PAL/G/117

LA RÉUNION INTERNATIONALE DES ONG ET LE COLLOQUE DES ONG D'EUROPE SUR LA QUESTION DE PALESTINE ENTAMENT LEURS TRAVAUX

3 septembre 1996


Communiqué de Presse
PAL/G/117


LA RÉUNION INTERNATIONALE DES ONG ET LE COLLOQUE DES ONG D'EUROPE SUR LA QUESTION DE PALESTINE ENTAMENT LEURS TRAVAUX

19960903 Dénonciation des menaces sur le processus de paix

Genève, 2 septembre -- La Réunion internationale des organisations non gouvernementales et le Colloque des organisations non gouvernementales d'Europe sur la question de Palestine ont entamé, ce matin, leurs travaux conjoints qui se déroulent jusqu'au 4 septembre au Palais de Nations de Genève. Le thème retenu cette année est l'«Édification de partenariats entre ONG pour un règlement juste et global de la question de Palestine».

Le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, dans un message lu par M. Vladimir Petrovski, Secrétaire général adjoint et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, souligne que les organisations non gouvernementales ont été à l'avant garde du combat en faveur d'un règlement pacifique du conflit du Moyen-Orient. Elles apportent depuis longtemps et avec succès une aide humanitaire et d'autres formes d'assistance au peuple palestinien. Aussi, les organisations non gouvernementales ont-elles un rôle précieux à jouer en contribuant au renforcement de la coopération internationale et en amenant des progrès réels sur le terrain. Pour sa part, l'ONU continue d'accorder la plus grande importance au soutien du développement économique et social des territoires palestiniens, facteur clé de l'amélioration des conditions de vie et de la création de bases solides pour la réalisation d'une paix durable. M. Boutros-Ghali déplore que les efforts de développement aient enregistré, en début d'année, des revers avec la fermeture prolongée des territoires occupés qui a eu des conséquences désastreuses sur la fragile économie palestinienne.

La séance inaugurale était présidée par M. Ibra Deguène Ka (Sénégal), Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, qui a notamment indiqué que le Comité souhaite toujours organiser une réunion dans le territoire administré par l'Autorité palestinienne quand la situation le permettra. À cet égard, «l'ouverture et l'acceptation du Gouvernement israélien aux préparatifs nécessaires afin qu'une telle réunion se tienne à l'avenir à Gaza ou ailleurs constituerait une importante mesure de confiance propre à favoriser la compréhension mutuelle et la coopération entre Palestiniens et Israéliens».

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M. As'ad Abdul Rahman, Membre du Comité exécutif de l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), a fait lecture d'un message de M. Yasser Arafat dans lequel celui-ci souligne, que, s'il semble que l'on soit sur le point de réussir à amener M. Benjamin Netanyahou à la table de négociation, le vrai succès consiste à s'assurer que le Gouvernement israélien acceptera des négociations sérieuses qui aboutiront à l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. À cet égard, les dirigeants palestiniens n'entendent pas négocier ce qui l'a déjà été. L'un des éléments essentiels des accords conclus réside dans la reconnaissance de l'unité du peuple palestinien à l'intérieur comme à l'extérieur de la Palestine.

Le Président du Comité international de coordination des organisations non gouvernementales sur la question de Palestine, M. Don Betz, a estimé que les intentions politiques annoncées par M. Netanyahou inspirent de graves inquiétudes quant au respect des engagements du Gouvernement Rabin-Pérès. Les ONG estime-t-il, doivent cerner les possibilités qui s'offrent aux États-Unis et à l'Europe de prendre des initiatives meilleures et équilibrées. Pour sa part, M. John Gee, Président du Comité européen de coordination des organisations non gouvernementales sur la question de Palestine, a souligné qu'il faut que le réseau d'ONG précise sa position afin d'aller de l'avant et que soient rétablis les droits du peuple palestinien.

La réunion a examiné l'évolution politique récente en entendant M. Talal Shubeilat, Chef de la Mission de la Ligue des États arabes à Genève, qui a souligné qu'en raison de l'élection d'un nouveau Gouvernement ayant adopté une politique diamétralement opposée à celle qui était menée par son prédécesseur, le rôle de la communauté internationale est aussi important aujourd'hui qu'auparavant. M. Ziad Abu Amr, Membre du Conseil palestinien, a pour sa part estimé que l'attitude des autorités israéliennes laisse planer un doute sur les accords conclus et que la communauté internationale doit assumer sa responsabilité pour sauvegarder le processus de paix. MM. Azmi Bishara et Yossi Katz, membres de la Knesset et représentants, respectivement, de l'Assemblée nationale démocratique et du Parti travailliste, ont analysé les questions concernant les élections et l'opinion publique israéliennes.

