L'UNICEF EXIGE L'INTERDICTION DE CES FORMES LES PLUS INTOLERABLES DU TRAVAIL DES ENFANTS, QUE SONT LA PROSTITUTION ET LE TRAVAIL SERVILE
Communiqué de Presse
ICEF/1836
L'UNICEF EXIGE L'INTERDICTION DE CES FORMES LES PLUS INTOLERABLES DU TRAVAIL DES ENFANTS, QUE SONT LA PROSTITUTION ET LE TRAVAIL SERVILE
19961211 Six mesures pour mettre fin au travail de 250 millions d'enfants dans le mondePrésentant le rapport sur la situation des enfants dans le monde, 1997, à New York, le mercredi 11 décembre, Carol Bellamy, Directrice générale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), a demandé que des mesures soient prises à l'échelle mondiale, afin de remédier au problème du travail des enfants. Le rapport de l'UNICEF propose six mesures prioritaires afin d'éliminer les causes profondes du travail des enfants et d'atténuer la détresse de quelque 250 millions d'enfants qui travaillent. Exigeant qu'il soit mis fin d'urgence aux formes les plus intolérables du travail des enfants, comme la prostitution ou le travail servile, Mme Bellamy a décrit ces dernières comme constituant une violation si grave des droits de la personne humaine que la communauté mondiale doit les considérer de la même manière que l'esclavage c'est-à-dire comme une activité inqualifiable dans quelque circonstance que ce soit.
Le rapport indique qu'au moins un quart des enfants du monde en développement travaille soit quelque 250 millions âgés de 5 à 14 ans et propose l'adoption de six mesures prioritaires afin de remédier à cette situation :
Élimination immédiate du travail des enfants dans des conditions dangereuses et à des fins d'exploitation;
Enseignement gratuit et obligatoire pour tous les enfants;
Promulgation de lois rigoureuses régissant le travail des enfants et application effective de ces lois dans chaque pays;
Enregistrement de tous les enfants à la naissance;
Collecte et analyse des données;
Codes de conduite et directives applicables à la passation des marchés.
L'UNICEF exige en premier lieu l'élimination immédiate du travail des enfants dans des conditions dangereuses et à des fins d'exploitation. Il faut mettre un terme aux activités qui compromettent leur développement physique, mental, spirituel, moral ou social, a dit Mme Bellamy, qui a ajouté que le travail des enfants comportant des risques constituait une atteinte à leurs droits en tant qu'êtres humains et un outrage à notre civilisation.
L'UNICEF souligne que toute attaque globale contre le travail des enfants dans des conditions dangereuses doit être menée sur plusieurs fronts. Il faut en effet tenir compte des intérêts de l'enfant en tant qu'être humain et non pas simplement en tant que travailleur c'est-à-dire prendre en considération l'ensemble de ses besoins et de ses droits ; il faut aussi désaliéner immédiatement les enfants se trouvant dans les situations les plus dommageables, notamment ceux qui sont astreints à un travail servile ou exploités pour la prostitution, et assurer la réadaptation de ceux qui ont été libérés, en leur fournissant des services et des moyens appropriés, notamment en matière d'éducation; il faut enfin protéger les enfants qui travaillent et ne peuvent être immédiatement libérés, en améliorant leur sécurité et en favorisant leur développement dans toute la mesure du possible.
Le rapport met l'accent sur les liens existant entre l'accès à l'enseignement et l'élimination du travail des enfants, faisant observer que l'éducation permet de libérer les enfants qui travaillent aujourd'hui et d'empêcher qu'à l'avenir d'autres ne dérivent vers le monde du travail. L'UNICEF souligne que, si la fréquentation d'un établissement scolaire se poursuit pendant une longue période et si les cours dispensés sont de bonne qualité, les risques pour un enfant d'être astreint à des travaux dommageables seront réduits d'autant.
Le rapport demande de modifier les priorités aux niveaux national et international, afin que chaque enfant ait accès à un enseignement primaire de bonne qualité et utile. Il cite une enquête par sondage effectuée dans 14 pays parmi les moins avancés, pour donner un exemple des difficultés auxquelles ces pays sont confrontés dans le domaine de l'éducation : la moitié des élèves ne disposent pas de manuels scolaires; les classes sont souvent surchargées, avec 67 élèves par enseignant au Bangladesh et près de 90 par enseignant en Guinée équatoriale. Non seulement le budget de l'enseignement est clairement insuffisant mais l'éducation est souvent rigide et n'a rien d'inspirant, les programmes étant inadaptés et sans aucun rapport avec la vie des enfants. De ce fait, dans les pays en développement, environ 30 % des enfants inscrits dans les écoles primaires abandonnent leurs études. L'éducation est devenue partie du problème, selon l'UNICEF; elle doit être réformée pour devenir partie de la solution.
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Le rapport demande aux gouvernements d'allouer 20% de leur budget à l'enseignement et aux services sociaux de base, et aux pays donateurs de faire de même pour l'aide publique au développement. La scolarisation de tous les enfants du monde dans le monde entier d'ici à l'an 2000 exigerait, selon les estimations, d'engager des dépenses d'un montant de 6 milliards de dollars par an, en plus des sommes déjà dépensées. Cela peut paraître considérable mais cette somme représente moins de 1% des dépenses annuelles d'armement à l'échelle mondiale.
