CS/706

LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MONUT JUSQU'AU 15 DECEMBRE 1996, A CONDITION QUE L'ACCORD DE TEHERAN RESTE EN VIGUEUR

14 juin 1996


Communiqué de Presse
CS/706


LE CONSEIL DE SECURITE PROROGE LE MANDAT DE LA MONUT JUSQU'AU 15 DECEMBRE 1996, A CONDITION QUE L'ACCORD DE TEHERAN RESTE EN VIGUEUR

19960614

Il prie instamment les Etats Membres d'appuyer promptement et généreusement l'action humanitaire de l'ONU et des autres organisations internationales

Réuni pour examiner la situation au Tadjikistan et le long de la frontière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan, le Conseil de sécurité a adopté à l'unanimité la résolution 1061 (1996), par laquelle il décide de proroger le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) jusqu'au 15 décembre 1996, à condition que l'Accord de Téhéran reste en vigueur et que les parties manifestent leur attachement à un cessez-le-feu effectif, à la réconciliation nationale et à la promotion de la démocratie. Il décide que ce mandat restera en vigueur à moins que le Secrétaire général ne fasse savoir au Conseil que ces conditions ne sont pas réunies.

Le Conseil de sécurité demande aux parties de coopérer pleinement avec le Représentant spécial du Secrétaire général et de reprendre sans tarder les pourparlers intertadjiks. Il leur demande également de coopérer pleinement avec la MONUT et d'assurer la sécurité du personnel des Nations Unies et des autres organisations internationales. Il demande aux parties de faire en sorte que la Commission mixte reprenne ses activités sans tarder.

Le Conseil de sécurité prie instamment les parties tadjikes de coopérer pleinement avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), afin de faciliter l'échange de prisonniers et de détenus entre les deux parties. Il se déclare profondément préoccupé par le fait que la situation humanitaire a empiré, et prie instamment les Etats Membres et tous les intéressés d'appuyer promptement et généreusement l'action humanitaire de l'Organisation des Nations Unies et des autres organisations internationales.

Le Conseil a entendu les représentants des pays suivants, membres du Conseil qui ont expliqué leur vote : Italie (en sa qualité de Président de l'Union européenne), Allemagne, Fédération de Russie, Botswana, République de Corée, Honduras, Guinée-Bissau, Chine, Chili, Indonésie, Etats-Unis, Pologne et Egypte. Le représentant du Tadjikistan a fait une déclaration. A la suite de l'intervention de l'Allemagne, le représentant du Royaume-Uni a présenté une motion d'ordre.

Le Conseil de sécurité était saisi, à ce titre, d'un rapport du Secrétaire général sur la situation au Tadjikistan. - - CS/706 14 juin 1996(à suivre)Projet de résolution (S/1996/430)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions pertinentes et les déclarations de son Président,

Ayant examiné le rapport du Secrétaire général en date du 7 juin 1996 (S/1996/412),

Réaffirmant son attachement à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la République du Tadjikistan, ainsi qu'à l'inviolabilité de ses frontières,

Se déclarant vivement préoccupé par la grave détérioration de la situation au Tadjikistan et soulignant que les parties tadjikes doivent impérativement respecter leurs engagements, sincèrement et en toute bonne foi,

Rappelant l'engagement que les parties ont pris de régler le conflit et de parvenir à la réconciliation nationale exclusivement par des moyens pacifiques et politiques, sur la base de concessions et de compromis mutuels, et soulignant l'inadmissibilité de tous actes d'hostilité au Tadjikistan et sur la frontière tadjiko-afghane,

Soulignant la nécessité d'une prompte reprise des pourparlers entre le Gouvernement tadjik et l'Opposition tadjike unie, exprimant l'espoir que des progrès appréciables seront réalisés dans les meilleurs délais vers un règlement politique du conflit et encourageant les efforts déployés dans ce sens par le Secrétaire général et son Représentant spécial,

Soulignant que c'est aux parties tadjikes elles-mêmes qu'incombe au premier chef la responsabilité de résoudre leurs divergences et que l'assistance internationale prévue par la présente résolution sera nécessairement fonction du processus de réconciliation nationale et de la promotion de la démocratie,

Constatant avec satisfaction que la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) maintient des contacts réguliers avec les Forces collectives de maintien de la paix de la Communauté d'États indépendants, les forces russes déployées le long de la frontière et la Mission de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe au Tadjikistan,

