HAB/125

LA PLENIERE D'HABITAT II SOULIGNE QUE L'ELIMINATION DE LE PAUVRETE URBAINE DEMEURE INDISPENSABLE A UN HABITAT DURABLE ET A VISAGE HUMAIN

6 juin 1996


Communiqué de Presse
HAB/125


LA PLENIERE D'HABITAT II SOULIGNE QUE L'ELIMINATION DE LE PAUVRETE URBAINE DEMEURE INDISPENSABLE A UN HABITAT DURABLE ET A VISAGE HUMAIN

19960606

Istanbul, 6 juin -- La Plénière de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) a poursuivi, ce matin, son échange de vues général sur la situation des établissements humains et les stratégies à suivre pour l'améliorer.

Dans ce cadre, elle a entendu les déclarations des personnalités suivantes: Mme Margaret Nnananyana Nasha, Ministre déléguée des collectivités locales, de l'aménagement du territoire et du logement du Botswana; M. Hannes Swoboda, Conseiller municipal de la Ville de Vienne (Autriche), chargé du développement urbain, de la planification urbaine et des relations extérieures; M. Sergio Calilea, Sous-Secrétaire d'Etat au logement et à l'urbanisme du Chili; M. Matija Salaj, Ministre de la planification, de la construction et du logement de la Croatie; M. Antonio A. Hidalgo, Secrétaire général du Conseil de coordination du logement et de l'urbanisme des Philippines; M. Landing Sane, Ministre de l'équipement et des transports terrestres du Sénégal, chargé de l'urbanisme et de l'habitat; Mme Sy Kadiatou Sow, Ministre de l'urbanisme et de l'habitat du Mali; M. Abid Sharifov, Vice-Premier Ministre de la République azerbaidjanaise; M. Miguel Rojas Naranjo, Président du Conseil national du logement du Venezuela; et M. Dolor Ernesta, Ministre du développement communautaire des Seychelles.

La Directrice générale adjointe de l'Organisation internationale du Travail (OIT) et la Directrice du Département des relations extérieures de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont également intervenues.

Les représentants suivants d'autorités locales ont également pris la parole: M. Christopher Iga, Maire de Kampala (Ouganda) et Président du Forum des collectivités locales du Commonwealth; et M. Mbaye-Jaques Diop, Maire de Rufisque (Sénégal). Les représentants de deux organisations non gouvernementales ont fait une déclaration en fin de séance.

Le représentant de l'Arménie a fait usage de son droit de réponse à la déclaration de la délégation de la République Azerbaïdjanaise.

La Plénière de la Conférence poursuivra ses travaux, demain, 7 juin, à partir de 10 heures.

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Poursuite du débat général

Mme MARGARET N. NASHA, Ministre déléguée des collectivités locales, de l'aménagement du territoire et du logement du Botswana: le Botswana adhère pleinement au chapitre 7 du Programme d'action 21 qui stipule que l'accès à un logement décent et sain est essentiel au bien-être de la population. Depuis plusieurs années déjà, le Gouvernement du Botswana a adopté une série de politiques de logement répondant aux besoins de la population. De même, l'important rôle dévolu au financement du développement de ces politiques a été reconnue et intégrée au sein de la politique nationale dans ce domaine. Dans ce contexte, l'engagement de la Banque nationale de développement a été encouragé ainsi que celui des sociétés de construction et des banques commerciales, eu égard notamment à l'allocation de prêts favorables aux revenus les plus faibles. Concernant certaines pressions internationales auxquelles il est soumis, le Botswana saisit cette occasion pour clamer haut et fort qu'il ne vise nullement à forcer la population Basarwa,-peuple nomade du désert du Kalahari- à une vie sédentaire. Le Gouvernement du Botswana estime toutefois qu'à l'instar de tous les citoyens botswanais, les Basarwa ont droit à l'éducation, aux services de santé, à la propriété foncière, et à des moyens de survie adéquats. Dans ces circonstances, le Botswana s'étonne de la pression internationale qui, souvent, prend des dimensions disproportionnées, afin de préserver ce mode de vie nomade. Il semblerait en effet que derrière cette agitation, se cacherait la volonté de conserver l'aspect purement touristique des Basarwa, en tant que partie intégrante de la "faune" du désert du Kalahari. La position du Gouvernement du Botswana est claire: il s'agit d'encourager ce peuple à mener un mode de vie sédentaire et jouir ainsi des fruits du développement de l'ensemble du pays.

