En cours au Siège de l'ONU

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LE SECRETAIRE GENERAL ET LE MINISTRE ITALIEN DES AFFAIRES ETRANGERES OUVRENT LE FORUM MONDIAL DE LA TELEVISION QUI SE TIENT AU SIEGE LES 21 ET 22 NOVEMBRE

21 novembre 1996


Communiqué de Presse
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LE SECRETAIRE GENERAL ET LE MINISTRE ITALIEN DES AFFAIRES ETRANGERES OUVRENT LE FORUM MONDIAL DE LA TELEVISION QUI SE TIENT AU SIEGE LES 21 ET 22 NOVEMBRE

19961121 MATIN PI/978 Le Président de la RAI propose d'instituer le 21 novembre comme journée mondiale de la télévision

Le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, le Ministre des affaires étrangères de l'Italie, M. Lamberto Dini et le Président de l'Assemblée générale, M. Ismaïl Razali ont ouvert ce matin le premier Forum mondial des Nations Unies qui se tient au Siège les 21 et 22 novembre. Ce Forum, première manifestation de ce type lancée par l'Organisation, est organisée par le Département de l'information, le Ministère italien des affaires étrangères et la radiotélévision italienne (RAI). Le Forum offre une occasion unique à plus de 130 personnalités du monde de la télévision, aux représentants d'organisations non-gouvernementales et à des journalistes venus de toutes les régions du monde, de discuter du rôle que la télévision peut et doit jouer pour répondre aux défis du XXIème siècle.

Dans son allocution, le Secrétaire général a déclaré que le défi qui se pose aujourd'hui est de maîtriser les nouvelles technologies de l'information et des communications pour renforcer la compréhension entre les peuples. Il a souligné, à cet égard, à quel point il est essentiel que l'information ne circule pas seulement dans un sens. La question de l'impact des images diffusées sur les cultures et mentalités locales revêt la plus grande importance.

Le Ministre des affaires étrangères de l'Italie, M. Lamberto Dini a estimé que le moment est venu pour la communauté internationale de penser en termes de développement économiquement et culturellement durable. Les gouvernements et les marchés ne peuvent à eux seuls résoudre les questions découlant de la circulation des mass médias. Il faut établir une coopération entre ces derniers et les compagnies publiques et privées de télévision.

Le Président de l'Assemblée générale, M. Ismaïl Razali a reconnu le pouvoir de la télévision, qui, pour lui, est terriblement réel et n'a rien de virtuel. Le pouvoir des médias est tel qu'il peut influencer la prise de décision au plus haut niveau politique. Une telle responsabilité n'est acceptable que si la présentation des informations et celle des événements est faite d'une manière équilibrée.

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Le Président de la radiotélévision italienne (RAI) a suggéré que le 21 novembre devienne la journée mondiale de la télévision pendant laquelle toutes les chaînes diffuseraient cinq minutes de programme sur le rôle d'harmonisation de la télévision.

Au cours de ce Forum, des présentations thématiques seront suivies de discussions. Les exposés porteront notamment sur les thèmes suivants : "Télévision et mondialisation"; "Télévision et diversité dans le village mondial"; et "Télévision et questions internationales". Une table ronde sera également organisée autour du thème : "Nouvelles internationales : une voie à double sens ?" ainsi qu'autour de "Conflits et diplomatie". La dernière présentation thématique "La télévision et son avenir" sera consacrée au rôle des médias publics, et à la manière dont la télévision peut améliorer la compréhension entre les peuples et la coopération entre les nations telles qu'envisagées dans la Charte des Nations Unies.

M. BOUTROS BOUTROS-GHALI, Secrétaire général des Nations Unies, a rappelé que dès son entrée en fonction, il a voulu faire de l'Organisation non seulement une organisation de diplomates mais surtout une organisation des peuples. C'est pourquoi il s'est employé à encourager la participation de la société civile, par le biais, par exemple, des organisations non gouvernementales. Le Secrétaire général a indiqué que pour lui, la télévision a un rôle à jouer dans le processus d'ouverture des Nations Unies au monde. La télévision doit servir d'intermédiaire entre l'Organisation et le reste du monde. Rappelant qu'il a toujours souligné que la télévision est le sixième membre permanent du Conseil de sécurité, le Secrétaire général a dit reconnaître à sa juste valeur le poids de l'opinion publique sur la prise de décision politique. Il est dès lors important que la couverture des événements dépasse le niveau du cliché dramatique. L'analyse de fond nécessaire à la compréhension est bien trop souvent sacrifiée et la quantité a trop souvent été privilégiée au détriment de la qualité. Le défi qui se pose maintenant est de maîtriser la technologie pour renforcer la compréhension des événements mondiaux.

