HAB/127

LES ETABLISSEMENTS HUMAINS DE L'AVENIR DEVRONT INTEGRER LA CONTRIBUTION FONDATRICE DES FEMMES AU DEVELOPPEMENT DURABLE

7 juin 1996


Communiqué de Presse
HAB/127


LES ETABLISSEMENTS HUMAINS DE L'AVENIR DEVRONT INTEGRER LA CONTRIBUTION FONDATRICE DES FEMMES AU DEVELOPPEMENT DURABLE

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La Conférence célèbrera le lundi 10 juin la Décennie internationale des populations autochtones

Istanbul, 7 juin -- La Plénière de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) a poursuivi, cet après-midi, l'échange de vues général, entamé le 3 juin dernier, sur la situation des établissements humains et les stratégies à suivre pour l'améliorer.

Dans le cadre de ce débat, la Plénière a entendu les déclarations des personnalités gouvernementales suivantes: M. Abdelhadi Al Majale, Ministre des travaux publics de la Jordanie; M. Bala Ram Gharti Magar, Ministre du logement et de l'aménagement du territoire du Népal; M. Albert Aango Kipalan, Ministre des terres de la Papouasie-Nouvelle-Guinée; Mme Ginette Chérubin, Ministre de la condition féminine et des droits de la femme d'Haïti; M. Henry Jeffrey, Ministre du travail, des services humanitaires et de la sécurité sociale du Guyana; et M. Abdul Rahman Kamara, Ministre du logement, de l'urbanisme, et de l'aménagement du territoire du Sierra Leone. M. Hamidou Abouracar, Directeur de l'urbanisme et de l'habitat, a donné lecture d'un message de M. Cherif Ckako, Ministre de l'équipement et de l'infrastructure du Niger. Les représentants du Guatemala, du Portugal, du Bangladesh, ainsi que des Iles Vierges britanniques sont également intervenus.

Les responsables et représentants des institutions spécialisées, programmes et fonds des Nations Unies suivants ont pris part au débat: M. Federico Mayor, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO); M.H.W. Hjort, Directeur général adjoint de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), qui a donné lecture d'un message du Directeur de la FAO; Mme Martha Dueñas-Loza, Directrice par intérim de l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW); et Mme Achola Pala Okeyo, Chef de la section des communications et des relations extérieures au Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM).

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Un membre du Conseil d'administration du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) est également intervenu, ainsi que le Directeur général de la Société pour l'habitat et le logement en Afrique (Shelter-Afrique, organisation intergouvernementale).

En fin de séance, la Plénière a entendu les déclarations des représentants de quatre organisations non gouvernementales -Conseil du Commonwealth pour l'écologie humaine; communauté internationale bahaïe; centre international pour les établissements humains et conférence des organisations non gouvernementales-, ainsi que celle du représentant de la collectivité locale de Touba (Sénégal).

La Plénière achevera son échange de vues général le lundi 10 juin, à partir de 10 heures. Au cours de l'après-midi, la Conférence Habitat II célèbrera la Décennie internationale des populations autochtones.

Le mardi 11 juin, la Conférence inaugurera son segment de haut niveau, qui se poursuivra jusqu'au 14 juin. Cette session permettra aux dirigeants du monde, présents à Istanbul, de s'engager à faire prévaloir de manière durable, dans les villes et villages de leurs pays, la santé, la sécurité et la justice, comme les y encourage l'Assemblée générale des Nations Unies.

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Poursuite du débat général

M. JACQUES FORSTER, Membre du Conseil d'administration du Comité international de la Croix-Rouge (CICR): le mandat du CICR ne consiste pas seulement à fournir une assistance aux victimes des conflits mais également à promouvoir une meilleure compréhension et le respect des principes humanitaires. Pour plusieurs raisons, les villes tendent à devenir davantage les théâtres d'expression de la violence. Tous, nous devons chercher une solution globale qui évitera à l'avenir, la répétition des drames de Monrovia, de Mogadishu ou de Grozny. En sa

qualité de promoteur et gardien des Conventions de Genève de 1949, le CICR n'a jamais cessé de rappeler aux parties en conflit d'honorer leurs obligations au titre du droit international humanitaire. Toutefois, ces efforts requièrent l'appui de l'ensemble de la communauté internationale et de ses Etats membres. L'action humanitaire exige également le respect de tous ceux engagés dans des activités humanitaire. En effet, les règles fondamentales conçues pour protéger ceux oeuvrant sous la bannière de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont souvent violées. Pas plus tard que mardi dernier, trois délégués du CICR ont ainsi été tués au Burundi.

