SG/SM/6041

LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEMANDE AUX MÉDIAS DE TRAITER PLUS EN PROFONDEUR LES PROBLÈMES ET LES BESOINS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

6 septembre 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6041
PI/961


LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DEMANDE AUX MÉDIAS DE TRAITER PLUS EN PROFONDEUR LES PROBLÈMES ET LES BESOINS DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT

19960906 On trouvera ci-après le texte du message que le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, a adressé à la cinquième Conférence des Ministres de l'information des pays non alignés et dont il a chargé M. Samir Sanbar, Sous-Secrétaire général à l'information, de donner lecture le 3 septembre à Abuja :

J'ai l'honneur d'adresser mes meilleurs voeux aux Ministres de l'information des pays non alignés. J'aurais aimé être parmi vous aujourd'hui, mais les circonstances en ont voulu autrement. J'ai demandé à mon collaborateur, M. Samir Sanbar, Sous-Secrétaire général à l'information, de vous transmettre ce message.

Votre conférence revêt une grande importance. Nul d'entre vous n'ignore en effet combien me préoccupe la marginalisation inhérente à l'image que la presse mondiale donne de l'Afrique et d'autres régions en développement. Je sais que cette question vous inquiète tous profondément.

Il y a quelque temps, certains organes d'information ne s'intéressaient qu'aux affrontements de la guerre froide. Les besoins réels des pays en développement étaient passés sous silence. Plus récemment, c'est sur la violence et les effusions de sang que se sont le plus souvent braquées les caméras de télévision du monde entier. Il est rare que les moyens d'information traitent sérieusement et en profondeur les problèmes auxquels se heurtent les pays en développement et les réussites à leur actif. Cela doit changer. C'est à vous, Ministres de l'information, qu'il incombe de promouvoir ce changement. Des dispositions peuvent être prises, des mesures peuvent être appliquées pour encourager les professionnels mondiaux de la communication à poser sur ces questions un regard plus attentif.

Avec les progrès rapides des techniques de la communication, il est pratiquement impossible aujourd'hui d'isoler un pays du monde extérieur. En cette époque d'accès immédiat à l'information et de planétarisation des communications, les médias jouent désormais un rôle décisif dans les affaires nationales et internationales. Par les thèmes, les peuples et les régions

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qu'ils décident de mettre en lumière — ou de passer sous silence — les médias exercent aujourd'hui une énorme influence sur l'opinion publique et, partant, sur les programmes d'action de la communauté internationale, notamment sur l'action menée par l'intermédiaire de l'Organisation des Nations Unies.

Or, l'Organisation des Nations Unies a précisément l'obligation de protéger l'indépendance et la liberté des organes d'information et de défendre le droit de tous les peuples à la liberté d'opinion et d'expression, comme le prévoit l'article 19 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, et notamment le droit "de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit".

Parallèlement, l'Organisation aide ses États Membres à mettre en place des moyens d'information libres, responsables et indépendants. Le Département de l'information du Secrétariat, en collaboration avec l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) et le Programme des Nations Unies pour le développement, a organisé plusieurs séminaires régionaux sur la création de moyens d'information et la promotion de médias indépendants et pluralistes. Le premier de ces séminaires s'est tenu en Namibie en 1991 et a été suivi de plusieurs autres au Chili, au Kazakstan et au Yémen. Le Directeur général de l'UNESCO, auquel se sont associés divers organes d'information internationaux, a approuvé une charte en faveur de la liberté de la presse qui a pour objet d'éliminer tous les obstacles s'opposant à la libre circulation des informations et des données au sein des pays et au-delà de leurs frontières.

Dès lors que l'on favorisera le libre échange des idées, et que l'on encouragera les médias internationaux à creuser davantage leurs sujets, certains articles de presse et programmes de télévision ne manqueront pas de déplaire à certains d'entre nous. Notre tâche consiste donc à dialoguer avec les journalistes, à les encourager à fouiller davantage les problèmes, à aborder des thèmes de fond qui permettront de mieux faire comprendre les réalités de nos pays à l'intérieur comme à l'extérieur de nos régions. Il ne s'agit pas d'opérer par décret ou d'user d'interdictions, mais de convaincre grâce à une plus grande ouverture d'esprit et à un discours éclairé.

Un reportage sérieux n'a pas à être ennuyeux. Certains organes d'information — qu'ils travaillent dans le domaine de l'écrit ou par la voie électronique — en font régulièrement la preuve. Les journalistes doivent se donner du mal pour rendre ces informations plus accessibles et plus attrayantes. Nous devons les aider en attirant leur attention sur les thèmes méritant d'être soulignés.

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J'estime que l'Organisation des Nations Unies, en particulier son Secrétaire général, a d'importantes responsabilités à cet égard. L'ONU doit faire entendre la voix des populations privées du droit de s'exprimer. Je considère qu'il m'incombe au premier chef d'appeler l'attention des médias internationaux sur l'actualité réelle du monde en développement et de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour renforcer les moyens dont disposent les journalistes afin que ces voix soient arrachées du silence et puissent raconter leur véritable histoire au reste du monde.

Ensemble, nous devons oeuvrer à l'accomplissement de ces objectifs.

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À l’intention des organes d’information. Document non officiel.