FEM/903

LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES ENTAME L'EXAMEN DU RAPPORT DE SAINT-VINCENT-ET-GRENADINES

16 janvier 1997


Communiqué de Presse
FEM/903


LE COMITE POUR L'ELIMINATION DE LA DISCRIMINATION A L'EGARD DES FEMMES ENTAME L'EXAMEN DU RAPPORT DE SAINT-VINCENT-ET-GRENADINES

19970116 Il s'inquiète de la persistance des comportements traditionnels et du taux élevé de grossesses juvéniles

Le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes a poursuivi, ce matin, les travaux de sa seizième session, en examinant les premier, deuxième et troisième rapports périodiques combinés de Saint-Vincent-et-Grenadines.

Dans sa présentation orale, la représentante de Saint-Vincent-et- Grenadines, Mme Jeanie Ollivierre, Coordonnatrice pour les politiques envers les femmes, a indiqué que l'un des problèmes principaux du pays est le chômage parmi les jeunes, dû à la lenteur du développement économique et à l'absence d'emplois. Un autre problème nouveau est la forte migration féminine qui commence à avoir un impact sur la population. En effet, celle-ci est supérieure de 39% à celle des hommes. La représentante a souligné l'influence négative de ce phénomène sur les enfants, notamment dans les ménages dirigés par les femmes.

Par ailleurs, elle a indiqué que le système judiciaire ne permet pas à la Convention d'être appliquée directement et le Gouvernement s'efforce d'adapter la législation. Des développements récents ont eu lieu quant à la situation des femmes, avec la création du Tribunal sur la famille, en fonction depuis début 1995, et qui traite des questions de violence domestique, de la garde des enfants et de la violence à leur égard. De plus, une loi sur la violence au foyer a été promulguée et une assistance juridique est fournie. Une loi sur l'égalité des salaires a également été votée. Toutefois il n'existe pas de législation spécifique contre la discrimination. En matière de santé, la représentante a déclaré que hommes et femmes ont le même accès aux soins. Saint-Vincent-et-Grenadines connaît un fort taux de grossesses juvéniles très préoccupant.

Les membres du Comité ont demandé au Gouvernement de Saint-Vincent-et- Grenadines de combattre les comportements traditionnels et les préjugés qui maintiennent les femmes à des fonctions ménagères ou à des emplois subalternes et les exposent directement à la violence domestique. Ils se sont également

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inquiétés du taux élevé de grossesses chez les adolescentes et ont demandé à l'Etat partie ce qu'il faisait pour lutter contre ce phénomène.

Les experts se sont demandé ce que le Gouvernement de Saint-Vincent-et- Grenadines a prévu de réaliser après la Conférence de Beijing sur les femmes. De nombreux intervenants ont regretté que les dispositions de la Convention ne fassent pas partie de la législation nationale et ne peuvent donc être soumis aux tribunaux nationaux. C'est une lacune à laquelle il convient de remédier. Ils ont souhaité connaître les lois et réglementations qui ont été abrogés ou modifiés pour mettre en oeuvre la Convention.

Le Comité reprendra l'examen des rapports périodiques de Saint-Vincent- et-Grenadines cet après-midi, à patir de 15 heures. Il entendra également une présentation orale sur un rapport exceptionnel du Zaïre, ainsi qu'une intervention de la Présidente du Groupe de travail de la Commission sur la condition des femmes sur le projet de protocole facultatif à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes.

Documentation Rapport initial, deuxième et troisième rapports périodiques de Saint-Vincent- et-Grenadines (CEDAW/C/STV/1-3 et Add.1)

Le premier à être soumis au Comité depuis que Saint-Vincent-et- Grenadines a ratifié la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes le 4 août 1981, porte sur l'évolution de la question de l'égalité et la mise en oeuvre des dispositions de la Convention pendant la période 1981-1994.

Elaboré en consultation avec les organisations non gouvernementales, le rapport contient en son Titre I des informations d'ordre général relatives au pays et des indications sur la structure juridique générale dans le cadre de laquelle les droits, définis dans la Convention, sont appliqués. Il indique également le cadre juridique d'application de la Convention. Le Titre II du rapport fournit des indications plus précises concernant les articles 1 à 16 de la Convention. Il passe en revue ces différents articles en indiquant les mesures prises en vue d'assurer leur application.

Le Département chargé des questions féminines a pris un caractère officiel en 1984/1985 lors de la création d'un Secrétariat de la femme au Ministère du Tourisme, de l'information, de la culture et des questions féminines, devenu par la suite Département des questions féminines, qui vise à promouvoir les intérêts sociaux, politiques et économiques des femmes, tout en encourageant et en appuyant leur rôle en matière de développement.

