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CS/748

LE CONSEIL DE SECURITE AUTORISE LA CONSTITUTION D'UNE FORCE MULTINATIONALE TEMPORAIRE POUR FOURNIR UNE AIDE HUMANITAIRE DANS LA REGION DES GRANDS LACS

15 novembre 1996


Communiqué de Presse
CS/748


LE CONSEIL DE SECURITE AUTORISE LA CONSTITUTION D'UNE FORCE MULTINATIONALE TEMPORAIRE POUR FOURNIR UNE AIDE HUMANITAIRE DANS LA REGION DES GRANDS LACS

19961115 APRES-MIDI CS/748 Il décide que l'opération prendra fin le 31 mars 1997 au plus tard et déclare son intention d'autoriser la mise en place d'une opération de suivi

Réuni pour examiner la question de la situation dans la région des Grands Lacs, le Conseil de sécurité a adopté cet après-midi, à l'unanimité, la résolution 1080 (1996), aux termes de laquelle il accueille avec satisfaction les offres faites par des États Membres en vue de constituer, à des fins humanitaires, une force multinationale temporaire afin de faciliter le retour immédiat des organisations à vocation humanitaire et la fourniture effective, par des organisations de secours civiles, d'une assistance humanitaire visant à soulager dans l'immédiat les souffrances des personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger dans l'est du Zaïre. Cette force facilitera le rapatriement librement consenti et dans l'ordre des réfugiés, par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi que le retour librement consenti des personnes déplacées. Le Conseil invite les autres États intéressés à offrir de participer à ces efforts.

Le Conseil accueille avec satisfaction l'offre présentée par un État Membre tendant à assurer l'organisation et le commandement de cette force multinationale temporaire. Le Conseil autorise les États Membres coopérant avec le Secrétaire général à mener cette opération afin d'atteindre, par tous les moyens nécessaires, les objectifs humanitaires qui y sont énoncés. Il décide que l'opération prendra fin le 31 mars 1997, à moins qu'il ne détermine, sur la base d'un rapport du Secrétaire général, que les objectifs de l'opération ont été atteints avant cette date.

Le Conseil de sécurité déclare qu'il a l'intention d'autoriser la mise en place d'une opération de suivi qui prendrait la relève de la force multinationale, et prie le Secrétaire général de lui présenter aux fins d'examen, le 1er janvier 1997 au plus tard, un rapport contenant ses recommandations sur le concept, le mandat, la structure, l'ampleur et la durée éventuels de cette opération et en indiquant le coût estimatif.

(à suivre - 1a)

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Le Conseil engage tous les intéressés dans la région à coopérer pleinement avec la force multinationale et les organisations à vocation humanitaire et à assurer la sécurité et la liberté de circulation de leur personnel. Il engage les États Membres participant à la force multinationale à coopérer avec le Secrétaire général et à collaborer étroitement avec le Coordonnateur des Nations Unies pour l'aide humanitaire dans l'est du Zaïre ainsi qu'avec les opérations de secours humanitaire. Il décide que le coût de cette opération temporaire sera financé par les États Membres participants ainsi qu'à l'aide d'autres contributions volontaires, et se félicite de la création d'un fonds d'affectation spéciale destiné à appuyer la participation d'États africains à la force multinationale. Il encourage les États Membres à verser d'urgence des contributions à ce fonds ou à apporter d'autres façons un appui direct afin de permettre à des États africains de participer à la force.

Le Conseil condamne de nouveau tous les actes de violence et demande de nouveau un cessez-le-feu immédiat et l'arrêt complet de toutes les hostilités dans la région.

Les Membres permanents du Conseil suivants ont expliqué leur vote : France, Royaume-Uni, Chine, Botswana, Allemagne, République de Corée, Egypte, Guinée-Bissau, Pologne, Honduras, Italie, Chili, Fédération de Russie, Etats-Unis et Indonésie. Les représentants des pays suivants ont également fait des déclarations : Zaïre, Rwanda, Burundi et Canada.

Aux fins de l'examen de cette question, le Conseil était saisi d'une lettre datée du 14 novembre 1996 adressée au Président du Conseil par le Secrétaire général (S/1996/941) dans laquelle ce dernier transmet le texte d'une communication du Représentant permanent du Canada.

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Texte du projet de résolution (S/1996/943)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant sa résolution 1078 (1996) du 9 novembre 1996,

Gravement préoccupé par la situation dans la région des Grands Lacs, en particulier dans l'est du Zaïre, qui continue de se détériorer,

Prenant note du communiqué de la quatrième session extraordinaire de l'Organe central du Mécanisme de l'Organisation de l'unité africaine pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits, tenue au niveau ministériel le 11 novembre 1996 à Addis-Abeba (S/1996/922), ainsi que de la communication, datée du 13 novembre 1996, émanant de la Mission permanente d'observation de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) auprès de l'Organisation des Nations Unies,

Soulignant que tous les États doivent respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des États de la région conformément aux obligations que leur impose la Charte des Nations Unies,

Mettant l'accent sur l'obligation qui est faite à tous les intéressés de respecter rigoureusement les dispositions pertinentes du droit international humanitaire,

Ayant examiné la lettre datée du 14 novembre 1996, adressée à son Président par le Secrétaire général (S/1996/941),

Réaffirmant qu'il soutient l'Envoyé spécial du Secrétaire général et soulignant que tous les gouvernements de la région et toutes les parties concernées doivent coopérer pleinement à sa mission,

Saluant les efforts des médiateurs et représentants de l'OUA, de l'Union européenne et des États concernés, et les encourageant à coordonner étroitement ces efforts avec ceux de l'Envoyé spécial,

Considérant que la situation actuelle dans l'est du Zaïre appelle une intervention urgente de la communauté internationale,

Soulignant de nouveau qu'il importe d'organiser d'urgence une conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs, sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies et de l'OUA, afin d'aborder les problèmes de la région dans leur ensemble,

Constatant que la situation actuelle dans l'est du Zaïre constitue une menace contre la paix et la sécurité internationales dans la région,

Ayant à l'esprit les buts humanitaires de la force multinationale tels que spécifiés plus bas,

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Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1. Condamne de nouveau tous les actes de violence et demande de nouveau un cessez-le-feu immédiat et l'arrêt complet de toutes les hostilités dans la région;

