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HAB/135

AU DEBAT DE HAUT NIVEAU D'HABITAT II, LES ORATEURS POURSUIVENT LA DEFENSE DU PARTENARIAT ENTRE TOUS LES ACTEURS DE LA SOCIETE CIVILE

14 juin 1996


Communiqué de Presse
HAB/135


AU DEBAT DE HAUT NIVEAU D'HABITAT II, LES ORATEURS POURSUIVENT LA DEFENSE DU PARTENARIAT ENTRE TOUS LES ACTEURS DE LA SOCIETE CIVILE

19960614

Istanbul, 13 juin -- La Plénière de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) a poursuivi, cet après-midi et ce soir, son débat de haut niveau, qu'elle avait entamé dans la matinée du mercredi 12 juin.

A ce titre, la Conférence a entendu les allocutions des hautes personnalités suivantes : M. Volodymyr Handogiy, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine; M. P. Mosisli, Vice-Premier Ministre du Lesotho; M. Dontcho Konaktchiev, Vice-Premier Ministre de la Bulgarie; M. Valentin Cunev, Vice-Premier Ministre de la République de Moldova; M. Alhaji Abdullah Adamu, Ministre d'Etat des travaux publics et du logement du Nigéria; M. Kamel Hakimi, Ministre de l'habitat de l'Algérie; M. Gunnar Berge, Ministre des collectivités locales et du travail de la Norvège; M. John Carmichael, Ministre du logement et de l'urbanisme du Swaziland; M. Jean Traoré, Ministre de l'urbanisme et de l'habitat de la Guinée; M. Martin Bartenstein, Ministre fédéral de l'environnement, de la jeunesse et de la famille de l'Autriche; M. Abbas Akhondi, Ministre du logement et de l'urbanisme de l'Iran; M. Brendan Howlin, Ministre de l'environnement de l'Irlande; M. Landing Sané, Ministre de l'Equipement et des transports terrestres, chargé de l'urbanisme et de l'habitat du Sénégal; et M. Roberto Costlety White, Ministre des travaux publics et du logement du Mozambique.

La Plénière a également entendu des déclarations des membres du gouvernement suivants: M. Francisco Gonzalez, Ministre de l'urbanisme du Venezuela; M. Fernand Boden, Ministre du logement du Luxembourg; M. Censu Galea, Ministre du logement de Malte; M. Cherif Chako, Ministre de l'équipement et des infrastructures du Niger; M. Habib J. Hayat, Ministre des travaux publics et Ministre d'Etat aux affaires de logement du Koweït; M. John Humphrey, Ministre du logement et des établissements humains de Trinité-etTobago; M. Pablo Vijil Icaza, Ministre de la construction et des transports du Nicaragua; M. Josef Zlocha, Ministre de l'environnement de la République Slovaque; M. Bala Ram Gharti Magar, Ministre du logement et de l'aménagement

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du territoire du Népal; M. E.C. Chikowore, Ministre de la construction et du logement national du Zimbabwe; M. Dinos Michaelides, Ministre de l'intérieur de Chypre; M. Van Molyvann, Ministre d'Etat chargé de la culture et des beaux-arts, de l'aménagement du territoire, de l'urbanisation et de la construction du Cambodge; M. Charlie Nako, Ministre des affaires intérieures de Vanuatu; Mme Elissavet Papazoe, Vice-Ministre, Ministère de l'environnement de l'aménagement du territoire et des travaux publics de la Grèce; ainsi que M. Hailé Assegide, Ministre des travaux publics et du développement urbain de l'Ethiopie.

Les personnalités suivantes ont également pris part au débat de haut niveau: M. Jawad Salim AL-Arayed, Ministre d'Etat de Bahreïn; M. D.K.J. Tommel, Secrétaire d'Etat au logement, à la planification et à l'environnement des Pays-Bas; M. Peter Gurtner, Secrétaire d'Etat au Département fédéral de l'économie publique de la Suisse; M. Pál Kara, Secrétaire d'Etat adjoint au Ministère de l'intérieur de la Hongrie; M. K.S. Sharma, Secrétaire, Département de l'emploi urbain et de la réduction de la pauvreté de l'Inde; et M. Dionisio C. de la Serna, Membre du Cabinet et Président du Conseil de coordination pour le logement et l'urbanisme des Philippines.

Les représentants des Iles Salomon, de Panama, du Bangladesh et du Honduras sont également intervenus.

En fin de séance, la Turquie et Chypre ont exercé leur droit de réponse. En début de séance, et aux termes d'un projet de résolution, la Plénière de la Conférence a adopté le rapport de la Commission de vérification des pouvoirs, relatif aux pouvoirs des représentants de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains.

La Conférence achèvera son débat de haut niveau demain, vendredi 14 juin, à partir de 10 heures.

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Poursuite du débat de haut niveau

M. ALHAJI ABDULLAHI ADAMU, Ministre d'Etat chargé des travaux publics et du logement du Nigéria: le gouvernement et le peuple du Nigéria appuient pleinement la convocation d'Habitat II au moment crucial que constitue l'aube du 21ème siècle. Le Nigéria a activement participé, dès le début, au processus préparatoire de la Conférence. Le phénomène d'urbanisation représente pour le Nigéria, et l'Afrique dans son ensemble, un défi important. Pour le relever, il importe d'associer toutes les personnes concernées, tant au plan local que national. Le Gouvernement a établi des

plans nationaux de développement du logement en 1991 et 1994, ainsi qu'un Programme de développement urbain en 1993. Le Nigéria est d'avis que le Programme pour l'habitat nécessite une coopération accrue et un renforcement du partenariat à l'échelle mondiale. Le Nigéria et l'Afrique se félicitent de la compréhension qu'ont manifestée les pays représentant les différents groupes régionaux en ce qui concerne le rôle du Centre des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT) pour la mise en oeuvre et la coordination du Programme pour l'habitat et la Déclaration d'Istanbul.

