POUR LE SECRETAIRE GENERAL, ON NE PEUT AU MOYEN-ORIENT ENVISAGER PAIX DURABLE SANS DEVELOPPEMENT TANT LES DEUX SONT INDISSOCIABLES
Communiqué de Presse
SG/SM/6108
EC/2721
POUR LE SECRETAIRE GENERAL, ON NE PEUT AU MOYEN-ORIENT ENVISAGER PAIX DURABLE SANS DEVELOPPEMENT TANT LES DEUX SONT INDISSOCIABLES
19961115 Son message à la Conférence du Caire dit que les peuples de la région ont besoin de sentir dans leur vie les bienfaits de la paix et de la croissanceOn trouvera ci-après le texte d'un message du Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali (prononcé en son nom au Caire, le 12 novembre, par Hazem El-Beblawi, Directeur exécutif de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), lors de la troisième Conférence économique pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord :
Cette troisième Conférence économique pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord s'inscrit dans un contexte particulièrement délicat et important. Après près de 50 ans de conflit, les peuples de la région sont maintenant convaincus de la nécessité de jeter les bases d'une paix durable, juste et globale, si l'on veut mettre les ressources matérielles et intellectuelles de la région au service de la construction et non de la destruction. Ainsi, la région retrouve enfin sa mission, qui est essentiellement civilisatrice.
Depuis la Conférence sur la paix de Madrid en 1991, les peuples et les gouvernements de la région se sont montrés résolus à choisir la solution de la paix, une paix fondée sur la confiance mutuelle. Ainsi qu'il est dit dans l'Agenda pour la paix de l'ONU, "la confiance mutuelle et la bonne foi sont essentielles pour réduire les risques de conflit entre États". La Conférence renforcera sans nul doute cette confiance entre les peuples de la région. En même temps, il importe que les pays de la région ne négligent aucun effort et saisissent toutes les possibilités pour protéger et faire fructifier le capital de confiance et de crédibilité qu'ils viennent de constituer. Ils devront veiller à ce que la confiance et la tranquillité ne soient pas exposées aux tempêtes, qui risqueraient de les anéantir. La confiance et l'optimisme permettent d'établir les fondements du progrès, alors que la défiance et la suspicion rendent tout pas en avant difficile.
Notre conférence a pour devise "Bâtir pour l'avenir : créer un environnement favorable aux investisseurs". Aucune devise ne convient peut-être mieux à la région à ce stade de son histoire. Cette histoire qui a apporté à l'humanité un héritage extrêmement riche. Le temps est venu de transcender le passé et d'aborder l'avenir et ses impératifs avec une hauteur de vues digne de ce passé.
C'est dans l'histoire que les peuples de la région trouvent leurs racines et leur authenticité, et c'est en préparant l'avenir qu'ils multiplieront leurs possibilités et leurs chances. Toutefois, si la mémoire nous relie à l'histoire, c'est l'imagination qui forge l'avenir, l'une et l'autre étant des facultés propres à l'être humain. Et quel meilleur lien entre le présent et l'avenir que l'investissement?
L'investissement n'est tant la simple répétition d'une expérience passée qu'un acte d'imagination et de créativité. Les organisateurs de la Conférence ont eu raison de souligner qu'il importait de créer, aux niveaux national, régional et international, un environnement favorable aux investisseurs. La condition préalable d'un tel environnement et du développement en général est une paix stable et la sécurité. Si le "développement est un droit fondamental de l'être humain" (comme il est dit dans l'Agenda pour le développement), il est également une "soupape de sécurité pour la paix". D'un autre côté, il ne saurait y avoir de développement et encore moins d'investissement quand résonnent les tambours de la guerre, quand la paix est absente.
La condition préalable indispensable de tout effort de développement et d'une relance des investissements est l'instauration d'une paix stable et la garantie de la sécurité pour tous. C'est précisément pour cette raison que l'ONU est résolue à souligner l'interrelation et la complémentarité de ces questions. Ce sont les idées mises en avant dans les rapports du Secrétaire général consacrées à l'Agenda pour la paix (1992) et à l'Agenda pour le développement (1995).
En s'intéressant aux investisseurs plus qu'aux seuls investissements, les organisateurs de la Conférence ont démontré leur perspicacité. Loin d'être une idée abstraite qui se concrétise loin de tout, l'investissement est le résultat de décisions prises par de nombreux investisseurs en fonction de conditions et de circonstances spécifiques. Encourager les investisseurs privés et leur proposer un environnement favorable est une des préoccupations majeures de notre époque.
- 3- SG/SM/6108 EC/2721 15 novembre 1996
Alors que les barrières commencent à tomber et que les frontières s'estompent, la création d'un environnement favorable aux investisseurs n'est plus un problème national, elle exige des efforts régionaux et internationaux. D'où l'importance des accords régionaux en la matière. Nombre d'accords ou organismes régionaux couvrent le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord et tous méritent vigilance et soutien. On peut mentionner la Ligue des États arabes et l'Organisation de la Conférence islamique, toutes deux fondées sur des bases culturelles importantes que l'on ne saurait mésestimer. Il y a aussi l'Organisation de l'unité africaine (OUA). Les organisations régionales de l'ONU, pour leur part, notamment la Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO) et la Commission économique pour l'Afrique (CEA), jouent efficacement un rôle important qu'il convient de soutenir, afin de leur permettre de renforcer les moyens dont elles disposent pour servir les peuples de la région.
Dans l'invitation qu'il a adressée aux participants de la Conférence, Amr Mousse, Ministre égyptien des affaires étrangères, a déclaré que la Conférence avait pour objet de préparer le terrain afin d'accélérer le développement dans la région et d'attirer les investissements étrangers. J'ajouterai ce que j'ai déjà dit lors du Sommet économique d'Amman, à savoir que, pour être fructueuse et efficace, la coopération économique doit être fondée sur une paix juste et globale. Par ailleurs, la paix seule, sans développement et sans liberté, restera toujours fragile et instable. De plus, le développement économique ne peut porter ses fruits que s'il se situe dans un contexte plus large de développement social et humain. Les peuples de la région doivent constater par eux-mêmes les résultats de l'action menée en faveur de la construction et de la croissance, ils doivent prendre rapidement conscience des retombées de la paix dans leur vie quotidienne et ils doivent avoir le sentiment que leur situation économique et sociale s'améliore et que leurs droits politiques sont reconnus dans un environnement de liberté et de démocratie.
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