M. FREDERICO MAYOR, Directeur général de l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO): si l'on s'interroge sur le sens du verbe habiter, sur ses étymologies dans différentes langues, sur ses racines et sur ses résonances, on s'aperçoit vite de l'ampleur de ses implications. "Habiter" est un acte beaucoup plus vaste et beaucoup plus complexe que "se loger", un acte qui confine à la fois à l'être et à l'avoir. C'est en poète que l'homme habite cette terre, écrit Hölderlin. La ville n'est pas seulement une affaire technique, elle est une affaire de sens. Le message de l'UNESCO se résume à un souci: humaniser la ville. Cela veut dire faire valoir le droit au logement -qui fait partie des droits de l'homme -, établir une gouvernance urbaine participative, développer la solidarité des citadins, bref, mettre la ville au service de ceux qui y vivent, en mettant l'homme au centre des préoccupations publiques.

Compte tenu de la diversité de ses domaines de compétence, l'UNESCO est active dans la ville sur plusieurs fronts. L'éducation à la démocratie et à la citoyenneté exige l'apprentissage de valeurs et l'acquisition de comportements que l'on peut définir, préciser et pratiquer dans des cadres et des situations diversifiés. Dans le domaine culturel, chacun connaît le programmes "Villes du patrimoine mondial", ainsi que nos actions de revitalisation des centres urbains, de promotion de l'architecture vernaculaire et de mobilisation des jeunes autour d'intérêts culturels. Notre programme MOST (Management of social transformations) vise à rapprocher la recherche et la gestion des transformations sociales dans les villes, et ce avec le concours de fondations et d'entreprises, notamment dans le cadre de programmes de sauvegarde du patrimoine urbain.

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L'UNESCO travaille également dans les domaines de l'environnement, de la communication ainsi que dans le cadre du programme spécifique "culture de paix". Face aux formidable défi que constitue l'objectif d'améliorer les conditions de vie des habitants des villes, seule une dynamique de mobilisation sociale, une démarche de partenariat associant l'ensemble des acteurs publics et privés du niveau local et national, au niveau international, sera à la hauteur de l'enjeu.

Mme MERCEDES ARZU DE WILSON (Guatemala): l'objectif de cette Conférence sur les établissements humains est la lutte en faveur d'une justice sociale qui embrasse les familles du monde entier. Le monde en développement se doit de poursuivre la protection de ses valeurs morales et traditionnelles. La communauté internationale doit lutter pour libérer les établissements humains de l'avenir de la violence, du commerce lucratif des stupéfiants et de l'influence des moyens de divertissement qui promeuvent le crime. Les pays développés, le secteur privé et les ONG doivent apporter leur aide inconditionnelle à cette fin. Le document final se doit de consacrer la protection de la famille, en tant que cellule fondamentale de la société. Le monde manque encore trop de politiques familiales et sociales sérieuses et de programmes de développement culturel et de répartition équitable des ressources.

M. HAMIDOU ABOUBACAR, Directeur de l'urbanisme et de l'habitat, donnant lecture d'un message de M. Cherif Chako, Ministre de l'équipement et de l'infrastructure du Niger: le Niger s'est impliqué très tôt dans le processus préparatoire pour Habitat II. Son rapport national, qui figure parmi les actions entreprises par le Comité préparatoire mis en place par le gouvernement, fait l'évaluation de la situation des établissements humains au Niger, dégage les tendances en la matière et dresse le bilan des actions menées jusque là. Au regard des résultats de ce bilan, un Plan d'action national a été adopté pour la période 1996-2000.

L'amélioration de la situation des établissements humains nécessite la mise en oeuvre d'une série de politiques relatives à la prise en charge d'un certain nombre de besoins: le financement du logement et de l'urbanisation; la décentralisation et la gestion des villes; la réduction de la pauvreté et la création d'emplois; la prise en considération des besoins des femmes et des groupes sociaux vulnérables; la gestion de l'environnement et des ressources naturelles; et l'aménagement du territoire et le réseau des villes.

Habitat II est à nos yeux, l'occasion idéale pour une prise en compte, par la communauté internationale, des problèmes qui assaillent nos établissements humains. C'est pourquoi, nous osons espérer que le Plan d'action mondial, qui sera adopté au cours de la présente conférence, sera élaboré sur des bases concrètes et réalistes afin qu'il puisse être lui même réalisable. Il convient également que le Programme pour l'habitat rencontre l'adhésion de tous dans le cadre d'un partenariat franc et sincère et d'une solidarité internationale plus agissante.

