En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6156

TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL M. KOFI ANNAN, TENUE AU SIEGE LE 13 FEVRIER 1997

13 février 1997


Communiqué de Presse
SG/SM/6156


TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL M. KOFI ANNAN, TENUE AU SIEGE LE 13 FEVRIER 1997

19970213

M. Eckhard (interprétation de l'anglais) : Bonjour. Le Secrétaire général vous a dit qu'il se mettrait à votre disposition de temps à autre pendant l'année. Sa première conférence de presse a eu lieu, évidemment, après son élection mais avant son entrée en fonctions. Voici donc à présent une occasion pour lui de répondre à vos questions après six semaines au poste de Secrétaire général. Je crois qu'il a quelques remarques à faire sur les efforts qu'il a faits en six semaines dans la réforme de l'ONU, et ensuite il pourra répondre à vos questions sur tous les sujets. Monsieur le Secrétaire général?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Merci beaucoup Fred. Je suis très heureux de vous voir tous à nouveau. On n'a pas l'impression que nous sommes tous dans le même bâtiment : j'ai eu plus souvent l'occasion de vous voir qu'au cours des six derniers mois.

Je sais que le processus de réforme n'a pas avancé assez rapidement. Lundi, lorsque j'ai déjeuné avec les membres du Conseil de sécurité, je leur ai présenté mes excuses pour n'avoir pas pu accomplir toutes les réformes en cinq semaines. L'Ambassadeur de Russie s'est empressé de faire observer que j'avais eu plus de temps que Dieu. Mais je lui ai également répondu qu'Il avait le grand avantage de travailler seul, sans commissions et sans avoir à rendre compte à 185 Membres. Mais, je tiens à vous dire que les réformes sont en cours; et j'ai eu l'occasion de dire qu'il s'agit d'un processus et non pas d'un événement, et que le changement doit être géré.

J'entends conduire ce processus en tant que principal fonctionnaire de l'Administration, et j'ai introduit M. Strong qui va collaborer avec moi dans ce processus. J'entends entreprendre les mesures qui relèvent de mes pouvoirs pour rationaliser le Secrétariat et améliorer les processus de gestion sans attendre l'approbation des gouvernements. Et j'ai indiqué que je présenterais un rapport à la fin juillet. Ce rapport comprendra tout ce que nous aurons fait du 1er janvier jusqu'à la fin juillet, et il contiendra des propositions nécessitant l'approbation des gouvernements, et nous indiquerons ce que nous souhaitons faire à partir de là. Nous avons établi un document de deux pages qui sera distribué ce matin et qui donne une idée de ce que nous avons fait.

J'ai également institué une démarche fondée sur le principe d'un cabinet, et je rencontre chaque mois tous les Secrétaires généraux adjoints et tous les chefs de programme, y compris du PNUD, de l'UNICEF et du FNUAP. En outre, j'ai créé quatre groupes de base s'occupant de la paix et de la sécurité, des questions humanitaires et de développement, des questions sociales et économiques et, bien sûr, des droits de l'homme, qui englobent tous les autres aspects. Cela exige que tous les Secrétaires généraux adjoints dans chaque groupe, se réunissent une fois par semaine pour harmoniser leurs activités, prendre des décisions le cas échéant et me soumettre les questions de politique. Je crois qu'il y a là un changement majeur dans la façon dont nous faisons les choses dans cette enceinte.

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Je crois que grâce à cet effort de rationalisation, comme beaucoup d'entre vous le savent j'ai donné l'exemple dans mon propre bureau en supprimant trois postes de conseillers supérieurs, et en encourageant les chefs de département intéressés à descendre eux-mêmes au Conseil de sécurité pour lui donner des informations sur des questions dont ils traitent plutôt que d'envoyer un haut responsable. Je crois que cela a également contribué à produire davantage d'ouverture. Dans les réunions que j'ai moi-même au plus haut niveau, j'invite un chef de département et un fonctionnaire à assister aux réunions, et de cette façon le personnel se sent engagé et a le sentiment d'avoir le contrôle des projets qu'ils gèrent.

J'ai également décidé que nous devrions essayer de réduire la documentation de 25 % au cours de l'année. J'espère que tous les États Membres accepteront cela et que les directeurs de programmes collaboreront avec moi pour atteindre cet objectif.

Je crois que je vais m'interrompre ici et répondre à vos questions. Comme l'a dit Fred, vous pouvez poser des questions sur tout ce que vous voulez.

Question (interprétation de l'anglais) : Lors de la conférence de presse au début du mois, Fred Eckhard a dit que vous avez eu des discussions avec Mme Gro Harlem Brundtland. Ma question est la suivante : Avez-vous proposé à Mme Gro Harlem Brundtland un emploi en tant que numéro deux?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : J'ai effectivement rencontré Mme Gro Brundtland, pour laquelle j'ai le plus profond respect. C'est une dirigeante fort capable, non seulement au niveau national, mais aussi au niveau international. Je n'ai pas de poste de Secrétaire général adjoint à offrir, et je ne lui ai donc pas offert de poste. Il a été pris acte du fait que je lui ai dit que j'étais favorable à la création d'un poste de Secrétaire général adjoint et que j'envisageais très sérieusement une candidate.

Question (interprétation de l'anglais) : Avez-vous d'autres candidates que Mme Gro Harlem Brundtland?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je n'ai pas de candidate à ce stade.

Question (interprétation de l'anglais) : Selon certaines critiques, non seulement vous avancez trop lentement, mais vous vous appuyez sur des fonctionnaires qui étaient déjà en poste et qui ne font pas preuve de suffisamment d'audace. Je me demande ce que vous pensez de cette critique.

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois que ce qui est sous-entendu ici, c'est que les personnes qui sont en place depuis longtemps ne peuvent pas être efficaces. Je ne partage pas ce point de vue.

