LA PLENIERE D'HABITAT II ACHEVE SON DEBAT DE HAUT NIVEAU
Communiqué de Presse
HAB/136
LA PLENIERE D'HABITAT II ACHEVE SON DEBAT DE HAUT NIVEAU
19960614Le Président de Cuba, M. Fidel Castro, plaide en faveur de la consécration du logement en tant que droit universel de l'homme
Istanbul, 14 juin -- La Plénière de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) a terminé, ce matin, sous la présidence de M. Süleyman Demirel, Président de la Turquie et de la Conférence, son débat de haut niveau, qu'elle avait entamé le 12 juin.
Dans une allocution, le Président de la République de Cuba, M. Fidel Castro Ruz, a fait remarquer que la colossale explosion démographique n'a pas eu lieu dans un monde juste. Des siècles de colonialisme, d'esclavage et d'exploitation économique l'ont en effet précédé. Il a indiqué que ceux-là mêmes qui ont presque détruit la planète se révèlent être les moins intéressés à sauver l'Humanité. En effet, combien de chefs d'Etat ou de Gouvernement des pays développés, assistent-ils à cette réunion? Lors de cette Conférence, Cuba se joint à tous ceux ayant défendu les points de vue les plus justes et les vérités les plus évidentes.
Nous devons proclamer haut et fort notre droit à respirer un air pur, boire de l'eau potable, bénéficier d'un emploi digne, nous nourrir de denrées saines, être instruits, soignés, à être moins pauvres, lorsque d'autres sont plus riches. Nous devons proclamer que nous sommes plus l'homme de la jungle car celle-ci n'existe même plus. Il est juste que chaque famille dispose d'un logement décent et qu'il soit considéré comme un droit universel de l'homme.
Au titre de son débat de haut niveau, la Conférence a également entendu les allocutions des personnalités suivantes : M. Ricardo Marquez Flores, Premier Vice-président du Pérou; M. Apas Dj. Djumgulov, Premier Ministre de la République kirghize; M. Maris Gilis, Vice-Premier Ministre, Ministre de la protection de l'environnement et du développement de la Lettonie; M. Edmundo Hermosilla, Ministre du logement et de l'urbanisme du Chili; M. Donald Capelle, Secrétaire à la santé et à l'environnement des Iles Marshall; M. Eric Raoult, Ministre délégué à la ville et à l'intégration de la France; M. Jan Wagner, Ministre de l'économie de la République tchèque; M. Mohammed AlJarallah, Ministre des affaires municipales et rurales d'Arabie saoudite;
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M. Klaus Töpfer, Ministre fédéral de l'aménagement du territoire de la construction et de l'urbanisme de l'Allemagne; M. Said El Fassi, Ministre de l'habitat du Maroc; M. Joao Cardonna Gomez Cravinho, Ministre de l'équipement, de la planification et de l'administration territoriale du Portugal; M. Nimal Siripala de Silva, Ministre de la construction de logements et des services publics de Sri Lanka; et de M. Juan Gabito Zóboli, Vice-Ministre du logement, de l'aménagement des terres et de l'environnement de l'Uruguay.
La Plénière a également entendu la déclaration du Maire de la ville d'Accra (Ghana), qui est intervenu au nom des autorités locales, ainsi que celle de la représentante du Caucus des organisations non gouvernementales de jeunes.
La Conférence reprendra ses travaux cet après-midi, à partir de 16 heures 30. Elle adoptera les rapports de ses deux commissions, ainsi que la Déclaration d'Istanbul et le Programme pour l'habitat, avant de clôturer ses travaux.
