CS/712

LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION DE VERIFICATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA JUSQU'AU 11 OCTOBRE PROCHAIN

11 juillet 1996


Communiqué de Presse
CS/712


LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MISSION DE VERIFICATION DES NATIONS UNIES EN ANGOLA JUSQU'AU 11 OCTOBRE PROCHAIN

19960711 APRES-MIDI/SOIR CS/712

Il demande instamment au Gouvernement angolais et à l'UNITA de prendre les mesures nécessaires pour constituer un gouvernement de réconciliation nationale

Le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité, cet après-midi, la résolution 1064 (1996), par laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM III) jusqu'au 11 octobre 1996. Le Conseil demande instamment au Gouvernement angolais et à l'UNITA de prendre toutes les mesures nécessaires pour que tous les membres élus du Parlement puissent siéger à l'Assemblée nationale, pour que le règlement des questions constitutionnelles puisse progresser dans un esprit de réconciliation nationale, pour que le gouvernement d'unité et de réconciliation nationales soit constitué, et pour que le personnel de l'UNITA soit incorporé dans l'administration de l'Etat, dans les FAA et dans la police nationale. Il demande également instamment au Gouvernement angolais et à l'UNITA de prendre toutes les mesures nécessaires pour que la constitution des forces armées nationales soit menée à bien, en particulier la création d'un quartier général intégré, pour que les forces de l'UNITA quittent, comme prévu, les zones de cantonnement conformément aux dispositions du Protocole de Lusaka, et pour que les soldats démobilisés retournent dans l'ordre à la vie civile. Il encourage le Président de l'Angola et le dirigeant de l'UNITA à se rencontrer le plus tôt possible en Angola pour régler toutes les questions en suspens.

Le Conseil de sécurité constate les progrès récemment accomplis dans la consolidation du processus de paix, mais regrette que celui-ci continue d'enregistrer du retard. Il se félicite des progrès accomplis jusqu'ici dans l'enregistrement de plus de 52 000 soldats de l'UNITA dans les zones de cantonnement et demande à l'UNITA de mener à bien, de façon crédible et pleinement vérifiable, le cantonnement de ses troupes, conformément au calendrier de la Commission conjointe, et de remettre à UNAVEM III la totalité de ses armes, en particulier les armes lourdes, de ses munitions et de ses

(à suivre - 1a)

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équipements militaires, sans quoi le processus de cantonnement ne sera pas complet. Il félicite le Gouvernement angolais d'avoir promulgué la loi d'amnistie, d'avoir cantonné la police d'intervention rapide et de continuer à caserner les FAA, et lui demande instamment de prendre les mesures correctives nécessaires concernant les mouvements de retrait, comme convenu avec l'UNAVEM, et de se mettre d'accord avec celle-ci sur les opérations de retrait restantes.

Le Conseil de sécurité prie le Gouvernement angolais d'élaborer un programme par étapes de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants dans la vie civile et demande aux deux parties et à la communauté internationale de fournir à cette fin toute leur coopération et tout leur appui. Il engage la communauté internationale à apporter rapidement, comme elle l'a promis, l'assistance nécessaire pour faciliter le relèvement et la reconstruction de l'économie angolaise et la réinstallation des personnes déplacées, souligne l'importance que cette assistance revêt actuellement afin de consolider les acquis du processus de paix et invite les deux parties à s'acquitter des obligations qui leur incombent en vertu du Protocole de Lusaka en vue de créer la stabilité nécessaire à la reprise économique. Il demande instamment au Gouvernement angolais de fournir les facilités requises pour l'établissement d'une station de radio des Nations Unies indépendante et engage l'UNITA à faire définitivement de Vorgan, sa station de radio, une station dépourvue d'esprit partisan.

Les membres suivants du Conseil de sécurité ont expliqué leur vote : Allemagne, Egypte, Botswana, Chili, République de Corée, Chine, Italie, Guinée-Bissau, Fédération de Russie, Royaume-Uni, Honduras, Indonésie, Pologne, Etats-Unis et France. Les représentants des pays suivants ont également fait une déclaration : Angola, Portugal, Algérie, Malawi, Brésil, Afrique du Sud, République unie de Tanzanie, Tunisie, Zimbabwe, Mozambique et Cap vert.

Le Conseil était saisi d'un rapport du Secrétaire général sur UNAVEM III. Le Président du Conseil de sécurité, M. Alain Dejammet (France), avait, en début de la réunion, offert au Gouvernement et au peuple chinois, au nom du Conseil, ses condoléances pour les nombreuses victimes et les dommages importants occasionnés par les récentes inondations en Chine. Le représentant de la Chine, M. Wang, a indiqué qu'il transmettrait à son Gouvernement les paroles de sympathie du Président.

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Texte du projet de résolution (S/1996/536)

Le Conseil de sécurité,

Réaffirmant sa résolution 696 (1991) du 30 mai 1991 et toutes ses résolutions ultérieures sur la question,

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général daté du 27 juin 1996

(S/1996/503),

Réaffirmant qu'il est résolu à préserver l'unité et l'intégrité territoriale de l'Angola,

Réaffirmant aussi l'importance qu'il attache à l'application intégrale et en temps voulu par le Gouvernement angolais et l'Uniao Nacional para a Independência Total de Angola (UNITA) des "Acordos de Paz" (S/22609, annexe) et du Protocole de Lusaka (S/1994/1441, annexe), ainsi que de ses résolutions sur la question,

Notant avec approbation les progrès récemment accomplis dans la consolidation du processus de paix, mais réaffirmant que celui-ci se déroule dans l'ensemble avec lenteur,

Rappelant aux parties que, pour assurer le succès du processus de paix, elles doivent se montrer plus disposées à s'acquitter en temps voulu de leurs engagements et à agir dans un esprit de souplesse et de compromis,

Se félicitant du succès des pourparlers militaires entre les deux parties, qui ouvre la voie à la constitution des forces armées unifiées,

Prenant note de l'accord conclu entre le Président de l'Angola et le dirigeant de l'UNITA sur la constitution du gouvernement d'unité et de réconciliation nationales,

Soulignant la nécessité d'assurer la sécurité de tout le personnel de l'ONU et des autres catégories de personnel international,

Soulignant la nécessité d'assurer le respect des droits de l'homme et engageant instamment les parties angolaises à s'attacher davantage à prévenir les atteintes aux droits de l'homme et à enquêter sur les cas de violation,

Notant avec approbation les progrès réalisés dans la libre circulation des personnes et des biens et soulignant qu'il importe de poursuivre les efforts de déminage afin d'assurer cette liberté de circulation et de rendre confiance à la population,

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Soulignant qu'il importe de démilitariser la société angolaise, en particulier de désarmer la population civile, de démobiliser les ex-combattants et de les réinsérer dans la société,

Réaffirmant l'importance que revêtent la reconstruction et le relèvement de l'économie angolaise, ainsi que la contribution vitale qu'ils apportent à une paix durable,

Se félicitant des efforts que les États Membres, en particulier les trois États observateurs du processus de paix en Angola, l'Organisation de l'unité africaine et la communauté internationale tout entière déploient en vue de promouvoir la paix et la sécurité en Angola,

1. Remercie le Secrétaire général pour son rapport daté du 27 juin 1996;

2. Décide de proroger le mandat de la Mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM III) jusqu'au 11 octobre 1996;

3. Constate les progrès récemment accomplis dans la consolidation du processus de paix, mais regrette que celui-ci continue d'enregistrer du

retard;

4. Félicite les deux parties d'avoir adopté l'accord-cadre sur les questions militaires et d'avoir commencé à incorporer dans les Forces armées angolaises (FAA) le personnel militaire de l'UNITA, et se déclare satisfait du rôle positif que jouent la Commission conjointe et le Groupe pour la prévention du conflit armé en appuyant l'application du Protocole de Lusaka;

