LA CONFERENCE HABITAT II ENTEND D'AUTRES EXPOSES SUR LES MOYENS D'AMELIORER LES ETABLISSEMENTS HUMAINS
Communiqué de Presse
HAB/124
LA CONFERENCE HABITAT II ENTEND D'AUTRES EXPOSES SUR LES MOYENS D'AMELIORER LES ETABLISSEMENTS HUMAINS
19960605Istanbul, 5 juin -- La Plénière de la Deuxième Conférence des Nations Unies sur les établissements humains (Habitat II) a poursuivi, cet après-midi, sous la présidence de M. Hou Ji, Ministre de la construction de la Chine, l'échange de vues général qu'elle avait entamé lundi matin, sur le thème de la situation des établissements humains et les stratégies à suivre pour l'améliorer.
Dans ce cadre, la Plénière a entendu les déclarations des personnalités suivantes: M. John Carmichael, Ministre du logement et de l'urbanisme du Swaziland; Mme Liz McManus, Ministre du logement et de la rénovation urbaine de l'Irlande; M. A.A. Kulibaev, Ministre de la construction, du logement et de l'aménagement du territoire du Kazakhstan; Mme Christine Amoako-Nuamah, Ministre de l'environnement, de la science et des technologies du Ghana; M. T.S.Damiram, Vice-Ministre de l'infrastructure et du développement de la Mongolie; M. Saïd El Fassi, Ministre du logement du Maroc; M. Cristan Popescu, Secrétaire d'Etat au Ministère des travaux publics et de l'aménagement du territoire de la Roumanie; M. Alexander Moisseev, Ministre de la construction du Kirghizistan; et de M. John Harvard, Secrétaire Parlementaire du Ministre des Travaux publics et des services gouvernementaux du Canada. Le représentant de la République tchèque a donné lecture d'un message du Ministre des affaires étrangères de son pays. Les représentants de la Hongrie et de la Lettonie ont également pris la parole.
Les responsables des organisations internationales et intergouvernementales suivantes ont également pris part au débat: M. Pascal Gayama, Secrétaire général adjoint de l'Organisation de l'Unité africaine (OUA); M. Fawzi H. Al-Sultan, Président du Fonds international pour le développement agricole (FIDA); M. Ben Slimane, représentant du Programme alimentaire mondial (PAM); et M. G.O.P. Obasi, Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM).
Le Président du Congrès des autorités locales et régionales du Conseil de l'Europe ainsi que les représentants de trois organisations non gouvernementales ont fait une déclaration en fin de séance.
La Plénière de la Conférence poursuivra son débat général, demain, jeudi 6 juin, à partir de 10 heures.
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M. JOHN HARVARD, Secrétaire parlementaire du Ministre des travaux publics et des services gouvernementaux du Canada: l'idée d'une conférence internationale sur les établissements humains puise son origine dans une proposition émise par le Canada lors de la Conférence de Stokholm sur l'environnement de 1972. Depuis la Conférence Habitat I que le Canada a eu l'honneur d'accueillir en 1976 à Vancouver, la communauté internationale n'a pu freiner la détérioration des conditions de vie de larges couches de la population de nombreux pays. Habitat II se doit de tenir compte des engagements souscrits lors du Sommet sur le développement social de Copenhague quand il s'agira de trouver des solutions aux fléaux de la pauvreté urbaine et rurale, du chômage, et de la marginalisation dans les villes et communautés. Habitat II se doit en outre de s'accorder sur des actions susceptibles d'assurer un logement décent et accessible. La Conférence doit également reconnaître le droit à un logement décent en tant que partie intégrante du droit international. Les gouvernements, en partenariat avec les organisations communautaires et le secteur privé, sont appelés à adopter des approches novatrices, notamment en matière de financement et mécanismes de crédit. Il existe également, dans le cas des villes, des solutions dont l'efficacité a été démontrée et qui peuvent être appliquées sans qu'il soit nécessaire d'investir des ressources nouvelles et additionnelles.