M. KAMEL HAKIMI, Ministre de l'habitat de l'Algérie: les déséquilibres liés au niveau du développement économique et social et à la croissance démographique ont engendré une concentration urbaine aggravant le préjudice subi par un monde rural qui n'a pas toujours bénéficié d'un intérêt soutenu et d'une allocation équitable de ressources pour sa stabilisation et son épanouissement. Dans la perspective d'Istanbul, l'Algérie a mis en place un comité préparatoire, regroupant l'ensemble des partenaires sociaux en vue de faire converger les actions et les initiatives qui peuvent contribuer à freiner la détérioration des conditions de vie des populations. Une stratégie nationale du logement a été élaborée en vue de maîtriser la crise à travers la libération de toutes les initiatives, notamment celles du secteur privé, dont l'efficacité et les performances seront soutenues par de nouveaux mécanismes de financement. L'Algérie encourage toutes les formes de coopération internationale, en particulier le partenariat, qui présente l'avantage de préserver les intérêts mutuels de tous.

M. D.K.J. TOMMEL, Secrétaire d'état au logement, à la planification et à l'environnement des Pays-Bas: le partenariat sera à l'avenir la clé du succès. Nous avons besoin d'un partenariat qui inclue les autorités locales, les organisations de femmes, les ONG, les syndicats et le secteur privé. Le partenariat est une relation d'engagements. Il signifie le partage. Au-delà des frontières nationales, il s'agit de trouver des voies et moyens novateurs pour s'aider et s'inspirer les uns les autres. Des objectifs quantifiables doivent être établis. Des établissements humains durables signifient davantage que le simple fait de satisfaire les besoins en logements. Il s'agit de stimuler la croissance afin d'améliorer l'environnement humain. Trois conditions sont nécessaires au maintien de l'esprit d'Istanbul: l'évaluation de sa mise en oeuvre; l'encouragement des "meilleures pratiques"; et l'édification des capacités nationales.

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M. REX S. HOROI (Iles Salomon): Habitat II revêt une importance vitale pour le peuple des Iles Salomon qui est une jeune nation qui n'a accédé à l'indépendance qu'en 1978. La beauté de nos îles tropicales ne doit pas cacher la pauvreté et la détérioration des établissements humains, ainsi que les dommages qu'elles causent aux groupes de personnes les plus vulnérables de notre société. La planification mise en place par le Gouvernement est essentiellement axée sur le logement, l'eau potable et l'assainissement. A cet égard, il est prévu de lancer en 1998 un programme national. En association avec les assemblées et communautés provinciales, le Ministère des terres et du logement élabore actuellement des programmes à court, moyen et long termes. La Déclaration d'Istanbul du Groupe des 77 et de la Chine, que les Iles Salomon appuient et mettront pour leur part en oeuvre, considère que cette conférence est un témoignage de la préoccupation de tous de voir endiguée la vague de la misère humaine, du désespoir et de la pauvreté.

M. GUNNAR BERGE, Ministre des collectivités locales et du travail de la Norvège: les gouvernements centraux et les autorités locales doivent oeuvrer en étroite coopération avec l'ensemble des partenaires, tant les

zones urbaines que rurales. En Norvège, cela signifie la participation active du mouvement coopératif. La Norvège estime que le droit au logement fait partie intégrante des droits de l'homme les plus fondamentaux. Il est urgent que les gouvernements prennent une part active à tous les niveaux de la planification et de la prise de décision. La réalisation du développement durable est tributaire de la modification par tous les pays mais particulièrement les pays développés, des schémas de consommation et de production en vigueur. Les pays nantis ont le devoir de réduire leur gaspillage d'énergie, d'eau, et d'autres ressources et accroître leurs efforts en faveur du développement durable. Toutefois, la Norvège estime que l'amélioration des conditions de vie passe par l'élimination de la pauvreté qui tend à se muer en une menace à la paix et à la sécurité internationales. La Norvège saisit cette occasion pour rappeler les devoirs de chacun vis-à-vis des pays les moins avancés.

M. JOHN CARMICHAEL, Ministre du logement et de l'urbanisme du Swaziland: Habitat II revêt un intérêt particulier pour le Swaziland. En effet, le gouvernement a lancé, l'an passé, une initiative dans le cadre du processus préparatoire à la conférence qui a mobilisé tous les acteurs concernés et dont les résultats seront largement repris dans la Stratégie de développement national qu'adoptera prochainement le pays. Le Swaziland a démocratisé les instances décisionnaires locales et procédé à une décentralisation des pouvoirs. Le pays connaît une urbanisation rapide. La communauté internationale doit trouver une solution durable pour mettre un terme aux différents conflits qui ensanglantent le monde. Le gouvernement du Swaziland est fermement engagé en faveur des buts et objectifs d'Habitat II.

M. JEAN TRAORE, Ministre de l'urbanisme et de l'habitat de la Guinée: la crise découlant des effets difficilement maîtrisables de l'explosion démographique et de l'urbanisation accélérée n'épargne pas la Guinée.

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Le Gouvernement est plus que jamais déterminé à aller au-delà des résultats déjà enregistrés depuis une décennie. Pour ce faire, il faut bien évidemment la participation plus accrue de tous les acteurs urbains aux niveaux international, national et local. Dans cette perspective, le Gouvernement s'attache à la promotion de toutes les formes et de tous les niveaux de partenariat nécessaires à la mobilisation des ressources et des investissements indispensables.

M. MARTIN BARTENSTEIN, Ministre fédéral de l'environnement, de la jeunesse et de la famille de l'Autriche: Habitat II est la dernière des grandes conférences initiées par Action 21. Aussi, doit-elle fonder ses recommandations sur celles des précédentes conférences des Nations Unies. Mais Habitat II permet également de dégager de nouveaux enseignements. Grâce à cette conférence, la communauté internationale a accompli des progrès considérables dans son approche des villes. Habitat II a également innové en accordant une aussi grande place à la présentation des meilleures pratiques et en soulignant l'importance de la coopération internationale entre les villes. De plus, cette Conférence met la communauté internationale devant une situation choquante d'extrême pauvreté, celle des sans-abris.

