HAB/128

LA CONFERENCE HABITAT II CELEBRE LA DECENNIE INTERNATIONALE DES POPULATIONS AUTOCHTONES

10 juin 1996


Communiqué de Presse
HAB/128


LA CONFERENCE HABITAT II CELEBRE LA DECENNIE INTERNATIONALE DES POPULATIONS AUTOCHTONES

19960610

Elle poursuit son échange de vues sur la situation des établissements humains et les stratégies pour l'améliorer

Istanbul, 10 juin -- La Plénière de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) a célébré, ce matin, la Décennie internationale des populations autochtones, en présence de M. Ibrahima Fall, Sous-Secrétaire général aux droits de l'homme, et de M. Wally N'Dow, Secrétaire général d'Habitat II, qui ont tous deux prononcé une allocution.

M. Fall, qui est également Coordonnateur de la Décennie internationale, a jugé particulièrement approprié qu'Habitat II, Conférence qui va discuter des besoins en logement du 21ème siècle, se penche sur les nécessités spécifiques des populations autochtones, dont les besoins économiques et autres dépendent, pour une large majorité d'entre elles, de leurs terres. Il est également souhaitable que la Conférence reconnaisse les besoins spécifiques des populations autochtones dans les villes. En conclusion, M. Fall a lancé un appel à tous les Etats afin qu'ils déploient tous leurs efforts pour mettre en oeuvre la Décennie internationale, et en particulier, le Programme d'activité qui a été préparé par l'Assemblée générale.

Pour sa part, M. N'Dow, Secrétaire général d'Habitat II, a déclaré que le message d'Habitat II est aussi valable pour les communautés autochtones puis qu'il promeut l'autonomisation, le contrôle sur la prise de décisions et les ressources, ainsi que la lutte pour l'égalité. En appelant à l'égalité d'accès au logement, à l'éducation, aux services de santé, à l'eau potable, aux programmes de formation, le Programme pour l'habitat cherche à améliorer la qualité de vie et à ouvrir de nouvelles opportunités socio-économiques aux populations autochtones. La mise en oeuvre du Programme pour l'habitat est à même de renforcer leur voix sur la scène politique et leur capacités à regagner le contrôle sur les ressources foncières.

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Outre MM. Fall et N'Dow, les personnalités suivantes ont prononcé une allocution dans le cadre de la célébration de la Décennie internationale:

M. Edmundo Hermosilla, Ministre du logement du Chili; M. Ole Lovig-Simonsen, Ministre du logement et de la construction du Danemark; M. Li Zhaoxing, et Vice Ministre des affaires étrangères de la Chine. Les représentants du Brésil, du Canada et de la Norvège ont également pris la parole.

Auparavant, la Plénière avait poursuivi l'échange de vues général qu'elle a entamé le 3 juin dernier, sur le thème de la situation des établissements humains et les stratégies à suivre pour l'améliorer.

A ce titre, la Conférence a entendu les déclarations de M. John Humphrey, Ministre du logement et des établissements humains de Trinité-et-Tobago et de M. Hamadou Moustapha, Vice-Premier Ministre, chargé de l'urbanisme et de l'habitat du Cameroun. Les représentants de Malte, du Pakistan et de Madagascar ont également pris part à l'échange de vues.

Mme Elizabeth Dowdeswell, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et M. Pierre Vinde, Secrétaire général adjoint de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont pris la parole.

Sont également intervenus, les représentants des organisations non gouvernementales International Religious Foundation, Brahma Kumaris et Human Settlements Caucus.

Le représentant du Nigéria a exercé son droit de réponse.

La Plénière de la Conférence reprendra son débat général, demain, mardi 11 juin, à 10 heures.

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Poursuite de l'échange de vues général

Mme ELIZABETH DOWDESWELL, Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE): les villes , qui ont longtemps constitué les principaux centres de production et de consommation, sont maintenant perçues comme les responsables et les victimes des dommages causés à l'environnement. En tant que dernière conférence internationale de ce siècle, Habitat II a l'obligation de fournir des réponses concrètes

à la crise de l'environnement. Les défis auxquels nous sommes confrontés sont gigantesques et sans précédent. Habitat II doit s'efforcer de relier entre elles les deux définitions de l'habitat: un établissement humain et un écosystème. La précarité des conditions de vie dans les zones urbaines des pays en développement souligne la vulnérabilité des plus pauvres face aux nombreux problèmes d'environnement. Pour y répondre, il faut d'abord améliorer l'accès à l'eau potable et les conditions d'hygiène. Il faut résoudre la question des déchets solides. Il importe de réduire la pollution atmosphérique. Il faut également veiller aux questions d'implantation de logements et d'industries dans les zones écologiquement sensibles. Enfin, il faut redéfinir les infrastructures de transport. Pour sa part, le PNUE cherche les voies et moyens de donner son plein sens au développement durable au niveau local. Il a lancé divers programmes, dont le Programme des villes durables, en collaboration avec le Centre des Nations Unies pour les établissements humains et a adopté une "Planification des services stratégiques".