5. Salue les efforts faits par les deux parties pour supprimer les postes de contrôle et rouvrir les principaux itinéraires routiers dans la région, souligne qu'il importe que ces efforts soient menés à bien afin d'assurer la libre circulation des personnes et des biens, souligne qu'il importe d'étendre l'administration de l'État à l'ensemble du pays, et encourage le Gouvernement angolais à utiliser des unités des forces militaires nouvellement intégrées pour améliorer la sécurité;

6. Se félicite également des progrès accomplis jusqu'ici dans l'enregistrement de plus de 52 000 soldats de l'UNITA dans les zones de cantonnement et demande à l'UNITA de mener à bien, de façon crédible et pleinement vérifiable, le cantonnement de ses troupes conformément au calendrier de la Commission conjointe, et de remettre à UNAVEM III la totalité de ses armes, en particulier les armes lourdes, de ses munitions et de ses équipements militaires, sans quoi le processus de cantonnement ne sera pas complet;

7. Réaffirme que le cantonnement et le désarmement des forces de l'UNITA sont des éléments essentiels du processus de paix, dont ils conditionnent le succès;

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8. Engage l'UNITA, ainsi qu'en est convenue la Commission conjointe, à mettre à disposition les généraux et autres hauts responsables militaires promis à l'intégration dans les FAA, ainsi que les cadres de l'UNITA désignés pour occuper des postes dans l'administration publique aux niveaux national, provincial et local;

9. Félicite le Gouvernement angolais d'avoir promulgué la loi d'amnistie, d'avoir cantonné la police d'intervention rapide et de continuer à caserner les FAA, et lui demande instamment de prendre les mesures correctives nécessaires concernant les mouvements de retrait, comme convenu avec l'UNAVEM, et de se mettre d'accord avec celle-ci sur les opérations de retrait restantes;

10. Se félicite que le Gouvernement angolais ait lancé le programme du désarmement de la population civile, et souligne que ce programme doit être appliqué intégralement et efficacement;

11. Note la fermeture de huit des quinze zones de cantonnement aux fins de l'incorporation de troupes supplémentaires, prie le Gouvernement angolais d'élaborer un programme par étapes de démobilisation et de réinsertion des ex-combattants dans la vie civile et demande aux deux parties et à la communauté internationale de fournir à cette fin toute leur coopération et tout leur appui;

12. Demande instamment au Gouvernement angolais et à l'UNITA de prendre toutes les mesures nécessaires pour que la constitution des forces armées nationales soit menée à bien, en particulier la création d'un quartier général intégré, pour que les forces de l'UNITA quittent comme prévu les zones de cantonnement conformément aux dispositions du Protocole de Lusaka, et pour que les soldats démobilisés retournent dans l'ordre à la vie civile;

13. Demande instamment aussi au Gouvernement angolais et à l'UNITA de prendre toutes les mesures nécessaires pour que tous les membres élus du Parlement puissent siéger à l'Assemblée nationale, pour que le règlement des questions constitutionnelles puisse progresser dans un esprit de réconciliation nationale, pour que le gouvernement d'unité et de réconciliation nationales soit constitué, et pour que le personnel de l'UNITA soit incorporé dans l'administration de l'État, dans les FAA et dans la police nationale;

14. Encourage le Président de l'Angola et le dirigeant de l'UNITA à se rencontrer le plus tôt possible en Angola pour régler toutes les questions en suspens;

15. Note les progrès accomplis dans le domaine du déminage, encourage les deux parties à intensifier leurs activités de déminage et souligne qu'il est indispensable de détruire les stocks de mines terrestres afin de témoigner d'une volonté de paix soutenue;

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16. Note que l'intensité et la fréquence de la propagande hostile a diminué et rappelle aux parties l'obligation qu'elles ont de cesser de diffuser cette propagande afin d'encourager l'esprit de tolérance, la coexistence et la confiance mutuelle;

17. Demande instamment au Gouvernement angolais de fournir les facilités requises pour l'établissement d'une station de radio des Nations Unies indépendante et engage l'UNITA à faire définitivement de Vorgan, sa station de radio, une station dépourvue d'esprit partisan;

18. Réaffirme que tous les États sont tenus d'appliquer intégralement les dispositions du paragraphe 19 de la résolution 864 (1993) du 15 septembre 1993 et note avec préoccupation que le manquement des États à cet égard, en particulier de ceux qui sont voisins de l'Angola, est contraire au processus de paix et compromet la reprise économique;

19. Rappelle que la poursuite de l'acquisition d'armes irait à l'encontre du paragraphe 12 de la résolution 976 (1995) du 8 février 1995 et entamerait la confiance dans le processus de paix;

20. Condamne l'emploi de mercenaires;

21. Exige que toutes les parties et les autres intéressés en Angola prennent toutes les mesures nécessaires pour garantir dans l'ensemble du pays la sécurité du personnel de l'ONU et des autres organisations internationales ainsi que celle des locaux qu'ils occupent et la liberté de circulation des secours humanitaires et rappelle aux parties qu'elles doivent coopérer pleinement avec UNAVEM III à tous les niveaux;

22. Engage vivement les États Membres à fournir sans tarder, au titre de l'appel commun des Nations Unies en faveur de l'Angola, les ressources financières nécessaires pour faciliter la démobilisation des ex-combattants et leur réinsertion dans la société;

23. Engage la communauté internationale à apporter rapidement, comme elle l'a promis, l'assistance nécessaire pour faciliter le relèvement et la reconstruction de l'économie angolaise et la réinstallation des personnes déplacées, souligne l'importante que cette assistance revêt actuellement afin de consolider les acquis du processus de paix, et invite les deux parties à s'acquitter des obligations qui leur incombent en vertu du Protocole de Lusaka en vue de créer la stabilité nécessaire à la reprise économique;

24. Rend hommage aux efforts déployés par le Secrétaire général, son Représentant spécial et le personnel d'UNAVEM III et ne doute pas qu'ils sauront continuer de faciliter l'application du Protocole de Lusaka;

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25. Prie le Secrétaire général de lui présenter, le 1er octobre 1996 au plus tard, un rapport sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs et l'application du calendrier convenus entre les deux parties, et de le tenir régulièrement et pleinement informé de l'évolution de la situation sur le terrain, notamment en lui communiquant d'ici à la troisième semaine d'août des informations complètes sur la mesure dans laquelle les deux parties se seront acquittées de la tâche consistant à former le gouvernement d'unité et de réconciliation nationales;

26. Déclare qu'il mettra tout particulièrement l'accent sur les progrès accomplis par les parties lorsqu'il examinera le mandat d'UNAVEM III à l'avenir;

27. Rappelle au Gouvernement angolais et à l'UNITA sa résolution 976 (1995) du 8 février 1995, dans laquelle il précisait notamment que l'achèvement d'UNAVEM III était prévu pour février 1997,

28. Réaffirme qu'il est prêt à envisager toutes autres mesures nécessaires à la lumière des recommandations du Secrétaire général et de l'évolution de la situation en Angola;

29. Décide de rester activement saisi de la question.

Rapport du Secrétaire général sur la mission de vérification des Nations Unies en Angola (UNAVEM III) (S/1996/503)

Le présent rapport est soumis conformément à la résolution 1055 (1996) en date du 8 mai 1996, par laquelle le Conseil de sécurité a prié le Secrétaire général de lui présenter le 1er juillet 1996 au plus tard un rapport sur les progrès accomplis par le Gouvernement angolais et l'Uniao Nacional para a Indepêndencia Total de Angola (UNITA) dans la réalisation des objectifs et l'application du calendrier convenus entre eux. Il porte sur les faits nouveaux intervenus depuis le dernier rapport du Secrétaire général, daté du 30 avril 1996 (S/1996/328).