2. Prend note avec satisfaction de la lettre du Secrétaire général en date du 14 novembre 1996;

3. Accueille avec satisfaction les offres faites par des États Membres, en consultation avec les États concernés de la région, en vue de constituer, à des fins humanitaires, une force multinationale temporaire afin de faciliter le retour immédiat des organisations à vocation humanitaire et la fourniture effective, par des organisations de secours civiles, d'une assistance humanitaire visant à soulager dans l'immédiat les souffrances des personnes déplacées, des réfugiés et des civils en danger dans l'est du Zaïre, et de faciliter le rapatriement librement consenti et dans l'ordre des réfugiés, par le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, ainsi que le retour librement consenti des personnes déplacées, et invite les autres États intéressés à offrir de participer à ces efforts;

4. Accueille aussi avec satisfaction l'offre présentée par un État Membre (S/1996/941, annexe) tendant à assurer l'organisation et le commandement de cette force multinationale temporaire;

5. Autorise les États Membres coopérant avec le Secrétaire général à mener l'opération visée au paragraphe 3 ci-dessus afin d'atteindre, par tous les moyens nécessaires, les objectifs humanitaires qui y sont énoncés;

6. Engage tous les intéressés dans la région à coopérer pleinement avec la force multinationale et les organisations à vocation humanitaire et à assurer la sécurité et la liberté de circulation de leur personnel;

7. Engage les États Membres participant à la force multinationale à coopérer avec le Secrétaire général et à collaborer étroitement avec le Coordonnateur des Nations Unies pour l'aide humanitaire dans l'est du Zaïre ainsi qu'avec les opérations de secours humanitaire;

8. Décide que l'opération prendra fin le 31 mars 1997, à moins qu'il ne détermine, sur la base d'un rapport du Secrétaire général, que les objectifs de l'opération ont été atteints avant cette date;

9. Décide que le coût de cette opération temporaire sera financé par les États Membres participants ainsi qu'à l'aide d'autres contributions volontaires, et se félicite de la création, par le Secrétaire général, d'un fonds d'affectation spéciale destiné à appuyer la participation d'États africains à la force multinationale;

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10. Encourage les États Membres à verser d'urgence des contributions à ce fonds ou à apporter d'autres façons un appui direct afin de permettre à des États africains de participer à la force, et prie le Secrétaire général de lui faire rapport dans les 21 jours qui suivront l'adoption de la présente résolution pour qu'il puisse déterminer si ces arrangements sont satisfaisants;

11. Prie les États Membres participant à la force multinationale de lui faire rapport régulièrement, au moins deux fois par mois, par l'intermédiaire du Secrétaire général, le premier rapport devant être présenté 21 jours au plus tard après l'adoption de la présente résolution;

12. Déclare qu'il a l'intention d'autoriser la mise en place d'une opération de suivi qui prendrait la relève de la force multinationale, et prie le Secrétaire général de lui présenter aux fins d'examen, le 1er janvier 1997 au plus tard, un rapport contenant ses recommandations sur le concept, le mandat, la structure, l'ampleur et la durée éventuels de cette opération et en indiquant le coût estimatif;

13. Prie le Secrétaire général d'entreprendre la planification détaillée requise et de déterminer dans quelle mesure les États Membres sont disposés à fournir des contingents aux fins de l'opération de suivi envisagée;

14. Décide de rester activement saisi de la question.

Lettre du Secrétaire général (S/1996/941)

Le Conseil de sécurité était saisi d'une lettre en date du 14 novembre 1996, adressée à son Président par le Secrétaire général, transmettant le texte de la communication faite par le Représentant permanent du Canada auprès des Nations Unies, M. Robert Fowler. Observant que la situation dans l'est du Zaïre continue de se détériorer et que les réfugiés et les personnes déplacées dans cette région, demeurent dans la plus grande détresse, M. Fowler note que les efforts déployés par les organismes humanitaires internationaux pour porter secours à ceux qui en ont besoin continuent d'être entravés. Des centaines de milliers de vies poursuit-il, sont en danger et des milliers de personnes risquent de périr en l'Absence de secours immédiats. Afin d'éviter une catastrophe humanitaire, la communauté internationale doit agir immédiatement et le gouvernement Canadien est disposé à oeuvrer sans retard, en collaboration avec d'autres gouvernements, pour permettre d'engager une opération humanitaire temporaire dans l'est du Zaïre. Ayant reçu l'assurance de plusieurs Etats Membres de participer à une telle opération et pris contact avec l'OUA, le Canada est prêt à prendre l'initiative d'organiser et de diriger une telle opération dont les objectifs humanitaires, conformes à ceux qui sont définis dans la résolution 1078 (1996), ne viseront pas à modifier l'équilibre des forces militaires dans la région ni à favoriser le

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rétablissement de camps où peuvent opérer des éléments armés. Cette opération humanitaire devrait être dotée d'un mandat de six mois, expirant le 31 mars 1997, à moins que le Conseil, sur la base d'un rapport du Secrétaire général, n'établisse que ses objectifs ont été atteints avant cette date. Une opération de suivi pourrait succéder à la force multinationale temporaire.

Déclarations

M. LUKABU KHBOUJI N'ZAJI (Zaïre) a rappelé que le 30 juin 1960, son pays avait accédé à l'indépendance et à la souveraineté internationales. Quelques mois plus tard, des troubles avaient amené le Conseil de sécurité à lui venir en aide pour l'aider à sauvegarder son intégrité. Aujourd'hui, le Conseil se réunit pour examiner la situation d'agression manifeste constatée par tout le monde. Les voisins, avec qui le Zaïre avait entretenu des relations fraternelles pendant tant d'années, se sont aperçus qu'ils appartenaient à l'Empire Mima. Le Rwanda, dont les autorités sont arrivées au pouvoir par les armes, a poussé sa population dehors : quelque 84% de sa population vit dans des camps de réfugiés. Ce sont des hommes et des femmes réduits à la dimension d'animaux, vivant sous des tentes, dans des conditions inexprimables. Cette situation laisse indifférents les autorités de Kigali, qui pavoisent en disant que la sécurité règne au Rwanda. Si la sécurité règne, pourquoi les autorités de Kigali ne veulent-elles pas que cette population puisse également en profiter ? a demandé le représentant. Ces réfugiés ont tout perdu, même leur dignité. On ne saurait nous convaincre que plus de 80% d'une population soit criminelle.