Dans la finalisation du Programme pour l'habitat et le Plan d'action mondial, il faut particulièrement veiller à prendre en compte les besoins, les préoccupations et les perspectives de tous les membres de la société. Il faut mettre l'accent sur l'autonomisation et la participation de tous les éléments de la société, en particulier les groupes vulnérables et désavantagés. Le Canada a appuyé avec vigueur l'idée d'un accès et d'une participation élargis des ONG. Il est favorable à l'adoption de l'approche visant à ce qu'elles puissent soumettre des propositions verbales au Président.
M. PASCAL GAYAMA, Secrétaire général adjoint de l'Organisation de l'unité africaine (OUA): le continent africain connaît aujourd'hui l'expérience de l'insécurité liée à la destruction d'infrastructures d'habitation à une très grande échelle notamment dans les pays victimes de calamités naturelles ou d'origine humaine. L'OUA a fait siennes depuis trois ans ces préoccupations lorsque relayant les Nations Unies, son Conseil des Ministres et sa Conférence des chefs d'Etat et de gouvernement ont adopté au Caire, en juin 1993, la résolution CM/Res.1469 (LVII) marquant notre engagement à une préparation régionale adéquate à Habitat II. Il s'en est suivi une intensification des relations entre l'OUA et le Centre des Nations Unies pour les établissements humains. C'est ainsi qu'il a été possible à l'OUA d'adopter, en février dernier, au cours de la 63ème session ordinaire du Conseil des Ministres, la résolution CM/Res.1637 (LXIII) endossant la Position Commune Africaine, fruits des délibérations de nos Ministres responsables des établissements humains.
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La conviction de l'Afrique vis-à-vis d'Habitat II rejoint celle également partagée par le groupe des 77 et le groupe des pays non alignés, dont nos pays sont membres. Si le phénomène objet des délibérations de la présente conférence a entraîné, en Afrique comme dans d'autres régions en développement, une paupérisation du monde rural, ce n'était pas, hélas, pour urbaniser la pauvreté au point de détruire des repères psychologiques importants, y compris chez les femmes et les jeunes et d'une manière générale dans les familles. Aucune thérapeutique juridique ou politique ne peut être appliquée au délabrement des conditions de vie
qui en résulte, et c'est là un autre défi que vient exacerber le principe du chacun pour soi cher à l'idéologie du libéralisme. Plus que jamais, la volonté politique des décideurs est appelée à se manifester pour donner une suite adéquate à la mobilisation générale qui s'est exprimée par la participation à cette conférence non seulement des Etats mais aussi du secteur privé et des organisations non gouvernementales.
M. JOHN PHILLIP CARMICHAEL, Ministre du logement et de l'urbanisme du Swaziland: la fin de la Guerre froide est une occasion unique en vue de concentrer les efforts de la communauté internationale vers l'élimination de la pauvreté, condition sine qua non de l'accession à un logement et au développement des établissements humains. Le Swaziland adhère pleinement aux objectifs d'Habitat II, convaincu que l'explosion démographique requiert les efforts de tous. Le taux d'urbanisation au Swaziland pose des défis majeurs à un pays aux moyens et ressources limitées. Le Swaziland saisit cette occasion pour réitérer sa gratitude aux Nations Unies qui lui fournissent une précieuse assistance financière et technique.
M. TOMAS LANE, Donnant lecture d'un message de M. Jan Kara, Ministre des affaires étrangères de la République tchèque: la délégation tchèque attache une grande importance aux questions discutées dans le cadre d'Habitat II et espère qu'au terme de la Conférence, tous les Etats Membres des Nations Unies pourront adopter un document aussi solide que substantiel capable de guider à l'avenir les efforts concertés de la République tchèque. En effet, la République tchèque est préoccupée par le manque de compréhension mutuelle apparu lors du processus préparatoire, qui s'est traduit par la mise entre crochets de nombreux passages du Programme pour l'habitat. Notre tâche ici est de supprimer ces crochets sans que cela ne crée d'incohérences ou de perte de substance, en évitant de réécrire ou de "recycler" des accords conclus antérieurement.
