LE SECRETAIRE GENERAL EXHORTE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE À CREER DES ZONES DE PAIX POUR LES ENFANTS
Communiqué de Presse
SG/SM/6105
HR/4308
LE SECRETAIRE GENERAL EXHORTE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE À CREER DES ZONES DE PAIX POUR LES ENFANTS
19961112 Une étude sur l'"impact des conflits armés sur les enfants" perce les ténèbres de la haine et de l'injusticeOn trouvera ci-après le texte de l'allocution qu'a prononcée le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, le 8 novembre, devant la Troisième Commission de l'Assemblée générale (Affaires sociales, humanitaires et culturelles) pour présenter le rapport sur l'"impact des conflits armés sur les enfants" qu'un expert avait établi à sa demande :
Cette étude est un événement historique. Elle a demandé à Mme Graça Machel et à ses collaborateurs deux ans d'un travail acharné. Le résultat est remarquable : pour la première fois, la communauté internationale dispose d'un bilan complet du sort des enfants piégés dans les conflits armés, qui promet d'être un outil essentiel pour aider l'humanité à réaliser ce à quoi elle aspire depuis toujours, la paix.
Nous devons une immense gratitude à Mme Machel, dont la famille et la patrie ont souffert des conséquences tragiques de la guerre. Nos remerciements vont aussi au Centre des Nations Unies pour les droits de l'homme, au Fonds des Nations Unies pour l'enfance et à ses comités nationaux qui ont facilité la tâche de l'expert.
L'étude montre la place centrale que doivent occuper l'enfance et les droits de l'enfant dans tous les efforts de paix et de sécurité ainsi que dans les affaires politiques, militaires et humanitaires.
Elle constitue un complément important des principes de coopération internationale qui ont mûri pendant trois siècles et qui visent à prévenir les conflits, à rendre la guerre moins brutale et à atténuer les souffrances des victimes.
Elle remet en question la façon dont le système des Nations Unies, et en particulier les organismes humanitaires, réagissent aux violations des droits des enfants dans les situations de conflits armés.
Cette étude entreprise en application de la résolution 48/157 de l'Assemblée générale, est le fruit de consultations approfondies sur toute une gamme de sujet menées partout dans le monde par Mme Machel et son équipe. Rien n'a été négligé : ateliers dans toutes les régions du monde, tournées dans les zones de conflit, études thématiques confiées à des experts de diverses disciplines, débats de personnalités éminentes, consultations avec les gouvernements, les organisations non gouvernementales, les mouvements d'opposition armés et les enfants eux-mêmes.
L'étude montre que la plupart des victimes des conflits armés qui ont déchiré nations et communautés ces dernières années sont des civils et surtout des enfants. Elle présente de façon synthétique les enseignements tirés des tragédies récentes sur les multiples souffrances que la guerre inflige aux membres les plus vulnérables de la société.
C'est une étude approfondie, mais c'est aussi le cri des deux millions d'enfants massacrés, des 15 millions de jeunes handicapés ou traumatisés à vie qui demandent réparation.
Si l'étude n'était que cela, elle serait déjà très utile. Mais elle nous donne plus que des chiffres et des analyses : elle nous propose un programme d'action intégré pour améliorer la protection et la prise en charge des enfants dans les situations de conflits, bien plus, pour aider à prévenir les conflits.
Le mois dernier j'ai rendu compte à l'Assemblée générale des progrès notables accomplis un peu partout depuis le Sommet mondial de 1990 pour les enfants : en présentant mon rapport, j'ai rappelé que c'est en investissant dans l'enfance que l'on préparera le terrain au développement durable.
C'est aussi sur les enfants que reposera toute paix durable. Nous devons tirer parti de l'instinct le plus profond du genre humain, l'instinct de protéger et chérir les petits, dans nos efforts pour mettre fin à la guerre et à la violence qui déchirent l'humanité. Les nouveaux mouvements pacifistes dont nous avons besoin pour arrêter la prolifération des guerres et des haines devraient prendre pour symbole des visages d'enfants.
Nous devons refuser d'infliger aux prochaines générations les atrocités indicibles et les privations cruelles que notre siècle a tragiquement fait subir aux jeunes et qui, à notre grande honte, continuent de sévir aujourd'hui.
- 3- SG/SM/6105 HR/4308 12 novembre 1996
Comment ne pas être profondément émus de la situation qui règne aujourd'hui dans la région des Grands Lacs, en Afrique centrale, où, une fois de plus, les armes prélèvent un lourd tribut sur la population civile, constituée en grande partie de réfugiés, dont la plupart sont des femmes et de jeunes enfants? On estime que 1 million de personnes sont en fuite, en proie aux plus grands dangers et aux plus graves privations.
La communauté internationale doit tout faire pour éviter que le génocide et les exodes massifs qui ont déstabilisé et dévasté cette partie du monde en 1994 ne se reproduisent. L'application immédiate des recommandations très diverses contenues dans l'étude ferait beaucoup pour réduire les souffrances des jeunes victimes. Elle aiderait également à accélérer la solution à long terme des problèmes complexes que connaît la sous-région.
L'étude sur l'impact des conflits armés sur les enfants jette une lumière intense dans les ténèbres de la haine et de l'injustice et propose aux gouvernements, à la société civile et au système des Nations Unies des moyens pratiques d'améliorer le sort des enfants du monde.
J'en appelle aux États Membres pour qu'ils étudient avec soin chacune de ces recommandations et veillent à leur application efficace. J'exhorte les États Membres, le système des Nations Unies et la société civile à s'unir, à l'aube d'un nouveau millénaire, pour chercher les moyens de créer pour les enfants une zone de paix dans un monde qui tournerait résolument le dos à la guerre.
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