Une question, a souligné le Secrétaire général, est celle de l'accès à l'information. Les progrès des nouvelles technologies ont fait de notre monde un monde encore plus petit. L'accès immédiat à un large éventail d'informations a créé des possibilités d'éducation que même la génération précédente ne pouvait imaginer. De nouvelles opportunités remarquables existent maintenant pour les gouvernements, le monde des affaires, les groupes d'intérêt et les citoyens ordinaires. De nouveaux instruments valables sont maintenant disponibles qui lancent un défi à l'ignorance et renforcent la compréhension entre les peuples du monde. Pourtant la question de l'orientation de l'information est essentielle. Il est essentiel que l'information ne circule pas dans un sens seulement. Comment les images sont perçues dans les pays en développement et quel est leur impact sur les cultures et mentalités locales ? Dans quelle mesure les images et les informations circulent-elles du Sud vers le Nord ? Ce sont là les questions essentielles qu'il convient maintenant de se poser a déclaré le Secrétaire général.

M. ISMAIL RAZALI, Président de l'Assemblée générale, a déclaré que la révolution des technologies et de la communication, comme force motrice de la mondialisation, a des implications considérables sur les activités et délibérations des Nations Unies. Pendant plus de 40 ans, le processus intergouvernemental de multilatéralisme restait l'affaire exclusive des diplomates. Aujourd'hui le pouvoir de l'image, transmise en temps réel à travers les frontières nationales, est indéniable. Plus que les faits, les statistiques, les écrits et les études académiques, ces images ont amené la réalité tangible d'un monde divisé dans nos foyers et nos consciences. Le discours actuel sur la mondialisation dans toutes ses manifestations a

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tendance à se concentrer sur les bénéfices immédiats du "village mondial" mais à laisser de côté les implications plus profondes, telles que celles qui affectent les pauvres, les marginaux et les jeunes. Au coeur de ce discours, se situe le puissant rôle de la télévision. Son pouvoir est terriblement réel et n'a rien de virtuel.

M. Razali a espéré que l'initiative de ce Forum et le dialogue qui en découle, auront un écho au-delà des murs de cette salle de réunion. Le débat qui va se tenir doit permettre à la communauté internationale de déterminer le type de société auquel nous aspirons dans cet ère de l'information. Il serait illusoire de parler du rôle de la télévision dans le monde sans tenir compte de l'influence des empires médiatiques aujourd'hui. Tout examen du rôle de la télévision dans les affaires internationales doit trouver un moyen d'intégrer les principes de la démocratie, du pluralisme, de la responsabilité et du partage des tâches.

De nombreux pays sont préoccupés par le fait que le contrôle des médias est entre les mains d'une poignée de multinationales jouissant d'un énorme pouvoir d'influence. Une culture écrasante d'illustrations sur papier glacé ont mis de côté les questions critiques de la pauvreté, de la justice sociale et de la dégradation de l'environnement. Par ailleurs, M. Razali s'est demandé pourquoi les médias n'ont pas voulu couvrir les débats importants tels que les relations fondamentales entre le Nord et le Sud. La situation actuelle dans la région des Grands Lacs donne un exemple de la "gestion de crise" de la communauté internationale appelée à agir sous injonctions du pouvoir des images télévisées. Le pouvoir des médias, en particulier de la télévision quand il s'agit d'endroits éloignés est tel qu'il peut influencer la prise de décision au plus haut niveau politique, et une telle responsabilité n'est acceptable que si la présentation des informations et celle des événements sont faites d'une manière équilibrée. Abordant l'influence croissante des nouvelles technologies, M. Razali a indiqué que leurs impacts posaient l'un des plus grands défis politiques et éthiques de notre temps. Alors que nous entrons dans le XXIème siècle, où chaque citoyen du Nord possède un ordinateur et une télévision, les femmes en Afrique doivent toujours parcourir 40 kilomètres pour aller chercher de l'eau potable. L'ironie du "village global" c'est le phénomène persistant de l'exclusion.