Aux termes de la Constitution, les hommes et les femmes d'âge adulte (18 ans) possèdent des droits égaux. Les moyens juridiques et sociaux qui permettent d'appliquer la Convention figurent à la fois dans la Constitution et dans d'autres lois, y compris les lois relatives au travail, de même qu'au Code criminel, dans la loi sur l'égalité des salaires et dans d'autres lois qui étayent les articles de la Convention.

En vertu de l'article 16 de la Constitution une femme qui estime être l'objet d'une discrimination peut s'adresser à la Cour suprême. De plus, le Parlement examine une projet de lois qui propose des modifications au "Domestic Violence Act", afin d'assurer une protection au moyen des procédures sommaires dans les cas de violence dans la famille. Ceci permettrait de réagir plus rapidement aux plaintes déposées.

Le Département chargé des questions féminines a permis de modifier la Constitution pour permettre l'octroi dans des conditions d'égalité de la citoyenneté aux époux étrangers des citoyennes, d'adopter l'"Equal Pay Act", de réduire les violences et le harcèlement sexuel grâce à l'imposition de peines plus sévères, d'améliorer le "Maintenance Act" qui a renforcé les droits de propriété de la femme et d'encourager la nomination des femmes aux organismes publics. En matière d'emploi, le Département des questions féminines a contribué au développement de l'esprit d'entreprise et des

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compétences dans le domaine des affaires pour favoriser le travail indépendant des femmes, à la formation sous forme d'apprentissage organisée dans des secteurs non traditionnels, à la formation d'enseignants au niveau pré- scolaire et a contribué des fonds de mise en route à l'intention de familles et de groupes. Dans le domaine de l'éducation, il a également mis au point un programme pédagogique qui vise à encourager des changements d'attitude en ce qui concerne la vie familiale et le rôle de la femme et de l'homme dans la société. Ce travail a principalement pour objet de traiter le problème des grossesses prématurées chez les jeunes, qui demeure une cause de grande préoccupation. En ce qui concerne la santé, un soutien a été donné aux programmes relatifs au SIDA, à l'alcoolisme, à l'abus des drogues et à la violence familiale.

Les comportements sociaux et culturels demeurent empreints de la notion selon laquelle le rôle de la femme est lié à ses fonctions reproductives, ce qui a contribué à une absence relative des femmes de la direction politique. Ainsi, il n'existe que deux femmes parlementaires et seulement 3 femmes sur un total de 33 candidats se sont présentées aux dernières élections générales. C'est la violence familiale, et notamment à l'égard des femmes, qui constitue la conséquence la plus grave de cette perspective. Les victimes se situent dans la tranche d'âge allant de 13 à 34 ans et seulement 15% des auteurs de violences sont condamnés. Le pays ne possède aucun centre d'hébergement pour les femmes. Des services de conseil peu développés sont assurés par le Département des questions féminines et le Département du Bien-être social, ainsi que par les églises et au moyen de programmes d'orientation informels assurés par des ONG. Récemment, le Gouvernement a soumis un projet de loi visant à attaquer le problème de la violence familiale au moyen d'un renforcement des compétences des "Magistrates Courts", cours de première juridiction.

La pérennité des stéréotypes est fortement influencée par la manière de préparer les garçons et les filles à la vie en société. On enseigne aux filles à servir de femmes au foyer et de dispensatrices de soins, alors qu'on apprend aux garçons à se tourner vers l'extérieur et à entreprendre des activités traditionnellement réservées aux hommes. Ceci devient évident lorsque l'on observe le grand nombre de filles qui se dirigent vers l'enseignement ou les soins de santé et l'absence quasi totale de garçons dans ces secteurs. Cette situation persiste en dépit du taux très élevé des ménages dirigés par des femmes.

A Saint-Vincent-et-Grenadines, il n'existe aucun trafic des femmes connu et il est très difficile d'évaluer l'étendue de toute prostitution, ce qui s'explique par le niveau relativement modeste de l'activité touristique.

Les femmes ont obtenu le droit de suffrage lors de l'introduction en 1951 du suffrage universel. Aux élections générales de février 1994, la participation des femmes a été plus importante que celles des hommes, mais la situation est très différente pour la participation des femmes en tant que

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candidates. En ce qui concerne l'application des politiques gouvernementales, les femmes sont assez bien représentées, bien que cela s'observe surtout au niveau administratif et dans les emplois de bureau et peu dans les niveaux hiérarchiques supérieurs. La Cour suprême, quant à elle, se compose de deux juges, dont une femme.

