En cours au Siège de l'ONU

SG/SM/6002

LE SECRETAIRE GENERAL INAUGURE LA SESSION DE HAUT NIVEAU DE LA CONFERENCE HABITAT II

12 juin 1996


Communiqué de Presse
SG/SM/6002
HAB/132


LE SECRETAIRE GENERAL INAUGURE LA SESSION DE HAUT NIVEAU DE LA CONFERENCE HABITAT II

19960612

On trouvera ci-après le texte de la déclaration qu'a prononcée aujourd'hui, à Istanbul, dans le cadre de la Conférence Habitat II, le Secrétaire général, M. Boutros Boutros-Ghali, lors de la cérémonie d'ouverture de la session de haut niveau:

Istanbul, 12 juin 1996,-- "C'est avec un grand plaisir et une vive satisfaction que je m'adresse aujourd'hui aux éminents dirigeants des pays du monde, qui se sont rassemblés ici à Istanbul pour réfléchir à la voie que doit suivre l'humanité en vue de préparer son avenir commun au XXIe siècle.

Il doit émaner de cette conférence d'Istanbul un message qui perdure bien après l'achèvement de ses travaux, et ce message doit être que toutes les nations et tous les peuples entendent collaborer sur un pied d'égalité et partager les responsabilités d'un monde unique.

Nous traversons une époque de bouleversements, qui nous ouvre cependant des perspectives et nous donne l'espoir de pouvoir bâtir un monde nouveau, promouvoir le progrès social et accroître les chances offertes à tous les êtres humains.

Ces objectifs devront être atteints dans les villes, grandes et petites, comme dans les établissements plus modestes d'un monde en voie d'urbanisation rapide.

Une civilisation mondiale d'un type urbain aura des répercussions profondes sur les schémas de croissance économique et de développement national et international. Nous ne saurions faire abstraction de ses conséquences pour l'utilisation des ressources naturelles et la viabilité de nos activités du point de vue écologique.

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Des changements de cet ordre sont déjà en cours, sous l'impulsion de la mondialisation et de la libéralisation de l'économie internationale, de la démocratisation et de la révolution technologique. L'urbanisation n'est pas simplement un phénomène démographique : les rapports entre villes et campagnes, comme la physionomie des centres urbains autant que des villages, s'en trouvent modifiés.

Nous ne pouvons continuer d'agir comme nous l'avons fait dans le passé; nous devons réagir. Il s'agit là de réelles gageures, auxquelles tous les pays doivent faire face sans tarder. Si nous nous attelons ensemble à la tâche, dans le cadre d'un partenariat mondial, nos chances de succès seront certainement meilleures.

Déjà, l'exode rural a eu pour effet d'aggraver la pauvreté dans les villes, surtout parmi les femmes et les enfants, le manque de logements et de services de base, le chômage et le sous-emploi, les tensions ethniques et la violence, la toxicomanie, la criminalité et la désintégration sociale. L'apparition de mégapoles s'est accompagnée d'une dégradation des sols, d'un engorgement de la circulation, et d'une pollution de l'air, de l'eau et du sol. Tous les établissements humains, grandes agglomérations, villes et villages, subissent des contraintes économiques sans précédent.

Mais c'est vers ces mêmes établissements humains que nous devons nous tourner pour trouver une source de croissance économique et d'emploi pour les générations futures. Il faut par conséquent qu'ils deviennent viables, productifs, sûrs et sains.

Il faut pour cela apporter des réponses à quelques questions très difficiles. Comment améliorer la gestion et le financement des établissements humains ? Quelles politiques permettront d'améliorer les conditions d'existence et de travail des déshérités, des familles et des collectivités ? Comment stimuler la croissance économique et accroître les possibilités d'emploi dans les grandes villes sans provoquer des dommages écologiques à long terme et un gaspillage des ressources naturelles de la planète ? Comment faire profiter les villes et les campagnes des maigres ressources disponibles ? Comment offrir des logements et des services abordables à la population croissante du monde ?

Ces questions ne s'adressent pas uniquement aux pays en développement du Sud. L'évolution économique et sociale jette aussi une ombre sur les grandes villes des pays industrialisés du Nord. Des problèmes communs exigent un programme mondial commun si nous voulons les résoudre.

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Nous nous trouvons face à un avenir pour lequel le passé ne saurait nous servir de guide. Mais ici, à Istanbul, nous avons tracé une voie nouvelle. Nous avons pris des mesures audacieuses. Nous avons lancé un processus nouveau pour un partenariat à l'échelle mondiale, en vue de créer des établissements humains viables dans un monde en cours d'urbanisation. En agissant ainsi, nous faisons aussi progresser les engagements pris par la communauté internationale lors des conférences marquantes de l'Organisation des Nations Unies, à commencer par le Sommet "Planète Terre" de Rio en 1992.

