CS/740

CONSEIL DE SECURITE : LES DELEGUES DEMANDENT LA CESSATION IMMEDIATE DES HOSTILITES EN AFGHANISTAN ET EXHORTENT LES PARTIES AU DIALOGUE

16 octobre 1996


Communiqué de Presse
CS/740


CONSEIL DE SECURITE : LES DELEGUES DEMANDENT LA CESSATION IMMEDIATE DES HOSTILITES EN AFGHANISTAN ET EXHORTENT LES PARTIES AU DIALOGUE

19961016 De nombreuses délégations condamnent les restrictions imposées aux femmes par les Taliban

Réuni aujourd'hui pour examiner la situation en Afghanistan dans le cadre d'un débat, à la demande conjointe de la Fédération de Russie, du Kazakstan, du Kirghizistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan, le Conseil de sécurité a entendu le Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, M. Abdul Rahim Ghafoorzai. Il a également entendu les représentants du Kazakstan, du Kirghizistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan.

Les représentants des pays suivants, membres du Conseil de sécurité, sont intervenus : Fédération de Russie, Allemagne, Royaume-Uni, Indonésie, France, Botswana, République de Corée, Egypte, Italie, Chili, Chine, Guinée-Bissau, Etats-Unis, Pologne et Honduras. Ont également pris la parole les délégations suivantes: Iran, Turquie, Inde, Japon, Irlande (au nom de l'Union européenne) et Pakistan. L'observateur de l'Organisation de la Conférence islamique a fait une déclaration.

Tous les intervenants ont appelé à une cessation immédiate des hostilités et au dialogue politique, seul capable de ramener une paix durable dans le pays. Ils ont affirmé leur attachement à l'indépendance, à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à l'unité nationale de l'Afghanistan. Ils ont demandé aux Etats de s'abstenir de toute ingérence et de toute livraison d'armes à quelque partie que ce soit. De nombreuses délégations ont condamné les atteintes aux droits de l'homme, et en particulier les restrictions imposées par les Taliban à l'éducation des filles et au travail des femmes.

Le Conseil de sécurité était saisi, à ce titre, d'une lettre en date du 9 octobre 1996, adressée à son Président par le Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, par laquelle ce dernier accuse les "mercenaires Taliban" d'avoir utilisé les 25 et 26 septembre 1996 des armes chimiques et espère que les Nations Unies prendront les mesures qui s'imposent.

Le Président du Conseil de sécurité, M. Gerardo Martinez Blanco (Honduras) a indiqué que le Conseil poursuivra l'examen de la question à une date qui sera fixée au cours de consultation entre les membres du Conseil.

Documentation

Le Conseil de sécurité était saisi d'une lettre (A/51/470) en date du 8 octobre, adressée au Secrétaire général par les représentants de la Fédération de Russie, du Kazakstan, du Kirghizistan, de l'Ouzbékistan et du Tadjikistan auprès des Nations Unies, communiquant le texte de la Déclaration conjointe publiée le 4 octobre dernier concernant les événement en Afghanistan. Par cette Déclaration conjointe, les participants à la réunion d'Almaty déclarent inacceptables toutes mesures éventuelles qui mettraient la stabilité en danger aux frontières entre l'Afghanistan et les Etats membres de la Communauté des Etats indépendants (CEI). Ils considéreront de telles mesures, d'où qu'elles émanent, comme menaçant leurs intérêts communs, et y répondront conformément à l'Accord sur la sécurité collective, signé à Tachkent le 15 mai 1992. Les participants appellent les parties afghanes au conflit, au premier chef le mouvement des Taliban, à cesser immédiatement les combats, et à entamer la recherche des moyens de réaliser l'entente nationale. Ils soulignent qu'il est indispensable qu'il n'y ait pas d'ingérence intérieures de l'Afghanistan, Etat souverain, et que soit préservée son intégrité territoriale.

Le Conseil de sécurité était également saisi d'une lettre (A/1996/842) en date du 9 octobre 1996, adressée à son Président par le Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Afghanistan, par laquelle ce dernier réitère que les mercenaires taliban ont fait usage les 25 et 26 septembre 1996 d'une arme chimique faisant l'objet d'une interdiction internationale contre les forces du Ministère de la défense de l'Etat islamique d'Afghanistan sur les champs de bataille de Lata-band, Band-i-Ghazi et Pul-i-Charkhi, situés à l'est de la capitale, où ils se sont heurtés à une résistance résolue et tenace. Les autorités de l'Etat islamique ont la ferme conviction que cette arme leur a été fournie par les partisans de l'autre côté de la frontière. Elles demandent au Conseil de sécurité d'user de son influence internationale pour empêcher que de tels actes criminels ne se reproduisent. Selon les informations disponibles, les renforts envoyés aux Taliban depuis le territoire pakistanais franchissent la frontière à Torkham (province de Nangarhar) et à Spin-Boldak près de Kandahar. L'Etat islamique d'Afghanistan espère sincèrement que les Nations Unies, par l'intermédiaire du Bureau du Secrétaire général en Afghanistan, prendra les mesures qui s'imposent pour faire surveiller les points de passage susmentionnés.

Débat

M. ABDUL RAHIM GHAFOORZAI, Vice-ministre des affaires étrangères d'Afghanistan, a déclaré attendre du Conseil qu'il prenne des mesures appropriées. Le silence face à une violation flagrante de la Charte et des principes du droit international porterait un coup à l'essence même des idéaux des Nations Unies. On entrerait alors dans une ère dominée par la loi du plus fort. Depuis quatre ans, le Pakistan se comporte en obstacle à la paix et la normalité en Afghanistan, en fomentant des conspirations, a affirmé le vice- ministre . Depuis trois ans, l'Afghanistan se plaint auprès du Conseil de sécurité et de l'Assemblée générale, de la poursuite de l'intervention

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étrangère sur son territoire. C'est à nouveau le cas aujourd'hui. Malheureusement, jusqu'à présent, les mesures prises par les Nations Unies se sont limitées à l'adoption de résolutions et à la publication de délarations. Cette situation a encouragé l'agresseur à prendre de nouvelles mesures pour atteindre ses objectifs, il a recruté, entraîné, équipé et envoyé des mercenaires appelés "Taliban" sur le territoire afghan. Le Vice-Ministre a rappelé qu'il avait à plusieurs reprises mis en cause les services secrets militaires pakistanais dans des lettres adressées au Conseil de sécurité. Il a fourni les noms de militaires pakistanais faits prisonniers, a donné plusieurs exemples, et a indiqué que des films video corroborant ces affirmations seraient bientôt mis à la disposition du Conseil. En dépit d'informations fournies par des sources indépendantes, le Conseil n'a pas condamné l'agresseur, a noté le représentant et certains responsables des Nations Unies ont même qualifié les Talibans d'éléments positifs pour la paix en Afghanistan. L'assistance militaire pakistanaise n'aurait sans doute pas atteint son but si le Conseil avait examiné avec l'attention requise les suggestions du gouvernement.

