SG/SM/6046

ALLOCUTION PRONONCEE PAR LE SECRETAIRE GENERAL DEVANT LA QUARANTE-NEUVIEME CONFERENCE ANNUELLE DEPARTEMENT DE L'INFORMATION/ONG

19 septembre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6046
PI/963


ALLOCUTION PRONONCEE PAR LE SECRETAIRE GENERAL DEVANT LA QUARANTE-NEUVIEME CONFERENCE ANNUELLE DEPARTEMENT DE L'INFORMATION/ONG

19960919 On trouvera ci-après le texte de l'allocution prononcée par le Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali, le 10 septembre, devant la quarante-neuvième Conférence annuelle organisée par le Département de l'information à l'intention des organisations non gouvernementales :

"Je suis très heureux de vous accueillir à la quarante-neuvième Conférence organisée par le Département de l'information à l'intention des organisations non gouvernementales, que vous soyez ici en qualité de participant ou d'observateur.

J'attache une grande importance à cette manifestation annuelle. Chaque année, nous nous réunissons pour partager nos préoccupations, mettre en commun nos expériences, aborder de nouvelles questions et relever de nouveaux défis. Par-dessus tout, la Conférence met en lumière le succès de la collaboration entre l'ONU et les organisations non gouvernementales dans le monde entier. L'ONU attache un très grand prix à votre dévouement, à vos idées et à votre savoir-faire.

La communauté internationale est de plus en plus consciente du fait que les organisations non gouvernementales ont un rôle essentiel à jouer à l'échelle mondiale.

Pour ma part, je soutiens depuis longtemps que vous devez vous sentir chez vous à l'ONU.

Dans cette perspective, je suis heureux de vous informer que le Centre d'information Département de l'information/ONG sera réinstallé dans les locaux du Secrétariat dès que possible.

Cette décision illustre, de manière très concrète, ma détermination de collaborer étroitement avec les ONG pour résoudre les problèmes et atteindre les objectifs qui nous sont communs.

Je suis fermement décidé à explorer les moyens d'approfondir et d'élargir notre partenariat. Nous avons déjà beaucoup accompli dans ce domaine.

- 2 - SG/SM/6046 PI/963 19 septembre 1996

La consultation est devenue une pratique normale. Aujourd'hui, les organismes des Nations Unies et les ONG travaillent constamment ensemble sur le terrain. Tout le monde peut constater que les organisations non gouvernementales jouent un rôle crucial lors des conférences des Nations Unies. Enfin, leur contribution, leurs observations et leurs recommandations constituent un élément important dans le processus de prise de décisions à l'ONU.

Aujourd'hui, nous devons tirer parti de nos succès pour aller plus loin, renforcer notre collaboration et renouveler le cadre institutionnel de notre partenariat.

Pour atteindre ces objectifs, nous devons procéder à des réformes en faisant preuve de persévérance et d'imagination. Les changements nécessaires prendront un certain temps. Ils ne pourront se faire sans l'appui, les propositions et la participation des États Membres.

Cette conférence a lieu au moment où l'ONU traverse une crise financière sans précédent, doit faire face à une restructuration rapide et suscite un débat concernant son rôle et ses responsabilités de demain. L'Organisation doit se préparer à relever les défis de l'avenir et les travaux des cinq groupes de travail à composition non limitée de l'Assemblée générale constituent à cet égard une aide précieuse.

Au cours des trois prochains jours, les informations que vous recevrez de première main vous permettront de constater que les groupes de travail ont considérablement progressé, chacun dans son domaine — réforme du Conseil de sécurité, Agenda pour la paix, Agenda pour le développement, situation financière et renforcement du système des Nations Unies.

Tout au long de ce processus, la nécessité d'approfondir le dialogue et la coopération entre les organismes des Nations Unies et les ONG a été de mieux en mieux reconnue.

En particulier, le Groupe de travail sur le renforcement du système a suggéré que l'on envisage de créer un "forum de la société civile", proposition audacieuse et novatrice. Les représentants des ONG disposeraient ainsi d'une tribune où ils pourraient mieux faire entendre leur voix. Les liens entre les ONG et le système des Nations Unies seraient encore plus étroits. Cette proposition mérite un examen plus détaillé de la part des États Membres durant la cinquante et unième session de l'Assemblée générale.

Nous pouvons aller encore plus loin. Il est possible et fort souhaitable de renforcer de bien des manières la coopération entre l'ONU et les ONG.

Aujourd'hui, je souhaiterais appeler votre attention sur deux domaines dans lesquels nous pouvons progresser : l'élaboration des politiques et les activités opérationnelles.

Examinons en premier lieu l'élaboration des politiques.

- 3 - SG/SM/6046 PI/963 19 septembre 1996

Si l'ONU et les ONG souhaitent établir un véritable partenariat, ils ne doivent pas se contenter de coopérer étroitement sur le terrain. Il faut que les ONG participent activement au processus d'élaboration des politiques, à un stade aussi précoce que possible. Cela ne peut se faire sans l'assentiment et l'appui des États Membres. Néanmoins, je tiens à étudier de nouvelles modalités qui leur permettraient d'apporter une contribution directe et visible à l'élaboration des politiques de l'ONU, dès les premiers stades. Votre avis m'est très précieux et je vous encourage à l'exprimer.

