GA/9132

LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE MET EN GARDE CONTRE LE VERBIAGE ET LES ILLUSIONS ET INVITE A NE PAS CONFONDRE GESTES SYMBOLIQUES ET VRAIES REALISATIONS

18 octobre 1996


Communiqué de Presse
GA/9132
UND/412


LE PRESIDENT DE L'ASSEMBLEE MET EN GARDE CONTRE LE VERBIAGE ET LES ILLUSIONS ET INVITE A NE PAS CONFONDRE GESTES SYMBOLIQUES ET VRAIES REALISATIONS

19961018 Le Message de la Journée des Nations Unies exhorte à moins de discours et à plus d'engagements politiques et financiers en vue de résultats concrets

On trouvera ci-après le texte du message que le Président de l'Assemblée générale, M. Razali Ismail (Malaisie), a prononcé à l'occasion de la Journée des Nations Unies, le 24 octobre 1996 :

Alors que nous célébrons le cinquante et unième anniversaire de l'Organisation des Nations Unies, j'hésite à répéter les litanies qui, année après année, exaltent les vertus et les idéaux de l'ONU. Si j'hésite, c'est que j'ai conscience du fait que, malgré toutes ces déclarations d'intention, nous n'avons pas encore assez fait pour tirer parti de tout le potentiel de l'organisation mondiale.

Il est de tradition pour l'ONU de se pencher et de débattre sur l'état du monde à la moindre commémoration. Le monde continue pourtant d'être divisé entre ceux qui possèdent et ceux qui n'ont rien, et par les immenses inégalités qui séparent la minorité au pouvoir et les millions de laissés- pour-compte.

Il ne suffit pas d'organiser des commémorations et de prononcer toujours les mêmes discours sans avoir l'honnêteté intellectuelle de prendre la mesure de nos succès et de nos échecs. La pire trahison que nous puissions commettre envers les principes de la Charte et envers les peuples des Nations Unies est de laisser notre verbiage nous laisser confondre les simples gestes et l'action de fond. Plus nous célébrons ces rites sans y croire vraiment, plus nous risquons de voir notre engagement se perdre dans les sables.

Peut-être devrions-nous commencer cette année en examinant de près les effets dans la longue durée de nos délibérations et de nos décisions. Nous devons évaluer le potentiel réel de l'ONU et déterminer les options à suivre. Nous ne devons pas craindre d'évoquer en termes nets et précis les multiples problèmes auxquels fait face la communauté mondiale et nous devons abandonner

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notre habitude d'aborder dans l'abstrait des problèmes aussi urgents. Ce n'est qu'en reconnaissant nos limites, le peu de pertinence de notre discours que, quelle que soit notre place au sein du système des Nations Unies, nous pourrons améliorer notre image et commencer à obtenir de façon concrète les résultats décisifs qui se sont jusqu'à présent dérobés à nous.

Je suis heureux de vous annoncer qu'à la cinquante et unième session de l'Assemblée générale des Nations Unies, de nombreuses délégations ne se satisfont plus de déclarations d'intention. Nombre de gouvernements et de personnes commencent à comprendre combien il est important de préserver les occasions pour les peuples de se rencontrer, ici, au bénéfice de tous, afin de pouvoir valoriser le fruit d'un travail et d'objectifs communs, ainsi que les bienfaits de la science et de la technologie.

Les perspectives des Nations Unies sont véritablement illimitées, mais elles commencent par la volonté personnelle et collective de pratiquer la tolérance, la compassion et l'esprit de compromis par-delà les obstacles des frontières nationales, des religions, des croyances et des races, ainsi que par le désir de répondre ensemble aux besoins fondamentaux et universels des peuples, au-delà des intérêts des États.

L'ONU offre la preuve que le partage des responsabilités de la communauté internationale peut passer par une mobilisation collective faisant converger les énergies créatrices des gouvernements, l'expérience du Secrétariat et des institutions de l'ONU et l'action de la société civile. Peut-être est-ce seulement par une synergie de cette nature que l'ONU pourra atteindre vraiment les millions de personnes qui ne sont pas en mesure de participer à nos réunions, mais dont nous avons pour mission de protéger les intérêts et satisfaire les besoins.

J'ai la ferme conviction que le potentiel de chaque être humain pris individuellement — et collectivement par les Nations Unies — d'agir pour le bien et la justice est sans limites. Et pourtant, combien d'échecs! Nous nous cachons derrière l'argument politique de l'intérêt national, nous nous dérobons à nos obligations envers la communauté au sens large pour des intérêts personnels plus faciles à satisfaire. La mesure dans laquelle nous relèverons les défis du prochain millénaire témoignera de notre aptitude à lutter contre la peur du changement et à agir ensemble pour notre survie commune. Les gouvernements devraient par exemple prendre fermement l'engagement politique et financier de garantir qu'il n'y aura pas d'îlots de prospérité au milieu d'un océan de pauvreté et de frustration.

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Et qu'en est-il de notre planète? Devons-nous construire notre avenir comme si l'être humain était la seule créature vivante qui compte dans ce monde? La voie du développement humain et de la sécurité ne peut être complète et viable que si notre respect de l'humanité s'accompagne d'un respect équivalent de notre environnement et de la survie de notre planète

Je vous souhaite de mettre utilement à profit cette Journée des Nations Unies.

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