Le Vice-Ministre a rappelé que, depuis la chute de Kaboul, les Taliban ont commis des actes condamnés par Amnesty international, des organisations de défense des droits de femmes, la presse internationale et certains pays. Il a énuméré les mesures de répression prises par les Taliban, notamment à l'encontre des femmes, et a rappelé que la progression des Taliban a provoqué l'exode vers le nord de 250 000 personnes.

L'an dernier, l'Afghanistan avait demandé l'envoi d'une mission d'établissement des faits en Afghanistan, qui n'a fait l'objet d'aucune suite, a affirmé le Vice-Ministre. Il a de nouveau demandé l'envoi d'une mission semblable, en affirmant en outre que les Taliban contrôlent la production de drogue dans le pays et ont utilisé des armes chimiques les 26 et 27 septembre 1996 à l'Est de Kaboul. Il s'est demandé si les Nations Unies sont devenues une instrument de la politique de puissance des riches au détriment des peuples opprimés. Un embargo sur les livraisons d'armes devrait être appliqué contre le pays qui envoie militaires et officiers en Afghanistan, et non contre un Etat Membre qui est lui-même victime d'une agression et défend son indépendance et son intégrité territoriale, a affirmé M. Ghafoorzai. Il a jugé impossible l'envoi de contrôleurs internationaux pour enquêter sur l'importation d'armes. L'Afghanistan a le droit souverain et le devoir de défendre sa souverainté et son intégrité territoriale et toute tentative pour l'empêcher de le faire serait contraire aux principes de la Charte et aux intérêts de la paix et de la sécurité internationales, a-t-il affirmé. Quant aux groupes armés qui combattent, ils ne sont pas des sujets du droit international et leur responsabilité éventuelle à l'égard d'une résolution adoptée par le Conseil n'a pas de fondement juridique, ni de crédibilité. La seule démarche juridique valable consisterait à prendre des mesures pour empêcher les transferts illicites d'armes en provenance de l'étranger à ces groupes. Mais le contrôle de la frontière est impossible et une décision tendant à imposer de telles mesures côuterait horriblement cher et serait inefficace.

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M. Ghafoorzai a affirmé que les forces gouvernementales sont désormais aux portes de Kaboul, grâce à un soulèvement populaire contre les Taliban. Le rapport des forces s'est inversé grâce à la formation d'une coalition nationale de forces qui, jusqu'alors, s'opposaient. Cela montre que le peuple afghan s'unira contre les conspirations extérieures. Un Conseil suprême de transition et un Conseil militaire suprême pour la défense de l'Afghanistan ont été mis en place. Ce dernier est en mesure d'entrer dans Kaboul mais évite de le faire pour éviter de nouvelles destructions et de nouvelles victimes civiles. Le Vice-Ministre a proposé un cessez-le-feu immédiat sous conditions. Les Taliban doivent évacuer Kaboul immédiatement. Ils doivent retirer leur armes lourdes à une distance de la capitale supérieure à leur portée. Kaboul doit être reconnue comme zone démilitarisée. Une force de police doit être mise en place dans la capitale sous la supervision des Nations Unies et de l'Organisation de la Conférence islamique pour assurer la sécurité. Des négociations doivent commencer avec pour objectif la formation d'un gouvernement d'unité nationale à Kaboul. En même temps, l'Afghanistan exige que le Conseil de sécurité exerce une pression internationale pour obliger les Taliban à accepter cette proposition. Faute de quoi, les forces armées afghanes prendront les mesures appropriées pour mettre fin à la situation catastrophique qui prévaut à Kaboul.

Mme AKMARAL ARYSTANBEKOVA (Kazakstan) s'est déclaré profondément préoccupée par les récents événements survenus en Afghanistan qui mettent en jeu la stabilité de toute la région. C'est pourquoi, les pays concernés ont tenu une réunion à Almaty le 4 octobre dernier, à l'issue de laquelle ils ont adopté une déclaration conjointe. Les participants à la réunion expriment leur grave préoccupation craignant que l'Afghanistan ne sombre dans une véritable anarchie. Les participants déclarent inacceptables toutes mesures éventuelles qui menaceraient la stabilité et la sécurité des pays de la région. Les participants, tout en appelant les parties concernées à explorer les moyens pacifiques permettant de régler leurs divergences, ont souligné qu'elles ne peuvent accepter d'ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan, Etat souverain, et dont il faut préserver l'intégrité territoriale. Le Kazakstan appuie fermement les moyens pacifiques qui garantiront un règlement politique négocié du conflit.

M. FATIK TESHABAEV (Ouzbekistan) a constaté que le conflit en Afghanistan s'intensifie et que la population continue de souffrir. La guerre civile est un grave facteur de destabilisation dans toute l'Asie centrale. On ne peut tolérer que la sécurité des pays voisins soit menacée. Le territoire afghan reste le lieu de production massive de stupéfiants qui transitent ensuite par les Etats voisins. Le conflit en Afghanistan ne peut être résolu que par les parties afghanes elles-mêmes. La non-ingérence, la non- intervention dans les affaires intérieures, la cessation des opérations militaires des belligérants afghans constituent les préalables indispensables à un dialogue dont l'objectif final doit être la réconciliation nationale.