Le Secrétaire général indique qu'au cours des deux derniers mois, l'application du Protocole de Lusaka a progressé un peu plus rapidement. La promulgation de la loi d'amnistie, l'achèvement du processus de cantonnement de la police d'intervention rapide, le casernement partiel des Forces armées angolaises (FAA), la réalisation de progrès dans le cantonnement des troupes de l'UNITA et l'amorce du processus d'incorporation du personnel militaire de l'UNITA dans les FAA sont autant de facteurs dont il convient de se féliciter. Il estime cependant que les semaines à venir revêtiront une importance cruciale. Le fait est que les parties n'ont pas respecté le calendrier convenu entre le Président dos Santos et M. Savimbi au cours de leur rencontre à Libreville le 1er mars. Les retards incessants pris dans le cantonnement

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des troupes de l'UNITA, le nombre élevé de désertions des zones de cantonnement, la qualité et la quantité insuffisantes des armes et des munitions remises, l'incapacité à cantonner le personnel de police de l'UNITA et le retrait incomplet des FAA des positions avancées sont autant de facteurs auxquels il faudra remédier d'urgence si l'on veut que le processus de paix demeure crédible.

Ce faisant, le Secrétaire général rappelle que le 14 mai dernier, M. Savimbi s'était engagé à cantonner 50 000 hommes (sur un total déclaré de 62 500) avant le 15 juin; cet objectif a été atteint le 17 juin. Un ralentissement marqué du processus de cantonnement a cependant été constaté au cours de la deuxième quinzaine de juin. Les désertions se sont poursuivies, plus de 5 628 hommes ayant quitté les zones de cantonnement au 25 juin. Le Secrétaire général précise que la situation n'est pas plus réconfortante sur le plan politique. Les parties n'ont toujours pas pris un certain nombre de mesures nécessaires à la mise en place du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales. La plupart des députés de l'UNITA n'occupent pas les sièges qui leur reviennent à l'Assemblée nationale. Les responsables désignés par l'UNITA n'ont toujours pas pris leurs fonctions dans l'administration publique aux échelons national, provincial et local. Le Secrétaire général estime essentiel de régler rapidement la question du poste de vice-président offert à l'UNITA. De l'avis général, le règlement de cette question pourrait constituer un jalon décisif dans la voie d'une réconciliation nationale durable en Angola, précise-t-il. Le Secrétaire général note cependant que lorsque le nouveau gouvernement a été formé le 7 juin, certains postes ministériels ont été laissés vacants, de façon qu'ils puissent par la suite être occupés par des membres de l'UNITA.

Le Secrétaire général estime que pour que le processus de paix aboutisse, il faut que les parties, en particulier l'UNITA, manifestent une volonté plus ferme de s'acquitter, en temps voulu, des engagements qu'elles ont pris. Faute de quoi, il est peu probable que la communauté internationale prenne, de son côté, les mesures qui lui incombent. Il note que la démobilisation et la réinsertion socio-économique des anciens combattants est un autre préalable indispensable d'une paix durable en Angola. L'idée de créer des équipes de reconstruction, dont l'activité serait appuyée non seulement par le Gouvernement, mais aussi par la communauté internationale, vaut la peine d'être étudiée, estime le Secrétaire général. De telles équipes pourraient devenir un moyen important de promouvoir la réinsertion sociale, de même que le relèvement général de l'économie. Les institutions nationales sont censées jouer un rôle de premier plan, mais une aide extérieure substantielle sera également nécessaire à cette fin, affirme-t-il. Jusqu'à présent, c'est avec prudence que les donateurs ont engagé des ressources en faveur de ce processus. Sur les 42 milliards nécessaires à l'exécution des activités de démobilisation et de réinsertion sociale pendant la première

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année, seulement 10 millions de dollars ont été reçus jusqu'ici. Maintenant que les dispositions initiales ont été prises pour constituer les forces armées intégrées, la démobilisation figure au premier plan des préoccupations. En l'absence d'un important soutien de la part des donateurs, les acquis risquent d'être compromis.

Le Secrétaire général indique que le relèvement rapide des communautés dévastées par la guerre dans l'ensemble du pays est également une

condition essentielle au rétablissement de la paix. Notant que les progrès réalisés dans la mise en oeuvre des accords conclus entre les parties ont été plus lents que ceux dont il aurait aimé faire état à ce stade, le Secrétaire général engage cependant vivement les donateurs à continuer d'apporter leur soutien au processus de paix, à répondre généreusement aux besoins créés par la démobilisation et la réinsertion et à s'acquitter des engagements qu'ils ont pris lors de la table ronde tenue à Bruxelles en septembre 1995.

Le Secrétaire général fait valoir qu'à mesure que l'Angola commence à se remettre des séquelles d'une longue guerre civile, la nécessité de réformes macro-économiques est de plus en plus manifeste. L'économie angolaise demeure en proie à une crise profonde. Le taux d'inflation en 1995 a atteint 3 780 %, et si les tendances actuelles se maintiennent, le taux d'inflation pour 1996 atteindra, selon les projections, un niveau encore plus élevé. Le taux de chômage est de l'ordre de 40 à 55 %. Vu la détérioration dangereuse de la situation économique et sociale, l'escalade de la criminalité et l'incapacité à absorber de nombreux soldats démobilisés et à réinstaller les réfugiés et les personnes déplacées, il est impératif de poursuivre les réformes avec détermination et persévérance. Il souligne que l'ensemble du système des Nations Unies continuera de réagir favorablement aux efforts déployés par le Gouvernement pour mettre en oeuvre lesdites réformes et encourager les investissements étrangers.

Rappelant qu'UNAVEM III est devenue l'opération de maintien de la paix la plus importante de l'Organisation, le Secrétaire général estime que son maintien, notamment à ce stade de l'application du Protocole de Lusaka, demeure essentiel. En conséquence, il recommande que son mandat soit prorogé de trois mois jusqu'au 11 octobre 1996. Indiquant que la date fixée pour l'achèvement de l'opération de maintien de la paix des Nations Unies en Angola (février 1997) approche à grands pas, le Secrétaire général déclare qu'il a mis en place un dispositif d'intervention en vue de la réduction progressive de sa composante militaire dès que le processus de cantonnement aura été mené à bien et que l'intégration des troupes de l'UNITA dans les FAA et la constitution des forces armées unifiées seront bien avancées. Il rappelle qu'au 25 juin 1996, les éléments militaires et de police d'UNAVEM III comptaient 7 282 personnes. Le Secrétaire général signale qu'il présentera des recommandations à cet effet dans son prochain rapport au Conseil.

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Le Secrétaire général rappelle que dans sa résolution 50/209 B du 7 juin 1996, l'Assemblée générale a décidé d'ouvrir, aux fins du fonctionnement de la Mission de vérification pour la période allant du 1er juillet au 31 décembre 1996 et, au cas où le Conseil de sécurité déciderait de proroger le mandat de la Mission, un crédit d'un montant brut de 169 118 500 dollars (soit un montant net de 165 984 100 dollars), ladite somme devant être mise en recouvrement à raison d'un montant brut de 28 186 410 dollars (soit un montant net de 27 664 010 dollars).

