CS/737

A LA DEMANDE DE LA SADC, LE CONSEIL DE SECURITE DEBAT DE LA SITUATION EN ANGOLA

10 octobre 1996


Communiqué de Presse
CS/737


A LA DEMANDE DE LA SADC, LE CONSEIL DE SECURITE DEBAT DE LA SITUATION EN ANGOLA

19961010 MATIN & APRES-MIDI CS/737 La majorité des délégations tiennent l'UNITA responsable des retards du processus de paix

Réunis aujourd'hui pour examiner la situation en Angola, la majorité des délégués ont tenu l'UNITA responsable des retards du processus du paix. Le Conseil avait tenu sa séance à la demande du Zimbabwe, au nom de l'Angola, du Botswana, du Mozambique et de l'Afrique du Sud. Ces cinq pays intervenaient en tant que membres de la Communauté de développement en Afrique australe (SADC). Le Conseil de sécurité a entendu les Ministres des affaires étrangères du Zimbabwe, de l'Angola, du Mozambique, du Botswana et du Costa Rica. Il a également entendu les Vice-Ministres des affaires étrangères du Portugal et du Nicaragua.

Les Membres du Conseil de sécurité suivants ont fait une déclaration : Etats-Unis, Chine, Indonésie, Italie, Guinée Bissau, Allemagne, République de Corée, Fédération de Russie, Royaume-Uni, Egypte, France, Chili, Pologne et Honduras.

Les délégations suivantes sont également intervenues : Nigéria, Zambie, Tunisie, Irlande (au nom de l'Union européenne), Inde, Malaisie, Algérie, Brésil, Cap-Vert, Malawi, Nicaragua, Burundi, Cuba, Mali et Lesotho.

Les intervenants ont regretté que M. Jonas Savimbi ne se soit pas rendu au Sommet consacré par la SADC à la question angolaise le 2 octobre dernier à Luanda. Certains ont estimé qu'il est temps désormais pour le Conseil de mettre en oeuvre les dispositions contraignantes de la résolution 864 (1993) du Conseil de sécurité pour obliger l'UNITA à respecter les engagements contractés dans le Protocole de Lusaka. Plusieurs intervenants ont demandé à la communauté internationale de fournir à l'UNAVEM III les moyens de son mandat. Ils ont invité les Etats donateurs à fournir les moyens promis lors de la Table ronde de Bruxelles pour faciliter la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants, opérations essentielles au succès du processus de paix.

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Le Conseil de sécurité était saisi, à ce titre, d'un rapport du Secrétaire général. Il était également saisi d'une lettre en date du 1er octobre 1996 adressée au Secrétaire général et au Président du Conseil par le Représentant permanent de l'Angola auprès des Nations Unies communiquant un message de M. Venancio de Moura, Ministre des affaires étrangères de l'Angola concernant les obstacles à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka.

Documentation

Rapport du Secrétaire général sur la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM III) (S/1996/827)

Conformément à la demande du Conseil de sécurité, le Secrétaire général présente ce rapport sur les progrès accomplis par le Gouvernement angolais et l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) dans la réalisation des objectifs et l'application du calendrier convenu entre eux.

Le Secrétaire général fait observer que, même si le cessez-le-feu tient et si les parties continuent de proclamer leur attachement au Protocole de Lusaka, l'absence de progrès notables dans le processus de paix au cours des trois derniers mois est très préoccupante. Près de deux ans après la signature du Protocole, la persistance des retards et des promesses non tenues, en particulier de la part de l'UNITA, concernant l'application des calendriers successifs établis pour achever la mise en oeuvre des dispositions du Protocole touchant des questions militaires et politiques clefs n'est plus acceptable. Malgré les efforts constants de son Représentant spécial, M. Alioune Blondin Beye, des Etats observateurs et des autres Etats Membres concernés, le processus de mise en oeuvre a pris un retard considérable et le manque de confiance entre le Gouvernement et l'UNITA continue de compromettre l'instauration d'une paix durable en Angola. Le Secrétaire général fait notamment observer que, bien que des progrès importants aient été réalisés dans le domaine du déminage et de la remise en état des routes, des restrictions continuent de faire obstacle aux opérations de déminage dans certaines provinces. Dans la province de Malange, l'UNITA a interrompu pendant près de deux mois à la Cuiji les opérations de la société Mechem, employée par les Nations Unies, et, à la Cune, elle a empêché des éléments du génie de l'ONU de s'acquitter de leurs activités de déminage. Ces restrictions sont inacceptables, et il faut que l'UNITA mette fin immédiatement à ces pratiques et laisse les activités de déminage suivre leur cours comme prévu. L'ONU a mis en service 32 ponts depuis le début de l'opération. Nombre de ces ponts appartiennent aux contingents d'UNAVEM III. Il semblerait normal que l'ONU les laisse en place et en absorbe le coût comme contribution supplémentaire de la communauté internationale au redressement économique de l'Angola.

Le Secrétaire général tient à rappeler que l'UNAVEM III est actuellement la plus grande opération de maintien de la paix de l'Organisation des Nations Unies et nécessite des ressources humaines, matérielles et financières considérables. À un moment où les fonds disponibles pour les opérations de maintien de la paix sont plus maigres que jamais et où toutes les dépenses de l'Organisation sont passées au crible, il devient de plus en plus difficile d'obtenir l'appui de la communauté internationale pour des opérations qui ne bénéficient pas de l'entière coopération des parties au conflit. Dans le cas de l'Angola, celles-ci n'ont cessé de renâcler pour appliquer les dispositions du Protocole de Lusaka et les retards considérables et les concessions de

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dernière minute sont monnaie courante. Cette tendance ne peut se poursuivre et les parties, en particulier l'UNITA, doivent maintenant décider si elles vont mettre en oeuvre de bonne foi toutes les dispositions encore non appliquées des accords de paix.

Le Secrétaire général regrette que M. Savimbi n'ait pas assisté au sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe qui s'est tenu le 2 octobre à Luanda. Sa participation au sommet lui aurait offert une bonne occasion de rencontrer le Président dos Santos sur le sol angolais en vue de résoudre des questions clefs en suspens, d'imprimer au processus de paix un élan dont il a bien besoin, et d'instaurer une stabilité durable dans le pays. Le Secrétaire général espère qu'une telle rencontre pourra avoir lieu dans un avenir proche. Les deux parties au Protocole de Lusaka sont investies d'une responsabilité particulière, non seulement envers leur propre peuple, mais aussi envers la communauté internationale, laquelle s'attend à ce que le Gouvernement et l'UNITA fassent preuve d'un meilleur esprit de coopération pour aboutir à la réconciliation nationale. Si l'UNITA estime vraiment que M. Savimbi ne peut assumer un poste de vice-président, il lui incombe de faire dès que possible une contre-proposition valable. L'UNITA doit aussi s'employer à envoyer immédiatement tous ses généraux à Luanda en vue de leur intégration aux Forces armées angolaises (FAA), à faire revenir les déserteurs dans les zones de cantonnement, et à sélectionner rapidement ses soldats devant être incorporés aux FAA, de façon que la démobilisation soit entreprise à grande échelle avant le début de la saison des pluies. Il est essentiel que ces tâches, et les autres tâches urgentes mentionnées dans le rapport, soient accomplies sans plus tarder selon un calendrier clair et précis.

Le processus de démobilisation et de réinsertion se trouve à un stade critique : pour appuyer la démobilisation d'environ 100 000 ex-combattants, les organismes humanitaires devront multiplier leurs activités et les donateurs devront fournir des ressources supplémentaires. Les ressources actuellement disponibles ne couvrent que 27,4 % du coût des programmes de démobilisation et de réinsertion, et si la communauté des donateurs ne fournit pas prochainement les ressources supplémentaires indispensables, le processus devra être arrêté.

Le relèvement des communautés rurales constitue un autre aspect du processus de paix. Le financement adéquat de projets hautement prioritaires est nécessaire pour absorber la masse de réfugiés, de personnes déplacées et d'anciens combattants. Aussi, le Secrétaire général prie-t-il instamment la communauté des donateurs de continuer à soutenir le processus de paix en fournissant les ressources nécessaires pour la démobilisation et la réinsertion et en versant les contributions qui ont été annoncées lors de la Table ronde tenue à Bruxelles en 1995.