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M. PAPA MAMADOU M'BAYE, Directeur général de la société pour l'habitat et le logement en Afrique (Shelter-Afrique): à l'avenir, il sera difficile de maintenir le niveau des services existants dans les villes africaines si la tendance à l'urbanisation actuellement en vigueur se poursuit. Le Programme d'action d'Istanbul est un important document, assez souple pour tenir compte des priorités régionales. L'approche de Shelter-Afrique vise à utiliser ses fonds en vue de générer des richesses qui seront investies dans le développement d'infrastructures. Shelter-Afrique souhaite un engagement plus accru susceptible de renforcer les capacités régionales. Habitat II doit aboutir au renforcement des institutions pertinentes chargées des établissements humains. Shelter-Afrique est heureux d'annoncer le lancement du premier atlas de l'habitat en Afrique, qui fournit des indicateurs importants sur la situation des établissements sur le continent. Il a été décidé que sa publication sera actualisée tous les cinq ans.

M. JOSE DA COSTA PEREIRA (Portugal): le Portugal souscrit pleinement à la déclaration faite en début de semaine par l'Italie, au nom de l'Union européenne. Habitat II termine un cycle d'importantes conférences des Nations Unies qui ont eu lieu ces dernières années. Nous espérons, par conséquent, que nous pourrons construire quelque chose sur la base des résultats des ces conférences. Habitat II aborde des questions fondamentales relatives au logement et à la qualité de la vie en milieu urbain. Nous sommes réunis ici pour joindre nos efforts en vue d'élaborer une stratégie mondiale qui permettra d'offrir à tous de meilleures conditions de vie. Un logement décent et des établissement humains durables sont les thèmes principaux de cette conférence. Le Portugal, qui attache une importance cardinale au droit au logement, suit avec intérêt les délibérations relatives à cette question.

Le gouvernement portugais estime que pour réaliser les objectifs qu'il lui sont assignés, il importe d'accorder une attention spéciale aux

besoins des personnes les plus vulnérables et les plus démunies. Il espère que la Conférence adoptera un Plan d'action mondial contenant des mesures équilibrées qui puissent être comprises et appliquées par tous les acteurs concernés.

M. H. W. HJORT, Directeur général adjoint de l'organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), donnant lecture d'un message du Directeur général de la FAO: Habitat II et le Sommet mondial de l'alimentation, qui se tiendra en novembre à Rome, ont un objectif en commun, en l'occurrence l'amélioration des standards de vie. Le logement et la nourriture sont en effet deux besoins fondamentaux. Pourtant les objectifs d'assurer un logement et de la nourriture pour tous sont loin d'être réalisés. Le système nutritionnel se doit de s'adapter à une société de plus en plus urbanisée. De plus grandes quantités de nourriture doivent être déplacées de leur lieu de production vers leur lieu de consommation. Le Comité sur la sécurité alimentaire mondiale prépare activement le Sommet de novembre. Il a adressé une invitation à tous les gouvernements, y compris à ceux qui ne sont pas membres de la FAO, au secteur privé, aux ONG ainsi qu'aux autres représentants de la société civile.

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M. LOUIS POTTER, Chef du département de l'aménagement du territoire, du renforcement des capacités et du développement des institutions des îles vierges britanniques: au cours des 20 dernières années, l'économie des îles Vierges britanniques, qui est basée sur le tourisme, s'est fortement développée. Plus récemment, nous avons assisté à l'expansion de nos services financiers internationaux. Cependant, notre économie, de par sa faible taille, est tributaire de forces extérieures, notamment en raison des ouragans et des incertitudes de l'économie mondiale. Le gouvernement des îles Vierges britanniques, qui prend très au sérieux les questions de gestion foncière, a adopté une série de mesures pour préparer le 21ème siècle. Ces mesures visent à améliorer la capacité de réponse aux catastrophes naturelles; à mettre en oeuvre un plan de développement touristique; à élaborer un plan de développement structurel; et enfin à définir une Stratégie intégrée de développement, impliquant des personnes provenant d'horizons divers. Ce processus vise non seulement à élaborer des documents de travail, mais à changer la culture de travail. Enfin de compte, il est à espérer que cela se traduira par l'émergence d'une culture d'inclusion, d'ouverture et de partenariat. C'est exactement ce dont traite Habitat II.