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Le représentant a soutenu la résolution 88 adoptee par l'Assemblée générale à sa cinquantième session et la déclaration du Président du Conseil de sécurité du 28 septembre 1996. L'ONU doit jouer un rôle de premier plan dans la résolution de conflit. L'Ouzbekistan soutient l'idée d'une conférence internationale sur l'Afghanistan sous les auspices des Nations Unies. Il soutient aussi un embargo sur toutes les livraisons d'armes aux parties afghanes. Cet embargo est moins dirigé contre l'une quelconque des parties afghanes que contre les pays qui les fournissent, a-t-il affirmé.

MMe ZAMIRA ESHMAMBETOVA (Kirghizistan) a rappelé que son pays fait partie de l'Asie centrale, et en conséquence, il ne peut rester indifférent à l'aggravation de la situation en Afghanistan. Les parties concernées devraient se conformer aux mesures prévues par la résolution 50/88 de l'Assemblée générale qu'elles ont librement acceptée. Pour préserver l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale de l'Afghanistan, aucune ingérence dans les affaires intérieures de ce pays ne peut être tolérée. Les parties afghanes doivent notamment respecter les droits de la personne humaine, notamment des femmes. Sa délégation émet l'espoir que le Conseil de sécurité sera en mesure de prendre des mesures concrètes en vue de faire rétablir la stabilité et la paix en Afghanistan et dans l'ensemble de la région.

M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) s'est préoccupé de l'intensification des affrontements armés en Afghanistan depuis la fin de septembre. L'exécution de l'ex-président Najibulah, la violation des locaux des Nations Unies, les actes de vandalisme commis à Kaboul par les taliban et leurs exactions contre les femmes, l'exode qui s'en est suivi, ont suscité l'indignation de la société tadjike. Les combats qui se déroulent dans le nord constituent une menace pour la paix et la stabitilité de toute l'Asie centrale. La présente crise afghane est très grave. Toute tentative pour unifier le pays par les seules armes est vouée à l'èchec. La communauté internationale doit faire cesser toute ingérence extérieure et aider le peuple afghan à trouver une solution acceptable pour toutes ses composantes. Elle doit encourager au dialogue politique. Les parties afghanes doivent collaborer avec la mission spéciale des Nations Unies qui a une importance cruciale dans la recherche d'un dialogue rapide. Un règlement général du conflit afghan permettrait de stabiliser la frontière sud des Etat membres de la CEI, notamment celle du Tadjikistan et de lutter efficacement contre le trafic de drogue.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a rappelé que c'est à la demande de son pays ainsi que des autres participants à la réunion d'Almaty que le Conseil de sécurité se réunit aujourd'hui. A l'issue de la réunion tenue le 4 octobre dernier à Almaty, une déclaration conjointe a été adoptée par laquelle les participants ont exprimé leur préoccupation devant l'aggravation de la situation en Afghanistan. De l'avis de sa délégation, l'Afghanistan, pays multi-confessionnel ne peut trouver de solution que par la voie de la négociation, avec l'appui des Nations Unies. Le représentant a indiqué que son pays attache une importance particulière au rôle que joue la Mission spéciale en Afghanistan, conduite par M. Noll. La Fédération de Russie, qui

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attache une importance cruciale à la souveraineté nationale et à l'intégrité territoriale de l'Afghanistan, réaffirme qu'elle est prête à s'associer aux efforts des Nations Unies visant un règlement pacifique du conflit en Afghanistan. Le Conseil de sécurité doit prier instamment les parties concernées à opter pour des moyens pacifiques. La communauté internationale doit contribuer à un règlement politique en tenant compte des intérêts de tous les groupes concernés.

M. GERHARD HENZE (Allemagne) s'est dit convaincu qu'il n'y a pas de solution militaire au conflit en Afghanistan. L'Allemagne, a toujours entretenu des liens d'amitié avec les différentes composantes de la société afghane, et déplore vivement la guerre civile qui ravage le pays avec ses conséquences politiques, économiques et humanitaires. Elle reste disposée à aider la population civile en lui fournissant une aide humanitaire mais estime qu'il faut en priorité aider les Afghans à rompre le cercle vicieux de 17 ans de guerre et à entamer un véritable processus de paix.

Certes, il appartient aux seules parties afghanes d'accepter ou de refuser le processus de paix que les Nations Unies cherchent à faciliter, mais l'ONU n'en doit pas moins continuer à s'efforcer de les convaincre d'entrer dans ce processus, seule chance de paix, de stabilité et de prospérité. L'Allemagne estime que les efforts de l'Organisation gagneraient à être relayés par les organisations régionales et les Etats de la région. Tous doivent soutenir l'approche de réglement impartial proposée par les Nations Unies.

M. JOHN WESTON (Royaume-Uni) a rappelé que la communauté internationale doit avoir pour objectifs de parvenir à un accord pour un cessez-le-feu immédiat, à des négociations entre toutes les parties et à l'établissement d'un processus de paix conduisant à la formation d'un gouvernement largement représentatif qui respecte les droits de l'homme. Il a demandé la fin des ingérences, dont l'Afghanistan a été le théâtre depuis trop longtemps, et qui n'ont fait que prolonger le conflit. Il faut faire cesser la fourniture d'armes et de munitions aux factions. De plus, la production de drogues et l'entraînement de terroristes sur le territoire ne fera qu'entraver le retour de ce pays dans la communauté des nations.

Le représentant a fait appel aux factions pour qu'elles coopèrent avec les services d'aide humanitaire destinée au peuple afghan, sans distinction de groupe ethnique, de race ou de sexe. Rappelant l'opposition de sa délégation aux violations des droits fondamentaux de l'homme, il s'est élevé contre les mesures visant à restreindre le droit des filles à l'éducation et celui des femmes à l'emploi. M. Weston a demandé aux factions d'agir conformément aux instruments internationaux signés et ratifiés par l'Afghanistan. Il a souhaité que les parties comprennent, à la lumière des récents événements, qu'une solution militaire n'est pas possible et qu'il n'existe pas d'autre voie que la négociation.