La date envisagée pour la fin du mandat d'UNAVEM III dans la résolution du Conseil de sécurité portant création de la Mission, à savoir le 8 février 1997, approche à grands pas. On met actuellement la dernière main

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aux préparatifs en vue de procéder en bon ordre au retrait progressif de la Mission. Malgré les retards considérables qui se sont produits, il devrait encore être possible à UNAVEM III de s'acquitter d'ici à février 1997 de la plupart des tâches prescrites. En conséquence, le Secrétaire général a l'intention de commencer à réduire les effectifs de la Mission en retirant certaines unités d'infanterie et certaines unités d'appui d'ici à la fin du mois de décembre. Au 25 septembre, les effectifs militaires et de police d'UNAVEM III s'établissaient à 7 264 hommes. Au cours de la période considérée, plusieurs contingents ont été relevés et la Mission a commencé à établir des plans de contingence en vue de la réduction progressive de ses unités militaires parallèlement à l'achèvement des principales tâches envisagées dans le Protocole de Lusaka. Le Secrétaire général pense que les membres du Conseil de sécurité conviendront qu'ensuite les réductions d'effectifs devraient être opérées en fonction des progrès réalisés dans la mise en oeuvre des dispositions du Protocole de Lusaka qui ne sont toujours pas appliquées. Le Secrétaire général présentera dans son prochain rapport un calendrier détaillé pour le retrait progressif des unités militaires d'UNAVEM III ainsi que des recommandations concernant le rôle que l'Organisation des Nations Unies devrait continuer de jouer en Angola pour consolider le processus de paix.

La volonté de la communauté internationale de continuer à apporter un soutien à l'Angola dépendra des mesures concrètes que les parties angolaises prendront au cours des semaines à venir. À moins que des progrès notables ne soient réalisés sur plusieurs points clefs avant l'expiration du mandat actuel d'UNAVEM III le 11 octobre, le Secrétaire général recommande au Conseil de ne proroger le mandat de la Mission que pour une période de courte durée, par exemple jusqu'au 11 décembre, de façon qu'il puisse suivre de près la situation en Angola et réagir comme il convient si les retards, en particulier ceux imputables à l'UNITA, persistent dans l'application du Protocole de Lusaka. Si, en revanche, certains engagements importants sont honorés au cours des prochains jours, en particulier si tous les généraux de l'UNITA se rendent à Luanda et si la sélection des soldats de l'UNITA en vue de leur incorporation dans l'armée nationale est accélérée, le Conseil de sécurité pourrait souhaiter envisager une prorogation du mandat de plus longue durée.

Le Conseil de sécurité était saisi d'une lettre (S/1996/832) en date du 7 octobre, adressée à son Président par le représentant permanent du Zimbabwe auprès des Nations Unies, rappelant qu'à la réunion au sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe, qui s'est tenue récemment à Luanda, une équipe de cinq personnes, composée des Ministres des affaires étrangères de l'Afrique du Sud, de l'Angola, du Botswana, du Mozambique et du Zimbabwe (Président), avait été choisie pour se rendre à New York afin de participer au débat sur le processus de paix en Angola. Au nom de ces cinq Etats, le représentant permanent du Zimbabwe demande officiellement de convoquer, jeudi 10 octobre 1996, une réunion du Conseil de sécurité afin d'examiner la situation critique en Angola. Il souligne que cette réunion est distincte de

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celle que le Conseil de sécurité doit tenir, vendredi 11 octobre, pour proroger le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM III).

Une autre lettre adressée à son Président par le Représentant permanent de l'Angola, en date du 2 octobre, par laquelle il communique un message daté du 5 septembre 1996, adressé au Secrétaire général et au Président du Conseil de sécurité par le Ministre angolais des relations extérieures.

Le Ministre explique qu'il communique les informations les plus récentes et les difficultés rencontrées dans l'application du Protocole de Lusaka qui traverse encore une fois une phase critique du fait de l'absence de volonté politique et peut-être de la mauvaise foi des dirigeants de l'União Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA).

Le Ministre réaffirme la ferme volonté politique de régler, par le dialogue, les problèmes de réconciliation de tous les Angolais afin de maintenir la stabilité et l'unité à l'intérieur du pays, sur la base du respect des différences et du régime démocratique institué en Angola depuis 1992.

Selon lui, il est impératif que le Conseil de sécurité prenne les mesures suivantes : mettre un terme aux mécanismes d'appui à l'UNITA; appliquer les sanctions imposées et approuvées par ses propres résolutions; bloquer tous les comptes bancaires de l'UNITA; ordonner la fermeture de tous les bureaux de l'UNITA dans tous les Etats Membres de l'ONU, où qu'ils soient; interdire la délivrance de passeports et de visas par les Etats Membres de l'ONU; empêcher les dirigeants de l'UNITA de se rendre dans les Etats Membres de l'ONU et d'y séjourner. En outre, ajoute le Ministre, le Conseil de sécurité doit se montrer ferme dans ses avertissements ainsi que dans l'application des sanctions à l'encontre des Etats Membres de l'ONU voisins de l'Angola qui accordent le droit d'atterrissage et d'autres facilités aux appareils transportant en Angola, pour l'UNITA, des armes et divers matériels militaires logistiques; couper les communications de l'UNITA avec le reste du monde. Enfin, il faudrait limiter les déplacements d'officiers d'Etats Membres de l'ONU à Bailundo ou Andulo (sauf lorsqu'ils participent directement au processus de paix) afin d'éviter de donner l'impression que l'Angola a deux capitales, sans parler de la nécessité d'éviter d'aller dans le sens de l'une des revendications de M. Savimbi, qui est de diviser le pays entre nord et sud.

Continuant de faire preuve de souplesse et de patience, le Gouvernement angolais n'en adoptera pas moins une position ferme lorsqu'il s'agira de maintenir l'ordre et de préserver l'intégrité de son territoire national. Il s'efforcera de maintenir un dialogue politique sérieux afin de mener à bien, selon le calendrier approprié, l'application du Protocole de Lusaka.

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Débat

M. I.S.G. MUDENGE, Ministre des affaires étrangères du Zimbabwe, a rappelé que le 2 octobre dernier, les Chefs d'Etat et de gouvernement de la Communauté pour le développement de l'Afrique australe (SADC), organe chargé de la politique, de la défense et de la sécurité, profondément préoccupés par le statu quo du processus de paix en Angola, se sont réunis à Luanda en vue de donner un nouvel élan à ce processus. Ils ont invité le responsable de l'UNITA, M. Jonas Savimbi, à participer à ce Sommet. Malheureusement, à la dernière minute, il a décliné l'invitation. Après avoir analysé de façon approfondie la situation qui prévaut en Angola, le Sommet a décidé d'envoyer à New York les Ministres des affaires étrangères de l'Angola, du Botswana, du Mozambique, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe en vue d'expliquer la position des pays de la région sur la situation en Angola. Le Ministre a rappelé que lorsque le Conseil de sécurité s'était réuni en juillet dernier pour reconduire le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM III), la plupart des pays de la région avaient partagé un optimisme prudent à l'égard de la mise ne oeuvre du processus de paix. Conscient de la nécessité de maintenir l'élan du processus de paix en cours, le Conseil avait déclaré qu'il tiendrait compte de nouveaux progrès pour le renouvellement de l'UNAVEM en octobre 1996. Etant donné le calendrier des objectifs réalisables et ceux acceptés par le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA, les pays d'Afrique australe estiment que la communauté internationale tout entière souhaite la formation d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Nous espérions célébrer l'irréversibilité du processus de paix en Angola au cours du mandat de l'UNAVEM III qui expirera demain, 11 octobre.

Dans son rapport, le Secrétaire général fait observer qu'en dépit des mesures positives prises par le Gouvernement de l'Angola, l'UNITA a manqué à ses engagements pris dans le cadre du processus de paix. Tout en invitant l'UNITA à s'acquitter de ses obligations et à respecter les engagements pris dans le cadre du processus de paix, M. Mudenge a estimé qu'il est temps pour le Conseil d'exercer son autorité de façon claire et décisive pour sauver le processus de paix et restaurer la crédibilité des Nations Unies. Le Conseil doit adresser un message clair et sans équivoque à l'UNITA, lui indiquant que le jeu est terminé. Si l'UNITA ne se conforme pas à ses engagements, alors des mesures supplémentaires seront prises contre elle. Tous ses avoirs bancaires seront gelés; ses bureaux fermés et des restrictions aux déplacements de ses responsables seront imposées. Ces mesures devraient être contenues dans une résolution qui prévoierait leur entrée en vigueur dans les 30 jours à moins que le Secrétaire général n'affirme auparavant que l'UNITA s'est pleinement conformée au Protocole de Lusaka. Outre la décision qui sera prise par le Conseil de sécurité, les chefs d'Etat et de gouvernement des pays d'Afrique australe ont l'intention d'engager, en tant que priorité, un dialogue avec tous ces pays qui jugent qu'ils peuvent contribuer à promouvoir le processus de paix en Angola. Leur mission à New York est une mission visant à promouvoir la paix dans la région, a souligné M. Mudenge.