1. Remercie le Secrétaire général de son rapport en date du 7 juin 1995;

2. Engage les parties à mettre immédiatement fin aux hostilités et à se conformer scrupuleusement aux dispositions de l'Accord de Téhéran (S/1994/1102, annexe 1) et à toutes les autres obligations qu'elles ont assumées, et leur demande instamment de maintenir le cessez-le-feu en vigueur pendant toute la durée des pourparlers intertadjiks;

3. Décide de proroger le mandat de la MONUT jusqu'au 15 décembre 1996, à condition que l'Accord de Téhéran reste en vigueur et que les parties manifestent leur attachement à un cessez-le-feu effectif, à la réconciliation nationale et à la promotion de la démocratie, et décide aussi que ce mandat restera en vigueur à moins que le Secrétaire général ne fasse savoir au Conseil que ces conditions ne sont pas réunies;

4. Exprime son intention de revoir l'engagement de l'Organisation des Nations Unies au Tadjikistan au cas où les perspectives du processus de paix ne se seraient pas améliorées pendant la période du mandat;

5. Demande aux parties de coopérer pleinement avec le Représentant spécial du Secrétaire général et de reprendre sans retard les pourparlers intertadjiks, afin de parvenir à un règlement politique d'ensemble du conflit, avec l'aide des pays et des organisations régionales suivant ces

pourparlers en qualité d'observateurs;

6. Demande aux parties de coopérer pleinement avec la MONUT et d'assurer la sécurité du personnel des Nations Unies et des autres organisations internationales, et leur demande en outre, en particulier au Gouvernement du Tadjikistan, de lever tous les obstacles à la liberté de mouvement du personnel de la MONUT;

7. Demande aussi aux parties de faire en sorte que la Commission mixte reprenne ses activités sans tarder et, à ce propos, encourage l'opposition tadjike à accepter de bonne foi les garanties de sécurité que leur offre le Gouvernement du Tadjikistan;

8. Demande aux autorités afghanes et à l'Opposition tadjike unie de mettre la dernière main aux dispositions qui permettraient la mise en place d'un poste de liaison supplémentaire à Taloqan;

9. Prie instamment les parties tadjikes de coopérer pleinement avec le Comité international de la Croix-Rouge afin de faciliter l'échange de prisonniers et de détenus entre les deux parties;

10. Prie le Secrétaire général de continuer à lui rendre compte tous les trois mois de l'application de l'Accord de Téhéran, des progrès réalisés vers un règlement politique d'ensemble du conflit, ainsi que des opérations de la MONUT;

11. Se déclare profondément préoccupé par le fait que la situation humanitaire a empiré, en étant aggravée par les récentes calamités naturelles, et prie instamment les États Membres et tous les intéressés d'appuyer promptement et généreusement l'action humanitaire de l'Organisation des Nations Unies et des autres organisations internationales; 12. Encourage les États à contribuer au fonds de contributions volontaires créé par le Secrétaire général en application de la résolution 968 (1994), en particulier en prévision de la reprise des travaux de la Commission mixte;

13.Décide de demeurer activement saisi de la question.

Rapport du Secrétaire général sur la situation au Tadjikistan (S/1996/412)

Dans son rapport sur la situation au Tadjikistan, le Secrétaire général rend compte tous les trois mois des progrès réalisés vers un règlement politique d'ensemble du conflit, ainsi que des opérations de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT), en application du paragraphe 4 de la résolution 1030 (1995) du Conseil de sécurité, en date du 14 décembre 1995. Il rend compte des activités intervenues depuis son dernier rapport, daté du 22 mars 1996 (S/1996/212).

Le Secrétaire général se dit préoccupé par l'aggravation de la situation au Tadjikistan, qui n'a jamais été aussi alarmante et explosive depuis la fin de la guerre civile de 1992. A la suite des combats intenses qui se sont déroulés dans la région de Tavildara, de nombreuses victimes sont à déplorer, les communications ont été interrompues entre la capitale et une grande partie du pays et les conditions de vie de la population civile ont considérablement empiré. Les informations que le Secrétaire général a reçues de la MONUT indiquent que les combats se poursuivent. Cette évolution fait sérieusement douter de la sincérité et des intentions des parties tadjikes.