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Lorsque l'on examine l'équipe que j'ai formée, on s'aperçoit qu'il y a deux nouvelles nominations dans deux domaines importants : les départements des opérations de maintien de la paix et des affaires politiques. Il y a eu également plusieurs promotions à l'intérieur et la continuité pour d'autres. C'est dire qu'il y a trois groupes : des éléments nouveaux, des promotions pour récompenser talents et compétence, et la continuité. Et à mesure que nous avançons dans l'année, il y aura d'autres changements. Je le répète encore une fois, la réforme est un processus, ce n'est pas un événement ponctuel. Il y aura d'autres changements et vous verrez que l'équipe qui sera constituée manifestera sa compétence, sa cohésion et son équilibre.

Le Modérateur (interprétation de l'anglais) : J'ai enfreint le protocole en n'offrant pas au représentant de l'Association des correspondants de poser la première question. Ian Williams, s'il vous plaît?

Question (interprétation de l'anglais) : Je vous pardonnerai pour cette fois. (Au Secrétaire général) : Je tiens à vous souhaiter la bienvenue au nom des correspondants. Je présente les excuses de notre Président, Raghida Dergham, qui est à Washington. Il était sur le point de venir, mais finalement n'a pas pu.

D'après les informations parues dans la presse, tout le monde s'accorde pour dire que les Nations Unies veulent des réformes. Mais vous avez vous-même reconnu qu'il y avait différentes opinions quant aux réformes qui seraient nécessaires. Et l'une des cibles à cet égard semble être le rôle des institutions de Bretton Woods, dont on pense que depuis de nombreuses années elles sont censées faire partie du système des Nations Unies. Mais il y a un an, le G-7 faisait de sérieux efforts pour qu'elles contrôlent le système des Nations Unies dans les domaines économique et du développement. Que pensez-vous de leur rôle au sein du système des Nations Unies? Allez-vous leur rappeler qui contrôle le système?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Ce que j'ai dit d'emblée, je pense, c'est que j'allais essayer d'amener les Nations Unies et ses institutions, y compris les institutions de Bretton Woods, à travailler davantage comme un système. Mes premières rencontres ont été avec Jim Wolfensohn, de la Banque, et avec M. Camdessus, du FMI, et nous avons convenu de travailler en très étroite coopération. J'ai également rencontré le responsable de l'OMC, et à mesure que nous examinons les réformes et les efforts de restructuration dans les domaines économique et social, nous ne nous limitons pas au Secrétariat en tant que tel; nous examinons l'ONU, les fonds et les programmes, et, bien entendu, les relations avec les autres institutions. Je m'attends à engager Jim Wolfensohn, Camdessus, Speth et les autres responsables plus efficacement dans le domaine économique.

Je n'essaierai pas, bien sûr, de réformer tout le système en une seule fois; nous devons aborder le problème selon ce qui est possible. Aussi vais-je d'abord me concentrer sur le Secrétariat, les fonds et les programmes qui

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dépendent directement de l'ONU. Ensuite, nous verrons comment nous pouvons amener tout le système à travailler ensemble en temps que système. J'accorderai beaucoup d'importance au domaine économique. C'est la raison pour laquelle je suis allé à Davos, et je pense que certains d'entre vous ont vu la déclaration que j'y ai faite. J'attends beaucoup d'une synergie des efforts entre les institutions de Bretton Woods et nous-mêmes. Je ne crois pas que nos rôles doivent se faire concurrence; ils doivent être complémentaires. Il y a des choses de le PNUD fait mieux que la Banque et il y a des choses que la Banque fait mieux que nous. Si nous mettons en commun nos efforts et si nous oeuvrons à la réalisation d'objectifs communs, nous aurons de bien meilleurs résultats. Nous allons nous y mettre très activement.

Question (interprétation de l'anglais): Il y a deux questions dont vous avez hérité de vos prédécesseurs : le Timor oriental et l'Angola. Est-ce que vous avez des raisons d'être plus optimiste que vos prédécesseurs en ce qui concerne une solution au Timor oriental? Et pour l'Angola, pensez-vous que durant votre mandat, nous pourrons connaître une paix définitive dans ce pays?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Comme Fred vous l'a certainement dit, je crois que pour le Timor oriental, nous allons faire avancer les pourparlers; j'ai eu l'occasion d'avoir des entretiens avec les deux gouvernements à un niveau élevé. L'un et l'autre sont disposés à reprendre les pourparlers. J'ai désigné une personne très compétente, un diplomate émérite et je crois que si nous pouvons engager ces efforts et les soutenir, il est tout à fait possible que nous aboutissions à des progrès. Je ne pense pas que la situation soit désespérée, je suis assez optimiste et pense que nous allons faire des progrès. C'est une question qui devient de plus en plus visible et les deux gouvernements souhaitent enregistrer des progrès en ce sens.

Pour l'Angola, comme vous le savez, notre mandat vient à expiration à la fin du mois de février et en principe, nous devons commencer le retrait des troupes tout de suite après, à raison d'un bataillon par mois. Nous n'avons toujours pas résolu la question du rôle que jouera M. Savimbi. Nous semblons faire des progrès en ce qui concerne la formation d'un gouvernement national et d'une armée réintégrée mais nous n'en sommes pas encore là, et les gouvernements de la région essaient également d'apporter leur concours. J'espère moi-même me rendre dans la région à un moment donné dans le courant du mois prochain et pouvoir, à cette occasion, m'entretenir avec les deux dirigeants pour voir comment nous pourrons faire avancer le processus. J'espère que nous serons en mesure de résoudre la question angolaise cette année. C'est important non seulement pour l'Angola mais aussi pour toute la région de l'Afrique australe et pour le continent.

