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TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL NOMME M. KOFI ANNAN (GHANA), TENUE AU SIEGE LE 18 DECEMBRE 1996

18 décembre 1996


Communiqué de Presse
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TRANSCRIPTION DE LA CONFERENCE DE PRESSE DU SECRETAIRE GENERAL NOMME M. KOFI ANNAN (GHANA), TENUE AU SIEGE LE 18 DECEMBRE 1996

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M. Williams, Président de l'Association des correspondants de presse des Nations Unies (interprétation de l'anglais) : Nous vous souhaitons une chaleureuse bienvenue de la part de l'Association des correspondants de presse des Nations Unies. Nous disons «adieu» à Kofi et «Salut à vous», Monsieur le Secrétaire général. Nous espérons que vous continuerez d'être proche de nous tandis que nous respecterons les privilèges et les prérogatives dus à votre nouveau rang.

La première question concerne bien sûr le fait que les États-Unis, au cours des six derniers mois, ont dit qu'ils ne paieraient pas leur dû tant que votre prédécesseur serait en poste. Aujourd'hui, il n'est plus là. Quelles mesures pouvez-vous prendre pour faire en sorte qu'ils respectent leur promesse tacite de payer maintenant ce qu'ils doivent?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : J'envisage de travailler avec l'Administration et, à travers elle, avec le Congrès pour faire en sorte que les États-Unis paient leur dû à l'Organisation. J'ai clairement indiqué précédemment qu'il n'est réellement pas dans l'intérêt des États-Unis de ne pas payer leur contribution à l'ONU. Cela offense aussi bien les amis que les ennemis. Les États-Unis ont besoin des Nations Unies et les Nations Unies ont besoin des États-Unis. Nous ne pouvons fonctionner efficacement sans une assise financière saine.

Je suis certain que l'Administration fera tout ce qu'elle peut. Nous, de notre côté, devons faire ce qu'on attend de nous. Je fais allusion à la poursuite des réformes. La recherche de l'excellence est un processus permanent, qui se poursuivra.

Question (interprétation de l'anglais) : Au début de 1994, il y a eu une série d'alertes et d'avertissements transmis du Rwanda au Siège des Nations Unies. Vous aviez été informé d'un complot visant à tuer un grand nombre de Tutsis au Rwanda. L'ONU a partagé cette information — information essentielle — uniquement avec les grandes puissances dans la région et non avec le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Pouvez-vous nous dire ce que vous pensiez de cela, à l'époque : pensiez- vous que c'était une bonne idée de ne partager l'information qu'avec les grandes puissances, ou regrettez-vous cette décision? Rétrospectivement, auriez-vous agi différemment?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : D'abord, je voudrais dire que lorsque nous faisons rapport au Conseil de sécurité, nous ne remettons pas au Conseil chaque papier, message ou information que nous recevons. Nous faisons une synthèse des informations que nous avons et transmettons au Conseil des informations sur le danger dans la région et sur ce qui doit être fait. Je pense que vous conviendrez avec moi que si nous

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devions donner au Conseil chaque morceau de papier qui arrive au sujet des opérations menées dans le monde entier, il n'y aurait plus de place pour les membres du Conseil dans la salle du Conseil. Ce qu'on fait normalement c'est une synthèse des renseignements, on les analyse et on fait part du danger que l'on sent venir.

Pour ce qui est du Rwanda, personne au Conseil ne peut prétendre que le Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali ne leur ait pas fait comprendre qu'il fallait agir, ainsi que l'urgence de la situation.

Pour ce qui est de la correspondance particulière dont vous parlez, lorsque nous recevons ces renseignements, des mesures doivent être prises. Dans ce cas particulier, le commandant de la Force avait pour instruction de faire deux choses : premièrement, aller voir le Président et lui faire part des renseignements reçus, et l'avertir de prendre des mesures pour veiller à ce qu'on s'occupe de ce qu'il avait entendu ou pour régler la situation. Je précise d'abord qu'il s'agissait d'un renseignement qui n'avait pas été corroboré, mais il l'avait reçu de quelqu'un. Ensuite, nous lui avons dit d'en parler à trois ambassadeurs de pays importants qui avaient des ambassades à Kigali, et aussi de faire pression sur le Président pour qu'il contrôle la milice. Nous avons agi; nous ne sommes pas restés les bras croisés. Et le Conseil a été informé, à plusieurs reprises, de la situation dangereuse existant sur le terrain. Et c'est cela qui est important — et non de savoir si on leur a transmis tel ou tel bout de papier — et nous continuerons de procéder ainsi.

Question (interprétation de l'anglais) : Vous êtes un vétéran des opérations de maintien de la paix. Récemment, vous avez débattu de la question d'Haïti. Certaines grandes puissances étaient réticentes à proroger le mandat de la Mission. Comment voyez-vous l'avenir des opérations de maintien de la paix? Cette prorogation a-t-elle été limitée du fait de leur réticence à payer ou de leur réticence à accepter des opérations plus longues?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je constate que vous êtes assis à côté d'un ami haïtien.