Déclarations

M. HIGINO CARNEIRO (Angola), soulignant que le processus de paix en est à son étape la plus cruciale et décisive, a rappelé que lors du début de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, il y a environ deux ans, on était conscient de sa complexité ainsi que des obstacles et des difficultés qui nous attendaient. Nous avions toutefois espéré en être à un stade plus

avancé à la date d'aujourd'hui, a-t-il admis. Nous pensions que la paix serait rétablie et que la réconciliation nationale serait la principale préoccupation du Gouvernement. Mais le processus de paix a été trop lent. Après la dernière réunion de Libreville entre le Président de la République angolaise et le chef de l'UNITA, de grands progrès ont été faits dans l'application du Protocole de Lusaka, notamment en ce qui concerne les affaires militaires et le renforcement du dialogue entre mon Gouvernement et l'UNITA

Le représentant a toutefois estimé que ces réalisations et beaucoup d'autres auraient pu être plus importantes s'il y avait eu une plus grande coopération de la part de l'UNITA. Le processus est encore retardé par certains obstacles, comme notamment la qualité et le nombre d'armes rendues par l'UNITA. Celles remises ne représentent qu'une petite partie de celles que détient l'UNITA. A cet égard, cet exercice, fait sous contrôle de l'UNAVEM, manque de crédibilité. Cela n'est pas tolérable. Le manque de transparence est reflété, non seulement par le rythme lent de sa mise en oeuvre mais aussi par le nombre de déserteurs. En conséquence, il incombe au Conseil de sécurité et à l'UNAVEM d'améliorer ce qui a été fait jusqu'à maintenant, notamment dans le domaine du cantonnement. Le cantonnement complet et effectif des forces de l'UNITA est une condition sine qua non pour une unification en douceur des Forces armées angolaises et pour la mise en oeuvre des aspects politiques de la réconciliation nationale. Il faut assurer une transparence totale de ce processus de cantonnement.

Le représentant s'est inquiété de certaines violations du Protocole de Lusaka. Le processus de paix a atteint son stade le plus crucial. Nous avons les bases pour la création d'une société prospère et démocratique. La formation d'un Gouvernement d'unité nationale est une preuve de ce principe et de ce désir. Au 30 juillet prochain, nous devrions terminer le cantonnement des forces de l'UNITA dans les FAA. Cela a nécessité un renforcement de la

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confiance entre les deux parties. A ce stade, il est essentiel pour les Etats voisins de suspendre toute action négative qui pourrait mettre en péril les chances de succès du processus de paix. La stabilité économique nécessite la réintégration de milliers de soldats. Cela empêchera qu'ils n'aient recours aux armes pour assurer leur survie. Ce faisant, il a lancé un appel à la communauté internationale pour qu'elle aide l'Angola à mettre en place ce programme de réintégration sociale. Le représentant, mentionnant les programmes de déminage, a déclaré que le lancement du programme de réhabilitation économique dans les régions les plus touchés permettra de rétablir la confiance. Il a demandé au Conseil l'envoi d'une mission spéciale en Angola pour évaluer le processus de paix et recommander des mesures, avant de déclarer le Protocole de Lusaka entièrement mis en oeuvre. Il a estimé que la prorogation pour une période de trois mois de l'UNAVEM constitue une période raisonnable.

M. PEDRO CATARINO (Portugal) s'est félicité des développements récents en Angola. Cependant, le rythme auquel se met en place le processus de paix est toujours trop lent a-t-il remarqué, ajoutant qu'il reste peu de temps pour que les parties, et particulièrement l'UNITA, donnent des indications claires de leur volonté de remplir leurs engagements pour que la paix devienne irréversible en Angola. Le Portugal appelle le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA à prendre les mesures nécessaires pour rendre possible la réalisation d'une paix durable à laquelle aspirent tous les Angolais. La délégation du Portugal estime que le processus de cantonnement du personnel de l'UNITA doit être achevé

rapidement d'une manière crédible, en accord avec le calendrier établi par la Commission conjointe, et avec la remise de l'équipement militaire à UNAVEM III. Il faut également poursuivre le casernement des Forces Armées Angolaises. Il est par ailleurs essentiel d'intensifier les efforts de déminage du pays. Le déminage des routes angolaises et l'engagement des deux parties à assurer une totale liberté de mouvement, contribueront à un acheminement efficace de l'assistance humanitaire, et rendront possible la libre circulation des personnes et des biens, qui sont les éléments clé de l'instauration d'une atmosphère de confiance.

En tant que membre des pays observateurs du processus de paix, le Portugal considère qu'une rencontre entre le Président Eduardo Dos Santos et le Docteur Jonas Savimbi le plus rapidement possible, afin de rechercher une solution à toutes les questions concernant la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka, et en particulier de ses dispositions sur la réconciliation nationale, ne peut être que positive et encourageante. Il est également important qu'un tel dialogue politique se poursuive à tous les niveaux. Le Portugal souhaite également que des mesures concrètes soient prises pour la formation d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Un Parlement opérationnel et l'incorporation du personnel de l'UNITA à tous les niveaux de l'Administration locale, sont aussi essentiels à l'instauration d'un esprit de réconciliation nationale. La résolution de toutes les questions militaires,

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suivie par un programme de démobilisation et de réintégration sociale des anciens combattants, ouvrira la voie à une paix durable en Angola. La communauté internationale doit fournir les fonds nécessaires à l'Angola afin de pouvoir réintégrer les soldats et gérer le flux de réfugiés et de personnes déplacées.

M. RAMTANE LAMAMRA (Algérie, au nom du Groupe africain) a appuyé la recommandation du Secrétaire général visant à proroger le mandat de l'UNAVEM avec le ferme espoir que cette nouvelle période verra se réaliser une avancée significative du processus de paix en Angola. Les premiers acquis sur le terrain témoignent que le processus de paix est irréversible. La contribution du Gouvernement angolais dans l'accomplissement de ces progrès, sont à souligner, en particulier les mesures prises pour la création d'un climat de confiance par le cantonnement de la Police d'intervention rapide et les efforts pour la mise en place d'une institution militaire nationale intégrée. D'autres progrès auraient été possibles, a-t-il ajouté, si l'autre partie, l'UNITA, avait fait preuve de la même volonté constructive au lieu d'adopter l'attitude dilatoire qui a été la sienne jusqu'à présent et qui se traduit notamment par les conditions douteuses dans lesquelles s'opère le processus de cantonnement et le désarmement de ses troupes. C'est ici le lieu de souligner la lourde responsabilité qu'assume la direction de l'UNITA dans la lenteur du processus de paix, a insisté M. Lamamra, qui a considéré qu'il était de la plus haute importance que le Conseil de sécurité adresse un message clair et ferme à l'UNITA afin qu'elle respecte les échéances auxquelles elle a souscrit et que, dans le même temps, les pays qui ont une influence quelconque sur l'UNITA excercent des pressions sur cette dernière afin de l'amener à ne pas compromettre les échéances fixées dans le mandat de l'UNAVEM.

M. DAVID RUBADIRI (Malawi) s'est félicité de certains faits nouveaux positifs vers la paix, tels que la promulgation de la loi d'amnistie, le début du processus d'intégration du personnel militaire de l'UNITA dans les Forces armées angolaises (FAA) ou l'achèvement du cantonnement de la

police d'intervention rapide. Il s'est déclaré préoccupé du rythme auquel certaines des mesures prises ont été et continuent d'être mises en oeuvre. Il a souligné le retard pris dans le cantonnement, les désertions et surtout la réticence de l'UNITA à remettre les armes de meilleure qualité et d'autres équipements destinés à des fins militaires. Cela procède d'un refus délibéré de s'engager à la paix et à la reconstruction nationale. On ne peut parvenir à une paix salutaire en Angola si des mesures de redressement ne sont pas prises. Le représentant a demandé instamment à toutes les parties concernées, et notamment l'UNITA, de continuer à appliquer les accords contenus dans le Protocole de Lusaka. Il a fait valoir que le processus de paix en Angola a atteint un seuil critique. Il a demandé des efforts concertés et le soutien permanent de la communauté internationale.