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Conclusion du débat de haut niveau
M. APAS DJ. DJUMAGULOV, Premier Ministre de la République Kirghize: les générations futures évalueront de façon objective les succès d'Habitat II. C'est pourquoi, il importe que la conférence adopte des recommandations concrètes et objectives. Nos villes connaissent de nombreux maux. Mon pays appuie les Nations Unies qui se sont lancées dans la noble entreprise qui consiste à les traiter. La République kirghize, qui a connu depuis la fin des années 80 de profonds bouleversements, a réussi à faire face à nombre des nouveaux problèmes qui ont émergé, mais
n'a pas réussi jusqu'à présent à surmonter celui du manque de logements. Il faut complètement repenser l'habitat du pays, qui se compose essentiellement de maisons faites de terre. Le Gouvernement cherche également à promouvoir la création de petites villes satellites. Au niveau international, il s'efforce de mettre en place une coopération multilatérale et bilatérale avec d'autres pays, des organisations internationales et des organisations non gouvernementales. A cet égard, il convient de souligner que mon pays a signé au cours de cette conférence un mémorandum de coopération avec l'organisation non gouvernementale"Habitat pour l'humanité". La République kirghize s'engage à mettre en oeuvre les recommandations d'Habitat II.
M. EDMUNDO HERMOSILLA, Ministre du logement et de l'urbanisme du Chili: dans la perspective de la Conférence d'Istanbul, le Chili a élaboré une Charte, qui, outre qu'elle reflète l'importance de la problématique des établissements humains, recommande des actions concrètes sur les questions prioritaires que sont la lutte contre la pauvreté, la participation active et organisée des couches sociales et les progrès, indispensables, au dépassement des pénuries de logements et de services urbains. Le Chili souhaite par conséquent tirer avantage de sa stabilité politique, macro-économique et sociale pour aller de l'avant vers des établissements humains libérés des difficultés du déracinement et de la dégradation de l'environnement. Les questions de la ville et du logement sont des questions éminemment politiques, qui requièrent la participation des citoyens, sûrs de leurs droits mais également mus par le sens de leurs responsabilités. Le Chili est convaincu pour sa part, que le défi des établissements humains réside dans l'élimination de la pauvreté urbaine, qui touche en premier lieu les groupes les plus vulnérables. Les délégations des Etats présents à Istanbul ne sauraient regagner leurs pays respectifs les mains vides. Qu'Istanbul soit plus qu'une espérance. Qu'elle soit la manifestation de l'engagement de tous pour une vie meilleure.
M. DONALD CAPELLE, Secrétaire à la santé et à l'environnement des îles Marshall: le manque de terres, les effets des radiations et une forte croissance démographique constituent les grands défis que les Iles Marshall doivent relever en matière de développement durable des établissements humains. Le Gouvernement a pris des engagements en faveur de la santé, de l'hygiène et de la sécurité des communautés. Il continue à négocier avec les
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Etats-Unis pour assurer un contrôle scientifique par des organismes indépendants et respectés de toutes les décisions concernant le retour de populations dans des zones irradiées telles que l'atoll de Rongelap. Le Gouvernement essaie également de ralentir la forte croissance démographique du pays. A cette fin, un Conseil national de la santé et de la population a été établi. Nous espérons qu'Habitat II donnera un nouvel élan aux efforts visant à traiter les déchets radioactifs et nettoyer les zones contaminées qui menacent le développement et la durabilité de nos établissements humains.
M. RICARDO MARQUEZ FLORES, Vice-Président du Pérou: convaincu de la valeur de la coopération régionale en matière d'établissements humains, le Pérou a activement participé à la réunion ministérielle de Santiago de Chile, organisée sous les auspices de la CEPAL, en novembre dernier. Les recommandations qui y ont été adoptées au titre du Plan régional d'action sont la manifestation de la volonté politique d'une région décidée à entreprendre des actions concrètes et significatives en vue de dépasser la situation de sous-développement de l'un de ses domaines les plus sensibles, en l'occurrence celui du logement. Le Pérou accorde une importance particulière à l'intégration du Plan régional d'action de
l'Amérique latine et des Caraïbes en annexe du Programme mondial pour l'habitat qui sera adopté aujourd'hui.
La stratégie de développement du Pérou ne saurait limiter la politique du logement à la seule construction d'unités. Il s'agit en fait d'aller audelà, afin d'intégrer le citoyen au processus de production et du développement socio-économique. Qui plus est, et dans le cadre de la célébration de la Décennie internationale des populations autochtones, le Pérou s'engage à satisfaire les besoins en logement de ce segment de sa population, en respectant toutefois son environnement et son identité socioculturelles.