Je voudrais dire qu'on a l'impression qu'il y a eu une réduction en matière de maintien de la paix ces dernières années. En réalité, le maintien de la paix a connu une augmentation. Il n'y a pas eu de réduction. Il s'est diversifié. Il y a environ 50 000 soldats de l'OTAN qui opèrent aux côtés de l'IFOR en Bosnie et il y a les contingents de la CEI dans les ex-républiques soviétiques. Il y a les soldats de l'ECOMOG au Libéria et, bien sûr, les 25 000 soldats du maintien de la paix de l'ONU. En tout, il y a environ 100 000 soldats, et je ne compte pas les soldats américains présents dans le Golfe. Au plus fort des opérations de maintien de la paix il y avait entre 75 000 et 80 000 hommes, donc il y a eu augmentation de ces opérations.

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Par ailleurs, il convient de noter que les deux organisations qui participent actuellement aux opérations de maintien de la paix en Europe — l'OTAN et la CEI — ne peuvent pas, en principe, agir en dehors de leur région. Donc, s'il y avait une crise et si la communauté internationale décidait de s'en mêler, la seule organisation à laquelle elle puisse s'en remettre, c'est l'ONU. Les organisations régionales ont évidemment un rôle à jouer, et nous nous en félicitons, mais au niveau mondial, le seul instrument dont nous disposions c'est le mécanisme de maintien de la paix de l'ONU. Et lorsqu'on regarde autour de soi et qu'on examine les crises qui nous entourent, je crois que le maintien de la paix n'est pas près de disparaître. Je ne suis pas en train de faire de la publicité, je ne fais que citer les faits.

Question (interprétation de l'anglais) : Comment définiriez-vous le rôle et le travail du Secrétaire général de l'ONU? Pensez-vous que Boutros-Ghali était le bouc émissaire des États-Unis?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je voudrais dire que le rôle du Secrétaire général est multiple. Certains ont dit que c'était un administrateur et un gestionnaire. Il s'agit d'une partie essentielle du travail. Mais il a également un rôle politique et diplomatique, et par-dessus tout, il a une voix morale qui doit se faire entendre périodiquement selon que de besoin.

Quant à la question de savoir si le Secrétaire général a été un bouc émissaire ou non, permettez-moi de dire que M. Boutros-Ghali a, à mon avis, contribué de façon importante à l'Organisation, et vous m'avez entendu le dire hier au cours de ma déclaration. Je crois que l'histoire le jugera avec beaucoup plus de bienveillance et de réalisme que ce n'a été le cas dernièrement dans certains milieux. Je m'en tiendrai là.

Question (interprétation de l'anglais) : Hier, le Pape Jean-Paul II a publié une déclaration sur la paix, dans laquelle il dit qu'il nous faut encore surmonter la culture de guerre pour pouvoir régler nos problèmes. Il a ajouté que l'on contribuerait grandement à la réalisation de cet objectif en donnant une vigueur nouvelle à l'Organisation des Nations Unies. J'aimerais que vous nous disiez ce que vous en pensez et comment il vous paraît possible de donner une vigueur nouvelle à l'Organisation que vous allez dirigez ces cinq prochaines années.

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : J'estime que pour donner une vigueur nouvelle aux Nations Unies, le plus important est peut-être que les États Membres réaffirment leur foi en l'Organisation. Nous devons encourager les États Membres à manifester une volonté inébranlable d'appuyer l'Organisation. Mais je pense qu'il est tout aussi important que nous démythifions l'ONU, que nous la rendions moins bureaucratique et moins distante pour le commun des mortels. Nous devons rapprocher l'Organisation des gens. Et il me semble que si nous avons l'appui des gens, s'ils comprennent ce que nous essayons de faire, les hommes politiques suivront.

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Question (interprétation de l'anglais) : Le représentant des États africains a déclaré à l'Assemblée générale — et c'est la vérité — qu'à travers l'Afrique votre nomination a suscité beaucoup de liesse. Mais il est vrai aussi que les attentes seront grandes, et pas seulement parmi les Africains, dans le domaine du règlement des conflits, de la consolidation de la paix après les conflits et des problèmes gouvernementaux. Ma question est la suivante : qu'envisagez-vous de faire pour aider à mobiliser les ressources de l'ONU en faveur de ce continent.

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je pense, en ce qui concerne la crise sur le continent, que seule une solution politique doit être recherchée. La solution ne peut pas être militaire. Je préférerais que le dirigeants de la région règlent ces problèmes par la discussion politique, et j'essaierai d'appuyer ces efforts de tout mon poids.