M. HANNES SWOBODA, Conseiller municipal de la ville de Vienne, chargé du développement urbain, de la planification urbaine et des relations extérieures (Autriche): l'Autriche estime que sept idées force doivent être rappelées dans le contexte de la tenue d'Habitat II. Tout d'abord, le développement durable des établissements humains favorise la création d'opportunités égales. Ensuite, le droit à un logement décent est fondamental pour un développement centré sur les personnes. De plus, le développement durable des établissements humains nécessite une utilisation prudente de la nature et des ressources naturelles. Il exige une réflexion et une action qui dépassent les obstacles administratifs. Il nécessite également une assise économique stable et doit être garanti par un partage des responsabilités et la participation de tous. Enfin, le développement durable des établissements humains, parce qu'il est un objectif mondial, requiert une coopération et une information nationales et internationales.

Le processus préparatoire d'Habitat II et de nombreuses autres initiatives internationales et régionales ont souligné la nécessité que les objectifs poursuivis à l'échelle mondiale et la mise en oeuvre d'un développement durable des établissements humains, soient promus par le

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dialogue et l'échange d'informations sur les expériences et les solutions possibles. La rapidité prodigieuse à laquelle se développent les techniques d'information, laissent entrevoir de nouvelles perspectives pour les réseaux internationaux. D'ores et déjà, plusieurs organisations utilisent ces nouvelles opportunités. Il sera, par conséquent, primordial de relier ces réseaux de façon efficace. L'Autriche, et Vienne en particulier, en tant que lieu traditionnel de dialogue, siège des Nations Unies et pays hôte d'autres organisations internationales, participe activement à des échanges d'informations et de savoir-faire en recourant

aux pratiques de diffusion les plus performantes.

M. SERGIO CALILEA, Sous-Secrétaire d'Etat au logement et à l'urbanisme du Chili: le Chili vit un processus de développement caractérisé par une croissance économique et un renforcement du processus démocratique. En dépit de ces tendances positives, les problèmes de l'inégalité sociale, de la marginalisation, et de la ségrégation socio-spatiale n'ont guère encore trouvé de solution. Pour cette raison, le Chili a décidé de s'engager dans la voie du développement durable, au sein de laquelle, l'élimination de l'extrême pauvreté revêt un caractère prioritaire. Cette volonté ne va pas sans conséquences sur la politique des établissements humains, l'aménagement du territoire et la diversification du financement. Le Chili est d'avis qu'une politique dont le but est l'amélioration systématique de ses établissements humains se doit de se fonder sur un pilier socio-politique démocratique et participatif, qui promeut la participation citoyenne et renforce le rôle des gouvernements régionaux et locaux. Dans la perspective d'Habitat II, le Chili a entrepris un débat national ouvert, dynamique, et pluriel sur les problèmes et les solutions à apporter, qui a vu sa consécration dans la mis en place d'un Comité national préparatoire. Ce dernier, en sa qualité de forum de participation et de dialogue entre les divers secteurs qui le composent, assumera un rôle central dans l'analyse, le suivi et l'approfondissement des questions à l'ordre du jour du Programme d'action. Le Chili souhaite également que des progrès soient réalisés concernant une initiative d'action commune au niveau de l'Amérique latine et des Caraïbes, sachant que la région détient les indicateurs d'urbanisation les plus élevés.

M. MATIJA SALAJ, Ministre de la planification, de la construction et du logement de la Croatie: depuis cinq ans, les principales activités menées par la Croatie en ce qui concerne les établissements humains ont eu pour objectifs de réformer le système de gestion des propriétés foncières et de remédier aux conséquences de la guerre. La complexité de la tâche et les coûts élevés nécessitent le recours à une approche hautement professionnelle, la mise en place d'un organisation rationnelle, efficace et beaucoup de temps.

