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SG/SM/6138

LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QUE L'ACCORD DE PAIX AU GUATEMALA FOURNIT UN SCHEMA POUR RENFORCER LES FONDEMENTS D'UN ETAT DEMOCRATIQUE

30 décembre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6138
CA/127


LE SECRETAIRE GENERAL DECLARE QUE L'ACCORD DE PAIX AU GUATEMALA FOURNIT UN SCHEMA POUR RENFORCER LES FONDEMENTS D'UN ETAT DEMOCRATIQUE

19961230 Ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, a prononcé à l'occasion de la signature de l'Accord de paix à Guatemala City le 29 décembre :

C'est pour moi un honneur d'être parmi vous aujourd'hui à l'occasion de la signature de l'Accord instituant une paix ferme et durable au Guatemala. Par cet acte courageux, vous mettez officiellement un terme à un terrible conflit fratricide qui n'a causé que peines et souffrances à tant de personnes pendant tant d'années. Aujourd'hui est donc un jour d'une extrême importance et de bonheur intense car votre pays entre dans une nouvelle ère plus porteuse d'espoir.

Il y a cinq ans, le 16 janvier 1992, lors de ma première cérémonie publique après ma prise de fonctions en qualité de Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, je me suis rendu à Mexico pour la signature de l'Accord de Chapultepec, qui a rétabli la paix en El Salvador.

Aujourd'hui, alors que je me prépare à quitter mes fonctions, je me félicite d'assister à la signature de cet accord qui constitue un tournant décisif pour le Guatemala et pour toute l'Amérique centrale. En effet, pour la première fois, la paix s'installe dans toute la région, des gouvernements étant démocratiquement élus dans chaque pays.

Par ailleurs, la cérémonie d'aujourd'hui clôt le chapitre ouvert il y a près d'une décennie, en août 1987, lorsque les présidents des cinq pays d'Amérique centrale, réunis au Guatemala, ont signé l'Accord d'Esquipulas II par lequel ils se sont engagés à mettre en oeuvre des processus de démocratisation et de dialogue national dans leur pays en vue de parvenir à un cessez-le-feu et de promouvoir des élections libres et équitables.

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Je suis fier d'avoir eu l'occasion d'assumer mes fonctions pendant cette période mémorable de l'histoire de la région et de contribuer à mobiliser l'appui international à vos efforts inlassables en faveur de la paix. Ce processus, ainsi que les résultats remarquables obtenus, sont une source d'inspiration pour les efforts déployés pour rétablir la paix partout dans le monde. Pour cet accord de paix, nous devons rendre hommage en premier lieu au Gouvernement guatémaltèque et à l'Unidad Revolucionaria Nacional Guatemalteca. C'est essentiellement à la volonté des deux parties de mettre un terme à l'affrontement et de consacrer plutôt leurs énergies à des activités plus productives que sont la recherche de la paix, le développement et la réconciliation que nous devons la signature de cet accord.

Il convient également de louer la contribution significative et novatrice de la société civile guatémaltèque, en particulier des secteurs représentés au sein de l'Assemblée de la société civile, et de toutes les personnes et organisations qui ont oeuvré à la promotion de la vision du Guatemala qui se dégage des accords.

Nous devons également rendre hommage à la communauté internationale, de nombreux pays ici représentés aujourd'hui ayant fait preuve d'une diplomatie énergique et ayant apporté un concours financier généreux et d'autres formes d'appui inestimable. Au premier rang de ceux qui méritent des remerciements figurent les six "Amis" du processus de paix au Guatemala, à savoir la Colombie, le Mexique, la Norvège, l'Espagne, les États-Unis d'Amérique et le Venezuela.

L'Organisation des Nations Unies a été étroitement associée au procesus de paix depuis 1990, lorsqu'il a été demandé à mon prédécesseur, M. Javier Pérez de Cuéllar, de désigner un observateur qui participerait aux pourparlers de paix entre la Commission nationale de réconciliation du Guatemala et l'URNG.