Lorsqu'on examine le continent, lorsqu'on voit ce qui se passe dans la région des Grands Lacs, lorsqu'on songe à la crise au Libéria, à la situation au Soudan, au conflit en cours en Angola, vous avez raison : le continent va occuper beaucoup de mon temps. Mais nous devons aussi comprendre que sans stabilité, et si nous ne mettons pas fin à ces conflits, on ne peut faire grand chose sur le plan économique. Les investisseurs et les gouvernements qui ont de l'argent à distribuer, ne vont pas investir dans des zones de conflit quand ils ne sont pas sûrs de ce que sera la situation dans un an ou deux.

Par conséquent, la stabilité économique, politique et sociale est extrêmement importante pour le développement économique. Si nous y parvenons, nous devrions pouvoir faire avancer le continent. Mais commençons par régler les problèmes politiques, puis occupons-nous des problèmes économiques. Pour cela, l'ONU devra de toute évidence mobiliser efficacement les ressources qu'elle possède au sein du système des Nations Unies et nous devrons coordonner nos efforts un peu mieux que nous l'avons fait jusqu'à présent. Mais les Africains ont eux aussi le rôle à jouer.

Question (interprétation de l'anglais) : Bien que les Nations Unies existent depuis 50 ans, nous continuons de voir l'oppresseur fort et dominateur et les peuples opprimés. Nous voyons les États Membres puissants continuer à faire ce qu'ils veulent alors que les autres États Membres ne peuvent se faire entendre ou subissent des contraintes. Que pensez-vous pouvoir faire pendant votre mandat pour que la Charte des Nations Unies soit véritablement efficace et joue son rôle? Que pouvez-vous faire, grâce à vos bons offices, pour aider les opprimés à se faire mieux entendre et à s'exprimer?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je répondrai d'abord à votre première question concernant les relations entre les États Membres — grands et petits — et quelques États plus puissants qui ont beaucoup plus d'influence que d'autres.

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Je suis fermement convaincu que l'ONU est une institution démocratique — ou devrait être une institution démocratique. Ce que nous avons à l'ONU c'est un groupe de 185 États Membres; chacun d'eux a des droits qui lui sont propres et dispose d'une voix. Lorsque j'entends dire que des États Membres sont l'objet de pressions, que des États Membres n'ont pas leur mot à dire, je suis un peu surpris et déçu. Je pense que les États Membres ont le droit de se faire entendre. Ils ont le droit de s'exprimer. Ils ont le droit de défendre leurs intérêts. Si des États ont l'impression d'être soumis à des pressions de la part de deux ou trois États Membres — pour autant qu'il en soit ainsi — c'est leur propre faute. Personne ne peut exercer sur vous une pression à moins que vous ne le permettiez.

Pour ce qui est d'aider les peuples opprimés, hier, dans ma déclaration, j'ai indiqué que l'Organisation devrait accorder beaucoup plus d'attention à cette question qu'à d'autres. Mais je dirai ici que cela ne signifie pas que l'ONU va s'ingérer dans les affaires intérieures de ses États Membres où que ce soit dans le monde. Toutefois, ces dernières années, le Conseil a démontré clairement que dans des situations où des facteurs humanitaires sont en jeu ou lorsqu'un dirigeant brutalise déraisonnablement sa population, alors il est intervenu. Et je crois que c'est un pas dans la bonne voie.

Question : Dans votre discours, hier, vous avez fait état du drame des pays laissés pour compte par la mondialisation. Tenant compte des limites du Secrétaire général qui ne dispose que de l'Article 99 de la Charte, comment comptez-vous aborder le problème puisque les autres Secrétaires généraux ont tenté de le régler mais n'y sont pas parvenus? Comment comptez-vous aborder ce problème?

Le Secrétaire général nommé : Je crois qu'on doit tous travailler ensemble avec la Banque mondiale et toutes les institutions des Nations Unies et, de plus, encourager les États Membres qui ont la capacité d'aider à faire beaucoup plus que ce qu'ils sont en train de faire maintenant. Il faut les convaincre qu'il est de leur propre intérêt d'aider ces pays.

Question (interprétation de l'anglais) : Dans votre discours d'hier, vous avez dit que vous présenteriez vos idées sur la réforme des Nations Unies aux États Membres. Quand pensez-vous le faire? Avez-vous un calendrier? Et, dans ce cas, que ferez-vous des propositions présentées par M. Maurice Strong, qui a travaillé un moment sur les réformes?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je dois dire tout d'abord que je n'ai vu aucune des propositions, ni celles élaborées par M. Strong, ni celles de M. Connor. Je suis certain que je les verrai le moment venu. Mais mon sentiment est que l'un des débats essentiels qui doivent se dérouler — et nous devons trouver un mécanisme pour ce faire — est que nous, États Membres de l'Organisation, devrions commencer à débattre de ce que doit faire l'ONU. Quelle doit être notre tâche? Quels doivent être nos objectifs? Comment repositionner l'ONU alors que nous arrivons au XXIe siècle?