Le Zaïre a une longue tradition d'accueil des réfugiés, particulièrement ceux en provenance du Rwanda. En 1994, le Zaïre a accueilli plus de deux millions et demi de réfugiés. Par comparaison, l'Allemagne, pays développé, a reçu sur son sol 400 000 réfugiés venus de l'Ex-Yougoslavie. Le Zaïre considère que la clé de la crise à l'est de son territoire est le réfugié rwandais et burundais confondu. Il demande à la communauté internationale d'intervenir et de faire pression sur Kigali pour que le Rwanda reprenne ses citoyens. Une fois le problème des réfugiés résolu, la région retrouvera son calme. 36 années durant, le Zaïre a vécu en bonne intelligence avec le Rwanda et le Burundi. Il a accepté la proposition du Secrétaire général visant à convoquer une conférence internationale pour étudier les problèmes de la région, ainsi que le déploiement d'observateurs sur sa frontière. Il a été le seul à accepter ces initiatives. Le Rwanda, lui, a rejeté les propositions du Secrétaire général et a demandé le départ de la MINUHA, réduisant le bureau des Nations Unies à Kigali à une dimension ne lui assurant aucune efficacité. L'objectif du Rwanda était d'éloigner tous les témoins.

Le Rwanda s'est souvenu qu'il appartient à l'Empire Mima, et il veut le reconstituer. Il existe toutefois dans la Charte de l'OUA un principe intangible auquel aucun pays africain ne souhaite toucher, c'est

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l'intangibilité des frontières acquises après l'indépendance. Comment accepter qu'un gouvernement monoéthnique éloigne la majorité de sa population et gouverne au nom de cette même population, a demandé le représentant. Le principe pour lequel la communauté internationale s'est battue en Bosnie est battu en brèche par le Gouvernement rwandais. Le représentant a regretté que la communauté internationale ne fasse pas pression sur Kigali pour reprendre sa population. Lorsque des colonnes de réfugiés ont envahi le pays, le Zaïre a fait des propositions, a désarmé les réfugiés armés, a identifié des sites pour pouvoir les tenir à l'écart. La communauté internationale, elle, a dit que cela coûtait très cher. Le Zaïre est maintenant curieux de savoir combien coûte l'opération actuelle. Ce sont les hésitations du Conseil qui ont amené à la situation d'aujourd'hui. Si la Conférence internationale avait vu le jour, nous ne serions pas là aujourd'hui à pleurer les morts, a estimé le représentant.

Le Zaïre demande à la communauté internationale d'exercer de plus pressantes pressions sur Kigali pour que le problème des réfugiés trouve sa solution. Le 2 août 1990, devant une situation semblable d'un Etat agressé dans une autre région du monde, le Conseil a levé une armée pour combattre cette agression. Le Zaïre ne comprend donc pas la timidité avec laquelle le Conseil traite l'agression dont il est aujourd'hui victime. Il souhaite être consulté à tout instant sur le montage de cette opération, et il n'est pas exclu qu'il récuse les offres faites par certains Etats dont les accointances avec l'agresseur ne leur permettent pas d'être neutres.

Le représentant a affirmé que dans un reportage de CNN, on montre une colonne de femmes et d'enfants en train de déambuler, et qu'on annonce le retour de réfugiés dans "leur pays bien aimé" le Rwanda. Toutefois, il ne faut pas être dupe : ceci est une manoeuvre de diversion entreprise par le Rwanda, a-t-il estimé. Les troupes de l'armée patriotique rwandaise sont allées dans le camp de Mukunga pour chasser le peu de réfugiés y demeurant en leur indiquant la route. Tout les membres du gouvernement se sont déplacés pour accueillir leur frères qui reviennent. Ceci est véritablement honteux, alors que, deux ans durant, ces gens ont vécu comme des animaux. Il ne faut pas se laisser abuser par de telles manoeuvres. Le Rwanda a déjà ridiculisé les Nations Unies une fois sur sa propre demande.

M. GIDEON KAYINAMURA (Rwanda) a annoncé que depuis 48 heures, le retour des réfugiés s'effectue à une fréquence de cent personnes à la minute. Aussi, le Rwanda s'attend-il à ce que, dès le début de la semaine prochaine, la plupart des réfugiés auront regagné leur patrie, d'autant plus que les conditions du retour sont maintenant réunies pour poursuivre le rapatriement dans l'ordre. Le représentant a également informé le Conseil que l'ensemble du Cabinet ministériel a accompagné le Président de la République du Rwanda qui se rendait à la frontière zaïroise, dans la ville de Goma, pour accueillir les réfugiés. A travers tout le pays, les autorités locales et gouvernementales ont mis en place des centres d'accueil où transiteront les réfugiés avant leur retour dans leur foyer. Dans ce contexte, la Force multinationale n'a plus de raison d'être, a estimé le représentant.

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M. Kayinamura a indiqué que, dès lors, les plans de cette Force devraient être modifiés en fonction de l'évolution de la situation sur le terrain. De l'avis du délégué, il faudrait par conséquent réduire la Force, réexaminer l'emplacement des troupes, doter la Force d'un nouveau mandat pour qu'elle s'acquitte, le plus vite possible de sa tâche purement humanitaire. Le mandat de la Force devrait être limité à une période de deux ou trois mois au plus. De plus, si le mandat de la Force proposée est de désarmer les militaires et les milices de l'ancien Gouvernement, qui ont tenu en otage des millions de réfugiés dans les camps de l'est du Zaïre, a poursuivi le représentant, le Rwanda estime alors que la communauté internationale doit se doter de ressources adéquates pour faciliter la réhabilitation et l'intégration des réfugiés à leur retour. A cet égard, le Rwanda lance un appel urgent au Conseil lui demandant de ne pas se hâter à adopter une résolution avant de disposer d'informations relatives aux circonstances changeantes sur le terrain. L'assistance humanitaire requise doit être apportée à l'intérieur même du Rwanda pour satisfaire les besoins humanitaires naissants, a conclu le représentant. Répondant aux propos tenus par le représentant du Zaïre, M. Kayinamura a déclaré que le Rwanda n'est pas responsable des difficultés que connaît le Zaïre ni du retrait de la nationalité à ses ressortissants. Afin d'éviter un long débat au Conseil, a dit le représentant, je refuse d'engager une polémique sur les faits "historiques" rapportés par le Zaïre dans un document distribué au Conseil de sécurité.