M. JOSEPH CASSAR (Malte): les engagements qui seront pris lors de cette conférence auront des conséquences non seulement sur les institutions nationales chargées de leur mise en oeuvre mais également sur chaque individu. Malte accorde une importance particulière à la promotion d'établissements humains durables. Cette démarche puise sa source dans le respect de la dignité humaine. De ce fait, les politiques de développement de Malte s'illustrent par une approche intégrée. Elle demeure convaincue que le développement durable ne saurait se limiter à la seule croissance économique. En effet, la durabilité exige le respect simultané d'un équilibre entre les demandes et besoins sociaux et les droits et intérêts des générations à venir. Le développement social ne saurait être entrepris isolément mais intégrer les dimensions des droits de l'homme et des libertés fondamentales, de la dignité humaine et des besoins des groupes les plus vulnérables.

Le Programme pour l'habitat en cours de négociation souligne la nécessité d'un examen global de ces problématiques, en s'attachant à faire participer tous les secteurs de la société. Le secteur non gouvernemental détient en effet bien souvent la connaissance, l'esprit d'initiative et l'expertise nécessaires à l'élaboration, la planification, et la mise en oeuvre de solutions durables et solidaires. Les partenaires non gouvernementaux méritent par conséquent de continuer à jouer ce rôle d'interlocuteurs incontournables au sein du processus de développement.

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Mme SHAHNAZ WAZIR ALI (Pakistan): à l'instar de nombreux pays en développement, le Pakistan, qui jusqu'à présent était un pays à dominante rurale, s'est rapidement urbanisé. En vingt ans, sa population urbaine est ainsi passée de 6 à 46 millions. A ce rythme, en l'an 2000, la moitié de la population du pays vivra en zone urbaine. Pour réduire l'exode rural, il importe désormais de promouvoir et de revitaliser le secteur agricole afin d'offrir de plus grandes occasions aux populations de rester dans les campagnes. Il est regrettable de voir le peu d'attention accordé en matière de développement durable des établissements humains aux villes petites et moyennes. Le Gouvernement du Pakistan, sous la conduite de son Premier Ministre, a adopté une série de mesures pour corriger les erreurs de certaines politiques relatives aux établissements humains. Sa politique du logement fait partie intégrante des priorités économiques et sociales du gouvernement. Le Pakistan a également pris des dispositions spécifiques et recourt à une approche intégrée dans le domaine du logement. Le Pakistan estime que le Programme pour l'habitat qui sera adopté par Habitat II doit définir les rôles et les responsabilités des différents acteurs aux niveaux national, régional et mondial. Le succès des efforts déployés au niveau national dépend de

l'instauration d'un système économique mondial équitable et du renforcement de la coopération internationale.

M. PIERRE VINDE, Secrétaire général adjoint de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE): il serait illusoire de se convaincre qu'une croissance économique poursuivie isolément serait à même d'atténuer l'impact des problèmes sociaux et écologiques des villes. Il s'agit au contraire de reconnaître la complexité des problèmes et chercher des solutions multidimensionnelles. Istanbul est le signe que les questions urbaines et rurales dépassent le simple cadre local voire national. Elles font partie de l'ordre du jour d'une économie devenue interdépendante. De nombreux pays disposent des ressources et des capacités de faire face aux défis des développements urbain et rural. Il s'agit dès lors d'établir les priorités. L'OCDE a mis en place un cadre multilatéral efficace au sein duquel ses Etats membres poursuivent des politiques leur ayant permis de tirer davantage profit de la tendance à la mondialisation de l'économie. Pour être réellement efficaces, les politiques doivent traiter des forces et faiblesses des zones urbaines et rurales. Ainsi, en 1994, l'OCDE a créé un Service du développement du territoire, chargé de ce problème. En mars dernier, et dans la perspective d'Habitat II, l'OCDE et le Gouvernement allemand ont tenu, à Berlin, une Conférence sur le développement urbain durable. A cette occasion, l'OCDE a publié son rapport sur la ville écologique, qui démontre que le progrès social, politique et technique est à même de pousser très loin les limites de l'innovation. Les Nations Unies et les organisations intergouvernementales, comme l'OCDE, doivent assumer leur responsabilité d'aider les gouvernements à établir des objectifs; à lever les obstacles en vue d'un changement positif; et coordonner l'introduction de politiques et programmes optimaux.