Par ailleurs, son nouveau Représentant spécial et Chef de la Mission à Douchanbé vient de prendre ses fonctions et, en dépit des doutes provoqués par l'évolution récente de la situation, le Secrétaire général se dit persuadé qu'il faut lui accorder du temps pour que ses efforts

portent leurs fruits. A cet égard, l'appui fourni par les gouvernements intéressés sera essentiel. Il note également que les deux parties ont exprimé la conviction que le conflit du Tadjikistan ne saurait être réglé par des moyens militaires et se sont déclarées disposées à reprendre dès que possible les négociations intertadjikes. Par conséquent, le Secrétaire général recommande que le Conseil de sécurité proroge le mandat de la MONUT pour une nouvelle période de six mois. Si les chances de progrès ne s'étaient pas améliorées à la fin de cette période, il recommanderait que le Conseil de sécurité réexamine l'engagement de l'ONU sur ce théâtre.

Dans les circonstances actuelles, la priorité absolue revient au rétablissement d'un cessez-le-feu effectif. C'est pourquoi, le Secrétaire général lance un appel aux parties tadjikes pour qu'elles mettent immédiatement fin aux hostilités et s'acquittent scrupuleusement des obligations qui leur incombent en vertu de l'Accord de cessez-le-feu. Il dit avoir donné pour instruction à son Représentant spécial de faciliter la convocation de la prochaine série de pourparlers intertadjiks dans les meilleurs délais afin d'examiner les modalités de rétablissement et de renforcement du cessez-le-feu ainsi que l'octroi de garanties supplémentaires pour en assurer le respect rigoureux.

Durant ces derniers mois, la MONUT a vu son action entravée par les menaces qui pèsent sur la sécurité de son personnel et par les restrictions apportées à la liberté de mouvement des observateurs militaires. La Commission mixte a cessé de fonctionner depuis plus de trois mois déjà du fait que ses membres appartenant à l'opposition ne bénéficient pas de la sécurité voulue. Aussi, le Secrétaire général demande-t-il aux deux parties d'éliminer ces obstacles et de créer les conditions nécessaires pour que la MONUT puisse remplir efficacement son rôle et pour que la Commission mixte reprenne ses activités dès que possible. Il demande une fois encore aux autorités afghanes et à l'opposition tadjike unie de prendre les dispositions voulues pour pouvoir mettre en place un poste de liaison supplémentaire à Taloqan.

Pour conclure, le Secrétaire général tient à rendre hommage au chef de la Mission, M. Darko Silovic, à l'occasion de son départ, au général de brigade Hassan Abaza, chef des observateurs militaires, ainsi qu'à tous ceux et toutes celles qui, au service de la MONUT, ont accompli un travail remarquable dans des conditions extrêmement difficiles et souvent dangereuses.

Lettre du Tajikistan (S/1996/354)

Le Conseil de sécurité était également saisi d'une lettre (S/1996/354) datée du 16 mai 1996, adressée à son Président par le Représentant permanent du Tadjikistan auprès de l'Organisation des Nations Unies, qui lui fait tenir, comme document du Conseil, une lettre adressée le 14 mai par le Président de la République du Tadjikistan. Dans cette lettre, M. Emomali Rakhmonov appelle l'attention du Président du Conseil sur le fait que la situation sociale et politique se détériore dans certaines régions du Tadjikistan, et ce parce que les forces d'opposition aux autorités constitutionnelles ne sont manifestement pas disposées à régler les différends existants par des moyens pacifiques, notamment grâce au mécanisme des négociations intertadjikes menées sous l'égide de l'Organisation des Nations Unies.

L'aile dure de l'opposition armée terrorisant depuis longtemps les habitants innocents de plusieurs régions, y compris ceux de la capitale, par leurs actes de banditisme, M. Rakhmonov présume que c'est avec l'assentiment des chefs de l'opposition tadjike qu'ils se sont mis à lancer des attaques armées contre les forces gouvernementales dans le district de Tavildarinsk.

Ces attaques, qui constituent une violation flagrante des dispositions de l'Accord de cessez-le-feu temporaire et de cessation des hostilités signé

à Téhéran, ont fait des victimes dans les deux camps et portent un préjudice considérable à l'économie de Pamir.