En matière d'éducation, l'école n'est pas obligatoire mais les taux d'inscription et de fréquentation des garçons et des filles sont élevés au niveau primaire. Même en milieu rural, on constate un niveau élevé de fréquentation des filles au niveau primaire. En outre, bien qu'elles soient en moins grand nombre au niveau primaire, les filles sont plus nombreuses que les garçons à réussir l'examen de passage au niveau secondaire. Les femmes ont tendance à obtenir des diplômes d'un niveau plus élevé que les hommes. Les femmes forment la majorité des enseignants tant au niveau primaire que secondaire, alors que les établissements sont majoritairement dirigés par des hommes. En revanche, il n'existe aucun programme gouvernemental d'alphabétisation, même si un coordonnateur pour l'alphabétisation des adultes a été nommé en 1994.

Au cours de la période 1980-1991, le rôle des femmes dans la population active a augmenté à un taux plus élevé que celui des hommes. Elles représentent désormais 36% de la population active. Toutefois les femmes subissent un taux de chômage plus élevé, 22,1% contre 18,4% pour les hommes. La plupart des femmes salariées sont employées dans le secteur tertiaire, l'agriculture, les pêches et forêts où elles occupent des postes subalternes. Les femmes salariées ont droit aux prestations sociales prévues au régime d'assurance nationale et les employées de la fonction publique ont droit à un congé de maternité rémunéré d'un mois et de trois mois non rémunéré.

Les hommes et les femmes ont accès aux soins de santé dans des conditions de complète égalité. Les femmes ont accès aux méthodes contraceptives et la ligature des trompes est une méthode de planification familiale souvent pratiquée, surtout chez les femmes qui ont déjà des enfants. En général, l'intervention doit être autorisée par le mari. D'importants progrès ont été réalisés en matière de grossesse, d'accouchement et de soins post-néonatals et le taux de mortalité maternelle est de 1/1000.

Les femmes ont un rôle important dans le secteur agricole. A leur intention, un important réseau de cliniques de district a été mis en place afin d'assurer les soins d'urgence, les soins pré-natals et post-natals ainsi que d'autres services de santé, dont la planification familiale. L'éducation des enfants des zones rurales est devenu possible grâce aux écoles primaires et secondaires dont la plupart sont situées à proximité des collectivités. Les femmes en zones rurales ont du mal à obtenir des soins pour les enfants à des prix raisonnables. Elles sont très engagées dans les activités communautaires et la plupart de ces groupes sont dirigés par des femmes ou ont une majorité de femmes parmi leurs membres.

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Bien que l'accès aux tribunaux est assuré aux femmes et aux hommes dans des conditions d'égalité, les droits de la femme sont en fait restreints étant donné les ressources financières plus modestes dont elle dispose. Il n'y a pas d'aide judiciaire à Saint-Vincent-et-Grenadines.

Les femmes et les hommes sont libres de choisir leurs conjoints et de contracter mariage à partir de 18 ans, le consentement des parties est nécessaire. Pendant le mariage, la femme a le droit d'intenter des poursuites contre son mari en cas de mauvais traitements. Les femmes et les hommes ont des droits égaux en ce qui concerne une demande de garde de l'enfant.

Présentation des rapports périodiques par l'Etat partie

Mme JEANIE OLLIVIERRE, Coordonnatrice pour les politiques envers les femmes, a indiqué que Saint-Vincent-et-Grenadines ne connaissait pas de problèmes de croissance démographique, avec un taux de fécondité de 3,1 enfants par femmes qui est en diminution par rapport à 4,3 en 1983. Le problème principal est le chômage parmi les jeunes, dû à la lenteur du développement économique et à l'absence d'emplois. Des développements récents ont eu lieu quant à la situation des femmes, avec la création du Tribunal sur la famille, en fonction depuis début 1995. Le Tribunal traite des questions de violence domestique, de garde des enfants et de violence à leur égard. De plus, une loi sur la violence au foyer a été promulguée et une assistance juridique est fournie.