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M. JOHN HUMPHREY, Ministre du logement et des établissements humains de Trinité-et-Tobago: Trinité-et-Tobago reconnaît, y compris dans sa Constitution, que le logement est un droit fondamental de tous les peuples. L'Etat, qui a la chance de posséder plus de 50% des terres, est disposé à les distribuer de façon planifiée et durable. A Trinité-et-Tobago, près de 60% des chefs de famille sont des femmes. Aussi, le gouvernement s'est engagé à les traiter sur un pied d'égalité avec les hommes dans les dispositions relatives à l'accès par tous à un logement décent. Outre la nécessité de renforcer le partenariat entre le gouvernement et la société civile de Trinité-et-Tobago, il importe désormais d'instaurer des relations de travail réciproques avec les pays amis et l'ensemble du système des Nations Unies, y compris avec le Centre des Nations Unies pour les établissements humains (HABITAT). Trinité-et-Tobago a commencé à mettre en oeuvre le programme "Sou-Sou Land" qu'il avait présenté lors de la Conférence des Nations Unies qui s'est tenue en 1987, à Nairobi.

M. HAMADOU MOUSTAPHA, Vice-Premier Ministre chargé de l'urbanisme et de l'habitat du Cameroun: en Afrique, les problèmes traditionnels de développement sont aggravés par une croissance urbaine jamais égalée. Au-delà d'une solidarité nationale, les pays africains ont besoin d'une solidarité internationale plus marquée: comme le souligne le Programme d'action, il y va de la paix, de la sécurité et de la stabilité internationales. Pour sa part, et en dépit d'un contexte difficile, le Gouvernement camerounais s'emploie à relever le défi d'offrir à chaque habitant le meilleur cadre de vie possible aussi bien en ce qui concerne le logement que son environnement immédiat. Il va sans dire que ces efforts devront être soutenus par la communauté internationale dont

l'appui a toujours constitué un appoint au développement sous toutes ses formes. S'agissant des préparatifs de cette Conférence, le Cameroun a lancé en octobre 1994, le processus préparatoire qui a été animé par quatre types de structures: une Commission nationale de supervision; une cellule de coordination technique composée de représentants des administrations publiques, des collectivités locales, des ONG, des médias, des universitaires et du secteur privé; des sous-comités techniques chargés de dresser des rapports sectoriels sur les thèmes de la Conférence; et des comités provinciaux et locaux chargés de présenter les spécificités de leurs régions respectives. Ces travaux ont abouti, entre autres, à la préparation d'un rapport national qui fait le point des actions politiques menées depuis la Conférence de Vancouver et qui propose un plan d'action national pour les 20 prochaines années.

Le Cameroun est d'avis qu'un Programme aussi important que celui des indicateurs urbains et du logement devra être complété et intégré dans un réseau d'information national, régional et mondial avec toutes les garanties nécessaires à une gestion et une exploitation durables. Les engagements pris lors de cette Conférence devront viser le renforcement des mécanismes existants et la création de nouveaux mécanismes et de nouvelles sources de financement publiques, privées, multilatérales ou bilatérales, aux niveaux international, régional, national, et local de manière à favoriser une gestion et une allocation efficaces, rentables et responsables des ressources.

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Mme YOLANDE RASENDRANIVO, Coordonnateur national pour Habitat II, Directrice de l'urbanisme, de l'habitat et du logement du Madagascar: physiquement, les villes sont et resteront le témoin de l'évolution d'un pays, et de surcroît, de la situation de l'économie. Le rôle des villes est important dans toute vélléité de transformation sociale. La dimension humaine trouve sa vraie valeur dans la dimension urbaine. La politique du gouvernement malgache est axée depuis quelques années sur la promotion des villes pour un développement régional intégré. Il s'agit de remettre les villes à leur région respective, en intégrant et en impliquant les populations dans les prises de décisions et les mises en oeuvre. Le gouvernement est d'avis qu'un développement régional régulier et stable permettrait aux villes principales et aux villes secondaires de trouver une nouvelle ressource. Participation, mobilisation et responsabilisation devraient être les maîtres-mots du deuxième millénaire. Il s'agira alors de mettre en place des observatoires plus que des orientations ou des directions. Il s'agira ainsi d'appuyer et de soutenir au lieu de se substituer aux acteurs urbains. L'expérience malgache, bien qu'ayant débuté tardivement a permis d'aboutir à un plan d'action dans lequel chaque groupe de participants a pu concevoir et gérer des actions dans leur milieu de vie pour le développement.