Le Gouvernement de la République du Tadjikistan estime qu'en faisant monter la tension et en misant sur le recours à la force pour régler les différends, on ne pourra qu'aboutir à une impasse. Il approuve l'appel à un cessez-le-feu et à un arrêt immédiat des hostilités lancé par la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan et espère qu'il sera entendu par l'aile dure de l'opposition tadjike.

Réaffirmant leur détermination à résoudre les problèmes du pays par des moyens pacifiques, les autorités tadjikes prient le Président du Conseil de sécurité d'examiner la situation et d'appuyer un règlement pacifique du conflit.

Déclaration du Tadjikistan

M. RASHID ALIMOV (Tadjikistan) a souligné que la permanence du conflit et ses conséquences socio-économiques font peser un lourd fardeau sur le peuple du Tajikistan. A cet égard, le Gouvernement tadjik confirme une fois encore qu'il est pleinement attaché au règlement par les seuls moyens pacifiques et politiques des problèmes existants, ainsi qu'à la poursuite des pourparlers inter-tadjiks sous les auspices des Nations Unies, en dépit des modestes résultats enregistrés jusqu'à aujourd'hui. Ouvrant en faveur de la reprise rapide des activités de la Commission mixte pour la mise en oeuvre de l'Accord du cessez-le-feu, le Gouvernement tadjik a réaffirmé, dans sa note verbale datée du 8 juin dernier adressée à la MONUT, qu'il était prêt à assurer la protection des représentants de l'opposition siégeant au sein de cette commission. Le Gouvernement tadjik espère que cette mesure permettra de lever les obstacles existants et d'accélérer la reprise des activités de la Commission mixte.

Attachant une importance particulière à la solution du conflit sur la base des négociations, le Gouvernement tadjik coopère étroitement avec le Représentant spécial du Secrétaire général et la MONUT, et prend des mesures supplémentaires pour promouvoir la paix civile et la réconciliation nationale. A l'initiative du Président Rahmonov, un Accord sur la réconciliation sociale a été signé le 9 mars dernier à Dushanbe par les dirigeants du pays ainsi que par près de 40 partis politiques, mouvements sociaux, associations nationales et communautés religieuses. Cet Accord constitue un modèle de réconciliation nationale en perspective de l'instauration d'une société démocratique pluraliste. Le Gouvernement a aussi pris l'initiative d'organiser une session extraordinaire du Parlement avec la participation des dirigeants du Mouvement de la renaissance islamique et d'autres représentants de l'opposition tadjike unie. Toutefois, en vue de parvenir à ses fins, l'aile armée de l'opposition - peut-être pas sans le consentement des dirigeants de l'opposition tadjike unie - a tendance à continuer à exercer une pression permanente sur le Gouvernement. Ces forces continuent de recourir largement aux actes terroristes et d'intimidation, violant systématiquement l'Accord de cessez-le-feu à la frontière tadjiko-afghane et à l'intérieur du pays.

En dépit de l'appui humanitaire intensif de la communauté internationale, la situation demeure critique dans le pays. De fortes pluies, inondations et glissements de terrain ont gravement affecté l'économie nationale, notamment dans le secteur agricole. La situation humanitaire s'est détériorée encore davantage. Le Gouvernement tadjik espère que l'appel lancé par le Conseil de sécurité le 21 mai dernier en vue de venir rapidement appuyer les efforts humanitaires d'urgence des Nations Unies et des autres organisations internationales sera entendu. Il se féliciterait de la prorogation du mandat de la MONUT, qui contribue dans une grande mesure à la stabilité et à la poursuite du processus de paix.

Déclarations

M. FRANCESCO PAOLO FULCI (Italie, au nom de l'Union européenne) a souligné que seul le dialogue mène à la paix. Il a souhaité que les discussions intertadjikes reprennent sans délais. Regrettant, à cet égard, que les membres de l'opposition aient choisi de ne participer à la session spéciale du Parlement parce qu'ils préfèrent la création d'un Conseil sur la réconciliation nationale, le représentant a argué que quelle que soit la formule adoptée finalement, la réconciliation nationale doit être clairement placée au centre du dialogue intertadjik. Il a, d'autre part, dénoncé les violations de l'Accord de Téhéran, signé en mai dernier, relatif à un cessezle-feu provisoire et à la cessation des hostilités sur la frontière entre le Tadjikistan et l'Afghanistan et à l'intérieur du pays. L'Italie, a poursuivi le représentant, se prononce en faveur de la prorogation du mandat de la MONUT tout en demeurant préoccupé par les retards observés dans la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu efficace, retards qui pourraient créer une situation où une implication directe des Nations Unies serait à déconseiller après cette période de six mois. Aujourd'hui plus que jamais, un message clair doit être adressé aux parties qui expliquerait que les efforts importants des Nations Unies ne sauraient être considérés comme acquis.

