tâches à accomplir. Il s'agit de tâches qui peuvent être menées à bien et de problèmes qui peuvent être résolus. Nous en avons les moyens. À nous d'apporter la preuve — à la fois à la population libérienne et à nous-mêmes — que nous avons la volonté politique de faire ce qui doit être fait.

Mais nous ne pourrons réussir que si nous sommes unis dans l'action — et non pas seulement dans l'intention. Dans le passé, le fait que les principaux acteurs extérieurs n'ont pas su opposer une approche politique commune à la crise libérienne a sans nul doute empêché de réaliser les progrès politiques nécessaires à l'élaboration d'une solution. Aujourd'hui, en revanche, l'évolution positive constatée dans le processus de paix doit beaucoup au succès des efforts entrepris pour instaurer une plus grande cohésion politique dans le cadre des mesures prises par les principaux acteurs extérieurs associés au processus de paix au Libéria.

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Alors que nous entrons dans une phase nouvelle et définitive du processus de paix au Libéria, cette coopération doit être renforcée. Nous devons tous nous en tenir à une approche commune ainsi qu'à une stratégie commune d'exécution. Je suis convaincu que la tâche ne sera pas toujours facile, mais je suis déterminé à faire en sorte que l'Organisation des Nations Unies et ses partenaires — et principalement la CEDEAO — coopèrent de la façon la plus étroite.

Cette réunion ministérielle n'est pas une conférence d'annonce de contributions. Mais le succès ne sera possible que moyennant l'apport de ressources supplémentaires — en faveur du Groupe de contrôle de la CEDEAO, pour l'exécution des tâches assignées à la Mission d'observation des Nations Unies au Libéria (MONUL) et au titre de l'assistance humanitaire, du processus électoral et de la reconstruction et du relèvement sur le terrain. Il est important et nécessaire que les décisions politiques prises pour appuyer ces efforts le soient maintenant. Trop souvent dans le passé, nous nous sommes lancés dans l'exécution de tâches essentielles et nécessaires pour nous apercevoir que les moyens financiers "ne suivaient pas", avec toutes les conséquences catastrophiques qui en ont résulté. Je vous demande de faire en sorte que nos efforts communs au Libéria ne connaissent pas le même sort.

La paix ne sera pas facile à restaurer au Libéria et beaucoup reste à faire. Alors que la phase électorale s'ouvre véritablement, de nombreuses tâches doivent être menées à bien et des décisions essentielles prises. La CEDEAO et les parties libériennes doivent encore mettre définitivement au point le cadre électoral.

Il reste à décider si les élections doivent être conduites seulement dans des sanctuaires ou à l'échelle du pays, à arrêter les modalités suivant lesquelles la "co-coordination" entre l'Organisation des Nations Unies et la CEDEAO sera mise en place et à se prononcer sur les contributions à verser par l'Union européenne et d'autres entités, ainsi que sur le type et la portée de l'assistance dont les autorités électorales libériennes auront besoin.

J'espère être en mesure de présenter sous peu au Conseil de sécurité des recommandations sur la façon dont la MONUL et l'Organisation des Nations Unies peuvent aider le Libéria à vivre cette dernière phase critique. Toutes les questions restant à régler doivent l'être dans les meilleurs délais si nous voulons respecter la date limite du 30 mai que nous nous sommes fixée.

Nous n'avons jamais été si près du but au Libéria. Au nom de ceux qui continuent d'être aux prises avec ce brutal conflit, nous ne devons pas laisser cette chance nous échapper. Aujourd'hui, il y a des raisons d'être optimiste. Espérons que l'avenir immédiat nous permettra de passer de l'optimisme à la confiance.

Je vous remercie d'être présents ici et je vous souhaite plein succès dans vos travaux.

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