M. NSANZE TERENCE (Burundi) a déclaré que dans l'ignoble odyssée imposée aux réfugiés, l'opprobe majeur est à imputer à l'ex-armée rwandaise et ses milices Interahamwe qui, retranchées dans les camps de réfugiés y ont pris ces derniers en otages pour les utiliser comme des boucliers humains. Les visées et les subversions militaristes des ex-troupes rwandaises et de l'Interahamwe, envenimaient sans cesse les relations entre les Etats des Grands Lacs. Tout étant convaincu du bien-fondé des appels pressants, le Conseil de sécurité s'est refusé à franchir le Rubicon. Aujourd'hui, a estimé le représentant, l'éradication des causes de la problématique globale dans la Région des Grands Lacs nécessite, en priorité, des solutions telles qu'une conférence internationale sur le retour des réfugiés dont le parrainage, l'organisation, le financement et le déroulement en Afrique seraient confiés de préférence à l'ONU et à l'OUA en coopération avec le reste de la Communauté internationale. Elle se pencherait également sur l'établissement des mécanismes propres à garantir la sécurité collective à l'échelle nationale.

Dans ce contexte, l'objectif primordial doit être d'assurer le partage équitable du pouvoir et de consacrer le dosage nécessaire entre les communautés nationales. Venant à la situation au Burundi, le représentant a souligné qu'à l'heure actuelle, 7 millions de Burundais ploient sous le poids étouffant d'un blocus économique total depuis bientôt quatre mois. De multiples documents officiels attestant de la pleine détermination du pouvoir actuel à négocier avec tous les groupes, y compris avec les factions armées,

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ont été communiqués au Conseil de sécurité et au Secrétaire général. Dès lors que les négociations achoppent sur les écueils dressés par le camp rebelle, les artisans de ces sanctions économiques sont-ils encore fondés à prétexter d'une raison pour maintenir l'embargo, s'est interrogé le représentant. Venant au mandat de la Force multinationale, le représentant a argué que sa mission principale doit être de désarmer les ex-troupes rwandaises et à les cantonner dans des contrées fort éloignées des frontières burundo-rwando- zaïroises.

M. ROBERT R. FOWLER (Canada) a fait remarquer que la communauté internationale avait perdu toute trace de centaines de milliers de personnes qui se sont dispersées dans les montagnes et les forêts de l'est du Zaïre. De la nourriture et des médicaments sont entreposés inutilement près de ceux qui en ont besoin et en même temps hors de leur portée. Rappelant la résolution 1078 (1996), adopté la semaine dernière par le Conseil de sécurité, le représentant, a déclaré que tout en étant conscient des risques et des difficultés encourus, il n'était pas moins convaincu qu'il n'existe pas d'alternative à l'action. Il a indiqué que les pays ont répondu largement à l'appel du Secrétaire général en faveur de l'est du Zaïre. Quelque vingt pays ont déjà offert plus de 10 000 hommes.

Le délégué a toutefois indiqué que des éléments supplémentaires seraient nécessaires pour que la Force d'intervention humanitaire multinationale ait le maximum d'impact sur le terrain. Il s'est félicité de l'offre ferme du Sénégal, de l'Ethiopie et du Malawi d'envoyer des troupes, car la participation de l'Afrique à la force multinationale est d'une importance capitale afin de lui conférer légitimité et efficacité. Il s'est également réjoui de l'engagement indispensable des dirigeants de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) dans cette mission. Compte tenu du coût important d'une telle participation, M. Fowler a lancé un appel pour que le plus grand nombre de pays possible aide les pays africains à supporter ces coûts et à fournir l'équipement et le transport stratégiques nécessaires. Les offres de soutien médical perfectionné sont également les bienvenues.

Le délégué a souligné que la Force multinationale ne fera ni plus ni moins que ce qui est indiqué au paragraphe 3 de la résolution, à savoir "faciliter le retour immédiat des organisations à vocation humanitaire" et "la fourniture effective d'une assistance humanitaire". Le désarmement ou l'interposition ne font pas partie du mandat de la Force. Un désarmement nécessiterait de s'engager dans une guerre qui entraînerait un dommage immédiat et grave à ceux que nous voulons sauver, a ajouté M. Fowler. Les soldats engagés dans le désarmement ne pourraient pas mener à bien leur mission première, qui est de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire. L'objectif de la Force est de se concentrer sur ce qui est urgent et réalisable, à savoir sauver des vies, plutôt que de tenter de façon vaine et forcément imparfaite de régler tous les problèmes de la région.

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Le représentant a signalé que la Force multinationale proposée ne constitue pas l'ensemble des efforts de la communauté internationale pour aider à ramener la paix et la stabilité en Afrique centrale. Lorsque la mission humanitaire aura réussi, la seconde tâche sera de se concentrer sur le rétablissement d'une paix civile, y compris la réconciliation politique et le renforcement des institutions de la société civile. Il faut y arriver si l'on veut briser le cycle de violence dans la région des Grands Lacs. La perspective heureuse du retour imminent d'un grand nombre de réfugiés au Rwanda renforce à la fois l'urgence et l'imminence à ce processus de reconstruction. Indiquant que son pays a créé un cadre de rétablissement de la paix pour aider les projets entrepris dans la région, M. Fowler lancé un appel aux autres donateurs pour qu'ils prennent des initiatives similaires. Il a appelé le Conseil de sécurité à autoriser sans délai l'envoi d'une Force multinationale.

Explications de vote

M. ALAIN DEJAMMET (France) a rappelé que la résolution 1078 du 9 novembre avait engagé vivement les Etats Membres à préparer d'urgence les dispositions nécessaires à la constitution de cette force. Cette résolution a été le point de lancement de la mobilisation de la communauté internationale. La résolution que le Conseil adopte aujourd'hui autorise la création de cette force multinationale dont les premiers éléments seront déployés dans les prochains jours. M. Dejammet a rappelé que cette force à laquelle la France participera a un mandat strictement humanitaire. Sa mission principale est de permettre d'acheminer efficacement l'aide humanitaire en faveur des réfugiés et des personnes déplacées et de favoriser le retour dans l'est du Zaïre des organisations humanitaires. Son objectif est également de faciliter le retour volontaire des réfugiés et des personnes déplacées car le but recherché est bien le libre retour des réfugiés et des personnes déplacées dans leur pays et région d'origine.