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M. HENRIQUE R. VALLE (Brésil), faisant référence au rapport du Secrétaire général, a rappelé que le processus de casernement des troupes de l'UNITA, l'un des éléments clés du Protocole de Lusaka, subit encore des retards. Sur le plan politique, l'avenir n'est pas rassurant. Jusqu'à présent, M. Savimbi n'a pas formellement accepté le poste de vice-Président et la plupart des membres du Parlement n'ont pas pris leur fonction au sein de l'Assemblée Nationale. La réunion à venir entre le Président José Eduardo dos Santos et M. Savimbi devrait être l'occasion d'obtenir un accord sur ces questions essentielles, a estimé le représentant. Le Brésil reste pleinement impliqué au sein du processus de paix en Angola. L'extension du mandat de l'UNAVEM III pour une période de trois mois que recommande le Secrétaire général reflète l'opinion de la communauté internationale et du Brésil, selon laquelle tout retard au processus de paix est injustifiable. Le Conseil de sécurité, tout en suivant de près les événements en Angola, devrait déployer ses efforts pour s'assurer que des mesures concrètes nécessaires à la consolidation du processus de paix seront prises sans délais supplémentaires. M. KHIPHUSIZI J. JELE (Afrique du Sud) s'est inquiété des informations selon lesquelles plus de 18 000 soldats étaient arrivés dans les camps de cantonnement sans armes, et que l'UNITA n'avait pas encore livré l'ensemble de son arsenal militaire. L'Afrique du Sud ne relâchera pas ses efforts en vue d'assurer que le processus de paix en Angola se poursuive. A cet égard, une réunion a été récemment organisée en Afrique du Sud entre le Vice-Président du pays et le Dr. Savimbi, au cours duquel ce dernier a réitéré l'attachement de l'UNITA au processus de paix. Le Vice-Président sud-africain a souligné de son côté qu'il était urgent que l'UNITA traduise dans les faits ses engagements.

L'Afrique du Sud estime essentiel que le Président Dos Santos et le Dr. Savimbi se rencontrent de nouveau, en vue d'examiner l'ensemble des problèmes. Cette réunion devrait viser en particulier à régler la question de la création d'un Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales, élément crucial pour assurer la promotion de la réconciliation et pour adopter une approche commune de ces questions. L'Afrique du Sud appelle en outre la communauté des pays donateurs à répondre généreusement aux besoins créés par la démobilisation et la réintégration. Toutefois, la communauté internationale ne peut accepter de nouveaux retards dans la mise en oeuvre intégrale du processus de paix. Il est essentiel que ce processus ne soit pas retenu en otage par quelque partie que ce soit.

M. DAUDI N. MWAKAWAGO (Tanzanie) a déclaré qu'il est indéniable que la présence d'UNAVEM III en Angola a énormément contribué au retour d'un calme relatif dans le pays. Il est encourageant de lire dans le rapport que, durant la période considérée, la mise en place du Protocole de

Lusaka s'est effectuée à un rythme plus rapide. L'UNITA doit produire de meilleurs résultats en coopérant avec le Gouvernement et UNAVEM III dans l'accélération du processus d'incorporation de ses troupes dans l'Armée Nationale à la période prévue, c'est-à-dire à la fin du mois de juillet, et faciliter le retour de ses généraux à Luanda. Elle doit également achever le cantonnement du reste de ses troupes d'une manière transparente, et rendre ses armes lourdes.

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A ce stade critique dans le processus de paix en Angola, la communauté internationale ne tolérera pas de retard dans l'action sous quelque prétexte que ce soit ou suivant un calendrier secret, en particulier au moment où le Secrétaire général s'apprête à recommander des ressources additionnelles pour soutenir le processus d'incorporation et aider l'Angola à se relever de ces décennies de guerre. Le processus a pris un retard considérable et les souffrances du peuple angolais se poursuivent. La délégation de Tanzanie lance un appel à l'UNITA pour qu'elle favorise la paix. Un effort national est urgent afin de régler le problème de la réconciliation, du déminage et du développement économique.

M. SLAHEDDINE ABDELLAH (Tunisie) a déclaré que l'application du Protocole de Lusaka a atteint un stade crucial, qui nécessite une intensification des efforts. Il a toutefois relevé des obstacles persistants dans la mise en oeuvre du Protocole, notamment le retard dans le cantonnement des soldats. Il faut renforcer la confiance entre les parties et renforcer l'esprit de réconciliation nationale, a-t-il affirmé. Des mesures ont été prises dans ce sens, tels que l'adoption d'un accord-cadre pour les affaires militaires, la promulgation d'une loi d'amnistie ou l'achèvement du cantonnement de la police d'intervention rapide. Cela devrait inciter l'UNITA à respecter ses engagements. Il a exprimé sa satisfaction pour les efforts déployés dans l'accélération du déminage en Angola. Le représentant a souligné l'importance du rôle de l'UNAVEM dans le processus de paix. Il a souhaité que les parties angolaises avancent davantage en direction de la paix, afin que l'UNAVEM termine son mandat, comme prévu, en février 1997. Les réformes que le Gouvernement angolais s'emploie à introduire pour remédier à la crise économique méritent un soutien actif de la communauté internationale, a-t-il affirmé. Il a appuyé la recommandation du Secrétaire général de proroger le mandat de l'UNAVEM III de trois mois.

M. MACHIVENYIKA T. MAPURANGA (Zimbabwe) a estimé que la communauté internationale ne devrait plus se contenter de fêter la proclamation de la paix et d'engagements prometteurs sans insister sur leur mise en oeuvre rapide. Le Secrétaire général observe dans son rapport que si l'on veut que le processus de paix réussisse en Angola, les parties, et en particulier l'UNITA, doivent se montrer davantage disposées à mettre en oeuvre, en temps opportun, les engagements qu'elles ont pris. Le Zimbabwe lance donc un appel à la communauté internationale, et en particulier à la Troïka, afin qu'elle utilise ses bons offices en vue d'accélérer le processus de paix dans l'intérêt du peuple angolais. Le Zimbabwe s'accorde avec le Secrétaire général sur le fait que la démobilisation et l'intégration socio-économique des anciens combattants est un préalable essentiel pour instaurer une paix durable en Angola. Il encourage les gouvernements, organisations non gouvernementales et autres institutions qui sont venus à l'aide de l'Angola à poursuivre leurs efforts en ce sens.

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M. CARLOS DOS SANTOS (Mozambique) a rendu hommage au rôle décisif que le Conseil de sécurité a joué dans le processus qui a abouti à l'établissement de la paix et de la stabilité dans son pays. Il a mis l'accent sur le moment historique qu'est en train de vivre l'Angola, qui n'est plus loin de la paix et de la stabilité; et le caractère essentiel que revêt aujourd'hui plus que jamais un soutien déterminé de la communauté internationale. Le représentant s'est félicité des derniers développements positifs dans le processus de paix angolais. Il a cependant fait part de sa grande préoccupation du fait que le Gouvernement n'ait pas encore pris les mesures nécessaires en vue de la formation d'un Gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, en grande partie parce que l'UNITA n'a toujours montré aucun signe de sa bonne volonté, malgré les consultations à haut niveau qui ont eu lieu. Il a regretté le retard accusé dans le rassemblement des troupes de l'UNITA. La signature du Protocole de Lusaka a été la finalisation d'un long et délicat processus de négociations qui vise non seulement à mettre fin à l'état de guerre en Angola mais également à garantir la paix et la stabilité de toute une région : l'Afrique australe. L'avènement de la paix en Angola ne peut être retardé plus longtemps. Plus personne ne devra permettre que le peuple angolais ne soit gardé en otage pour des motifs autres que leur désir de paix et de prospérité. Le Mozambique lance un appel urgent à la communauté internationale pour qu'elle continue à soutenir le processus de paix en Angola.

M. JOSE LUIS BARBOSA LEAO MONTEIRO (Cap-Vert) s'est réjoui de voir qu'une certaine accélération s'est produite, ces deux derniers mois, dans la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. La résolution qui sera adoptée représente un important pas dans la voie de la réalisation de la paix en Angola. Les développements positifs sont toutefois insuffisants et sont encore lents. Les retards actuels peuvent avoir des conséquences qui pourraient aller au-delà de la simple perte de temps. Ils peuvent éroder la confiance mutuelle. Certains manquements, soulignés dans le rapport du Secrétaire général, posent des questions qui doivent être rapidement clarifiées. Les insuffisances et les lenteurs dans la concrétisation des promesses faites doivent être rapidement dépassées. La création d'activités rémunératrices et socialement utiles pour les soldats démobilisés est d'une importance à ne pas sous-estimer.

