En cours au Siège de l'ONU

GA/9150

LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSIDERE LA SITUATION QUI PREVAUT DANS LA REGION DES GRANDS LACS AFRICAINS COMME UNE GIGANTESQUE CATASTROPHE HUMAINE

5 novembre 1996


Communiqué de Presse
GA/9150


LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE GENERALE CONSIDERE LA SITUATION QUI PREVAUT DANS LA REGION DES GRANDS LACS AFRICAINS COMME UNE GIGANTESQUE CATASTROPHE HUMAINE

19961105 Il trouve l'inaction de l'ONU honteuse et le monde entier devrait empêcher des tragédies de cette ampleur

On trouvera ci-après le texte d'une déclaration publiée le 31 octobre par le Président de l'Assemblée générale, M. Rizali Ismaïl (Malaisie), au sujet de la situation dans la région des Grands Lacs africains:

Aujourd'hui, personnellement mais aussi collectivement, en tant que représentants des États Membres de l'Organisation, nous devrions être en deuil, non seulement à cause de la gigantesque catastrophe humaine qui est en train de se produire dans la région des Grands Lacs africains, mais aussi parce que la communauté internationale semble de moins en moins capable de réagir vigoureusement face à des tragédies de ce genre et de les empêcher de se produire.

La tragédie en cours, qui touche des centaines de milliers de personnes, ne nous est pas inconnue. L'ampleur et la nature des violences infligées à des innocents nous sont hélas horriblement familières — les plaies des ethnocides commis en Bosnie-Herzégovine et au Rwanda sont encore béantes. Et pourtant, nous sommes à nouveau témoins de l'impuissance des gouvernements et des institutions internationales à protéger la plus primordiale des valeurs universelles, le droit à la vie.

En tant que Président de l'Assemblée générale, amené à ce titre à diriger des travaux portant sur des questions comme le bien-être et la sécurité des personnes, mais aussi en tant qu'être humain, j'en arrive à l'horrible conclusion que nous sommes incapables, que ce soit individuellement ou collectivement, de prévenir les grandes tragédies humaines qui se préparent.

Nous, les titulaires de postes clefs et de postes de responsabilité dans l'Organisation, nous sentons et sommes impuissants à prévenir toutes ces pertes en vies humaines en dépit de toute notre habileté à faire de belles phrases et à élaborer de belles résolutions.

Les tragédies et catastrophes humaines comme celle qui se produit dans la région des Grands Lacs africains relèvent, bien entendu, de la compétence du Conseil de sécurité. Force est cependant de constater qu'en dépit des débats qui ont lieu au sein de cet organe, des mesures qu'il a prises et de l'action menée par le Secrétaire général, nos efforts semblent bien dérisoires face à la vague de violence qui déferle sur cette région. Une telle situation devrait tourmenter l'ONU. Il est honteux que nous ne puissions agir efficacement face à de telles tragédies. La question fondamentale que nous devons nous poser est la suivante : quelles valeurs l'Organisation défend-elle? En tant qu'émanation de la Charte, l'ONU devrait défendre les valeurs universelles.

En tant que Président de l'Assemblée générale, je me sens coupable de la faiblesse de notre réaction. En tant qu'être humain, je m'en veux d'occuper ce poste et de n'être pas en mesure, en raison du mode de fonctionnement de l'Organisation auquel je suis tenu de me conformer, d'exercer la moindre influence sur des décisions dont dépend la vie d'êtres humains.

C'est pourquoi j'engage chacun, par l'entremise des médias, à faire comprendre à l'ONU, par l'intermédiaire du Conseil de sécurité, de l'Assemblée générale ou du Secrétaire général, qu'il ne faut pas qu'une nouvelle tragédie de cette ampleur se produise,

J'engage aussi tous les acteurs sur la scène internationale — hommes politiques, gouvernements, groupements régionaux, organismes des Nations Unies et sociétés civiles — à faire en sorte que les victimes des horribles brutalités qui se commettent actuellement puissent trouver refuge dans des régions sûres. Nous devons absolument leur apporter des secours d'urgence sous la forme de vivres et de fournitures médicales. Tous les gouvernements, en particulier ceux de la région, doivent se faire un devoir de leur venir en aide, quel que soit le côté de la frontière d'où ils viennent, car, en dernière analyse, lorsqu'une catastrophe humaine de cette dimension se produit, ce qui compte, ce n'est pas de faire de la politique mais bien de sauver des vies.

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