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Il y a beaucoup d'idées à l'intérieur et à l'extérieur. Mais je ne pense pas qu'il y ait encore un consensus puisqu'il n'y a pas eu de débat. J'espère pouvoir engager les États Membres dans ce débat et, une fois que nous aurons pu définir nos objectifs, nous pourrons recentrer et réorienter les efforts de l'Organisation dans ce sens. En attendant, l'actuelle dynamisation en vue de prendre des mesures efficaces se poursuivra. Je pense que nous devrions voir des changements et des réformes et rechercher toujours l'excellence.

Question (interprétation de l'anglais) : Et au sujet du calendrier?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Le calendrier? J'hésite à donner un calendrier précis, mais j'espère que, dans les six premiers mois, nous aurons des indications du sens dans lequel nous voudrions tous aller.

Question (interprétation de l'anglais) : Chypre est l'un des problèmes dont traitent les Nations Unies. Le problème n'est pas du tout réglé. Avez- vous des plans particuliers pour cette administration? Pensez-vous pouvoir faire quelque chose pour résoudre le problème?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je voudrais dire que Chypre n'est pas un échec, dans la mesure où nous avons réussi sur le plan du maintien de la paix. Les combats ont pris fin. Il y a des tensions périodiquement, mais en ce qui concerne tout au moins le maintien de la paix, l'opération a fonctionné. La recherche d'un règlement politique se poursuit. D'autres gouvernements sont devenus récemment actifs en la matière — Royaume- Uni, États-Unis. Nous espérons que, dans la première moitié de l'année prochaine, nous pourrons faire en sorte qu'ils tiennent des pourparlers en vue d'un règlement. J'espère qu'un progrès décisif sera fait, mais je ne peux pas le promettre. La situation est déjà ancienne et traîne en longueur. Des efforts sont faits, non seulement aux Nations Unies, mais par d'autres groupes, des efforts que nous coordonnons.

Question (interprétation de l'anglais) : Au moment où doit commencer une nouvelle étape en Bosnie, on s'interroge à nouveau sur l'écart entre les mises en accusation par le Tribunal criminel international et le manque d'arrestations sur le terrain. Seriez-vous prêt, comme cela a été suggéré, à discuter de la création d'une force de police dotée de pouvoirs supplémentaires, ou tout au moins de pouvoirs limités spécifiquement à cette question?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Oui, la question s'est souvent posée. Je ne crois pas — mais je vais revenir un peu en arrière et dire que je conviens avec vous que, dans la situation en Bosnie, il est essentiel que les criminels soient traduits en justice et que, dans une situation comme celle-ci, la justice et la paix sont inséparables. Néanmoins, je ne suis pas certain que le groupe international de police des Nations Unies, qui a un mandat limité, soit une force vers laquelle nous devrions nous

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tourner pour obtenir l'arrestation des criminels. Pour des raisons manifestes, l'IFOR, qui dispose de forces bien supérieures, hésite à le faire. Nous devons insister sur la coopération des gouvernements de la région. Je pense ici à la Serbie, à la Croatie et au Gouvernement de la Bosnie qui, peut-être, a coopéré un peu plus que les deux autres. Ce qui est important également c'est qu'à la réunion de Londres, la communauté internationale a offert une aide qui dépend de la coopération des gouvernements avec tous les aspects de Dayton et, en particulier, la coopération avec le Tribunal.

Question (interprétation de l'anglais) : Deux questions rapides. Depuis 30 ans que vous êtes à l'Organisation, vous avez occupé différents postes. Vous pouvez peut-être révéler quelque chose. Au cours des années, vous devez avoir dit «Si j'avais le pouvoir, il y aurait une chose que je ferais, quelque chose que j'aimerais changer.» Certains de vos propos au sujet d'une administration ouverte et d'une rationalisation de la bureaucratie ont déjà été tenus par vos prédécesseurs. Il doit y avoir quelque chose que vous pouvez nous dire maintenant. Deuxièmement, pour éviter toute confusion comme celle qui est associée aux commentaires de certains de vos prédécesseurs au début : voulez-vous un deuxième mandat?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je viens d'être élu; laissez-moi respirer!

En ce qui concerne votre première question, je dois dire tout d'abord que je n'ai jamais rêvé de parvenir au poste le plus élevé, et je ne me suis donc jamais demandé ce que j'y ferais. Mais ma première priorité est d'établir une équipe efficace d'hommes et de femmes pour gérer l'Organisation avec moi. C'est ma première priorité. J'espère également que je pourrai travailler avec les États Membres de manière harmonieuse, qu'ils soient grands ou petits, y compris les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie. J'ai bien travaillé avec chacun d'entre eux et j'ai l'intention de continuer à le faire. Ce que j'espère pouvoir faire pendant que j'occuperai ces fonctions, c'est travailler avec les États Membres et redéfinir le rôle de l'Organisation et peut-être contribuer à la préparer au XXIe siècle.