M. FIDEL CASTRO RUZ, Président de la République de Cuba: la colossale explosion démographique n'a pas eu lieu dans un monde juste. Des siècles de colonialisme, d'esclavage et d'exploitation économique l'ont en effet précédé. Certains ont tout et d'autres n'ont rien eu. Les soit-disant sociétés de consommation ont été fondées sur le sang et la sueur des masses exploitées. Ceux-là mêmes qui ont presque détruit la planète et empoisonné l'air, les mers, les fleuves et le sol se révèlent être les moins intéressés à sauver l'Humanité. En effet, combien de Chefs d'Etat ou de Gouvernement des pays développés, assistent-ils à cette réunion ?
Les mouvements migratoires internationaux et internes sont la résultante de ce même développement inégal et injuste dans et hors des pays. Si l'on ne comprend pas cela, l'on ne cernera pas l'enjeu des établissements humains. A l'heure où l'économie mondiale et les progrès technologiques sont tant à l'ordre du jour, à quoi servent-ils s'ils ne résolvent pas les problèmes de l'homme, si les pays nantis s'enrichissent davantage alors que la pauvreté demeure le lot des plus déshérités ? Cette Conférence ne saurait faire oublier les campagnes, qui sont de plus en plus abandonnées. L'échange inégal entre la ville et la campagne est similaire à celui existant entre les pays pauvres et les pays riches.
- 5 - HAB/136 14 juin 1996Dans les deux prochaines décennies, et rien qu'en Amérique latine, l'on estime que 85% de la population sera concentrée dans les villes. Quelles seront les conditions de vie de ces innombrables masses? Jusqu'à quand pourront-elles résister, dans ces conglomérats ingouvernables, à la pauvreté, l'insalubrité, la faim, l'exploitation, à la mort? L'Etat peut-il vraiment se libérer de toute responsabilité dans la solution de ces problèmes? Est-il juste de ne pas considérer le droit au logement comme fondamental à l'homme?
Lors de cette Conférence, Cuba se joint à tous ceux ayant défendu les points de vue les plus justes et les vérités les plus évidentes. Nous ne pouvons dire qu'il n'y a pas suffisamment de fonds. A l'heure de la fin de la Guerre froide, comment peut-on en effet continuer à dépenser des millions de dollars en armements et en opérations militaires et développer ce commerce? Comment peut-on encore tromper ainsi l'Humanité?
Nous avons finalement, le droit de vivre en paix et avec honneur; que les blocus économiques injustes et criminels ne soient plus acceptés; que nous ne soyons plus exploités, ni pillés, ni méprisés, ni traités avec la plus répugnante des xénophobies. Nous poursuivrons notre lutte, nous proclamerons toujours au monde nos vérités car en fin de compte, nous sommes le monde et le monde n'admet pas de maître, ni de politiques suicidaires. Le monde n'admet pas qu'une minorité d'égoïstes, de déments et d'irresponsables nous mènent à l'extermination.
M. ERIC RAOULT, Ministre délégué à la ville et à l'intégration de la France: trois résultats significatifs d'Habitat II doivent être mis en avant. Habitat II a d'abord permis de prendre conscience de l'importance déterminante des enjeux liés au mouvement d'urbanisation: nous savons
désormais que notre avenir se joue dans les villes. Cette prise de conscience collective était indispensable. Istanbul doit être aux villes ce que Rio a été pour l'environnement. Deuxième motif de satisfaction: Istanbul a inscrit l'évolution des villes dans les perspectives de développement durable définies lors du Sommet de la terre et dans le respect des principes communs pour un monde responsable et plus solidaire affirmés lors des précédentes conférences des Nations Unies. Je me réjouis tout spécialement qu'Istanbul fasse solennellement figurer le droit au logement parmi l'un des droits de l'homme à valeur universelle. Troisième avancée positive d'Habitat II: la reconnaissance du rôle fondamental du partenariat. Je suis convaincu que la ville de demain se fera en s'appuyant tout autant sur l'urbain que sur l'humain. La Conférence Habitat II a été la première à associer aussi activement les partenaires non gouvernementaux.