LE REVEREND CHUNG HWAN KWAK, International religious Foundation (ONG): l'anonymat inhérent à la vie urbaine est le terreau fertile à la déchéance de la famille et à l'addiction aux formes les plus extrêmes de la dépravation. L'absence de beauté naturelle est la cause de pressions et devient la source de maladies tant physiologiques que mentales. La vie spirituelle y devient impossible. De ce fait, la campagne répond davantage aux besoins fondamentaux et plus sophistiqués de l'homme. L'accès au monde rural ne saurait se muer en un privilège d'élites, en quête d'air et d'eau non contaminés. Les Gouvernements et l'ensemble des partenaires doivent soutenir et protéger la famille.

Mme DADI JANKI, Brahma Kumaris (ONG): Habitat II ne traite pas seulement des villes et des établissements humains, mais aussi des droits que nous avons en tant qu'êtres humains. J'ai consacré les soixante dernières

années de ma vie à chercher à parvenir à une meilleur vision de moi-même et du monde. Si pour construire une maison il faut des briques, c'est avec son coeur que l'on bâtit un foyer. Grâce à la pratique et à l'étude spirituelles nous pouvons changer nos consciences afin de mieux nous connaître nous-mêmes et de nous révéler en tant qu'êtres spirituels et prendre conscience de la vérité éternelle que nous sommes des âmes. Le Brahma Kumaris invite les éducateurs du monde entier à s'engager, tant à titre personnel que collectif, en faveur d'une éducation morale et spirituelle. On peut compléter la réflexion de Shakespeare "Qu'est-ce qu'une ville si ce n'est des personnes?" par "Qu'est-ce qu'une personne privée d'âme?".

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Mme SANDRA HERNANDEZ-COLON, Human settlements caucus (ONG): à l'heure où le taux de la population urbaine croît, nous assistons à l'urbanisation de la pauvreté et à la diffusion des maladies. Le logement et les infrastructures l'accompagnant sont des sources potentielles d'emplois productifs. Le logement est un droit de l'homme. La mise en oeuvre de la Stratégie mondiale du logement d'ici à l'an 2000 et du chapitre 7 d'Action 21 est tributaire des conditions suivantes: un partenariat entre les secteurs public, privé et communautaire; la participation de l'ensemble des citoyens à la prise de décisions; la sensibilisation des communautés à leurs droits, responsabilités et engagements; et l'application de pratiques de gestion foncière capables de générer des environnements urbains et ruraux économiquement et financièrement sains. La mise en oeuvre satisfaisante du Programme pour l'habitat dépend de la volonté des gouvernements, appuyés par les actions des partenariats privé et public.

Droit de réponse

Le représentant du Nigéria, exerçant son droit de réponse: l'attention du Nigéria a été attirée sur un paragraphe d'une intervention faite, vendredi dernier, par le représentant d'une Organisation non gouvernementale. Ce dernier prétend que la sécurité au Nigéria n'est guère assurée. Utilisant cet argument et cette tribune, ce représentant a essayé de ridiculiser le gouvernement d'un Etat membre des Nations Unies, et ce, en flagrante violation du règlement intérieur de la Conférence. Le Nigéria condamne cette tentative de dénigrement d'un Etat membre et l'utilisation de ce forum à des fins politiques, qui au demeurant, ne se fondent nullement sur les faits réels.

Célébration de la Décennie internationale des populations autochtones du monde

M. IBRAHIMA FALL, Sous-Secrétaire général aux droits de l'homme, coordonnateur de la décennie internationale des populations autochtones du monde: l'Assemblée générale des Nations Unies, par sa résolution 50/157 du 21 décembre 1995, a demandé que la Décennie internationale des populations autochtones soit l'objet d'une cérémonie officielle, à l'occasion de la présente Conférence sur les établissements humains. Il m'est donc particulièrement agréable d'exprimer ma reconnaissance aux Etats Membres et au Secrétaire général de la Conférence, pour cette occasion qui nous est offerte d'attirer l'attention sur les questions d'habitat auxquelles sont confrontés quelque 300 millions d'autochtones qui vivent à travers le monde. Cette réflexion se poursuivra après la présente cérémonie solennelle, dans le cadre d'une table ronde sur "Les

autochtones, l'habitat et la terre".