M. Dejammet a souligné que la mise sur pied de cette force multinationale n'aurait pas été possible si le Canada n'avait pas accepté d'en prendre le commandement. Il a salué l'offre du Canada, qui regroupera sous son autorité plusieurs contingents américains, européens et africains. La France est particulièrement attachée à ce que les moyens soient apportés aux Africains pour qu'ils participent pleinement à cette mission humanitaire. C'est pour cette raison qu'elle n'a cessé d'appeler à des consultations avec l'Organisation de l'unité africaine. M. Dejammet a espéré que l'ensemble des efforts déployés aux termes de la résolution permettront d'apporter les secours nécessaires, de stabiliser la région et d'apporter un début de solution aux problèmes qui assaillent la région des Grands Lacs depuis plus de deux ans. Il a souligné que chacun est devenu conscient de la nécessité de traiter l'ensemble des problèmes de la région autour d'une table de négociation avec le soutien de tous les pays intéressés. Le Gouvernement français, qui n'a cessé d'appeler de ses voeux depuis 1995 la convocation

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d'une Conférence internationale pour la paix, la sécurité et le développement dans cette région, est heureuse de constater que cette proposition a été endossée par l'OUA. Le Conseil de sécurité vient une fois de plus d'en souligner la nécessité. L'envoyé spécial du Secrétaire général, M. Raymond Chrétien, a pour mandat d'en accélérer les préparatifs. La France espère que ses efforts permettront très bientôt d'aboutir à la convocation de cette conférence.

M. JOHN WESTON (Royaume-Uni) a rappelé que son pays avait participé de manière active à la planification de l'opération depuis l'adoption de la résolution 1078. Une force multinationale n'est pas la panacée, mais elle doit être en mesure de s'acquitter de la tâche que le Conseil lui a assignée. Il faut aussi que cette force soit équilibrée, d'une dimension appropriée à la tâche, et dotée d'un mandat clair et réalisable. Le Royaume-Uni, une des rares nations ayant la capacité militaire de le faire, apportera une contribution importante à une telle force. Une équipe de reconnaissance militaire britannique s'est déjà rendue dans la région en vue d'évaluer les conditions sur le terrain.

M. Weston a estimé qu'il convient de s'assurer que les mesures immédiates prises aujourd'hui ne rendront pas les tâches à plus long terme plus difficiles. Le Royaume-Uni ne souhaite pas que la désolante situation antérieure qui a directement mené à la crise actuelle se reproduise. Ce déploiement ne doit pas figer la situation tel qu'elle est actuellement, ni mettre à mal les efforts déployés au cours des deux dernières années pour résoudre la situation humanitaire complexe de la région. Toute tentative sérieuse de répondre à la crise humanitaire doit s'attacher à faire en sorte que les réfugiés qui désirent rentrer chez eux n'en soient pas empêchés par des groupes armés. Cette opération ne doit pas non plus aboutir à la réinstallation de camps dans lesquels des éléments armés seraient autorisés à opérer. Pour cela, la force doit être suffisamment importante et bien équipée pour accomplir sa tâche de manière adéquate. Le champ géographique de l'opération doit également correspondre au capacités des forces. Nombre de réfugiés ont maintenant rejoint des zones moins accessibles de l'est du Zaïre. Ceci pourrait réduire l'efficacité d'une opération limitée à Goma et Bukavu.

Le Royaume-Uni estime que la participation et la coopération des Etats africains est très importante. Les Etats africains doivent non seulement jouer un rôle important dans la force multinationale et la force de suivi qui prendra la relève, mais aussi participer activement à la planification des deux forces depuis le début. Le Royaume-Uni s'accorde sur le fait qu'une conférence des Grands Lacs a un rôle central à jouer pour assurer un avenir pacifique et stable à la région.

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M. HUASUN QIN (Chine) a déploré que l'intensification des conflits dans l'est du Zaïre ait entraîné une crise humanitaire de grande ampleur. Il a lancé un appel aux parties concernées pour qu'elles créent les conditions propices au rapatriement volontaire et à la tenue de négociations politiques. La tâche que doit accomplir la communauté internationale, a poursuivi le représentant, est d'abord de désamorcer la crise humanitaire. A cet égard, la Chine a pris note de la lettre de l'OUA et salue les efforts déployés par cette dernière pour résoudre la crise actuelle. Si la Chine reconnaît qu'il est indispensable de fournir une assistance humanitaire d'urgence dans la région, il respecte les revendications des parties concernées, notamment du Zaïre tant il est vrai que l'intervention proposée soulève des questions difficiles et délicates.

C'est pourquoi, la Chine souhaite qu'elle se fonde sur le respect des principes de la souveraineté nationale et de l'intégrité territoriale des pays intéressés, en particulier du Zaïre. Avant toute action, la Chine souhaite que des consultations aient lieu avec les pays intéressées. Etant donné que l'intervention est autorisée par le Conseil, il convient que l'opération demeure conforme aux directives politiques du Conseil de sécurité. D'autre part, le représentant a estimé que le caractère humanitaire des mesures préconisées, donne lieu à des réserves en ce qui concerne la référence faite à l'Article VII de la Charte. La région des Grands Lacs a trop longtemps connu le chaos, a-t-il conclu en formant le voeu que les pays de la région respectent le principe du respect mutuel, qu'ils renoncent au recours à la force et réglent leurs différends sur une base égalitaire.

M. LEGWAILA J. LEGWAILA (Botswana) a déclaré que la décision du Conseil de sécurité d'autoriser le déploiement d'une force multinationale dans la région des Grands Lacs est probablement la plus importante qu'il ait prises sur la situation dans cette région. Cette résolution établit un équilibre délicat entre ce qui est souhaitable et ce qui est possible, eu égard à la complexité de la situation. Le plus important et le plus urgent consiste à permettre à la communauté humanitaire internationale d'accéder aux réfugiés et aux personnes déplacées. Le déploiement de la force permettra certainement d'éviter une tragédie humaine d'immense proportion. Le Botswana remercie le Gouvernement et le peuple du Canada d'avoir pris la tête de la force multinationale. Nous sommes accoutumés à la direction exemplaire du Canada et à son courage dans les opérations de maintien de la paix mais rien n'était acquis.