Question (interprétation de l'anglais) : Je souhaiterais poser une question pratique et peut-être philosophique. En ce qui concerne la réforme, vous avez sans doute répondu à la plupart des questions sur ce sujet, mais envisagez-vous d'autres licenciements dans, disons, les six prochains mois? Et avez-vous eu des entretiens approfondis avec les Américains sur ce qu'ils souhaitent en terme de réforme?

La question philosophique est la suivante : certaines personnes qui la critiquent estiment que l'Organisation n'est utilisée dans certains cas que comme couverture pour cacher les intérêts particuliers de nombreux pays puissants au Conseil. Comment comptez-vous contrer ces critiques?

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Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je ne discuterai pas du fait que l'ONU ne peut être plus forte que ne le veulent les États Membres. Nous reflétons en fait les États Membres, mais, ceci dit, il y a de nombreuses choses que le Secrétaire général et le Secrétariat peuvent faire. Nous pouvons présenter aux États Membres des avis et des opinions indépendantes et parfois les mettre en garde contre les risques que nous prenons en nous engageant sur une certaine voie. Et si tous les États Membres s'y engagent, si tous participent et prennent réellement les questions au sérieux, les choses iront dans le bon sens. Ce qui me semble regrettable c'est que, parfois, nombre d'États Membres ne participent pas et ne s'engagent pas aussi activement dans les activités de l'Organisation qu'ils le devraient. Ils semblent constamment surpris que des choses se produisent autour d'eux. Je leur demande instamment de participer, de s'engager, de faire entendre leurs voix et de jouer un rôle.

Question (interprétation de l'anglais) : Et s'agissant des licenciements?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : En ce qui concerne votre première question au sujet des licenciements, je n'entends pas commencer en ayant pour objectif de licencier du personnel, mais si, dans le cadre du processus de réforme et de restructuration, certains départs ou des suppressions d'emplois sont nécessaires, il faudra le faire. Mais cela devra être fait de manière humaine et sensible, et les membres du personnel se verront donner un préavis suffisant et du temps. Et j'espère que le personnel prendra part à la réforme en cours.

Je ne pense pas que la réforme puisse être imposée en tant que telle. Si vous voulez que la réforme marche, il faut qu'il y est un dialogue. Vous devez expliquer ce que vous allez faire au personnel, en particulier à ceux qui vont être les plus touchés par les réformes. Vous devez leur faire accepter les réformes comme étant nos réformes, notre programme de changement, notre programme de réforme. Vous réussirez beaucoup mieux ainsi. Si vous imposez la réforme sans dialogue, vous réussirez à court terme, mais à long terme vous perdrez.

Question (interprétation de l'anglais) : Je souhaiterais vous féliciter en ma qualité de Présidente de l'Association des correspondants de presse des Nations Unies, élue pour l'année prochaine.

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) Je vous félicite, Madame la Présidente.

Question (interprétation de l'anglais) : Merci beaucoup. Nous apprécions beaucoup votre esprit d'ouverture à l'égard de la presse. Nous espérons que vous tiendrez de nombreuses conférences de presse. Pour notre part, nous espérons faire un travail de professionnels en nous montrant justes et très durs.

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Ma question est la suivante, aujourd'hui le Groupe arabe a présenté au Conseil de sécurité une demande afin que celui-ci tienne une réunion sur la question des colonies de peuplement israéliennes et sur les effets et les éventuelles répercussions graves pour la paix dans la région. En tant que Secrétaire général nommé, quelle est votre position sur le maintien de la politique israélienne d'implantation de colonies? Et êtes vous en mesure de faire quelque chose en votre qualité de Secrétaire général pour faire cesser cette situation, notamment compte tenu du fait qu'il existe des résolutions de l'ONU qui déclarent que les colonies sont illégales?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Il est trop tôt pour que je puisse vous exposer en détail ma ligne de conduite sur la situation au Moyen-Orient. Comme vous le savez, l'ONU ne participe pas directement au processus de paix au Moyen-Orient, mais en ma qualité de Secrétaire général j'utiliserais toute l'influence et tous les bons offices dont je dispose pour appuyer ce processus. Je n'étais pas au courant de l'initiative prise par les États arabes. Je viens de dire les États du Golfe, car je dois les rencontrer ce matin.

Question (interprétation de l'anglais) : Les États arabes ont uniquement demandé une réunion du Conseil de sécurité sur la question des colonies de peuplement et non sur le processus de paix en général.

