DR/G/202

LE COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION RACIALE POURSUIT L'EXAMEN DES RAPPORTS DU VENEZUELA ET DE LA NAMIBIE

14 août 1996


Communiqué de Presse
DR/G/202


LE COMITÉ POUR L'ÉLIMINATION DE LA DISCRIMINATION RACIALE POURSUIT L'EXAMEN DES RAPPORTS DU VENEZUELA ET DE LA NAMIBIE

19960814

Genève, 14 août -- Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale a poursuivi, ce matin, l'examen du rapport du Venezuela sur les mesures adoptées par ces pays pour mettre en oeuvre les dispositions de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Il a par ailleurs conclut l'examen du rapport de la Namibie. Le Comité adoptera ultérieurement ses observations finales sur le rapport, qui seront rendues publiques à la fin de la session.

Reprenant l'examen du rapport du Venezuela, la plupart des experts ont fait part de leurs inquiétudes sur la situation des populations autochtones dans ce pays. Le Comité a souhaité connaître les intentions du Gouvernement concernant la déclaration reconnaissant la compétence du Comité pour examiner des plaintes individuelles conformément à l'article 14 de la Convention.

Un certain nombre d'experts ont salué le fait que la discrimination raciale ne pèse pas sur la vie nationale namibienne, car la population non blanche, qui représente 95 % de la population totale, ne manifeste pas de rancune mais de la patience. L'ensemble des experts ont souligné la qualité de ce premier rapport présenté par la Namibie.

Le représentant de la Namibie, répondant aux observations des membres du Comité après la présentation de son rapport hier après-midi, a indiqué que, grâce à sa politique de réconciliation nationale, le Gouvernement namibien a réussi à maintenir la paix et la stabilité qui sont essentielles au développement économique et social du pays.

Le Comité poursuivra ses travaux, cet après-midi à 15 heures afin d'examiner le rapport du Zaïre. Il sera par ailleurs saisi d'une demande de report pour la présentation du rapport du Swaziland.

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Examen du rapport du Venezuela

Poursuivant l'examen du rapport présenté par le Venezuela, un des experts a indiqué que les résultats du recensement des autochtones de 1992 a montré un très fort taux d'analphabétisation de ces populations. La question de la réalisation du droit à l'éducation, ainsi que du droit à la santé nécessite des précisions. Il a demandé si les populations autochtones sont représentées au sein de la Direction des affaires autochtones du Ministère de l'éducation, qui est l'organisme directeur de la politique autochtone nationale. Par ailleurs, un membre du Comité a demandé des informations sur la mise en oeuvre du décret 283 qui contient le programme de l'éducation interculturelle bilingue et qui a pour objectif de promouvoir la participation active des communautés autochtones aux activités de la vie vénézuélienne, sans détruire les fondements de leur patrimoine culturel notamment. Un des experts a fait état d'incidents raciaux qui ont eu lieu dans une prison vénézuélienne, aux cours desquels 103 détenus sont morts, et a demandé des précisions sur ce sujet.

Un expert a indiqué que le rapport du Conseil autochtone du Venezuela fait apparaître un certain nombre d'inquiétudes concernant l'application de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale. Dans le cadre de la Décennie des populations autochtones, un membre du Comité a demandé si le Gouvernement vénézuélien envisage de dédommager les communautés autochtones pour les crimes du passé commis à leur encontre.

Certains experts ont souligné la présence de missions ultrafondamentalistes au Venezuela qui portent atteinte aux valeurs et aux coutumes des populations autochtones.

Des informations ont été demandées sur la diffusion de la Convention au Venezuela ainsi que sur les intentions du Gouvernement concernant la déclaration reconnaissant la compétence du Comité pour examiner des plaintes individuelles conformément à l'article 14 de la Convention.

Examen du rapport de la Namibie

Poursuivant l'examen du rapport de la Namibie, un des experts a déclaré que la Namibie mérite d'être félicitée pour la présentation d'un rapport franc et honnête. La Namibie doit être également félicitée pour avoir adopté sans délai une nouvelle constitution. La politique de réconciliation nationale doit également être soulignée. La réalité socio-économique de la Namibie témoigne de l'héritage du passé et il faudra encore du temps pour l'éradiquer. La Namibie doit comprendre que tout retard risque d'ancrer encore plus fortement les pratiques discriminatoires héritées du passé.

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L'expert a souligné le manque d'information concernant les minorités ethniques, notamment en ce qui concerne leur participation à la vie politique du pays. Il a évoqué la discrimination raciale dont sont victimes les minorités Herero et Nama de la part des Ovambos. Cependant, un autre expert s'est déclaré particulièrement impressionné par le fait que la discrimination raciale ne pèse pas sur la vie nationale car la population non blanche de Namibie, qui représente 95 % de la population totale, ne manifeste pas de rancune mais, au contraire, de la patience.

M. Utoni Nujoma, représentant du Ministre de la justice de la Namibie, a indiqué que, grâce à sa politique de réconciliation nationale, le Gouvernement a réussi à maintenir la paix et la stabilité qui sont essentielles au développement économique et social du pays. Cette politique de réconciliation nationale a également influencé les pays voisins de la Namibie dans leur lutte contre l'apartheid.

Répondant à une question sur la population des Bushmen, le représentant a indiqué qu'elle était largement répartie dans l'ensemble du pays. Cette communauté est intégrée au reste de la population. Le Gouvernement a installé des écoles et a attribué des terres aux Bushmen.

Répondant à une question du Comité sur la répartition des terres, M. Nujoma a indiqué que le Gouvernement a adopté une réforme agraire qui permet aux Namibiens qui étaient désavantagés par le passé d'accéder à un meilleur statut social. Des tribunaux fonciers ont été créés. Des groupes importants ont été réinstallés dans les zones agraires sur des terres rachetées par le Gouvernement. Afin d'améliorer la répartition des richesses nationales, le Gouvernement a créé une institution para-étatique qui accorde des prêts aux personnes qui souhaitent entreprendre des activités dans le commerce et l'agriculture.

En ce qui concerne l'existence de deux lois parallèles sur l'administration des biens, M Nujoma a déclaré qu'elle engendre effectivement une discrimination. La Commission pour la réforme et le développement de la législation examine actuellement avec soin le droit coutumier. La normalisation est nécessaire et passe par un processus d'harmonisation des deux systèmes. D'après la loi interdisant la discrimination raciale de 1991, le représentant de la Namibie a indiqué que l'intention de discrimination raciale est déterminée par les tribunaux compétents. M. Nujoma a par ailleurs indiqué que l'Ombudsman, ainsi que les organisations non gouvernementales namibiennes, jouent un rôle important d'information auprès de la population en ce qui concerne les voies de recours et la protection accordée aux personnes victimes de discrimination raciale.

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