Explications de vote

M. GERHARD HENZE (Allemagne) a estimé que la prorogation de trois mois du mandat d'UNAVEM III montrera aux parties en Angola que la communauté internationale est déterminée à soutenir le processus de paix dans ce pays qui ne fait que commencer à se remettre des séquelles d'une longue guerre civile. L'Allemagne, qui a noté avec satisfaction les progrès accomplis pendant les dernières semaines dans la réalisation des objectifs et l'application du

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calendrier convenus entre le Gouvernement angolais et l'UNITA, estime qu'il convient d'encourager les parties à continuer sur cette voie. La tâche qui reste à accomplir n'est pas facile. Sur le plan militaire, il est essentiel que le cantonnement de toutes les troupes de l'UNITA et leur intégration dans les forces armées angolaises ainsi que la remise de toutes les armes, en particulier lourdes, de l'UNITA, soient achevés dans les meilleurs délais. Sur le plan politique, la mise en place du Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales ainsi que le

règlement rapide de la question du poste de vice-président offert à l'UNITA restent essentiels. L'Allemagne continuera de contribuer au processus de paix en Angola. Elle a l'intention en particulier de maintenir sur place ses démineurs. Cette assistance n'est qu'une partie de l'aide humanitaire fournie à l'Angola. Au total, si l'on tient compte des contributions versées à l'Union européenne, l'Allemagne aura contribué pour 100 millions de dollars sous forme d'assistance à l'Angola au cours des cinq dernières années.

M. SOLIMAN AWAAD (Egypte) a souligné que le cantonnement des combattants de l'UNITA et la remise de ses armes aux Nations Unies d'une part, la réintégration du personnel militaire et des forces armées de l'UNITA dans la vie civile, d'autre part, constituent les deux défis majeurs qu'il conviendra de relever pour assurer la réussite du processus de paix en Angola. Il a estimé que la crédibilité du processus de paix se trouverait sérieusement mise à mal si les dispositions du Protocole de Lusaka n'étaient pas mises en oeuvre selon le calendrier fixé. Le Gouvernement angolais a récemment adopté des mesures très positives, qui renforcent la confiance mutuelle ainsi que les initiatives prises de son côté par l'UNITA. L'Egypte lance un appel aux deux parties afin qu'elles continuent d'adopter et de mettre en oeuvre des mesures positives et courageuses qui vont dans la bonne direction. Elle espère à cet égard que la réunion qui doit prochainement avoir lieu entre le Président Dos Santos et le Dr. Savimbi permettra de parvenir à une solution définitive des problèmes en suspens, notamment de la question du poste de Vice-Président réservé au chef de l'UNITA et de celle des sièges attribués à l'UNITA au sein de l'Assemblée nationale. L'Egypte appuie la prorogation du mandat d'UNAVEM III.

M. LEGWAILA J. LEGWAILA (Botswana) a estimé que le Gouvernement de l'Angola et l'UNITA ont une occasion historique de mettre un terme à la guerre civile qui a conduit leur pays au bord de l'auto-destruction. Se déclarant satisfait des progrès accomplis par le Gouvernement angolais dans la mise en oeuvre de ses engagements, il a encouragé ce dernier à continuer à prendre des mesures décisives pour la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Le représentant a souligné qu'il est temps pour l'UNITA de reconnaître, en tant que partie aux Accords de paix et au Protocole de Lusaka, qu'elle a le devoir et l'obligation de satisfaire à la réalisation de ses engagements. Ce faisant, il a appelé l'UNITA à cantonner, sans délai, les troupes restantes et à remettre à l'UNAVEM III, toutes les armes et munitions, et tout particulièrement l'équipement militaire lourd.

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Le représentant a déclaré que les prochaines semaines seront cruciales pour la consolidation du processus de paix. Il a rappelé que son pays attache la plus grande importance à la formation d'un Gouvernement d'unité et de réconciliation nationales. Un tel Gouvernement aura un effet salutaire sur le processus de paix dans son ensemble. Il a fait valoir le besoin absolu de ressources financières du Gouvernement et du peuple angolais pour soutenir le processus de paix. La reconstruction et la réhabilitation de l'économie angolaise est un élément-clé de ce processus. Il est essentiel d'aider les soldats démobilisés à devenir des membres productifs de la société angolaise. Le représentant a émis l'espoir que les trois prochains mois seront y utilisés pour créer une base solide pour une paix durable en Angola.

M. JUAN SOMAVIA (Chili) a déclaré que le processus de paix en Angola se trouvait dans une phase critique, et que les parties devaient respecter le calendrier prévu pour la mise ne oeuvre de leurs engagements. L'UNITA, en particulier, doit donner des preuves de sa détermination à

mener à bien le processus de paix et à entamer le processus de reconstruction en Angola. Deux mesures sont essentielles à l'instauration d'un climat de confiance, à savoir la remise des armes lourdes que l'UNITA détient encore, ainsi que des munitions, et la formation du Gouvernement d'Unité et de réconciliation nationale et l'intégration des membres de l'UNITA dans l'administration et les forces armées du Gouvernement. Les parties doivent tenir compte de la fin du mandat d'UNAVEM III, ainsi que de la réduction de ses effectifs pour accélérer l'instauration d'une atmosphère propice pour passer du cessez-le-feu à une nouvelle étape de consolidation de la paix, passant par le développement.

Les défis économiques et sociaux auxquels est confronté l'Angola sont d'une ampleur telle qu'ils requièrent des efforts de la part de tous ses habitants. Les sommes engagées au titre de l'aide ne sont pas suffisantes pour permettre la mise en oeuvre des programmes de réhabilitation prioritaires. Une atmosphère de stabilité politique et de paix civile est indispensable pour attirer les capitaux privés et s'assurer de l'appui de la communauté internationale. Les retards dans l'application des accords politiques font obstacle également à la mise en oeuvre d'une aide internationale urgente et nécessaire, dont l'Angola a le plus grand besoin.

M. SOO GIL PARK (République de Corée) a estimé que depuis la dernière prorogation du mandat de l'UNAVEM III, il y a deux mois, le processus de paix a connu une évolution encourageante. Le représentant a exprimé sa déception quant à sa lenteur ainsi que la quantité et la qualité insuffisante des armes de l'UNITA remises à L'UNAVEM III. Le processus de paix restera incomplet tant que le casernement des troupes de l'UNITA, la formation de forces armées unifiées, et l'établissement d'un gouvernement d'unité nationale et de réconciliation, ne seront pas faits dans les temps, a-t-il insisté, tout en appelant instamment les parties angolaises à mettre en oeuvre leurs engagements sur le champ. Le représentant a déclaré que la confiance mutuelle entre le Président dos Santos et M. Savimbi était un élément central de

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l'engagement et de la volonté politique des parties. Il est très important que les deux dirigeants s'entendent clairement sur leurs rôles respectifs et la nature des postes alloués aux dirigeants de l'UNITA au sein du gouvernement d'unité et de réconciliation nationale, a-t-il souligné tout en faisant référence au paragraphe 14 du projet de résolution.

Il a fait valoir que la démobilisation et la réintégration sociale des anciens combattants constituaient un défi accompagnant le processus de paix. A cet égard, il a mis en avant le besoin urgent dans le domaine de la formation professionnelle et de la création d'emplois et a insisté sur l'importance de l'aide des institutions financières internationales et de la générosité des principaux pays donateurs. Le représentant a exprimé le soutien de son pays à la prorogation du mandat d'UNAVEM III pour une période de trois mois.