Question (interprétation de l'anglais): Le Ministre des affaires étrangères britannique a récemment indiqué que la Grèce et la Turquie étaient

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peut-être au bord de la guerre en raison du problème de Chypre. On s'attendait à ce que beaucoup de choses commencent cette année mais cela n'a pas eu lieu. Est-ce que vous pensez qu'il est exact que la Grèce et la Turquie soient au bord de la guerre, et quels sont vos projets immédiats et concrets pour cette question précise?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Il y a eu des tensions et une tendance à amener des armes dans la région, ce qui a suscité un accroissement des tensions. Ce que nous espérons faire c'est de continuer les pourparlers de proximité et les efforts de M. Sung-Joo Han (Représentant spécial du Secrétaire général pour Chypre). Ce dernier s'est entretenu avec les deux parties et j'espère que nous pourrons connaître des progrès suffisants, identifier un terrain d'entente afin que nous puissions finalement avoir un face-à-face.

Il serait préférable que cet entretien ait lieu cette année et idéalement avant septembre, sinon nous allons entrer dans la période de la fièvre électorale et tant de choses peuvent se produire. Je plaide auprès des gouvernements pour qu'ils coopèrent avec M. Han et pour qu'ils essaient réellement de rapprocher leurs points de vue afin de pouvoir organiser un face-à-face.

Les Gouvernements britannique et américain travaillent avec nous et apportent leur appui à ce processus. Comme vous les savez, le Gouvernement britannique a désigné Sir David Hannay pour soutenir ces efforts et nous attendons que Washington désigne quelqu'un pour collaborer à ces efforts. L'ONU aura le rôle dirigeant et les efforts britanniques et américains sont des rôles de soutien.

Question (interprétation de l'anglais): Pensez-vous qu'il y aura une guerre?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais): Je pense avoir répondu à cette question. Je ne pense pas qu'il y aura une guerre. Nous nous efforçons de désamorcer les tensions et nous assistons déjà à des améliorations, et j'espère qu'aucun des dirigeants ne fera quoique ce soit qui conduise à une aggravation de la situation.

Question (interprétation de l'anglais) : Si vous décidez de nommer un Vice-Secrétaire général, quel type de modèle choisiriez-vous?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Quel genre de modèles avez-vous en tête?

Question (interprétation de l'anglais) : Sera t-il réellement un numéro deux?

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Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois comprendre ce que vous voulez dire. Non, selon moi, si je devais avoir un Vice-Secrétaire général, ce serait quelqu'un qui pourrait me remplacer quand je suis absent, qui pourrait être au courant et concerné par ce qui se passe dans ce bâtiment, et qui pourrait, éventuellement, consacrer un peu plus de son temps aux questions économiques et sociales et au développement durable, et à l'ensemble du domaine de la mobilisation de ressources. Mais il couvrira toute la gamme des responsabilités, un accent particulier étant mis sur les questions économiques et sociales. Voilà le modèle que j'ai à l'esprit.

Question (interprétation de l'anglais): Compte tenu du succès du processus de désarmement au Libéria, il est normal de penser que l'accord de paix d'Abuja est en cours, et que des élections pourraient avoir lieu en mai. Mais certains pensent que l'ONU penche vers un report des élections, notamment en raison des désaccords entre les factions au sujet des recommandations faites par l'équipe d'évaluation technique de l'ONU. Pensez-vous que ces désaccords pourront être réglés suffisamment tôt pour que les élections puissent avoir lieu en mai? Et qu'est-ce que l'ONU entend faire maintenant pour mobiliser un soutien en faveur du processus de paix au Libéria?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois que nous travaillons en collaboration étroite avec la CEDEAO, et avec le Président de la CEDEAO. En fait il y a une réunion aujourd'hui et demain au Libéria avec les membres de la CEDEAO. Et l'une des questions qui seront examinées à cette occasion sera le processus électoral. Je crois que nous examinerons la proposition qui a été faite par l'ONU, et nous espérons que nous pourrons mobiliser l'appui de tous pour aller de l'avant. Je sais qu'il y a eu des rumeurs selon lesquelles les élections pourraient être reportées, mais nous n'avons rien annoncé de semblable. Cela dépend dans une large mesure de ce qui va se passer à la réunion ce week-end et de la coopération des parties sur le terrain. Nous souhaitons faire avancer le processus des élections et régler le plus vite possible la question libérienne. D'un autre côté, pour que les élections aient la crédibilité requise, il faut que certaines conditions soient remplies. Si ces conditions sont remplies, nous agirons. Si elles ne le sont pas, et s'il n'y a pas d'accord à ce sujet, et qu'il faut un léger report, nous l'envisagerons. Mais j'espère que ce ne sera pas nécessaire.

Question : J'ai une double question sur le Zaïre. Tout d'abord, pouvez-vous nous dire, selon vos informations, qui se bat à l'Est du Zaïre? Et, deuxièmement, vous avez reçu hier des membres de la Commission nationale électorale zaïroise; y a-t-il des conditions préalables à l'assistance qu'apportera l'ONU au processus électoral?

Le Secrétaire général: Je n'ai pas bien entendu la première question.

Question : Selon vos informations, qui se bat actuellement à l'Est du Zaïre?

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Le Secrétaire général: C'est Kabila et des rebelles. Évidemment il y a des suspicions. Il y a des gens qui estiment que des pays voisins sont impliqués, mais je n'ai pas de preuves claires à ce sujet.

En ce qui concerne les élections, les Zaïrois sont très pressés. Ils tiennent absolument à organiser des élections en juillet, mais il y a du travail à faire. Il y a un problème logistique énorme et nous sommes en train de les aider, nous avons une équipe sur place. Monsieur Sahnoun sera là d'ici deux jours, et le Chef de la section électorale sera là à partir de demain. Nous allons les aider, mais il y a un problème de financement, un problème logistique et un problème juridique. Et je me demande si l'on peut résoudre tous ces problèmes avant le mois de juillet. Mais nous allons travailler avec eux. Il y a également la question de savoir si une élection peut être organisée dans un pays où il y a une guerre. C'est un problème qu'il faut d'abord résoudre.

Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur le Secrétaire général, après cinq semaines dans vos fonctions, pouvez-vous nous dire ce qui vous a le plus surpris? Avez-vous le sentiment que la lune de miel est terminée avec les États-Unis?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : L'une des choses qui m'ont le plus surpris a peut-être été de voir tout ce que l'on attend d'une même personne. J'ai toujours essayé de gérer convenablement mon temps, mais les demandes de rencontres et d'entretiens sont énormes. En plus de cela, chaque État Membre souhaite que l'on se rende dans sa capitale. Si j'acceptais toutes ces invitations, je pense que je passerais tout mon temps en avion. Or, je ne peux pas gérer les affaires de l'Organisation et m'occuper de réforme dans un avion. Aussi, mon emploi du temps est-il beaucoup plus chargé que ce à quoi je m'attendais.

Mais il y a eu aussi des surprises agréables. Il semble que beaucoup d'États Membres, au plus haut niveau, sont très enthousiastes à l'idée de coopérer avec moi et avec l'ONU pour faire en sorte d'adapter l'Organisation et de nous préparer pour l'avenir.

Sur un plan personnel, le manque de liberté, le manque de spontanéité et l'impossibilité de pouvoir dire que j'aimerais aller me promener, rendre visite à un ami, et le faire, toutes ces choses ont disparu. C'est très difficile pour ma femme et pour moi. Nous n'avons pas encore décidé si nous allons nous adapter ou si le personnel de sécurité va s'adapter à nous. Nous verrons bien.

Question (interprétation de l'anglais) : Nous n'avons pas encore vu les deux documents que vous nous avez envoyés concernant les propositions de réforme. Mais, au-delà de ces demandes — émanant principalement des États-Unis — et de tout ce que l'on a dit à propos des réductions de personnel et des

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coûts de l'Organisation, pourriez-vous nous dire ce qu'il y a derrière ces demandes de réformes? Est-ce qu'ils veulent aller beaucoup plus loin qu'une réduction du personnel? Est-il question par exemple d'une réorganisation du Conseil de sécurité, dont nous avons entendu dire qu'elle était au coeur des exigences des États-Unis? Pensez-vous que cela va modifier l'équilibre des pouvoirs au Conseil de sécurité, qui devient le centre du pouvoir aux Nations Unies?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Dans mes discussions avec les États Membres, dès le commencement je me suis efforcé de définir ce que j'entendais par réforme. Je crois que dans l'ensemble les États Membres sont d'accord avec cette définition. Les efforts entrepris dans le cadre du processus de réforme visent à créer une Organisation des Nations Unies qui soit efficiente, plus efficace, allégée, plus pertinente et mieux à même d'assumer les tâches qui nous sont confiées par les États Membres. Dans ce processus, nous pourrons peut-être trouver le moyen de faire des économies. Nous allons éliminer les chevauchements et les doubles emplois et fusionner certains services afin de réaliser des économies.

D'un autre côté, si nous voulons que la réforme soit sérieuse et si nous voulons édifier une Organisation des Nations Unies qui soit mieux à même de relever les défis de l'avenir, nous devons investir dans certains domaines. Nous allons probablement devoir nous doter de compétences dont nous ne disposons pas aujourd'hui. Nous allons devoir former notre personnel pour relever les défis de l'avenir et nous informatiser davantage.

Je crois que cette définition est acceptable pour la plupart des États Membres, et j'ai dit la même chose lorsque j'étais à Washington. C'est ce type de réforme que j'essaie de mettre en place avec les États Membres.

Pour ce qui est de la réforme du Conseil de sécurité, c'est bien sûr une question qui relève des États Membres. Le Président de l'Assemblée générale a indiqué qu'il allait faire de son mieux pour que l'on arrive à un résultat d'ici le mois le juin. Et cela ne concerne pas seulement le travail sur le Conseil de sécurité, mais aussi celui sur la question financière, le mécanisme intergouvernemental, l'agenda pour la paix et l'agenda pour la réforme.

Je travaille en coopération très étroite avec le Président de l'Assemblée générale. Nous sommes en contact permanent pour nous assurer que nous avançons dans la même direction et que nos objectifs ne divergent pas. Bien sûr, tout ce que nous faisons dans les groupes intergouvernementaux va avoir une incidence sur le Secrétariat. Je suis donc de près ses efforts et sa volonté d'arriver à un résultat en juin.

Mais, à part cela, j'espère que même si la question ne peut pas être entièrement résolue cette année, on pourra au moins se mettre d'accord sur les paramètres généraux en ce qui concerne la composition du Conseil et le nombre de ses membres. On verra plus tard pour pourvoir ces sièges.

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Question (interprétation de l'anglais) : La mauvaise gestion du Tribunal pour le Rwanda représente l'une des premières mises à l'épreuve de votre capacité à vraiment faire face à une crise majeure dans le domaine de la réforme. Vous-même et votre prédécesseur avez procédé à des changements de personnel, mais il n'y a pas eu de mesures disciplinaires. Cela suggère que l'ONU ne peut toujours pas faire un exemple ferme, qu'elle ne peut prendre des mesures énergiques face à une telle crise qui jette le discrédit sur l'Organisation?

Des têtes vont-elles tomber? Est-ce que des mesures disciplinaires sévères vont-être prises au cours des prochaines semaines?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Le rapport n'a été achevé qu'il y a quelques jours et nous l'avons reçu. M. Connor et mes administrateurs examinent ce rapport et si des mesures disciplinaires sont requises, nous les prendrons.

À part cela, nous devons prendre des mesures urgentes pour renforcer le Tribunal et le mettre dans une meilleure situation pour faire son travail. Beaucoup a été fait mais il reste encore beaucoup à faire et nous allons travailler avec diligence, et si nécessaire, des mesures disciplinaires seront prises.

Question (interprétation de l'anglais) : S'agissant du Zaïre, il n'y a pas de force de maintien de la paix sur place parce que l'on a dit qu'il n'y a pas de réfugiés. À présent que les réfugiés commencent à réapparaître, est-ce qu'il y a une possibilité d'action internationale concertée ou s'agit-il d'une "mission impossible" au niveau diplomatique?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois que la situation à l'Est du Zaïre, en particulier pour les réfugiés, est tout à fait tragique. Peut-être qu'avec le recul, la force multinationale n'aurait pas dû être démantelée; elle aurait dû être suspendue afin d'être éventuellement réactivée. Je ne sais pas si cela aurait été possible, c'est difficile à dire. Mais pour créer une force multinationale, il faut une coalition de "volontaires" et une volonté, et en l'absence de "volontaires" et de volonté, il n'y a pas grand-chose que l'ONU puisse faire pour mettre en place une force.