La participation des ONG aux dernières conférences mondiales des Nations Unies sur la population, le développement, les femmes et les établissements humains a constitué un précédent essentiel pour l'avenir.

Habitat II, par exemple, a encouragé les ONG nationales et internationales, les autorités locales et le secteur privé à contribuer le plus largement possible à ses travaux. Les organisations non gouvernementales ont joué un rôle déterminant dans la planification de cette conférence et la mise au point de son ordre du jour.

Pour tirer parti de cette expérience, nous devrions peut-être réexaminer les procédures actuelles et étudier de nouvelles modalités de participation.

La récente révision des dispositifs de consultation entre le Conseil économique et social et les ONG vient à point nommé et constitue un important pas en avant. La résolution 1996/31 est l'aboutissement de plus de deux ans et demi de travail au niveau intergouvernemental. Je me félicite des principales recommandations qui y sont formulées. Il est essentiel que l'ONU favorise la participation des ONG de toutes les régions et élargisse les attributions du Comité des ONG.

Le Conseil économique et social a également recommandé à l'Assemblée générale d'entreprendre, à sa cinquante et unième session, un examen d'ensemble de la participation des ONG à tous les domaines d'activité de l'ONU. J'approuve cette recommandation.

Examinons maintenant la question des activités opérationnelles.

La coopération sur le terrain est déjà solidement établie. Partout dans le monde, les organismes des Nations Unies et les ONG travaillent la main dans la main pour fournir à la population des produits de première nécessité et des services de base, et pour lui apporter une assistance humanitaire vitale. Le personnel des ONG ne ménage pas ses efforts pour appuyer l'action des Nations Unies en faveur de la paix et du développement.

Dans ce contexte, je souhaite vous faire part de l'une de mes principales préoccupations, qui tient au fait que les ONG du Nord sont beaucoup plus influentes et actives que celles du Sud.

- 4 - SG/SM/6046 PI/963 19 septembre 1996

Point n'est besoin de vous rappeler que les ONG restent, dans une large mesure, un produit des pays développés. Nous ne devons pas permettre que le mouvement des ONG ne serve qu'à mieux illustrer la division Nord-Sud.

Les organisations non gouvernementales du Sud n'ont généralement pas les fonds nécessaires pour envoyer des représentants aux grandes conférences internationales. Elles manquent souvent des compétences et des structures nécessaires pour imposer leurs vues à l'attention. Dans bon nombre de cas, non seulement elles ne bénéficient pas de l'appui de leur gouvernement, mais elles doivent aussi lutter pour surmonter la suspicion et la résistance que soulèvent leurs activités.

Nous devons, de toute urgence, nous attaquer à ce problème.

À moins que les gouvernements et les dirigeants d'ONG du monde en développement comme du monde développé ne prennent ce problème au sérieux — et ne s'appliquent à le résoudre — l'ensemble des pays en développement, et en particulier l'Afrique, se verront affligés d'un handicap supplémentaire.

Chacun de nous se doit d'encourager les ONG du monde en développement et d'appuyer leur action. Nous ne devons pas commettre l'erreur de favoriser, dans les pays les moins avancés, une dépendance néfaste vis-à-vis des ONG internationales. Nous devons en effet reconnaître qu'à long terme, une intervention active des organisations locales, pleinement sensibles aux problèmes qui se posent sur le terrain, constitue la réponse la plus appropriée aux besoins locaux.

Pour conclure, je souhaite vous mettre en garde. Les propositions que je viens d'énumérer comportent certaines incidences en matière d'organisation et de financement.

Tout en encourageant le renforcement de la coopération et la participation des ONG, nous devons veiller à ce que le système des Nations Unies ne soit pas submergé par les demandes concurrentes de milliers d'organisations. Nous devons constamment nous assurer que nos interlocuteurs sont légitimes et responsables. Nous devons mettre au point des règles régissant la participation des ONG aux activités du système et faire en sorte qu'elles soient intégralement et équitablement appliquées.

Les choses ne peuvent changer en un seul jour. Je vous demande d'être patients et réalistes lorsque vous définissez vos objectifs. L'ONU et les ONG ont déjà accompli une tâche immense. Les organisations non gouvernementales ont un rôle crucial à jouer au niveau de l'élaboration des politiques et des activités opérationnelles de l'ONU. Nous travaillerons ensemble pour élargir ce rôle, jour après jour.

Cette conférence annuelle témoigne de votre statut et de votre influence. Pour aller plus loin, il faudra introduire des réformes de détail, soigneusement calibrées. Je suis déterminé à favoriser ce processus de réforme dans chaque cas possible.

J'espère que chacun d'entre vous trouvera profit et plaisir à cette conférence.

* *** *

À l’intention des organes d’information. Document non officiel.