M. XUEXIAN WANG (Chine) a déclaré que son pays voterait en faveur du projet de résolution et a exprimé sa satisfaction quant à la loi d'amnistie promulguée par le gouvernement angolais et l'achèvement du casernement de la force de police de réaction rapide. Le représentant s'est montré préoccupé par le manquement aux objectifs du Protocole de Lusaka et a appelé les deux parties, en particulier l'UNITA, à faire preuve de plus de volonté politique et de responsabilité nationale, à s'abstenir de retarder la mise en oeuvre des dispositions du Protocole

ainsi que du calendrier déterminé par les parties afin d'achever le casernement des forces et de prendre part réellement à la formation d'un gouvernement d'unité nationale et de réconciliation ainsi que des forces armées nationales conjointes. La reconstruction à grande échelle doit être entreprise. La reprise économique et la reconstruction sont les éléments clés d'une paix durable. La communauté internationale devrait attacher une grande importance à cette question et lui accorder une aide effective. La Chine continuera de faire de son mieux pour contribuer à la reconstruction de l'économie angolaise, a souligné le représentant.

M. LORENZO FERRARIN (Italie) a estimé que les progrès réalisés jusqu'à ce jour en Angola demeurent très fragiles. La résolution présentée aujourd'hui indique clairement dans quels domaines de nouvelles mesures doivent être prises par les parties en vue de consolider le processus de paix, qui a atteint un tournant critique. Au niveau politique, des progrès sensibles doivent ainsi être réalisés : il est grand temps qu'un gouvernement de coalition soit formé et que les membres du Parlement de l'UNITA rejoignent leur siège au sein de l'Assemblée nationale. Une telle évolution non seulement marquerait un tournant essentiel dans cette crise, mais aussi permettrait au pays de concentrer son énergie sur la tâche urgente de réparer son désastre économique. Les informations apportées par le Secrétaire général à cet égard montrent clairement que les perspectives de paix en Angola pourraient être mises à mal si la situation économique et sociale du pays ne connaissait pas un retournement drastique. Pour maximiser l'impact de l'aide fournie au pays et permettre une certaine reprise des activités économiques,

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un contrôle plus efficace de la situation à Luanda et l'extension de l'administration de l'Etat dans l'ensemble du pays sont absolument nécessaires. La phase d'établissement de la paix dans la période postérieure au conflit exigera un effort déterminé de tous, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, en vue de recréer les conditions permettant à la population de profiter des riches ressources naturelles de ce pays.

M. ADELINO MANO QUETA (Guinée-Bissau) a engagé les parties à continuer à manifester leur attachement à la paix en détruisant les stocks de mines terrestres et en supprimant tous les postes de contrôle, de façon à garantir la libre circulation des personnes et des biens dans l'ensemble du territoire angolais. Le cantonnement et le désarmement de toutes les forces de l'UNITA, autre élément essentiel du processus de paix, et la remise de toutes les armes doivent être achevés sans plus tarder. La Guinée-Bissau estime nécessaire que l'UNITA libère sans conditions et sans tarder tous les prisonniers restants, conformément aux obligations découlant du Protocole de Lusaka.

Les mesures prises par le Gouvernement angolais en faveur de la paix, telles que l'amnistie proclamée conformément à l'Accord de Libreville, l'achèvement du cantonnement de la police d'intervention rapide et l'adoption du Programme de désarmement de la population civile contribueront certainement à la consolidation de la paix. La Guinée-Bissau demande encore une fois au Gouvernement angolais de bien vouloir fournir les facilités requises pour l'établissement d'une radio des Nations Unies indépendante. Malgré les retards qui continuent d'être enregistrés, la Guinée-Bissau estime que le processus engagé est en bonne voie, et encourage en ce sens le Président de l'Angola et le Chef de l'UNITA à se rencontrer le plus tôt possible en Angola, pour régler toutes les questions en suspens.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie), rappelant que la Russie est l'un

des membres de la "troïka" des observateurs du règlement du problème angolais, a déclaré que son pays s'intéresse particulièrement à la mise en oeuvre du processus de paix dans ce pays. La résolution du conflit sera un immense bienfait pour ce pays, mais aussi un grand succès pour la communauté internationale tout entière. Il a accueilli avec satisfaction l'accélération, ces derniers temps, de la mise en oeuvre du Protocole de Lusaka. Il a rappelé qu'une entente a été conclue pour mettre sur pied d'ici à la mi-août un gouvernement d'unité et de réconciliation nationales. Il a indiqué que des mesures importantes ont été prises pour consolider le processus de paix, comme l'achèvement du cantonnement de la police d'intervention rapide ou le début de la réalisation du programme de désarmement de la population civile. Des progrès ont également été accomplis dans le domaine du déminage et de la libre circulation des personnes et des biens. Il s'est cependant déclaré préoccupé par le fait que la réalisation de nombreux éléments clés du processus de paix soit encore retardée de façon importante. Force est de constater que la responsabilité en incombe à l'UNITA.

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Le représentant a déclaré partager l'opinion émise par le Secrétaire général dans son rapport, selon laquelle tant que l'UNITA n'aura pas cantonné l'ensemble de ses troupes et n'aura pas remis toutes ses armes à l'UNAVEM III, y compris les armes lourdes, le cantonnement ne sera pas pleinement achevé. Il est également important que les responsables de l'UNITA garantissent la présence de membres de l'UNITA au Parlement angolais. Il serait important de résoudre de façon constructive la question du poste de vice-président du pays, a-t-il ajouté. Il est également indispensable de mettre tout en oeuvre pour promouvoir la confiance entre les parties. Il a estimé que les semaines à venir revêtiront une importance décisive pour le sort du processus de paix dans son ensemble. Il a déclaré que sa délégation attend beaucoup de la tenue au début du mois d'août d'une nouvelle rencontre entre le Président angolais, M. Dos Santos, et le Chef de l'UNITA, M. Savimbi. La présente résolution répond à la phase actuelle du règlement angolais. En conséquence, la délégation russe votera en faveur de cette résolution.

M. JOHN WESTON (Royaume-Uni) a estimé que le texte du projet de résolution dont est saisi le Conseil identifie correctement les étapes qui doivent encore être franchies avant de parvenir à l'instauration d'une paix durable en Angola. Le Royaume-Uni - qui généralement n'est pas partisan des mandats de courte durée - juge que la période de trois mois s'impose ici, pour maintenir la pression sur les parties a ce stade crucial du processus de paix. L'Angola avance de plus en plus nettement sur la voie d'un futur sûr et pacifique, a-t-il poursuivi, évoquant certains faits saillants qui illustrent cette évolution, tels que la promulgation récente de la loi d'amnistie, le cantonnement accompli de la police de réaction rapide, ainsi que la publication récente de rapports faisant état de la libération par l'UNITA de tous les prisonniers restants. Beaucoup reste à faire cependant, a indiqué le représentant, qui a lancé un appel urgent aux parties pour qu'elles s'assurent que ces efforts soient maintenus et ne soient pas sapés au cours des dernières étapes qu'il reste a franchir pour que le processus de mise en oeuvre Protocole de Lusaka soit finalisé. Le Royaume-Uni est préoccupé par divers rapports qui laissent à penser que le processus d'intégration de l'UNITA dans les forces armées angolaises pourrait avoir été suspendu. Le Royaume-Uni estime qu'il est important que le Gouvernement clarifie cette situation.