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M. NUGROHO WISNUMURTI (Indonésie) a fait observer que la violence continue en Afghanistan augmente les risques d'instabilité régionale. Déjà par le nombre considérable de réfugiés afghans, l'impact négatif de la guerre est ressenti par les pays voisins. C'est pourquoi, sa délégation prie instamment tous les pays voisins de s'abstenir de toute ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan. La communauté internationale a assisté à la destruction d'un pays, a-t-il poursuivi. Nous devons amener les parties concernées à cesser les combats et à régler leurs divergences par des moyens pacifiques. Il est extrêmement urgent que ces parties concernées engagent des pourparlers inter-afghans en vue de former un gouvernement d'unité nationale et de parvenir à un règlement politique durable. Aucune faction ne peut imposer sa volonté aux autres par les armes, a souligné M. Wisnumurti. Il est nécessaire de prendre des mesures pour établir un certain degré de confiance mutuelle en vue de parvenir à la réconciliation nationale.

M. Wisnumurti a exhorté les parties belligérantes à accepter les efforts de médiation des Nations Unies. De l'avis de sa délégation, il serait opportun de convoquer, sous les auspices des Nations Unies, une conférence sur la situation en Afghanistan, avec la participation de toutes les factions en Afghanistan ainsi que les pays voisins et autres Etats intéressés. Les parties concernées devraient coopérer pleinement avec les Nations Unies et toutes les organisations humanitaires chargées d'alléger les souffrances du peuple afghan. Elles sont en outre invitées à respecter les droits de l'homme de toutes les personnes civiles.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a déclaré que la guerre en Afghanistan met en péril la paix et la stabilité de toute la région. Soulignant que la France n'entend prendre parti pour aucune des forces engagées dans le conflit, le représentant a lancé un appel au cessez-le-feu et au dialogue dans la perspective d'une réconciliation nationale. Il a souhaité la formation d'un gouvernement d'union nationale. Un règlement politique fondé sur une entente équitable et respectueuse des intérêts de chacun est la seule solution au conflit.

Le représentant a estimé que l'idée d'un embargo sur les armes à destination de l'Afghanistan appelle une discussion approfondie après consultation du Secrétaire général et de son Représentant spécial. Il conviendrait d'examiner de quelle manière cet embargo pourrait s'intégrer dans un plan plus général de règlement politique et de s'interroger sur les modalités de contrôle d'un tel embargo. M. Dejammet a rappelé que la poursuite du conflit afghan crée un terrain propice aux activités terroristes. Il a exprimé sa préoccupation au sujet du respect des droits de l'homme en Afghanistan, notamment en ce qui concerne le traitement fait aux femmes, tant en matière d'éducation que d'emploi.

M. LEGWAILA LEGWAILA (Botswana), profondément préoccupé par la situation humanitaire du conflit en Afghanistan, a estimé que la résolution de la crise dans ce pays dépendra de la volonté des parties au conflit de parvenir à un règlement politique négocié par des moyens pacifiques. La communauté

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internationale ne peut que les encourager dans cette voie. Dans sa déclaration présidentielle du 30 septembre dernier, le Conseil de sécurité avait réaffirmé son engagement en faveur de la souveraineté, de l'indépendance, de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de l'Afghanistan. Toutefois, ces principes ne peuvent être respectés que par les parties afghanes elles-mêmes. Celles-ci devraient renoncer à la violence et entamer de véritables négociations. Il est temps qu'elles s'engagent en faveur de la réconciliation nationale, qui ne peut être réalisée que par la participation de toutes les parties concernées à toutes les étapes des négociations. Il ne sera possible de mettre fin à la tragédie humaine en Afghanistan que si ses pays voisins s'entendent sur les modalités qui contribueront à rétablir la paix dans ce pays déchiré par la guerre. Les pays d'Asie centrale devraient être unis dans la recherche d'une solution pacifique. Ils devraient appuyer les efforts considérables déployés par la Mission spéciale des Nations Unies pour l'Afghanistan en vue de trouver un règlement durable.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) souhaite que la communauté internationale, réitère la pertinence des mesures visées par la résolution 50/88 de l'Assemblée générale et acceptées par les parties afghanes. La communauté internationale devrait agir de façon plus résolue. Il faut mettre fin à la livraison d'armes aux parties afghanes. C'est là une condition préalable à la stabilisation de la situation non seulement en Afghanistan mais dans l'ensemble de la région. Les Etats, notamment les pays voisins, doivent s'abstenir de toute ingérence dans les affaires intérieures de l'Afghanistan et n'user de leur influence sur les parties afghanes que pour faciliter le règlement pacifique du conflit. Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devrait réaffirmer les principes suivants: réconciliation nationale, démocratie, protection des droits de l'homme, unité nationale et intégrité territoriale du pays.

M. NABIL ELARABY (Egypte) a déclaré que le peuple afghan est victime d'interventions étrangères qui appuient les diverses factions, transformant le pays en terrain de prédilection pour la formation d'extrémistes. Cette situation met en péril les relations de l'Afghanistan avec de nombreux pays de la région. L'Egypte elle-même a été victime d'actes terroristes perpétrés par des personnes entraînées en Afghanistan. Le représentant a demandé la mise en place d'un gouvernement capable de stabiliser totalement la situation dans le pays. L'Egypte rejette toute tentative tendant à saper l'unité et la souveraineté de l'Afghanistan. Elle soutient l'idée d'une rencontre entre toutes les parties à qui il faut totalement cesser la fourniture d'armes. L'Egypte est favorable à la relance du Groupe des Amis de l'Afghanistan. Le représentant a insisté sur l'importance d'une réconciliation nationale, avec l'organisation d'élections nationales.

M. LORENZO FERRARIN (Italie) a déclaré que les hostilités devaient cesser immédiatement et les négociations politiques reprendre rapidement. Il a estimé que la responsabilité directe d'une reprise constructive des négociations incombe à toutes les parties. Un dialogue constructif doit être

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fondé sur le respect d'une trêve effective et d'une renonciation à l'usage de la force. Il n'y a pas de place pour des points de vue extrémistes, en ce qui concerne les droits de l'homme, le traitement de la population et des femmes. Le représentant a réitéré fermement que l'Afghanistan, quel que soit le parti au pouvoir, doit respecter scrupuleusement les principes de la Charte des Nations Unies et les garanties apportées dans le domaine des droits de l'homme par de nombreux traités internationaux.