M. ABDELHADI AL MAJALE, Ministre du logement et de l'aménagement du territoire de la Jordanie: Habitat II qui est la dernière d'une longue série de conférences internationales organisées sous l'égide des Nations Unies, constitue un lieu important d'échanges pour l'avenir et le développement des établissements humains. Habitat II devrait faciliter la participation de tous les citoyens aux politiques de développement des villes. La Jordanie a élaboré une politique qui souligne l'importance des secteurs public et privé. Elle a activement contribué au processus préparatoire d'Habitat II. Ainsi, a-t-elle accueilli la première conférence préparatoire des pays arabes sur Habitat II, ainsi qu'une série de conférences, de colloques et d'ateliers. Tous ces efforts ont abouti à la rédaction d'une Déclaration des Etats arabes qui prône un développement durable des établissements humains fondé sur la participation active de tous. La communauté internationale doit apporter toute l'aide nécessaire au Comité des Nations Unies pour les établissements humains afin qu'il puisse mettre en oeuvre les recommandations du Programme pour l'habitat.

M. SHANTI SHAMSHER J.B.RANA, Ministre du logement et de l'aménagement du territoire du Népal: dans le cadre de la préparation de la Conférence

Habitat II, le Népal a été témoin de l'engagement actif de l'ensemble des secteurs de la société, publics et privés. Le Plan national d'action veillera à intégrer les domaines d'action suivants: le logement, la pauvreté urbaine, la planification et le développement urbains, la prévention des catastrophes, la gestion locale et l'héritage culturel. Le Népal souligne l'importance d'approches novatrices de développement et de meilleures pratiques des établissements humains. Le Népal souhaite que l'ensemble des participants à la Conférence déploient tous les efforts pour faire de leurs villes et villages, des lieux sains, sûrs et durables.

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SIR. ALBERT KIPALAN, Ministre des terres de la Papouasie-NouvelleGuinée: la Conférence est un jalon nouveau dans l'histoire des Nations Unies. Il s'agit d'assurer le développement durable des établissements humains. Toutes les mesures doivent converger vers la responsabilisation et le partenariat. Les pays diffèrent entre eux. Un modèle unique ne saurait par conséquent être applicable à tous. Pays rural, la Papouasie-Nouvelle-Guinée tente de freiner autant que faire se peu, la tendance à un développement anarchique. Il faut donc accorder la même attention aux établissements ruraux. L'urbanisation est un phénomène mondial et la Papouasie-Nouvelle-Guinée admet son caractère irréversible. Toutefois, elle demeure convaincue que seul un équilibre entre les développements urbain et rural est susceptible de garantir la durabilité. Le pays a établi un groupe de travail sur l'urbanisation dont l'objectif est d'évaluer les politiques, stratégies et programmes d'hier et de demain. L'accent a été mis sur la recherche de solutions et d'activités écologiquement rationnelles et la promotion de la participation populaire.

Mme MARTA DUEÑAS-LOZA, Directrice par intérim de l'Institut international de recherche et de formation pour la promotion de la femme (INSTRAW): l'INSTRAW est un Institut indépendant qui a été créée en 1976 dans le cadre des Nations Unies. Il a pour mandat de rechercher les moyens de surmonter les obstacles à l'accession des femmes au pouvoir politique, économique et social. Par ses activités de recherche, de formation et d'organisation de réseaux, l'Institut contribue au renforcement du pouvoir des femmes en créant des espaces d'information, de dialogue et de renforcement des capacités. Les buts et principes d'Habitat II sont repris dans l'approche intégrée adoptée par l'Institut en matière de recherche et de formation. Cette approche montre notamment que la féminisation de la pauvreté n'est qu'une conséquence de l'inégalité d'accès par les femmes aux opportunités économiques. Elle rappelle que la nécessité de disposer de statistiques et de données concernant chaque sexe pour tout ce qui touche aux activités de développement constitue une condition préalable à tout développement durable. Enfin, le programme de l'INSTRAW sur le femmes, l'environnement et le développement durable aborde les principaux piliers des établissements humains: l'eau, l'énergie, la gestion des déchets et l'hygiène. La fourniture d'informations spécifiques à chaque sexe en ce qui concerne l'accès à la propriété foncière, au crédit et aux technologies permettra de changer les façons traditionnelles de penser, de supprimer les stéréotypes et fera prendre conscience aux décideurs qu'hommes et femmes ont des rôles et des responsabilités différents et que, par conséquent, les politiques de développement peuvent avoir sur eux des impacts différents.

