SG/SM/6094

LORS DE LA JOURNEE DES NATIONS UNIES, LE SECRETAIRE GENERAL EVOQUE CE QUE POURRAIT ÊTRE L'ONU DE L'AVENIR

29 octobre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6094


LORS DE LA JOURNEE DES NATIONS UNIES, LE SECRETAIRE GENERAL EVOQUE CE QUE POURRAIT ÊTRE L'ONU DE L'AVENIR

19961029 On trouvera ci-après le texte de l'allocution que le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, a prononcée à l'occasion de la Journée des Nations Unies, le 24 octobre :

En cette cinquante et unième journée des Nations Unies, je voudrais commencer par vous féliciter, vous qui composez la communauté des nations, vous le personnel de l'ONU, et tous les hommes et les femmes de bonne volonté. Je suis particulièrement heureux de voir aujourd'hui parmi nous des représentants de la société civile et des organisations non gouvernementales, de même que beaucoup de jeunes qui viennent visiter l'ONU. Partout dans le monde, les enfants observent aujourd'hui la Journée des Nations Unies. Laissons-nous inspirer par ce qu'ils nous disent, écoutons la voix de l'espérance. Il ne faut pas oublier que lorsque l'ONU a été fondée en 1945, ce n'est pas une institution achevée qui a été établie. Des hommes et des femmes de bonne volonté se sont employés pendant 51 ans à lui donner corps et nous prenons la relève, comme nos enfants le feront après nous.

L'ONU est une grande oeuvre en devenir. De même que nos prédécesseurs se sont appliqués à nous léguer une organisation mondiale capable d'affronter les défis de notre temps, il nous appartient à nous de préparer l'Organisation des Nations Unies du XXIe siècle. Permettez-moi de vous exposer ce que pourrait être l'ONU du nouveau millénaire.

L'ONU du futur serait une organisation intergouvernementale efficace, au service de ses États Membres et de leur peuple. Mais elle ouvrirait de plus en plus ses structures à d'autres éléments, y compris aux représentants de la société civile. La consolidation du dispositif intergouvernemental permettrait d'élaguer encore davantage l'Organisation elle-même. Les principaux organes se feraient contrepoids comme le prévoyait la Charte. Les dettes seraient remboursées. Et des mesures seraient prises pour assurer des conditions de service, et d'abord la sécurité du personnel, qui permettent de continuer à attirer et de conserver un personnel hautement qualifié, capable de mettre encore mieux l'Organisation au service de l'humanité.

Cette ONU de demain offrirait un dispositif efficace de sécurité collective. La prévention constituerait le principal mot d'ordre. Toutes les opérations de maintien de la paix seraient mandatées de manière cohérente et dotées régulièrement des ressources nécessaires. On répartirait les tâches de façon à faire effectivement appel aux organisations régionales. L'ONU aurait en permanence à sa disposition ou à ses ordres une force restreinte d'action rapide à déployer lorsque le Conseil de sécurité l'ordonnerait face aux manifestations violentes qu'aucune nation ou aucun groupe ne veut affronter du moment que les intérêts nationaux ne sont pas en jeu.

Les traités et pactes qui protègent les droits de l'homme et définissent les normes humanitaires seraient presque universellement ratifiés. Les organes qui veillent au respect des droits de l'homme seraient renforcés pour une plus grande efficacité. La juridiction du droit international humanitaire serait toujours davantage étendue, pour une meilleure protection.

Un réseau de moyens plus importants serait établi dans l'ensemble des organismes des Nations Unies pour assurer l'alerte rapide et la prévention des catastrophes, diminuant d'autant le nombre de situations d'urgence humanitaire. Le monde offrirait des conditions beaucoup plus propices au plein épanouissement de la dignité humaine.

Le développement recevrait l'attention et les ressources qui conviennent. Les rapports entre pays développés et pays en développement changeraient fondamentalement, l'assistance étant remplacée par la coopération. La justice sociale, sur les plans interne et international, assurerait que le progrès matériel n'exclut pas ceux qui aujourd'hui ont du mal à survivre.

L'importance primordiale de la croissance économique serait reconnue, non seulement parce que l'expansion favorise le progrès matériel, mais parce qu'elle offre à la société des choix dans tous les grands domaines. On laisserait la nature se régénérer. On prendrait conscience que l'investissement dans les ressources humaines est une condition du progrès. Une société civile solidement assise aiderait à façonner et à réaliser l'oeuvre de développement. L'ONU et ses institutions spécialisées continueraient à oeuvrer à un développement sans dangers pour l'environnement, en se répartissant de mieux en mieux les tâches et en coordonnant toujours davantage leurs actions.

Tous les États accepteraient la juridiction générale de la Cour internationale de Justice. Un tribunal pénal international permanent serait établi.

À la démocratisation internationale répondrait la démocratisation interne. Il en résulterait une société d'États, et une société civile élargie à l'échelle internationale, résolus à défendre les principes et les règles de la démocratie.

- 3- SG/SM/6094 29 octobre 1996

Cette idée de l'ONU que je viens d'exposer est au fond très simple : il s'agit d'une organisation qui fonctionne comme l'avaient voulu les auteurs de la Charte, une organisation qui non seulement saura s'adapter à l'évolution des conditions internationales, mais contribuera aussi à les améliorer. Il s'agit du monde que nous léguerons à nos enfants.

Nous avons déjà commencé à édifier l'ONU du XXIe siècle. Réaffirmons aujourd'hui que nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que cette grande idée prenne entièrement corps.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.