Rappelant que l'Afghanistan est lié par la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, le délégué s'est indigné du traitement infligé aux femmes et aux petites filles en Afghanistan, qui est contraire non seulement aux droits de l'homme fondamentaux mais aussi aux intérêts mêmes du pays. Les récents événements survenus à Kaboul et dans d'autres villes afghanes minent sérieusement le tissu social du pays et les perspectives de son développement économique. Ils compromettent également la capacité de la communauté internationale à fournir les ressources et le soutien financiers grandement nécessaires. M. Ferrarin s'est joint aux appels à la tolérance et à la responsabilité lancés par le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, le Haut Commissaire pour les droits de l'homme, M. Ayala Lasso et le Commissaire de l'Union européenne, Mme Emma Bonino.

M. JUAN LARRAIN (Chili) a estimé que les parties au conflit en Afghanistan ne peuvent continuer à faire fi des appels réitérés de la communuaté internationale pour qu'il soit mis fin au conflit armé. Il faut former un gouvernement de transition, aux responsabilités élargies acceptable pour toutes les parties. Les dirigeants des factions afghanes doivent comprendre que la poursuite du conflit armé ne fait que prolonger les épreuves de la population qui n'aspire qu'à la paix.

Le Chili souhaite que cesse l'ingérence étrangère dans le conflit afghan et que soit respecté le droit à l'autodétermination. La communauté internationale et les Etats voisins de l'Afghanistan ont à cet égard, un rôle important à jouer. Le Chili souhaite que les Nations Unies amorcent un programme de désarmement de toutes les factions et que l'on envisage d'imposer un embargo sur les armes. M. Larrain a noté que son pays est gravement préoccupé par les graves violations des droits de l'homme commises dans le pays, en particulier les mesures discriminatoires prises contre l'éducation et le travail des femmes.

M. QIN HUASUN (Chine) a déclaré que le fondement d'un processus de la paix en Afghanistan réside en une véritable réconciliation nationale, laquelle dépend essentiellement des parties en conflit. Elle doivent mettre de côté leurs différences politiques, religieuses ou raciales, mettre immédiatement fin aux combat dans l'intérêt général du pays et de la nation. Elles doivent mettre en place rapidement, grâce à des négociations pacifiques menées sous l'égide des Nations Unies, un gouvernement stable et reposant sur une large base, acceptée par toutes les parties. Le peuple afghan est tout à fait capable de résoudre ses propres problèmes.

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La Chine apprécie les efforts constants des Nations Unies et de la communauté internationale pour promouvoir un règlement politique. Les ravages de la guerre ont imposé des souffrances immenses au peuple afghan. Ils nuisent aussi à la paix et à la stabilité des pays voisins et de la région. Ce n'est que lorsqu'une véritable réconciliation nationale aura été obtenue que le peuple afghan sera en mesure de reconstruire son pays et de vivre en paix.

M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée-Bissau) s'est déclaré profondément préoccupé par et l'intensification des combats, qui ont fait un grand nombre de victimes parmi la population civile et entraîné une nouvelle vague de réfugiés. Il s'est déclaré consterné par les violations des droits les plus élémentaires de la personne humaine, notamment ceux des femmes. Le conflit en Afghanistan a des effets déstabilisateurs sur l'ensemble de la région. Le représentant a invité toutes les parties à cesser les combats, et à coopérer avec la Mission spéciale des Nations Unies pour parvenir à un règlement politique du conflit. Ce règlement ne saurait intervenir par les armes.

Le délégué a estimé qu'il fallait promouvoir la réconciliation nationale au travers de négociations entre toutes les parties concernées et en dehors de toute ingérence extérieure. Il faut décréter un cessez-le-feu immédiat et de créer les conditions nécessaires à la formation d'un Gouvernement d'union nationale qui engloberait toutes les composantes de la population afghane.

Mme MADELEINE ALBRIGHT (Etats-Unis) a déclaré que la position de son pays demeure inchangée. Les Etats-Unis pries les parties à cesser les combats, à entamer des négociations pour parvenir à un règlement politique et à respecter les droits de l'homme les plus élémentaires. Il ne peut y avoir de solution militaire à ce conflit. Il ne saurait y avoir une paix durable sans la formation d'un gouvernement largement représentatif et respectueux des droits de tous les peuples de l'Afghanistan. La déléguée a regretté que les parties n'aient pas coopéré avec la Mission spéciale des Nations Unies. Elle a réaffirmé les dangers de l'ingérence étrangère dans les affaires internes de l'Afghanistan et a exhorté les parties extérieures au conflit à s'abstenir de toute action de ce genre.

Mme Albright a soutenu un embargo sur les armes. Elle a exhorté la communauté internationale à instituer un processus qui unifiera l'Afghanistan. Elle a souligné que son pays ne soutient aucune partie dans le conflit afghan. Elle a insisté sur le fait que les parties doivent respecter les normes internationales en matière de droits de l'homme et le principe d'égalité entre les hommes et les femmes, qui est bafoué dans certaines parties du pays. En dépit des circonstances difficiles, elle a souhaité que les agences internationales d'assistance humanitaires puissent apporter leur aide en Afghanistan. L'Afghanistan sera plus prospère, plus indépendant si les parties en guerre comprennent qu'elles doivent unir leurs efforts.

