PI/979

FIN DES TRAVAUX DU FORUM MONDIAL DES NATIONS UNIES SUR LA TELEVISION

22 novembre 1996


Communiqué de Presse
PI/979


FIN DES TRAVAUX DU FORUM MONDIAL DES NATIONS UNIES SUR LA TELEVISION

19961122 APRES-MIDI PI/979 Le Forum mondial des Nations Unies sur la télévision a clôturé, cet après-midi, ses travaux au Siège de l'Organisation, en proposant une déclaration finale. Cette déclaration souligne la nécessité pour la télévision de continuer à représenter le pluralisme des cultures et des opinions, en vue de promouvoir les échanges, la coopération et le respect mutuel à l'échelle mondiale. En même temps, elle souligne le rôle vital de la télévision publique et des institutions nationales et internationales, pour garantir l'accès de tous les peuples à une information non biaisée sur leurs propres cultures et société civile, ainsi que sur les événements mondiaux. Des services télévisés publics appropriés sont indispensables au bon fonctionnement des démocraties véritables. La Déclaration indique également que certains participants ont proposé de renforcer la coopération régionale, notamment en apportant des appuis supplémentaires aux échanges en matière de presse audiovisuelle. Il a également été suggéré de garantir un libre accès aux systèmes de transmission par satellite digital. Grâce au Département de l'information, les Nations Unies devront chercher à jouer un rôle de catalyseur, renforcer son partenariat avec les groupes de médias, tant publics que privés, et renforcer ses liens avec la société civile. Les participants au Forum ont appuyé la proclamation d'une Journée mondiale de la télévision, qui sera célébrée le 21 novembre de chaque année, qui sera marquée par des échanges mondiaux de programmes de télévision mettant l'accent sur des questions telles que la paix et la sécurité, le développement économique et social, et le renforcement des échanges culturels.

Des déclarations de clôture ont été faites par MM. Samir Sanbar, Sous- Secrétaire général à l'information, et Paolo Fulci, Représentant permanent de l'Italie auprès des Nations Unies. M. Sanbar a notamment souligné la nécessité de renforcer les liens entre les Nations Unies et les médias car l'Organisation ne peut fonctionner sans leurs contributions.

MM. Dereck de Kerkhove, Directeur du Programme McLuhan de l'Université de Toronto, Michael Tracey, Directeur du Centre de recherches sur les médias de l'Université du Colorado et Carlo Sartori, Directeur des relations extérieures et internationales de la radiotélévision italienne (RAI) ont tiré les conclusions des débats.

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Au début de cette dernière séance, une table ronde a réuni les participants au Forum sur le thème "La télévision et son avenir". Cette discussion a notamment offert l'occasion d'examiner le rôle des médias publics et la manière dont la télévision peut améliorer la compréhension entre les peuples et la coopération entre les nations telles qu'envisagées dans la Charte des Nations Unies. Dans la matinée, M. Ted Turner, Vice-Président de Time Warner Inc., était intervenu sur le thème d'"un engagement collectif envers notre avenir commun".

Le Forum des Nations Unies sur la télévision, première manifestation de ce genre convoqué par l'Organisation, s'est tenu sous les auspices du Département de l'information, du Ministère italien des affaires étrangères et de la RAI. Au cours des deux jours du Forum, plus de 130 personnalités du monde de la télévision, des représentants d'organisations non-gouvernementales (ONG) et des journalistes venus de toutes les régions du monde ont débattu du rôle que la télévision peut et doit jouer pour répondre aux défis du XXIème siècle. "Télévision et mondialisation", "Télévision et diversité dans le village mondial" et "Télévision et questions internationales" ont été quelques-unes des questions clés abordées au cours des débats. Des tables rondes ont également été organisées autour des thèmes : "Nouvelles internationales : une voie à double sens ?" et "Conflits et diplomatie".

La manifestation avait été ouverte hier matin par le Secrétaire général des Nations Unies, M. Boutros Boutros-Ghali, le Ministre des affaires étrangères de l'Italie, M. Lamberto Dini et le Président de l'Assemblée générale, M. Ismaïl Razali. Dans son allocution d'ouverture, le Secrétaire général avait notamment déclaré qu'un des défis du monde d'aujourd'hui consiste à maîtriser les nouvelles technologies de l'information et des communications en vue de renforcer la compréhension entre les peuples.

