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SG/SM/6104

LE SECRETAIRE GENERAL APPUIE LA CONSTITUTION D'UNE FORCE MULTINATIONALE POUR FAIRE FACE A LA SITUATION DANS L'EST DU ZAIRE

8 novembre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6104


LE SECRETAIRE GENERAL APPUIE LA CONSTITUTION D'UNE FORCE MULTINATIONALE POUR FAIRE FACE A LA SITUATION DANS L'EST DU ZAIRE

19961108 En raison de l'urgence de la situation, la Force devrait être établie par les Etats Membres et placée sous l'autorité du Conseil de sécurité

La déclaration suivante a été communiquée par le porte-parole du Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali :

Le Secrétaire général est profondément préoccupé par la situation humanitaire très grave qui règne dans l'est du Zaïre depuis ces dernières semaines. Il a adressé trois lettres au Président du Conseil de sécurité en date des 14, 24 et 29 octobre, attirant l'attention des membres du Conseil sur l'évolution alarmante de la situation. Le 30 octobre, le Secrétaire général a nommé un envoyé spécial pour la région des Grands Lacs qui se trouve aujourd'hui sur place en vue d'établir les faits concernant les conflits et élaborer des plans d'urgence pour réduire la tension et parvenir à un cessez- le-feu, afin de permettre au processus de négociation de démarrer.

Le 6 novembre, le Secrétaire général a nommé un coordonnateur humanitaire pour la région des Grands Lacs, qui est déjà dans la région et qui rejoindra son envoyé spécial. Le Secrétaire général a été constamment en contact avec les dirigeants de la région. Il a téléphoné et adressé des lettres aux Présidents du Zaïre, de l'Ouganda, du Kenya, de la Tanzanie, du Cameroun, du Burundi et du Rwanda, ainsi qu'au Secrétaire général de l'Organisation de l'unité africaine (OUA).

Le Secrétaire général a adressé hier, 7 novembre, une autre lettre au Président du Conseil de sécurité, attirant l'attention sur la détérioration tragique de la situation dans l'est du Zaïre au cours de ces derniers jours et la véritable menace qui pèse sur la vie de dizaines de milliers d'hommes, femmes et enfants dans les provinces zaïroises du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Les combats dans l'Est du Zaïre ont causé le déplacement massif de plus de 1,2 million de réfugiés burundais et rwandais, ainsi que des dizaines de milliers de Zaïrois. Environ 400 000 réfugiés se dirigent vers le nord-ouest du Lac Kivu. Plus de 115 000 réfugiés qui ont abandonné, la semaine dernière,

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leur camp semblent se diriger vers le sud. Aucune information n'est disponible au sujet des 500 000 réfugiés à Bukavu et à Uvira. Au moins, un million de réfugiés rwandais et burundais se trouvent au Zaïre, à l'est de Goma. Il semble que les réfugiés en fuite sont à la recherche d'eau plutôt que d'un déplacement planifié à l'intérieur du Zaïre.

Des informations concernant les réfugiés qui retournent au Rwanda font état de personnes qui meurent de soif. La plupart de ces victimes de conflits armés ont été forcées d'abandonner leurs camps et foyers et se dirigent vers l'ouest, en direction de régions qui comptent parmi les plus inhospitalières et inaccessibles du Zaïre, tandis que de nombreuses autres victimes ont réussi à gagner la Tanzanie et l'Ouganda. Au cours de ces derniers mois, les Nations Unies et leurs institutions humanitaires, ainsi que les organisations non gouvernementales de secours, ont rendu des services inestimables en distribuant des vivres et d'autres produits de premières nécessités aux plus concernés, souvent dans des conditions extrêmement urgentes. A son regret, le Secrétaire général a toutefois été obligé d'autoriser la réaffectation temporaire du personnel international dans les pays voisins pour des raisons de sécurité. Ce personnel y retournera dès que les conditions de sécurité le permettront.

La situation dans l'est du Zaïre appelle la communauté internationale à une action déterminée, effective et immédiate. Il est impératif de stabiliser la situation et d'instaurer des conditions pour assurer la livraison en toute sécurité de l'aide humanitaire aux réfugiés et aux personnes déplacées. A cet égard, le Secrétaire général se félicite de l'initiative prise par sept chefs d'Etat africains de convoquer leur premier sommet sur la situation dans l'est du Zaïre, qui a eu lieu à Nairobi le 5 novembre. Ce Sommet, auquel s'est associée l'Organisation de l'unité africaine (OUA), a appelé à la création immédiate de couloirs de sécurité et de sanctuaires temporaires à l'intérieur du Zaïre pour faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et le rapatriement des réfugiés. A cette fin, il faudra assurer la sécurité des aérodromes et les points de passage des frontières, ainsi que les bases de soutien logistique dans l'Est du Zaïre.

Le Sommet de Nairobi a prié le Secrétaire général de prendre des mesures urgentes pour déployer la force nécessaire en vue de réaliser ces objectifs. Dans des circonstances normales, le Secrétaire général aurait souhaité de toute évidence que le Conseil décide de déployer une force de maintien de la paix, sous le contrôle et le commandement des Nations Unies. Toutefois, dans la présente situation, il y a urgence. Chaque jour qui passe coûte littéralement la vie à des milliers de personnes. En conséquence, dans sa lettre du 7 novembre, le Secrétaire général a présenté au Conseil de sécurité sa recommandation selon laquelle la meilleure option à ce stade consisterait à ce qu'un groupe d'Etats Membres décide de créer une force multinationale, sous l'autorité du Conseil de sécurité.

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Le Secrétaire général a noté que le Conseil de sécurité est déjà saisi activement de l'examen d'une proposition par laquelle il autoriserait les Etats Membres à prendre les mesures nécessaires pour assurer la livraison en toute sécurité de l'aide humanitaire à la population dans le besoin. Le moment est venu pour la communauté internationale d'agir de façon concertée. Le Secrétaire général prie instamment les Etats Membres qui sont en position de le faire, d'y contribuer par tous les moyens possibles. Il est inutile de dire que toute action mandatée par le Conseil de sécurité devrait être mise en oeuvre en étroite consultation avec l'Organisation de l'unité africaine et les pays de la région. Cette consultation est en effet en cours.

Le monde regarde à la télévision les souffrances indescriptibles qui continuent d'affliger les populations dans l'est du Zaïre. Le fait qu'un déplacement assez important de personnes du Zaïre vers la Tanzanie, l'Ouganda et le Burundi illustre la dimension régionale de la crise. Le Secrétaire général est convaincu que la communauté internationale ne manquera pas de s'acquitter de son obligation morale de venir au secours à ces populations si malheureuses, et de prendre des mesures immédiates afin de mettre fin aux hostilités dans la région.

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