Le représentant s'est réjoui de voir le Conseil de sécurité en mesure de prendre une décision sur le déploiement d'une force multinationale moins d'une semaine après avoir adopté la résolution 1078. Il a apporté son soutien au projet de résolution. Il s'est félicité des efforts entrepris pour établir un fonds d'affectation spéciale qui permettra aux Etats africains qui le veulent de participer à l'opération humanitaire et a souhaité que la communauté internationale y contribue généreusement et rapidement, afin que cette participation puisse avoir lieu.

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La situation dans l'est du Zaïre ne se limite pas à un problème de réfugiés. C'est aussi un problème politique qui exige une réponse politique, a déclaré M. Legwaila. L'installation prolongée de réfugiés dans des camps au Zaïre a été une source d'insécurité et d'instabilité pour le pays d'accueil et a constitué une menace grave pour la souveraineté et l'intégrité territoriale du Zaïre. Il ne peut qu'en résulter davantage de tension le long de la frontière zaïro-rwandaise et le risque de voir le conflit interne se transformer en conflit international aux lourdes conséquences régionales. Une solution à long terme suppose le retour des réfugiés dans leurs villages au Rwanda. Le principal objectif de la communauté internationale doit donc être de faciliter ce retour, en étroite collaboration avec le gouvernement rwandais, qui a promis de faire bon accueil aux réfugiés. Elle doit l'aider en lui fournissant les ressources matérielles et financières qui lui permettront d'assurer l'installation des personnes rentrées chez elles. Il va sans dire que les réfugiés jugeront le gouvernement du Rwanda sur la base de ce qui se passera sur le terrain. La communauté internationale doit contribuer à rassurer les réfugiés qui rentrent. En même temps, il serait inutile d'insister sur ce droit au retour librement consenti des réfugiés et d'ignorer ceux qui tentent d'empêcher ce retour.

Le Botswana soutient la mission de l'envoyé spécial du Secrétaire général dans la région des Grands Lacs. Les Nations Unies doivent préparer sur de bonnes bases la future conférence internationale, et ne peuvent se permettre de ne pas apporter de solutions aux problèmes urgents. Le temps n'est pas aux débats sans fin sur l'intérêt d'une telle conférence. Le temps est venu pour tous les hommes de bonne volonté de négocier en vue de trouver un accord politique permanent.

M. GERHARD HENZE (Allemagne) a dit partager l'avis que tous les efforts déployés dans la région des Grands Lacs doivent viser également à régler les causes sous-jacentes des conflits, en particulier la question de la présence continue de centaines de milliers de réfugiés et de personnes déplacées dans l'est du Zaïre et partout ailleurs dans la région. C'est la raison pour laquelle, l'Allemagne se félicite que la Force multinationale n'ait pas seulement pour mandat de faciliter le retour des organisations humanitaires et la fourniture de l'aide mais également celui de faciliter le rapatriement volontaire et ordonné des réfugiés par le HCR ainsi que le retour volontaire des personnes déplacées.

Dans ce contexte, l'Allemagne accueille avec satisfaction l'annonce faite hier par le Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix concernant son intention de commencer à planifier, dès ce stade, une possible force de suivi visant notamment à aider le HCR à protéger et à rapatrier les réfugiés et les personnes déplacées, sur une base volontaire, et à créer des corridors humanitaires. Au-delà de l'action urgente décidée aujourd'hui par le Conseil de sécurité, l'Allemagne est convaincue, que la communauté internationale aura à trouver des solutions durables aux causes

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sous-jacentes des conflits dans la région des Grands Lacs. Ceci représentera non seulement une garantie de sécurité pour les réfugiés à leur point d'arrivée mais également une chance réelle pour ceux qui n'ont pas été impliqués dans le génocide d'être pleinement réintégrés dans leur communauté respective. L'Allemagne demeure engagé dans les efforts visant à améliorer les conditions de retour des réfugiés dans leur pays d'origine, en particulier en renforçant la situation économique et sociale par le biais de la reconstruction et l'aide au développement.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) a exprimé son appui total au déploiement immédiat d'une force multinationale temporaire dans la région des Grands Lacs. Il a fait observer que sa tâche ne sera pas facile et que par conséquent les gouvernements de la région et toutes les parties concernées se doivent de lui apporter leur totale coopération. Il a plaidé pour qu'aucun d'entre eux ne contrecarre l'action de la force d'aucune façon et sous aucun prétexte.

Le représentant a souligné que la précarité de la situation dans la région des Grands Lacs ne permet pas d'envisager de solutions partielles. Il a estimé que la seconde partie du mandat de la force multinationale, qui consiste à aider au rapatriement volontaire et organisé des réfugiés, est essentiel dans la mesure où toute solution à long terme aux problèmes complexes de la région serait inconcevable sans le rapatriement des réfugiés dans leur pays d'origine. Il a souligné que la façon dont les premiers réfugiés qui rentreraient chez eux seraient traités était particulièrement importante et a engagé la communauté internationale à profiter de la dynamique créée grâce aux efforts sans relâche déployés par les Etats participant à la Force pour mettre en place, au moment opportun, un suivi approprié comme l'envisage le projet de résolution.

M. AHMED GOMMA (Egypte) a exprimé sa préoccupation face à la tragédie humaine qui a frappé la région des Grands Lacs ces dernières semaines. L'Egypte participe aux efforts de solution de ce conflit, notamment par le biais de l'Organisation de l'unité africaine et du mécanisme de solution des conflits africains. Le représentant a insisté sur l'importance de la participation africaine à cette force internationale, qui est liée à la participation financière des Etats Membres. L'Egypte se félicite des initiatives prises pour trouver une solution à la crise, notamment celle de la France qui a fourni la base de cette opération et celle du Canada qui a permis de définir le cadre d'une force temporaire. L'Egypte appuie le projet de résolution, dont elle s'est portée co-auteur. Elle a pris note des déclarations du représentant du Rwanda sur ces derniers événements positifs concernant le retour des réfugiés dans leurs familles, mais estime que l'adoption de la résolution présentée aujourd'hui ne contredit nullement ces efforts. Le représentant a souligné le caractère temporaire de la force. Il a espéré que celle-ci parviendra à ses objectifs le plus rapidement possible.