Donc au stade actuel, nous nous concentrons sur la recherche d'un règlement politique. L'une des choses que l'Ambassadeur Sahnoun doit faire, avec le soutien des gouvernements de la région, est d'essayer d'obtenir un cessez-le-feu et peut-être de persuader les parties à s'asseoir à une table de négociation. Lorsque les pourparlers auront commencé, nous espérons pouvoir convaincre toutes les parties au Zaïre d'accepter de participer aux élections en tant que solution ultime pour leurs divergences, Donc, l'Ambassadeur Sahnoun aura beaucoup à faire dans la région et il cherchera à promouvoir cette démarche.

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Question (interprétation de l'anglais) : Nous savons que vous avez fait une agréable visite à Washington mais j'aimerais savoir ce que vous pensez réellement en cette veille de Saint-Valentin. Pensez-vous que l'imposition par le Congrès américain de conditions pour régler son dû est pour le moins indécente?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois que le paiement des contributions à l'ONU constitue une obligation juridique. L'idéal est qu'aucun État Membre n'impose de conditions à ce paiement, qu'on les qualifie de "conditions" ou d'"objectifs à atteindre". Aucun des 184 autres États Membres n'a fait cela et j'espère qu'ils ne le feront pas.

Ce qui est important, c'est que les États-Unis eux-mêmes cherchent à sortir de cette situation illégale et à payer leur dû. Je crois que l'administration est acquise à cette cause et va se battre à cet effet. Je crois également que durant mon voyage à Washington, j'ai pu dissiper certains malentendus et j'espère qu'en fin de compte, les fonds seront libérés. Je crois qu'il y a bon nombre de sénateurs et de membres du Congrès qui sont réellement gênés, tout comme beaucoup d'Américains, qui pensent que les États-Unis doivent payer leur dette, et vont collaborer avec le Président pour que cela soit fait.

Il faut se rappeler que le Sénateur Helms a dit qu'il souhaitait collaborer avec nous pour résoudre cette question et que nous pourrions "faire des affaires". J'ai l'impression que nous allons assister à un travail constructif de la part du Congrès au cours de cette année. Je ne peux pas vous dire quand je vais recevoir un chèque mais j'espère qu'en fin de compte, tous les membres du Congrès feront ce qu'ils doivent faire. Et c'est ce que souhaite le peuple américain.

Question (interprétation de l'anglais) : Quel serait le processus de prise de décision en ce qui concerne un Vice-Secrétaire général (Deputy)? Quel calendrier envisagez-vous pour qu'un tel poste soit créé?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je vois que mes amis scandinaves sont très intéressés par ce poste. Tout d'abord, le poste doit être créé, et il doit être financé, et il faut que j'obtienne de l'Assemblée générale sa création. Dans l'idéal, j'aimerais être en mesure de pouvoir désigner le titulaire de ce poste d'ici à l'automne.

Question (interprétation de l'anglais) : C'est une question liée à la précédente. Un poste du niveau de directeur général a été créé; est-ce que vous pensez l'utiliser?

Ma question principale est la suivante : Après votre voyage à Washington, un processus de consultations a été convenu. À quel stade en est-il, et de quelle façon les autres gouvernements ont-ils réagi à votre accord avec Washington?

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Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Oui, il y avait dans le temps un poste de Directeur général. Ce poste n'existe plus. Je crois que le type de rôle de Vice-Secrétaire général auquel je pense irait un petit peu au-delà de ce dont s'occupait le Directeur général qui était restreint au domaine économique et social et n'avait aucun engagement dans les autres aspects du travail du Secrétariat. J'envisage un Vice-Secrétaire général qui ferait beaucoup plus que cela.

Sur la question de mon voyage à Washington, je crois que les États Membres ont compris qu'il était nécessaire que je me rende à Washington pour essayer de dissiper les malentendus qui s'étaient installés entre cette Organisation et le Gouvernement américain. Je ne pense pas qu'aucun d'eux pense que je devrais me rendre dans les 184 autres États Membres. J'ai bien précisé le caractère exceptionnel de cette démarche en indiquant que je consacrerais le même temps à tout État Membre qui paie 25 % du budget et qui a une dette de 1,3 milliard de dollars.

Sur la question concernant l'équipe : L'équipe devait arriver lundi, mais elle est restée à Washington pour entendre la présentation du budget du Président. Donc ils viendront, je pense, dans le courant de la semaine prochaine. L'intention est que Connor et l'équipe leur explique notre processus de réforme, notre calendrier et nos objectifs. Et s'ils veulent surveiller cela, il n'y a pas de problème.

Question (interprétation de l'anglais) : Le Premier Ministre Netanyahu a dit en Israël que vous l'avez appelé après l'accident des hélicoptères. Il était très touché par cela. Et vous lui avez dit qu'une nouvelle ère s'ouvrait dans les relations entre l'ONU et Israël. Que voulez-vous dire par là? Et deuxième question : À quel moment pensez-vous qu'Israël pourra se joindre au groupe géographique européen?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : J'ai eu un excellent entretien à Davos avec le Premier Ministre Netanyahu. J'ai rencontré un bon nombre de dirigeants, environ 16, j'ai rencontré M. Arafat, le Président Moubarak, le Premier Ministre Netanyahu et tout une série de dirigeants. C'était une réunion très cordiale, et en fait le Premier Ministre m'a annoncé qu'Israël était disposé à collaborer beaucoup plus étroitement avec l'ONU et à réintégrer le concert des nations, et qu'il est regrettable que ce pays n'appartienne à aucun groupe régional, même si l'ONU est une organisation universelle. Évidemment Israël a deux options; cela fait un certain temps qu'il envisage deux options : soit se joindre au Groupe asiatique soit se joindre au Groupe européen. Je crois qu'ils ont conclu qu'il leur serait difficile de se joindre au Groupe asiatique et ils envisagent de se joindre au Groupe européen. Ils examinent la question avec le Groupe. Je crois, d'après les conversations que j'ai eues avec lui, qu'il est très désireux de jouer un rôle dans d'autres activités des Nations Unies : qu'il s'agisse du maintien de la paix ou dans d'autres domaines où Israël peut jouer un rôle.

