EVOQUANT LES PERSPECTIVES D'AVENIR, LE SECRETAIRE GENERAL NOMME ESTIME QUE L'ONU QUI A UN ROLE VITAL A JOUER MERITE L'ATTENTION ET L'APPUI DE TOUS
Communiqué de Presse
GA/9211
EVOQUANT LES PERSPECTIVES D'AVENIR, LE SECRETAIRE GENERAL NOMME ESTIME QUE L'ONU QUI A UN ROLE VITAL A JOUER MERITE L'ATTENTION ET L'APPUI DE TOUS
19961218 M. Kofi Annan affirme sa foi dans la capacité de l'Organisation d'améliorer la condition humaine notamment celle des plus démunisOn trouvera ci-après le texte de la déclaration du Secrétaire général nommé, M. Kofi Annan, faite à l'Assemblée générale le 17 décembre 1996 :
Je vous remercie tous de votre amabilité. Les voeux de tant d'éminentes personnalités me touchent profondément.
Monsieur le Président, j'admire de longue date l'imagination et la volonté résolue dont vous savez faire preuve face aux défis redoutables de la diplomatie multilatérale, et je tiens à dire à quel point j'apprécie les qualités d'animateur avec lesquelles vous avez si efficacement géré l'emploi du temps chargé de l'Assemblée générale à cette session des plus productives.
Vous me faites grand honneur, et me chargez dans le même temps d'une bien lourde responsabilité en m'élisant septième Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies. En fils de l'Afrique, en fonctionnaire international d'une vie entière, je m'engage devant vous à faire tout ce qui sera en mon pouvoir pour mériter votre confiance.
Je tiens à rendre hommage ici à la hauteur de vues, à la clairvoyance et à l'énergie de M. Boutros Boutros-Ghali, homme d'État hors du commun à qui est incombée la charge de diriger l'ONU pendant la phase de transition turbulente qui l'a menée des temps de la guerre froide à l'ère nouvelle qui s'ouvre devant nous. Nous sommes tous conscients de l'importance de sa contribution, dont l'histoire appréciera toute la valeur.
En pleine période de changement, l'Organisation se trouve aujourd'hui à la croisée des chemins. Pendant quarante-cinq ans, la rivalité entre les superpuissances a imprégné son existence même, et dans une large mesure façonné son rôle. La guerre froide ayant pris fin, les États Membres doivent s'entendre, tout en redéfinissant leurs propres relations, sur ce que l'ONU devrait devenir pour qu'ils continuent à lui apporter leur soutien.
L'heure de ce choix est venue. Car l'Organisation, tout comme le reste du monde, doit changer. Que chacun des États Membres se félicite de ce changement, qu'il n'y résiste pas. Faisons du changement notre allié, plutôt que notre ennemi; voyons-y une chance offerte, plutôt qu'une menace; reconnaissons-en la nécessité plutôt que d'y trouver une contrainte.
Si ceux que cette salle assemble parviennent, avec la participation de toutes les nations, grandes et petites, à l'Est comme à l'Ouest, au Nord comme au Sud, à alléger notre Organisation, à la rendre plus efficace, plus productive et mieux à même de répondre aux attentes et aux besoins de ses Membres, à la rendre plus réaliste aussi, dans ses objectifs comme dans ses engagements, alors, et alors seulement, auront-ils vraiment servi ses hautes visées et les intérêts les mieux compris de cette planète.
Ce n'est pas que les ébauches manquent, alors que les Nations Unies renaissent des cendres de la guerre froide. Ce n'est pas que les idées ou le débat fassent défaut. Ce qui nous échappe encore, c'est le consensus et la détermination. Il s'agit maintenant de trouver un terrain d'entente, d'orienter ensemble les changements qui porteront cette Organisation en avant.