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M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) a déclaré que l'ampleur et la gravité des déplacements de populations n'avaient pas seulement des aspects humanitaires, mais également socio-économiques et politiques, dont la responsabilité principale de leur règlement incombe en premier lieu aux pays affectés eux-mêmes. Néanmoins, le concours de la Communauté internationale s'avère plus qu'indispensable et les efforts doivent porter davantage sur les principales causes de l'afflux des réfugiés et des personnes déplacées. A cet égard, la création d'un environnement socio-économique et politique plus sain ainsi que la mise en place de régimes efficaces de droits de l'homme sont essentielles pour atténuer l'exode massif et la diplomatie préventive ainsi que le dialogue franc sont des instruments à explorer plus avant. En outre, le pays d'origine doit créer des conditions propices au retour volontaire des réfugiés en toute sécurité et dignité.

Depuis trois semaines, la communauté internationale est témoin d'une tragédie humaine qui cause 1200 morts par jour et le Conseil de sécurité n'a pas été en mesure de prendre en temps voulu les mesures appropriées pour venir au secours de ces milliers de personnes déplacées. Or n'y a t-il pas lieu de se demander s'il n'existe pas deux poids et deux mesures dans l'application du droit humanitaire international et au moment où la résolution va être finalement adoptée, n'y a t-il pas lieu de savoir combien de personnes sont mortes depuis que Mme Ogata a présenté son rapport sur la situation dans la région des Grands Lacs, tirant déjà la sonnette d'alarme? s'est-il demandé. La Guinée-Bissau est reconnaissantes aux Secrétaires généraux de l'ONU et de l'OUA, aux pays voisins des Grands Lacs ainsi qu'au Gouvernement français, canadien et américains pour leur efforts en vue de trouver une solution rapide à cette crise. Le représentant a précisé que son pays est disposé à participer à la force multinationale dans les conditions et termes prévus dans la résolution, pour laquelle il votera favorablement en espérant qu'elle contribuera énormément à la recherche d'une solution globale et durable aux problèmes des réfugiés et des personnes déplacées et à la consolidation de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs.

M. ZBIGNIEW WLOSOWICZ (Pologne) a déclaré qu'il voterait en faveur du projet de résolution. L'objectif de ce dernier est clair: empêcher une grande catastrophe humanitaire. Dans le chaos qui régne actuellement dans l'est du Zaïre, la délivrance de l'aide humanitaire si nécessaire ne peut se faire sans sécurité minimale. C'est pourquoi la Pologne exprime sa plus sincère gratitude aux Etats, et en premier lieu au Canada, qui ont pris l'initiative d'organiser sur une base urgente une force multinationale et de fournir des troupes. La résolution adoptée aujourd'hui fournira à ces Etats le cadre nécessaire à la réalisation de cette action volontairement entreprise.

Cette opération ne pourra toutefois pas éliminer les sources structurelles de la crise de la région des Grands Lacs. Cet objectif suppose des efforts à long terme des pays concernés, des organisations régionales africaines et de la communauté internationale dans son ensemble. Mais l'opération contribuera à une solution durable, fondée sur le respect des

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principes de souveraineté, d'intégrité territoriale et d'inviolabilité des frontières de tous les Etats concernés, ainsi que sur le respect des droits de l'homme. Les Nations Unies doivent désormais s'engager. La forme appropriée de la présence des Nations Unies sera décidée ultérieurement. Dans ce contexte, les pays africains doivent jouer un rôle fondamental dans toutes les phases du processus, et pour commencer dans la phase humanitaire en discussion aujourd'hui.

M. GERARDO MARTINEZ BLANCO (Honduras) s'est déclaré préoccupé par la grave crise humanitaire et politique qui sévit dans l'est d Zaïre qui menace la paix et la sécurité régionale. La communauté internationale se doit de prendre des mesures de toute d'urgence et de trouver un mécanisme pour stabiliser la situation dans la région. Le Honduras appuie le projet de résolution dont il est, d'autre part, co-auteur. Ce texte portant création d'une Force multinationale, facilitera la fourniture d'une assistance humanitaire efficace et le rapatriement volontaire des réfugiés. De l'avis du Honduras, le bon fonctionnement de la Force exige des parties au conflit qu'elles établissent un cessez-le-feu et nouent, dès que possible, un dialogue politique. Le représentant a souligné la nécessité d'une Conférence de paix dans la région sous les auspices des Nations Unies et de l'OUA. C'est là le seul moyen, a-t-il dit, de trouver une solution durable à tous les problèmes de la région.

M. LORENZO FERRARIN (Italie) a indiqué que son pays était particulièrement satisfait de la décision que le Conseil s'apprête à adopter. Depuis le début des délibérations du Conseil de sécurité sur cette question, nous avons plaidé en faveur du déploiement précoce d'une force multinationale, a-t-il souligné. Nous avons initié une action diplomatique avec les pays les plus directement concernés, en les incitant à choisir la voie du dialogue. Nous n'avons cessé de répéter que la communauté internationale ne pouvait rester silencieuse et laisser passivement s'installer sous ses yeux l'enfer au quotidien. Nous avons agi et agi efficacement, pour que tous les aspects de l'urgence humanitaire soient pris en compte. Les avions italiens sont prêts à s'envoler pour transporter le matériel de secours aux aéroports de la région.

Le représentant s'est également prononcé en faveur de la mise en oeuvre aussi rapide que possible d'un plan crédible qui permette le rapatriement volontaire des millions de réfugiés. Il a insisté sur le fait qu'il n'était pas question d'obliger des réfugiés à retourner là où les conditions nécessaires à une vie normale n'étaient peut-être pas réunies. Il a exprimé l'espoir que la raison l'emportera sur tout autre considération et qu'une solution durable au problème sera rapidement trouvée.

L'Italie votera en faveur de la résolution qui décide du déploiement d'une aide humanitaire dans la partie orientale du Zaïre, a-t-il déclaré. Soulager les souffrances de la population civile et des réfugiés est une priorité absolue. Trop de temps a déjà été perdu.

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M. Ferrarin a exprimé sa satisfaction à l'égard du fait que l'opération décidée par le Conseil avait des objectifs strictement humanitaires et avait exclu des tâches plus ambitieuses telle qu'une interposition entre les parties du conflit. Il a souligné que la Force devra agir avec le consentement de l'OUA et des gouvernements concernés. Sa composition sera équilibrée de façon refléter la communauté internationale dans son ensemble. Aucun pays ne devrait être prédominant. Il a exprimé sa gratitude au gouvernement du Canada qui a accepté d'assurer le commandement de l'opération.