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Question (interprétation de l'anglais) : S'il y avait une volonté politique, pensez-vous que se serait une bonne idée de déployer une mission de maintien de la paix à l'Est du Zaïre et dans la région des Grands Lacs?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois que cela dépendrait du type de force envisagée. Évidemment, la situation a changé depuis la dernière fois que nous avons parlé d'une force multinationale. Certains réfugiés sont retournés dans leurs foyers et d'autres ont pénétré plus loin à l'intérieur du Zaïre.

Le problème est qu'ils sont maintenant pris entre deux factions en guerre, dans des conditions effroyables qui font qu'il est impossible au personnel humanitaire de parvenir jusqu'à eux. Si une force devait être constituée, avec pour objectif par exemple de créer des couloirs humanitaires et d'obtenir l'accès aux réfugiés — non pas pour s'engager dans la guerre, mais pour aider les réfugiés — ce qui exigerait que l'on obtienne une sorte de cessez-le-feu et d'accord avec les parties sur le terrain, cela pourrait se révéler utile pour les organisations humanitaires et pour les réfugiés. Mais le mandat d'une telle force devrait être très soigneusement pensé. Aussi, le fait qu'il y ait une volonté de coalition n'enlèvera rien à la nécessité d'avoir un mandat très clair et très précis pour arriver à quoi que ce soit.

Question (interprétation de l'anglais) : J'ai une autre question concernant le maintien de la paix. À propos de la situation en Sierra Leone, pouvez-vous nous dire quels seraient l'importance, l'objectif et la durée de la prochaine mission de maintien de la paix?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je pense que cette opération sera composée de 60 observateurs et d'un groupe de sécurité de 700 hommes. Nous pensons que le groupe de sécurité est nécessaire car si quelque chose n'allait pas, les observateurs internationaux ne pourraient pas compter sur une autre force de sécurité dans le pays pour leur protection. Nous avons vu ce qui s'est passé au Libéria et dans d'autres opérations de maintien de la paix. La leçon que nous en avons tirée, c'est qu'il est nécessaire de déployer une force de sécurité.

Nous essayons encore d'obtenir de Sankoh qu'il accepte le déploiement de la force sans pour autant lui donner le pouvoir d'y opposer son veto. Nous pensons que la présence des observateurs devrait être très brève, pour surveiller le retrait et la démobilisation. Ensuite, on devra laisser le Gouvernement constituer sa propre armée et faire son travail. Mais l'engagement des Nations Unies devrait être très limité : pas plus de six mois, je l'espère.

Question (interprétation de l'anglais) : En ce qui concerne le processus de réforme, l'un des principaux objectifs des États-Unis ces derniers mois a été la fusion de certains organes économiques, dont ils disent que le travail fait très souvent double emploi. D'autres pays craignent que l'essentiel du

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travail économique et social que les Nations Unies font actuellement disparaisse de l'ordre du jour. Ne craint-on pas que les Nations Unies soient de plus en plus perçues comme un organe de maintien de la paix et de gestion des crises et de moins en moins comme un organe aux fonctions économiques et sociales?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je crois que les Nations Unies font beaucoup de travail dans le domaine économique et social, mais ce travail ne reçoit pas la même publicité que le maintien de la paix. Or, le système des Nations Unies consacre chaque année 5 milliards de dollars aux activités économiques et sociales. Ce n'est pas grand-chose par rapport aux sommes que déplacent les multinationales de par le monde. Le montant des ressources que les multinationales consacrent au tiers monde représente environ 176 milliards de dollars, somme qui est pour l'essentiel destinée à une douzaine de pays. L'Afrique reçoit 5 % de cette somme. Si les multinationales consacrent de l'argent au tiers monde, elles se concentrent sur un petit groupe d'économies dynamiques et très profitables. L'essentiel du travail des Nations Unies porte sur les 100 pays les moins avancés.

En dehors de la mise en place d'institutions, du travail que nous faisons en matière de gestion des affaires publiques et de la mise en place d'un cadre juridique pour les investissements, l'ONU aide également certains de ces gouvernements à réorienter leurs économies. Aussi, le travail des Nations Unies dans ce domaine est-il crucial. Lorsque j'ai parlé du rôle de la Banque, j'ai dit que nos rôles étaient complémentaires et non pas concurrents. Cela étant, je crois que l'on voit très bien quelle doit être la place des Nations Unies. Je ne pense pas que nous devions réduire le rôle des Nations Unies dans les domaines économique et social, mais nous devrions être en mesure de faire preuve de créativité et d'adapter notre rôle pour avoir plus d'impact sur le terrain. Dans une certaine mesure, cette adaptation consistera à mettre les efforts de l'ONU, de la Banque, du FMI et des autres institutions en commun pour avoir un plus grand impact sur les gouvernements que nous cherchons à servir.

