FEM/911

COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES : LES EXPERTS DEMANDENT AU VENEZUELA DE MIEUX APPLIQUER LA CONVENTION

22 janvier 1997


Communiqué de Presse
FEM/911


COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES : LES EXPERTS DEMANDENT AU VENEZUELA DE MIEUX APPLIQUER LA CONVENTION

19970122 Ils regrettent qu'une loi contre la violence familiale n'ait toujours pas été adoptée

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a poursuivi, cet après-midi, l'examen du troisième rapport périodique du Venezuela.

Les membres du Comité ont regretté le manque de progrès faits par l'Etat partie dans le domaine de la condition féminine entre ce rapport et le précédent. Ils ont souhaité que la Convention soit mieux appliquée. Déplorant le manque de volonté politique, ils ont demandé à ce qu'il y ait davantage de suivi dans les politiques en faveur des femmes. Ces politiques ne doivent en effet pas être soumises aux aléas de la vie politique.

Les experts ont également demandé à ce que la loi sur la violence familiale soit adoptée le plus rapidement possible. Il a également été souhaité que les dispositions de la plate-forme de Beijing en matière d'avortement soient appliquées par le Venezuela. La législation de l'Etat partie en la matière est en effet l'une des plus restrictives de la région.

Les membres du Comité ont également évoqué le faible niveau de rémunération des femmes vénézuéliennes. Ils ont demandé s'il existait un mécanisme pour lutter contre ce phénomène.

La Présidente du Comité, Mme Salma Kahn (Bangladesh), dans ses conclusions, a déclaré que compte tenu des principes démocratiques qui prévalent au Venezuela, il est souhaitable que les femmes aient un rôle plus actif à jouer. Elle a souhaité que les lacunes figurant au présent rapport soient comblées d'ici au prochain rapport.

Les représentantes de l'Etat partie, Mmes Carmen Teresa Martinez et Tania Guzman, ont répondu aux nouvelles questions des experts.

Le Comité reprendra ses travaux vendredi 24 janvier, à partor de 10 heures, avec l'examen du troisième rapport périodique du Danemark.

Nouvelles questions des experts à l'Etat partie

Les membres du Comité ont regretté le manque de progrès en ce qui concerne la condition des femmes entre ce troisième rapport et le rapport précédent. Cela semble montrer un manque de volonté politique dans l'application de la Convention. Il faut élaborer un plan d'action pour appliquer la Convention. Il faut compter sur la collaboration des ONG, a-t-il été affirmé. Les experts ont par ailleurs déploré le manque de suivi dans les politiques en faveur des femmes. Ils ont rappelé que les législations adoptées pour appliquer la Convention doivent être accompagnées de statistiques pour montrer que la Convention est appliquée non seulement en théorie mais aussi en pratique.

Un expert a toutefois rappelé que le Venezuela a été l'un des premiers pays dans les Caraïbes et en Amérique latine à créer un Ministère des affaires féminines. Ce pays a toujours soutenu l'idée d'avoir un mécanisme au niveau ministériel pour les affaires féminines. La création d'un tel mécanisme relève de la souveraineté d'un Etat. Ce qui compte ce sont les programmes que l'on exécute. Cet intervenant, se déclarant conscient que les crises économiques et politiques sont des obstacles additionnels à l'amélioration de la condition féminine, a estimé que les programmes mis en oeuvre dans ce domaine ne doivent pas être soumis aux aléas de la vie politique. Les experts ont par ailleurs vivement souhaité que le projet de loi concernant la violence familiale soit adopté très prochainement.

Un intervenant a par ailleurs souhaité obtenir des précisions sur la part des dépenses de santé effectuées par le Gouvernement. Quels sont les crédits prévus pour la santé en général et celle des femmes en particulier pour 1996 et 1997? Un membre du Comité a estimé qu'il était grave que les dépenses consacrées à la santé diminuent alors que la mortalité maternelle augmente. Pour quelles raisons y-a-t-il pénurie de contraceptifs? Le fait que le Gouvernement reporte la responsabilité de la distribution des contraceptifs sur les ONG est inquiétant. Il en va de même du consentement parental exigé pour l'accès des adolescents à des méthodes contraceptives. Cela a des conséquences négatives tant pour les filles que pour les garçons, car ils ne peuvent assumer leur sexualité de façon responsable. Par ailleurs, cette situation est contraire à la Convention, qui inscrit la confidentialité dans ce domaine comme un droit. Combien d'enfants peuvent aller dans les garderies? Combien de femmes tirent partie des campagnes de dépistage du cancer de l'utérus et du cancer du sein?

Un intervenant a signalé que, conformément à la plate-forme de Beijing, il faudrait revoir les législations qui sanctionnent l'avortement. La législation vénézuélienne est en effet dans ce domaine l'une des plus restrictives d'Amérique latine. Lorsque la vie de la mère est en danger et qu'il est recouru à un avortement légal, la femme doit-elle payer elle-même les frais de cet avortement?

( suivre)

- 3 - FEM/911 22 janvier 1997

Les experts ont souhaité des données mises à jour en ce qui concerne l'accès des femmes à l'éducation. Il faut que ces femmes soient plus nombreuses, y compris les femmes des zones rurales. Il faut revoir la législation en matière de nationalité, qui est contraire aux dispositions de la Convention.

Abordant la question de l'exode rural important des femmes, un expert a souhaité savoir si les femmes avaient réellement plus d'opportunités d'emploi que les hommes. Quel type d'emplois trouvent-elles? Relevant qu'à la demande des femmes, le Code du travail a renforcé la protection en faveur de la maternité, il a demandé pourquoi ces avantages sont seulement accordés aux mères. Rappelant que la plupart des salariées qui n'ont pas le salaire minimum n'ont pas accès à la protection sociale, un expert a demandé ce qui est entrepris pour remédier à cela. Existe-t-il un mécanisme de lutte contre la sous-rémunération dont les salariées femmes sont victimes? Réagissant à la constatation selon laquelle la situation de sous-rémunération des femmes résulte du fait qu'elles acceptent elles-mêmes de bas salaires et sont prêtes à travailler à moindre coût, un intervenant a estimé qu'on ne devait pas jeter le blâme sur les femmes. Il a souhaité que cette constatation ne soit pas le fil directeur de la politique du Gouvernement envers le travail féminin.

Nouvelles réponses du Venezuela aux experts

Mme CARMEN MARTINEZ, représentante du Venezuela, a déclaré que ce sont les femmes qui ont tendance à accepter une rémunération plus faible pourvu qu'elles aient un emploi. 10% du PIB du pays devrait être accordé prochainement à la santé. Les femmes ont eu accès à tous les services nationaux de dépistage du cancer de l'utérus et du cancer du sein. Si elles ne s'y rendent pas, c'est essentiellement pour des raisons culturelles.

Il est difficile de sanctionner les employeurs pour rémunération trop faible, car les femmes les protègent. La représentante a déclaré que tout était fait pour avoir un Conseil national de la femme autonome. Sur ce point, Mme TANIA GUZMAN a ajouté que l'ancien ministère des affaires féminines était purement décoratif et n'était pas un ministère d'exécution. L'Institut de la femme est un institut autonome, indépendant et dispose de son propre budget. Il dépend de la Présidence de la République.

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( suivre)

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