M. HASINUR RAHMAN (Bangladesh): Istanbul doit renforcer les engagements et les principes de Vancouver et de la Stratégie mondiale du logement de 1988. Le lien entre les grandes conférences internationales et leur impact doit être réaffirmé. Avec ses 9 millions d'habitants, Dhaka, la

capitale, est déjà

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devenue l'une des 13 mégalopoles du monde et pose des défis à un pays parmi les moins avancés. Ceux-ci ont pour noms des logements insalubres, des conditions de vie déplorables, l'inégalité sociale, la croissance de la pauvreté urbaine et la dégradation de l'environnement. A l'instar des autres pays en développement, la délégation du Bangladesh espère rentrer au pays avec de solides engagements et non seulement un vague espoir. La question de la coopération internationale est trop importante pour être sacrifiée sur l'autel de la tendance à la baisse de l'allocation de ressources.

Mme GINETTE CHERUBIN, Ministre de la condition féminine et des droits de la femme d'Haïti: l'heure est à l'ouverture vers une coopération internationale mieux conçue. L'heure est à l'ouverture vers un partenariat de tous les acteurs sociaux, politiques et économiques d'un même pays pour une conduite avisée des affaires publiques. Il convient de miser sur les femmes. Miser sur leurs potentialités, leurs apports et non pas se contenter d'avoir à leur égard une attitude de complaisance paternaliste en les assimilant continuellement aux enfants ou autres groupes vulnérables à qui il faut de temps à autre accorder une pensée. Pour situer Haïti dans la démarche globale qui orientera la Déclaration d'Istanbul, il convient de rappeler que son cas ne diffère pas de celui des autres pays les moins avancés. Ainsi, les trois quarts de la population vivent en dessous du seuil de pauvreté, le taux d'analphabétisme est de 70% et l'espérance de vie à la naissance est inférieure à 57 ans.

Tout est à refaire dans notre pays. Le phénomène d'abandon massif des campagnes ne peut plus être occulté. Partant de ce constat, le nouveau plan d'aménagement du territoire devrait s'articuler autour de deux grands axes : le freinage de la surdensification de Port-au-Prince couplé à l'aménagement d'un petit nombre de nouveaux pôles urbains où se concentreraient les investissements; et la réhabilitation des terres épuisées de la campagne. La volonté est ferme, mais les moyens extrêmement limités.

Ma présence ici en tant que seule Ministre de la condition féminine, Présidente d'une délégation à Habitat II, témoigne de la détermination du gouvernement haïtien d'oeuvrer pour le changement de la situation de la femme. C'est en outre un événement significatif pour moi, bien sûr, mais surtout pour la multitude d'Haïtiennes chefs de famille monoparentales -principales gérantes du logement familial et de son environnement immédiat pour les innombrables "Madam Sara" (commerçantes) du secteur informel - principales utilisatrices des réseaux routiers et des transports publics et enfin pour toutes les femmes de mon pays que je représente très fièrement.

M. HENRY JEFFREY, Ministre du travail, des services humanitaires et de la sécurité sociale de Guyana: l'environnement habité des pays de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) est connu pour sa vulnérabilité particulière aux calamités naturelles. Dans ce contexte, la communauté internationale se

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doit de prêter une attention particulière aux besoins des petits Etats en développement insulaires. Grâce à l'aide de la communauté internationale, le Gouvernement en place à Guyanan, a appliqué une série de programmes susceptibles d'alléger les problèmes économiques affectant le pays. Le Gouvernement a en outre mis en oeuvre un programme d'accès universel au logement qui vise à combler le déficit en logements d'ici à l'an 2000.

M. ABDUL RAHMAN KAMARA, Ministre du logement, de l'urbanisme et de l'aménagement du territoire du Sierra Leone: la situation des établissements humains au Sierra Leone n'est pas des plus enviables. La population du pays, qui a plus que doublé en 22 ans, atteint aujourd'hui 4,5 millions habitants. La moitié de la population urbaine, qui a doublé en 35 ans, se trouve dans la capitale, Freetown. La guerre n'a fait qu'accentuer les problèmes relatifs à la qualité et au nombre de logements, qui étaient déjà moins que satisfaisants, particulièrement à Freetown. La situation des établissements humains au Sierra Leone est aggravée par la multiplication du nombre de réfugiés et de personnes déplacées. Pour y faire face, le gouvernement a adopté différentes mesures. Il a créé le Ministère de la reconstruction, de la réhabilitation et du relogement. Reconnaissant la précieuse contribution du secteur privé au développement des établissements humains, le gouvernement a essayé de créer un environnement favorable et a mis sur pied un projet-pilote, le Sierra Leone Housing Corporation, qui complète par une aide technique le financement fourni par le secteur privé. Pourtant, l'accès au crédit en matière de logement demeure problématique.