M. TONO EITEL (Allemagne) a noté avec regret que l'opposition islamiste armée semble prendre le contrôle d'une partie importante sur le plan stratégique du Tadjikistan. La région de Lininabad, ainsi que d,autres régions échappent progressivement au contrôle du Gouvernement. On note même certains signes de discorde au sein du gouvernement. Sa délégation y voit un danger d'afghanisation du conflit , avec des conséquences graves pour la stabilité régionale. Les deux parties sont largement responsables de ce développement. Toutefois, on voit un obstacle majeur au règlement de la situation dans l'échec du gouvernement à assurer la participation à d'autres groupes régionaux et politiques au Tadjikistan. Un compromis politique viable ne peut consister en un partage du pouvoir qu'entre les parties au conflit, et doit viser à établir un processus décisionnel démocratique. Si le gouvernement ne fait pas preuve d'une volonté véritable de partager le pouvoir, il ne sera pas possible de parvenir à un compromis.

L'Allemagne appuie le projet de résolution qui proroge le mandat de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) pour une période de six mois. Pour permettre à la Mission de s'acquitter de façon efficace de son mandat, il faudrait lever toutes les restrictions á la liberté de mouvement. En outre, il est impératif que la Commission mixte reprenne ses activités. Les parties au conflit, à savoir le gouvernement du Tadjikistan et l'opposition, devraient comprendre le message d'avertissement que la présente résolution du Conseil de sécurité leur adresse. Le Conseil leur accorde un délai de six mois pour montrer leur engagement à imposer un cessez-le-feu effectif et à rétablir la réconciliation nationale.

M. SERGEY LAVROV (Fédération de Russie) a déclaré que sa délégation exprime son inquiétude face au manque de progrès dans la situation au Tadjikistan. Les parties doivent prouver leur attachement à trouver un règlement politique au conflit. La Fédération de Russie condamne les actes terroristes commis contre les forces de maintien de la paix de la CEI et contre les populations civiles. Elle se félicite de l'accord conclu sur les pourparlers intertadjiks et demande aux parties d'y participer. Elle souhaite un plein succès au Représentant spécial du Secrétaire général. Elle considère que les parties tadjikes doivent créer les conditions indispensables pour un travail efficace de la Mission et estime qu'une position unanime du Conseil de sécurité sera comprise par les parties.

M. D.C.M. NKGOWE (Botswana) a indiqué que sa délégation votera en faveur du projet de résolution sur la prorogation du mandat de la MONUT. Le

Botswana estime que le retrait de la Mission, à ce stade, ne serait pas approprié car il contribuerait à aggraver la situation au Tadjikistan et aurait des incidences négatives sur la paix et la stabilité dans toute la région. La présente résolution met en garde les parties que la prorogation du mandat de la MONUT dépendra du respect par les parties au conflit de l'Accord de Téhéran, d'un cessez-le-feu effectif et des progrès réalisés dans le cadre des pourparlers.

M. PARK SOO GIL (République de Corée) a déclaré que sa délégation considérait que les dimensions politiques et militaires étaient étroitement liées au Tadjikistan. A ce titre, elle est satisfaite de ce que le gouvernement du Tadjikistan et l'opposition estiment que le conflit ne peut être résolu que par le dialogue politique, et du fait que les parties ont décidé de la reprise des pourparlers inter-tadjiks début juillet. La délégation de la République de Corée appuie M. Gerd Merrem dans son travail afin de favoriser la réconciliation nationale.

