ONG/75

LA PROMOTION D'UN MONDE PACIFIQUE AU CENTRE DES DISCUSSIONS DE LA 49EME CONFERENCE DES ONG/DEPARTEMENT DE L'INFORMATION

11 septembre 1996


Communiqué de Presse
ONG/75


LA PROMOTION D'UN MONDE PACIFIQUE AU CENTRE DES DISCUSSIONS DE LA 49EME CONFERENCE DES ONG/DEPARTEMENT DE L'INFORMATION

19960911 MATIN ONG/75 Les participants se félicitent de l'adoption du TICE et prônent un renforcement de la coordination des actions internationales

La quarante-neuvième Conférence annuelle des organisations non gouvernementales/Département de l'information, poursuivant ce matin ses travaux entamés hier sur le thème "Les Nations Unies: Relever les défis d'un monde en mutation", a abordé les questions relatives à la diplomatie préventive, au maintien et au rétablissement de la paix, à la consolidation de celle-ci après les conflits, sur la base du rapport du Secrétaire général "Agenda pour la paix" de 1992 et de son Supplément de 1995. La réunion a permis aux orateurs de rappeler leur soutien à l'émergence d'un monde pacifique et de se féliciter de l'adoption hier par l'Assemblée générale du Traité d'interdiction complète des essais nucléaires (TICE). Rendant un hommage appuyé à l'action des organisations non gouvernementales (ONG), de nombreux intervenants et participants ont mis l'accent sur la nécessité de coordonner les différents efforts déployés au plan international, notamment en ce qui concerne les opérations de maintien de la paix et les actions humanitaires et de développement, en soulignant le rôle des Nations Unies en la matière.

Les travaux de la matinée ont été inaugurés par le Modérateur, M. Thomas Weiss, Directeur exécutif de l'Academy Council on the United Nations Systems (ACUNS), membre de la Brown University, qui a présenté les quatre intervenants.

Ainsi, dans son intervention, M. Jacob Biorn Lian, Représentant permanent de la Norvège auprès des Nations Unies, Vice-Président du Groupe de travail sur l'Agenda pour la paix, a indiqué que jusqu'à présent, l'Organisation des Nations Unies a mis en place patiemment un ensemble de textes dont l'Agenda pour la paix qui a été présenté par le Secrétaire général, ainsi que son Supplément de 1995. Un groupe de travail a été mis en place. En son sein différents sous-groupes sont consacrés notamment à la diplomatie préventive, au rétablissement de la paix, à la consolidation de la paix après les conflits et aux sanctions. Certains pays craignent que la diplomatie préventive remette en cause leur souveraineté, leur indépendance et

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leur intégrité territoriale. Pourtant tout le monde reconnaît l'utilité de la diplomatie préventive qui ne peut être mise en oeuvre que sur la base de faits vérifiés. Pour ce qui est de la consolidation de la paix après les conflits, un accord semble se faire sur l'obligation d'oeuvrer de concert avec les parties au conflit. La reconstruction de l'Etat et des différentes infrastructures nationales sont prioritaires. Un groupe s'occupe spécifiquement de la coordination sans laquelle les efforts du système des Nations Unies et de la communauté internationale n'auront aucun sens. De leur côté, les organisations régionales jouent un rôle accru.

La Conférence a ensuite entendu M. Celso Amorim, Représentant permanent du Brésil, qui a déclaré que l'idée fondamentale demeure que l'Assemblée générale, organe universel par excellence, réagisse aux propositions du Secrétaire général contenues dans son Agenda pour la paix. Le Supplément du document repose sur l'expérience vécue, notamment en ce qui concerne les sanctions imposées. Il faut rappeler ici que certaines de ces mesures ont été décidées par l'Assemblée elle-même. C'est notamment le cas de l'ancienne Rodhésie. Depuis la fin de la guerre froide toutefois, le recours à l'instrument des sanctions est de plus en plus fréquent et il est davantage le fait du Conseil de sécurité. Le plus souvent, ces sanctions essaient d'éviter tout effet négatif sur la population civile. Lorsque l'on se réfère aux sanctions, on songe à l'article 41 de la Charte. Ces mesures s'inscrivent dans le Chapitre VII de la Charte quand il y a menace ou rupture de la paix. Les mesures de sanctions doivent éviter de revêtir une tournure unilatérale.

M. Shashi Gharoo, Conseiller spécial auprès du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, dressant un rapide historique des opérations de maintien de la paix effectuées par les Nations Unies depuis leur création, a souligné que celles-ci essuient de nombreuses critiques, souvent fondées, et subissent les conséquences de la crise financière que connaît l'Organisation. Il a rappelé l'importance de la médiatisation des réunions du Conseil de sécurité et du déploiement des opérations de maintien de la paix et ses conséquences. Malgré certaines imperfections, les opérations de maintien de la paix ont permis la survie de nombreux civils tant en Bosnie-Herzégovine, au Cambodge qu'en Somalie. En fait, il y a eu autant d'échecs que de réussites, mais les médias ont seulement présentés les échecs. Les opérations de maintien de la paix ne sont pas une fin en soi. Il faut continuer à les mettre en oeuvre lorsque nécessaire.