La situation évolue actuellement en République tchèque et le pays est déterminé à jouer un rôle plus actif en matière de coopération internationale, tant bilatérale que multilatérale. Pour partie, sa stratégie consiste à accroître son soutien aux pays en développement, y compris ceux de sa propre région. A cet égard, la République tchèque aborde Habitat II de deux façons.
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La Conférence constitue, d'une part, un exercice qui consiste à appréhender ses problèmes à une plus large échelle, ce qui est une source puissante d'inspiration et de conseil. D'autre part, Habitat II et le suivi de sa mise en oeuvre représentent un lieu d'échange d'expériences précieuses acquises lors du processus de transition qu'elle a connu avec d'autres pays. La coopération dans ce domaine doit devenir partie intégrante et vitale du programme tchèque d'assistance au développement qui est en cours d'élaboration.
Mme LIZ MC CANUS, Ministre du logement et de la rénovation urbaine de l'Irlande: la stratégie du logement en vigueur en Irlande est double: d'une part, elle vise à encourager le plus grand nombre de ménages à posséder un logement et d'autre part, à permettre aux plus démunis de se loger dans des habitations dites sociales. Cette politique a le mérite de pouvoir compter sur le soutien des secteurs public et privé, ainsi que des organisations bénévoles. Concernant les sans-logis, le Gouvernement a inauguré une initiative visant à coordonner la fourniture des services pertinents dans la capitale du pays, Dublin. De l'avis de l'Irlande, les politiques de logement doivent intégrer les besoins des femmes, eu égard à
l'augmentation du nombre des foyers dirigés par elles. A mon initiative, le thème de la prochaine réunion des Ministres de l'Union européenne, qui se tiendra à Dublin en octobre, sera "le logement des personnes socialement exclues".
M. FAWZI H. AL-SULTAN, Président du Fonds international de développement agricole (FIDA): Habitat II porte principalement sur l'environnement urbain dans lequel les habitants de la planète seront proportionnellement de plus en plus nombreux à vivre. Cependant, répondre aux besoins des collectivités rurales et améliorer les conditions de vie dans les campagnes, tâches auxquelles le projet de Préambule accorde une juste place, s'imposent presque comme le préalable de toute tentative de résoudre les problèmes des zones urbaines. S'attaquer à la pauvreté rurale est la mission primordiale du FIDA. Un élément clé de cette politique est de susciter la participation des pauvres à la planification et à l'exécution des projets. Dans nos interventions, les organisations non gouvernementales jouent un rôle extrêmement utile.
Au cours de ses 19 années d'activités, le FIDA a appuyé plus de 430 projets pour un coût total de 15 milliards de dollars. Le programme pour d'Habitat et le plan mondial d'action soulignent les mesures corrélées qui sont essentielles à l'amélioration de l'habitat humain. La diversité de l'expérience et des compétences des participants ici présents approfondira utilement notre compréhension de ces questions et éclairera les voies les plus prometteuses pour une action efficace.
M. A.A. KULIBAEV, Ministre de la construction, du logement, et de l'aménagement du territoire du Kazakhstan: dans la perspective de la Conférence d'Istanbul, le Kazakhstan s'est doté d'un comité national. La position géopolitique du pays est un atout. Toutefois, le Kazakhstan connaît
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de graves problèmes écologiques dont la montée du niveau de la Mer Caspienne depuis 1977. De même, la région de la Mer d'Aral souffre d'un niveau de pollution inégalé, voire catastrophique, entraînant dans son sillage d'importants flux migratoires. Dans le cadre de sa politique de transition vers l'économie de marché, le Kazakhstan s'est également engagé dans la promotion de la propriété privée. Toutefois, l'appoint du secteur privé s'avère nécessaire. Le Kazakhstan saisit cette opportunité pour plaider en faveur de la promotion de la coopération régionale et internationale avec les pays en transition. Il appelle les investisseurs étrangers à venir l'aider dans son processus de transition et à tirer avantage d'une coopération mutuellement bénéfique.