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M. VENANCIO DE MOURA, Ministre des affaires étrangères de l'Angola, a accusé l'UNITA d'avoir provoqué, sous des prétextes divers, des retards systématiques dans le processus de paix, lesquels ont engendré une grave crise de confiance. A l'exception du cessez-le-feu, du confinement des forces de l'UNITA dans des casernes et du lancement du processus de démobilisation pour les enfants - toutes mesures très positives - la mise en oeuvre de toutes les autres dispositions fondamentales du Protocole de Lusaka ont été reportées en raison du manque de coopération et de volonté politique de l'UNITA. Le gouvernement s'est, lui, déjà acquitté de toutes ses obligations prévues par ce Protocole, à l'exception de celles relatives au désarmement de la population civile. Cette mesure ne peut être mise en application avant que l'administration nationale soit rétablie dans les régions actuellement sous le contrôle de l'UNITA.

Le Ministre a affirmé, que, par esprit de conciliation, son propre gouvernement a violé le principe de souveraineté et sa propre Constitution en proposant à Jonas Savimbi, chef de l'UNITA, un poste de second Vice-Président que la constitution actuelle, approuvée par l'UNITA, ne prévoit pas. Contrairement à ce qu'affirme M. Savimbi, ce poste de vice-président, dont les responsabilités seraient définies par la Constitution, aurait à notre avis, plus d'envergure dans le Protocole de Lusaka. Le refus de M. Savimbi de participer au sommet de l'organe politique, de défense et de sécurité de la SADC consacré à la réconciliation en Angola montre clairement que les desseins du chef de l'UNITA diffèrent de ceux du gouvernement et de la communauté internationale.

Le Ministre a accusé l'UNITA et sa direction de tout faire pour retarder l'application du Protocole de Lusaka, afin de semer le chaos dans le pays et d'empêcher l'application du programme gouvernemental de développement du pays. Il est temps d'accroître la pression sur l'UNITA pour qu'elle applique de bonne foi les mesures prévues. L'un des moyens de pression est contenu dans la résolution 864 du Conseil de sécurité du 15 juillet 1993, qui prévoyait des sanctions contre l'UNITA et qui n'a jamais été pleinement appliquée. Nous ne voulons pas en revenir à la guerre et recherchons une paix durable. Mais il est temps d'appliquer la seconde série des sanctions prévues au paragraphe 26 de la résolution 864. Ce n'est qu'en exerçant une pression ferme que nous réussirons en contraignant l'UNITA et ses dirigeants, et en les aidant, à respecter les résolutions du Conseil et à honorer leurs propres engagements.

M. LEONARDO SANTOS SIMAO, Ministre des affaires étrangères et de la coopération du Mozambique, s'est déclaré préoccupé par la lenteur de la mise en oeuvre d'importantes dispositions du Protocole de Lusaka, notamment la formation des forces armées angolaises, la démobilisation et la réintégration socio-économique d'anciens combattants. Les restrictions imposées par l'UNITA au déminage et à la remise en état des routes ne contribuent qu'à retarder les activités de secours humanitaires. En conséquence, il faut mettre fin à ces délais.

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Le Ministre a rappelé que le récent Sommet de Luanda, qui a fortement regretté l'absence de M. Jonas Savimbi, a invité l'UNITA à s'acquitter de ses engagements dans les délais établis par le Protocole de Lusaka et la résolution 864 (1993) du Conseil de sécurité.

L'instabilité continue empêche l'Angola de contribuer efficacement à la mise en oeuvre des projets de la Communauté de développement de l'Afrique australe et à d'autres initiatives sur le continent. L'Angola est coordinateur d'un important secteur, celui de l'énergie au sein de la SADC. C'est pourquoi, la paix dans ce pays est cruciale pour permettre au peuple et au gouvernement de l'Angola de jouer un rôle plus actif dans les efforts de reconstruction nationale et de développement, ainsi que pour la recherche de solutions à d'autres conflits en Afrique.

M. MOMPATI S. MERAFHE, Ministre des affaires étrangères du Botswana, a jugé profondément regrettable la situation de blocage actuel dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Les actes d'obstruction répétés de l'UNITA doivent être dénoncés de la manière la plus ferme par la communauté internationale. Ces pratiques font douter de la volonté de paix de l'UNITA. L'atmosphère de confiance mutuelle, vitale pour le processus de paix, est minée. Il est regrettable que le Congrès de l'UNITA ait refusé le poste de vice-président offert par le gouvernement à M. Savimbi. L'UNITA doit reconnaître que le chemin de la paix en Angola passe par la réconciliation nationale. M. Savimbi doit avoir confiance dans l'engagement des pays d'Afrique australe à agir comme des médiateurs équitables, impartiaux et crédibles.

Le Ministre a rappelé que l'UNAVEM III est actuellement la principale opération de maintien de la paix des Nations Unies. La communauté internationale ne peut pas admettre de voir dépensées en vain les énormes sommes qu'elle a accordées. La situation actuelle ne peut durer et il est temps que le Conseil de sécurité et la communauté internationale adressent un message de fermeté et fasse comprendre qu'elle n'acceptera pas un retour des hostilités. L'Afrique australe ne veut pas voir se répéter la douloureuse expérience de l'échec des Accords de Bicesse. Le Conseil doit donc être prêt à imposer à l'UNITA les mesures prévues au paragraphe 26 de sa résolution 864.

M. KARL F. INDERFURTH (Etats-Unis) a estimé qu'un long chemin a été fait vers la réconciliation nationale en Angola. Aujourd'hui, le processus en arrive à un stade critique, celui de l'intégration de deux parties combattantes en une seule entité politiquement et militairement unifiée. Les Etats-Unis sont cependant troublés de voir que le processus de paix est actuellement bloqué et que tous les délais fixés sont régulièrement ignorés.

Il est temps pour l'UNITA de respecter les engagements qu'elle a pris dans le Protocole de Lusaka. Militairement, elle doit intégrer ses généraux dans l'état-major général et désigner ceux de ses combattants qui rejoindront l'armée nationale. Politiquement, elle doit prendre sa place dans un

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gouvernement d'unité nationale. De son côté, le gouvernement angolais doit faciliter le respect de ces mesures en oubliant les divergences passées et en utilisant les vaste compétences de l'UNITA.

Les Etats-Unis et le reste du monde ne peuvent dissimuler leur impatience devant le blocage actuel. Amis de l'Angola, nous avons fourni conseils et soutien, affirmé le représentant. Aujourd'hui, comme tout ami le ferait, nous disons qu'il est temps de nous exprimer plus fermement pour aider un ami à trouver la voie qui lui permettra de prendre une décision qui, bien que difficile et pleine d'incertitude, est la meilleure. Les Etats-Unis demandent fermement à l'UNITA de profiter de la sécurité que procure durant ses derniers mois l'UNAVEM afin de remplir rapidement ses obligations. Si les deux parties réussissent, alors, les Etats-Unis et la communauté internationale seront prêts à poursuivre leur assistance à la reconstruction de l'Angola. La visite qu'effectuera la semaine prochaine le Secrétaire d'Etat à Luanda, témoigne de l'engagement continu des Etats-Unis en faveur du processus de paix.

M. QIN HUASUN (Chine) s'est déclaré profondément préoccupé par l'impasse dans laquelle le processus de paix en Angola se trouve encore une fois. La Chine s'inquiète du retard pris par l'UNITA dans sa participation à la formation d'un gouvernement d'unité nationale et à celle de forces armées unifiées. Elle est particulièrement préoccupée par le rejet par le troisième Congrès extraordinaire de l'UNITA de la vice-présidence qui avait été offerte à M. Savimbi dans le gouvernement d'unité nationale. La Chine déplore également que M. Savimbi n'ait pas voulu assister à la réunion au sommet des Etats membres de la communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), qui a eu lieu au début de ce mois. Ce faisant, l'UNITA a non seulement renié ses propres engagements, mais elle n'a pas contribué au retour de la confiance entre les deux parties. Le processus de paix ne doit pas échouer à ce stade. La délégation chinoise réitère sa conviction que la mise en place du Protocole de Lusaka et des accords pertinents conclus par les deux parties ne peut souffrir de retard supplémentaire. Le mandat d'UNAVEM III doit être accompli en février prochain. Atteindre cet objectif dépend de la volonté des deux parties, et en particulier de l'UNITA , de coopérer pleinement à la Mission. Le Gouvernement chinois est favorable à une prorogation du mandat d'UNAVEM.