Il nous faut aujourd'hui consacrer autant d'énergie aux suites de la Conférence qu'à sa préparation. Habitat II n'est pas un aboutissement, ce doit être un point de départ. Au niveau local, la conduite des projets urbains doit relever d'élus démocratiquement responsables, seuls capables d'entraîner l'adhésion des citoyens. Istanbul aura marqué l'engagement solennel des maires
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du monde dans une démarche de développement urbain durable. A l'échelon national, la volonté de donner sa pleine portée au partenariat doit faire évoluer le rôle de l'Etat. Au plan international, les collectivités locales ont également un rôle important à jouer. La coopération décentralisée entre villes du Nord et villes du Sud qui a déjà fait ses preuves doit être vivement encouragée. Tout en favorisant ce mouvement, les institutions internationales devront mettre davantage l'accent sur les politiques urbaines dans leurs programmes d'aide au développement. Il est essentiel de rendre l'urbanité à nos villes. Celles-ci doivent retrouver leur rôle de foyer de civilisation, de carrefour social et de lieu d'échanges entre tous les hommes.
M. TOMAS LANE, Donnant lecture d'un message de M. Jan Kara, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque: la délégation tchèque attache une grande importance aux questions discutées dans le cadre d'Habitat II et espère qu'au terme de celle-ci tous les Etats Membres des Nations Unies pourront adopter un document aussi ferme que substantiel capable de guider à l'avenir les efforts concertés de la République tchèque. En effet, la République tchèque est préoccupée par le manque de compréhension mutuelle apparu lors du processus préparatoire, qui s'est traduit par la mise entre crochets de nombreux passages du Programme pour l'habitat. Notre tâche ici est de supprimer ces crochets sans que cela ne crée d'incohérences ou de perte de substance, en évitant de réécrire ou de "recycler" des accords conclus antérieurement.
La situation évolue actuellement en République tchèque et le pays est déterminé à jouer un rôle plus actif en matière de coopération internationale, tant bilatérale que multilatérale. Pour partie, sa stratégie consiste à accroître son soutien aux pays en développement, y compris ceux de sa propre région. A cet égard, la République tchèque aborde Habitat II de deux façons. La Conférence constitue, d'une part, un exercice qui consiste à appréhender ses problèmes à une plus large échelle, ce qui est une source puissante d'inspiration et de conseil. D'autre part, Habitat II et le suivi de sa mise en oeuvre représentent un lieu d'échanges d'expériences précieuses acquises lors du processus de transition qu'elle a connu avec d'autres pays. La coopération dans ce domaine doit devenir partie intégrante et vitale du programme tchèque d'assistance au développement qui est en cours d'élaboration.
M. MOHAMED AL-JARALLAH, Ministre des affaires municipales et rurales de l'Arabie saoudite: au cours des vingt dernières années, le royaume d'Arabie saoudite a connu une croissance et une modernisation rapides couplée à une urbanisation sans précédent de la population qui représentait 79% en 1995. Pour soutenir ce processus d'urbanisation, le pays s'est doté de plans quinquennaux de développement qui mettent l'accent sur le développement durable et la modernisation des établissements humains. En vingt ans, le gouvernement a dépensé près de 187 milliards de dollars pour la construction d'infrastructures de base telles que l'adduction d'eau, l'électrification et transport, ainsi que pour les services de santé et d'éducation. L'importance
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des différents types d'aide financière apportés par la Gouvernement de l'Arabie saoudite à de nombreux pays, par le truchement des institutions financières locales, régionales et internationales, atteste des engagements qu'elle a pris en faveur d'un développement durable et global du monde. Ainsi depuis les années 70, le pays a consacré 5,5% de son revenu intérieur brut à l'aide internationale ce qui dépasse de loin l'objectif de 0,7% que s'était fixée la communauté internationale il y a une vingtaine d'années.