M. DERECK DE KERKHOVE, Directeur du Programme McLuhan de l'Université de Toronto (Canada), se référant aux mécanismes de prise de décision, a estimé que le journalisme préventif est une proposition, faite par M. Koffi Annan, qui mérite d'être examinée de façon approfondie. La proposition de M. Bourges visant à donner la parole à l'Afrique pourrait renforcer le rôle des Nations Unies dans le domaine de la communication. En ce qui concerne la mondialisation, il existe trois supports, à savoir la télévision qui crée un village planétaire; le satellite; et le système interactif INTERNET. Sur le plan psychologique, la télévision crée l'esprit public. C'est là un moyen de parler à tout le monde à la fois. or, l'interaction va privatiser la télévision. Il faut s'attendre à une fragmentation, une parcellarisation de la télévision par l'utilisation d'INTERNET. Quel sera le rôle de la télévision à l'avenir ? De l'avis de M. de Kerkhove, une chaîne de télévision des Nations Unies pourrait être une solution. Comme le soulignait le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, à l'ouverture du Forum, la télévision constitue un seizième membre du Conseil de sécurité qui assure la transparence des réunions du Conseil et permet de communiquer à tous le message qu'il adresse au monde.

M. MICHAEL TRACEY, Directeur du Centre de recherches sur les médias de l'Université du Colorado, a observé que la dichotomie entre secteur privé et public est apparue de manière très nette au cours des débats. Cela, a-t-il déclaré, est révélateur du fait que la majorité des participants au Forum est issue du secteur public, alors que les représentants du secteur commercial sont venus en moins grand nombre, la caractéristique des Etats-Unis étant l'absence de débat sur l'objet social, culturel et moral de la télévision. La quasi-absence du secteur commercial est révélatrice et inquiétante, car il est difficile d'avoir un dialogue avec un absent.

M. Tracey a par ailleurs estimé que les débats avaient mis en évidence la relation qui existe entre le mondial et le local. Ce problème est important car il touche aux questions les plus profondes auxquelles la société civilisée est confrontée, tel que le sort de l'Etat-Nation et les moyens de comprendre les conséquences de la mondialisation des communications. Les débats ont également abordé la question de l'exclusion de certains de l'accès aux systèmes commerciaux de communication. Décider, par exemple, de publier un compte rendu de séance sur CD-ROM et non sur papier exclue automatiquement 90% de la population du monde.

M. Tracey a par ailleurs remarqué qu'une partie importante de la discussion a porté sur la question de savoir quels sont les principes humains, moraux et culturels qui doivent présider à l'architecture des communications au XXIème. Il faut rester réaliste : la réalité - que l'on n'applaudit pas nécessairement - est le triomphe du marché. C'est un fait incontournable, comme l'était la Wehrmacht en 1944. M. Tracey a également observé que

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l'harmonie sociale par rapport à la désintégration sociale a été une autre question cruciale abordée au cours des débats. Voit-on l'émergence d'une nouvelle conscience mondiale, ou cette conscience est-elle en train de tomber en désuétude, s'est-il demandé. Et si cette désintégration se produisait, déboucherait-elle ou non sur une harmonie mondiale ?

M. Tracey a également remarqué que les débats avaient porté sur la nécessité de respecter les auditoires, de faire des programmes qui soient proches de leurs préoccupations. Les gens recherchent des choses qui leur sont familières, il ne faut pas nier le droit des gens de voir des gens qui leur ressemblent. Il a par ailleurs jugé la présence de Ted Turner puissante et extrêmement symbolique, en particulier s'agissant de l'attaque violente qu'il a portée contre M. Murdoch, l'Australien devenu américain. Cette bataille est celle de deux géants de la communication qui se considèrent comme des maîtres de l'univers, et luttent pour son contrôle. Cela arrange les besoins et les intérêts de M. Turner de passer alliance avec les Nations Unies et les diffuseurs publics. Mais ce mariage se ferait en enfer : M. Turner a la capacité de construire un langage, un discours de communication au coeur duquel se niche le concept du marché. En raison de la force de ce discours, il serait difficile de tenir le type de débat que les Nations Unies et la RAI ont tenté de tenir ici. Ce qui est ici en jeu est l'avenir des télévisions commerciale et publique, qui sont deux modèles pour l'avenir. L'un est un modèle de cirque, créé pour le plaisir simple, l'autre est un modèle civique qui exprime le fait que la communication n'est pas seulement une question de plaisir banal mais beaucoup plus profonde. La puissance de ce modèle de cirque américain devient chaque jour plus difficile à combattre. Des forums comme celui-ci sont importants pour entretenir un discours qui soit différent de celui qui domine les communications depuis vingt ans. Peut-être les Nations Unies sont-elles le seul organisme sur terre à pouvoir permettre la poursuite d'un tel discours.