M. NUGROHO WISNUMURTI (Indonésie) a déclaré que l'absence de progrès dans la mise en oeuvre du Protocole de LUSAKA justifie la tenue de la présente réunion du Conseil de sécurité. Il a regretté que l'UNITA et M. Jonas Savimbi ne respectent pas les délais établis tant par le Protocole de Lusaka que par la résolution 864 (1993) du Conseil de sécurité. Cette situation jette un grand doute sur la poursuite du processus de paix. La pose de nouvelles mines montre bien que les parties au processus de paix n'ont pas renoncé à l'option militaire. Le représentant a prié instamment les responsables de l'UNITA à reprendre la voie de la paix en s'acquittant de leurs engagements. La réconciliation nationale est longue et ardue. La délégation indonésienne se félicite de l'initiative des pays de la Communauté de développement de

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l'Afrique australe, en vue de promouvoir la paix dans la région. Elle est en faveur d'une décision du Conseil qui reconduirait le mandat d'UNAVEM III pour une nouvelle période de deux mois, en souhaitant que M. Savimbi et tous les responsables de l'UNITA optent pour la paix.

M. FRANCESCO PAOLO FULCI (Italie), indiquant qu'il soutient la déclaration de l'Irlande, faite au nom de l'Union européenne, a estimé que les derniers développements en Angola sont malheureusement bien décevants. Les difficultés et retards dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, ainsi que le non-respect des engagements pris, incombe essentiellement à l'UNITA. L'espoir que le troisième congrès de l'UNITA redonnerait un élan au processus de paix a été déçu. Le représentant s'est déclaré heureux que le cessez-le- feu soit, en majeure partie, respecté. Il a toutefois regretté les retards dans l'application des aspects militaires du Protocole de Lusaka.

M. Fulci a jugé contrariante l'absence de M. Savimbi au Sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Il a rappelé que la crise interne angolaise a un impact négatif sur la sécurité, la stabilité et les économies, non seulement des Etats voisins, mais aussi de nombreux autres pays de la région. Les efforts importants entrepris, notamment dans le cadre de la SADC, pour stimuler le développement économique de la région, seraient grandement soutenus par une réconciliation véritable et la restauration de la paix en Angola. En dépit des ressources importantes de l'Angola, ses conditions économiques sont dramatiques, a souligné le délégué, ajoutant que son pays n'a jamais cessé d'apporter son soutien à l'Angola.

Chaque fois que le mandat d'UNAVEM III vient à expiration, des assurances de bonne volontés sont faites, mais rien n'en résulte par la suite, a fait remarqué M. Fulci si les parties, et en premier lieu l'UNITA, ne font pas face à leurs engagements pour mettre en oeuvre les aspects militaires du Protocole de Lusaka, elles devront comprendre que le processus de paix tout entier, ainsi que l'engagement de la communauté internationale, seront en danger. Notre patience s'épuise.

M. ALFREDO LOPES CABRAL (Guinée Bissau) a déclaré que le processus de paix en Angola ne saurait être assorti d'autres conditions sinon celles prévues par le protocole de Lusaka. Il serait regrettable qu'il soit remis en question à cause de considérations partisanes et étrangères au cadre préalablement défini. La communauté internationale a un rôle important à jouer dans le maintien du caractère irréversible de ce processus. La présence des Nations Unies en Angola implique un effort financier considérable au regard des restrictions budgétaires imposées à l'Organisation. Les parties concernées savent que l'effort de la communauté internationale ne trouvera sa justification que dans leur franche détermination à travailler sans relâche à l'instauration d'une paix globale et définitive. Le processus de paix traverse une phase cruciale qui appelle la bonne volonté de toutes les parties concernées. La Guinée Bissau souhaite vivement que l'UNITA participe à

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l'effort de réconciliation nationale, et ce, de manière résolue, a conclu le représentant.

M. TONO EITEL (Allemagne) a déclaré que son Gouvernement voit dans la présence des Ministres des affaires étrangères de l'Angola, du Botswana, du Mozambique, de l'Afrique du Sud et du Zimbabwe, immédiatement après leur participation au Sommet des Etats membres de la Communauté de développement de l'Afrique Australe (SADC), à Luanda, le 2 octobre dernier, un signe encourageant. Cela reflète une tendance récente en Afrique à trouver des solutions aux problèmes politiques à un niveau régional. Le représentant s'est félicité du projet de résolution et a déclaré souscrire à la déclaration que l'Irlande prononcera, au nom de l'Union européenne.

M. Eitel s'est déclaré déçu par le manque de progrès accomplis dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Les retards continuels et les promesses non tenues, tout particulièrement de la part de l'UNITA, ne sont plus acceptables, a-t-il affirmé. En conséquence, il a lancé un appel à l'UNITA pour qu'elle mette en oeuvre sans délai les aspects militaires du Protocole de Lusaka. Il a souhaité aussi voir des progrès dans le domaine politique. Rappelant que l'Allemagne demeure engagé à soutenir la population civile angolaise qui souffrent des conséquences de la guerre civile, il a indiqué que son pays accorde une attention particulière au mines et au déminage et qu'il a envoyé sur place neuf experts en la matière. Il a toutefois fait remarquer que le succès de ces efforts demeurent conditionnés aux progrès du processus de paix.

M. SOO GIL PARK (République de Corée) a déclaré que sa délégation partage la frustration générale et la déception exprimées par les pays de la Communauté de développement en Afrique australe devant le peu de progrès réalisés dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. M. Park a déploré les retards persistants enregistrés dans l'établissement de forces armées unifiées et la formation d'un gouvernement d'unité nationale. Si le processus de paix stagne en Angola, c'est en grande partie dû au refus par l'UNITA de s'acquitter de ses engagements. M. Park a estimé qu'il est temps d'adresser un message clair et sans équivoque à l'UNITA pour lui faire comprendre que la patience du Conseil de sécurité a des limites. Sa délégation invite l'UNITA à s'acquitter sans délai des tâches définies dans le "Document de médiation" présenté par le Représentant spécial du Secrétaire général. La rapidité et la sincérité avec lesquelles l'UNITA coopèrera dans le cadre de ces entretiens, témoignera de l'engagement de l'UNITA en faveur du processus de paix. La sélection finale des soldats de l'UNITA devant être intégrés aux Forces armées angolaises, sans laquelle le processus de démobilisation et d'intégration sociale des anciens combattants ne pourront progresser, constitue l'une des mesures les plus urgentes. La République de Corée attache une grande importance à la tenue d'une prochaine rencontre du Président Dos Santos et de M. Jonas Savimbi en Angola. M. Park souhaite un règlement rapide des questions non encore résolues au cours de cette réunion, notamment celle du statut spécial de M. Savimbi.

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M. SERGUEI LAVROV (Fédération de Russie) a regretté que, ces derniers temps, le processus de paix connaisse de graves ratés. De nombreuses dispositions-clefs du Protocole de Lusaka ne sont toujours pas mises en oeuvre. La responsabilité de cette situation incombe essentiellement à l'UNITA dont les dirigeants manoeuvrent, sous différents prétextes, pour ne pas respecter leur engagements. Cela est inacceptable. M. Lavrov a opposé à cette attitude les efforts du Gouvernement angolais pour remplir ses engagements.

Il est temps pour la communauté internationale d'adresser un message très net aux parties, a affirmé M. Lavrov. Elle doit prendre des mesures sévères à l'encontre de ceux qui bloquent le processus de paix. La résolution qui sera adoptée demain doit établir un cadre très strict pour assurer le respect de ses engagements par l'UNITA. Elle doit avertir solennellement les dirigeants de l'Angola que, s'ils ne respectent pas leur promesses, le Conseil sera contraint d'appliquer des sanctions.

Le dialogue politique constructif est le seul moyen de parvenir à la paix, a réaffirmé le représentant, qui a jugé justifiées les propositions du Secrétaire général de prolonger le mandat d'UNAVEM III pour une brève période de deux mois. Est également justifiée la proposition de réduction graduelle et ordonnée du nombre des membres de la Mission, compte tenu des progrès futurs du processus de paix.

M. JOHN WESTON (Royaume-Uni) a estimé que l'absence de progrès dans le processus de paix durant les trois derniers mois a jeté des doutes sur la volonté de l'UNITA de respecter les engagements des Accords de Lusaka. De nombreuses questions essentielles sont encore en suspens et le grand nombre de désertions dans les rangs de l'UNITA est préoccupant. L'UNITA doit tout faire pour assurer le retour dans les casernes des troupes déjà enregistrées.