Mme CHRISTINE AMOAKO-NUAMAH, Ministre de l'environnement, de la science et de la technologie du Ghana: le plan d'action ghanéen est la résultante de l'analyse des problèmes de développement actuels et futurs et s'inspire de la Déclaration de Vancouver. Les actions déjà entreprises ont visé les politiques et stratégies des établissements humains, la planification, le logement, l'infrastructure et les services ainsi que la participation populaire et la gestion et le développement institutionnel. Le secteur privé des pays en développement se doit de concentrer davantage ses efforts en faveur de la construction de logements destinés aux faibles revenus. Le Ghana est convaincu que la Déclaration d'Istanbul est à même de l'aider dans l'élaboration de ses plans nationaux de développement.
M. BEN SLIMANE, Programme alimentaire mondial (PAM): cette conférence répond à la fois aux occasions et aux défis associés à une rapide urbanisation de l'habitat mondial. Le PAM suit attentivement les
implications de l'urbanisation rapide pour le problème de la faim. Les projections indiquent qu'à la fin du siècle on dénombrera plus de 500 millions de pauvres dans les zones rurales, comparés aux 330 millions recensés en 1988. Il convient de souligner deux spécificités du problème de la faim en zone urbaine. D'une part, la faim dans les villes est foncièrement différente de la faim en zone rurale. D'autre part, les solutions pour résoudre la faim en zone urbaine doivent être recherchées à la fois dans les villes et dans les campagnes. La dynamisation du secteur agricole constitue pour une large part une solution à la faim dans les villes. Pour venir en aide aux pauvres, il importe de renforcer les relations villes-campagnes.
Le PAM estime que le marché doit servir de cadre pour résoudre le problème de la faim en milieu urbain. Le PAM n'organise aucune aide alimentaire lorsque cela risque de perturber les marchés. Dans les villes où les marchés fonctionnent en général bien, la solution qui consiste à renforcer le pouvoir d'achat des pauvres est celle qui est la plus adaptée au problème de la faim. Enfin, il y a lieu de constater que dans la plupart des régions du monde, la paix constitue la condition sine qua non pour réaliser les nobles objectifs d'Habitat II.
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M. T. S. DAMIRAN, Vice-Ministre de l'infrastructure et du développement de la Mongolie: il faut espérer qu'Istanbul permette une prise de conscience internationale et nationale sur les problèmes des établissements humains et que ce rendez-vous encouragera les dirigeants de la planète à améliorer le sort des populations urbaines. Dans ce cadre, la mobilisation des ressources aux plans national et international s'avère importante. Vingt ans après Vancouver, les problèmes urbains ont encore gagné en amplitude, notamment dans les pays en développement. La Mongolie est un pays en transition qui adopte des programmes d'investissements afin d'améliorer l'infrastructure socioéconomique du pays. La Mongolie connaît un exode rural vers les villes. Le Gouvernement s'attache donc à créer des pôles régionaux pour contrer les conséquences de ce phénomène. La Mongolie est fermement convaincue des vertus de la coopération internationale, qui est indispensable à la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat. Les pays développés, les institutions financières internationales et les organisations chargées du développement devraient fournir davantage de ressources financières pour favoriser l'amélioration des établissements humains.
M. LASZLO LACHO (Hongrie): il est nécessaire que les engagements et le Programme d'action reflètent les efforts de la science et de la technique au service des villes. Les experts hongrois mettent un accent particulier sur les moyens d'améliorer l'habitat dans un environnement sain. Les indicateurs devront être utilisés selon les conditions propres à chaque région. La Hongrie plaide en faveur de la mise en oeuvre réelle du Programme d'action, avec la collaboration de la Commission des établissements humains et du Centre Habitat.