Question (interprétation de l'anglais) : Je suis sûr que vous connaissez parfaitement la situation au Cachemire. Le Conseil de sécurité a adopté des résolutions en 1948 et 1949 reconnaissant le droit du peuple du Cachemire à l'autodétermination. Envisagez-vous de mettre en oeuvre ces résolutions dans un proche avenir?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : C'est une question de longue date et je dois dire que j'ai trouvé encourageants certains faits nouveaux intervenus récemment dans la région. Je crois que l'accord entre l'Inde et le Bangladesh sur le partage des eaux du Gange est une très bonne indication. Il y a eu également l'accord sino-indien qui constitue un fait positif. Après les élections au Pakistan, le nouveau Premier Ministre a donné des indications très positives concernant la possibilité d'un entretien

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au niveau des ministres des affaires étrangères avec l'Inde, et le Premier Ministre indien a également indiqué qu'il serait prêt pour cela. Je crois qu'il s'agit là de faits très positifs que nous devons développer et encourager. Ils sont de bon augure pour l'ensemble de la région, et si nous pouvons amener les dirigeants et peuples de la région à coopérer et à faire avancer le processus de paix et éliminer les tensions entre eux, je crois que ce serait un pas dans la bonne direction.

Question (interprétation de l'anglais) : Irez-vous à Moscou cette année et si oui, qu'attendez-vous de cette visite? Qui pensez-vous rencontrer? Quel serait l'ordre du jour? Et que pensez-vous des opérations de maintien de la paix russes sur le territoire de l'ex-Union soviétique?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Oui. Je compte me rendre à Moscou. En fait, je me suis entretenu avec le Premier Ministre Chernomydrin, il y a 10 jours, à Davos. Et si je vais à Moscou, j'espère voir le Président Eltsine. J'espère pouvoir discuter avec eux du rôle de la Russie aux Nations Unies, non seulement en ce qui concerne le maintien de la paix, mais aussi de son rôle au Conseil de sécurité et de son appui général à l'Organisation. J'espère être en mesure de discuter de la Géorgie et du Tadjikistan.

Et si vous me demandez ce que je pense du rôle de la Russie en ex-Union soviétique, la Russie est là. Le Conseil a donné son autorisation pour que nous collaborions avec la Russie et donc le Conseil a accepté ce rôle. Il y a certains aspects de notre collaboration qui, à notre avis, pourraient être améliorés et au sujet desquels je souhaite discuter avec eux pour essayer de trouver les moyens de faire avancer certains efforts de paix, notamment en Géorgie. Et lorsque je me suis entretenu avec le Premier Ministre Chernomydrin, nous avons également discuté de l'élargissement de l'OTAN et des raisons des hésitations que la Russie éprouve à cet égard.

Question (interprétation de l'anglais) : Deux questions relatives à l'Amérique latine. Il y a des inconvénients pour le déploiement d'une force d'observation au Guatemala, et il semble que l'opération en Haïti ne fonctionne pas. Que pensez-vous de ces points?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Pourriez-vous répéter la première question sur le Guatemala?

Question (interprétation de l'anglais) : Il y a certains inconvénients pour le déploiement de la force d'observation.

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je ne sais pas ce que vous voulez dire par "inconvénients" pour le déploiement de la force d'observation.

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Question (interprétation de l'anglais) : Il n'y a pas d'accord au sein du Congrès pour autoriser le déploiement.

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je vois ce que vous voulez dire. J'espère que ce problème pourra être réglé. Nous avons beaucoup investi dans le processus de paix au Guatemala et pour le première fois, il n'y aura plus de conflit dans cette région. Je ne crois pas qu'un gouvernement quelconque souhaite remettre en cause ce processus ou l'entraver. Nous avons eu un petit problème avec les autorités chinoises et il a été réglé à l'amiable. Et je m'attends à ce que ce processus avance et que le observateurs soient déployés.

Pour Haïti, oui, effectivement nous avons quelques problèmes. La force de police n'a pas peut-être pas avancé aussi vite que nous l'espérions, et nous n'avons peut-être pas encore en place le type d'administrateur et de dirigeant qui serait nécessaire pour que la police soit autosuffisante et indépendante. À l'expiration de ce mandat, selon nos indications, certains membres du Conseil de sécurité ne souhaitent pas une prorogation. Et nous n'avons pas non plus reçu de demande de prorogation du mandat du Gouvernement haïtien. Mais je crois que la communauté internationale a contribué à rétablir la démocratie en Haïti, à essayer de remettre l'économie sur les rails et à préparer une force de police qui assurera la protection des citoyens et de leurs biens.

Question : J'aimerais vous poser deux questions en français, Monsieur le Secrétaire général. Ma première question est la suivante : quel sera l'avenir des Nations Unies dans les cinq années à venir — sous votre mandat évidemment; et quels sont vos pronostics en tant qu'ancien de la maison et en tant qu'ancien Chef du Département des opérations de maintien de la paix? La deuxième question a déjà été posée en anglais. Vous avez rencontré le Président Bill Clinton. Avez-vous été satisfait de cette rencontre? Voulez-vous nous exposer les grandes lignes de cette rencontre?

Le Secrétaire général : J'ai été très satisfait des discussions que j'ai eues avec le Président Clinton, qui m'a déclaré fermement qu'il était prêt à travailler avec le Congrès pour payer l'argent que les États-Unis nous doivent. Il s'est également dit convaincu que l'Organisation des Nations Unies est très importante pour la politique étrangère des États-Unis. J'espère qu'il va pouvoir convaincre le Congrès d'accepter ce point de vue et de payer les dettes.

En ce qui concerne mon propre rôle au cours des cinq années à venir, je crois avoir déjà indiqué très clairement que je vais pousser la réforme à fond et que je vais travailler avec les États Membres, surtout les pays africains, pour régler tous ces problèmes politiques. Parce que si cela n'est pas fait, il n'y aura pas de développement économique et social. Les Nations Unies vont jouer un rôle important dans les domaines économiques et du développement.