En 1992, la population de Saint-Vincent-et-Grenadines était de 108 965 avec un taux de croissance annuel de 0,8%. La migration des femmes commence à avoir un impact sur la population, d'autant qu'elle est supérieure de 39% à celle des hommes. La représentante a souligné l'influence négative de ce phénomène sur les enfants, notamment dans les ménages dirigés par les femmes. La Banane en tant que culture d'exportation est la base de l'économie, avec plus de 63% du total des exportations. Cette économie est menacée depuis 1992 par l'Union européenne et la plainte qu'elle a déposé contre l'accès préférentiel des îles sous le vent à certains pays de la communauté. En 1991, 39% des ménages étaient dirigés par des personnes mariées, parmi elles 39% sont des femmes.

Mme Ollivierre a indiqué que le système judiciaire ne permet pas à la Convention d'être appliquée directement et le Gouvernement s'efforce d'adapter la législation. Le Département pour les femmes est l'organe principal, responsable des politiques envers les femmes. Il n'y a pas de législation spécifique contre la discrimination, mais toute personne victime peut avoir recours à la Cour suprême. Depuis la signature de la Convention, plusieurs législations ont été promulguées mettant hors la loi certaines pratiques discriminatoires, notamment avec la loi de 1994 sur l'égalité des salaires. Cette loi est très utile pour les travailleurs des secteurs agricole et traditionnel où les hommes reçoivent habituellement des salaires plus élevés que les femmes à travail égal. En ce qui concerne la violence domestique,

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elle a indiqué que la tradition veut que chaque homme a le droit de battre son épouse et il est nécessaire de modifier les comportements. Toutefois une femme mariée peut poursuivre son mari en cas de violence. Traditionnellement, les femmes sont sensées rester subordonnées à l'homme et pour ce faire il est souvent recouru à la force. 75% des personnes qui perpétuent des violences sont des hommes, dont 10% des maris. Les femmes mariées sont réticentes à faire rapport des mauvais traitements. Des écoles mixtes ont été ouvertes pour combattre ces stéréotypes. La prostitution est interdite par la loi et plusieurs délits connexes sont couverts par le code pénal. Les cas de prostitution sont infimes et rarement portés devant le tribunal.

La situation n'est pas satisfaisante quant à la participation des femmes dans la vie politique, où seulement 10 d'entre elles se sont présentées aux dernières élections législatives. Aucun parti politique n'encourage la participation des femmes aux élections. Cependant il n'y a pas d'obstacles formel qui empêchent les femmes de jouer un rôle politique. Les femmes sont bien représentées dans le service public et administratif. Elle sont bien représentées dans les ONG.

En matière d'éducation, il n'y a pas de différence marquée dans les taux de scolarisation entre hommes et femmes. L'éducation secondaire est basée sur la capacité financière des parents et le mérite des élèves et il ne semble pas y avoir de préférences liées au sexe. La discrimination se trouve plus au niveau administratif car si plus de femmes enseignent, les directeurs d'établissements sont majoritairement des hommes. Il y a davantage d'hommes que de femmes à l'université mais les femmes sont plus nombreuses au niveau secondaire.

En matière d'emploi, la Constitution apporte une certaine protection aux femmes. Leur participation en tant que main-d'oeuvre s'effectue le plus souvent aux échelons inférieurs et les femmes participent souvent à des emplois, notamment dans l'agriculture, qui ne sont pas considérés comme activité économique. Le chômage est plus élevé chez les femmes, avec des diplômes secondaires, que chez les hommes. Le même accès à la protection sociale est garantie et des salaires minimum sont assurés aussi bien pour les hommes que les femmes.

Les hommes et les femmes ont le même accès aux services de santé. Le sida a de plus en plus d'importance dans le pays et il y a un grand nombre de femmes, contaminées essentiellement par voies hétérosexuelles, souffrant de cette maladie. Le Gouvernement a entrepris un programme de contrôle et de prévention des maladies sexuellement transmissibles et du SIDA. Les dons de sang sont désormais contrôlés et un effort particulier est fourni en faveur de l'utilisation des préservatifs. Le nombre des grossesses juvéniles, parfois à répétition, est élevé et cette situation est jugée préoccupante, d'autant que l'avortement n'est pas légalisé. Le Gouvernement est aidé dans son action par l'Association pour la planification familiale de Saint-Vincent-et-Grenadines, association à but non lucratif. 20 femmes par jour meurent d'un cancer du col

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de l'utérus ou du sein. Le Ministère de la santé a entrepris une campagne en faveur des dépistages précoces. En revanche, les capacités de soins sur place de ces cancers sont très limitées et les patients doivent se rendre à l'étranger souvent à leurs frais.