S'agissant du développement durable des établissements humains, je souhaiterai souscrire à nombre des recommandations faites lors de la première Conférence des ministres européens consacrée aux politiques de logement durable qui s'est tenue à Copenhague en début d'année. Parmi les nombreux points abordés par la conférence de Copenhague, j'aimerais mettre en avant la nécessité d'une réduction de la demande en matière de

transport et d'une utilisation écologiquement rationnelle des ressources naturelles. Comme l'a souligné la déclaration faite plus tôt par l'Italie, au nom de l'Union européenne, la réaffirmation du droit à un logement décent, c'est-à-dire le droit pour chacun de vivre dans la sécurité, la paix et la dignité, représente l'une des plus grandes réussites d'Habitat II. Les villes doivent rester ou redevenir des centres de civilisation et d'interaction culturelle, où les personnes peuvent se sentir chez elles; des lieux où les personnes peuvent vivre ou travailler en harmonie avec l'environnement.

M. VOLODYMYR HANDOGIY, Vice-Ministre des affaires étrangères de l'Ukraine: les villes connaissent des phénomènes négatifs et particulièrement complexes auxquels l'Ukraine n'échappe pas. Cette situation a particulièrement été aggravée par la catastrophe de Tchernobyl de 1986 qui a eu pour conséquence de déclarer 2 villes et 76 établissements humains zones mortes. Actuellement, l'Ukraine achève la mise en oeuvre d'un Programme de déplacement de 140,000 personnes. Tous le pays doivent assurer le droit à un logement décent et veiller à l'utilisation rationnelle du patrimoine foncier et à la protection de l'héritage culturel urbain. L'avenir des villes et partant, du monde, sont tributaire des efforts sincères en faveur de la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat à l'échelle mondiale.

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M. ABBAS AKHOUNDI, Ministre du logement de l'Iran et du développement urbain: les objectifs d'Habitat II courent le risque de rester vains sans la participation de l'ensemble des acteurs de la société civile aux processus de prise de décision et de mise en oeuvre des politiques et programmes. Dans ce cadre, la communauté internationale a la responsabilité de compléter les efforts nationaux par l'apport d'une assistance technique et financière. La question d'un environnement économique international favorable est également très importante pour la mise en oeuvre des objectifs d'Habitat II. Il serait illusoire de croire que les pays en développement seront capables d'honorer seuls les engagements d'Habitat II à l'heure où ils affrontent les conséquences de l'endettement, de la difficulté d'accès aux marchés mondiaux, du manque de ressources, des fluctuations des marchés financiers, de la pauvreté et du chômage.

M. BRENDAN HOWLIN, Ministre de l'environnement de l'Irlande: dans la déclaration qu'il a faite au nom de l'Union européenne, mon collègue, le Ministre italien des travaux publics, a souligné les questions-clés qui devraient guider les actions futures. Le gouvernement irlandais appuie sans réserve la déclaration de l'Union européenne. Il prépare actuellement une Stratégie nationale de développement durable qui mettra l'accent sur la nécessité d'intégrer les préoccupations relatives à l'environnement et au développement dans le processus de prise de décision. La Stratégie vise également à apporter des réponses à une série d'autres questions telles que l'utilisation des terres, la durabilité urbaine et la recherche d'un difficile équilibre entre zones urbaines et rurales. Le gouvernement a reconnu l'importance du rôle des familles et des foyers en matière de durabilité. Cette conférence nous fournit l'occasion d'élaborer un plan mondial d'action pour l'avenir des établissement humains.

M. LANDING SANE, Ministre de l'équipement et des transports terrestres du Sénégal: de 1996 à l'an 2000, trois grands axes constitueront les lignes directrices de la politique de l'Etat dans le secteur de la production du logement. Il s'agira de produire des parcelles viabilisées en grand nombre en améliorant la gestion foncière; construire des logements à des

coûts adaptés aux possibilités économiques du plus grand nombre; et réglementer et coordonner les activités du secteur du logement et renforcer le rôle régulateur de la puissance publique. Le Sénégal en appelle à la communauté des bailleurs de fond et aux institutions internationales afin qu'elles accordent les ressources techniques et financières nécessaires à la mise en oeuvre des conclusions d'Istanbul, y compris par l'annulation ou l'allégement du fardeau de la dette. A cet égard, le Centre Habitat, la CEA, Shelter-Afrique et d'autres institutions financières régionales, devraient être étroitement impliquées dans le Programme "Initiative spéciale pour l'Afrique" récemment lancé. Le Sénégal plaide en faveur de la proposition visant à confier au Centre Habitat un triple rôle de coordination, d'impulsion et de suivi du Programme pour l'habitat.

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M. PETER GURTNER, Secrétaire fédéral, département fédéral de l'économie publique de la Suisse: dans le contexte d'une urbanisation croissante du monde, les efforts de la Suisse visent, tant aux niveaux international que national, à améliorer les conditions de vie aux plans national, régional et local. La politique de coopération de la Suisse en matière de développement urbain a pour objet d'offrir un développement équitable aux zones urbaines et rurales; de résoudre les problèmes de logement des plus défavorisés; et d'accorder une priorité au logement des personnes, en mettant l'accent sur les dimensions communautaires et familiales. Depuis de nombreuses années, les programmes de construction suisses visent à satisfaire les nouvelles demandes de logement. La situation économique défavorable et le fort taux de chômage que connaît la Suisse font que le pays est confronté chaque jour davantage à la pauvreté, qui se caractérise notamment par une offre inéquitable en matière de logement. La Suisse mobilisera tous les moyens dont elle dispose pour honorer l'engagement pris par le Plan mondial d'action d'Habitat II de relever le défi essentiel du 21ème siècle qui est de réconcilier les besoins humains avec les contraintes écologiques.

M. DIONISIO C. DE LA SERNA, Président du Conseil de coordination pour le logement et l'urbanisme des Philippines: si les Philippines se félicitent de la reconnaissance du droit au logement, elles demeurent parfaitement conscientes que chaque droit a un devoir correspondant. Cette vision correspond à la politique de mise en valeur des ressources humaines appliquée aux Philippines. Le principe de la participation populaire est un élément clé de la vision de développement du pays. Ainsi, la collaboration entre le Gouvernement et la communauté des ONG et le secteur privé, a accéléré un changement social positif. Les Philippines réitèrent leur préoccupation pour le sort des travailleurs migrants et de leurs familles. Elles sont d'avis qu'elles méritent la protection et l'attention des pays d'accueil, notamment en matière de logement, d'éducation, de soins de santé et d'emploi. Les Philippines appellent tous les Etats membres à ratifier la Convention internationale sur la protection des travailleurs migrants et à appuyer l'idée d'une conférence internationale sur les migrations et le développement.