La Réunion internationale des organisations non gouvernementales et Colloque des organisations non gouvernementales d'Europe sur la question de Palestine poursuivront leurs travaux cet après-midi, à 15 heures. Les réactions du monde arabe et de la communauté internationale face à l'évolution politique récente seront examinées, ainsi que les questions fondamentales qui se posent dans le cadre d'un règlement juste et global.

Déclarations d'ouverture

M. VLADIMIR PETROVSKI, Secrétaire général adjoint et Directeur général de l'Office des Nations Unies à Genève, a fait lecture d'un message du Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, dans lequel celui-ci souligne

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que les organisations non gouvernementales ont joué un rôle essentiel dans la dissémination de l'information à l'intention de l'opinion publique internationale en ce qui concerne la question de Palestine. Elles ont été à l'avant garde du combat en faveur d'un règlement pacifique du conflit du Moyen-Orient. Elles apportent depuis longtemps et avec succès une aide humanitaire et d'autres formes d'assistance au peuple palestinien. L'évolution récente dans la région a fait craindre un essoufflement du processus de paix, qui avait enregistré d'importants résultats à la fin de 1995 et au début de cette année. Il est essentiel que les parties respectent les accords déjà conclus et ne ménagent aucun effort pour exaucer les espoirs de tous les peuples de la région de voir enfin une paix globale, juste et durable s'instaurer au Moyen-Orient.

Parallèlement, fait observer M. Boutros Boutros-Ghali, l'Organisation des Nations Unies continue d'accorder la plus grande importance au soutien du développement économique et social des territoires palestiniens, facteur clé de l'amélioration des conditions de vie et de la création de bases solides pour la réalisation d'une paix durable. De réels progrès dans les domaines de la santé, de l'éducation, du développement et de l'emploi sont depuis trop longtemps différés. Le transfert, en juillet dernier, du siège de l'UNRWA de Vienne à Gaza, devrait favoriser la réalisation de ces objectifs. Il faut néanmoins aller plus loin. En dépit des progrès enregistrés dans l'édification institutionnelle et le développement d'infrastructures, de grands défis restent posés qui requièrent la poursuite de l'engagement et de l'action de la communauté internationale. Aussi, les organisations non gouvernementales ont-elles un rôle précieux à jouer en contribuant au renforcement de la coopération internationale et en amenant des progrès réels sur le terrain.

M. Boutros Boutros-Ghali déplore que les efforts de développement aient enregistré des revers en début d'année avec la fermeture prolongée des territoires occupés qui a eu des conséquences désastreuses sur la fragile économie palestinienne. Malgré l'allégement ultérieur du bouclage et la mise en place d'un programme d'urgence en faveur de l'emploi sur la proposition du Coordonnateur spécial des Nations Unies dans les territoires occupés, les conditions économiques demeurent précaires. Le Secrétaire général espère donc que les parties renoueront leur dialogue le plus tôt possible en vue de surmonter ces problèmes pressants. L'ONU demeure disposée à contribuer à ces efforts par tous les moyens possibles.

M. IBRA DEGUENE KA (Sénégal), Président du Comité pour l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, a rappelé que le Comité avait choisi de Genève pour la tenue de la présente réunion en raison des restrictions actuellement imposées par le Gouvernement israélien à la liberté de déplacement entre Gaza et la Cisjordanie, qui ne pouvaient que nuire à la tenue d'une réunion à Gaza comme cela avait été initialement décidé. Il a néanmoins indiqué que le Comité souhaitait toujours organiser une réunion dans

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le territoire administré par l'Autorité palestinienne quand la situation le permettra. À cet égard, «l'ouverture et l'acceptation du Gouvernement israélien aux préparatifs nécessaires afin qu'une telle réunion se tienne à l'avenir à Gaza ou ailleurs constituerait une importante mesure de confiance propre à favoriser la compréhension mutuelle et la coopération entre Palestiniens et Israéliens.