Pour sa part, M. Jonathan Dean, Conseiller pour les questions de sécurité internationale, Union of Concerned Scientists, a indiqué que l'opinion publique comprend mieux aujourd'hui qu'avant le rôle des Nations Unies dans le domaine du maintien de la paix. Des progrès supplémentaires demeurent nécessaires. Une force permanente au service des Nations Unies est nécessaire pour prévenir les conflits. L'appui des Etats-Unis ne sera accordé qu'à la condition que les opinions du Congrès et du public soient concordantes. Il est clair que la crise ne réside pas aux Nations Unies mais bien aux Etats-Unis.

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A l'issue de ces présentations, différentes questions ont été posées par des participants à la Conférence. Celles-ci ont eu notamment trait aux modalités nécessaires et souhaitables pour modifier les Nations Unies et au rôle des ONG pour faciliter ce changement. Un participant, soulignant que le Conseil de sécurité peut imposer des sanctions, s'est demandé dans quelle mesure l'Assemblée générale devrait avoir un pouvoir de contrôle en la matière. Un autre participant a souhaité savoir quel est le prix en vies humaines nécessaire à la bonne marche des opérations de maintien de la paix.

Répondant aux observations des représentants des ONG, M. Hans Jacob Lian a déclaré que le groupe de travail sur l'Agenda pour la paix s'accorde sur la nécessité d'améliorer les capacités et l'expertise du secrétariat en matière de maintien de la paix. Déjà, des missions se trouvent sur le terrain. Le rôle des ONG est fondamental pour mettre au point le consensus et leur action directe sur le terrain. Un exemple significatif est l'engagement des ONG norvégiennes dans les négociations israélo-palestiniennes. Concernant l'exemple du rôle de l'ONU au Rwanda, l'expérience a démontré la nécessité de développer des capacités de diplomatie de relations publiques.

M. Amorim a indiqué que la Charte ne définit pas la menace ou la rupture de la paix. C'est le Conseil de sécurité qui détermine ces situations, même s'il est théoriquement appelé à informer l'Assemblée générale. La plupart des pays développés sont certes favorables au rôle des ONG quand il s'agit par exemple des droits de l'homme. Toutefois, il y a un silence inquiétant quand il s'agit de questions aussi fondamentales que celle du désarmement.

De son côté, M. Shashi Gharoo, Conseiller spécial auprès du Secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix a fait valoir que les opérations de maintien de la paix menées par les Etats-Unis fonctionnent fort bien. Il a jugé les opérations de maintien de la paix fort rentables, rappelant que le maintien de la paix coûte moins que la guerre et que le budget que l'Organisation consacre à ses opérations est inférieur à celui des pompiers de la ville de New York. Si l'ONU ne peut disposer des moyens pour réaliser le mandat qui lui a été confié, qui d'autre le fera, s'est-il interrogé.

A son tour, M. Dean a regretté la multiplication des conflits et a estimé que le but ultime des Nations Unies, notamment par le biais de la diplomatie préventive est d'en réduire le nombre. Ainsi le nombre d'opérations de maintien de la paix diminuera d'autant.

La Conférence a ensuite procédé à un tour d'horizon des opérations de maintien de la paix, sous la conduite de Soeur Mary Evelyn Jegen, Coordonnatrice exécutive de Pax Christi International. Introduisant la question et les trois orateurs, le modérateur a souhaité que le débat dépasse le simple maintien de la paix et aborde les autres questions s'y rattachant.

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M. Richard Butler, Représentant permanent de l'Australie auprès des Nations Unies et Président de la Commission de Canberra pour l'élimination des armes nucléaires s'est félicité de l'adoption massive hier par l'Assemblée générale de la résolution A/50/L.78 par laquelle a été approuvé le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Le représentant a indiqué que la Commission de Canberra, qui regroupe 17 représentants de pays, a élaboré un rapport qui sera présenté en septembre prochain, dans le cadre de la cinquante et unième session de l'Assemblée générale. Ce rapport contient des propositions concrètes permettant d'éliminer les armes nucléaires.