M. GERARDO MARTINEZ BLANCO (Honduras) a estimé qu'il ne saurait y avoir de solution durable au problème angolais tant que les parties

n'appliqueront pas la totalité des dispositions des accords de paix et du Protocole de Lusaka, ni les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité, et n'observeront pas les accords contractés à Libreville. Le Honduras considère donc que les parties, et particulièrement l'UNITA, doivent démontrer leur volonté d'appliquer de manière appropriée ces accords sans occasionner de nouveaux retards au processus de paix. Il les appelle donc à s'acquitter sans délai des obligations qui leur incombe et à adopter les mesures correctives nécessaires. L'Angola traverse une crise économique et sociale grave qui

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exige une aide immédiate des institutions financières internationales ainsi que l'appui des pays donateurs. Le Honduras lance un appel à la communauté internationale et à ces pays afin qu'ils continuent d'apporter un appui au processus de paix et à combler les besoins entraînés par le processus de démobilisation et de réintégration. A l'étape présente du processus de paix, la présence d'UNAVEM III demeure nécessaire.

M. MAKARIM WIBISONO (Indonésie) a estimé que des progrès substantiels ont été réalisés vers l'établissement d'une paix durable en Angola. Tout au long de ce processus, la présence de l'UNAVEM a grandement contribué au rétablissement de la paix. La tâche est loin d'être achevée et beaucoup reste à faire, a jugé le représentant qui a exprimé sa préoccupation quant à la lenteur de l'application de certains aspects du Protocole de Lusaka en particulier, le casernement et le désarmement des troupes de l'UNITA qui constituent des éléments essentiels du succès du processus de paix. Il a appelé les parties à accélérer le désarmement de la population civile, l'intégration des forces de l'UNITA aux Forces armées angolaises (FAA) et à achever le retrait des FAA de leurs positions.

Il est également important d'améliorer la qualité des armes remises par l'UNITA, en particulier les armes lourdes, et de trouver une solution au taux élevé de désertion, a-t-il poursuivi. Il a insisté sur l'importance de mettre en place un gouvernement d'unité nationale et de réconciliation dans les délais les plus brefs et a appelé instamment les parties à prendre les mesures nécessaires pour que les membres élus du Parlement prennent leurs fonctions au sein de l'Assemblée Nationale. Abordant la question de la reconstruction de l'infrastructure de l'Angola, le représentant a fait valoir que le déminage était indispensable pour permettre aux habitants de retourner aux champs et de se déplacer librement dans leur pays. Il a annoncé le soutien de son pays au projet de résolution.

M. ZBIGNIEW M. WLOSOWICZ (Pologne) a déclaré qu'une lueur d'espoir avait brillé en novembre 1994 lors de la signature du Protocole de Lusaka. La communauté internationale avait de bonnes raisons d'être satisfaite. Toutefois, il s'est avéré que le processus de réconciliation nationale est bien plus complexe que prévu. Il s'est félicité de la réalisation de certains éléments positifs comme la promulgation de la loi d'amnistie, l'achèvement du cantonnement de la police d'intervention rapide et de certains progrès dans le cantonnement des troupes de l'UNITA. En même temps, il s'est déclaré déçu de noter certains faits négatifs comme le nombre élevé de désertions des zones de cantonnement ou le nombre et la qualité insuffisants des armes remises.

Le représentant a déclaré que les semaines à venir seront cruciales. La tâche la plus importante reste l'intégration des troupes de l'UNITA et des troupes gouvernementales dans les Forces armées angolaises. Il a estimé que la bonne volonté et un plein engagement des parties concernées sont plus que jamais y nécessaires. Il a fait appel au Gouvernement de l'Angola et à

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l'UNITA pour qu'ils fassent en sorte que toutes leurs déclarations et leurs engagements soient suivis d'effets. Il a indiqué que l'Angola est désormais confronté à des défis économiques et sociaux considérables. La réalisation de telles tâches dépend des Angolais eux-mêmes. La communauté internationale continuera certainement à offrir son aide si le peuple angolais fait la preuve de sa volonté à coopérer activement à la restauration d'une paix durable et à la stabilité dans son pays. Il a toutefois précisé que la présence de l'UNAVEM en Angola ne peut être justifiée que s'il existe un progrès visible dans le processus de réconciliation nationale.

M. KARL INDERFURTH (Etats-Unis) a souligné que pour maintenir la confiance dans le processus de paix, le cantonnement des soldats de l'UNITA doit s'achever bientôt et la démobilisation rapide et ordonnée de ceux qui n'entreront pas dans l'armée intégrée doit commencer. Il est prévu que quelque 67 000 soldats du Gouvernement et de l'UNITA soient démobilisés. Ces soldats peuvent contribuer de manière importante au processus de reconstruction massif de l'Angola. Les autorités angolaises et la communauté internationale doivent assurer que l'énergie et le talent considérables de ces soldats démobilisés seront mis à profit et canalisés de manière appropriée. L'appui de la communauté internationale est essentiel pour assurer que cette démobilisation et cette réintégration des anciens combattants soient rapides. Les combattants démobilisés doivent être convaincus qu'il existe effectivement une "vie après Lusaka".

Le représentant a appelé l'attention sur l'urgence du déminage, essentiel pour assurer la libre circulation des personnes et des biens en Angola, et ce faisant crucial pour les efforts de démobilisation et de reconstruction. Les Etats-Unis estiment qu'une cérémonie conjointe de destruction des mines terrestres aurait un impact psychologique important pour les Angolais, apportant une assurance de plus du fait qu'après plus de deux décennies de guerre, est inaugurée une nouvelle ère de paix et de réconciliation nationale. Les Etats-Unis ont appris avec préoccupation ce matin que le processus de sélection des soldats de l'UNITA devant entrer dans les forces armées unifiées avait été, semble-t-il, interrompu. Les deux parties doivent démontrer leur engagement le plus ferme, leur volonté politique et la souplesse nécessaires en vue de reprendre ce processus. La création d'une armée unifiée et la démobilisation des troupes non sélectionnées est un élément essentiel pour l'établissement d'un gouvernement d'unité et de réconciliation nationale. Les Etats-Unis escomptent qu'au cours du présent mandat, ce nouveau gouvernement sera formé et que le processus de paix sera devenu irréversible.

M. ALAIN DEJAMMET (France) a noté que, pour la première fois, il est possible de constater que de réels progrès ont été réalisés dans la mise en oeuvre du processus de paix en Angola. La paix y est en train de devenir véritablement crédible. Il convient en premier lieu d'en féliciter le Gouvernement angolais qui a progressé avec célérité dans la mise en oeuvre des

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obligations qui lui incombaient. Il convient tout autant d'accueillir favorablement les efforts déployés par l'UNITA pour ce qui concerne le

cantonnement de ses troupes. La résolution adoptée tient compte de ces évolutions positives. Pour autant, il reste encore beaucoup à faire. En premier lieu, il est tout à fait indispensable que le cantonnement des troupes de l'UNITA soit achevé au plus vite. Ce cantonnement ne deviendra véritablement crédible que lorsque l'UNITA aura rendu ses armes lourdes et que toutes les troupes auront été démobilisées. Dans le même temps, il est évident que ce cantonnement n'a de sens que s'il existe une réelle possibilité pour les ex-combattants d'être intégrés dans les forces armées angolaises ou encore d'être réinsérés rapidement et efficacement dans la vie civile.

C'est la raison pour laquelle il est fondamental que l'intégration et la réinsertion des combattants démobilisés soit menée promptement. Il est également tout à fait essentiel que la réconciliation nationale soit progressivement consolidée et que, dans cet esprit, un gouvernement d'unité soit rapidement formé. La France espère que la réunion entre le Président Dos Santos et M. Savimbi, qui doit se tenir début août en Angola, portera ses fruits. Il importe en effet que les parties comprennent que les Nations Unies ne seront pas présentes indéfiniment en Angola. Il est clair que l'UNAVEM devra commencer à quitter le pays comme prévu en février 1997. Pour cette raison, il est nécessaire que les ex-belligérants surmontent au plus vite - et dans l'intérêt du plus grand nombre -, les dernières difficultés, et que la communauté internationale appuie les efforts de réhabilitation économique qui sont nécessaires pour assurer à ce pays une stabilité et un développement durables.

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