SG/2023

LES PERSONNES VIVANT DANS DES CONDITIONS D'EXTREME PAUVRETE FONT ENTENDRE LEUR VOIX AU PALAIS DES NATIONS

25 juin 1996


Communiqué de Presse
SG/2023
SOC/4406


LES PERSONNES VIVANT DANS DES CONDITIONS D'EXTREME PAUVRETE FONT ENTENDRE LEUR VOIX AU PALAIS DES NATIONS

19960625

GENEVE, le 25 juin -- Les Nations Unies doivent être un forum ouvert et vivant où chacun a la possibilité de s'exprimer, a déclaré le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, ce matin à l'ouverture du dialogue avec une délégation de personnes venues d'une vingtaine de pays pour témoigner des conditions d'extrême pauvreté dans lesquelles elles vivent.

Le projet financé par la République et Canton de Genève et organisé par le mouvement international ATD-Quart monde en collaboration avec l'Office des Nations Unies à Genève a permis la venue de la délégation au Palais des Nations. Mme Alwine de Vos, Présidente d'ATD-Quart monde, et M. Guy-Olivier Segond, Président du Conseil d'Etat de la République et Canton de Genève, ont également participé au dialogue.

L'accent a été mis particulièrement sur la violation des droits de l'homme que constitue l'extrême pauvreté. Ainsi, une femme, vivant avec sa famille sous un pont, a fait état de ses conditions de vie et de l'impossibilité à comprendre le langage du système juridique de son pays. D'autres ont parlé de l'exclusion sociale à laquelle les condamne la pauvreté, brisant les familles dont les enfants sont pris en charge par l'Etat.

Six personnes se sont entretenues avec le Secrétaire général lors d'une réunion privée et trois autres se sont exprimées pendant une réunion publique, à laquelle ont assisté des membres de missions permanentes, d'institutions des Nations Unies, d'organisations non gouvernementales, ainsi que les médias.

A cette occasion, les personnes vivant dans l'extrême pauvreté ont lancé un appel poignant en faveur avant tout de la reconnaissance, et non pas pour une aide financière. Une personne a déclaré que «la chose la plus difficile pour nous est de prendre conscience que tout cela ne représente rien pour les autres. Nous n'avons pas de reconnaissance, notre courage et notre persévérance ne sont pas reconnus. La pauvreté dans laquelle nous vivons n'est pas considérée comme un scandale».

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Un intervenant a remarqué que beaucoup de promesses avaient été faites à ceux qui vivent dans l'extrême pauvreté -- promesses de travail, d'éducation, de formation et de logement. Ces promesses ont rarement été tenues. «Il est de notre droit de demander à ce que les promesses que l'on nous fait soient tenues», a indiqué l'intervenant, appelant à un engagement à long terme.

Le Secrétaire général a déclaré qu'il comprenait le désespoir engendré par ces promesses non tenues et la nécessité de pouvoir compter sur des amis à long terme. «Je suis votre ami, les Nations Unies sont là pour vous. Nous ferons peu de promesses, mais nous les tiendrons. Nous vous promettons de travailler avec vous, avec les organisations non gouvernementales et avec la société civile afin de trouver des solutions à l'extrême pauvreté».

Au cours de la réunion publique, le Secrétaire général a déclaré qu'il était inadmissible et intolérable que 1,3 milliard de personnes vivent encore dans des conditions d'extrême pauvreté. Cet état de fait constitue une violation des principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, selon M. Boutros Boutros-Ghali, qui a rappelé les engagements pris lors du Sommet social qui s'est tenu à Copenhague l'année dernière et par l'Assemblée générale instituant l'année internationale pour l'élimination de la pauvreté.

La Présidente d'ATD-Quart monde, Mme Alwine de Vos, a demandé que la priorité soit accordée à ceux qui vivent dans l'extrême pauvreté, car si une majorité de la population mondiale vit dans la pauvreté, certains en souffrent plus que d'autres. Elle a préconisé que l'évaluation des programmes de lutte contre la pauvreté se fasse à l'aune de leur impact sur les personnes vivant dans les conditions les plus extrêmes.

La réunion s'est conclue par la présentation d'un don par des enfants de Genève, au nom de tous les enfants du monde vivant dans l'extrême pauvreté. Ils ont fait part au Secrétaire général de leur espoir de l'avènement d'un monde meilleur, un monde de paix libéré du fléau de la pauvreté. Les enfants ont offert trois pierres originaires de différentes parties du monde, qui, mises ensemble, symbolisent la force et le courage de ceux qui luttent contre la pauvreté.

Dans une brève déclaration à la presse à la suite de la réunion, le Secrétaire général a insisté sur l'importance d'un dialogue direct, qui donne une dimension humaine à la lutte que mènent les Nations Unies contre la pauvreté : «Plus que le fait d'être pauvre, c'est la marginalisation et l'exclusion de la société qui font de la pauvreté une condition humiliante. Il est important que les Nations Unies soient un lieu où chacun puisse être entendu, où les personnes vivant dans la pauvreté puissent parler directement, exprimer leurs points de vue et recevoir une réponse».

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