SG/SM/6042

OUVRANT LE SÉMINAIRE DE L'ACADÉMIE MONDIALE POUR LA PAIX, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PRÔNE L'ACTION PRÉVENTIVE DANS LE RÉTABLISSEMENT ET LE MAINTIEN DE LA PAIX

13 septembre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6042
PKO/50


OUVRANT LE SÉMINAIRE DE L'ACADÉMIE MONDIALE POUR LA PAIX, LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL PRÔNE L'ACTION PRÉVENTIVE DANS LE RÉTABLISSEMENT ET LE MAINTIEN DE LA PAIX

19960913 On trouvera ci-après le texte de l'allocution de bienvenue prononcée le 9 septembre, au Siège par le Secrétaire général Boutros Boutros-Ghali lors de la cérémonie d'ouverture du Séminaire sur le rétablissement de la paix et le maintien de la paix, organisé par l'Académie mondiale pour la paix :

C'est un honneur pour moi d'être parmi vous aujourd'hui pour l'ouverture du Séminaire sur le rétablissement de la paix et le maintien de la paix qui est organisé par l'Académie mondiale pour la paix. Cette initiative excellente aura à la fois des effets immédiats et des conséquences plus lointaines. Le Séminaire de cette année devrait à mon avis permettre au personnel de l'Organisation des Nations Unies et aux membres des missions nationales accréditées auprès de l'Organisation de mieux comprendre et de mieux résoudre les problèmes. Dans l'urgence et l'affairement des situations de crise, il est rare que nous ayons le temps de réfléchir au changement de caractère des opérations de rétablissement et de maintien de la paix. Aujourd'hui, chacun éprouve le besoin de prendre du recul et d'analyser cette évolution.

Il faut souhaiter que ce séminaire contribue à former une communauté de chercheurs, de spécialistes et de décideurs qui participeront plus activement au rétablissement de la paix et au maintien de la paix.

J'aimerais, si vous le permettez, ajouter un thème à votre programme de réflexion, celui de l'action préventive, par la diplomatie et si nécessaire par le déploiement de forces. Bien que l'importance de la prévention soit largement reconnue, on préfère encore trop souvent guérir plutôt que prévenir. J'attribue à trois facteurs cette lacune des opérations de paix.

Premièrement, il nous manque une culture de la prévention, qui permettrait aux protagonistes d'accepter une médiation internationale, ou un règlement judiciaire — par l'intermédiaire de l'ONU ou non — et d'agir en tenant compte des résultats de cette action. On attend souvent pour accepter une médiation ou même une action internationale que la situation ait dépassé un seuil critique. Les pertes de vies humaines sont alors plus nombreuses, les dégâts matériels plus étendus et la tâche des négociateurs considérablement plus difficile.

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Deuxièmement, nous manquons de diplomates qualifiés, c'est-à-dire possédant la formation, l'expérience et l'autorité morale voulues pour mener un travail de prévention au nom de l'Organisation des Nations Unies. Ceux qui existent ont des activités qui ne leur permettent pas toujours de consacrer des mois voire des années à des négociations délicates. Autant il est facile de trouver des diplomates ou des hommes d'État pour des missions de quelques jours, autant il est difficile de trouver des hommes et des femmes ayant suffisamment de compétences et de détermination et disposant du temps nécessaire pour entreprendre les négociations prolongées qu'impose parfois une véritable prévention.

Troisièmement, la volonté politique nous fait défaut. Nul n'ignore que la prévention est moins coûteuse, en termes de ressources humaines et matérielles, que le traitement. Pourtant nous voyons émerger un nouveau type de comportement qui consiste à manifester de la réticence lorsqu'il s'agit d'éviter, d'atténuer ou d'arrêter les conflits, puis à intervenir avec empressement dès que les massacres ont cessé et que le carnage a pris fin. Suivant le proverbe chinois, il est difficile de se procurer de l'argent pour des médicaments mais on en trouve toujours pour le cercueil.

L'action préventive doit encore trouver sa justification en tant qu'objectif majeur de la diplomatie multilatérale. J'espère que les séminaires de l'Académie mondiale pour la paix permettront de mieux comprendre l'action préventive et d'y adhérer pleinement. Nous avons besoin d'un cadre de diplomates et de négociateurs formés à l'action préventive — et de décideurs convaincus de l'utilité de la prévention et résolus à l'utiliser.

Il y aurait beaucoup à dire sur l'intérêt de l'action préventive. J'espère que le sujet sera traité par l'Académie mondiale pour la paix au cours de ces séminaires. Cette nouvelle activité de l'Académie mérite d'être appuyée sans réserve; je forme des voeux pour qu'elle soit couronnée de succès et conduise à des résultats sur le plan intellectuel mais aussi, plus concrètement, à la paix.

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