Tous les problèmes anciens, ceux notamment de la paix et de la sécurité entre les nations et de la justice sociale pour leurs peuples, continuent de nous interpeller. Mais les perspectives dans lesquelles nous les abordons doivent être élargies. De nouvelles manières de concevoir la paix et la sécurité doivent se faire jour. Le monde commence à mieux cerner les causes multiples du conflit, les bases économiques de la stabilité et la sombre vérité que l'intolérance, l'injustice et l'oppression, avec leurs funestes retombées, ne s'arrêtent pas aux frontières nationales.
Nous savons mieux que jamais, de même, que le développement économique durable n'est pas seulement affaire de projets et statistiques; que ce sont des êtres humains qui en font le véritable enjeu, des gens bien réels, avec des besoins élémentaires, des gens qu'il faut nourrir, vêtir, loger,
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soigner... Faisons en sorte que les ressources et les moyens du système des Nations Unies soient mis au service de ceux qui en ont le plus grand besoin, les laissés pour compte de la mondialisation. Faisons le nécessaire, aussi, pour que les États Membres les mieux en mesure de donner entendent la voix de l'ONU sur le théâtre de l'économie.
Ni le Secrétaire général, ni le Conseil de sécurité, ni le Conseil économique et social ne sauraient relever tous ces défis à eux seuls. Le rôle de l'Assemblée générale deviendra plus important encore, tandis que nous nous emploierons à parfaire le triangle du développement, de la liberté et de la paix.
Dans cette entreprise commune, j'entends ne jamais outrepasser ni minimiser le rôle dévolu au chef de l'un des six organes principaux de l'ONU. J'entends aussi faire savoir aux États Membres ce que je pense vraiment. J'entends offrir mes services et bons offices en tant qu'intermédiaire et médiateur chaque fois qu'il me paraîtra utile de le faire. J'entends diriger une fonction publique internationale intègre, efficace, indépendante et fière de sa contribution à l'amélioration des conditions de vie dans notre monde. J'entends enfin mettre l'accent non seulement sur nos obligations statutaires, non seulement sur nos astreintes financières, non seulement sur nos impératifs politiques et diplomatiques, mais aussi, et surtout, sur la dimension morale de la mission que nous accomplissons au service de cette Organisation.
Le moment est venu de panser nos plaies : en surmontant les fractures et les frictions entre les États Membres et cette Organisation, qui ne peut fonctionner sans leur appui politique et matériel; en venant à bout du découragement et de la lassitude dont se ressent un Secrétariat ébranlé par la critique, mais dont les fonctionnaires très dévoués ne méritent pas moins notre gratitude et nos encouragements.
Aux nations et aux peuples du monde dont les représentants sont assemblés ici je dis simplement ceci : l'Organisation des Nations Unies est votre instrument de paix et de justice. Faites-en le meilleur usage, respectez-la, venez à sa défense. Elle ne peut être ni plus sage, ni plus compétente, ni plus efficace que les États Membres qui la constituent et la guident. Nous qui sommes ici pour vous servir, prenons l'engagement d'apporter tous nos efforts et toute notre énergie à la défense des causes que proclame la Charte. Aucune nation ne doit avoir à lutter seule face aux menaces que cette Organisation a pour vocation de lever. Mais nous ne réussirons qu'avec votre appui et votre concours politiques, moraux, matériels
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et financiers. Applaudissez nos succès; condamnez nos échecs; mais, de grâce, ne laissez pas cette indispensable, cette irremplaçable institution dépérir, s'étioler ou s'éteindre par l'effet de l'indifférence, de l'inattention ou de la trop grande parcimonie des États Membres.
J'accepte la charge élevée dont vous m'investissez, avec humilité devant les formidables gageures qui nous attendent, mais avec la ferme conviction aussi que la noblesse de nos objectifs communs, que la fermeté de l'esprit qui nous anime, que tout l'allant de notre grande entreprise prévaudront. Seul, je ne puis rien. Ensemble, nous pouvons faire irréversiblement progresser la paix, la dignité et la justice pour le bien de l'humanité tout entière.
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