SG/SM/6045

À L'OCCASION DU PREMIER ANNIVERSAIRE DE LA CONFÉRENCE DE BEIJING LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEMANDE QUE L'ONU DONNE UN SENS CONCRET À L'ÉGALITÉ DES CHANCES

13 septembre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6045
WOM/921


À L'OCCASION DU PREMIER ANNIVERSAIRE DE LA CONFÉRENCE DE BEIJING LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEMANDE QUE L'ONU DONNE UN SENS CONCRET À L'ÉGALITÉ DES CHANCES

19960913 On trouvera ci-après le texte du discours prononcé le 9 septembre, au Siège par le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, à l'occasion de la manifestation spéciale organisée par le Département de l'information pour célébrer le premier anniversaire de la quatrième Conférence mondiale sur les femmes :

Il y a un an, des femmes venues du monde entier se réunissaient à Beijing pour la quatrième Conférence mondiale sur les femmes. C'était l'aboutissement de décennies de lutte, du mouvement des femmes et de l'Organisation des Nations Unies, pour rendre les femmes autonomes partout dans le monde. Une étape importante avait été franchie sur la longue route qui mène à l'égalité, au développement et à la paix.

Chacun d'entre nous, ceux qui sont présents ici et tous ceux qui n'ont pu se joindre à nous, doit être reconnaissant au Gouvernement chinois d'avoir accueilli la plus grande Conférence de l'histoire des Nations Unies et d'en avoir fait un tel succès.

Aujourd'hui, nous honorons les pionniers de la promotion de la femme dont le travail acharné, à l'ONU et dans les organisations non gouvernementales, a rendu possible le succès de Beijing.

Je salue celles qui ont été à l'avant-garde du mouvement des femmes, dont beaucoup se trouvent parmi nous.

Je rends hommage à la mémoire des femmes qui ne sont plus là mais qui ont toujours su que leurs efforts profiteraient aux générations futures.

Je salue les villes de Mexico, Copenhague, Nairobi et Beijing qui ont accueilli les Conférences mondiales sur les femmes.

Et je m'engage à tout mettre en oeuvre pour que le Programme d'action et la Déclaration de Beijing soient appliqués dans les faits.

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Aujourd'hui, alors que vous évaluez les progrès accomplis et le chemin parcouru depuis Beijing, je voudrais vous faire part de mes réflexions sur ce qui reste à faire pour donner aux femmes leur autonomie.

Trois questions semblent particulièrement importantes : la première concerne les femmes dans les conflits, la deuxième la responsabilisation des femmes dans la société et la troisième, les femmes dans le monde du travail.

Les femmes dans les conflits

Les conflits civils et les affrontements qu'ils suscitent, en augmentation constante, font de plus en plus de victimes parmi les femmes et les enfants. Les femmes et les enfants sont aussi les plus nombreux à être tués par des mines terrestres. Longtemps en butte aux inégalités et aux pratiques abusives, les femmes comptent désormais parmi les principales victimes de la guerre.

Cependant, les femmes ne doivent pas être considérées avant tout comme des victimes car tel n'est pas le cas. Elles se sont révélées être la force de paix la plus importante et au Libéria pour ne citer qu'un exemple très connu, les espoirs de paix les plus solides reposent sur une femme, Mme Ruth Perry. Les femmes ont montré qu'elles étaient capables d'empêcher les conflits, de rétablir la paix et d'aider à la reconstruction de sociétés dévastées par les guerres.

J'ai récemment chargé Mme Graça Machel d'établir un rapport sur la situation des enfants et des femmes dans les conflits.

Responsabilisation des femmes dans la société

Malgré les progrès accomplis ces dernières années, il reste beaucoup à faire, non seulement sur le front juridique, mais aussi sur les fronts de la santé, de l'enseignement, des soins maternels et de la planification familiale. L'accès à l'éducation et à l'information sur les droits des femmes s'est révélé indispensable à leur responsabilisation mais là aussi, il faut encore beaucoup d'efforts pour amener les femmes à connaître leurs droits et pour que ces droits soient respectés par tous.

Je voudrais souligner tout particulièrement l'importance de l'habilitation des femmes dans les régions rurales, où leur contribution à la production, leur rôle de soutien familial en font un élément essentiel du tissu social. Malheureusement, cette question n'est pas traitée avec toute l'attention voulue.

On pourrait utiliser beaucoup mieux les campagnes de sensibilisation du public. C'est à vous, organisations non gouvernementales, représentants des gouvernements et fonctionnaires de l'Organisation des Nations Unies, qu'il appartient d'agir en ce sens. Et c'est ensemble que nous pouvons façonner l'opinion publique et contribuer à l'instauration d'un monde meilleur.

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Les femmes dans le monde du travail

Malgré des progrès notables dans toutes les sociétés, nous sommes encore loin d'avoir atteint l'objectif de l'égalité des chances sur le marché du travail et de l'égalité des salaires. Beaucoup d'efforts seront encore nécessaires.

À l'ONU, nous joignons les actes à la parole. Une action concertée a permis d'accroître la proportion de postes occupés par des femmes dans l'Organisation, qui s'élève maintenant à 35 %.

Le "Plan stratégique pour l'amélioration de la situation des femmes au Secrétariat" a fixé à 50 % l'objectif à atteindre d'ici à l'an 2000, soit 25 % de plus que ce que l'on croyait possible auparavant. Je félicite le Département de l'information qui a atteint le chiffre de 50 % que j'avais fixé pour l'emploi des femmes. Mais l'égalité d'accès à l'emploi comporte aussi une dimension qualitative et encore trop peu de femmes occupent des postes de rang élevé même si leur nombre est en augmentation.

Il n'y a plus de femme représentant spécial depuis le départ de Dame Margaret Anstee. J'invite donc les gouvernements à soumettre les noms de femmes possédant les qualifications requises pour remplir ces fonctions.

Je saisis cette occasion pour saluer mes collègues présentes ici aujourd'hui : Mme Nafis Sadik, Mme Carol Bellamy, Mme Elizabeth Dowdeswell et bien sûr ma conseillère spéciale sur les questions concernant les femmes, Mme Rosario Green.

Nombre d'entre vous pensent que le chemin parcouru est trop court, les changements trop lents. Je comprends vos frustrations et je les partage.

Alors que nous sommes réunis aujourd'hui dans l'"esprit de Beijing", je vous demande de m'aider à accomplir cette mission : de soutenir les efforts de paix en faveur des hommes et des femmes, d'intégrer une composante sexospécifique à toutes nos activités dans le monde entier, de faire de l'égalité des chances une réalité concrète dans le monde et à l'Organisation des Nations Unies.

Il y a 50 ans, Mme Eleanor Roosevelt avait lu une lettre ouverte à la première session de l'Assemblée générale, adressée aux femmes du monde entier. Permettez-moi de conclure en citant ces quelques lignes : "Nous demandons aux gouvernements du monde d'encourager toutes les femmes à participer plus activement aux affaires nationales et internationales".

Cet appel lancé aux gouvernements s'adresse aussi à chacun d'entre nous sans exception. Aujourd'hui, je vous demande de m'aider et d'aider l'Organisation des Nations Unies à répondre à cet appel.

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