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M. ZBIGNIEW MATUSZEWSKI (Pologne) a regretté qu'au cours des six derniers mois, en dépit de l'appel lancé par le Conseil de sécurité, les factions afghanes n'aient pas renoncé à l'idée d'une solution militaire pour régler leurs différences. Au contraire, la situation s'est détériorée et les espoirs de stabilité se sont effacés progressivement. L'absence de normalisation en Afghanistan renforce les tensions qui persistent dans cette région. Les événements qui sont survenus ces dernières semaines en Afghanistan ont profondément préoccupé la communauté internationale. Les faits prouvent que la poursuite de confrontation militaire, comme son intensification récente, ne mènent nulle part. Toutes les factions belligérantes et toutes les forces politiques doivent comprendre qu'il n'est pas possible de gouverner le pays sans engager un véritable dialogue politique visant à la réconciliation nationale. L'entêtement des parties concernées à opter pour la voie militaire ne peut que perpétuer la situation actuelle et menacer la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'unité de l'Afghanistan, avec toutes les conséquences qui en découlent pour toute la région. De l'avis de la délégation, l'impact négatif de l'exode des réfugiés sur l'avenir de l'Afghanistan peut difficilement être surestimé. Les événements de cette nature constituent en soi un facteur déstabilisateur pour l'ensemble de la situation en Afghanistan. Aussi, M. Matuszewski invite-t-il les parties concernées en Afghanistan à respecter les droits de l'homme de leur peuple. Il les a également invitées à faire preuve de tolérance et de modération dans l'exercice du contrôle sur les différentes régions du territoire afghan. La délégation polonaise souligne qu'il est important que les pays s'abstiennent de fournir des armes et autre matériel militaire aux parties belligérantes.

M. GERARDO MARTINEZ BLANCO (Honduras) a rappelé aux parties afghanes que le recours à la force n'est pas un moyen viable pour trouver une solution au conflit. Les parties concernées doivent recourir à des moyens pacifiques en engageant un dialogue qui leur permettra de parvenir à un règlement politique négocié visant à rétablir la paix et la réconciliation nationale. La Mission spéciale des Nations Unies pour l'Afghanistan joue un rôle primordial dans la promotion d'une solution pacifique. Le Honduras invite les parties concernées à coopérer avec cette Mission en vue de réaliser cet objectif.

M. Martinez Blanco s'est déclaré profondément préoccupé par les violations arbitraires et délibérées des droits de l'homme, les détentions illégales, les tortures perpétrées par tous les groupes armés afghans. Il a lancé un appel pressant aux parties afghanes pour qu'elles respectent les droits de l'homme. M. Martinez Blanco a rappelé à tous les Etats la nécessité de se conformer aux résolutions pertinentes interdisant le trafic d'armes.

M. KAMAL KHARRAZI (République islamique d'Iran) a rappelé que l'Iran, en tant que pays voisin de l'Afghanistan, avait accueilli des millions de réfugiés afghans et n'avait épargné aucun effort pour encourager les factions en guerre à régler leurs différends par le dialogue et des moyens pacifiques. La paix et la stabilité ne peuvent être restaurées en Afghanistan par la guerre. L'Iran est intervenu auprès de tous les leaders afghans qui sont tous

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musulmans, pour leur demander, au nom de l'Islam, de mettre fin au bain de sang. Seule la cessation des hostilités et la mise en oeuvre d'un gouvernement représentatif de toutes les religions et de tous les groupes ethniques, peuvent garantir un retour du pays à la paix et la sécurité.

Le représentant a estimé que le Conseil de sécurité devrait adopter des mesures effectives pour obtenir la cessation immédiate des hostilités et à la mise en place d'un gouvernement à base large, qui seul sera en mesure de garantir tous les droits du peuple afghan. L'Assemblée générale qui a mandaté la Mission spéciale en Afghanistan doit redoubler d'efforts. L'Afghanistan est un Etat souverain et doit le rester. Le représentant a déclaré que son pays ne peut rester indifférent à une situation qui pourrait avoir une incidence sur sa stabilité. Il a rappelé que l'Iran pays a redoublé d'efforts pour organiser une conférence à Téhéran plus tard dans ce mois avec les Ministres des affaires étrangères de la région, des représentants des Nations Unies et de l'Organisation de la Conférence islamique. L'idée d'une rencontre organisée sous l'égide des Nations Unies sur la situation en Afghanistan est intéressante et mérite d'être examinée. La Communauté internationale devrait assumer ses responsabilités, a ajouté M. Kharrazi, soulignant que son pays est disposé à participer à toute initiative visant à ramener la paix et la sécurité en Afghanistan et dans la région tout entière.

M. HUSEYIN ÇELEM (Turquie) a déclaré que le plus décourageant dans le conflit afghan est le fait que les différentes parties privilégient l'option militaire. Elles ne manifestent aucun désir de dialogue sérieux. Or, un tel dialogue constitue aux yeux de la Turquie la seule voie pour sortir de l'impasse actuelle. La poursuite de cette folle guerre civile n'aura pas de vainqueur mais entraînera davantage de destructions et de souffrances. Aujourd'hui, l'évolution de la situation en Afghanistan risque de menacer la paix et la stabilité de toute la région et de créer une crise aux proportions inimaginables.

Le représentant a rappelé que la résolution 50/88 de l'Assemblée générale constitue le fondement de la responsabilité de la communauté internationale envers l'Afghanistan. La Turquie soutient totalement la déclaration du Président du Conseil de sécurité du 28 septembre 1996 en faveur de la souveraineté, de l'indépendance, de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de ce pays. Le principal objectif de la communauté internationale doit être de parvenir à un arrêt immédiat et inconditionnel des hostilités, faute de quoi il sera impossible d'envisager un processus efficace de réconciliation nationale. Il est temps que le Conseil de sécurité donne un nouvel élan aux efforts de la Mission spéciale des Nation Unies en Afghanistan pour rapprocher les dirigeants des différents groupes.

La responsabilité principale de mettre fin à cette guerre dévastatrice incombe toutefois au peuple afghan. C'est pourquoi la Turquie appelle une nouvelle fois les parties à déposer les armes et à accepter un processus de réconciliation. La Turquie attache une importance particulière à la poursuite du rôle constructif joué par l'Organisation de la Conférence islamique et se

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félicite de sa décision d'envoyer une nouvelle mission en Afghanistan. Elle souhaite que l'OCI travaille comme par le passé en étroite coopération avec la Mission spéciale des Nations Unies. M. Çelem a rappelé que la Turquie est prête à accueillir une réunion de toutes les parties au conflit afghan qui se tiendrait sous les auspices de Nations Unies.