M. P. MOSISLI, Vice-Premier Ministre et Ministre des collectivités locales et du développement urbain et rural du Lesotho: le Gouvernement considère que la décentralisation du pouvoir est vitale au développement d'établissements humains durables. Il a entrepris un programme de privatisation visant à mobiliser l'investissement national et étranger dans tous les secteurs, parmi lesquels celui des établissements humains. Le Lesotho se félicite que le Programme pour l'habitat prévoit l'élimination totale de la pauvreté. Il s'agit là d'un défi qui dépasse les villes et assoit la nécessité d'un équilibre entre l'urbain et le rural. Au Lesotho, le développement rural est la première priorité,

illustré par le Programme national visant à l'élimination de la pauvreté. Ses deux composantes sont le renforcement des capacités et l'autonomisation des collectivités locales par le biais de la formation et la participation populaire. Il est important de souligner ici que les efforts nationaux entrepris au Lesotho ont bénéficié du complément indispensable que représente la coopération internationale.

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M. ROBERTO COSTLEY WHITE, Ministre des travaux publics et du logement du Mozambique: pour assurer le succès des nombreuses actions qu'il a entreprises depuis le retour à la paix au pays, le Mozambique a besoin d'un important financement qui dépasse ses capacités actuelles. La communauté internationale a d'ores et déjà apporté une précieuse contribution au financement de nos efforts et nous espérons que celui-ci augmentera à l'avenir. Le Mozambique a réussi avec succès la transition de la guerre à la paix et à la démocratie, le passage de l'urgence au développement. La route est longue. Elle requiert nécessairement l'amélioration des établissements humains du Mozambique aussi bien dans les zones rurales qu'urbaines. Le Mozambique a donné la priorité au partenariat avec le secteur privé. Il a, par conséquent, créé et développé un environnement favorable aux investissements nationaux et étrangers. Il considère que le logement est un besoin fondamental. Il est convaincu que les résultats d'Habitat II seront extrêmement importants pour la durabilité des établissements humains à travers le monde, en particulier sur son territoire. Les documents que nous approuverons à l'issue de cette conférence sont primordiaux et décisifs pour la réalisation de ces objectifs. Cependant, il nous faut faire de notre mieux pour parvenir effectivement au compromis atteint lors de cette conférence et pour traduire concrètement ses recommandations.

M. PAL KARA, Secrétaire d'Etat adjoint au Ministère de l'intérieur de la Hongrie: les questions du fonctionnement des autorités locales, de la modernisation de la planification urbaine, de la participation des divers groupes sociaux à la prise de décision sont de plus en plus mises en évidence. Ce sont justement ces défis qui sont à l'origine d'Habitat II. La Hongrie est convaincue que les recommandations d'Istanbul sont à même de permettre la réalisation des objectifs de la modernisation, de la planification du développement urbain et du développement durable. La Hongrie estime que les travaux de la Commission des Nations Unies sur les établissements humains sont de grand bénéfice. Elle s'engage dans ce contexte à apporter toute l'assistance au centre d'Habitat à Budapest.

M. JAWAD SALIM AL-ARAYED, Ministre d'Etat du Bahreïn: nos économies et nos sociétés bénéficient et souffrent à la fois de l'urbanisation croissante de nos pays. Manama, la capitale du Bahreïn, qui n'est pourtant pas un pays grand, a l'une des plus fortes densités démographiques du monde. C'est pourquoi, le Bahreïn a entrepris de créer deux nouvelles villes. Le lancement de ce projet lui a d'abord permis de constater que les villes ne peuvent être construites isolément des autres communautés. Il a pu ensuite appréhender le fait que tout processus de planification urbaine doit comprendre, évaluer et programmer les connexions entre les centres de population. Cela lui a également rappelé que les personnes, qu'elles soient jeunes ou vieilles, vivent dans les villes. Or, quelques fois, les architectes et urbanistes semblent oublier cette donnée fondamentale. Enfin, chaque ville et chaque société étant unique, il faut veiller à maintenir les éléments de cette

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unicité qui définissent la société et la communauté tout en satisfaisant les besoins des peuples qui y vivront. C'est pourquoi, nous devons humaniser nos architectures, offrir des structures qui non seulement répondent aux besoins fondamentaux de l'homme, mais stimulent l'élévation spirituelle et intellectuelle de chacun des membres de nos sociétés.

M. FRANCISCO GONZALEZ, Ministre de l'urbanisme du Venezuela: le taux d'urbanisation élevé en Amérique latine doit devenir un avantage comparatif. Les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes s'engagent à combler le déficit en logements des familles à faible revenu. A l'instar d'autres pays de la région, le Venezuela fait face à une crise économique qui l'a obligé à adopter des mesures drastiques contenues dans l'Agenda pour le Venezuela, en vue de vaincre l'inflation et le déficit budgétaire. Il s'agit toutefois de s'assurer que toute politique économique tienne désormais compte de la dimension urbaine pour être véritablement durable et éviter ainsi la répétition des crises. Le Venezuela saisit cette occasion pour apporter son soutien au Programme pour l'habitat qui sera adopté.

M. FERNAND BODEN, Ministre du logement du Luxembourg: il n'existe guère d'exemple de développement urbain de grande envergure réussi. Au contraire, les centres urbains les plus importants reconnaissent la défaite de leurs stratégies. Il ne peuvent plus répondre aux besoins de logements, de transport, de sécurité et de gestion de l'environnement, particulièrement en matière d'eau potable, d'air propre et d'élimination des déchets. La Conférence d'Istanbul constitue pour l'être humain une chance réelle pour redécouvrir l'habitat, pour accorder à toutes les populations leur propre droit à un habitat adéquat. Pour ce faire, il faut rétablir et conserver la dualité de l'habitat urbain et de l'habitat rural moyennant la restauration de l'équilibre entre ces deux systèmes de vie complémentaires. Nous sommes conscients que, pour réaliser le développement durable des établissements humains à l'échelle mondiale, la solidarité et la coopération internationales sont essentielles et indispensables. L'exercice de cette coopération internationale devrait dépasser la simple conduite d'une réflexion commune en matière d'aménagement du territoire, de logement, de protection de l'environnement, de développement social et économique. Elle devrait viser à élaborer et réaliser des projets de développement communs et à définir les conditions d'une coopération pratique au-delà des frontières et des continents.