M. SAID EL FASSI, Ministre du logement du Maroc: j'ai tendance à croire qu'un logement est décent parce qu'il est situé dans un milieu décent. Tous les citoyens ont droit à l'"urbanité", qu'ils soient en milieu urbain ou rural. Au tout début, nos villes n'étaient que de simples villages. Il convient de promouvoir l'existence de petites agglomérations intégrées pour mettre fin à l'exode rural; et qui sait, susciter un exode en sens inverse. La terre ne nous appartient pas. Elle appartient à nos enfants. Le logement n'est qu'une question induite. La tendance mondiale est à la responsabilisation du secteur privé et au renforcement du partenariat. La Conférence doit adopter des recommandations en ce qui
concerne le développement du secteur privé du bâtiment.
Le Maroc a élaboré différents programme de développement du logement et de l'urbanisme. Il poursuit ainsi une stratégie d'urbanisation en milieu rural. Il s'est doté d'un programme de renforcement des villes petites et moyennes. Un programme spécifique a trait aux médinas. Le Maroc souhaite plein succès à la Conférence.
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M. CRISTAN POPESCU, Ministre des travaux publics et de l'aménagement du territoire de la Roumanie: la Roumanie estime que cette Conférence est cruciale pour approcher le défi de la société mondiale qui se profile à l'horizon du prochain millénaire. La Conférence d'Istanbul contribuera fondamentalement à formuler les réponses à une série de graves questions dont dépend l'avenir de l'humanité. La problématique des établissements humains et du logement ne peut être abordée que d'une manière intégrée; c'est la raison pour laquelle, depuis quatre ans, la Roumanie a créé un Centre National pour les établissements humains, une structure institutionnelle née du partenariat entre les autorités publiques locales, plusieurs organisations non-gouvernementales, des institutions de recherche, le Parlement et le secteur privé.
Ainsi que l'ont souligné les études et les rapports préparatifs de la Conférence, un aspect important de la croissance urbaine est celui des relations entre la ville et le territoire, entre villes elles-mêmes, en tant que pôles de développement - mais aussi, comme concentrations des problèmes. En cette période de transformations profondes, la coopération internationale est particulièrement importante: coopération en tant que partenariat fondé sur la solidarité, coopération institutionnelle, échange d'informations et d'expérience, programmes d'assistance et de transfert de technologie.
Mme VIJA GEME (Lettonie): les questions complexes qu'ont à examiner les participants à Habitat II ont des implications politiques, économiques, environnementales et sociales. La Conférence offre l'occasion d'échanger des idées sur les problèmes relatifs aux établissements humains. La Lettonie qui a à nouveau accédé à l'indépendance le 21 août 1991 et a adhéré aux Nations Unies le 17 septembre de la même année, n'avait pu avant cette date participer aux activités des Nations Unies relatives au logement. Elle a connu en ce domaine une très grave crise à l'issue du dernier conflit mondial en raison de l'augmentation anormale du potentiel industriel. Cela s'est traduit par un développement hypertrophique de nouvelles zones d'habitation, dans lesquelles ont été construites à l'échelle industrielle de grands ensembles de logements préfabriqués et de bâtiments communautaires.
Dans ce contexte, la Lettonie élabore actuellement un plan national du logement qui vise notamment à renforcer la législation relative à l'occupation du sol, à la propriété foncière, au logement et à la planification. Ce plan a également pour but d'améliorer l'environnement et les conditions de vie des établissements humains et tend à promouvoir la reconstruction et la rénovation des habitations préfabriquées, ainsi que l'octroi de crédits immobiliers à long terme, grâce à la coopération des institutions financières internationales. .