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Au niveau national, les principales activités de reconstruction de la Croatie tendent notamment à adopter les mesures législatives nécessaires à la création du système de gestion du foncier et à l'identification des outils de mise en oeuvre; l'adoption de mesures incitatives pour le retour des personnes déplacées; la promotion de l'entreprenariat et des autres mesures nécessaires dans les régions touchées par la guerre; un financement gouvernemental de la reconstruction et l'obtention de contributions de la part des institutions financières internationales; et l'instauration d'une coopération internationale eu égard aux questions de reconstruction et de développement de la Croatie. Les activités mises en place aux niveaux régional et local visent en particulier à planifier le développement urbain et la protection de l'environnement, ainsi qu'à élaborer des programmes de reconstruction des infrastructures régionales et locales. Enfin, la coopération établie avec le Centre des Nations Unies pour les établissements humains s'est traduite par la réalisation de deux missions effectuées en Croatie, en 1993 et en 1996.

M. ANTONIO A. HIDALGO, Secrétaire général du Conseil de coordination du

logement et de l'urbanisme des Philippines: Istanbul constitue le point culminant des efforts internationaux en vue de faire des villes et communautés, des lieux plus sûrs, plus sains, plus productifs et durables. Appuyant les objectifs d'Habitat II, les Philippines n'épargnent aucun effort pour moderniser et transformer leurs établissements humains. A l'heure où les Philippines visent à rejoindre les rangs des pays nouvellement industrialisés, les efforts visent non seulement l'amélioration de la qualité de vie de la population, mais également la durabilité des villes. La tâche de promouvoir des villes et des communautés durables s'est donc mue en priorité tant nationale que locale, dont la politique de protection de l'environnement et des ressources naturelles du pays est un précieux complément. Le Plan d'action des Philippines reflète par conséquent fidèlement les objectifs de cette Conférence, en l'occurrence "un logement décent pour tous" et des "établissements humains durables dans un monde en pleine urbanisation". Les Philippines prient la communauté internationale, les donateurs, et les institutions des Nations Unies de faire preuve de la coopération qui s'impose dans les domaines où des ressources financières additionnelles s'avèrent nécessaires à la mise en oeuvre du Programme d'action. Les Philippines attirent l'attention sur le phénomène des migrations internes et internationales. S'agissant surtout de ce dernier, elles appellent les pays d'accueil à prendre adéquatement soin de leurs besoins fondamentaux en matière de logement, de santé, de services sociaux, d'éducation et d'emploi.

M. LANDING SANE, Ministre de l'équipement et des transports terrestres du Sénégal, chargé de l'urbanisme et de l'habitat: le Sénégal s'est assez tôt engagé dans la mise en oeuvre du processus préparatoire d'Habitat II. En effet, mon pays a abrité en octobre 1994, à Dakar, la célébration de la Journée Mondiale de l'habitat. De même, plusieurs rencontres sous-régionales ont été organisées à Dakar dans le cadre de la préparation de l'Afrique au Sommet d'Istanbul. Depuis la Conférence de Vancouver, l'action menée par le

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Sénégal pour tenter de fournir un logement au plus grand nombre est axée sur quatre points majeurs: le financement du logement; la production de parcelles viabilisées pour ceux dont les revenus ne permettent pas d'accéder à des logements clés en mains; la restructuration et la régularisation foncière; et la décentralisation et la gestion urbaine. Le Sénégal est conscient qui lui faut davantage mobiliser ses ressources pour faire face aux défis lancés par l'urbanisation galopante, mais il espère également pouvoir compter sur la solidarité internationale.

L'Afrique attend du Sommet d'Istanbul l'adoption d'un programme d'action indiquant des orientations claires, réalisables en termes concrets pour le bien-être des populations; une meilleure perception par nos gouvernements et la communauté internationale de l'importance du secteur urbain à la veille du troisième millénaire et un mobilisation conséquente de ressources pour un aménagement viable des cadres de vies dans les établissements humains; et pour le continent africain, l'instauration de modes de gestion susceptibles de préserver le patrimoine de nos villes.