L'UNAVEM III doit pouvoir compter sur le soutien des deux parties pour mener sa tâche, en particulier dans les opérations de déminage, a affirmé le représentant. Les restrictions signalés dans ce domaines sont inacceptables et également inquiètent les rapports faisant état de harcèlement des organisations humanitaires. Les parties, particulièrement l'UNITA, doivent tout faire pour assurer la liberté d'action et la sécurité des ONG. La communauté internationale s'est lourdement investie dans le processus de paix, a rappelé M. Weston. Elle n'est pas disposée à le voir échouer. Les retards constants et les promesses non tenues sont inacceptables. Une rencontre entre M. Savimbi et le Président Dos Santos doit avoir lieu pour résoudre les questions en suspens et créer une atmosphère de confiance. M. Savimbi a manqué une importante occasion ne se rendant pas au sommet de la SADC le 2 octobre dernier. Le Royaume-Uni partage sur ce point la déception du Secrétaire général.

( suivre)

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M. Weston s'est prononcé pour une extension du mandat d'UNAVEM III jusqu'au 11 décembre 1996 seulement jusqu'au 11 décembre 1996. Il faut adresser aux parties un message clair sur la nécessité d'un progrès, a-t-il estimé.

M. NABIL EL ARABY (Egypte) a déclaré que la présence des Ministres des affaires étrangères des cinq pays d'Afrique australe au Conseil de sécurité marque l'intérêt considérable que ces pays ont pour le processus de paix en Angola. Il a regretté que l'UNITA ait manqué aux engagements pris dans le cadre du Protocole de Lusaka. Les engagements pris par l'UNITA sont claires et sans ambiguïté. Ceux relatifs au casernement et à la démobilisation doivent être honorés sans délai. Le représentant a également souligné l'importance du désarmement de la population civile.

C'est avec préoccupation que la délégation de l'Egypte a pris connaissance des faibles ressources dont dispose l'UNAVEM III. La volonté des pays d'Afrique australe de promouvoir la paix en Angola et dans toute la région est un exemple qu'il faut suivre et appuyer. Le représentant a souligné la nécessité de procéder sans délai au déminage et à la remise en état des routes en Angola. L'Egypte appuie le renouvellement pour une nouvelle période de deux mois du mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Angola. Cette Mission n'est pas une cause perdue, a souligné M. El Araby.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a partagé les inquiétudes formulées par les Ministres de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). En Angola, le processus complexe engagé depuis plusieurs années a été plusieurs fois interrompu. Tous les espoirs reposent aujourd'hui sur l'application pleine et entière du Protocole de Lusaka, signé par le Gouvernement angolais et l'UNITA le 15 novembre 1994. Pour soutenir ces espoirs, la communauté internationale a engagé des moyens très importants. L'Organisation a déployé dans le pays ce qui constitue aujourd'hui la plus grosse opération de maintien de la paix actuellement en activité. C'est la raison pour laquelle il est impératif que ces efforts aboutissent.

M. Dejammet s'est félicité des efforts dignes d'éloges déployés par le Gouvernement angolais pour accomplir, parfois en avance, les obligations qui lui incombaient en vertu du Protocole de Lusaka. Cette attitude n'a malheureusement pas été celle adoptée par l'UNITA. La France déplore vivement les retards répétés dans l'accomplissement par l'UNITA des obligations auxquelles elle a souscrit. Elle appelle une fois de plus le mouvement du docteur Savimbi à mettre en oeuvre prioritairement les obligations militaires qu'il s'est engagé à appliquer depuis de nombreux mois déjà. La France a certes pris note avec satisfaction des nouveaux engagements que vient de prendre l'UNITA pour s'acquitter de ses obligations. Elle espère vivement que ses espoirs ne seront pas une nouvelle fois déçus et que M. Savimbi en fera la démonstration dans les jours à venir.

( suivre)

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Pour toutes ces raisons, la France est favorable à ce que le Conseil renouvelle, pour une durée de deux mois, le mandat de l'UNAVEM III, qui demeure en Angola le garant de la paix et de la stabilité. Pour autant, elle souhaite également que le Conseil adresse, dans la résolution qu'elle devra adopter d'ici au 11 octobre, un avertissement sans ambiguïté à l'UNITA. La France est ainsi disposée à examiner favorablement les propositions qui lui ont été présentées par la délégation ministérielle de la SACD, notamment celles concernant l'avertissement sévère que constituerait la disposition à envisager, sous certaines conditions, l'imposition de sanctions. La France se ralliera à tout projet de résolution qui obtiendrait l'agrément des membres de la SACD, qui sont, au premier chef, intéressés au règlement définitif du conflit angolais.

M. JUAN LARRAN (Chili) a estimé que c'est parce que le processus de paix en Angola se trouve actuellement à un stade critique que les retards actuels dans la négociation politique suscitent de telles alarmes. Le Chili a noté avec une profonde préoccupation le rejet par l'UNITA de l'offre faite par le Président Dos Santos d'accorder à son chef l'une des deux vice-présidences. Le climat politique actuel met en danger l'opération de maintien de la paix des Nations Unies. Le "document de médiation" vient à point nommé pour rétablir la confiance. Le fait que les propositions aient été mal accueillies reflète un mépris inqualifiable face à l'effort du représentant spécial du Secrétaire général et des pays observateurs. Le Conseil doit adopter des mesures pour aider à organiser une réunion entre M. Savimbi et le Président Dos Santos.

Le représentant a rappelé qu'un financement est nécessaire pour poursuivre le processus de démobilisation. Il faut aussi que des bailleurs de fonds appuient les projets prioritaires qui devraient faciliter la réinsertion de nombreux réfugiés et anciens combattants.

M. ZBIGNIEW WLOSOWICZ (Pologne) a déploré que l'UNITA n'ait pas, à bien des égards, respecté ses obligations en vertu du Protocole de Lusaka. Il a regretté que le docteur Savimbi ait refusé d'accepter le poste de vice- Président et n'ait pas participé au dernier sommet de la SADC. De tels actes ne font que détériorer le climat de confiance, élément indispensable à la réussite de tout processus de paix. La Pologne craint que les actions de l'UNITA, outre qu'elles exposent le pays à des risques énormes, ne mènent la communauté internationale à remettre en question sa participation au processus de paix. Elle considère la participation des pays de la SADC dans le processus de paix en Angola comme un signe positif d'engagement régional en faveur de la promotion de la paix et de la réconciliation nationale dans des pays en proie à des conflits internes. La Pologne est prête à appuyer la proposition tendant à proroger le mandat de l'UNAVEM III de deux mois supplémentaires, espérant que le dirigeant de l'UNITA montrera son attachement sincère envers le processus de paix en s'acquittant de ses obligations s'agissant des aspects militaires du Protocole de Lusaka.

( suivre)

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M. GERARDO MARTINEZ BLANCO (Honduras) a exprimé sa préoccupation devant le manque de progrès réalisés dans l'application des dispositions du Protocole de Lusaka et du calendrier approuvé par les parties, ainsi que devant le manque de confiance qui règne entre le Gouvernement angolais et l'UNITA, facteurs qui menacent l'établissement d'une paix durable en Angola. La délégation du Honduras considère que la solution partielle des questions militaires et politiques en cours joue contre le processus de paix angolais. Elle est particulièrement inquiète du retard qui s'est manifesté dans le processus de cantonnement et de désarmement des forces de l'UNITA, dans l'incorporation de ces forces au sein des Forces armées d'Angola, dans l'application du programme national de démobilisation et de réintégration des ex-combattants, dans le désarmement de la population civile et le rétablissement de l'Administration d'Etat dans tout le pays, ainsi que par l'absence de solutions à certaines des questions politiques stipulées dans le Protocole de Lusaka.

Le Honduras estime que la situation en Angola est décourageante et que tant que les parties, et en particulier l'UNITA, n'appliqueront pas dans leur intégralité les dispositions du Protocole de Lusaka, les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et les engagements contractés à Libreville le 1er mars dernier, il n'y aura pas de paix en Angola. La délégation du Honduras en appelle aux dirigeants de l'UNITA à se conformer à leurs obligations et demande aux deux parties de se réunir le plus rapidement possible pour résoudre toutes les questions en suspens. Le Honduras en appelle à la communauté internationale et aux pays donateurs pour qu'ils maintiennent leur appui au processus de paix qu'ils aident à résoudre les contraintes résultant du processus de démobilisation. Il considère que la présence d'UNAVEM III continue à être nécessaire pour la consolidation du processus de paix et il y est disposé à proroger son mandat.