M. Ka a déclaré que, lorsque le nouveau Gouvernement israélien a pris ses fonctions, le Comité a nourri l'espoir que celui-ci maintiendrait le rythme des négociations de paix et respecterait et appliquerait intégralement les accords conclus. Malgré les obstacles constatés, le Comité continue à penser que les efforts doivent toujours être déployés pour arriver progressivement à un règlement juste et durable de la question de Palestine, dans la paix et à l'abri de tout cycle de violence. Il reste certes beaucoup de chemin à parcourir pour y parvenir, mais la communauté internationale ne restera pas indifférente, a fait valoir le Président du Comité. M. Ka a par ailleurs souligné la nécessité de renforcer l'échange d'informations entre la Division des droits des Palestiniens et la communauté des ONG et a indiqué que le Comité souhaiterait que les ONG des différentes régions coordonnent davantage leurs activités et élaborent des projets communs.

Rappelant la tenue récente du Séminaire du Caire sur l'assistance au peuple palestinien et du Colloque des ONG d'Amérique du Nord sur la question de Palestine, il a indiqué que le Comité espère être en mesure d'organiser une réunion en Asie au début de 1997. Il a d'autre part annoncé que la Division des droits des Palestiniens a avancé dans la mise en place du Système de traitement électronique de l'information sur la question de Palestine (UNISPAL), qui deviendra un instrument utile d'information et de référence pour les ONG.

M. AS'AD ABDUL RAHMAN, Membre du Comité exécutif de l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), a donné lecture d'un message de M. Yasser Arafat dans lequel il exprime son enthousiasme pour les efforts menés en vue de développer un partenariat avec les ONG en ce qui concerne la question de Palestine. L'OLP ne cherche qu'à obtenir l'affirmation des droits inaliénables du peuple palestinien. Pour cela, elle a choisi la méthode pacifique et jusqu'à présent le monde entier a reconnu le courage et la patience des Palestiniens pour amener M. Benjamin Netanyahou à la table des négociations. Il semblerait que l'on soit sur le point de réussir, mais le réel succès n'est pas d'amener M. Netanyahou à la table des négociations. Le vrai succès serait de parvenir à s'assurer que le Gouvernement israélien accepte des négociations sérieuses qui aboutissent à l'exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. Les dirigeants palestiniens n'entendent pas négocier ce qui l'a déjà été. À cet égard, il convient de rappeler que les Palestiniens ont signé les accords non seulement avec Israël mais aussi

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avec les partenaires internationaux qui se sont porté garants. «Ni l'histoire, ni le peuple ne nous pardonneraient de laisser échapper cette occasion unique qui s'offre à nous» assure M. Arafat. L'un des éléments essentiels des accords conclus réside dans la reconnaissance de l'unité du peuple palestinien à l'intérieur comme à l'extérieur de la Palestine. Le bouclage de Gaza et de la Cisjordanie ne constitue pas, à cet égard, une mesure propre à instaurer la confiance. Pour être viable, la paix devra aussi impliquer les réfugiés palestiniens en exil.

M. Rahman, en tant que membre du Comité exécutif de l'OLP, a ensuite insisté sur le fait qu'un règlement de la question des réfugiés ne peut être fondé que sur l'application de la résolution 194 de l'Assemblée générale, datée du 11 décembre 1948, qui reconnaît aux Palestiniens le droit de rentrer dans leurs foyers. Il convient de rappeler que cette résolution a même été votée par les États-Unis et qu'Israël, dans son désir, à l'époque, de rejoindre la communauté des nations, l'a implicitement acceptée. La deuxième vague de réfugiés palestiniens, à la suite de la guerre de 1967, a constitué une lourde charge pour les économies en difficulté des pays voisins. M. Rahman a en outre souligné que le peuple palestinien est opposé à tout programme de naturalisation dans les pays d'accueil. Par ailleurs, le représentant de l'OLP a dénoncé les violations des droits des Palestiniens perpétrées depuis l'arrivée au pouvoir du Gouvernement de M. Netanyahou, et a appelé à l'adoption de mesures collectives pour mettre un terme à ces violations. Il faut également mettre au point un programme d'action qui s'attaque aux problèmes socio-économiques du peuple palestinien.