La Conférence Habitat, a été remarquable à maints égards. Il s'en dégage deux points saillants : la prépondérance accordée à la constitution d'alliances et l'expression d'idées novatrices.

Aucune autre conférence des Nations Unies n'a bénéficié de contributions d'un si grand nombre de groupements spécialisés de parties prenantes. Collectivités locales, entreprises, organisations non gouvernementales, parlementaires, groupes de femmes, syndicats, académies des sciences et des techniques, groupes religieux, sociétés culturelles, fondations et jeunes - chacun, dans son lieu de rencontre, a pu examiner et façonner son propre rôle en faveur des objectifs de la Conférence.

La Conférence a établi un mécanisme qui a permis à ces protagonistes d'exposer leurs idées, d'exprimer leurs préoccupations et de procéder à des échanges avec des représentants de gouvernements. Ainsi, Habitat est la première Conférence des Nations Unies à avoir offert, dans le cadre de son dispositif officiel, une tribune aux représentants de la société civile. C'est une conférence où de nouveaux partenariats ont commencé à prendre forme, en vue d'atteindre un objectif commun.

Ce processus a été renforcé par les nombreuses manifestations parallèles qui ont eu lieu pendant la Conférence elle-même. Dialogues, séminaires, colloques, groupes de discussion et exposés de toutes sortes ont abordé les grandes questions de fond dont la Conférence était saisie, élargissant et approfondissant ainsi un ordre du jour déjà vaste et complexe. La grande diversité des questions abordées n'a eu pour égale que la diversité de leurs auteurs. Je félicite le Gouvernement turc et la municipalité d'Istanbul d'avoir facilité ce processus et d'avoir pris une part très active à l'organisation des travaux et à leur soutien.

Il convient, en raison de sa contribution technique et concrète, de souligner un aspect important de la Conférence Habitat. Il s'agit de la mise en évidence des "meilleures pratiques", en tant que modèles de pensée novatrice et sources d'inspiration pour le progrès urbain. Ainsi, Habitat a été une pépinière d'idées susceptibles de changer la vie des gens, idées que l'on a toute latitude d'utiliser et d'adapter au profit de toutes les communautés en quête d'une vie meilleure. Pareille innovation a donné à la Conférence un caractère exceptionnel et promet des répercussions concrètes.

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Je constate avec une satisfaction particulière que c'est véritablement l'ensemble du système qui a oeuvré à cette entreprise. La coopération entre les organismes et programmes des Nations Unies, y compris les institutions de Bretton Woods, a été féconde dans le cadre tant des délibérations de la Conférence que des nombreuses manifestations parallèles. Je ne négligerai aucun effort pour faire en sorte que ce vigoureux esprit de collaboration et d'interaction persiste dans la prochaine phase - cruciale - consistant à traduire vos décisions en mesures concrètes.

A ce propos, je tiens à insister sur trois éléments :

- Les différentes composantes du système des Nations Unies doivent entreprendre des activités complémentaires. Cela est particulièrement important en raison du caractère multidisciplinaire de la Conférence.

- Le suivi de la Conférence doit s'intégrer aux mesures prises pour mettre en oeuvre les résultats d'autres conférences mondiales récentes. Le cadre de ce suivi intégré a été mis en place par les équipes spéciales thématiques constituées au sein du système des Nations Unies. Les

questions traitées par ces équipes spéciales - emploi et moyens d'existence durables, environnement favorable et services sociaux -, ainsi que l'accent mis sur la lutte contre la pauvreté, revêtent une importance critique pour la mise en oeuvre des décisions auxquelles est parvenue la Conférence.

-Il nous faut donner une nouvelle impulsion à la phase de suivi afin de renforcer les relations de partenariat entre les Nations Unies et la société civile, dont la participation active et les divers apports à la Conférence l'ont rendue si singulière et féconde.

Le moment est venu de montrer la clairvoyance, l'esprit d'organisation et la volonté politique nécessaires pour relever les défis lancés par la Conférence. En tant que chefs d'Etat ou de gouvernement, vous êtes ceux qui, à titre individuel et collectif, faciliteront la mise en oeuvre de ce processus.

Les décisions prises à Istanbul constituent un fondement solide pour le progrès futur. Mais il faut les traduire en mesures concrètes, en politiques nationales, en formes nouvelles de coopération internationale, en une collaboration plus étroite entre gouvernement et société civile.

Je vous remercie, Monsieur le Président, de votre direction éclairée et de la ferme détermination dont vous avez fait preuve pour assurer le succès de la Conférence.

Nous tenons également à remercier le Maire d'Istanbul et les habitants de cette ville magnifique, de la chaleur de leur accueil et de leur généreuse hospitalité.

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Pour terminer, au nom du système des Nations Unies, je remercie la République turque d'avoir rendu possible cette manifestation véritablement exceptionnelle. Ce pays et sa population peuvent être fiers à juste titre de la contribution qu'ils ont apportée, par cette Conférence, à l'édification d'un monde meilleur.

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