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Question (interprétation de l'anglais) : Votre prédécesseur a indiqué que le non-paiement de la contribution des États-Unis avait entravé le processus de réforme plutôt que de le promouvoir, ce qui semble être l'intention des membres du Congrès. Dans quelle mesure cette situation de non-paiement des sommes dues entrave-t-elle vos activités? Et si vous désignez un Vice-Secrétaire général qui soit socialiste, dans quelle mesure cela va- t-il entraver vos efforts pour amener les Américains à payer leur dette?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je voudrais dire que je suis d'accord à 100 % avec M. Boutros-Ghali pour considérer que le non-paiement entrave la réforme. La réforme ne peut pas être menée sur un budget de misère. Je crois que le Président Clinton a eu tout à fait raison de dire que si les États-Unis s'attendent à jouer un rôle dirigeant aux Nations Unies, ils doivent payer leur quote-part. S'ils ne payent pas, et insistent pour obtenir des réformes, ils irritent d'autres États Membres qui remplissent leurs engagements et des résistances s'installent alors quand on parle de réforme. Nous avons vu des cas semblables — je crois qu'il y a environ un an — lorsque M. Connor a réussi à convaincre environ 40 fonctionnaires d'accepter de quitter l'Organisation contre une prime financière. Et après que tout avait été négocié, il a découvert qu'il n'avait pas l'argent nécessaire pour les payer. Ils ont donc dû rester quelques mois encore jusqu'à ce qu'il ait pu réunir les fonds pour les payer. Vous pouvez imaginer l'impact que ces 40 fonctionnaires ont eu dans ce bâtiment. Je suis sûr que non seulement ils ne travaillaient pas, mais ils dérangeaient ceux qui travaillaient. C'est donc un exemple de ce qui peut arriver, en dehors de l'aspect psychologique. Donc je suis d'accord.

Je crois avoir répondu à la question concernant le Vice-Secrétaire général. J'ai l'impression que vous allez plus vite que moi, que vous avez fait un bond en avant. Je ne sais pas où vous avez obtenu ces éléments, mais je ne veux pas entrer là dedans. J'ai déjà répondu à cette question.

Question (interprétation de l'anglais) : Le rapport du Tribunal pour le Rwanda a identifié deux personnes à qui on a quelque chose de précis à reprocher : le Greffier et l'adjoint du Procureur. Ces deux personnes vont-elles être démises de leurs fonctions?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Je ne peux pas le dire pour l'instant. Il faut que la procédure suive son cours. Nous avons reçu le rapport. Nous l'étudions. Nous avons demandé aux deux personnes en cause de venir à New York pour rencontrer le chef de l'administration et d'autres personnes. Nous ne préjugeons pas de la situation. Comme je l'ai dit, nous n'excluons aucune possibilité, mais nous n'avons rien décidé non plus. Si, une fois que nous aurons examiné le rapport, il se révèle nécessaire d'appliquer des mesures disciplinaires, ce sera fait. Je n'hésiterai pas.

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Question : Certains disent que votre prédécesseur a été remplacé à cause de son manque de relations publiques dans ce pays. Mais quand on vous écoute, on a l'impression d'entendre le chef d'un pays qui dit «épargne, réforme, réforme, réforme!» Est-ce que, comme on dit dans ce pays, seul Nixon pouvait aller en Chine? Est-ce qu'en tant qu'Africain vous ne serez pas tenté d'utiliser le symbolisme pour couper l'aide publique au développement — comme les 5 milliards dont vous parliez tout à l'heure —, comme acte de relations publiques?

Le Secrétaire général : Je n'ai pas très bien compris la question. Est-ce que vous pouvez la répéter?

Question (interprétation de l'anglais) : On dit en Amérique que seul Nixon pouvait se rendre en Chine parce qu'on ne pouvait pas le soupçonner de faiblesse à l'égard du communisme. En tant qu'Africain, on ne peut pas vous soupçonner d'anti-africanisme. Compte tenu des pressions qui vous poussent à la réforme, est-ce que vous n'allez pas utiliser ce symbolisme pour couper l'aide économique à l'Afrique?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Ce n'est absolument pas à l'ordre du jour.

(le Secrétaire général poursuit en français)

Je ne crois pas que l'on doive avoir de crainte en ce qui concerne le domaine du développement économique. Je suis absolument convaincu que le rôle des Nations Unies dans le domaine économique est nécessaire. Je suis en train de discuter avec mes collaborateurs qui se trouvent dans le département économique pour trouver un moyen de faire beaucoup plus pour ces pays. Je suis allé à Davos précisément pour discuter de questions économiques.

Aussi, je ne vois pas très bien d'où vient cette question, à savoir qu'en tant qu'Africain je devrais peut-être être encouragé à couper l'aide économique. Au contraire, je suis en train de voir si on ne pourrait pas trouver le moyen d'aider les pays qui ont absolument besoin d'une aide économique.

Question (interprétation de l'anglais) : Monsieur Annan, je voudrais revenir sur la question du Cachemire. Par le passé, le Secrétaire général avait proposé ses bons offices en raison de la menace que le différend entre l'Inde et le Pakistan faisait peser sur le sous-continent. Il avait offert d'assurer une médiation entre les deux États. Mais c'est une question qui dure depuis près de 50 ans. Avez-vous étudié la question. Avez-vous des idées nouvelles à ce stade, en dehors de la proposition de bons offices qui, je crois, reste toujours valable?

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Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : N'oubliez pas que c'était mon département qui s'occupait de la question du Cachemire avec les observateurs sur le terrain. Nous avons été en contact avec les deux gouvernements et nous avons suivi l'évolution de la situation.

Comme M. Boutros-Ghali, je serai en mesure de proposer mes services comme médiateur ou comme intermédiaire quand les parties le souhaiteront. Mais, je crois qu'il faut que les choses soient claires : comme je l'ai laissé entendre précédemment, on peut faire beaucoup; les Nations Unies peuvent apporter leur concours. Mais, c'est des dirigeants et des peuples de la région que doit venir la solution. Toutefois, je suis prêt à aider et à faciliter les choses. Du reste, j'ai l'intention de me rendre dans la région et je discuterai de cette question avec les dirigeants. Les Nations Unies peuvent jouer un rôle, mais elles ne peuvent pas imposer une solution.

Question (interprétation de l'anglais) : Quand avez-vous l'intention de vous rendre dans la région?

Le Secrétaire général (interprétation de l'anglais) : Mon calendrier n'a pas été fixé définitivement, mais ce devrait être dans la première moitié d'avril.

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