M. LAMBERTO DINI, Ministre des affaires étrangères de l'Italie, a estimé que pour combler le fossé entre le Nord et le Sud dans le domaine de l'information, il faut que les pays les moins développés soient encouragés à élargir leurs infrastructures de production et de diffusion de l'information. Il convient également d'investir dans le contenu et la qualité des informations diffusées, tant il est vrai qu'il est essentiel de préserver l'équilibre entre les infrastructures et le contenu. Si tel n'est pas le cas, le monde se trouvera face à une situation où le pouvoir des diffuseurs grandira en même temps que l'ignorance du public. De même, si le contenu s'améliore alors que les infrastructures demeurent aux mains d'une poignée de pays, il en résultera une mise en danger du progrès culturel mondial.

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Il y a vingt ans la question du développement était désignée, par les Nations Unies, comme un droit fondamental des peuples du monde. Aujourd'hui, l'Organisation affirme le droit au développement durable. Le temps est venu, a estimé le Ministre des affaires étrangères, de commencer à penser en termes de développement économiquement et culturellement durable. Les représentants des compagnies de télévision publiques et privées ont un rôle essentiel à jouer. Les gouvernements et les marchés ne peuvent, à eux seuls, résoudre les questions découlant de la circulation des mass médias. Les projets de recherche et de développement pour la télévision exigent la participation des secteurs public et privé. La question, aujourd'hui, doit être de définir et de proposer des formes de coopération entre les fournisseurs de l'information et les consommateurs, et d'encourager un développement plus harmonieux d'une "Société mondiale de l'information". Il convient d'abord, pour ce faire, d'élaborer quelques principes fondamentaux sur lesquels doivent se fonder le nouveau village global de l'information. Le forum que nous ouvrons aujourd'hui n'est qu'un premier pas dans cette direction.

M. ENZO SICILIANO, Président de la radiotélévision italienne (RAI), a déclaré qu'il existe une conscience nette des changements immenses qui sont intervenus au sein du village planétaire des communications et que la télévision est un des principaux acteurs de cette modification. La façon de transmettre les images et l'impact qui en résulte sont en train de se modifier, a -t-il précisé. De plus en plus, chaque foyer est un monde en soi, en interaction avec d'autres réseaux. L'interaction est un mot clé car elle permet la rencontre entre l'audiovisuel et l'informatique, entre autres, et pose la question de la façon de communiquer. Quelle partie de la planète participe à ce processus, s'est demandé M. Siciliano, en ajoutant que le problème le plus pressant est le rôle futur des services de télévision. A cet effet, il a évoqué des études menées par la RAI qui analyse la présence de la télévision dans différentes zones géographiques. Il apparaît par exemple, selon la première étude, que dans le monde 7 ménages sur 10 possèdent la télévision.

La deuxième étude indique que le processus de globalisation suppose un contenu. Elle fait apparaître également la dépendance qui existe à l'égard d'une seule zone culturelle. En effet, l'Amérique du Nord représente les 3/4 de la production audiovisuelle. La troisième étude à trait au travail des agences de presse et fait apparaître la prédominance de l'information politique et la dualité entre l'information locale et l'information mondiale. L'information ne doit pas aller en sens unique, a insisté le Président. Il s'agit au contraire d'un processus de distribution des nouvelles articulé autour d'une multiplicité de sujets et de chaînes. Il faut exercer une fonction de mémoire historique, conserver les cultures régionales et préserver le rôle des minorités et des exclus par rapport aux exigences du marché. C'est en cela que l'existence des télévisions publiques est justifiée. M. Siciliano a également exprimé la crainte que l'ouverture totale des marchés rende obsolète le rôle de la télévision publique. Celle-ci doit être le reflet des sociétés et, à cet égard, il faut éviter que la mondialisation soit l'affaire de quelques privilégiés.

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Pour ce qui est du panorama des technologies dans le monde, le constat n'est pas brillant, a-t-il estimé. L'INTERNET n'est pas un dénominateur commun même si il est largement diffusé dans le monde. Le choix parmi 500 chaînes de télévision ne représente pas le passage à un degré supérieur de communication mais au contraire multiplie les difficultés à se comprendre. Par ailleurs, la qualité est en mesure de permettre une plus grande compétitivité sur le marché. A cet égard, a estimé le Président, il faudrait un débat sur la violence extrême et sur les valeurs culturelles. Le débat sur la télévision ne peut néanmoins pas régler les problèmes planétaires de la faim et de la pauvreté dont la solution est finalement entre les mains des hommes, mais la télévision peut contribuer à développer le potentiel humain. Le Président a conclu en proposant que ce 21 novembre devienne la journée mondiale de la télévision pendant laquelle toutes les chaînes diffuseraient cinq minutes de programme sur le rôle d'harmonisation de la télévision.

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