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : S'agissant de la question des colonies de peuplement, nous avons tous lu la déclaration du Président Clinton selon laquelle aucune initiative ne devait être prise qui pourrait avoir des répercussions négatives sur le processus de paix. Et je crois que tous les peuples épris de paix souhaiteraient que le processus de paix progresse et encourageront quiconque à s'abstenir de prendre toute action qui pourrait avoir des répercussions effets négatives.

Question (interprétation de l'anglais) : Il y a deux philosophies en ce qui concerne le processus de paix au Moyen-Orient. L'une est que les Nations Unies doivent y participer très activement, c'est la philosophie de la majorité des pays. L'autre, celle d'Israël et parfois des États-Unis, est que les Nations Unies seraient une sorte de mouche du coche. Israël estime qu'on n'agit pas équitablement avec lui aux Nations Unies depuis des années. Voyez- vous un moyen pour Israël de participer davantage aux activités des Nations Unies?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Très franchement, pour l'instant je n'envisage pas une plus grande participation des Nations Unies et je ne vois pas, comme vous, que le monde entier réclame une plus grande participation des Nations Unies. Je sais qu'il y a un débat en cours au Moyen Orient : s'il devait y avoir un accord de paix et si une force d'application était nécessaire, faudrait-il recourir à une opération de

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maintien de la paix des Nations Unies ou utiliser le modèle de la force multinationale, comme celle se trouvant au Sinaï entre Israël et l'Égypte? Je sais que ce débat est en cours, mais quant aux négociations, nous n'y participons pas activement et je ne crois pas que le monde réclame notre participation active.

Question (interprétation de l'anglais) : En ce qui concerne la question relative à Israël et aux Nations Unies, les relations n'ont pas été très bonnes, Israël a été ... [inaudible]

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je crois que la relation a été précaire, mais nous avons vu une amélioration marquée après la signature de l'Accord de paix d'Oslo. C'était extraordinaire de voir la relation chaleureuse entre l'Ambassadeur israélien et certains Ambassadeurs arabes et l'amorce de contacts dans la région, car on sentait que la paix était à portée de la main et que la paix était possible. Et cela devrait être un encouragement pour tous ceux qui participent à ce processus afin qu'ils comprennent que si nous pouvons faire des compromis, si nous pouvons jeter du lest et parvenir à la paix, des relations harmonieuses avec nos voisins rendent l'effort satisfaisant.

Question (interprétation de l'anglais) : Le 16 octobre dernier, M. Louis Farrakhan a parlé devant quelque 300 000 personnes réunies devant les Nations Unies puis, plus tard ce jour-là, il s'est entretenu avec les correspondants dans cette même salle des conférences de presse. Dans votre désir de rendre l'Organisation moins bureaucratique et plus attirante pour le public, voyez-vous un rôle de médiateur que pourrait jouer M. Farrakhan dans quelque processus de paix en Afrique et dans le monde?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je n'y ai pas réfléchi.

Question (interprétation de l'anglais) : Êtes-vous optimiste quant à la mise en oeuvre sans problème de l'opération des vivres contre du pétrole? Pensez-vous qu'il existe encore des problèmes à ce sujet?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : J'ai l'impression qu'elle portera fruit. Je crois que les gens dans cet édifice, et il faut rendre hommage au Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali, qui a beaucoup fait à ce sujet, souhaitent qu'elle se réalise au mieux. Je crois que la partie iraquienne comme moi-même le veut aussi. Je rappellerai que j'ai été le premier à encourager les Iraquiens à s'asseoir à la table des négociations pour parler de l'échange de vivres contre du pétrole et que j'ai été à la tête de la première équipe de l'ONU. Je suis heureux qu'en fin de compte nous ayons pu aboutir et je suis heureux pour le peuple iraquien, en particulier pour les femmes et les enfants et pour les déshérités.

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Question (interprétation de l'anglais) : Envisagez-vous de participer personnellement aux efforts faits pour sortir de l'impasse où se trouve le référendum au Sahara occidental?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Oui. Si c'est nécessaire, j'ai l'intention de m'investir personnellement, et je pense que ces derniers mois nous avons vu les pourparlers évoluer entre les parties. Nous devons essayer de les faire avancer, et ma participation personnelle n'est pas exclue.

Question (interprétation de l'anglais) : Ma première question est la suivante : Serez-vous disponible pour un deuxième mandat? Deuxièmement : de quelle façon, si c'est le cas, votre administration sera-t-elle différente de celle de votre prédécesseur?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je vais vous donner une réponse claire à la première question. Évidemment, c'est une question que se posent beaucoup de personnes et cela ne va pas s'arrêter. Je pense que vous avez tous suivi les discussions qui ont eu lieu pendant l'élection au sujet du roulement régional et du nombre de mandats que chaque région devrait avoir ou a eus par le passé. Je crois qu'il existe un schéma historique et qu'il est très clair, et que la réponse devrait être manifeste pour nous tous. Je n'ai pas l'intention de modifier les schémas établis.