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M. ALEXANDRE MOISSEEV, Ministre de la construction du Kirghizistan: le pays vit une période de transition, cause d'une crise économique sans précédent. Le parc des logements augmente mais est surtout le fait du secteur privé. Les files d'attentes pour acquérir un logement sont encore trop longues. Un nouveau code du logement est en élaboration afin de faire face à l'inadéquation et au caractère désuet de la législation actuelle en matière d'habitat. Les familles à faible revenu doivent pouvoir accéder à la propriété. L'Etat cherche à recourir à des sources extra-budgétaires de financement. Il faut privatiser le parc immobilier de l'Etat. Ce sont seulement les catégories les plus défavorisées qui ont la possibilité d'accéder aux logements sociaux. Il faut apporter une solution juridique aux besoins des citoyens.
M. ALEXANDER TCHERNOFF, Président du Congrès des autorités locales et régionales du Conseil de l'Europe: le Congrès regroupe les autorités locales de 39 pays européens. L'expérience montre que l'existence d'une bonne structure locale constitue la meilleure des garanties pour les établissements humains et représente un pas en avant pour la paix. Habitat II met trop l'accent sur les métropoles. En fin de compte, la Conférence montre que nous avons échoué dans notre tentative de développer les petites agglomérations, particulièrement en milieu rural. Toutes les autorités locales parlent finalement la même langue et doivent relever les mêmes défis. Nous n'avons pas besoin d'une conférence internationale pour apprendre tous les maux de nos sociétés. La Charte européenne et la Charte mondiale, qui ont été élaborées sous l'impulsion du Conseil de l'Europe, ont pour objectif de montrer qu'il faut penser à l'échelle mondiale, mais qu'il faut agir à l'échelle locale. Leurs recommandations doivent être reprises dans le programme pour l'habitat.
Mme CAROL LUBIN, Centre pour le respect de la vie et de l'environnement (ONG): les gouvernements devraient établir ou renforcer les modalités assurant que la voix des individus est bien entendue lorsque leurs droits sont menacés. Au-delà de la préoccupation vis-à-vis de l'individu, il s'agit de se préoccuper des problèmes de logement des familles. Les logements à loyer modéré devraient continuer à bénéficier du soutien des gouvernements. Concernant la mise en oeuvre du Programme pour l'habitat, les ONG sont inquiètes face à la tendance très claire à vouloir confier le rôle dévolu au secteur public au secteur privé. Les ONG appellent en outre les gouvernements et les organisations internationales à renforcer leur action commune avec elles et à utiliser davantage leur expertise et expérience.
M. PETER R. WALKER, Caucus des personnes âgées (ONG): l'augmentation du nombre de personnes âgées dans le monde est considérée comme l'un des plus importants défis démographiques du 21ème siècle. Le nombre de personnes de plus de soixante ans devrait passer de 200 millions en 1950, à 1,2 milliard en 2025, soit un taux de croissance double à celui de l'ensemble de la population. En 2025, l'accroissement du nombre d'individus âgés de plus de
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soixante ans aura un impact sans précédent sur la vie économique, sociale et politique de notre planète. Les conséquences d'un vieillissement de
la population mondiale sont considérables, particulièrement pour les régions en développement. Nous demandons à tous les responsables politiques et sociaux du monde réunis à Istanbul de promouvoir les idées maîtresses développés dans les Principes des Nations Unies pour les personnes âgées et les objectifs mondiaux des Nations Unies en matière de vieillissement pour l'an 2001. Nous exhortons les délégués présents à Istanbul à initier des actions internationales, nationales, régionales et locales afin de conforter l'indépendance et la dignité des personnes âgées.