M. DON BETZ, Président du Comité international de coordination des organisations non gouvernementales sur la question de Palestine, a assuré que, malgré tous les événements qui sont venus infléchir le déroulement de l'histoire politique du Moyen-Orient ces dernières années, la mission des ONG n'est pas terminée. Les problèmes des colonies de peuplement, d'une cessation réelle de l'occupation israélienne, des réfugiés et du droit au retour, de Jérusalem et de la création d'un État palestinien restent sans solution. Ces questions sont essentielles et vitales pour les peuples palestinien et israélien. Ces derniers temps, il n'y a guère eu d'informations qui puissent permettre de croire que ces questions ont avancé ou même que des progrès soient possibles. Si l'on a pu se réjouir de l'établissement de l'Autorité palestinienne, chaque jour les espoirs et les rêves se brisent contre le pénible spectacle du contrôle qu'Israël continue d'exercer sur la vie et les moyens de subsistance des Palestiniens. Les intentions politiques annoncées par M. Benjamin Netanyahou inspirent de graves inquiétudes quant au respect des engagements du Gouvernement Rabin-Pérès dont les États-Unis se sont porté garants. Dans le document présentant sa ligne de conduite, publié en juin 1996, le Gouvernement israélien de M. Netanyahou s'engage à «renforcer et développer les activités d'implantation ... dans le Néguev, en Galilée, sur le plateau du Golan, dans la vallée du Jourdain, en Judée-Samarie et à Gaza».

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Le maintien de l'interdiction de la libre circulation des Palestiniens vers Jérusalem est une atteinte au droit international aussi bien qu'aux droits de toute la communauté palestinienne dont les moyens de subsistance sont en jeu. Bien que l'Autorité palestinienne ait été acceptée comme partenaire de négociation, le Premier Ministre a réaffirmé l'aversion du Likoud pour toute forme d'exercice de la souveraineté palestinienne. Les efforts qu'il déploie pour marginaliser les Palestiniens en négociant avec les États arabes limitrophes offrent un aperçu de ce qui attend les Palestiniens. Compte tenu de ces réalités, la communauté internationale doit continuer à faire face à ses responsabilités. Il incombe notamment aux États-Unis, qui ont assumé un rôle spécial en jouant les intermédiaires dans le processus de paix, de défendre également les droits des parties engagées dans ce processus et de mettre en avant les responsabilités des uns et des autres. En tant qu'ONG, «nous devons cerner les possibilités qui s'offrent aux États-Unis et à l'Europe de prendre des initiatives meilleures et équilibrées», a déclaré M. Betz.

Les problèmes qui seront débattus durant les trois jours à venir sont des problèmes de pouvoir, de contrôle, de liberté et de justice», a-t-il poursuivi. L'opinion publique internationale, si elle est bien informée, n'acceptera pas l'injustice fondamentale qui est au coeur de la question de Palestine. Il ne faut jamais perdre de vue que ce que l'on recherche, c'est l'indépendance politique, économique et sociale du peuple palestinien sous sa forme la plus complète.

M. JOHN GEE, Président du Comité européen de coordination des organisations non gouvernementales sur la question de Palestine, a déclaré que, pour parvenir à un règlement de la question de Palestine, il faut notamment qu'il y ait un Gouvernement israélien qui empêche le développement des colonies de peuplement en Cisjordanie. La façon dont les gens sont traités dans la région laisse entendre que le Gouvernement israélien veut une paix sous forme de diktat. Même les personnalités politiques qui pensaient que l'on était sur le point de parvenir à un règlement des problèmes dans la région se rendent compte des menaces qui pèsent sur le processus de paix. Il faut que le réseau d'ONG précise sa position afin d'aller de l'avant et que soient rétablis les droits du peuple palestinien.

M. TALAL SHUBEILAT, Chef de la Mission de la Ligue des États arabes à Genève, a déclaré que cette réunion se tient à un moment où il faut redoubler d'efforts pour parvenir à une paix durable dans la région du Moyen-Orient. Les dernières élections israéliennes ont débouché sur l'élection d'un nouveau gouvernement qui a adopté une politique diamétralement opposée à celle qui était menée par son prédécesseur et qui ne cesse d'affirmer son intention d'aboutir à la paix sans tenir compte des impératifs que cela exige. La paix ne sera réalisée que lorsque chaque partie aura pris conscience des principes qui sous-tendent les accords, a fait valoir M. Shubeilat, qui a ajouté que le rôle de la communauté internationale est aussi important aujourd'hui qu'auparavant.