M. PRAKASH SHAH (Inde) a rappelé que le gouvernement du Président Rabbani, reconnu par l'Inde, a pris des mesures concrètes pour promouvoir le dialogue entre les différentes forces politiques afghanes et c'est dans la poursuite de ce dialogue que le gouvernement a été élargi avec la participation de Gulbuddin Hekmatyar. La paix ne peut être rétablie en Afghanistan que si touts les groupes acceptent de renoncer à la violence pour réaliser leurs objectifs. Un nouveau régime doit être mis en place. Ceci ne peut être réalisé par les parties afghanes que si elles s'engagent toutes en faveur de l'unité, de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de l'Afghanistan.

L'Afghanistan a souffert des ingérences étrangères. Il existe des preuves importantes pour montrer que certaines parties afghanes qui participent à des actes de violence ont été appuyées, entraînées et assistées de façon considérable par des puissances étrangères. Ce n'est que lorsque cette ingérence étrangère cessera que la paix et la stabilité pourront être restaurées en Afghanistan, a souligné M. Shah. Les orientations idéologiques des Taliban sont une source de préoccupation. Leur mépris des droits de l'homme, notamment des droits des femmes, ont provoqué des réactions dans le monde entier. Le meurtre brutal de l'ancien Président Najibullah et de son frère constitue une grave violation de toutes les règles de comportement civilisé. Toute autorité ou groupe qui cherche à affaiblir l'intégrité territoriale ou la souveraineté de l'Afghanistan ne va pas seulement à l'encontre de l'histoire de l'Afghanistan mais également est vouée à l'échec. Il incombe au peuple afghan lui-même de trouver une solution à cette situation. L'Inde qui appuie pleinement les efforts du Secrétaire général et du Chef de la Mission spéciale en Afghanistan, souhaite contribuer à ces efforts. Le représentant a rappelé que son pays avait mis en oeuvre un programme pour la fourniture de jambes artificielles destinées à l'Afghanistan entre le 19 août et le 23 septembre. Plus de 1 100 Afghans ont bénéficié de ce programme.

M. AHMET ENGIN ANSAY (Organisation de la Conférence islamique) a fait part de son inquiétude devant l'évolution du conflit afghan. Pendant toutes les années de guerre civile, l'OCI s'est efforcée de promouvoir une cessation des hostilités afin de créer le climat nécessaire à un processus de paix crédible et de former un gouvernement représentatif reposant sur une large assise. Elle a constamment insisté sur l'inutilité du recours à la force.

Si l'OCI continue de préconiser la neutralité et la non-ingérence dans les affaires intérieures d'un Etat, elle ne peut oublier que le chaos et l'instabilité dont l'Afghanistan est le théâtre sont également ressentis hors de ses frontières. S'ils veulent réduire l'escalade du conflit armé, les

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Etats doivent jouer un rôle constructif en s'opposant à la vente et à la livraison d'armes aux différentes factions, ainsi qu'à l'entraînement de terroristes et au trafic de drogues.

L'OCI, joue un rôle complémentaire à celui de l'ONU. Elle a déjà envoyé plusieurs missions de haut niveau en Afghanistan et se prépare à en envoyer une nouvelle. A titre préliminaire, il pourrait être utile de convier une réunion informelle des représentants des gouvernements disposés à apporter leur aide au processus de réconciliation et de reconstruction du pays. L'OCI est prête à travailler avec les Nations Unies à la préparation d'une telle réunion, puis à une rencontre des dirigeants des différentes factions afghanes en un lieu acceptable pour ces derniers.

M. HISASHI OWADA (Japon) a déclaré que la situation qui prévaut en Afghanistan compromet gravement les efforts pour résoudre les problèmes posés par le trafic illicite des stupéfiants et le terrorisme international. Il importe d'être clair sur les principes fondamentaux à réaffirmer pour restaurer la paix et l'ordre dans ce pays déchiré par la guerre. On ne saurait tolérer d'atteinte à l'intégrité territoriale et à l'unité de l'Afghanistan, ni d'ingérence étrangère. Aucun pays ne doit étendre son influence en fournissant armes et subsides aux différentes factions. Il faut en revanche faire pression sur les factions afghanes pour permettre aux Nations Unies de parvenir à un règlement durable.

Le Japon estime que le rôle de médiation des Nations Unies doit être réévalué et renforcé, notamment par le biais d'un cadre de coopération intensifié avec les pays de la région et les autres pays intéressés. Les parties afghanes devraient être invitées instamment d'oeuvrer plus étroitement avec la Mission spécial des Nations Unies, conduite par M. Norbert Holl. Le Japon continue d'appuyer ces efforts et a récemment dépêché un diplomate pour participer à la Mission spéciale. Sur la base de cette coopération de la part de toutes les parties afghanes, une initiative plus active des Nations Unies pourrait être envisagée en faveur de la réconciliation nationale, avec pour objectif ultime de former un gouvernement représentatif en Afghanistan. Le Japon se déclare favorable en principe à la tenue, sous les auspices des Nations Unies, d'une conférence sur la situation en Afghanistan. Le Japon maintient des contacts étroits et impartiaux avec les différentes parties afghanes. Il est convaincu qu'avec une préparation appropriée, les parties afghanes pourraient être amenées à entendre l'appel de la communauté internationale pour parvenir à un règlement politique. On pourrait envisager un forum pour étudier les moyens d'appuyer les efforts des parties afghanes dans le cadre de la reconstruction au lendemain du conflit.

M. J.H. F. CAMPBELL (Irlande, au nom de l'Union européenne, et des pays suivants : Bulgarie, Chypre, République tchèque, l'Estonie, Hongrie, Islande, Lituanie, Malte, Norvège, Pologne, Roumanie, République slovaque et Slovénie) a demandé un arrêt immédiat des hostilités. Il a invité les dirigeants de toutes les parties afghanes à renoncer à l'usage de la force et à engager un dialogue politique qui, seul, pourra résoudre pacifiquement le conflit actuel.

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L'Union européenne attache une grande importance au fait que l'ONU soit prête à faciliter ce dialogue et soutient tous les efforts entrepris pour résoudre le conflit par des moyens pacifiques.