Mme ELISSAVET PAPAZOE, Vice-Ministre de l'environnement, de l'aménagement du territoire et des travaux publics de la Grèce: bien que la Grèce ne connaisse pas de problèmes de logement, les récents bouleversements survenus en Europe orientale ont entraîné l'arrivée de plus d'un demi-million d'immigrants clandestins, provoquant des pressions sur le secteur de la construction. La Grèce serait capable de multiplier ses efforts en vue d'améliorer ses villes si elle n'était pas forcée de consacrer plus de 7% de son budget national à la défense en raison des menaces constantes dont elle est l'objet.

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M. CENSU GALEA, Ministre du logement de Malte: Malte a l'une des plus fortes densités démographiques du monde, puisque près de 400 000 personnes gagnent leur vie, ramassent leurs récoltes et passent leurs loisirs sur les 316 kilomètres carrés des trois îles qui composent son territoire. La politique de logement de mon gouvernement tend à faciliter le plus possible l'accession des familles à la propriété, ainsi qu'à leur offrir un logement décent. Malte croit au développement durable. Le pays s'est doté d'un Plan structurel qui détermine les utilisations durables

des terres. Une assistance publique est également mise en place afin d'encourager la rénovation des logements anciens pour assurer la disponibilité de logements abordables. La politique de logement et de développement reconnaît tant le rôle des secteurs privé que public. Inspiré par le principe de solidarité, mon pays s'engage à soutenir fermement les initiatives et recommandations d'Habitat II qui visent à rendre nos sociétés plus humaines et nos établissements urbains habitables.

M. DONTCHO KONAKTCHIEV, Vice-Premier Ministre de la Bulgarie: la Bulgarie a élaboré une stratégie du développement urbain et territorial d'ici à l'an 2010. La nouvelle stratégie vise à dépasser les conséquences négatives de la planification antérieurement en vigueur. Sofia a accueilli en octobre 1995 la troisième conférence ministérielle sur le thème de l'environnement en Europe qui a permis la synthèse des progrès et des propositions pour la promotion du futur plan pour l'Europe centrale et orientale. La stratégie nationale en matière de développement des établissements humains respecte les critères en vigueur en Europe en matière de planification territoriale et les principes de politique durable.

M. K. S. SHARMA (Inde): l'Inde s'est dès le début fortement impliquée dans le processus préparatoire d'Habitat II. Elle estime qu'à Istanbul, il ne faut pas seulement réaffirmer l'importance de la coopération internationale en matière d'accès à tous d'un logement décent et de développement durable des établissements humains dans un monde de plus en plus urbanisé, mais aussi définir les voies et les moyens de renforcer une telle coopération. Le développement du logement en milieu rural est une priorité de l'Inde dans la mesure où près de 75% de sa population y habite. Au cours des prochaines décennies, nos politiques viseront à réduire le nombre de personnes sans abri grâce à la mise à la disposition des différents groupes de revenus de terrains viabilisés et de financements adéquats. D'ores et déjà, l'Inde a couplé ses programmes de logement avec ses programmes d'élimination de la pauvreté afin que l'amélioration des revenus et des logements devienne une activité intégrée. Demain, nous adopterons la Déclaration d'Istanbul et le Plan mondial d'action et nous fixerons la mission qu'il nous faudra remplir au cours des 25 prochaines années. On peut déjà affirmer que l'un des plus grands succès de cette conférence est la réaffirmation de la nécessité de faire que le droit au logement devienne à terme un droit fondamental à part entière. L'Inde attache une importance toute aussi grande aux droits économiques, sociaux, culturels que politiques. Pour elle, le Programme pour l'habitat est un appel mondial en faveur d'une action à tous les niveaux.

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M. VALENTIN CUNEV, Vice-Premier Ministre de Moldova: s'il est vrai que la coopération internationale ne saurait être la panacée de nos problèmes, elle pourrait devenir l'élément catalyseur du processus positif lancé en faveur de la promotion d'opportunités économiques. Les problèmes de Moldova sont non seulement dûs au manque de mécanismes financiers adéquats mais également à un faible niveau de connaissance dans les domaines de la planification régionale et municipale. Moldova est prête à créer les conditions d'un environnement favorable à la coopération internationale avec de nombreux partenaires.

M. CHERIF CHAKO, Ministre de l'équipement et des infrastructures du Niger, donnant lecture d'un message adressé par le Président, M. Ibrahim Mainassar Bare: les villes sont devenues des lieux de refuge des exclus, des déçus en quête d'espoir. Les villes du prochain siècle doivent cesser d'être des espaces d'une autre déception. Elles doivent être des espaces

d'harmonie des pensées et d'actions des citoyens qui les habitent. Habitat II constitue le cadre approprié pour attirer plus que vivement l'attention de la communauté internationale sur la question du financement des établissements humains en général et sur celui de l'amélioration du patrimoine existant en particulier. Habitat II est un excellent cadre pour susciter une prise de conscience mondiale et nationale sur les problèmes que vivent nos établissements humains. Pour prendre part à ce grand rendez-vous de l'histoire, le Niger a élaboré un rapport sur la situation des établissements humains et adopté un plan d'actions national qui doit permettre d'améliorer les conditions de vie et d'habitat des Nigériens. Il convient cependant de ne pas interpréter Habitat II comme un développement des centres urbains aux dépens de nos campagnes. Le plan d'action mondial d'Habitat doit entre autre favoriser: le processus de partenariat et de participation communautaire; l'identification de mécanismes adéquats de financement de l'habitat et de l'urbanisation; l'encouragement à une gestion foncière et urbaine équitable et durable; l'implication des espaces urbains dans la lutte contre la pauvreté et la misère; la prise en compte des groupes vulnérables; et la préservation de l'environnement.