Le rapport comprend un chapitre qui examine quatre des mythes qui perdurent au sujet du travail des enfants, à commencer par l'idée qu'il n'existe que dans le monde en développement. Il souligne que, dans tous les pays riches et pauvres , des enfants travaillent. Au Royaume-Uni par exemple, les estimations les plus fiables montrent que de 15 à 26 % des enfants de 11 ans travaillent. Aux États-Unis, une opération de trois jours organisée par le Département du travail en 1990 a permis d'établir que plus de 11 000 enfants travaillaient illégalement.
Le rapport conteste également le mythe selon lequel le travail des enfants ne pourra être éliminé tant que la pauvreté n'aura pas disparu. Il souligne que le travail des enfants existe principalement en raison du fait que certains individus sont prêts à utiliser ces derniers à des fins de profit à exploiter leur pauvreté, généralement au mépris des lois nationales en vigueur. Si les efforts visant à éliminer toutes les formes de travail des enfants doivent aller de pair avec les mesures tendant à réduire l'extrême pauvreté, il ne faut pas, selon le rapport, attendre que la pauvreté ait été éradiquée pour mettre fin au travail des enfants comportant des risques. La pauvreté ne pourra être éliminée d'ici la fin de la décennie, mais il est possible de mettre un terme au travail des enfants dans des conditions dangereuses et aux graves violations de leurs droits qui en résultent. L'élimination du travail des enfants dans des conditions dangereuses et à des fins d'exploitation constitue en soi une mesure importante contribuant à réduire la pauvreté, d'après le rapport.
Le rapport conteste en outre l'idée que les enfants travaillent surtout dans les industries d'exportation. En fait, seule une petite fraction des enfants qui travaillent sont employés dans ce secteur sans doute moins de 5 %. La plupart des enfants travaillent dans des exploitations agricoles et des plantations ou chez des particuliers, échappant ainsi au contrôle des inspecteurs du travail et à l'attention des médias.
Le rapport examine enfin l'idée que les sanctions et les boycottages sont le seul moyen de progresser dans la lutte contre le travail des enfants. Ce mythe implique que les populations et les gouvernements des pays en développement refusent de reconnaître ce problème. En réalité, les gouvernements, les communautés, les organisations et les particuliers s'efforcent d'exposer les abus dans ce domaine, de mettre en place des programmes aux niveaux local et national et de contribuer à sensibiliser les consommateurs dans leur pays et à l'étranger.
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Les sanctions et les boycottages ont effectivement contribué à accroître la vigilance en ce qui concerne le travail des enfants dans les industries d'exportation, contraignant certains gouvernements et dirigeants d'entreprise à prendre des mesures correctives énergiques. Il faut toutefois adopter des approches différentes pour atteindre les 95 % restants les enfants dont le travail passe souvent inaperçu ou n'est pas déclaré, comme les enfants prostitués, ceux qui travaillent dans des exploitations agricoles ou comme domestiques et ceux qui travaillent dans les industries locales.
Pratiquement tous les pays ont ratifié la Convention relative aux droits de l'enfant, qui reconnaît le droit de l'enfant d'être protégé contre l'exploitation économique et de n'être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible de compromettre son éducation ou de nuire à son développement. Aux termes de l'article 32 de la Convention, les gouvernements s'engagent à fixer un âge minimum d'admission à l'emploi et à prévoir une réglementation appropriée des conditions d'emploi et des peines adéquates pour assurer l'application de ces dispositions.
La vie des enfants qui travaillent ne changera pas si le monde ne transforme pas ses paroles en actes, de l'avis de l'UNICEF. Il est temps de faire prévaloir les valeurs morales. À l'approche du nouveau millénaire, le travail des enfants comportant des risques doit disparaître; il doit être considéré comme appartenant à une époque révolue, comme les autres formes d'esclavage auxquelles il ressemble tant.
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Note : Le rapport sur la situation des enfants dans le monde, 1997, sera présenté par Mme Bellamy le 11 décembre, à 10 h 30, lors d'une conférence de presse dans la salle Labouisse, Maison de l'UNICEF, 3 United Nations Plaza, 44th Street, New York, N.Y. 10017. Mme Bellamy sera accompagnée par Roger Moore, représentant spécial de l'UNICEF pour les arts cinématographiques.
Pour plus d'informations, contacter les personnes ci-après à la Section des médias de l'UNICEF : Madeline Eisner (212) 326-7261; Rana Flowers (212) 326-7309; Patrick McCormick (212) 326-7162; ou Angela Hawke (212) 326-7259. Des exemplaires du rapport seront disponibles à la conférence de presse. Pour obtenir un exemplaire en distribution préliminaire ou une pochette d'information comprenant un exemplaire du rapport, des photographies, des graphiques et des matériaux d'information, contacter la Section des médias. Pour les enregistrements sonores, contacter William Hetzer, Chef de la Section de la radiodiffusion/communication électronique : (212) 326-7290.
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