Mme KATHERINE HAGEN, Directrice générale adjointe de l'Organisation internationale du travail (OIT): Habitat II innove en ce qu'elle accorde aux acteurs locaux, l'opportunité de s'engager au sein des débats et du suivi de la Conférence. L'OIT a ceci de particulier qu'elle est une organisation tripartite puisqu'elle regroupe, outre les gouvernements, les représentants des syndicats et du patronat. La Constitution de l'OIT ne peut donc que renforcer et légitimer les résultats d'Habitat II. Le changement dans la structure de l'emploi signifie que les villes seront

davantage encore les centres générateurs d'emplois de l'avenir. La pauvreté et l'exclusion sociale demeurent les maux urbains par excellence, en même temps que les menaces à leur durabilité. Dans ce contexte, l'emploi productif devient une arme efficace de lutte contre la pauvreté. La construction, l'amélioration et la rénovation des logements ne peut qu'avoir des effets bénéfiques sur l'emploi. L'OIT a organisé l'année dernière, à Turin, un colloque sur l'avenir de l'emploi urbain, qui a réuni les représentants des gouvernements nationaux et locaux ainsi que des syndicats et des employeurs. Cette rencontre a conclu ses travaux par l'adoption de la Charte de l'emploi urbain qui reconnaît le rôle crucial des autorités locales en tant que génératrices d'emplois. Elle plaide en outre en faveur de la mise en place d'une alliance entre les secteurs public et privé en faveur de la création d'emplois.

Mme RASHIM AHLUWALIA, Directrice du département des relations extérieures de la Fédération des sociétés de la Croix-Rouge et du CroissantRouge: la Fédération internationale, qui regroupe 169 membres nationaux des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge, constitue un véritable réseau d'acteurs humanitaires, disposant d'infrastructures et assurant une présence dans les grandes villes et les villages de la plupart des pays du monde. Notre mission est d'améliorer la situation des personnes les plus vulnérables. La Fédération internationale se félicite de l'attention accordée

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par le Programme pour l'habitat à la prévention des catastrophes et à la limitation de leurs conséquences. De même, elle note avec satisfaction la référence faite au déminage et exhorte la communauté internationale a interdire complètement les mines antipersonnel. Elle souligne l'impact négatif des sanctions économiques, qui est souvent supporté par les citadins les plus démunis. La Fédération internationale se réjouit de l'attention accordée à la fourniture d'abris, ainsi qu'aux questions relatives aux réfugiés et aux personnes déplacées à l'intérieur de leur pays.

La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge est prête à assumer sa part de travail dans le cadre du Programme pour l'habitat pour aider les plus démunis. Pour autant, elle n'entend pas se substituer aux gouvernements. Les ambitieux et importants objectifs du Programme pour l'habitat ne pourront être réalisés que grâce à un partenariat efficace et à la complémentarité des rôles des gouvernements, des institutions spécialisées et des communautés elles-mêmes.

Mme SY KADIATOU SOW, Ministre de l'urbanisme et de l'habitat du Mali, donnant lecture d'un message du Président Alpha oumar Konare: sans nul doute, la ville constitue aujourd'hui, le principal facteur de restructuration et de progrès pour l'Afrique, vers de nouveaux équilibres en vue du développement durable recherché. Il faut accompagner la mobilité de nos populations dans les espaces nationaux et régionaux pour un enrichissement mutuel des zones côtières et de celles de l'intérieur du continent, et des villes et des zones de production agricole. En cette fin de 20ème siècle, il est douloureux de constater que la grande majorité de nos populations manquent encore d'eau potable et d'autres services de base. La satisfaction de ces besoins essentiels constitue un préalable à un développement humain durable. Le processus de décentralisation est de toute évidence le résultat le plus significatif de cette nouvelle dynamique qui s'annonce comme un nouveau départ pour l'Afrique. Et le cadre naturel de l'expression de cette démocratie locale est bien le village, la ville, en un mot, les établissements humains.