M. SURAPONG POSAYANOND (Thaïlande): un tiers de la population thaïlandaise est urbanisée et ce chiffre sera de 50% en l'an 2005. Dans la mesure du possible, la Thaïlande cherchera à développer ses villes régionales afin de réduire les disparités et la pauvreté rurale. Elle encourage le développement de son réseau urbain de manière à améliorer le bien-être des populations rurales et urbaines. L'éducation et les infrastructures de communications dans les zones rurales méritent d'être améliorées. La politique thaïlandaise vise à encourager le concept de partenariat entre les secteurs public d'une part et privé, les ONG et les autorités locale d'autre part, en vue de l'amélioration du logement de tous.

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M. HABIB J. HAYAT, Ministre des travaux publics et Ministre d'Etat chargé du logement du Koweït: le monde arabe étant le berceau des premières civilisations, le Koweït, à travers les politiques qu'il a mises en place, déploie des efforts pour le protéger. Son gouvernement essaie de faciliter l'accès des familles à un logement décent. Dans ses programmes, il cherche à mettre l'accent sur les femmes et sur les jeunes qui constitueront les communautés de demain. Il essaie de tenir compte du droit des générations futures à utiliser les ressources naturelles. Tous les droits fondamentaux constituent la pierre angulaire d'une société stable et du développement durable. Le droit international doit se fonder sur l'équité et sur la solidarité, notamment en cas de catastrophes naturelles. Le Koweït vise à favoriser la venue de capitaux étrangers afin de reconstruire le pays qui a été ravagé par la guerre. Pour sa part, la communauté internationale doit veiller à protéger l'héritage mondial que représentent des villes telles que Jérusalem. Elle doit, de même, envisager la création d'un fonds spécial pour les pauvres afin de les aider à accéder à un logement décent.

M. JOHN HUMPHREY, Ministre du logement et des établissements humains de Trinité-et-Tobago: les parties pauvres de Port-of-Spain vivent toujours dans des conditions aussi précaires. Habitat II a reconnu la valeur des meilleures pratiques. Les ressources ne sont pas dirigées pour servir les besoins de l'ensemble de la population du monde. Les disparités augmentent. La notion de valeur est toute relative. Le logement est un

droit de tous. Je propose qu'après Habitat II, l'on demande aux Nations Unies d'organiser un Sommet sur le système monétaire. Une telle rencontre pourrait peut-être répondre à la question de savoir quel est l'homme qui a le plus de valeur. Il faut espérer qu'Habitat III, quand elle se tiendra, sera une Conférence de réjouissance.

M. PABLO VIGIL ICAZA, Ministre de la construction et des transports du Nicaragua: la tenue d'Habitat II marque une nouvelle étape. Tous les gouvernements de la communauté internationale, les secteurs organisés et les Nations Unies font preuve de compromis et manifestent leur volonté d'intégrer les concepts du logement à la problématique plus large du développement afin d'améliorer les conditions de vie de nos populations. Dans ce contexte, il convient de rappeler la proposition qu'a faite le Chili, au nom des Etats d'Amérique latine et des Caraïbes, afin que le plan d'action régional dont s'est doté la zone soit repris intégralement dans le plan mondial d'action du Programme pour l'habitat. Le Nicaragua a adopté un Plan national d'action pour les années 1996-2000 qui est le fruit des efforts conjoints de tous les acteurs concernés. A partir de 1990, le gouvernement qui a hérité d'une situation économique particulièrement dégradée en raison de la guerre qu'a connue le pays, a initié un processus de relance économique, de réconciliation nationale et de renforcement des institutions. Dès 1993, la Banque du logement du Nicaragua a lancé des projets de construction de logements sociaux.

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De même, une Commission nationale du logement et des établissements humains a été mise sur pied. Nous sommes convaincus que les efforts consacrés à l'élaboration de notre plan national seront fortement utiles pour l'examen et la mise en oeuvre des accords et compromis qui seront adoptés par Habitat II. Il importe de rappeler l'importance de la coopération internationale multilatérale et bilatérale pour l'application des programmes relatifs au logement et aux établissements humains des pays en développement.

M. JOSEF ZLOCHA, Ministre de l'environnement de la république slovaque: les préoccupations en faveur de l'environnement ont encouragé la Slovaquie à adopter une politique nationale en la matière, approuvée par le Parlement en 1993. Ses principes s'appliquent d'ores et déjà aux établissements humains. Le projet national de l'aménagement du territoire vise en particulier à harmoniser le développement régional et social avec les potentialités régionales existantes; le soutien économique et la stabilisation des régions les moins avancés; et un développement équilibré entre les communautés urbaines et rurales. Depuis 1990, les communes ont acquis des pouvoirs importants susceptibles d'influencer leur développement futur.

M. BALA RAM GHARTI MAGAR, Ministre du logement et de l'aménagement du territoire du Népal: l'amélioration de notre habitat nécessite une mobilisation collective de la sagesse et des ressources d'une nation, des nations entre elles, des gouvernements centraux et locaux, des secteurs publics et privés, des organisations non gouvernementales et communautaires, des universités, des responsables de la société civile et des personnalités influentes. La promesse d'un plus grand confort et d'une meilleure satisfaction de leurs besoins attire de plus en plus de personnes dans les villes. Le Népal est confronté aux nombreux problèmes qui découlent de ce phénomène. Il a activement participé au processus préparatoire d'Habitat II. Pour lui, la Conférence intervient à un moment opportun, alors qu'il met en oeuvre son neuvième Plan de développement.

Il serait malheureux que tous les engagements pris à Istanbul restent sans effets, soient éphémères. Le renforcement de la coopération, la mobilisation de ressources supplémentaires et le développement des transferts de nouvelles technologies au profit des pays les plus désavantagés et enclavés et les moins avancés exigeront de notre part le respect de nos objectifs communs d'un logement décent pour tous et d'un développement durable des établissements humains. La communauté internationale devrait accorder une attention particulière aux établissements humains des régions montagneuses écologiquement fragiles telles que l'Himalaya.