Vous aviez une deuxième question : comment mon administration sera-t- elle différente? J'espère pouvoir mettre en place une administration qui fonctionne de façon collégiale avec un bon esprit d'équipe. J'espère pouvoir déléguer des pouvoirs de façon judicieuse — et cela ne signifie pas que je vais renoncer à mes responsabilités — et, bien sûr, lorsque vous déléguez il faut appliquer la première règle de la délégation, à savoir : bien connaître son personnel. C'est un aspect fondamental de la gestion. Je renforcerai le pouvoir d'action du personnel pour qu'il puisse travailler. Les fonctionnaires feront des erreurs et des erreurs seront faites, mais s'ils sont de bonne foi, cela n'a pas d'importance. J'espère que mon administration sera caractérisée par l'ouverture.

Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez été chargé des opérations de maintien de la paix pendant un certain nombre d'années. Il y a eu des échecs et des succès, du fait notamment du manque de ressources. Quels sont les principaux enseignements que vous avez tirés des échecs et des succès du passé?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : C'est un nouveau débat qui s'ouvre. Nous avons tiré des enseignements de nos erreurs et de nos échecs dans le domaine du maintien de la paix. En fait c'est une des raisons qui nous ont poussés à établir une «unité des enseignements tirés».

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Nous avons appris — et je crois que le Conseil l'a également appris — qu'un mandat clair est nécessaire. Nous avons appris que les ressources doivent être à la hauteur des tâches. Nous avons appris que nous devrons nous déployer sur le théâtre des opérations avec une force et une structure de force capable d'exécuter son mandat et de se défendre. Nous avons appris, contrairement aux hésitations du passé, que le renseignement est nécessaire et que nous avons besoin d'analyses politiques solides pour envisager le déroulement probable de la crise et la façon d'agir selon la tournure que prendront les événements.

Il importe également d'expliquer au public et aux médias en quoi consiste notre mandat et la raison pour laquelle nous sommes sur le terrain, quels sont nos objectifs et ce que nous ne devons pas faire. Je pense que nous n'avons pas très bien réussi en Bosnie dans le domaine des relations publiques.

Nous avons beaucoup appris également de la Force multinationale de mise en oeuvre de la paix (IFOR). L'IFOR a défini son mandat de façon précise et claire et l'a constamment réaffirmé et a dit au public ce qu'elle fera et ce qu'elle ne fera pas. En revanche, la FORPRONU était une sorte de fourre-tout qui essayait de répondre aux souhaits des uns et des autres.

Enfin, je pense qu'il faudrait faire comprendre au public, que ce soit à l'intérieur du pays où nous oeuvrons ou à l'extérieur, les motifs de notre présence et essayer de maintenir son appui. Sans cet appui les choses deviennent difficiles.

Question (interprétation de l'anglais) : L'un des deux lauréats du prix Nobel de la paix de cette année, José Ramos Horta, a dit récemment que, s'il n'y avait pas de résultats immédiats au cours de la prochaine série de pourparlers entre les Ministres des affaires étrangères portugais et indonésien, qui doit avoir lieu ici dans les prochains jours, l'ONU devrait modifier sa démarche sur le différend au Timor oriental. Est-ce que vous avez l'impression, après 20 ans, que les résultats des propres efforts de l'ONU sont suffisants, et sinon quelle nouvelle direction pensez-vous que l'ONU devrait prendre pour régler la question?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais): Je pense que si vous avez essayé quelque chose pendant 20 ans et que cela n'a pas marché, vous devez envisager autre chose. À défaut d'un changement radical, il faut du moins changer de méthode. Je ne suis pas en mesure de vous donner des détails sur ce que je ferai, mais je puis vous assurer que je vais examiner cette question de façon critique pour voir s'il y a quelque chose que nous pouvons faire différemment, qui permette de faire avancer le processus.

Question (interprétation de l'anglais) : Vous avez dit publiquement que vous aimeriez voir le Japon et l'Allemagne admis au Conseil de sécurité en tant que membres permanents. Je me demande si cela inclurait le droit de veto intégral dont disposent les cinq autres membres et si vous pensez que cela pourrait se faire dans les cinq ou peut-être les 10 prochaines années?

- 14 - GA/9212 18 décembre 1996

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je voudrais clarifier ma position sur la question de l'élargissement du Conseil de sécurité. D'abord, il appartient aux États Membres d'en décider. Mais je suis d'accord pour dire que le Conseil de sécurité, tel qu'il existe aujourd'hui, reflète dans l'ensemble les réalités politiques et économiques de 1945 et qu'il doit s'adapter aux réalités d'aujourd'hui.