Mme ACHOLA PALA OKEYO, Chef de la section des communications et des relations extérieures du Fonds de développement des Nations Unies pour la femme (UNIFEM): aujourd'hui, les femmes sont venues à Istanbul pour demander un engagement plus audacieux de la communauté internationale en faveur de l'amélioration des conditions de vie des femmes pauvres et sans ressources. Les femmes revendiquent une part dans la direction des affaires. Elles souhaitent être impliquées dans toutes les initiatives, la planification et la mise en oeuvre des programmes de logements. Les femmes veulent la fin de la pauvreté, de la faim, et des conditions qui font d'elles les plus pauvres parmi les pauvres. Elles rêvent de pouvoir accéder, sur une base égale, au crédit et à la formation. Depuis vingt ans, l'UNIFEM oeuvre à promouvoir l'autonomisation politique et économique des femmes dans le monde en développement. Il appuie la mise en place de la Commission de Huairou et adhère à son appel en faveur d'un rôle central des femmes. La Commission exige en outre le droit des femmes à la propriété et à l'héritage.

Mme ZENA DAYSH, Conseil du Commonwealth pour l'écologie humaine (ONG): le Conseil du Commonwealth pour l'écologie humaine rassemble les 53 pays du Commonwealth. Il note avec satisfaction que l'écologie humaine a désormais dépassé le stade pionnier et est largement enseignée dans les universités.

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Ce processus regroupe tous les aspects de la vie. Habitat II a mieux traité notre ONG que ne l'avaient fait les autres conférences. Il semble que les Nations Unies aient accompli des progrès en ce sens. Le Conseil met en place des réseaux d'action. Il a ainsi créé des institutions d'écologie humaine dans la moitié des pays membres du Commonwealth, ce qui souligne la reconnaissance universelle de la notion d'écologie humaine, en tant que science intégrée. Le Conseil a largement contribué au succès de la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (CNUED). Il importe désormais de reconnaître le rôle majeur

du Commonwealth, mais aussi des organisations non gouvernementales.

M. CUNEYT CAN, Représentant de la communauté internationale Bahaïe: la communauté internationale doit évoluer vers un système de gouvernement plus participatif, fondé sur le savoir et les valeurs spirituelles. Ces systèmes doivent embrasser la démocratie, tant dans l'esprit que dans la lettre. La consultation doit devenir le mode principal de prise de décisions. Le défi consiste par conséquent à redéfinir et remodeler nos sociétés et communautés autour des principes universels de l'Amour, de la probité, de l'humilité, de l'hospitalité, de la justice et de l'unité, susceptibles de promouvoir la justice sociale et sans lesquelles aucune communauté, aussi prospère soitelle, ne pourrait survivre.

M. SERIGN MOUSTAPHA SALIOU MBAKE, Touba, Sénégal (collectivité locale): la ville de Touba, qui a l'occasion de coopérer à Habitat II, essaiera de tirer profit de sa participation aux travaux de la Conférence, qui est la dernière grande conférence de ce siècle. Il importe de déployer des efforts afin d'améliorer la situation des établissements humains. La ville de Touba est née au siècle dernier. Elle a hébergé le plus grand projet agricole qu'ait connu le pays, qui concerne 45 000 hectares. De même, 100 000 nouveaux logements ont été créés. Ainsi, Touba, grâce à l'impulsion donnée par ses dirigeants successifs, est devenue la deuxième ville du Sénégal par sa population et connaît un développement intégré de son habitat.

Mme MALA PAL, Vice-Présidente de la Conférence des organisations non gouvernementales (ONG): Habitat II a notamment pour objectif de promouvoir le droit à un logement adéquat. La Conférence souligne la nécessité de construire des villes saines et de jouir d'un environnement sain. Habitat II s'est développée sur des composantes adaptées à la réalisation des objectifs d'un sommet. Pourtant, force est de constater une détérioration générale de la situation des établissements humains, alors qu'une poignée de privilégiés jouissent égoïstement de leurs richesses. C'est pourquoi, il importe de rester aussi réalistes que fermes en ce qui concerne les résultats à attendre de la Conférence.

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