M. E.C. CHIKOWORE, Ministre des travaux publics et du logement national du Zimbabwe, donnant lecture d'un message du Président Robert Mugabé: l'opportunité de la Conférence Habitat II mérite d'être mentionnée. Le Zimbabwe adhère pleinement aux buts et principes de la Conférence et reconnaît le droit des individus à un logement décent dans les zones urbaines et rurales. A cet égard, le pays s'est doté d'un Plan d'action qui guidera les

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efforts de la nation en faveur de l'amélioration des établissements humains au cours des 15 prochaines années. Dans le cadre du programme de lutte contre la pauvreté, des mesures ont été prises pour améliorer les conditions de vie des femmes et des autres groupes vulnérables. Le Zimbabwe reconnaît que la mise en oeuvre de ses plans de développement lui incombe en premier lieu. Il saisit toutefois cette occasion pour souligner que les contraintes de la transition économique et des catastrophes naturelles comme la sécheresse, appellent la participation de la communauté internationale.

M. DINOS MICHAELIDES, Ministre de l'intérieur du Chypre: jusque dans les années 30, l'aspect le plus important du développement de la population à Chypre n'était pas la croissance de la population urbaine, mais l'accroissement du nombre de personnes qui vivaient en zone rurale. Après la deuxième guerre mondiale, le pays a connu de très forts taux d'urbanisation, qui sont passés de 26% en 1946 à 42% en 1973. Les progrès considérables que Chypre a accomplis après l'indépendance en 1960 ont été stoppés par l'invasion turque en 1974, l'occupation de 37% de son territoire par l'armée turque et l'expulsion de 200 000 personnes de leurs foyers ancestraux. Les propriétés abandonnées par les Chypriotes grecs ont été distribuées par les forces d'occupation à d'autres que leurs propriétaires légaux, y compris à des soldats et à des colons illégaux venus de Turquie et estimés à 70 000. Le processus de colonisation continue.

Confronté à un situation aussi tragique et pressante, le gouvernement de la République de Chypre a mis en oeuvre des mesures immédiates pour répondre aux besoins socio-économiques des réfugiés, qui représentaient un tiers de la population totale du pays. Dans le même temps, il a formulé et mis en place une stratégie à long terme, de façon à accroître et à améliorer le parc immobilier. La politique de logement mise aujourd'hui en oeuvre par le gouvernement met toujours l'accent sur la population déplacée. Les conditions de logement à Chypre sont satisfaisantes pour la plupart de la population, reflétant le niveau de vie relativement confortable dont jouit la population. Cependant, certains problèmes fondamentaux demeurent tels que les difficultés rencontrées par les foyers de non-réfugiés, dont la plupart ont des revenus faibles ou moyens.

Nous croyons que dans la recherche de nouvelles politiques, programmes et approches, l'humanité peut profiter de l'échange d'expériences. Cela peut s'opérer grâce à une coopération internationale accrue, à travers

notamment la conclusion d'accords bilatéraux et multilatéraux.

Alors que le gouvernement de Chypre continue à combattre le problème des familles de réfugiés en vue de rendre leurs vies la plus confortable possible, la solution politique du problème de Chypre reste sa plus grande priorité. Dans ce but, nous avons fait une série de propositions constructives sur la démilitarisation de Chypre qui envisagent le retrait des troupes et des colons étrangers, le démantèlement de la Garde nationale et l'utilisation de tout l'argent épargné pour favoriser le développement de l'ensemble de la population et plus particulièrement de celle des zones les moins développées.

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M. VANN MOLYVANN, Ministre d'état chargé de la culture et des Beaux Arts, de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme et de la construction du Cambodge: aujourd'hui, le Cambodge est engagé dans une période de reconstruction et la question des établissements humains y tient une place centrale. Mais les années dramatiques ont laissé le pays exsangue. Grâce à l'aide internationale, bilatérale et multilatérale, qui fournit un effort financier et technique depuis trois ans, la reconstruction des infrastructures, le soutien à l'économie rurale et urbaine et au fonctionnement de l'administration ont pu démarrer. Dans le domaine de l'habitat qui connaît pourtant une situation dramatique avec 20% de la population urbaine installée dans des abris très précaires et 80% dans des logements surpeuplés, les projets sont plus lents à démarrer mais nous allons commencer d'ici quelques semaines un projet de développement communautaire et de réhabilitation d'un quartier très pauvre.

Ce projet pilote, conduit par le Centre Habitat et réalisé en co-financement avec le Gouvernement britannique, est extrêmement important car il permettra, à partir d'une action concrète, de mettre en place des politiques d'habitat et d'aménagement urbain intégrant toutes les composantes et tous les acteurs sociaux nécessaires à l'amélioration des conditions de vie des habitants des quartiers pauvres. Dans ce contexte, les débats de cette conférence et le Programme pour l'habitat seront des guides et une aide précieuse dans la définition de notre propre politique, pour un développement durable des établissements humains et la réduction de la pauvreté.

Or, l'organisation et l'action ont fait naître au sein des populations pauvres de grands espoirs de changement de leur condition de vie. Mais, comment répondre à leurs besoins et mobiliser les capitaux nécessaires lorsque le pays ne dispose même pas des ressources nécessaires au fonctionnement minimum de l'Etat et des Municipalités? Le Cambodge voudrait insister sur la nécessité de développer la solidarité mondiale, d'amplifier et de diversifier la coopération internationale pour que tous les pays puissent espérer voir au moins une partie du « Programme pour l'habitat » devenir réalité. Il faut souligner l'importance des coopérations initiées par les villes des pays développés. Au Cambodge il s'agit notamment de la coopération entre les Villes de Paris et de Phnom Penh.

M. CHARLIE NAKO, Ministre des affaires intérieures du Vanuatu: le Vanuatu, qui est un l'un des petits Etats insulaires de l'océan Pacifique, a des ressources limitées et une faible population. Ainsi, 80% de sa population vit dans les zones littorales. Le pays est souvent victime de catastrophes naturelles telles que les cyclones, les séismes et les éruptions volcaniques. Le Gouvernement du Vanuatu ne peut à lui seul assouvir les besoins de son peuple. Il doit jouer un rôle d'habilitation et mettre en place des politiques, des institutions et des cadres légaux. Conscient des besoins de notre peuple et du développement de notre pays, nous nous rendons aussi compte

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des difficultés à atteindre les objectifs fixés, à cause du manque de ressources financières, de connaissances technologiques, de capacités humaines et de ressources matérielles. Nous faisons appel à la communauté internationale pour nous aider dans le but de mettre en place un développement économique soutenu. La communauté internationale a d'ailleurs, à l'occasion de notre conférence, exposé une technique de collaboration qui sans le moindre doute a déjà fait preuve de sa convenance et de son utilité. Nous devons intensifier notre coordination, aussi bien au sein que parmi les régions. Nous avons tous l'intention de faire ainsi, car l'enjeu, n'est pas seulement le développement durable de nos économies, mais aussi dans plusieurs cas, notre survie.