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M. JOSE LAMEGO, Vice-Ministre des affaires étrangères du Portugal, a déclaré que tout en se ralliant à la position de l'Union européenne, son pays souhaite formuler des remarques à titre individuel, non seulement en raison de son appartenance au groupe des Etats observateurs mais également en raison de l'engagement du Portugal en faveur du processus de paix et à l'égard de l'Angola lui-même. Le Portugal est préoccupé par l'absence de progrès significatifs dans la mise en oeuvre du processus de paix, causée par des retards constants et des promesses non tenues. Il est maintenant impératif que des signes positifs de volonté politique soient donnés en vue d'accélérer le processus. C'est pourquoi, le gouvernement du Portugal prie instamment l'UNITA d'intégrer dans les Forces armées angolaises le dernier groupe de ses généraux, et d'augmenter le nombre de ses soldats qui doivent joindre ces Forces. Ces mesures constitueront une action positive par l'UNITA mais elles doivent être suivies par l'accomplissement d'une série d'autres tâches, comme l'indique le "Document de médiation" élaboré par le Représentant spécial du Secrétaire général. En fait, l'UNITA et ses responsables doivent maintenant montrer à la communauté internationale qu'ils ne prennent pas simplement des mesures à la veille de l'adoption de résolutions du Conseil de sécurité, mais qu'ils s'engagent à mettre en oeuvre le Protocole de Lusaka en s'acquittant rapidement de leurs engagements.

Le Vice-Ministre a prié instamment l'UNITA de procéder, avant la fin du mois d'octobre, au retour à l'Assemblée nationale de tous ses députés élus. A cet égard, il a souligné l'importance et la légitimité du fonctionnement normal des institutions créées au lendemain des élections de 1992, jusqu'à ce que des conditions propices soient possibles pour tenir de nouvelles élections en Angola. En attendant, il est essentiel que la communauté internationale continue à contribuer à l'assistance en Angola. En même temps, les parties angolaises, responsables en premier lieu du succès de la mise en oeuvre du processus de paix, doivent montrer des signes clairs qu'elles méritent cette assistance. C'est pourquoi, le Portugal se félicite des efforts du Gouvernement de l'Angola visant à la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Il émet l'espoir que le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA S'acquitteront de leurs obligations dans un esprit de coopération. Faisant observer que l'UNAVEM III constitue un élément-clé dans le renforcement de la confiance entre les parties concernées et dans la promotion de la stabilité que les Angolais méritent à juste titre, M. Lamego a estimé qu'il est crucial de maintenir une présence des Nations Unies en Angola. Le Portugal continuera, pour sa part, à oeuvrer étroitement et dans un esprit d'unité avec ses partenaires de la Troïka des Etats observateurs en vue de faire du processus de paix en Angola une réalité.

M. IBRAHIM GAMBARI (Nigéria) a déploré regrettable que le processus de paix en Angola ne progresse que par à coups, du fait essentiellement de l'intransigeance dont l'UNITA n'a cessé de faire preuve. On en est au point que le Secrétaire général fait observer dans son dernier rapport que l'UNITA doit désormais décider si elle veut appliquer de bonne foi tous ses engagements. La communauté internationale, qui a investi des ressources

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considérables dans le processus de paix, peut légitimement insister pour que rien ne puisse menacer les résultats considérables déjà obtenus. Se préoccupant du blocage actuel, le représentant a déploré l'absence de M. Savimbi lors du sommet de la DASC du 2 octobre. Il a prié M. Savimbi de prendre des mesures d'urgence pour appliquer ses engagements et souhaité que se tienne au plus tôt une réunion entre le chef de l'UNITA et le Président Dos Santos.

Tout en pensant qu'il faut continuer à faire pression sur l'UNITA pour l'amener à respecter ses engagements, le représentant a demandé qu'on accorde davantage de temps pour que les dirigeants de l'UNITA puisse convaincre la communauté de leur désir de paix. Faute de quoi le Nigéria soutiendrait les nouvelles mesures proposées par la SADC, notamment la stricte application par les Etats Membres des dispositions prévues à la section B de la résolution 864.

M. Gambari a déclaré que, bien que son pays ne soit généralement pas favorable au renouvellement de mandats pour une courte période, il comprend pourquoi le Secrétaire général propose de renouveler celui de l'UNAVEM III pour seulement deux mois, de manière à continuer d'exercer une pression sur les parties.

M. PETER L. KASANDA (Zambie) a souligné que la communauté internationale doit exhorter M. Savimbi et les autres dirigeants de l'UNITA à montrer plus de détermination pour mettre en oeuvre les engagements pris en vertu du Protocole de Lusaka. Il a estimé, par ailleurs, que le moment est venu de renforcer dans leur ensemble les mesures que le Conseil avait prises pour garantir le respect du processus de paix par l'UNITA. Les questions restées en suspens peuvent être résolues si la communauté internationale s'assure la pleine coopération de l'UNITA, a poursuivi le représentant, tout en soulignant qu'avec la volonté politique nécessaire, l'UNITA pourrait remplir ses quotas dans l'armée nationale angolaise en cours de création.

En dépit de l'absence inexpliquée de M. Savimbi du Sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe sur l'Angola qui a eu lieu le 2 octobre dernier, les pays de la Communauté poursuivront leurs efforts pour garantir une paix durable en Angola, a assuré le représentant. Il a, en outre, souhaité la tenue d'une réunion entre le Président de l'UNITA et le Président angolais. Cette réunion dynamisera le processus de paix en instaurant la confiance entre Angolais dans leurs efforts de réconciliation nationale, conformément au Protocole de Lusaka.

M. SLAHEDDINE ABDELLAH (Tunisie) a déploré que le processus de paix continue d'accuser des retards dans l'achèvement des étapes finales du Protocole de Lusaka, créant une situation inquiétante quant à la consolidation des progrès réalisés jusqu'ici et à la poursuite des actions nécessaires au retour à la normale dans le pays. Il a souligné que la volonté politique des deux parties de faire progresser la mise en oeuvre du Protocole constitue un

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élément fondamental dans ce processus et que le renforcement de la confiance entre elles s'avère plus nécessaire que jamais pour l'achèvement, dans les meilleurs délais possibles, des étapes qui restent à franchir. La Tunisie se félicite des efforts des pays de la SADC qui ont tenté, il y a dix jours, d'arranger une rencontre entre le Président dos Santos et le docteur Savimbi à l'occasion du Sommet des Etats de l'Afrique australe. Elle regrette que le docteur Savimbi n'ait pas cru devoir assister à ce sommet, ce qui a fait rater une précieuse opportunité pour trouver des solutions aux problèmes encore en souffrance.

Il est particulièrement urgent que l'UNITA fasse preuve d'une volonté sincère et résolue de remplir tous les engagements qu'elle a pris, notamment en ce qui concerne l'envoi immédiat de tous ses généraux à Luanda en vue de leur intégration aux forces armées angolaises, le retour des déserteurs dans les zones de cantonnement et la sélection rapide de ses soldats devant être incorporés aux forces armées angolaises. A cet égard, la Tunisie estime qu'une rencontre, le plus tôt possible, entre le Président dos Santos et le docteur Savimbi serait d'une grande utilité pour aplanir les difficultés et dissiper les doutes qui continuent d'entraver l'application complète du Protocole. Elle apporte son soutien à l'action entreprise par les pays de la SADC en émettant l'espoir que le Conseil de sécurité prendra les mesures adéquates pour amener l'UNITA à honorer ses engagements afin de permettre la pleine application du Protocole de Lusaka et l'instauration d'une paix durable en Angola et de la stabilité dans la région. La poursuite et l'intensification des efforts diplomatiques et humanitaires constituent elles aussi, aux yeux de la Tunisie, des conditions nécessaires pour l'amélioration de la situation et l'atténuation des tensions en Angola. De même, la communauté internationale est appelée à accroître son assistance à ce pays, compte tenu des besoins pressants relatifs au relèvement et à la reconstruction du pays. Les organisations humanitaires méritent elles aussi d'être vivement encouragées et appuyées dans les efforts qu'elles mènent dans ce contexte.

M. J. H. F. CAMPBELL (Irlande), au nom de l'Union européenne, de Chypre, de la République tchèque, de l'Estonie, de la Hongrie, de l'Islande, de Malte, de la Norvège, de la Roumanie et de la Slovénie, a demandé le respect de tous les engagements pris en applications des Accords de paix, du Protocole de Lusaka et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. L'Union européenne rappelle en particulier à l'UNITA que le casernement des troupes, leur démobilisation et leur désarmement, ainsi que leur insertion dans les forces armées angolaises constituent des éléments essentiels, du processus de paix. Ces tâches doivent être complétées immédiatement. Cela inclut le retour des déserteurs dans les zones de casernement.

