SG/SM/6086

MESSAGE DU SECRETAIRE GENERAL AU SEMINAIRE DU FIDA A ROME SUR LA FAIM ET LA PAUVRETE DANS LE MONDE

21 octobre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6086


MESSAGE DU SECRETAIRE GENERAL AU SEMINAIRE DU FIDA A ROME SUR LA FAIM ET LA PAUVRETE DANS LE MONDE

19961021 Ci-dessous le texte du message adressé par le Secrétaire Général M. Boutros Boutros-Ghali, au Séminaire du Fida sur "La faim et la pauvreté dans le monde : dimensions et solutions". Il a été lu, en son nom, par le Sous-Secrétaire général à l'information M. Samir Sanbar, à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination de la pauvreté, le 17 octobre :

Je suis heureux d'adresser mes meilleurs voeux à tous les participants au Séminaire du FIDA intitulé "La faim et la pauvreté dans le monde : dimensions et solutions", organisé à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la pauvreté.

Cette Journée rappelle à la communauté internationale qu'elle doit redoubler d'efforts afin d'endiguer le courant de la pauvreté mondiale qui ne cesse de s'amplifier. Plus d'un milliard de personnes vivent actuellement dans la pauvreté absolue, dans des conditions qu'il est difficile d'imaginer. Dans de trop nombreuses régions du monde en développement, les populations doivent lutter quotidiennement pour surmonter les charges que représentent la famine, la maladie, les conflits civils et la guerre. Huit cents millions de personnes, dont 200 millions d'enfants, souffrent de sous-alimentation chronique. Dans un monde d'abondance, nul ne devrait être confronté aux fléaux de la famine et de la faim.

L'éradication de la faim et de la pauvreté exige de la communauté internationale une action constructive et concertée. Les pays les plus déshérités ne peuvent à eux seuls s'attaquer à ces problèmes; ils doivent bénéficier de compétences techniques et d'une assistance économique que seuls les pays développés peuvent leur fournir. Les gouvernements des pays riches du Nord doivent quant à eux, déployer des efforts plus énergiques pour surmonter le problème de la "lassitude des donateurs" et celui de la dette croissante du monde en développement.

L'Organisation des Nations Unies, pour sa part, accorde une attention prioritaire à la lutte contre la pauvreté. La nécessité d'adopter d'urgence de nouvelles politiques et de lancer de nouvelles initiatives a dominé toutes les conférences mondiales qu'elle a organisées sur les questions de

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développement au cours des cinq dernières années : la Conférences des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED), la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD), le Sommet mondial pour le développement social et la quatrième Conférence mondiale sur les femmes.

Au niveau intergouvernemental, des progrès réels sont en cours. Au Sommet mondial pour le développement social de 1995, 117 chefs d'État ont adopté une approche intégrée de l'élimination de la pauvreté, fondée sur la notion de partenariat entre pays développés et pays en développement. La Déclaration et le Programme d'action de Copenhague ont pressé la communauté internationale de favoriser la création d'emplois, de stimuler la croissance et les échanges, d'améliorer les systèmes de santé et d'éducation, de renforcer le développement communautaire et de faire en sorte que l'aide publique au développement soit affectée en priorité à la satisfaction des besoins essentiels des populations dans les pays les plus pauvres.

C'est en Afrique que ces besoins sont les plus pressants. Au début de l'année, j'ai lancé une initiative spéciale du système des Nations Unies en faveur du continent africain qui a été mise au point en étroite consultation avec les dirigeants africains et souligne l'importance de l'auto-assistance et de la réforme économique. Elle met en lumière le rôle primordial de l'agriculture et de la sécurité alimentaire pour le développement de l'Afrique et mobilise de nouvelles ressources afin de répondre aux besoins urgents dans les domaines de la santé, de l'éducation et de l'emploi. Cette initiative réaffirme en outre la détermination de l'ONU à promouvoir le développement et la sécurité sur l'ensemble du continent le plus pauvre du monde.

L'expérience du FIDA et d'autres organismes des Nations Unies joue un rôle crucial dans ce domaine. Vos travaux ont contribué à remettre en cause un mythe important. Il n'y a aucune raison de considérer comme inéluctables les niveaux de pauvreté absolue enregistrés dans le monde en développement. Au contraire. Les politiques qui ont été élaborées afin de réduire les niveaux de pauvreté sont non seulement pratiques et réalistes mais elles sont aussi cohérentes sur le plan économique. La lutte contre la pauvreté peut en effet contribuer à réduire la dépendance et à stimuler la demande de produits et de services, même dans les pays les plus pauvres. On peut aussi renforcer les marchés intérieurs en augmentant la productivité et en améliorant le pouvoir d'achat des plus déshérités.

Pour vaincre la faim et la pauvreté, il faudra adopter, en particulier dans les pays les moins avancés, de nouvelles politiques sur le plan macro-économique comme sur le plan micro-économique.

Sur le plan macro-économique, il est essentiel de réformer les structures et les marchés, et de promouvoir les grands projets d'équipement. En l'absence d'un cadre économique et réglementaire plus stable, la production agricole des pays les plus pauvres continuera de décliner.

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Sur le plan micro-économique, il importe de reconnaître enfin que les pauvres peuvent jouer un rôle, en tant que partenaires à part entière, dans le processus de développement. Pour cela, il faut non seulement écouter ce qu'il ont à nous dire, mais aussi entendre ce qu'ils ont à nous apprendre et les associer aussi largement que possible aux projets de développement, du stade de la conception à celui de l'évaluation. Il faut surtout que les organisations locales parviennent à mieux faire entendre leur voix dans les instances de développement et aient plus d'influence sur les marchés.

Le FIDA a montré qu'il était tout à fait possible de faire disparaître la pauvreté et la famine et de réaliser le développement durable. À nous de tirer parti de votre expérience, de votre savoir-faire et de votre dynamisme. Nous devons engager une action sur quatre fronts :

- Premièrement, il faut veiller à ce que les engagements pris dans les instances internationales se traduisent par des progrès tangibles sur le terrain,

— Deuxièmement, il faut coopérer avec les pays en développement pour mener à bien des réformes concrètes et durables,

— Troisièmement, il faut redoubler d'efforts pour promouvoir le développement durable dans le monde entier,

— Quatrièmement, il faut affranchir les pays les plus pauvres du fardeau de la dette.

Ce n'est que lorsque nous aurons progressé sur ces quatre fronts que nous pourrons enfin espérer éradiquer ces fléaux universels que sont la faim et la pauvreté. Je vous remercie.

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