M. LEONARDO KAM (Panama): le logement, pierre angulaire de la famille, est un droit social reconnu dans la Constitution. Tous les citoyens de Panama doivent jouir des mêmes droits. Ainsi, de la propriété de la terre. Le Panama s'engage devant la communauté internationale à fournir un logement digne à chaque Panaméen; à redoubler d'efforts pour trouver les mécanismes susceptibles d'élargir l'offre de logements; à éliminer les établissements illégaux et à faire de leurs habitants des citoyens jouissant du droit à la propriété à un logement décent; et à promouvoir le cadastre et la propriété foncière.

M. HASINUR RAHMAN (Bangladesh): les défis de l'urbanisation anarchique et galopante sont bien connus au Bangladesh. La solution des maux qui l'accompagnent requiert une coopération régionale et internationale. Au niveau national, le Bangladesh a défini les champs d'action prioritaires, en l'occurrence l'élimination de la pauvreté, le développement communautaire, l'accès à un logement décent, le renforcement des droits des femmes, et la protection de l'environnement. Le Bangladesh émet l'espoir qu'il quittera Istanbul armé de solides engagements. Toutefois, ceux-ci doivent être accompagnés d'une assistance financière et technique de source bilatérale et multilatérale, nécessaire à la mise en oeuvre des projets et programmes au Bangladesh.

M. OSCAR KAFATTI (Honduras): Honduras reconnaît dans sa constitution la nécessité de disposer d'un logement comme besoin fondamental de ses citoyens. C'est pourquoi, le Gouvernement du Honduras appuie sans réserve les deux thèmes centraux d'Habitat II. Il a adopté un plan de transformation de sa structure étatique y compris la réduction de l'appareil étatique, notamment en ce qui concerne la sécurité et l'administration. Il a créé un fonds social pour le logement qui a pour but le développement des zones résidentielles en milieux rural et urbain. Il a également établi un régime des investissements privés. Si la coopération internationale est importante pour réaliser les objectifs d'un logement décent et d'établissements humains durables, il faut toutefois veiller à ce que chaque pays dispose d'une économie et d'un développement durables.

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M. HAILE ASSEGIDE, Ministre des travaux publics et du développement urbain de l'Ethiopie: le projet de Programme pour l'habitat montre que les problèmes des pays en développement sont graves. Il convient de

favoriser la coopération internationale afin de renforcer les établissements humains aux niveaux nationaux. La situation de l'Ethiopie ressemble à celle de nombreux pays en développement. Ayant mis fin en mai 1991 à plus de 20 ans de guerre, elle a pu adopter une politique nationale du logement qui a notamment pour but de coordonner et de maîtriser les activités de construction des logements, d'effectuer une étude sur l'état de l'environnement, de décentraliser les pouvoirs et d'améliorer la situation des zones urbaines. Les établissements humains doivent faire l'objet de politiques qui tiennent compte des spécificités de chaque pays tout en ménageant un rôle important aux Nations Unies à l'échelle mondiale. Nous espérons qu'Habitat II tiendra compte des intérêts de tous les pays, notamment des pays en développement de façon à favoriser l'émergence d'établissements humains durables.

Droits de réponse

Le représentant de la Turquie, exerçant son droit de réponse: s'agissant de la question de Chypre qui a été évoquée précédemment par un intervenant, des affirmations ont été faites qui exigent une réponse de ma délégation, qui a eu la possibilité de présenter récemment sa position sur la question. Les représentants de la soi-disante République de Chypre parlent seulement au nom des Chypriote grecs. Ils ne peuvent pas représenter tous les Chypriotes. Depuis décembre 1963, la prétendue République de Chypre qui ne regroupe que des Chypriotes grecs a dénié tout droit aux Chypriote turcs. Ceux-ci ont été déplacés et ont vécu dans la peur pendant 11 ans ce qui a entraîné le conflit de 1974 et ceux qui ont suivi. Le représentant de la République de Chypre a évoqué une occupation imaginaire de la Turquie, car celle-ci assure une présence en vertu de l'accord de garantie qu'elle a signé. Ce sont les Chypriotes grecs qui ont refusé les propositions de conclusion de pactes de non agression.

Le représentant de Chypre, exerçant son droit de réponse: a souhaité apporter des éclaircissements sur l'intervention que le Ministre de l'intérieur de Chypre avait faite précédemment. Les commentaires du Ministre étaient très clairs et visaient à faire état de la situation qui résulte de l'occupation par la Turquie de notre pays à la suite de l'intervention de 1974. La République de Chypre a été créée en 1960. Elle est reconnue par tous les pays du monde, à l'exception de la Turquie. En 1963, les Chypriotes turcs n'ont pas été expulsés, mais ont suivi une politique d'auto-isolement que leur a dictée la Turquie. Le Ministre de l'intérieur de la République de Chypre a fait cet après-midi, à la fin de son intervention une proposition visant à la démilitarisation de Chypre dont il faut tenir compte.

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Le représentant de la Turquie, exerçant son droit de réponse: une nouvelle fois le représentant de la République de Chypre a déformé la réalité. La soi-disante République de Chypre est un Etat inconstitutionnel et illégal administré seulement par des Chypriotes grecs. Il importe de parvenir à un accord politique négocié acceptable par les deux parties.

Le représentant de Chypre, exerçant son droit de réponse: le représentant de la Turquie devrait lire le rapport du médiateur des Nations Unies qui date des années 1963/1964. Il convient également de rappeler les résolutions 541 (1983) et 550 (1984) du Conseil de sécurité qui condamnent les actions de sécession de Chypre.

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