Le représentant s'est dit inquiet à la lecture du rapport du Secrétaire général. Il est clair que le processus de paix est nettement en retard et que le manque de confiance réciproque entre le gouvernement et l'UNITA continue de menacer l'achèvement de la paix. M. Campbell a lancé un ardent appel à

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l'UNITA et à son chef pour qu'ils répondent plus rapidement aux demandes de leur propre peuple et de l'ensemble de la communauté internationale. Le débat le montre : c'est clairement l'UNITA qui porte la responsabilité des problèmes actuels et l'Union européenne et les Etats associés suivront attentivement toute action que le Conseil de sécurité pourrait décider à cet égard.

M. Campbell a déclaré que l'Union européenne continuera d'apporter une importante aide humanitaire. Mas elle s'inquiète des récents incidents dans lesquels des organisations humanitaires ont été touchées. La sécurité de tout le personnel international doit être garantie. Le représentant s'est également dit très inquiet des obstacles opposés par l'UNITA aux opérations de déminage. Il a estimé que le processus de paix ne réussira que si les dirigeants angolais eux-mêmes ont la volonté politique d'honorer leurs obligations et engagements: il est essentiel qu'ils considèrent la consolidation de la paix comme l'objectif essentiel.

M. PRAKASH SHAH (Inde) a déclaré que l'UNAVEM III est la preuve de l'engagement des Nations Unies en faveur de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Comme l'indique le Secrétaire général dans son rapport, la situation en Angola s'est détériorée et les progrès réalisés en vue de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka ont été décevants. L'extension de l'administration nationale à l'ensemble du pays, le retour des députés de l'UNITA à l'Assemblée nationale, la formation d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationales sont des domaines importants où les progrès sont nécessaires. De l'avis de la délégation indienne, le dialogue entre les parties concernées constitue le meilleur moyen pour régler ces questions. Elle se félicite de l'initiative prise par la Communauté de développement de l'Afrique australe visant à convoquer le Sommet de Luanda, le 2 octobre dernier auquel le responsable de l'UNITA était invité. Elle regrette vivement le refus d'y participer. M. Shah a émis l'espoir qu'une rencontre entre le Président Dos Santos et M. Savimbi pourra avoir lieu dans un proche avenir.

En contribuant plus de 1 100 soldats à l'UNAVEM III, l'Inde montre qu'elle souhaite la paix et la stabilité en Angola. M. Shah a espéré que la communauté internationale continuera à se montrer ferme dans sa volonté de rétablir la paix en Angola.

M. DATO ABDULLAH AHMAD (Malaisie) s'est dit inquiet des menaces qui pèsent sur le processus de paix, malgré les efforts des Nations Unies et des Etats de la région. Il est indispensable que les parties concernées respectent les engagements pris à Lusaka pour aboutir à la réconciliation nationale. Le délégué a invité tout particulièrement l'UNITA à contribuer au succès du processus. La formation d'un gouvernement d'unité nationale et de réconciliation doit demeurer l'objectif des parties, a estimé le représentant. La Malaisie, qui participe depuis 1991 à la Mission des Nations Unies en Angola, apportera son soutien à tous les efforts du Conseil de sécurité pour parvenir à la réconciliation nationale et à l'unité.

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M. ABDALLAH BAALI (Algérie) a réaffirmé que l'Algérie ne peut qu'appuyer avec fermeté l'initiative prise par les pays membres de la SADC de saisir directement l'organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité internationales et faire siennes leurs analyses ainsi que leurs propositions et recommandations visant à assurer le retour de la paix et de la stabilité dans ce pays frère. Il a déploré que la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka risque d'être gravement compromise par la persistance des retards. Les perspectives politiques deviennent donc incertaines d'autant que grandissent de jour en jour les doutes et la méfiance quant aux intentions réelles des dirigeants de l'UNITA.

Comme le constate le Secrétaire général dans ce même rapport, les défis lancés actuellement au processus de paix en Angola, se résument essentiellement aux promesses non tenues par l'UNITA. Face au rythme extrêmement lent du processus de paix, la délégation algérienne ne peut, dès lors, que craindre de voir les efforts déployés et les sacrifices consentis pour asseoir les bases d'un règlement politique définitif de cette crise, remis en cause du fait de la prolongation de la situation de ni guerre ni paix que connaît le pays et dont la responsabilité est à imputer aux dirigeants de l'UNITA. Selon M. Baali, la communauté internationale a dès lors l'obligation d'agir avec diligence et détermination dans l'examen des questions demeurées en suspens et de prendre les mesures qu'impose la gravité de la situation.

M. CELSO AMORIM (Brésil), renouvelant l'engagement de son pays en faveur du processus de paix en Angola, a expliqué que la participation du Brésil à UNIVEM III, en tant que plus grand pays contributeur de troupes, témoigne de son long engagement en faveur de l'Angola et de son peuple, fondé sur des racines culturelles et historiques communes. Le représentant a rappelé la proposition faite par le Sommet de la Communauté pour le développement des pays d'Afrique australe au Conseil de sécurité concernant l'adoption de mesures qui, dans le cadre de la résolution 864 (1993), obligeront l'UNITA à respecter pleinement et de manière urgente les dates limites d'application du protocole de Lusaka arrêtés par le Conseil. Cette proposition, a souligné le représentant, mérite un examen sérieux, étant donné l'absence de progrès dans le processus de paix. Commentant le rapport du Secrétaire général sur la situation en Angola, le représentant a déclaré que la prorogation proposée d'UNAVEM III pour une courte période de deux mois témoigne de la frustration de la communauté internationale à la suite des retards systématiques, imputables particulièrement à l'UNITA. La situation en Angola est arrivée à une phase critique et il revient au Conseil de mettre au point les instruments appropriés pour que le processus de paix emprunte une voie plus constructive.

M. JOSE LUIS BARBOSA LEAO MONTEIRO (Cap Vert) a déclaré que le processus de paix a en Angola a obtenu des succès non négligeables, dont il faut se réjouir. Toutefois, ces progrès sont insuffisants et inconstants, les résultats sont précaires, la cadence irrégulière et trop faible. Il y a des retards à rattraper. Il faut consolider la confiance entre les parties. Il est juste de féliciter le gouvernement angolais et de l'encourager, comme il est

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juste de prendre maintenant des mesures pour pousser vigoureusement l'UNITA à accomplir ses engagements. Le représentant a souhaité que le Conseil de sécurité, saisi de propositions à cette fin, puisse les adopter par consensus et les appliquer.

Le représentant a regretté l'absence de M. Savimbi lors de la réunion du 2 octobre de la SADC sur l'Angola et a émis l'espoir qu'une prochaine rencontre entre ce dernier et le Président Dos Santos constituera une étape, peut-être l'étape décisive, dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. La sagesse recommande toutefois de ne pas simplement espérer, mais de faire en sorte d'éviter le pire.

Le représentant a souligné l'importance de mener à bien la démobilisation des combattants et leur réintégration sociale, de même que de faciliter la réintégration des réfugiés et des personnes déplacées. Des promesses d'un appui international ont été faites, notamment lors de la Table ronde de Bruxelles. Les concrétisations restent toutefois pour le moins décevantes. Il faut combattre l'attitude qui consisterait à soumettre la fourniture de ces financements à une complète normalisation préalable. Ce serait commettre une erreur aux lourdes conséquences : l'appui financier, technique et matériel doit toujours accompagner les efforts de paix, auxquels ils servent de levier.

M. RODRIGO CARRERAS, Vice-Ministre des affaires étrangères du Costa Rica, s'est déclaré est préoccupé par les retards considérables pris dans la mise en oeuvre des dispositions du protocole de Lusaka plus particulièrement par l'attitude de l'UNITA et l'absence de M. Savimbi au Sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe, tenu le 2 octobre dernier à Luanda.

L'Amérique centrale, qui a connu des conflits de caractère socio-économique, a appris d'expérience qu'aucun processus de paix ne peut parvenir à son objectif si les parties ne manifestent pas leur attachement aux accords conclus. Le Costa Rica demande instamment aux parties concernées, en particulier à l'UNITA, de trouver une solution aux problèmes actuels, notamment par le biais de mesures concrètes et résolues, de manière à ce que le Protocole de Lusaka puisse être mis en oeuvre.