M. KLAUS TOPFER, Ministre fédéral de l'aménagement du territoire, de la construction et de l'urbanisme de l'Allemagne: Habitat II a renforcé la conviction que le monde du 21ème siècle sera urbain. Nous ne vivrons pas dans un village mondial mais bien dans une agglomération mondiale. La ville est donc porteuse d'avenir -économique, social et écologique-. Elle peut par conséquent être synonyme de durabilité. Si l'urbanisation occupe une grande part du problème, il s'agit pour nous d'en faire une partie de la solution. La croissance économique urbaine est une condition essentielle de la satisfaction des besoins de la croissance démographique. Toutefois, cette croissance ne aurait davantage se faire aux dépens de l'environnement et de la stabilité sociale. La solution des problèmes urbains dans les pays en développement est indissoluble des changements dans les pays industrialisés. Les autorités locales doivent être associées à la mise en oeuvre internationale du Programme pour l'habitat. Cela signifie qu'elles doivent avoir leur mot à dire au niveau institutionnel, à commencer par la Commission des Nations Unies sur les établissements humains. La décentralisation des processus de prise de décision, la réalisation du principe de subsidiarité, le renforcement de la démocratie locale et de l'autorité municipale et la participation de tous les secteurs sont essentielles au développement urbain de l'avenir. Le dialogue si bien inauguré à Istanbul doit se poursuivre au niveau politique le plus élevé. M. SAID EL FASSI, Ministre de l'habitat du Maroc: le Maroc a activement participé au processus préparatoire d'Habitat II. Les efforts de la Conférence ont porté leurs fruits tant au niveau local que national, régional qu'international. La Déclaration de Rabat en est le témoignage. A un moment où les pays du nord connaissent des progrès et des avancées technologiques considérables, ceux du Sud assistent à une détérioration de leurs établissements humains. C'est pourquoi, il importe de soutenir l'existence d'un environnement et d'un développement durables. Le Maroc s'y emploie, à travers ses politiques, notamment celles consacrées à la décentralisation et au renforcement de l'aménagement des sols et de l'aménagement urbain. Il cherche à développer les zones rurales grâce à un stratégie planifiée qui a pour objectif de lutter contre l'exode rural. Il faut, comme aime à le dire notre Roi, que les architectes s'inspirent du génie des lieux. Le Maroc a pris des mesures et procédures en faveur des petits établissements humains pour les équiper en eau et en électricité. En matière de logement, il procède à des incitations pour que la population prenne elle-même en charge son développement. Un renforcement de la participation des femmes aux processus d'amélioration
est également recherché. Sur la base des propositions faites par le Maroc, Habitat II est à même de renforcer et de développer de façon durable les établissements humains.
- 8 - HAB/136 14 juin 1996M. MARIS GAILIS, Vice-Premier Ministre et Ministre de la protection de l'environnement et du développement de la Lettonie: jusqu'à l'effondrement de l'Union Soviétique, la politique de logement appliquée à la Lettonie répondait aux principes soviétiques de la subvention à l'arbitraire, de l'allocation des logements et de l'établissement des loyers et taxes. En 1991, la Lettonie a entamé un processus de privatisation des logements. Il est important de promouvoir un environnement social, économique et politique en vue de faciliter la construction de logements privés à des termes favorables aux emprunteurs. Dans ce cadre, des efforts sont entrepris pour inciter les institutions financières internationales à accorder des prêts avantageux à la construction à la Lettonie.
M. JAO CRAVINHO, Ministre de l'équipement, de la planification et de l'administration territoriale du Portugal: le Portugal soutient les principes que l'Italie, au nom de l'Union européenne, a déjà présentés, en particulier ceux de la participation, de la solidarité et de l'égalité, qui forment à notre avis, le noyau du concept du droit à la ville qui est en train de se créer. Ce droit nous impose quelques conditions, notamment l'impératif d'une plus grande qualité et le développement durable des établissement humains; la responsabilité d'assurer un logement adéquat pour tous; et l'éradication des situations de pauvreté et d'exclusion, en particulier, celles des groupes sociaux les plus vulnérables. L'adhésion aux principes de la Déclaration d'Istanbul vient consacrer les valeurs de notre développement urbain, ouvert aux syncrétismes culturels, caractéristique des villes du Portugal et de celles qu'il a contribué à bâtir sur tous les continents.