L'évolution de ces dernières années témoigne bien d'un changement fondamental au sein des Nations Unies pour ce qui est des populations autochtones et des activités qui leur sont consacrées. Malgré tout, force est de constater que les populations autochtones continuent d'être victimes de violations des droits de l'homme, et notamment de ces droits qui sont au coeur des réflexions de la présente conférence: le droit à un niveau de vie adéquat pour la santé et le bien-être, et le droit au logement.

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Aussi est-il est particulièrement approprié que cette Conférence, qui va discuter des besoins en logement du 21ème siècle, se penche sur les nécessités spécifiques des populations autochtones, dont les besoins économiques et autres dépendent, pour une large majorité d'entre elles, de leurs terres, au présent comme à l'avenir. Il est également souhaitable que cette Conférence reconnaisse les besoins spécifiques des populations autochtones dans les villes, et notamment leur désir de maintenir leur langue, leurs traditions, leurs pratiques religieuses, leur organisation communautaire en matière de logement et leurs structures de soutien. En conclusion, je lance un appel à tous les Etats afin qu'ils déploient tous leurs efforts pour mettre en oeuvre la Décennie internationale sur les populations autochtones, et en particulier, le Programme d'activité qui a été préparé par l'Assemblée générale.

M. WALLY N'DOW, Secrétaire général de la Conférence Habitat II, à l'occasion de la célébration de la décennie internationale des populations autochtones: le message d'Habitat II est aussi valable pour les communautés autochtones puis qu'il promeut l'autonomisation, le contrôle sur la prise de décisions et les ressources, ainsi que la lutte pour l'égalité. Les dispositions suivantes du Programme intéressent plus particulièrement les populations autochtones. Il s'agit de la gestion de la terre par les communautés de base; l'élimination de la pauvreté; et la pleine participation des populations rurales et autochtones à la mise en place de priorités en faveur d'un développement régional écologiquement rationnel. Le Programme appuie implicitement et explicitement leur combat pour le contrôle de leurs terres ancestrales et traditionnelles. En leur accordant ce droit, le développement durable des régions fragiles serait assuré. En appelant à l'égalité d'accès au logement, à l'éducation, aux services de santé, à l'eau potable, aux programmes de formation, le Programme pour l'habitat cherche à améliorer la qualité de vie et ouvrir de nouvelles opportunités socioéconomiques aux populations autochtones. La mise en oeuvre du Programme pour l'habitat est à même de renforcer leur voix sur la scène politique et leur capacités à regagner le contrôle sur les ressources foncières.

M. GERALDO HOLANDA CAVALCANTI (Brésil): le Brésil attache un intérêt particulier aux résultats des travaux d'Habitat II, notamment en ce qui concerne la promotion de la condition des populations autochtones et de leur habitat. Le principal objectif de la Décennie internationale des populations autochtones est de renforcer la coopération internationale pour résoudre leurs problèmes, ce qui est parfaitement cohérent avec les objectifs du Programme pour l'habitat. La Constitution du Brésil définit les terres traditionnellement occupées par les populations autochtones comme étant celles "de ceux qui y vivent de façon permanente, celles où ils ont leurs activités productives, celles qui sont indispensables pour la préservation des ressources environnementales nécessaires à leur bien-être et à leur

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reproduction physique et culturelle, conformément à leurs usages et à leurs traditions". Les populations autochtones du Brésil représentent près de 230.000 personnes, occupent environ 11% du territoire, soit plus de 900 000 km2. Nous espérons que grâce à la Décennie internationale et à la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat et du Plan mondial d'action, il sera possible de mobiliser l'aide apportée aux pays en développement pour répondre aux besoins particulier de leurs populations autochtones et leur fournir un logement adéquat.