Mme FATIMA ALAOUI, Présidente de l'Agence de recherches et d'information pour les femmes (ONG): l'interdépendance mondiale marquée par la globalisation des échanges et l'avènement du règne de la communication marque le début d'une ère nouvelle en cette fin de siècle et déterminera les relations entre les peuples du Nord et du Sud en général et notre région méditerranéenne en particulier, lieu de concentration urbaine et de pollution intense. Les échanges qui ont toujours symbolisé l'interdépendance dans notre région touchent de nombreux aspects de la vie quotidienne des hommes et des femmes. Et l'on ne peut traiter du tissu urbain sans soulever la variable écologique du coût de la nature. L'homme producteur et consommateur de pollution a entamé aussi son droit à une qualité de vie écologiquement viable. Le libre échange de plus en plus caractérise par la concurrence déloyale handicape aussi le développement des peuples du Sud de plus en plus paralysés par les dettes et la chute des prix des matières premières. De cette constatation résulte notre approche écologique pour traiter des établissements humains dans notre région car les hommes et les femmes du Sud se trouvent obligés de se concentrer dans des ghettos urbains que sont devenues nos villes tentaculaires sans schémas directeurs, livrées à un urbanisme sauvage. Les plus pauvres des pauvres, les femmes du Sud de la Méditerranée qui n'ont pas accès aux décisions concernant la gestion des ressources et de l'espace se trouvent dans l'obligation de sauver notre patrimoine commun la terre car l'interdépendance étaye l'hypothèse que la sauvegarde de notre planète incombe à parts égales aux hommes et aux femmes aux jeunes et aux vieux, aux riches et aux pauvres et de cette constatation résulte le nouveau concept du genre qui a enrichi la quatrième Conférence sur les femmes de Beijing et qui pourra enrichir les débats d'habitat II, ce qui permettra aux femmes d'accéder aux mêmes droits que les hommes afin de gérer d'une manière durable les établissements humains en milieu rural et en milieu urbain.
M. G.O.P. OBASI, Secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale (OMM): l'OMM à laquelle incombent des responsabilités majeures en matière de surveillance et de prévision de l'état de l'atmosphère et des ressources en eau de la planète, a axé ses activités sur les interactions entre les établissements humains, d'une part, et le temps, l'eau et le climat, de l'autre. Vu le rôle primordial de l'eau dans notre vie, l'OMM a décidé de
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consacrer l'un de ses grands programmes à l'hydrologie et aux ressources en eau de la planète. Avec l'aide de la Banque mondiale, l'OMM a entrepris d'améliorer ce réseau en mettant sur pied le Système mondial d'observation du cycle hydrologique (WHYCOS). D'autres projets sont en cours, tels que la réalisation, en collaboration avec d'autres institutions des Nations Unies, d'une évaluation globale des ressources en eau de la planète, qui sera soumise en 1997 à la Commission du développement durable de l'ONU, dans le cadre de la mise en oeuvre d'Action 21.
On ne peut que se réjouir de la prise de conscience actuelle des dangers que l'activité humaine fait courir à l'environnement, dangers contre lesquels de nombreux groupes scientifiques et organisations non gouvernementales nous mettent inlassablement en garde. Je me félicite, en particulier des déclarations récentes de quelques gouvernements qui font état de plans visant à limiter la pollution urbaine et de la volonté d'échanger les informations météorologiques nécessaires. Cet engagement est rassurant. C'est pourquoi je pense que le Sommet ville et cité offre aux gouvernements, aux municipalités, au secteur privé, à la société civile, comme aux organisations internationales et non gouvernementales, une occasion unique d'affronter ensemble les difficiles problèmes liés à l'urbanisation. Pour les résoudre, il nous faudra faire preuve d'imagination et d'audace et créer de nouveaux partenariats pour une action décisive. Il est clair que les gouvernements devront se décider à prendre des mesures courageuses et novatrices, qui seront peut-être parfois impopulaires mais serviront les intérêts des génération futures. Pour leur part, l'OMM et les Services météorologiques et hydrologiques nationaux de ses Membres sont impatients de travailler en étroite collaboration avec tous les partenaires du Plan mondial d'action d'HABITAT.
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