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Déclarations sur l'évolution politique récente

M. ZIAD ABU AMR, Membre du Conseil palestinien, a affirmé que, suite à une attaque suicide des militants du Hamas en Israël, le processus de paix est tombé dans l'impasse au début de l'année. Les Palestiniens ont accepté l'accord intérimaire pour pouvoir ensuite négocier un statut permanent. En mai 1996, le Likoud a gagné les élections. Les craintes associées à la venue au pouvoir de ce parti ont été justifiées par les déclarations de M. Benjamin Netanyahou, qui vont à l'encontre de l'esprit et de la lettre des accords conclus. M. Netanyahou et son Gouvernement rejettent le principe de la terre contre la paix et se refuse à négocier sur la question de Jérusalem. Israël devait redéployer ses forces militaires d'Hébron mais n'a pas respecté cet engagement. Cette attitude laisse planer un doute sur les accords conclus non seulement entre Israël et les Palestiniens mais également sur ceux conclus ou à conclure entre Israël et d'autres pays, notamment arabes. Israël devra assumer la responsabilité de l'effondrement du processus de paix si cela devait se produire. La communauté internationale doit assumer sa responsabilité pour sauvegarder le processus de paix, a insisté M. Abu Amr.

M. AZMI BISHARA, député de l'Assemblée nationale démocratique à la Knesset, a estimé que la coalition aujourd'hui au pouvoir en Israël n'a rien à offrir dans le cadre actuel des négociations. Il a souligné l'absence de toute vision et de toute notion de paix qui caractérise le Gouvernement de M. Benjamin Netanyahou. C'est essentiellement pour cela que le processus de paix se dirige vers l'impasse, a-t-il estimé. Les travaillistes ont, du moins, un modèle de paix, même s'il est inacceptable. M. Bishara a par ailleurs fait valoir que la grève déclarée ces derniers jours dans les territoires occupés est une manifestation des déséquilibres qui existent dans la région. La question du statut final englobe les questions des réfugiés, de la terre et de Jérusalem, a souligné M. Bishara. À l'avenir, plus qu'une «bantoustanisation», c'est un apartheid que risque de subir la Palestine, a-t- il averti. Il a mis en exergue les erreurs commises par les médias arabes, y compris les médias palestiniens, qui ont insisté sur la nécessité pour les autorités israéliennes de maintenir le côté oriental ouvert, de rencontrer Arafat et de redéployer les troupes d'Hébron, alors que les vraies questions étaient de savoir si les colonies juives se développeraient et de savoir ce qu'il fallait proposer à Arafat.

Pour affronter Israël à l'avenir, les Palestiniens disposent de trois atouts: le soutien arabe et international, le pouvoir donné aux Palestiniens grâce à la tenue d'élections démocratiques et à la mise en place d'institutions, l'existence d'une forte opposition en Israël même contre le Gouvernement en place. La mise en oeuvre de la démocratie palestinienne est la meilleure façon d'affronter Israël, a-t-il affirmé.

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M. YOSSI KATZ, Membre travailliste de la Knesset, a déclaré que personne n'aurait pu prévoir les conséquences réelles du changement de gouvernement en Israël. Si le Gouvernement Pérès avait gagné les élections, un débat se serait instauré en Israël sur les questions vitales relatives à la question de Palestine et la voie ouverte par MM. Rabin, Pérès et Arafat aurait amené la paix. Mais aujourd'hui, c'est le Likoud qui est au pouvoir, pour le meilleur ou pour le pire. En effet, les partisans de M. Benjamin Netanyahou ne sont pas tous dans le même camp. Parmi eux se trouvent certains opposants déterminés aux accords d'Oslo. Pour être sincère, il est clair que M. Netanyahou connaît des difficultés considérables et que des pressions sont exercées sur lui. Il est prisonnier de son arrogance dialectique. Quoi qu'il en soit, l'opinion publique actuelle est indécise, elle oscille comme un pendule. Certains pensent que Pérès est allé trop vite et trop loin. Les opposants de M. Netanyahou jugent négatives les actions et décisions du Premier Ministre. En fait, il est évident que M. Netanyahou n'a pas encore décidé de son orientation. Aucun politicien, même parmi les plus proches du Premier Ministre, ne peut savoir dans quel sens il s'oriente car il n'a pas lui-même pris de décision. La question est de savoir si M. Netanyahou comprend ce que chacun dans le monde a compris, à savoir qu'il n'y a pas d'alternative à la paix. Tout autre choix ferait échouer son gouvernement.

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