Ce que j'ai dit est que, bien qu'il soit généralement admis que le Japon et l'Allemagne doivent devenir membres du Conseil, ils ne peuvent espérer être les seuls. Il y a d'autres pays dans d'autres régions du monde qui aspirent légitimement à le devenir, et si nous voulons rendre cette Organisation un peu plus démocratique, alors nous devons élargir le Conseil pour qu'il reflète les réalités d'aujourd'hui. Je n'insiste donc pas au sujet de l'Allemagne et du Japon; tout ce que je dis est qu'il y a des signes qui indiquent clairement qu'ils entreront au Conseil, mais avec d'autres.

Question (interprétation de l'anglais) : En 1993, le Canada et les Pays- Bas ont proposé la création d'une force permanente des Nations Unies pour la gestion des crises capable d'agir très rapidement. Encouragerez-vous ces initiatives durant votre mandat? La deuxième question est la suivante : Quel poste envisagez-vous de confier aux Français?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Je ne pense pas que nous puissions avoir une armée permanente des Nations Unies. Les États Membres ne sont pas prêts pour cela. Cela pose des questions financières et des aspects juridiques importants tels que la question de savoir quelles lois seraient applicables et l'endroit où elle serait stationnée. Mais à défaut d'avoir une armée permanente des Nations Unies, nous avons pris des initiatives qui nous aideront peut-être à réaliser ce que nous aurions espéré obtenir d'une armée permanente.

Le vrai problème est la rapidité du déploiement. Nous encourageons les gouvernements à mettre sur pied des brigades pouvant être déployées rapidement et des bataillons pouvant être déplacés sans délai sur le terrain, au cas où les gouvernements décideraient de prendre part à des opérations de maintien de la paix. C'est ainsi que le Gouvernement danois a mis sur pied une brigade de 5 000 hommes et femmes pouvant être déployée assez rapidement. Il a indiqué que les éléments du Siège peuvent être déployés en 48 heures et l'essentiel de la force en un mois.

Si nous pouvions encourager 12 à 20 États Membres à faire de même, 12 à 20 États Membres qui seraient désireux de répondre à une demande éventuelle du Conseil, nous pourrions réduire considérablement le temps nécessaire au déploiement des contingents sur le terrain.

- 15 - GA/9212 18 décembre 1996

S'agissant du poste prévu pour les Français, je ne sais pas encore, mais ce que j'ai l'intention de faire, c'est procéder au plus large roulement possible des postes. Je ne pense pas qu'aucun gouvernement puisse penser qu'il existe un poste dont il hérite. Les postes ne se transmettent pas par héritage. Donc, il y aura des changements, et vous verrez des gouvernements ayant occupé un poste dans un domaine pendant longtemps se voir confier autre chose. Je n'ai pas pris de décision quant à ce que les Français auront, mais ils auront un poste de Secrétaire général adjoint, comme en ont tous les Secrétaires généraux adjoints.

Question (interprétation de l'anglais) : Ma question a trait à l'Afrique. Le retour de Mobutu Sese Seko au Zaïre complique une situation déjà complexe. Quelle sera la réaction de votre administration à la crise de la région des Grands Lacs?

Pour ce qui est de l'Afrique occidentale, étant donné la relative stature du Nigéria dans la région comme ancre de stabilité, votre administration va-t-elle faire sien l'engagement pris par votre prédécesseur et, éventuellement, l'étendre pour inclure un rôle de médiateur permettant de résoudre la crise politique du Nigéria?

Le Secrétaire général nommé (interprétation de l'anglais) : Vous avez commencé en disant que le retour au Zaïre du Président Mobutu aggrave la situation. D'autres pensent qu'il va être le sauveur. Je ne sais pas, mais je dirais que la situation dans la région des Grands Lacs suscite beaucoup de préoccupation. Nous avons vu un grand nombre de réfugiés rentrer au Rwanda. Le Gouvernement fait de son mieux pour accueillir ces réfugiés et je crois que la communauté internationale devrait leur apporter toute l'assistance nécessaire.

Des efforts ont été déployés pour organiser une conférence de paix régionale afin de réunir tous les dirigeants autour d'une même table. Le moment n'est peut-être pas encore venu, mais c'est un aspect essentiel et je vais oeuvrer en ce sens. Comme je l'ai dit plus tôt, les seules solutions viables sont les solutions politiques, et si nous pouvons convaincre les dirigeants de la région à s'engager avec l'appui de Gouvernements de l'extérieur — en Europe, en Amérique et à l'ONU — on pourra alors peut-être maîtriser la crise. Ce que l'on devrait chercher à prévenir c'est la propagation de la violence dans les pays voisins, et j'espère que ce qu'on a vu dans l'Est du Zaïre sera limité, même s'il y a des signes d'éventuelles insurrections dans d'autres parties du Zaïre. Mais nous devons mettre tout en oeuvre pour limiter ces conflits.

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