La République de Corée estime que la sécurité et la liberté de déplacement du personnel de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan doivent être assurés. C'est le minimum que les parties peuvent faire. D'autre part, les activités de la Commission mixte doivent reprendre sans tarder, afin de permettre la mise en oeuvre efficace de l'accord de cessez-le-feu. Les contacts réguliers de la MONUT avec les forces frontalières russes et les forces collectives de maintien de la paix de la CEI ainsi que la coopération étroite entre la MONUT et la mission de la CSCE devraient se poursuivre. La mise en place d'un poste liaison supplémentaire à Taloqan devrait être encouragée afin de maintenir le contact avec les dirigeants de l'opposition qui se trouvent là. M. GERARDO MARTKNEZ BLANCO (Honduras) s'est déclaré fermement convaincu que les déclarations des parties tadjikes en faveur de la reprise des négociations sont en contradiction avec la reprise des hostilités. Si les parties souhaitent poursuivent le processus de négociation, elles devraient multiplier leurs efforts pour faire cesser les hostilités et rétablir la réconciliation nationale. Le Honduras lance un appel aux parties tadjikes pour reprendre la voie de la négociation. Le représentant a émis l'espoir que les parties tadjikes permettront à la Commission mixte de reprendre ses activités, conformément au mandat qui lui a été confié par le Conseil. M. Martinez Blanco a indiqué que sa délégation votera en faveur du projet de résolution.

M. ADELINO MANO QUETA (Guinée-Bissau) a estimé que la solution du problème tadjik réside dans la volonté des parties de résoudre leurs divergences en entamant un dialogue politique en vue de la réconciliation nationale. La Guinée-Bissau est à cet égard encouragée d'apprendre que le Gouvernement tadjik et l'opposition tadjike unie ont exprimé la conviction que le conflit ne saurait être réglé par des moyens militaires. Elle prend en outre note du fait que les parties tadjikes sont disposées à reprendre les pourparlers et qu'elles ont accepté la prorogation inconditionnelle de l'accord de cessez-le-feu pour une nouvelle période de trois mois. Elle demande aux parties de maintenir cet accord de cessez-le-feu pendant toute la durée des pourparlers intertadjiks, car cette mesure constituerait un élément important pour l'instauration d'un climat propice au dialogue politique en vue de la réconciliation nationale et de la promotion de la démocratie dans le pays.

La Guinée-Bissau demande d'autre part aux parties tadjikes de faire en sorte que la Commission mixte puisse reprendre ses activités sans tarder et, dans ce sens, encourage le Gouvernement tadjik à fournir toutes les garanties de sécurité nécessaires aux membres de l'opposition qui siègent au sein de cette commission. Elle regrette les restrictions apportées par les parties tadjikes au mouvement de la MONUT, considérant que la coopération des parties avec la MONUT et avec les autres organisations internationales qui opèrent dans le pays constitue une condition fondamentale pour la réalisation des actions humanitaires dans ce pays.

M. WANG XUEXIAN (Chine) a déclaré que sa délégation se félicitait de la reprise des pourparlers. Elle estime que l'intégrité territoriale du Tadjikistan devrait être respectée. La Chine est convaincue de la nécessité de résoudre le différend par le biais de la réconciliation nationale et appuie les efforts du Secrétaire général et de son Représentant spécial dans ce sens. M. JUAN LARRAIN (Chili) s'est déclaré profondément préoccupé par les violations continues de l'Accord de cessez-le-feu de 1994, qui remettent en cause les conditions requises pour le maintien du mandat de la Mission d'observation des Nations Unies au Tadjikistan (MONUT) et retardent donc les progrès visant à assurer la réconciliation nationale et la promotion de la démocratie. Sa délégation, a-t-il réitéré, a condamné, à plusieurs occasions, les harcèlements et les restrictions à la liberté de mouvement de la MONUT. Dans le contexte de sa préoccupation dans le domaine humanitaire, le Chili lance un appel aux parties aux conflits de coopérer pleinement avec le Comité international de la Croix-Rouge afin de faciliter l'échange des prisonniers et des détenus de l'opposition et du gouvernement.

M. NUGROHO WISNUMURTI (Indonésie) a déclaré que la situation au Tadjikistan était alarmante. Elle appelle toutes les parties à mettre un terme aux combats. L'Indonésie se félicite de la prorogation de l'accord de cessez-le-feu et de la reprise des pourparlers intertadjiks, ainsi que de l'initiative du Représentant spécial du Secrétaire général. Elle regrette les restrictions mises à la liberté de mouvement de la MONUT et appelle toutes les parties à coopérer avec elle. Elle appuie la prorogation de six mois de son mandat.