M. CARLO SARTORI, Directeur des relations extérieures et internationales de la radiotélévision italienne (RAI), a exprimé ses remerciements au Département de l'information qui a organisé pour la première fois dans l'histoire des Nations, le Forum mondial de la télévision. Pour la première fois, des personnalités des médias du monde entier se sont réunis, sous les auspices des Nations Unies, pour discuter du rôle prépondérant de la télévision dans un monde en pleine mutation et pour explorer les moyens qui permettraient de renforcer leur coopération à l'avenir. Les participants au Forum ont souligné la nécessité pour la télévision de continuer à représenter le pluralisme des cultures et des opinions, en vue de promouvoir les échanges, la coopération et le respect mutuel à l'échelle mondiale. En même temps, ils ont souligné le rôle vital de la télévision publique, et des institutions nationales et internationales, pour garantir l'accès de tous les peuples à une information non biaisée sur leurs propres cultures et société civile, ainsi que sur les événements mondiaux. Des services télévisés publics appropriés sont indispensables au bon fonctionnement des démocraties véritables. Reconnaissant les difficultés financières auxquelles sont confrontées les télévisions des pays en développement, certains participants ont proposé de

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renforcer la coopération régionale, notamment en apportant des appuis supplémentaires aux échanges en matière de presse audio-visuelle. Il a également été suggéré de garantir un libre accès aux systèmes de transmission par satellite digital. Par le biais du Département de l'information, les Nations Unies devront chercher à jouer un rôle de catalyseur, renforcer son partenariat avec les groupes de médias, tant publics que privés, et renforcer ses liens avec la société civile.

Se félicitant de l'engagement des Nations Unies de renforcer leurs liens avec les médias, les participants ont appuyé la proclamation d'une Journée mondiale de la télévision, qui sera célébrée le 21 novembre de chaque année. Cette Journée sera marquée par des échanges mondiaux de programmes de télévision mettant l'accent sur des questions telles que la paix et la sécurité, le développement économique et social, et le renforcement des échanges culturels. Au cours d'autres sessions du Forum mondial de la télévision, les progrès réalisés en matière de télévision et l'évolution de son rôle devraient également être examinés.

M. PAOLO FULCI, Représentant permanent de l'Italie auprès des Nations Unies, a souligné l'importance de cette réunion, et a estimé qu'il n'existait pas un meilleur cadre que les Nations Unies pour discuter du rôle de la télévision dans un monde en évolution rapide, puisque chaque jour, les diplomates y discutent des problèmes qui affectent le monde. Cette initiative, qui a pris naissance il y a seulement quelques mois, a pu être concrétisée par la foi indéfectible d'une poignée de personnes, a-t-il souligné. Il a relaté la genèse de cette manifestation, qui a commencé à prendre corps à l'occasion d'une visite officielle en Italie du Secrétaire général, qui avait visité la RAI. Il a rendu hommage à M. Samir Sanbar et à ses collaborateurs, qui ont fourni un travail intense et apporté une collaboration quotidienne pour que cette manifestation soit couronnée de succès. Il a estimé que la télévision est si forte qu'elle ne peut rester l'otage des mentalités et des cultures. Il faut promouvoir une mentalité de solidarité, et de telles valeurs et principes doivent devenir les symboles de cette réunion et de tous les médias du monde.

M. SAMIR SANBAR, Sous-secrétaire général à l'information, a souligné la nécessité de renforcer les liens entre les Nations Unies et les médias car l'Organisation ne peut fonctionner sans leur contribution. Le 21 novembre étant proclamé Journée mondiale de la télévision, chaque année, la célébration de cet événement sera l'occasion d'engager des discussions constructives sur les moyens qui permettront d'enrichir la coopération entre les Nations Unies et les médias.

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