Mme JEAN AUGUSTINE, Députée du Canada: le Canada est fier d'avoir coparrainé la résolution des Nations Unies qui a lancé la Décennie visant à reconnaître la contribution des populations autochtones à travers le monde. Habitat II est une occasion importante pour se rappeler que les Gouvernements ont promis d'améliorer la situation de plus de 300 millions d'autochtones dans le monde, notamment dans les domaines des droits de la personne, de l'environnement, du développement, de l'éducation et de la santé. Le Canada continue pour sa part, de donner suite à ses engagements à l'égard des questions autochtones, notamment par le biais des objectifs et priorités qu'il défend à cette Conférence. L'un de ses objectifs est justement de souligner l'importance de la participation des autochtones à l'administration des établissements urbains et ruraux où ils vivent. A cet égard, le Canada a récemment été l'hôte d'un séminaire d'experts des Nations Unies sur les expériences pratiques concernant les droits et les revendications de nature territoriale des autochtones. Sur le plan national, le Canada a décrété la date du 21 juin "Journée nationale des Autochtones".

M. EDMUNDO HERMOSILLA, Ministre du logement et de l'urbanisme du Chili: au Chili, qui compte 14 millions d'habitants, les populations autochtones représentent 500 000 personnes, soit 3,6% de la population du pays. Depuis quelques années, les pays d'Amérique se préoccupent de plus en plus de la situation des populations autochtones. Le Chili a créé, au début de cette décennie, une Société nationale pour le développement des populations autochtones et a promulgué une nouvelle loi relative aux populations autochtones qui, grâce à des actions concrètes consacrées aux terres, au développement social et économique, contribue à promouvoir l'intégration de ces groupes non par l'assimilation mais par la coexistence. Il convient de féliciter les organisateurs de la présente conférence d'avoir décidé de célébrer la Décennie internationale des peuples autochtones. Cette décision représente une reconnaissance explicite de l'importance que doivent occuper les populations autochtones dans le Plan mondial d'action qu'adoptera Habitat II, ainsi que dans les plans nationaux que mettront en oeuvre chaque pays.

M. OLE LOVIG-SIMONSEN, Ministre du logement et de la construction du Danemark: le Gouvernement danois et le Gouvernement autonome du Groenland s'associent pleinement aux objectifs de la Décennie. Le Danemark est l'un des rares pays à avoir prévu une stratégie officielle d'aide aux populations autochtones. Il accorde une importance prioritaire à l'adoption rapide de la

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Déclaration des Nations Unies sur les populations autochtones ainsi qu'à

la mise en place d'un forum permanent des populations autochtones au sein du système des Nations Unies. Ces populations sont généralement marginalisés sur le plan politique et n'ont pas souvent l'occasion de travailler aux niveaux national et international afin de revendiquer leurs droits politiques. Le droit au logement est un élément important de l'ensemble des droits des populations autochtones. Leurs besoins spécifiques doivent figurer dans les textes en voie d'adoption. En 1994, un secrétariat des populations autochtones de l'Arctique a été créé à la suite d'une proposition du Gouvernement danois et du Gouvernement autonome du Groenland. Le secrétariat, dont le siège se trouve à Copenhague, coordonne une série d'activités de développement dans les régions arctiques.

M. LI ZHAOXING, Vice-Ministre des affaires étrangères de la Chine: bien qu'il n'y ait pas de populations autochtones en Chine, le peuple et le Gouvernement chinois ont toujours manifesté de la sympathie pour leurs souffrances. La Chine est d'avis que les populations autochtones sont des membres à part entière de la société humaine et leurs cultures doivent être considérées comme un trésor de la civilisation. A l'orée du 21ème siècle, la Chine souhaite que la communauté internationale prie tous les gouvernements concernés d'adopter des mesures efficaces en faveur de la promotion des droits des populations autochtones.

Mme INGER LINDGREN (Norvège): la Norvège applique une politique du logement qui tient compte du respect des traditions culturelles des populations autochtones. Généralement, les populations autochtones vivent dans des régions marginales. Leurs activités tournent autour de l'utilisation optimale des ressources disponibles, souvent limitées. Ces conditions méritent d'être combinées avec les demandes en termes d'infrastructures et de planification modernes. Dans son article 27, le Pacte relatif aux droits civils et politiques fournit les modalités de protection des minorités, comme le sont le Sami de Norvège, contre toute forme de discrimination. Cet article dispose en outre que le concept de culture peut être compris comme étant ses piliers matériels ainsi que les conditions nécessaires à sa sauvegarde. En 1990, la Norvège a ratifié la Convention 169 de l'OIT sur les populations autochtones et tribales. La politique norvégienne à l'égard des Sami a été consacrée par son intégration au sein de la Constitution, à l'article 110 A.

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