Au cours des trentes dernières années, le Portugal a connu de grandes transformations qui sont à l'origine des dysfonctions et des nouveaux problèmes posés par une société, qui est en train de devenir urbaine. Pour répondre à ces défis, le Portugal est en train de repenser le cadre législatif de son système de planification territoriale. Il cherche aussi à coordonner les politiques sectorielles destinées à satisfaire le besoin en logements, en général, et des groupes sociaux les plus sensibles, en particulier. Dans les questions urbaines et du logement, notre action et notre intérêt dépassent le cadre du territoire national et restent un des éléments de la coopération, en particulier avec les pays de langue officielle portugaise. Le Portugal veut contribuer à l'élaboration des conclusions de cette conférence, et est prêt à s'engager en faveur du programme d'action qui fera suite à nos travaux.
M. NIMAL SIRIPALA DE SILVA, Ministre du logement et des services publics du Sri Lanka: qualité de vie et qualité des établissements humains vont de pair. Quels que soient les changements gouvernementaux survenus depuis cinquante ans, la question des établissements humains a toujours constitué une priorité au Sri Lanka. En complément des schémas d'irrigation, le pays a mis en oeuvre des projets de développement villageois, d'électrification rurale et
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de construction de logements sur l'ensemble du territoire. Par ce biais, le Sri Lanka a réussi à renverser le processus de migrations rurales vers
les villes. Le défi qui se pose désormais est d'établir une hiérarchie des villes prioritaires, susceptibles de générer un développement rapide dans les domaines industriel et des services. Le Sri Lanka est convaincu que dans le développement urbain réside la solution à l'augmentation du sous-emploi et de l'aggravation de la pauvreté. La Déclaration de Colombo émanant des membres de l'Association de développement des Etats de l'Asie du Sud, adoptée en mars dernier, proclame que le principal obstacle à la réalisation de l'objectif d'un logement pour tous réside dans la pérennité de la pauvreté et de l'incapacité de la plus grande partie de la population à générer un surplus économique susceptible d'être investi dans les activités liées au logement.
M. JUAN A. GABITO ZOBOLI, Vice-Ministre du logement, de l'aménagement du territoire et de l'environnement de l'Uruguay: l'Uruguay jouit d'une longue tradition de respect des droits de l'homme qui lui a permis d'atteindre un niveau remarquable de développement social. Aujourd'hui, le pays gère sa politique en matière d'habitat de manière intégrée qui s'inscrit dans le cadre du concept du développement durable. Cette Conférence a permis à l'Uruguay d'actualiser les informations et de s'enrichir des expériences et points de vue d'autres pays, et d'organismes internationaux. La Conférence constitue surtout l'occasion d'un examen de la validité des stratégies en vigueur. L'Uruguay émet l'espoir que ce rendez-vous aboutira à un suivi et à une application concrets.
M. NAT NUNO AMARTEIFIO, Maire d'Accra (Ghana), au nom des autorités locales: je me félicite de pouvoir intervenir dans le cadre du débat de haut niveau d'Habitat II, au nom des autorités locales, ce qui constitue une première. J'appuie pleinement les recommandations qui seront adoptée aujourd'hui dans le cadre du Programme pour l'habitat. Les autorités locales reconnaissent l'importance de la participation de tous les acteurs du développement. Il importe que les Nations Unies élaborent avec nos autorités locales une Charte mondiale de la gestion locale qui contiendraient les principes permettant de parvenir à un développement durable des établissements humains. L'Assemblée des villes, qui s'est tenue juste avant Habitat II, a rassemblé plus de 500 maires du monde entier. Elle a lancé une coordination permanente d'associations et leur a permis de s'exprimer d'une seule voie. Le Programme pour Habitat reprend un grand nombre des recommandations faites par les autorités locales, notamment en ce qui concerne la reconnaissance du rôle majeur des autorités locales en matière de développement. Mme ZEYNEP OZBIL, Caucus des jeunes des organisations non gouvernementales: le plus grand défi d'Habitat réside peut-être dans la célébration de l'unité dans la diversité. Nos foyers se doivent de devenir les lieux où nos besoins les plus fondamentaux sont satisfaits et nos droits réalisés. "Bâtir notre foyer mondial" doit être notre guide. A Istanbul, les jeunes ont entrepris des efforts louables pour accroître leur participation au processus d'Habitat; ils ont partagé leurs meilleures pratiques et déjà planifié la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat au niveau local.
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