M. Campbell a réaffirmé le soutien total de l'Union européenne à la Mission spéciale des Nations unies en Afghanistan. Il a demandé à tous les Etats de s'abstenir d'intervenir dans les affaires intérieures de l'Afghanistan. L'afflux d'armes en provenance de l'étranger doit cesser. L'Union européenne reste préoccupée par l'utilisation du territoire afghan pour la production de drogues et l'entraînement de terroristes. Elle réaffirme son engagement en faveur de la souveraineté, de l'indépendance, de l'intégrité territoriale et de l'unité nationale de l'Afghanistan.

L'Union européenne demande à toutes les parties d'agir conformément à la Charte des Nations Unies et de respecter les droits de l'homme. Elle ne saurait accepter de discrimination sexuelle, ethnique ou religieuse. Elle est particulièrement préoccupée par les récentes restrictions imposées à l'accès des filles à l'éducation et à celui des femmes à un emploi. Elle soutient les déclarations faites en ce sens par le Secrétaire général et par le Haut Commissaire aux droits de l'homme. L'Afghanistan a signé la Convention sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes.

L'Union européenne condamne sans réserve la récente violations des locaux du bureau des Nations Unies à Kaboul. Les droits et immunités du personnel international doivent être pleinement respectés, comme doit être garantie la sécurité du personnel international travaillant pour des opérations humanitaires. L'Union européenne qui, avec ses membres, est le premier fournisseur d'aide à l'Afghanistan, souhaite poursuivre son action et espère entamer un dialogue sur les modalités d'une coopération, afin de garantir une assistance à l'ensemble de la population afghane, quelque soit son sexe ou son origine ethnique.

M. Ministre d'Etat aux affaires étrangères du Pakistan, M. SAHIBZADA MUHAMMAD NAZEER SULTAN, a déclaré que l'Afghanistan est un pays qui a été systématiquement ravagé par une occupation étrangère qui a duré de longues années. Le peuple héroïque d'Afghanistan a résisté à cette occupation grâce à l'assistance active du monde libre. C'était une résistance ancrée dans un nationalisme redoutable et des croyances religieuses fortes. Les efforts continus des Nations Unies et de l'Organisation de la Conférence islamique visant à promouvoir l'harmonie entre les différentes parties afghanes, le dialogue et la paix ont abouti à quelques résultats positifs mais ces progrès ont été rapidement et délibérément anéantis. Le régime Rabbani a continué à compter, pour sa survie, sur l'assistance massive étrangère pour servir les intérêts compétitifs dans la région et à l'extérieur, aux dépens du peuple afghan. La milice d'étudiants afghans, connus sous le nom de "Taliban", a détruit les efforts visant à rétablir l'ordre et une paix relative dans le pays. Le 27 septembre dernier, les Taliban sont entrés à Kaboul où ils ont réaffirmé leur engagement en faveur de la paix, réglant leurs problèmes avec le Général Dostam dans le nord du pays par des négociations et un dialogue.

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Encouragés par leurs intérêts politiques et stratégiques en Afghanistan, les puissances régionales et autres ont choisi de nouveau de profiter des misères du peuple afghan en renforçant des alliances et contre-alliances. Dix-huit avions transportant des munitions ont atterri à Mazar Sharif. Des tanks et des hélicoptères équipés de mitraillettes ont été fournis aux factions et des batteries de missiles sont expédiées à Bander Sheikhan.

Au lieu d'une concertation des efforts régionaux et internationaux sous les auspices des Nations Unies pour restaurer la paix en Afghanistan, on assiste aujourd'hui à un rapport de forces brutal entre ceux qui ont un intérêt légitime et ceux qui n'en ont pas dans l'unité et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan. Le gouvernement pakistanais estime que la Déclaration conjointe adoptée à Almaty le 4 octobre dernier est une réaffirmation de la nécessité pour la communauté internationale, notamment les Nations Unies, de renforcer ses efforts pour promouvoir une paix durable et la réconciliation en Afghanistan.

Il est temps maintenant pour le Conseil de sécurité d'agir de façon décisive en faveur de la paix en Afghanistan, a estimé le Ministre qui émet l'espoir que ce débat constituera la pierre angulaire des efforts internationaux en vue de l'établissement d'une alliance internationale pour la paix en Afghanistan. Le Pakistan est convaincu que le Conseil de sécurité, qui a oublié l'Afghanistan pendant près de huit ans, devra maintenant adopter une résolution contraignante en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies. Il a déjà distribué aux membres du Conseil un projet de résolution qui, entre autres, exige à une cessation immédiate de toutes les hostilités en Afghanistan; demande aux parties afghanes de respecter le cessez-le-feu; réaffirme l'unité, la souveraineté et l'intégrité territoriale du pays; et impose un embargo sur les armes. Le Pakistan reconnaît l'Etat d'Afghanistan. Il incombe à tous de respecter l'unité et l'intégrité territoriale de l'Afghanistan.

M. ABDUL RAHIM GHAFOORZAI, Vice-ministre des affaires étrangères d'Afghanistan a exprimé sa gratitude aux délégations qui ont participé à la réunion du Conseil de sécurité et qui ont appuyé la mise en place d'un Gouvernement largement représentatif. Toutes les parties doivent être égales et jouir d'une égalité politique. Il faut garantir l'indépendance politique et l'intégrité territoriale du pays. Le Vice-ministre a salué les efforts inlassables de la Mission spéciale des Nations Unies en Afghanistan, estimant qu'il fallait la renforcer comme cela est proposé dans le projet de résolution afghan.

Répondant au Ministre d'Etat aux affaires étrangères du Pakistan, M. Ghafoorzai a jugé la rencontre d'hier entre le Ministre de l'intérieur pakistanais Nasirullah Babar et le Général afghan Dostum comme un acte qui ne peut qu'exacerber davantage le conflit. Quel autre nom lui donner sinon "acte

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provocateur", a-t-il demandé. Le Vice-ministre a déclaré que compte-tenu des liens religieux, historiques et fraternels du peuple afghan avec le peuple pakistanais, le représentant du Pakistan doit faire mieux que de dénier continuellement le rôle du Pakistan dans les affaires afghanes. "Le renard dans le poulailler qui a des poules dans la bouche blâme la vache qui est dans le pré", a-t-il ajouté.

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