Mme MADELEINE ALBRIGHT (Etats-Unis) a appuyé la prorogation du mandat de la MONUL pour une période de six mois. Les Etats-Unis tiennent cependant à faire part de leur préoccupation devant la détérioration de la situation militaire au Tadjikistan, et le manque de progrès accomplis dans les pourparlers inter-Tadjiks qui se déroulent sous la médiation de l'ONU. Le rapport du Secrétaire général indique que le gouvernement et les forces de l'opposition sont maintenant engagées dans l'un des combats en plus importants depuis la fin de la guerre civile en 1992. Les deux parties, qui réaffirment leur engagement envers le respect du cessez le feu, continuent, en fait, de renforcer leurs troupes, de construire des offensives et des contre-offensives et à faire preuve de peu d'empressement à mettre fin à cette dangereuse spirale de la violence.

Les Etats-Unis lancent, dans les termes les plus énergiques, un appel urgent aux deux parties pour qu'elles mettent fin à cette spirale de la violence et se conforment strictement aux termes du cessez le feu. Mme Albright a exprimé la déception de son Gouvernement devant l'apparente incapacité des deux parties à s'entendre sur des mesures de confiance, telles que l'échange de prisonniers. L'un des éléments clés en vue de la réconciliation nationale, réside dans la reprise des activités de la Commission mixte pour l'application du cessez-le feu. Les deux parties doivent respecter leurs engagements et permettre la liberté de mouvement des observateurs de la MONUT ainsi que leur accès sans restriction aux zones dans lesquelles les violations du cessez-le feu ont eu lieu. La MONUT est une ferme démonstration de l'engagement de la communauté internationale à aider les Tadjiks à parvenir à la paix et à la réconciliation. La MONUT ne peut véritablement fonctionner effectivement que si les parties, elles-mêmes, se sont réengagées envers ces objectifs.

M. ZBIGNIEW MATUSZEWSKI (Pologne) a déclaré que sa délégation a voté en faveur de la résolution qui vient d'être adoptée. La Pologne est convaincue que le maintien de la présence de la MONUT au Tadjikistan contribuera à la fois à stabiliser le pays et à encourager les parties à parvenir à une solution pacifique du conflit. La prolongation du mandat de la MONUT est également fondée sur les quelques signes encourageants -quoique fragiles et dans une certaine mesure, inconsistants - qui proviennent du Tadjikistan. La Pologne se félicite de la volonté exprimée par le gouvernement et l'opposition de reprendre les pourparlers

inter-tadjiks, ainsi que des mesures prises par le Gouvernement, sur les garanties de sécurité offertes aux membres de l'opposition de la Commission mixte. La Pologne a voté en faveur de la résolution, également en raison de la décision du gouvernement et de l'opposition de prolonger le cessez-le-feu. Sur ce point, il reste aux parties à prouver leur sincérité, a déclaré M. Matuszewski. Il est en effet inquiétant, comme le note le Secrétaire général, que les combats à large échelle se poursuivent, causant des souffrances, des dégâts et des pertes en vies humaines énormes. Le Secrétaire général souligne que la situation actuelle est la plus grave que ce pays ait connu depuis la fin de la guerre civile, en 1992.

Les parties donnent l'impression de demeurer insensibles aux appels et aux demandes du Conseil de sécurité, formulées dans des déclarations du Président du Conseil en mars et mai dernier. A ce jour, les requêtes relatives à la garantie de liberté totale de mouvement du personnel de la MONUT, aux conditions de sécurité adéquates n'ont pas été satisfaites.

M. NABIL EL-ARABY (Egypte) a indiqué que son pays a appuyé la prorogation de la MONUT en souhaitant que les parties au conflit mettent fin immédiatement aux hostilités et reprennent les pourparlers en vue de trouver une solution appropriée à la situation au Tadjikistan. La Mission doit poursuivre ses travaux en vue de contribuer au rétablissement de la réconciliation nationale. Pour ce faire, les parties au conflit, à savoir l'opposition et le Gouvernement du Tadjikistan, devraient coopérer pleinement avec la MONUT et lever les restrictions à la liberté de mouvement du personnel de la Mission et des autres organisations internationales.

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