Les hommes reçoivent traditionnellement plus de prêts agricoles sans que cela soit l'objet d'une discrimination volontaire. Les femmes propriétaires de terres agricoles sont minoritaires, représentant moins du tiers de l'ensemble des propriétaires terriens privés. Depuis la redistribution des terres opérée par le Gouvernement, 35% ont été allouées à des femmes.

La loi sur le domicile dispose désormais que la femme choisit librement son domicile, mariée ou non, et ce dès l'âge de 16 ans, même si la majorité est fixée à 18 ans pour les hommes et les femmes. Le mariage est illégal pour une femme de moins de 15 ans et pour un homme de moins de 16 ans.

Questions des experts

Plusieurs experts ont mis l'accent sur les migrations. Ils ont souhaité savoir si des études avaient été faites sur les migrations des femmes et sur la cause de ce problème. Pourquoi les femmes sont-elles plus nombreuses que les hommes à émigrer? Où vont ces femmes? Ses femmes sont-elles informées? Sont-elles soutenues pour éviter qu'elles ne tombent dans des réseaux de prostitution? L'Etat partie applique-t-il le droit existant sur les migrants? Existe-t-il un mécanisme national pour les migrations et évaluer leur flux?

Les membres du Comité se sont également demandés ce que le Gouvernement a prévu de réaliser après la Conférence de Beijing. Y-a-t-il un programme national pour donner suite aux recommandations de cette conférence? Quelle est l'évolution de la condition de la femme depuis 1981, date à laquelle Saint-Vincent-et-Grenadines a ratifié la Convention. Quels sont les obstacles à la promotion de la femme?

Les experts ont souhaité avoir des précisions sur le mécanisme gouvernemental concernant la condition de la femme. Quelle est sa structure? Quelles sont ses ressources et son personnel? Quelles sont les actions entreprises par le Département des affaires féminines et le Conseil national des femmes pour faire face aux mutations économiques dont les femmes subissent les graves conséquences? Quelles sont les mesures d'accompagnement nécessaires en ce domaine prises par l'Etat?

De nombreux intervenants ont regretté que les dispositions de la Convention ne fassent pas partie de la législation nationale et ne peuvent donc être soumis aux tribunaux nationaux. C'est une lacune à laquelle il convient de remédier. Il faut renforcer les garanties constitutionnelles en promulguant des lois et en modifiant les Code civil et pénal. Quelles sont les lois et réglementations abrogées ou modifiées pour mettre en oeuvre le

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Convention. La Loi sur la violence est-elle bien comprise par toute la population?

Les experts ont souhaité connaître l'efficacité du système judiciaire de l'Etat partie. Quel est le pouvoir dont dispose un tribunal de dernière instance lorsqu'une femme pose un cas de discrimination? La Convention a-t-elle été citée comme texte faisant foi devant les tribunaux de Saint-Vincent-et-Grenadines? Une femme présentant une plainte parce qu'elle a été licenciée peut-elle recevoir compensation? Est ce que le tribunal pour la famille offre des programmes thérapeutiques pour les auteurs de violence contre les femmes? Y-a-t-il un programme d'assistance judiciaire pour que les femmes aient librement accès aux tribunaux? Quels sont les cas où les femmes se sont adressés à la Cour suprême? Quelle a été son attitude? Y -a-t-il des programmes d'information dirigés vers les femmes et les groupes vulnérables? Pourquoi y a-t-il des règles différentes entre hommes et femmes en matière de nationalité? Un intervenant a par ailleurs demandé si des enquêtes ont été faites ou des données sont disponibles sur la prostitution. Des lois existent-elles dans ce domaine? Sont-elles réellement appliquées?

Des experts a indiqué que des facteurs structurels réduisent la participation des femmes aux postes dirigeants, alors qu'elles représentent le plus grand nombre d'électeurs. Quels sont les programmes envisagés par le Gouvernement afin d'accélérer la participation des femmes à la vie politique et publique? Il faut prendre des mesures pertinentes pour éviter l'écart entre la situation sociale de jure et la volonté politique du Gouvernement, ont estimé les intervenants.

Les experts se sont par ailleurs accordés a reconnaître que la pérennité des modes comportementaux traditionnels influe sur toute l'organisation de la société, confinant les femmes aux tâches domestiques et aux emplois subordonnés. Ils ont demandé des informations supplémentaires sur les programmes développés pour combattre les stéréotypes qui ont cours. A quel niveau sont-ils déployés? Les média sont-ils employés? Y-a-t-il une collaboration avec les ONG nationales?