M. JUAN SOMAVIA (Chili) a déclaré que la force multinationale qui est sur le point d'être constituée n'est pas une fin en soi mais un moyen de régler le problème humanitaire posé à l'est du Zaïre. Les contributions volontaires ainsi que la création d'un fonds volontaire permettra aux Etats d'Afrique de participer à cette force multinationale, ce qui, de l'avis du Chili est indispensable. Le Chili rappelle que la phase la plus urgente de la mission sera d'empêcher la détérioration de la situation humanitaire, de protéger les personnes dans les zones de ravitaillement et de permettre aux institutions humanitaires et aux organisations non gouvernementales de subvenir aux besoins des personnes dans la détresse. Le représentant a rappelé que la résolution 1078 contient des dispositions très importantes concernant le rapatriement volontaire des réfugiés dans leur pays. C'est pourquoi il importe au plus haut point que le Secrétaire général élabore le cadre conceptuel des opérations à venir.

M. Somavia a fait observer que la crise qui secoue le Zaïre oriental est intimement liée à la situation qui prévaut dans la région des Grands Lacs. La seule solution au problème des réfugiés est de créer les conditions politiques et de sécurité permettant le retour des réfugiés dans leur pays, ce qui suppose que tous les dirigeants des pays de la région étudient conjointement les divers problèmes auxquels la région est confrontée ainsi que les moyens qui permettront d'y apporter une solution définitive. Le Chili estime que la convocation d'une Conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement dans la région des Grands Lacs serait un bon moyen d'y parvenir. L'Envoyé spécial du Secrétaire général devrait, à cette fin, fixer les modalités de la convocation d'une telle Conférence.

M. SERGEY V. LAVROV (Fédération de Russie) a exprimé sa préoccupation concernant la drame humain que connaît le Zaïre, la situation actuelle risquant de dégénérer en conflit militaire régional. La Fédération de Russie appelle donc instamment toutes les parties au conflit à mettre fin à leurs attaques et à engager un dialogue politique. Le représentant a indiqué que son pays continue de fournir une aide humanitaire aux réfugiés par l'intermédiaire du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés. Il a rendu hommage au Canada qui est le chef de file de cette opération. Il a souhaité que tous les pays intéressés de la région coopèrent étroitement afin d'alléger le calvaire de centaines de milliers de personnes. La Fédération de Russie note la participation équilibrée des contingents africains, à laquelle il attache une grande importance. Elle appuie l'organisation d'une Conférence internationale sur les Grands Lacs, à même de contribuer au rétablissement de la stabilité dans la région.

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Mme MADELEINE K. ALBRIGHT (Etats-Unis) a déclaré que la complexité de la situation dans l'est du Zaïre, caractérisée par la présence de multiples groupes armés et d'un environnement politique fragile, exige une approche prudente. Les Etats-Unis appuient fermement l'initiative du Gouvernement du Canada de prendre la tête d'une force multinationale dont l'objectif sera de permettre d'acheminer l'aide humanitaire aux réfugiés et aux personnes déplacées et de rapatrier volontairement dans leur pays d'origine les réfugiés. Ce rapatriement volontaire des réfugiés, a souligné la représentante, constitue la clé d'une solution durable. Ainsi pour éviter une nouvelle manifestation de cette tragédie humaine, les réfugiés qui souhaitent retourner au Rwanda doivent en mesure le faire. Il semble d'ailleurs, a dit Mme Albright, que 10 000 réfugiés ont finalement saisi l'occasion de rentrer chez eux. Les Etats-Unis se félicitent de cette évolution et espèrent que cette tendance se poursuivra. Le Gouvernement du Rwanda a pris des mesures crédibles et à exprimer son intention de garantir la sécurité des réfugiés, a déclaré la représentante en ajoutant que son pays tient, avec les gouvernements de la région, des consultations relatifs aux arrangements nécessaires à un déploiement possible des forces américaines.

Les Etats-Unis travaillent étroitement avec le Canada, d'autres pays, les institutions spécialisées des Nations Unies et la communauté humanitaire afin de déterminer ce que sont précisément les besoins humanitaires et comment les Etats-Unis pourrait participer, de la manière la plus utile, aux efforts humanitaires et faciliter un rapatriement réussi et ordonné des réfugiés. Les questions importantes concernant l'organisation et le fonctionnement de la mission sont toujours à l'examen. Les Etats-Unis estiment, par ailleurs, qu'il convient de planifier dès maintenant une opération appropriée qui doit suivre la force multinationale temporaire. Elle a lancé un appel aux parties intéressées pour qu'elle rétablissent la paix et la stabilité. Elle les a également appelées à cesser les hostilités, à coopérer, grâce à des efforts de médiation, à permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, et à appuyer le rapatriement des réfugiés en toute sécurité. Mme Albright a enfin appelé toutes les parties à coopérer avec le Tribunal international du Rwanda chargé de poursuivre les personnes responsables du génocide de 1994.

M. NUGROHO WISNUMURTI (Indonésie) a observé que l'initiative du Conseil de sécurité vise à éviter une catastrophe humaine qui pourrait avoir de graves répercussions sur la stabilité et la sécurité de toute la région des Grands Lacs. Il est impératif qu'un cessez-le-feu soit établi en vue de mettre fin à la violence et de faciliter une solution négociée au conflit. L'Indonésie appelle en outre les Gouvernements et les parties concernés de ces territoires à faciliter l'accès des organisations de secours humanitaires aux réfugiés et aux personnes déplacées afin de leur distribuer de la nourriture et de leur fournir des soins médicaux. Elle appuie ainsi la création d'une force multinationale à but humanitaire. De longues discussions ont eu lieu sur le mandat, l'origine et l'importance d'une telle opération. Le rôle donné à la force, tel que défini par le projet de résolution, semble répondre aux

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préoccupations en établissant un mandat ciblé et réaliste. Une telle force doit avoir les moyens de se défendre et de se protéger. Un mandat de quatre mois peut suffire pour faire face à la phase d'urgence de la crise. Les dimensions plus profondes du conflit doivent elles aussi être examinées, si l'on veut trouver une solution durable à la crise. Celles-ci ne devraient toutefois être abordées que lors de la prochaine phase des opérations. Si l'on veut trouver une solution durable aux conflits dans la région, la convocation d'une conférence internationale sur la paix, la sécurité et la stabilité dans les Grands Lacs ne doit plus être retardée davantage.

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