M. DAVID RUBADIRI (Malawi) s'est déclaré préoccupé par l'image sombre que présente la situation en Angola et qui est confirmée par le rapport du Secrétaire général. La résistance de M. Jonas Savimbi et de l'UNITA à mettre en oeuvre le Protocole de Lusaka attriste le Malawi et tous les autres pays de la région. Rappelant que son pays a participé au Sommet qui s'est tenu la semaine dernière à Luanda, le représentant a souscrit pleinement à toutes dispositions du Communiqué publié à la clôture de ce sommet. Il est particulièrement regrettable que M. Savimbi n'ait pas pris part à ce Sommet. M. Rubadiri espère que le Conseil de sécurité tiendra compte des inquiétudes exprimées clairement dans le Communiqué. Le Conseil de sécurité doit adresser

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un message à M. Savimbi et à l'UNITA pour leur dire clairement et énergiquement que la communauté internationale ne tolérera plus leur intransigeance. Hier, le Ministre des affaires étrangères du Malawi a invité M. Savimbi à assurer une mise en oeuvre rapide du Protocole de Lusaka. Aujourd'hui, la délégation du Malawi réitère cet appel pour faire écho aux pleurs d'un peuple luttant pour la paix. Le Conseil de sécurité est prié d'examiner la situation en Angola pour se souvenir du rôle que jouent le représentant spécial du Secrétaire général pour l'Angola, le personnel de l'UNAVEM et le personnel humanitaire pour contenir la violence. L'Angola est un joyau de l'Afrique australe, région qui oeuvre avec ardeur pour servir d'exemple de paix, de bonne administration et de stabilité régionale. Seule une paix durable permettra à la région de réaliser son rêve de paix et de développement, à la veille du siècle prochain.

M. ALVARO SEVILLA SIERO, Vice-Ministre des relations extérieures du Nicaragua, a estimé que lorsque la volonté politique de négocier existe, aucune initiative ne peut réellement échouer. L'on pourrait très bien estimer que les Nations Unies doivent se retirer d'Angola et que le mandat d'UNAVEM III ne doit pas être prorogé au-delà de janvier 1997, a déclaré le Vice-Ministre. Mais, a-t-il poursuivi, le Nicaragua estime que si la communauté internationale se trompait en prenant une telle décision, cela reviendrait non seulement à anéantir d'un coup les résultats accomplis mais pire encore, à s'aliéner la possibilité de soulager les souffrances du peuple angolais. Le Nicaragua sait fort bien qu'il n'est pas facile de réconcilier des positions qui paraissent être très souvent irréconciliables. Le Gouvernement angolais comme l'UNITA sont pleinement conscients du fait que la voie vers la paix, la réconciliation et la démocratie sont la seule option des nations pauvres pour parvenir à la prospérité. Il n'y a pas d'autre option que la négociation, a déclaré M. Sevilla Siero qui a souligné la nécessité de renforcer les mesures de confiance.

Le Vice-Ministre s'est dit gravement préoccupé par la situation militaire. Tant que les dispositions du Protocole de Lusaka ne seront pas respectées, dans le cadre du calendrier établi par la Commission conjointe, la pacification totale du pays sera impossible. Il faut parvenir à un respect plus strict du cessez-le-feu, du cantonnement des troupes militaires de l'UNITA et de l'incorporation de leurs cadres dans les forces armées nationales. Le Vice-Ministre a lancé un appel aux parties pour qu'elles réfléchissent une fois encore sur la crise économique et sociale que traverse l'Angola. Personne, a-t-il dit, ne peut gouverner un pays sans la collaboration du peuple. Il importe que les dirigeants de l'UNITA, tout particulièrement, s'intègrent au processus de paix.

M. NSANZE TERENCE (Burundi) a déclaré qu'en dépit de la crise grave que son pays traverse, le Burundi a suivi avec intérêt l'évolution de la situation en Angola. Il a mis en exergue l'importance toute particulière du Protocole de Lusaka signé en 1994. Le représentant a souligné que la noble mission accomplie par le Représentant spécial du Secrétaire général, M. Alioune

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Blondin Beye, a été essentielle en Angola. Le gouvernement du Burundi se rallie à la communauté internationale pour lancer un appel pressant aux responsables de l'UNITA afin qu'ils s'acquittent des engagements pris librement dans le cadre des Accords de paix. Il importe au Conseil de sécurité d'assumer ses responsabilités en enjoignant aux parties concernées de mettre en oeuvre les dispositions essentielles du Protocole de Lusaka. Soucieux de rétablir la paix et la sécurité, le Burundi s'est engagé avec tous les groupes du pays à rechercher une solution à leurs divergences. Il appartient au Conseil de sécurité d'amener les parties concernées à se conformer pleinement aux résolutions pertinentes.

M. BRUNO RODRIGUEZ PARRILLA (Cuba) a jugé inadmissible que l'UNITA ne respecte pas les dispositions du Protocole de Lusaka. Il a jugé déplorable que M. Savimbi n'ait pas participé au sommet de la Communauté de développement de l'Afrique australe qui s'est tenu le 2 octobre dernier et a estimé que cela est la preuve, s'il en faut, du manque de volonté politique des dirigeants de ce parti de parvenir à une solution négociée du conflit. Cuba réaffirme son appui total au Gouvernement angolais et rappelle que la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de l'Angola doivent être respectés.

M. Rodriguez Parrilla a par ailleurs rappelé qu'UNAVEM III est actuellement la plus grande opération de maintien de la paix de l'Organisation et qu'elle nécessite des ressources financières et humaines considérables. Or, a poursuivi le représentant, l'UNITA a failli à ses engagements et met en danger le processus de paix. Ce manque de volonté politique flagrant doit être sanctionné par la communauté internationale avec toute la rigueur nécessaire, a-t-il dit, en souhaitant que le mandat d'UNAVEM III soit révisé. En effet, a expliqué le représentant, le Conseil ne peut se contenter de proroger indéfiniment le mandat d'UNAVEM alors que l'UNITA continue de violer de manière irresponsable le processus de paix. La prorogation éventuelle du mandat de la Mission dépend, pour Cuba, de la contribution politique de l'UNITA. Cuba souhaite que le Conseil de sécurité prenne des mesures énergiques face à la violation flagrante de ses résolutions. Tout atermoiement ou omission de la part du Conseil pourrait être mal interprété et remettrait en question sa crédibilité et la cohérence de ses actions, a conclu M. Rodriguez Parrilla.

M. MOCTAR OUANE (Mali) a déclaré que depuis la dernière réunion du Conseil consacrée à l'Angola, en juillet, la situation en Angola est dominée par une certaine léthargie et des retards dans la mise en oeuvre du processus de paix. Toutefois, le cessez-le-feu est effectif et des efforts louables ont été entrepris entre les parties angolaises. Mais la paix n'est pas l'absence de guerre et le processus de paix reste fragile et menacé. Toutes les parties angolaises doivent rompre avec la stratégie des promesses non tenues et le Conseil de sécurité doit prendre toutes les mesures nécessaires pour faire avancer le processus de paix, auquel le Mali apporte tout son soutien.

( suivre)

- 24 - CS/737 10 octobre 1996

M. PERCY MANGOAELA (Lesotho) a déclaré que le rapport du Secrétaire général jette un doute sur l'engagement de l'UNITA en faveur du processus de paix. Pour le Lesotho, le Protocole de Lusaka reste la seule structure valable pour satisfaire les aspirations à la paix du peuple angolais. Toute violation de ses dispositions met le processus de paix en danger. La lenteur du processus et le blocage apparent sont inquiétants.

Le représentant a rappelé que le Conseil de sécurité reste le seul gardien de la paix et de la sécurité internationales. Il a rappelé la récente mise en garde de son pays contre toute sélectivité régionale dans le degré d'attention accordé aux crises internationales. Les initiatives d'organisations régionales ou continentales ne doivent pas être interprétées comme permettant au Conseil de se décharger de sa responsabilité globale. Il appartient donc au Conseil d'adopter d'urgence des mesures dans le cadre défini par la résolution 864 pour contraindre l'UNITA à respecter rapidement et complètement le calendrier fixé.

M. Mangoaela a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle fournisse à l'UNAVEM III les moyens humains, matériels et financiers nécessaires à l'accomplissement de son mandat. Il a également demandé aux pays donateurs de continuer à fournir le soutien nécessaire à la démobilisation et à la réinsertion des anciens combattants dans la vie civile conformément aux engagements qu'ils ont pris lors de la Table ronde de Bruxelles.

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( suivre)

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