En janvier 1994, la signature de l'Accord-cadre pour la reprise du processus de négociation a permis à l'Organisation des Nations Unies d'assumer la fonction de médiateur lors de toutes les négociations et de vérifier l'application de tous les accords ultérieurs. Depuis lors, par le biais du médiateur pour les négociations, de la Mission de vérification des Nations Unies pour les droits de l'homme au Guatemala (MINUGUA) et des institutions et programmes des Nations Unies, l'Organisation n'a cessé d'appuyer les parties et l'ensemble de la société guatémaltèque dans sa quête de la paix.

Je voudrais saisir l'occasion qui m'est offerte pour rendre hommage à toutes les personnes concernées pour leurs efforts, en particulier au médiateur, M. Jean Arnault. Je voudrais également exprimer ma reconnaissance à M. Leonardo Franco, l'ancien chef de la MINUGUA, et à M. David Stephen, l'actuel chef de la Mission.

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Comme dans d'autres situations où il s'est agi de consolider la paix après un conflit, les négociateurs ont cherché à s'attaquer aux racines du conflit, dont l'injustice sociale, les violations des droits de l'homme, la militarisation de la sécurité publique et la discrimination à l'égard de la population autochtone. Les Guatémaltèques ont abordé la question de la sécurité humaine selon une approche globale, en s'attaquant aux problèmes d'ordre militaire, politique, économique, social et environnemental. Et ils ont cherché, par la négociation, à renforcer à la fois les institutions et la société civile.

Ainsi, la signature, ce jour, d'un Accord sur une paix ferme et durable va au-delà de l'entrée en vigueur d'un certain nombre d'accords séparés relatifs à des questions distinctes. Elle combine tous les accords antérieurs en un engagement global pour l'avenir de tous les Guatémaltèques. Elle a pour effet de créer, à l'échelon national, un agenda pour la paix.

Les différentes dates d'application de tous ces accords sont énoncées dans l'échéancier pour l'application et la vérification des accords de paix, qui a été également signé aujourd'hui.

Avec l'Accord de paix final, tous ces accords soulignent l'un des principes fondamentaux du processus de paix au Guatemala, à savoir que la cessation du conflit armé n'est pas une fin en soi. Il s'agit plutôt d'un préalable à la recherche de la réconciliation nationale par-delà toutes les barrières politiques, sociales, ethniques, culturelles et linguistiques qui ont longtemps étouffé le développement du Guatemala.

La réalisation des objectifs énoncés dans les accords exige l'appui de tous au Guatemala. Jusqu'à présent, les deux parties ont été très attentives à rallier l'appui officiel des secteurs représentés à l'Assemblée de la société civile et de nombreux autres secteurs extérieurs à l'Assemblée. Ce large appui ne doit pas faiblir.

Il faudra aussi l'appui indéfectible des "Amis" du processus de paix au Guatemala, d'autres gouvernements intéressés et de la communauté internationale dans son ensemble. Celle-ci doit rester attentive, surtout au cours des premières étapes de l'application des accords, qui sont critiques.

Les affrontements en Amérique centrale ont fait des centaines de milliers de morts et ont eu pour effet de déplacer ou d'exiler davantage de personnes encore et nombre de survivants restent traumatisés. N'oublions pas ces victimes. Dans plusieurs pays, la guerre a ruiné l'économie et dévasté l'environnement. Le moment est venu de se tourner vers l'avenir et de construire des lendemains meilleurs.

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L'Accord pour une paix ferme et durable dont nous célébrons aujourd'hui la signature fait beaucoup plus que mettre fin à la guerre au Guatemala. Il constitue le schéma directeur du renforcement des fondations d'un État démocratique. Nous n'ignorons pas que la consolidation de la paix sera une opération onéreuse et de longue haleine. Une période de transition critique vous attend. À l'heure de l'espoir et des défis, je vous donne l'assurance que vous pouvez compter sur l'appui indéfectible de l'Organisation des Nations Unies.

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