"Le réalisme dicte qu'il faut éliminer les armes nucléaires, et non le contraire", a déclaré M. Butler. "Il ne saurait il y avoir de bonnes armes, celles que l'on détient, et de mauvaises armes, celles que les autres possèdent", a-t-il ajouté. La Commission de Canberra estime que les cinq Etats dotés de l'arme nucléaires doivent s'engager sans retard à éliminer les armes nucléaires. Ces Etats doivent montrer leur volonté de respecter leurs engagements en commençant, dès à présent, à démanteler les rampes de lancements et à désarmer les engins porteurs d'armes nucléaires. Pour ce faire, il importe de mettre en oeuvre un système de vérification international plus efficace que celui qui a prévalu jusqu'à présent. Les citoyens du monde doivent adresser un message clair aux gouvernements du monde leur indiquant qu'ils ne veulent plus d'armes nucléaires.

Les représentants des ONG ont profité de la présence de M. Richard Butler pour soulever des préoccupations concernant le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires. Ils se sont notamment interrogés sur le fait de savoir si le Traité avait force de convention au même titre que celle sur les armes chimiques; sur le calendrier en vue de réaliser les objectifs de la Commission de Canberra; et sur l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur l'illégalité des armes nucléaires.

M. Richard Butler a déclaré qu'il existe Déjà une déclaration sur la vérification. Cependant, la Commission de Canberra stipule que la volonté politique et un niveau d'engagement suffisent. C'est une décision de nature politique. Concernant le calendrier, la Commission a estimé qu'il n'était pas nécessaire d'avoir des dates fixes, préférant une approche échelonnée. La Commission souscrit pleinement au système de sécurité prévu par la Charte. Quant à l'avis consultatif de la CIJ, il est fort utile en ce qu'il dispose que ces armes ne devraient pas être utilisées.

M. Shahryar Khan, ancien Représentant du Secrétaire général pour le Rwanda, a rendu hommage aux efforts déployés par les ONG au Rwanda, efforts qu'il a qualifiés d'héroïques. Il a estimé que le système des Nations Unies et la communauté des ONG ont désormais à relever les nombreux défis, en mettant l'accent sur l'efficacité de leurs interventions. Le Conseil de sécurité doit disposer de davantage d'informations, d'une véritable base de données provenant de différentes sources, car il ne reçoit aujourd'hui que des

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informations d'origine onusienne. De plus, de nombreuses contraintes et limitations empêchent souvent les opérations de maintien de la paix de s'acquitter de leur mandat alors même que celles-ci sont dotées des capacités nécessaires. L'ONU devant être prête à intervenir. Il convient de la doter des unités et du matériel nécessaires, à l'instar d'une caserne de sapeurs- pompiers. Pour M. Khan, il y a lieu de déplorer que seules les catastrophes fassent la une des journaux. La présence des ONG sur le terrain est parfois mal perçue par les gouvernements. Aussi, celles-ci doivent mettre en place une meilleure coordination entre elles, mais aussi avec les Etats et le système des Nations Unies.

Mme Elmira T. Souleimanova, Professeur et Présidente du Woman and Development Centre, a rappelé que plus de 8 millions de ses compatriotes sont victimes de l'agression arménienne en Azerbaïdjan. 25% du territoire du pays est désormais annexé. Les conséquences secondaires de l'agression sont tout aussi désastreuses et ont pour noms pauvreté et chômage. Le réseau d'ONG du pays est partie prenante à l'oeuvre de reconstruction et de redressement. L'objectif est de mettre fin à la guerre et d'entamer des négociations en vue d'une paix durable. Il faut que les azerbaïdjanais et les arméniens coopèrent pleinement à cette fin.

M. Peter Shiras, Vice-Président d'Inter-Action, a estimé qu'il est essentiel de conjuguer l'Agenda pour la paix et l'Agenda pour le développement pour atteindre une paix véritable. Il faut aborder les questions d'ordre mondial telles que la population et l'environnement et y apporter des solutions tout autant mondiales. Il faut en outre asseoir les bases du développement post-conflit. Concernant la diplomatie préventive, la participation des communautés de base serait précieuse en vue de la promotion de la réconciliation nationale. Les programmes d'assistance humanitaire, notamment leur acheminement, ne devraient pas exacerber les tensions. L'assistance humanitaire ne devrait pas empêcher la recherche de solutions politiques durables aux conflits.

Répondant à une question sur l'action du Tribunal pénal international sur le Rwanda, M. Khan a indiqué qu'il s'agit là de la première tentative de juger les responsables du génocide. Le processus est certes long mais il est en cours. La communauté internationale est déterminée à les traduire en jugement et adopté pour ce faire une résolution demandant aux Etats concernés d'extrader les auteurs de crimes. La réconciliation nationale doit être l'oeuvre de la base.

Mme Souleimanova a indiqué que l'Azerbaïdjan n'a opprimé aucun arménien.

M. Shiras a déclaré que l'Afrique est le continent le plus mal compris et représente un défi majeur. Il s'agit d'établir un partenariat nouveau entre les gouvernements africains, la communauté des donateurs et les ONG.

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