Si nous ne voulons pas condamner les pauvres à quitter les villes, si nous ne voulons pas faire des villes l'expression de la seule richesse et des campagnes celle de la pauvreté, nous ne devons pas nous arrêter à la seule logique marchande, à la seule logique du marché. Les institutions financières doivent aussi soutenir l'économie populaire pour réduire la spéculation qui favorise surtout le plus riche. Je demeure convaincu qu'à travers la décentralisation de nouvelles alliances, plus porteuses, plus équilibrées, plus dynamiques, s'établiront entre l'Etat, les collectivités, le secteur privé et la société civile. C'est pour Istanbul que nous avons eu à mobiliser tous les acteurs urbains au niveau national pour la préparation du rapport et du plan d'action requis. C'est aussi dans cette dynamique que Bamako a abrité, du 6 au 8 mai dernier, l'une des toutes dernières réunions de concertation au niveau africain liées au processus préparatoire et qui a abouti à la rédaction de la Déclaration de Bamako.

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M. ABID SHARIFOV, Vice-Premier Ministre de la République d'Azerbaïdjanaise: l'Azerbaïdjan connaît trois problèmes majeurs. Le premier et le plus important, est le retour de plus d'un million de réfugiés dans un pays qui compte 7,5 millions d'habitants, à la suite de l'agression et de l'occupation de 20% de son territoire par l'Arménie. Le deuxième problème a trait aux conséquences de la période de transition, qui a donné naissance à une nouvelle société économique et à un nouvel Etat. Enfin l'Azerbaïdjan est confronté à de nombreuses catastrophes naturelles, notamment à la montée des eaux de la Mer Caspienne. Le peuple et le gouvernement de l'Azerbaïdjan feront de leur mieux pour mettre en oeuvre les recommandations d'Habitat II. Mais cela ne suffit pas. Le Centre des Nations Unies pour l'habitat doit stimuler l'émergence de nouveaux types de partenariat entre les pays qui sont confrontés aux mêmes problèmes; contribuer à renforcer le développement et la coordination des structures nationales responsables du logement; et établir des banques de données et des normes de qualité des conditions de vie en ce qui concerne tous les aspects du programme pour l'habitat.

M. MIGUEL ROJAS NARANJO, Président du Conseil national du logement du Venezuela: le Plan d'action du Venezuela réaffirme le droit inaliénable au logement et la priorité d'éradiquer la pauvreté. Qui plus est, le Venezuela reconnaît l'importance du rôle du secteur privé dans la construction de logements et la fourniture de services urbains. L'Etat garde toutefois la responsabilité, aux niveaux national, régional et local, de répondre aux besoins en logements des couches les plus défavorisées de la population. Il s'agit pourtant d'entamer un exercice de redéfinition de la compétence de l'Etat central, qui se doit de céder le pas à de nouvelles structures décentralisées, aux niveaux régional et local, susceptibles de renforcer leurs capacités administratives, techniques et financières.

M. DOLOR C. ERNESTA, Ministre du développement communautaire de la République des Seychelles: c'est le grand espoir d'un meilleur avenir qui nous a réuni tous ici à Istanbul. L'espoir d'avoir de meilleures conditions de vie et de vivre dans un environnement plus sûr. L'espoir de mettre un jour fin à la détérioration des environnements urbains et ruraux. Les Seychelles se sont dotées d'un Plan d'action national qui vise notamment, en dépit de conditions économiques difficiles, à diversifier et à renforcer la base économique du pays; à développer les institutions convenables et le cadre législatif et à renforcer les politiques, les programmes et les législations des établissements humains pour assurer un développement national équilibré et efficace en veillant à la protection de l'environnement; à développer une politique de logement qui couvre tous les besoins de la population; et à développer les

ressources humaines. Si les Secheylles sont déterminées à mettre en oeuvre d'une façon réussie leur Plan d'action national, elles seront obligées de mobiliser toutes leurs ressources. Il leur faudra cependant se développer davantage et disposer de plus de coopération et d'aide de la communauté internationale sous forme de ressources nouvelles et additionnelles.