Un membre du Comité a fait valoir que les stéréotypes jouent un rôle dans la violence à l'égard des femmes. Quelles sont les peines prévues par le projet de loi en matière de violence familiale? Les experts ont souhaité des détails sur la manière dont le Gouvernement de l'Etat partie s'emploie à modifier directement le problème de la violence domestique à l'égard des femmes au travers de campagnes d'information. Qu'en est-il du harcèlement sexuel et du problème de l'inceste? La loi sur la violence domestique est-elle pleinement mise en place? Est-elle diffusée dans la population? Les personnels judiciaires et policiers sont-ils formés?

Un intervenant s'est inquiété de l'absence d'abris et de lieux d'hébergement pour les femmes victimes de violence. Un autre s'est étonné de constater que les femmes ne semblent pas profiter des mécanismes mis à leur

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disposition. Que fait le Gouvernement pour empêcher que les femmes ne se maintiennent elles-mêmes ce type de préjugés et de comportements traditionnels? Les membres du Comité ont estimé qu'il faudrait une analyse objective des comportements stéréotypés et des schémas traditionnels afin de pouvoir établir des priorités. Un expert a indiqué que les stratégies d'éducation à la vie familiale ne devaient pas se limiter à la population la plus jeune, mais être élargie à l'ensemble des classes d'âges de la société et à tous les types de foyers.

Constatant le niveau élevé des grossesses chez les adolescentes, un expert s'est interrogé sur l'efficacité des méthodes de contraception employées. Un autre a demandé s'il existe des programmes d'aide en faveur des adolescentes enceintes? Ces dernières sont-elles l'objet de mesures discriminatoires? Les garçons sont-ils éduqués et responsabilisés en la matière? Les pères de ces enfants doivent-ils pourvoir à leurs besoins ou non? Rappelant que la population de Saint-Vincent-et-Grenadines est fort religieuse, un expert s'est demandé si les églises agissent pour empêcher une telle situation. Il a ajouté qu'il est inacceptable que les jeunes filles enceintes abandonnent l'école.

Mentionnant un programme particulier sur l'éducation à la vie familiale, qui figure dans le rapport, les experts ont souhaité disposer de davantage de précisions sur sa teneur. Le Gouvernement a-t-il prévu des mesures pour améliorer la représentation administrative des femmes dans l'enseignement? La Convention est-elle utilisée pour établir un programme d'enseignement des droits de l'homme dans les écoles? Les programmes visant à aider les adolescentes enceintes à poursuivre l'école sont-ils efficaces? Les fillettes ont-elles plein recours aux possibilités de pratiquer des activités sportives? Quels sont les programmes développés pour ouvrir les secteurs traditionnellement réservés aux garçons à des femmes? Pourquoi y-a-t-il des exceptions au principe de mixité des écoles? Quelle est la situation réelle en matière d'alphabétisation dans le pays?

Abordant le thème de l'emploi, les membres du Comité ont soulevé les problèmes du taux de chômage chez les femmes ainsi que l'égalité des salaires entre les hommes et les femmes. Quelle est la différence effective de salaires entre les hommes et les femmes malgré la loi sur l'égalité des salaires? Le principe d'égalité des salaires s'applique-t-il aussi bien pour le secteur public que pour le secteur privé? Cela vaut-il également pour le secteur informel? Comment évalue-t-on la législation en la matière? Un autre intervenant a souhaité savoir pourquoi les hommes occupent les emplois les mieux payés? Y-a-t-il des femmes syndicalistes et quel est leur rôle pour assurer des conditions de travail meilleures? Le Gouvernement a-t-il pris une décision en vue de comptabiliser l'importance du travail non rémunéré? Pourquoi les fonctionnaires n'ont-ils droit qu'à un mois de congé payé de maternité, s'est interrogé un expert.

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Rappelant que le SIDA est en augmentation à Saint-Vincent-et-Grenadines, un expert a demandé si des mesures sont prises pour informer des jeunes adolescents dans des centres de proximité. Cette stratégie est-elle inscrite dans la politique de prévention que le Gouvernement privilégie? Le rapport ne mentionnant que des méthodes contraceptives féminines, la planification familiale s'adresse-t-elle également aux hommes? Le pays reçoit-il l'aide des fonds de coopération des Nations Unies ou d'organismes de santé internationaux? Les membres du Comité ont regretté, en outre, que le rapport n'évoque pas la question de l'avortement. L'avortement est-il légal? Est-il illégal? Si oui pourquoi? Quels sont les taux et les causes de mortalité maternelle et infantile? Les femmes ont-elles accès à des tests prénataux?

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.