DH/G/425

LE RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME AU ZAÏRE A TERMINÉ UNE MISSION D'UNE SEMAINE SUR LA SITUATION AU NORD KIVU

16 juillet 1996


Communiqué de Presse
DH/G/425


LE RAPPORTEUR SPÉCIAL SUR LA SITUATION DES DROITS DE L'HOMME AU ZAÏRE A TERMINÉ UNE MISSION D'UNE SEMAINE SUR LA SITUATION AU NORD KIVU

19960716 Il publiera prochainement un rapport analysant les responsabilités des autorités zaïroises dans la situation de violence qui frappe cette région

Genève, 16 juillet -- Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme au Zaïre, M. Roberto Garretón (Chili), a effectué, du 6 au 13 juillet, une mission sur le terrain afin d'enquêter sur la situation de violence que connaît, depuis plusieurs mois, la région du Nord Kivu, au Zaïre. M. Garretón a décidé d'effectuer une telle mission en raison de l'aggravation de la situation ces dernières semaines, qui a entraîné le déplacement interne d'une population de plus de 350 000 personnes dans la région, ainsi qu'une émigration au Rwanda de plus de 12 000 réfugiés.

Le Rapporteur spécial avait déjà, en particulier dans son rapport de 1996 à la Commission des droits de l'homme, attiré l'attention sur la situation des droits de l'homme dans la région du Kivu au Zaïre et signalé la situation préoccupante «des personnes originaires du Rwanda qui sont nées et vivent au Zaïre et dont les parents ont fait leur vie dans ce pays, mais qui pour des raisons tenant à un nationalisme exacerbé ne sont pas reconnues comme zaïroises». Il a aussi signalé l'existence au Zaïre d'un «sentiment antirwandais inculqué pendant les trente dernières années» que provoque l'apatridie.

D'après les renseignements reçus par le Rapporteur spécial, un grand nombre de personnes appartenant à des ethnies originaires des territoires actuels du Rwanda, habitait la région du Nord Kivu déjà avant la colonisation belge. Ces personnes, connues comme «banjarwanda» ou «zaïrois d'expression rwandaise», ont été victimes d'attaques de la part des populations autochtones à partir de 1993. La situation est devenue explosive fin 1995 avec la menace d'expulsion du Zaïre d'une forte concentration de réfugiés «Banyarwanda» hutus arrivés dans la région après le génocide de 1994 au Rwanda.

Mais les attaques contre l'ethnie tutsi banyarwanda par les populations autochtones, d'une part, et par les milices hutu «Interhamwe», d'autre part, a forcé les Banyarwanda tutsi à se déplacer à l'intérieur du Nord Kivu, mais aussi à quitter leur propre pays, le Zaïre, pour aller se réfugier au Rwanda.

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Le Rapporteur spécial n'ayant pas reçu de réponse à la demande, adressée au Gouvernement zaïrois, de l'autoriser à se rendre dans la région du conflit et de mener des entretiens avec les autorités à Kinshasa, s'est vu obligé de limiter ses enquêtes aux renseignements qu'il a pu recueillir auprès des réfugiés dans les camps de Gisenyi (Rwanda) ainsi qu'à ceux fournis par les organisations intergouvernementales et non gouvernementales qui s'occupent de ces réfugiés. Le Rapporteur spécial a également recueilli des renseignements auprès des organisations non gouvernementales oeuvrant au Zaïre dans le domaine des droits de l'homme.

Le Rapporteur spécial, au cours de son enquête, a reçu des témoignages concernant des massacres et de nombreux incidents violents qui ont coûté la vie à un grand nombre de personnes et ont fait de nombreux blessés. Il a pu personnellement constater des traces de torture sur les corps de plusieurs Zaïrois «banyarwanda» expulsés de leur pays.

Le Rapporteur spécial considère que les événements qui ont lieu dans la région du Nord Kivu sont particulièrement graves. Dans les prochains jours, il rendra public le rapport sur cette mission, dans lequel il analysera les responsabilités des autorités zaïroises en ce qui concerne ces événements, ainsi que leur rôle dans l'incitation à la violence des populations autochtones contre les Zaïrois «d'expression rwandaise» et l'absence de protection assurée par les autorités à cette population.

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