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M. CHRISTOPHER IGA, Maire de Kampala (Ouganda) et Président du Forum des collectivités locales du Commonwealth: le Forum a été officiellement établi en septembre 1995. Il est composé de plus de 100 associations de gouvernements locaux provenant de 30 pays, membres du Commonwealth. Le Forum adhère pleinement aux principes fondamentaux des Nations Unies et de la Conférence Habitat II. Il s'intéresse notamment à la promotion d'une gestion saine et d'un bon gouvernement au niveau local.En 1995, le Forum a adopté le Programme d'action de Harare, résultat d'une réunion qui a examiné les problèmes de la croissance urbaine et de la fourniture des services. Le Forum est déterminé à collaborer au suivi concret d'Habitat II. Le mois prochain, le Forum organisera à Accra, un séminaire réunissant l'ensemble des membres du Commonwealth sur le suivi de la Conférence.

M. MBAYE-JACQUES DIOP, Parlementaire Sénégalais et Maire de la ville de Rufisque (collectivité locale): la plus grande contribution que peuvent offrir les autorités locales consiste à dialoguer avec les membres de la communauté internationale. Sur la base de la subsidiarité, le développement humain doit se faire en partenariat avec les régions, les villes et les villages. La ville doit être reconnue comme la structure centrale du développement. La coordination des villes et des autorités locales, dont je me fais le porteparole, demande que les villes et les communautés locales soient désormais des partenaires et qu'elles aient accès aux ressources, notamment internationales. Elle prône l'adoption d'une charte des autorités locales, la mise en place d'un Agenda mondial du développement humain et d'Action 21 et le renforcement de la décentralisation afin de conforter la démocratie. En outre, la coordination demande que la Commission des Nations Unies pour les établissements humains soit ouverte aux autorités locales. Enfin, elle souhaite être désormais l'interlocuteur privilégié des programmes de développement en faveur des établissements humains.

Mm BELLA ABZUG, Women environment and development organization (ONG): il faut qu'Habitat II soit enfin la consécration du respect des femmes. Il faut promouvoir le droit à l'héritage aux femmes. Elles doivent pouvoir accéder au crédit sans intérêt quand elles sont pauvres. La violence conjugale est aussi le lot des femmes. Elles doivent pouvoir accéder à un abri lorsqu'elles fuient un mari violent. Les femmes sont capables de dérèglementer l'environnement strict qui les frappe.Par ailleurs, l'appât du gain ne saurait se muer en règle. Il faut bâtir des communautés. Il faut cesser l'exploitation des enfants et des femmes et mettre un terme au trafic des enfants. Il faut assurer l'égalité des sexes. Les femmes méritent qu'on leur accorde des droits politiques. Le monde doit pousser au développement durable centré sur l'individu plutôt que chercher la croissance économique à tout prix.

M. MILLARD FULLER, Habitat for humanity international (ONG): la tâche qui vise à offrir à tous un logement décent est trop importante pour s'offrir le privilège d'écarter toutes les bonnes volontés et les partenaires potentiels. Habitat pour l'humanité est une ONG qui a été créée en 1976 et qui a pour but de fournir des logements décents aux personnes sans abris.

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Elle intervient dans plus de 40 pays. En septembre prochain, l'organisation aura construit sa 50 000ème maison. Mais, cela n'est pas suffisant. Dans ma tradition religieuse, nous parlons de grâce. Elle est un don de Dieu. Le contraire de la grâce, c'est la honte. La honte de voir des personnes ou des familles sans abris, vivre dans des taudis, dormir dans des cartons, sous des arbres ou des ponts. Bien qu'Habitat for Humanity soit une organisation chrétienne, elle ne pratique aucune exclusive et n'est pas doctrinaire. Elle dépend de bénévoles, qui lui consacrent temps et argent et mettent à profit les dons qu'ils ont reçus de Dieu. L'organisation est venue à Istanbul pour faire profiter Habitat II de son expérience.

Droit de réponse

Le représentant de l'Arménie, réagissant à la déclaration de la délégation de la République Azerbaïdjanaise: l'intervention de cette délégation est politique, sans objet et s'écarte des objectifs de cette Conférence. L'Arménie n'est en guerre contre personne. Elle oeuvre au contraire en faveur d'une solution au conflit du Nagorno-Haut Karabakh. L'Arménie est soumise à un blocus imposé par l'Azerbaïdjan. Le rapport national de ce pays contient en outre des données historiques que l'Arménie est en droit de réfuter.

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